Actualités sur les sectes en juillet 1998

Secte Moon Le cinéaste le plus censuré de France
Groupes Maguy Lebrun : rectificatif
Ordre du Temple Solaire Droit de réponse du Docteur Bérangère Arnal-Schnebelen
Sectes Le centre romand d'informations sur les sectes ne verra pas le jour
Sectes L'Assemblée nationale prépare une nouvelle offensive contre les sectes
Secte Aum Peine de mort requise contre un membre auteur de l'attentat de Tockyo
Sectes et droit Les manipulations mentales pourraient être punissables
Primal Developpement Procès Autorité parentale
Dévot de Krishna Pignon sur rue pour Krishna
Ordre du Temple Solaire Les sacrifiés du Temple solaire
Ordre du Temple Solaire Di Mambro aurait été manipulé par un Maître occulte ?
Horus Faux certificat de vaccination : affaire judiciaire
Lucien J. Engelmajer La retraite dorée de Lucien intéresse la Cour des comptes
FAR Josiane, la VRP perdue dans l'univers sans pitié de la FAR
Amish Des brebis dealeuses chez les Amish
Chevaliers du Lotus d'Or Le Madarom recrute par le truchement de ses annexes
Témoins de Jéhovah Le fisc contre les Témoins de Jéhovah
Mouvement humaniste Les frites de McDo infiltrées par une secte
Chevaliers du Lotus d'Or La statue du "messie" doit être abattue
Intégrisme catholique Des scouts catholiques, secrets et marginaux
Intégrisme catholique Scouts intégristes à marche forcée
Tabitha's Place Deux responsables de la secte de l'Ordre apostolique (Tabitha's Place) mis en examen

 

  France : Secte Moon

Le cinéaste le plus censuré de France

Le Monde-Aden, 1er juillet 1998. Interview de René Vautier par Philippe Piazzo.

Il a tourné des tonnes de films, échappé à plusieurs attentats... Il dénonce les patrons, les médias... René Vautier est un dissident permanent. Auquel le festival de Douarnenez rend hommage.

[Extrait]

Au cours d'une interview rappelant les ennuis du cinéaste René Vautier avec la censure, aussi bien administratifs qu'économiques, on apprend au sujet de son film le plus célèbre, tourné en 1972 sur la guerre d'Algérie. Dernier coup du sort : " Avoir vingt ans dans les Aurès (au top du box des ciné-clubs pendant très longtemps) a été racheté illégalement et à mon insu par une société écran affiliée à des membres de la secte Moon et du Front national ", raconte-t-il en rigolant à moitié. Depuis plusieurs années, René Vautier fait des démarches pour récupérer le droit d'exploiter les négatifs. Ce film devait ressortir en salles le 1er juillet. Ce sera pour plus tard.

 

  France

Groupes Maguy Lebrun : rectificatif

Le Nouvel Observateur, 2 juillet 1998

[Texte intégral]

Suite à la parution du supplément régional "Pays de la Loire" du 2 avril 1998, et de son dossier principal "Secte : comment ne pas devenir adepte", c'est par une erreur d'information que nous avons nommé dans cet article les groupes d'Entraide aux Malades Maguy Lebrun. Ces groupes de bénévoles, comme leur nom l'indique, essaient d'aider les malades, et sont tenus de respecter la charte ci-après : le but du groupe est l'accompagnement, à leur demande, des êtres souffrants.

  1. L'accompagnement peut être moral, matériel et spirituel.
  2. La gratuité dans l'accompagnement est totale.
  3. Les malades ne peuvent être acceptés que s'ils font l'objet d'un suivi médical.
  4. Aucun enseignement n'est dispensé ; la liberté de conscience la plus absolue doit être respectée. Par égard pour les choix et les convictions individuels, il est interdit, pendant les réunions de travail :
    1. de distribuer des tracts, de recruter, de faire la publicité de produits, de techniques de soins, de courants de pensée, etc. ;
    2. de rechercher ou d'accepter des phénomènes irrationnels, quels qu'ils soient.
    Toujours dans le souci de préserver les options personnelles, il est demandé :
    1. de garder le silence pendant les réunions d'accompagnement ;
    2. d'observer la discrétion quant à l'identité ou la santé des personnes présentes.
  5. Les responsables des groupes d'accompagnement sont tenus d'avoir assisté à au moins une réunion de travail à Grenoble.
Le non-respect d'une de ces clauses constitue un motif d'exclusion définitive.

 

  France : Ordre du Temple Solaire

Droit de réponse du Docteur Bérangère Arnal-Schnebelen

L'Événement du Jeudi, 2 juillet 1998.

[Texte intégral]

J'ai pris connaissance avec stupéfaction d'un article publié par l'Événement du Jeudi (du 15 au 21 janvier 1998, p. 38 et 39) sous le titre " L'étrange ami templier de Rainier " sous la signature de MM. Philippe Cohen-Grillet et Stefano Rossini.

Vous me décrivez comme un " membre capital de l'organisation sectaire ", ce qui, à l'époque, aurait été "remarqué" par mon ordre professionnel. L'enquête effectuée à l'époque a révélé qu'en effet j'avais fait l'objet d'une dénonciation calomnieuse de la part de mon ex-mari. C'est la raison pour laquelle vous évoquez l'absence de toute sanction de mon ordre professionnel.

Quoi qu'il en soit, je suis choquée que, sans autre investigation, vous ayez publié de telles informations. Je tiens donc à dire que je récuse la totalité de vos informations me concernant et que je ne fais partie d'aucun organisme sectaire quel qu'il soit.

Ayant été gravement mise en cause, je vous prie de publier cette réponse en conformité de l'article 13 de la loi du 29 juillet 1881.

 

  Suisse

Le centre romand d'informations sur les sectes ne verra pas le jour

Les partenaires n'ont pu se mettre d'accord sur un projet romand. Si la coopération se poursuit, Genève est décidée à faire cavalier seul en créant une structure sur son territoire.

Le Courrier (Suisse), 3 juillet 1998, par Jacques Nicola.

[Résumé]

La commission intercantonale n'ayant pu se mettre d'accord sur la création d'un " centre romand d'informations sur les croyances " qui aurait " employé deux universitaires spécialisés à plein temps "" Gérard Ramseyer, président du Département de justice et police et des transports du canton de Genève ", a décidé d'aller de l'avant, arguant de la présence sur son canton d'une majorité des sectes du territoire romand, à l'inverse par exemple des cantons de Fribourg et du Jura, qui " ont invoqué l'absence de besoin ressenti sur leur territoire ". De plus, la position du canton de Vaud consistant à " explorer la voie fédérale ", a amené ce canton et trois autres à retarder le projet intercantonal.

Parallèlement au travail intercantonal qui continue, Genève espère donc mettre en place, avant la fin 1998, " un centre fonctionnant selon le modèle initialement prévu au niveau cantonal : un lieu indépendant de l'Université, piloté par un comité comportant un juriste, un théologien, un historien des religions, un sociologue et un médecin, à l'exclusion des représentants des familles et des groupements partageant une «croyance»; un lieu où seront disponibles des informations récoltées sur le terrain et auprès des victimes ".

 

  France : Sectes

L'Assemblée nationale prépare une nouvelle offensive contre les sectes

Le Monde, 4 juillet 1998, par Xavier Ternisien.
Libération, 3 juillet 1998.

[Résumé]

Deux propositions présentées par Jacques Guyard et Jean-Pierre Brard ont été adoptées par la commission des lois,  à l'unanimité, le jeudi 2 juillet, qui devrait aboutir au vote par l'Assemblée nationale d'une résolution en vue de la création d'une commission d'enquête parlementaire de trente députés dont l'objectif sera d'enquêter sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers.

Concernant le rapport de l'Observatoire interministériel, paru récemment, l'article présente les propositions de loi avancées par J.P. Brard, J. Guyard et A. Gest et souligne que ce document n'apporte pas d'éléments vraiment nouveaux.

L'ancien président de la Commission des lois Raymond Forni a jugé que " l'insuffisance de l'arsenal juridique existant et le nombre important des contentieux fiscaux opposant les sectes et l'administration justifiaient que soit portées à la connaissance de l'opinion publique l'existence de réseaux d'influence transnationaux agissant sous couvert de sociétés-écrans ".

 

  Japon : Secte Aum

Peine de mort requise contre un membre auteur de l'attentat de Tockyo

Le Monde, 8 juillet 1998

[Texte intégral]

La peine de mort à été requise, lundi 6 juillet, contre Kazuaki Okazaki, un membre de la secte Aum Shinrikyo (Suprême Vérité), responsable de l'attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995 au cours de laquelle onze personnes avaient trouvé la mort. Six responsables de la secte, dont le gourou Shoko Asahara, sont poursuivis par la justice.

 

  Suisse : Sectes et droit

Les manipulations mentales pourraient être punissables

Le Courrier (Suisse), 9 juillet 1998, par Jacques Nicola.

Des experts proposent l'alternative suivante: élargir la jurisprudence actuelle appliquée en matière d'escroquerie, ou définir une nouvelle norme.

 [Résumé]

" L'audition des victimes de dérives sectaires, ainsi que celle de leurs proches, montre que des groupes exercent des pressions sur certaines personnes, de sorte qu'elles acceptent des instructions de plus en plus aliénantes menant à des atteintes à leur intégrité physique, sexuelle ou à leur patrimoine ". Les experts de la commission dirigée par Me Bellanger proposent alors de modifier la loi pour pouvoir agir plus en amont que ne le permettent les lois actuelles sur l'escroquerie.

Une autre proposition consiste à définir une nouvelle norme pénale : " Celui qui aura exercé des actions physiques ou psychiques répétées et systématiques sur autrui dans le dessein d'affaiblir sa capacité de jugement ou de le placer dans un état de dépendance sera puni de l'emprisonnement ou de l'amende ".

Reste le délicat problème de la preuve de la manipulation mentale, mais comme le remarque le professeur Robert Roth, juge à la Cour de cassation, " ce n'est pas plus opaque que de prouver une infraction boursière, voire de déterminer qui, de deux conducteurs, a brûlé un feu rouge ". Enfin, Me Bellanger insiste qu'il ne s'agit aucunement d'une tentative de normalisation de groupes, car seuls seront concernes les individus, et, ajoute-t-il : " Si les individus incriminés appartiennent à un groupe, celui-ci peut faire son ménage interne ". Toutefois, " les deux propositions impliquent des démarches politiques  et juridiques assez «lourdes»  avant d'être instaurées, et la commission reste partagée ".

 

  France : Primal Developpement

Procès Autorité parentale

Le TGI de Créteil ordonne la suspension d'un droit d'hébergement de deux enfants chez leur père, adepte de l'association ETRE. Seul un simple droit de visite sera maintenu en présence des grands-parents. La mère, qui estime le comportement du père perturbé par son contact avec ETRE, et plus particulièrement avec la dirigeante, sollicite également le retrait de l'autorité parentale conjointe, mais le tribunal rejette cette demande. Lors de leur audition, les enfants ont exprimé leurs craintes et leur malaise dans ce groupe. Le tribunal a donc motivé sa décision par la nécessité de soustraire les enfants de l'influence de ce groupe.

 

  France : Dévots de Krishna

Pignon sur rue pour Krishna

Marianne, 13 juillet 1998.

[Texte intégral]

Connaissez-vous le Rata Yatra ? C'est le festival traditionnel de la secte Krishna, récemment épinglée par une commission d'enquête parlementaire. Pourtant, grâce à la Mairie de Paris qui lui a donné son accord, vous pouvez le découvrir le premier dimanche de juillet, face au Forum des Halles à Paris. Ceux qui d'inquiètent de la prolifération de ce genre de mouvement religieux en France apprécieront. Une chose est certaine : l'ambiance est zen. Reste à savoir qui, de Toubon ou de Tiberi, en a eu l'idée pour se calmer les nerfs.

 

  France : Ordre du Temple Solaire

Les sacrifiés du Temple Solaire

L'Express, 16 juillet 1998, par Gilles Gaetner

Le juge Luc Fontaine termine son instruction sur cette secte apocalyptique. Sa certitude : certains adeptes ont été assassinés.

[Résumé]

Le juge grenoblois Luc Fontaine enquête depuis plus de deux ans sur les circonstances des morts liées à l'Ordre du Temple Solaire. D'après Gilles Gaetner, il n'exclurait pas de renvoyer en correctionnelle Michel Tabachnik pour association de malfaiteur, tandis que le pharmacien Claude Giron, l'autre mis en examen de l'affaire, aurait droit à un non-lieu. Le parquet de Grenoble serait cependant en désaccord au sujet de M. Tabachnik et proposerait aussi un non-lieu.

Pour Jean-Marie Abgrall, un des experts ayant rédigé un rapport sur l'OTS à l'intention du juge sur la base d'entrevues avec des adeptes survivants, d'autres suicides sont à craindre : " Il reste aujourd'hui une possibilité [pour certains rescapés] de répondre à un nouvel appel si celui-ci est formulé par une personne détentrice de légitimité ".

L'article continue ensuite par un rappel de l'histoire de l'OTS, jusqu'au 24 septembre 1994, où, "au cours d'une réunion présidée par Michel Tabachnik au Novotel Sud, à Avignon, la décision est prise de saborder le Temple solaire". Les suicides, certains mêlés de meurtres, ont alors lieu par vagues du 5 octobre 1994 au 22 mars 1997.

Enfin, le journaliste livre le contenu de la confession récente d'un témoin capital : la cantatrice Evelyne Brunner, proche de Michel Tabachnik depuis 1979. Elle décrit au juge les cérémonies et les voyages initiatiques, et " révèle " même, signe des croyances de la secte, " qu'au dessus de l'OTS se trouve une mystérieuse association appelée 'Loge de Zurich', capable de diriger le monde entier... ". Une révélation digne de l'affirmation selon laquelle " les femmes peuvent être enceintes
par leur seule pensée, sans sperme masculin ". Mais, hélas, Evelyne Brunner déclare aussi que " des survivants 'encore endoctrinés' étaient prêts pour un nouveau 'transit' ".

 

Di Mambro aurait été manipulé par un Maître occulte ?

Info Dimanche, 26 juillet 1998.
Charlie Hebdo, par Xavier Pasquini, 2 septembre 1998.
Le Figaro, 28 septembre 1998.

Le juge français Luc Fontaine resserre ses investigations autour d'un personnage mystérieux : Raymond Bernard, ancien Grand-Maître de l'AMORC, devrait être prochainement inculpé.

[Résumé]

Après Michel Tabachnik et le pharmacien de Brest Claude Giron, mis en examen pour association de malfaiteurs et recel, Raymond Bernard, 75 ans, et ex Grand-Maître de l'AMORC, est à son tour dans le collimateurde la justice française, dans le cadre de l'enquête sur le 2ème massacre de l'OTS.

Le juge Fontaine est convaincu que Jo Di Mambro, leader de l'OTS, n'a fait que plagier grossièrement la structure et la philosophie de l'AMORC, tant au point de vue des rituels, de la doctrine, de l'architecture et de l'organisation. Ce qui l'amène à se poser cette question : " Jo Di Mambro n'a-t-il pas agi sur ordre d'une loge supérieure qui pourrait être de l'AMORC ? ". En d'autres termes, les fameux " Maîtres de Zurich ", ces prétendus " esprits purs " et désincarnés auxquel Jo Di Mambro affirmait prendre ses ordres, ne sont-ils pas en fait des dirigeants de l'AMORC ?

D'autre part, Xavier Pasquini révèle que Raymond Bernard avait fourni des explications au sujet du terme " transit vers Sirius " utilisé par les adeptes pour les massacres déguisés en suicides. Raymond Bernard a reconnu être à l'origine de l'expression " transiter " qui, pour les rosicruciens, veut dire " aller au-delà de la vie qui ne finit pas avec le corps ". Raymond Bernard ajoute au Figaro : " transiter veut bien dire mourrir, et j'endosse la paternité de ce terme. Mais dans mon esprit il s'agit de la mort, terme de l'existence biologique naturelle et en aucun cas de mort provoquée ".

Xavier Pasquini ajoute que les références rosicruciennes ont toujours été utilisées dans le fonctionnement de l'OTS mais aussi pour changer l'apparence. Ainsi, en 1990, a été créé en Suisse la FARC : officiellement Ferme Agricole de Recherches et de Cultures, mais plutôt Frères aînés de la Rose-Croix... Quinze jours avant les premiers massacres, Di Mambro et Tabachnik ont fondé à Avignon l'ARC, Association de Recherches Culturelles ou Alliance Rose-Croix, qui devait remplacer les structures de l'OTS...

Officiellement, l'AMORC est un nouveau mouvement philosophique, non religieux, apolitique, avec pour vocation de perpétuer dans le monde moderne un héritage culturel et spirituel transmis, à travers les siècles, par les initiés rose-croix. Sa devise : " La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance ".

D'après une fiche d'inscription de l'AMORC, Jo Di Mambro est entré dans ce mouvement le 9 janvier 1956, sous le numéro 8X24-N, avec mention de la profession de " réprésentant ", et une adresse de poste restante à Avignon. Il avait découvert l'existence de l'AMORC quelques mois plus tôt en assistant à une conférence donnée à Pont Saint-Esprit (département du Gard). Il sera ensuite responsable de la loge Debussy de l'AMORC à Nimes.

Un double langage

A en croire Serge Toussaint, actuel Grand-Maitre de l'AMORC, Jo Di Mambro aurait été membre " de 1956 à 1958 seulement ", avant d'être expulsé. Devant le juge Fontaine, il ne dit plus tout à fait la même chose : " Je n'ai aucune preuve de l'exclusion de Jo Di Mambro. Il apparaît qu'il a été membre de l'AMORC au plus tard jusqu'en 1970-1971 ". Curieux, car en date du 13 décembre 1977, la Grande Loge remercie par lettre Jo Di Mambro pour son travail...

Menaces de mort à l'encontre du juge

Par ailleurs, le juge Fontaine a récemment reçu des menaces de mort au cours de son enquête : " parler de ces menaces est ma meilleure protection ", a t-il expliqué à son entourage.

 

  France : Horus

Faux certificat de vaccination : affaire judiciaire

20 juillet 1998 : le Tribunal de Grande Instance de Valence prononce une ordonnance dans le cadre de l'affaire de faux certificat de vaccination ayant entraîné de graves risques pour un enfant. Le médecin et les parents sont poursuivis par l'Ordre des médecins de la Drôme, par le représentant de l'administration sanitaire du département et par l'UNADFI. Un non-lieu partiel est prononcé pour la charge " d'association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou un délit ". Les chefs de faux, sont requalifiés de délit d'établissement d'attestation ou de certificat inexact, pour le médecin, et d'usage de faux pour les parents. L'affaire est renvoyée devant le tribunal correctionnel. Les parents devront répondre également des charges de soustraction aux obligations légales ayant gravement compromis la santé d'un mineur.

 

  France : Lucien J. Engelmajer

La retraite dorée de Lucien intéresse la Cour des comptes

La Dépêche, 20 juillet 1998, par Dominique Vieu.

[Résumé]

Malgré l'annonce de réformes internes, l'association Lucien J. Engelmajer n'a pas trouvé grâce devant la Cour des comptes. Pour les magistrats enquêtant depuis trois ans sur l'utilisation des fonds publics, cette association est un exemple révélateur des " carences des services de l'organisation de l'Etat ", ainsi que des " dysfonctionnements ", tant au " niveau local " (la secte a reçu de confortables subventions grâce à des appuis politiques indéfectibles de deux élus de droite nommé offciellement dans la lutte contre la toxicomanie), que " central ". Les magistrats découvrent la complexité des comptes. L'association présente en effet de multiples structures parallèles commerciales qui serviraient officiellement " à faire de la réinsertion ". Il y aurait " une grande confusion des relations entre les différentes branches de l'organisation, assurées notamment par la multiple appartenance de certains responsables ".

Les nouveaux dirigeants ont promis de clarifier cette opacité financière...

 

  France : FAR

Josiane, la VRP perdue dans l'univers sans pitié de la FAR

Libération, 21 juillet 1998, par Catherine Coroller.

Elle porte plainte contre les pratiques douteuses de cette société de vente.

[Résumé]

Le 16 juillet, Josiane Julien, 50 ans, " VRP payée à la commission depuis toujours ", et plusieurs de ses collègues au sein de la FAR (Fédération d'agrément des réseaux), ont déposé plainte contre leur employeur. Motif : " Nous ne sommes pas payés depuis des mois... [et] sans nous avoir avertis, on nous a laissés libres d'effectuer des opérations d'assurance sans être habilités ".

Une association de consommateurs contactée, l'UFCS (Union féminime civique et sociale), réfléchit à la possibilité de se porter partie civile. De fait, cette association de consommateurs a la FAR dans le collimateur : " On commence à avoir des témoignages de gens qui se plaignent de la FAR ", dit Emmanuelle Jésus, de l'UFCS. " Quand les gens commencent à solliciter une association de consommateurs, c'est mauvais signe. Pour le Groupement, ça c'est passé exactement de la même façon.".

Le Groupement a déposé son bilan en novembre 1995 alors qu'il revendiquait un réseau de 50.000 revendeurs et 450 salariés, suite à une baisse de son chiffre d'affaires après un reportage d'Envoyé Spécial (France 2) et malgré un coup de pub avec une équipe cycliste comptant un champion du monde dans ses rangs. Le Groupement fait cependant toujours l'objet d'une plainte de l'ADFI pour " violation de domicile et vol de documents " suite à une opération commando dans laquelle des centaines de membres du Groupement avait envahi les locaux et molesté le personnel, en novembre 1996. Le Groupement fait également toujours l'objet d'une plainte déposée en février 1992 par l'UFCS pour " vente pyramidale ".

Or, la nouvelle FAR et l'ancien Groupement ont de nombreux points communs, tant du point de vue des personnes de l'organigramme de direction que du point de vue géographie (les deux sociétés ont domicilié une partie de leur activité à Fleury-sur-Andelle, dans l'Eure, par exemple). Les méthodes sont également similaires : Josiane Julien se voit ainsi imposer l'achat d'un " kit de démarrage ", mais refuse cependant les " cassettes de motivation ".

Mais elle s'aperçoit que les marges promises sur la revente des produits achetés par les vendeurs à la FAR sont des marges doubles de la réalité. Les salaires à sept chiffres promis sont loin. Elle décide alors également de cesser de suivre les réunions hebdomadaires et les séminaires mensuels, pas seulement pour des raisons d'argent mais aussi pour des raisons d'ambiance : qu'il soit quasiment impossible de connaître le nom de famille des autres personnes présentes, et que les salariés de la FAR ne soient autorisés à avoir de contacts qu'avec les membres de leur "lignée", en clair, ceux qui dépendent du même commerçant magnager, lui paraît un peu abusif.

Malgré tout, son manager la félicite en décembre 1997 pour ses performances (bien qu'elle ne gagne grâce à la FAR que 2.000 F par mois dans les bons mois) et lui propose de monter un groupe, pour lequel elle embauche sept personnes. Puis, quelques mois plus tard, son manager lui propose de vendre des contrats d'assurances : " La FAR a créé un cabinet de courtage, Andel'Assurances, qui représente différentes compagnies, dont la Lloyd's ou Europavie, petite société d'assurance qui a dépose son bilan en décembre 1997 en laissant 7000 souscripteurs sur le carreau ". Mais les commissions attendues par les vendeurs de contrats d'assurances ne viendront pas, car légalement (ce qu'ont intentionnellement oublié de préciser leurs managers), " il fallait avoir une carte professionnelle et être habilité auprès du procureur de la République pour faire signer des contrats d'assurances "...

La dame saisit alors la commission de contrôle des assurances de la direction du Trésor. Parallèlement, elle tente toujours de se faire payer. Peine perdue. Depuis, Josiane a déclaré la guerre à la FAR. " Ils ont pensé que j'étais une petite bonne femme qui brassait de l'air et que j'allais me casser la gueule ". Aux dernières nouvelles, la direction de la FAR aurait " harcelé " par téléphone les membres du groupe de Josiane, en clair, celles qu'elle a recrutées, mais en vain. Elles ont, elles aussi, signé la plainte.


  Etats-Unis : Amish

Des brebis dealeuses chez les Amish

Libération, 23 juillet 1998, par Patrick Sabatier

L'austère secte est sous le choc : deux des siens vendaient de la coke.

[Résumé]

Le 2 juillet, deux résidents de Ronks, Abner Stoltzfüs, 24 ans, et Abner King Stoltzfüs, 23 ans (et ils ne sont pas parents), ont été inculpés devant un tribunal de Philadelphie de trafic de cocaïne. Le FBI a établi qu'ils avaient approvisionné en drogue leurs camarades Amish de 1993 à 1997. Ils ont expliqué qu'ils l'obtenaient des Pagans, un gang de motocyclistes du comté de Lancaster, Pennsylvanie, où se trouvent 20.000  membres de la secte anabaptiste. Leurs " clients " étaient d'autres jeunes Amish, qui consommaient la drogue durant les soirées organisées le dimanche dans les granges du comté par des bandes d'adolescents.

Ce trafic de drogue au sein de la communauté Amish fait beaucoup de bruit aux USA car les Amish sont percus comme les représentants de l'esprit pionner des débuts, et sont perçus comme des " vestiges " que l'on " visite " tel un Disneyland du refus des dépendances technologiques contemporaines, bien qu'ils possèdent des réfrigérateurs, des machines à laver, et que leurs fameuses carrioles sont en fibres de verre avec des phares alimentés par dynamo. " Il y en a même qui me demandent si je suis un acteur costumé ", s'amuse un Amish interviewé par Patrick Sabatier.

Mais la pression démographique interne (chaque couple Amish a en moyenne sept enfants) et l'urbanisation fait qu'il devient de plus en plus difficile pour les jeunes de s'établir sur des terres. Or, comme le principe fondamental de la secte anabaptiste est de laisser leurs jeunes membres libres de toute contrainte jusqu'à leur 18 ans, l'enjeu est l'existence même, dans ces conditions, des Amish. " Environ 85 % des jeunes choisissent encore de se faire baptiser (à 18 ans) ", affirme le Pr Donald Kraybill, " Je crois qu'ils peuvent préserver leur identité, tant qu'ils n'iront pas à l'école (ils sont scolarisés au sein de la secte, et ne dépassent jamais le niveau de la troisième) et qu'ils ne seront pas exposés à la télévision ".Pour certains Amish, la solution passe par un exil vers l'Ouest des Etats-Unis.


Les Amish et la maniaco-depression

La Recherche, juillet-août 1998, par Françoise Clerget-Darpoux.

[Texte intégral]

En 1987, l'analyse d'une grande famille amish faisait écrire à J.A. Egeland et ses collaborateurs de l'université de Miami qu'il y avait une liaison entre la maniaco-dépression et des marqueurs du chromosome 11 [J.A. Egeland et al., Nature, 325, 1987]. Le résultat connut un grand retentissement médiatique et des extrapolations abusives ; la plus répandue d'entre elles consistant, avec une naïveté assez extravagante, à réduire la maniaco-dépression à l'effet d'un seul gène. Ainsi le Nouvel Observateur, dans un article intitulé " La folie des Amish ", écrivait en septembre 1989 : " On n'a pas encore identifié le gène de la psychose maniaco-dépressive, on n'a pas la moindre idée de la manière dont il commande l'humeur, mais on sait maintenant qu'il existe et où le chercher ". Cet exemple n'est pas - tant s'en faut - un cas isolé. Il se trouve, qui plus est, que le résultat de J.A. Egeland a été infirmé par la suite. De ces faux pas, on peut tirer une leçon : connaissant la complexité de la maladie et le rôle avéré des facteurs d'environnement, la prudence eût voulu qu'on y regarde à deux fois avant de parler du gène de la psychose maniaco-dépressive. On peut se demander si la sagesse, en l'espèce, n'est pas du côté des Amish quand ils refusent une science qui conduit à des abus de ce type...

 

  France : Chevaliers du Lotus d'Or

Le Madarom recrute par le truchement de ses annexes

Gilbert Bourdin est mort, mais sa secte fait des petits. " Centrums ", dojos et paramédical piègent de nouveaux adeptes.

France-soir, 23 juillet 1998, par Bernard Oustrières.

[Résumé]

Par l'intermédiaire d'associations écran baptisées " centrums ", les Chevaliers du Lotus d'Or continuent leur prosélytisme. Robert Ferrato, du comité de défense du Verdon, cite le cas d'un centre à Trans-en-Provence (département du Var), 27, rue de la Placette, récemment ouvert par une ancienne adepte au nom initiatique de Sevaky.

Robert s'inquiète aussi de la naissance d'autres structures camouflées en clubs d'arts martiaux, où des moniteurs de dojos contrôlés par la secte inculquent aux adolescents sa philosophie, puis leur font dire " Aum ".

Parallèlement, des cabinets paramédicaux fleurissent dans l'arrière pays provençal. Sous couvert de soigner les dépressions, des " thérapeutes " orientent parfois leurs patients vers des " pique-niques hygiéniques ", excluant toute viande et alcool : " on commence par l'éloge de l'agriculture bio, puis on dénonce la société maléfique inévitablement en voie d'extinction rapide, enfin, on ouvre les portes du paradis... ", révèle Robert Ferrato.

 

  France : Témoins de Jéhovah

Le fisc contre les Témoins de Jéhovah

L'Express, 23 juillet 1998, par François Koch.

L'organisation jéhoviste s'est vu signifier un lourd redressement. Elle crie au scandale et réclame à nouveau le statut d'association cultuelle.

[Résumé]

En réponse à la campagne médiatique des Témoins de Jéhovah estimant avoir le droit à l'éxonération réservée aux associations cultuelles, la Direction générale des impôts répond : " Les Témoins de Jéhovah n'en sont pas une ", renvoyant au ministère de l'Intérieur, " où le Bureau central des cultes s'abrite derrière la décision toujours en vigueur du Conseil d'Etat, en 1985, refusant aux Témoins de Jéhovah le statut d'association cultuelle. La haute juridiction administrative se serait à l'époque surtout appuyée sur l'interdiction faite aux adeptes de Jéhovah d'accepter une transfusion sanguine, y compris pour leurs enfants  mineurs ".

C'est pourquoi les Témoins de Jéhovah affirment dorénavant que " s'ils sont en danger de mort, un médecin peut imposer une transfusion en passant outre au refus des parents ". Ils espèrent un changement d'avis du Conseil d'Etat, qui de toute façon " devra se prononcer un jour, car plusieurs décisions de tribunaux administratifs exonérant les Témoins de Jéhovah des taxes foncières ont été frappées d'appel ".

François Koch termine en notant que les dirigeants français ont annoncé bruyamment qu'ils ne paieraient pas la note de 303 millions de francs. Ils rompent donc avec la tactique de totale discrétion adoptée lorsque l'URSSAF les a récemment redressés de plus de 11 millions de francs de cotisations sur la rémunération des permanents du siège national de Louviers.


L'appel des "martyrs" de Jéhovah

Libération, 9 juillet 1998.

[Extrait]

A l'attention de Jacques Chirac, une lettre ouverte s'étalant sur une pleine page de l'édition d'hier de The International Herald Tribune (quotidien américain édité en Europe). Telle est la publicité que s'est offerte l'Entité gouvernante des Témoins de Jéhovah pour alerter l'attention du lecteur sur ce qu'elle considère comme " une démonstration choquante de discrimination religieuse ". Les responsables américains de cette secte, forte de 200.000 membres en France, font allusion au sérieux redressement fiscal qui s'est abattu le 29 juin sur la section française des Jéhovah : 300 millions de francs.

Assurant que les Témoins de Jéhovah français se battront " pour aider les Français à jouir de la liberté religieuse ", les dirigeants américains se déclarent " confiants " dans le soutien du président de la République pour qu'il se fasse les thuriféraires des " principes de liberté, d'égalité ". En France, les Témoins de Jéhovah sont une simple association loi de 1901 et ne bénéficient donc pas des exonérations réservées aux Eglises et autres groupes culturels.

France-Soir, 9 juillet 1998. Propos recueillis par Jean-François Crozier.

[Extrait]

Interview de Janine Picot, vice-présidente de la branche parisienne de l'ADFI.

France Soir - Commment expliquez-vous que l'adresse à Jacques Chirac soit publiée en anglais dans un quotidien américain ?

Janine Picot - C'est qu'elle émane non de la branche française mais des responsables américains. Et elle prend aussi à témoin l'Amérique où toute secte est reconnue cmme religion. C'est jouer habilement sur la dychotomie entre les deux acceptions du terme de part et d'autre de l'Atlantique.

France Soir - Dans l'absolu, ne s'agit-il pas pourtant pas d'une " attaque contre la religion " comme le soutient le texte ?
Janine Picot - Non, et pour deux raisons. La première est que les religions reconnues dans notre pays ne sont absolument pas concernées par la fiscalité de droit commun sur les dons, à laquelle sont soumis les les mouvements sectaires. Ainsi, les seuls a avoir fait l'objet de redressements, outre les Témoins de Jéhovah, sont la Scientologie et Krishna. De leur propre aveu, le coeur du problème est ici moins d'être reconnu comme une religion que de bénéficier d'une exonération fiscale qui va de pair.

La seconde raison réside dans le fait que cahcun peut librement adhérer aux Témoins de Jéhovah qui ne sont nullement interdits dans notre pays. La liberté de l'adepte n'est à aucun moment remise en cause, le législateur dit seulement que le mouvement n'a pas titre à se revendiquer à caractère cultuel ou d'intérêt public.

 

  France : Mouvement Humaniste

Les frites de McDo infiltrées par une secte

Charlie-Hebdo, 29 juillet 1998, par Olivier Cyran.

Le patron de L.R. Services, fournisseur exclusif de McDo-France, loue les services d'une boîte de "formation", qu'il a lui-même créée. Proche de la secte humaniste, celle-ci oblige les employés à chanter au réveil. Objectif : " changer le comportement du personnel ".

[Résumé]

Dans son numéro du 6 octobre 1993, Charlie-Hebdo avait déjà révélé les méthodes de L.R. Services, filiale du géant américain Keystone Food Corporation : " salaires minables, ambiance de caserne, indésirables foutus dehors. Mais depuis quelques mois, l'entreprise nourrit un rêve plus ambitieux : faire en sorte que les manutentionnaires non seulement acceptent de se casser les reins pour 6000 balles par mois, mais qu'ils le désirent ardemment ".

Le changement du comportement du personnel de l'entreprise est ainsi considéré par le directeur général comme un objectif stratégique. Il fait alors appel à Spirale Consultants, qui est surtout une entreprise dont un gérant de Keystone Food Corporation, Régis Plum est actionnaire à hauteur de 20%. R. Plum fut également président de l'association Spirale qui "inventa" les méthodes de Spirale Consultants et dont plusieurs membres se retrouvent "formateurs" dans cette société.

La " FORMATION " commence le dimanche soir. Emmenés en bus vers un lieu d'hébergement tenu secret, où ils resteront isolés sans téléphone ni courrier, les salariés de L.R. Services doivent, quatre jours durant, se plier aux ordres les plus saugrenus des deux " formateurs ". Faire leur " autocritique " devant les collègues par exemple. Manger avec la main gauche s'ils sont droitiers, et inversement. Ou encore pousser la chansonnette au réveil. Les personnes refusant de se plier à cette formation seront considérés comme en opposition avec la marche de l'entreprise, n'allant pas dans la dynamique fixée et seront mises dans une situation telle qu'elles seront dans l'obligation de quitter l'entreprise.

L'aspect sectaire de l'endoctrinement n'est pas une surprise : certains des formateurs, ex-membres de Spirale, officiaient au sein d' " Homme et évolution ", association satellite du mouvement humaniste, dont R. Plum prétend n'avoir jamais entendu parler. Un des formateurs est pourtant José Lara, un ancien militaire argentin devenu l'un des principaux théoriciens de la doctrine humaniste, le " siloïsme ".

 

  France : Chevaliers du Lotus d'Or

La statue du "messie" doit être abattue

Libération, 31 juillet 1998, et journal de 20 heures sur France 2, 30 juillet 1998.

Le tribunal correctionnel de Digne a ordonné hier la destruction de la statue géante de Gilbert Bourdin, le " messie cosmoplanétaire " autoproclamé, mort le 19 mars dernier. Haute de 33 mètres, elle fut édifiée en 1990 par la secte du Mandarom à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence). Josette Magnez, à l'époque présidente de l'Ordre des chevaliers du Lotus d'or, qui s'appelle aujourd'hui le Vajra triomphant, devra aussi payer 30.000 F d'amende et 500 F d'astreinte par jour si la statue n'est pas détruite dans les trois mois.

La secte a fait appel. L'appel étant suspensif, la statue ne sera pas détruite. Les écologistes de la région, à l'origine de la plainte, sont confiants dans le succès de leurs revendications pour la protection du paysage, protégés par des lois violées par cette construction sauvage. Un responsable écologiste interviewé déclare que seule une dizaine d'adeptes sont encore présents dans le Mandarom, et que leur " grand rassemblement " organisé pour protester contre la justice ne regroupa qu'une cinquantaine de personnes.

 

  France : Intégrisme catholique

Des scouts catholiques, secrets et marginaux

Libération, 29 juillet 1998, par David Dufresne.

L'AFSGC : moins de 1500 membres, des messes en latin, une discipline militaire...

[Résumé]

" Selon plusieurs observateurs du scoutisme, appartenir à l'Association française des scouts et guides catholiques (A******), c'est comme devancer l'appel [du service militaire] ".

Interviewée, Madame de Vienne, qui accueille dans son château vendéen un groupe d'enfants de l'A********, voit, elle, en eux " des vrais scouts, (...) surtout parce qu'ils ne sont pas mixtes, eux, [et parce qu'ils apprécient les visites des] lieux saints de Vendée, [et parce qu'ils connaissent l'histoire] des colonnes infernales [des guerres de Vendée] ". Xavier de Rouy, autre châtelain catholique à recevoir de tels jeunes, nie lui aussi l'aspect paramilitaire, tout en reconnaissant une discipline stricte qui détonne " dans notre époque de libéralisme outrancier ".

Mais un habitant d'une bourgade proche du camp de base des scouts morts par la faute de l'abbé Cottard témoigne avoir une fois hébergé un scout qui avait parcouru 50 km seul en une journée sans autre nourriture que quelques pommes de terre. Il dit aussi avoir vu parmi un groupe de scouts un très jeune adolescent chétif, qui " portait un sac à dos qui partait de sa nuque et lui retombait à mi-mollets ".

L'AFSGC, fondée en 1979 dans le Val-d'Oise sur le refus de l'évolution de l'Eglise et sur le refus de l'ouverture du scoutisme moderne, " est un des mouvements scouts les plus secrets de France. Injoignable, qui plus est " qui compte entre 500 et 1500 membres [à comparer aux 120.000 membres revendiqués par les Scouts de France, catholiques mais dont la religion est rarement à l'origine de leur engagement, d'après Etienne Arrivé, dans un autre article du journal]. L'association, non reconnue par le ministère de la Jeunesse et des Sports, participe aux pèlerinages lefebvristes à Chartres et aux processions de la Fête-Dieu à genoux dans les rues versaillaises, " conduites par la paroisse intégriste de Notre-Dame des Armées ". Avec les Scouts Godefroy de Bouillon, l'AFSGC a fondé un Ordre sco et " plus ou moins actif ".

" Même Yann Cotten, porte-parole des Scouts d'Europe [un mouvement, reconnu par le ministère de la Jeunesse et des Sports, historiquement proche du Front National, d'après E. Arrivé], pourtant pas en reste question radicalité religieuse, parle à leur propos, de "comportement de secte à connotation catholique ".

Enfin, " en 1997, l'AFSGC s'était déjà fait rappeler à l'ordre, notamment sur le besoin d'un encadrement diplômé. Un mauvais souvenir qui expliquerait pourquoi, sitôt le drame de Perros-Guirec survenu, l'association a interrompu ou annulé trois de ses séjours avant l'inspection d'urgence décidée par le ministère. "


La pédagogie noire

Le Canard Enchaîné, 29 juillet 1998, par Jean-Luc Porquet.

[Résumé]

La mauvaise foi des excuses trouvées par certains catholiques traditionalistes pour dégager l'abbé Cottard de ses responsabilités dans la mort de cinq personnes est l'occasion pour Jean-Luc Porquet d'évoquer la  " pédagogie noire ", reprenant le terme inventé par Katharian Rutschky.

Particulièrement en vigueur aux XVIIIè et XIXè siècles, (...) le dogme central était : les enfants doivent une obéissance absolue aux parents et aux personnes responsables. D'où cette obsession : il faut briser leur volonté. Leur en faire baver - menaces, humiliations, châtiments physiques. La pédagogie noire s'articule autour de principes de fer : " Les parents méritent a priori le respect en tant que parents. Les enfants ne méritent a priori aucun respect.  L'obéissance rend fort. La dureté et la froideur sont une bonne préparation à l'existence. Il ne faut pas céder aux besoins de l'enfant. Les marques de tendresse sont nocives. Le corps est quelque chose de sale et de dégoûtant. Les parents ont toujours raison." [Extrait de " C'est pour ton bien (racines de la violence dans l'éducation des enfants) ", par Alice Miller, Ed. Aubier]

Jean-Luc Porquet termine en rappellant que cette pédagogie noire se pratique toujours, " notamment à l'extrême-droite ",
ajoutant pour preuve le passage de " La France est de retour ", de Jean-Marie Le Pen, dans lequel celui-ci raconte une " blague " faisant de la fessée la seule pédagogie valable.


Préparation militaire

La Voix du Nord, 31 juillet 1998.

[Extrait]

La mère d'un adolescent qui a participé l'an dernier à un camp scout des " cadets de France ", affiliée à l'A*****, a dénoncé la " logique de secte " qui, selon elle règne dans cette organisation.

Cette mère de six enfants est " profondément choquée ", mais " pas surprise " que les parents des enfants noyés aient apporté leur soutien au père Cottard.

" Leur prêtre, c'est leur père. Il ne peut avoir tort. Quant aux enfants, ils en font des martyrs. Mieux vaut la mort que le péché. ", explique-t-elle.

C'est pire qu'un camp militaire, avec expéditions commando et stages de survie. Ils devaient égorger des poules, ou bien on leur jetait la nourriture par terre et ils devaient se battre  pour la prendre ", raconte-t-elle.

" Ils ont fait des sorties en mer comme cette fois-ci. Certains des enfants ne savaient même pas nager. L'encadrement n'est pas diplômé, pas compétent, pas forcément celui déclaré aux autorités, mais ils se croient au-dessus des lois ".

" Le principe, c'est que les enfants doivent être capables de se défendre, qu'il faut les préparer à une guerre. Mon fils est revenu en ayant appris des chants fascistes où l'on parle de tuer les juifs et les arabes ", a-t-elle affirmé.

 

  France : Intégrisme catholique

Scouts intégristes à marche forcée

Libération, 30 juillet 1998, par David Dufresne. Le Berry Républicain, 30 juillet 1998.

Le scout avait failli aux ordres. Alors, son chef de camp lui a infligé une punition. Le 27 juillet, laissé seul en pleine forêt, à pied, sans carte ni boussole [ni nourriture], le jeune homme de 14 ans, membre des Scouts *****, mouvance intégriste, devait rejoindre son camp situé à 18 kilomètres, du côté de Xanton-Chassenon (Vendée). Avec pour consigne : longer deux rivières, aux berges particulières escarpées et dangereuses. Mais, exténué, l'adolescent a encore failli. Il a opté pour l'auto-stop...  Il fut récupéré par un routier, qui l'a conduit chez les gendarmes. Lundi, le responsable du camp et quatre de ses adjoints ont été interpellés par les gendarmes de La Roche-sur-Yon, avant d'être remis en liberté.

Nés à Lyon d'une scission avec les Scouts d'Europe en 1972, les Scouts ******* compteraient actuellement dans les 300 membres. Outre leur foi intégriste, ils partagent avec les Scouts et Guides catholiques français (...) un siège dans une même fédération : l'Ordre scout.


  France : Tabitha's Place

Deux responsables de la secte de l'Ordre apostolique (Tabitha's Place) mis en examen

Le Berry Républicain, 30 juillet 1998. Journal de 13h de France 2 du 30 juillet 1998.

Le responsable de la secte Tabitha's Place et son prédécesseur ont été mis en examen mardi à Pau pour non assistance à personne en danger, après le décès d'un enfant de dix-neuf mois dans cette communauté, le 3 avril 1997. Guillaume Joga et Olivier Lembert ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire deux heures après une perquisition menée par la gendarmerie dans les locaux de la secte à Angous et Sus (Pyrénées-Atlantiques).

Le petit Raphaël, qui souffrait de rachistime mais n'avait pas subi de sévices, était atteint d'une malformation cardiaque congénitale, dont il n'avait jamais été opéré. Le père de Guillaume Joga, médecin, avait examiné le jeune enfant et est également mis en examen pour non assistance à personne en danger. Ses parents, membres de la secte, Michel Ginhoux et Dagmar Ginhoux, née Zoller, de nationalité allemande, sont en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau. Leur retour à la secte pour la durée de la perquisition fut accueillie par des danses et des cris de joies. Ils ont été mis en examen en avril 1997 pour privation d'aliments et de soins sur un mineur de moins de quinze ans, par ascendant légitime, ayant entraîné la mort, et non assistance à personne en danger.