Actualités sur les sectes en mai 1998

Témoins de Jéhovah Les témoins de Jéhovah divisent Brie-Comte-Robert
Lucien J. Engelmajer Comment le " Patriarche " a été débarqué par ses " petits jeunes "
FAR Affaire judiciaire : Procès, diffamation. La FAR déboutée
Témoins de Jéhovah Jéhovah est un révisionniste
Restaurant " Arbre de Vie " Droit de réponse de Gilles Daveau
Chevaliers du Lotus d'Or Pierre Rinaldi (RPR) se tue sur la route
Secte Aum La police japonaise déterre des produits chimiques
Secte Aum Lourde peine contre un cadre d'une secte en pleine croissance
Secte Aum Le réveil d'Aum Shinrikyo au Japon

  

  France : Témoins de Jéhovah

Les témoins de Jéhovah divisent Brie-Comte-Robert

Libération, 15 mai 1998.

[Texte intégral]

La municipalité de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) est divisée après l'annonce d'un projet de construction d'un lieu de culte par les témoins de Jéhovah sur un terrain de la commune. Les témoins de Jéhovah sont sur le point d'acquérir un terrain situé sur une zone industrielle et souhaitent y construire une " salle d'assemblée ", autrement dit un lieu de culte, qui pourrait accueillir jusqu'à 1.500 fidèles certains dimanches. La procédure d'acquisition est en cours et ce projet divise la majorité socialiste au conseil municipal.


  France : Lucien J. Engelmajer

Comment le " Patriarche " a été débarqué par ses " petits jeunes "

La Dépêche, 3 mai 1998, par Alain Buisson.

[Résumé]

23 février, à Miami : le " Patriarche " reçoit dans sa luxueuse propriété les cadres de son association, délégués de 17 pays. En fait, la discussion est plutôt tendu, le chef suprême comparaît devant un véritable tribunal d'exception. Verdict en fin de journée : le fondateur est " déposé ". Il n'exerce plus aucune fonction dans son association.

Son entourage constatait des " dérapages depuis un an ou deux... il ne pensait plus qu'à faire de l'argent et placer dans l'immobilier... ". Pour un compagon de toujours le mal remontait à plus longtemps : " Ces dix dernières années, Lucien imputait constamment ses échecs aux autres. Et il se montrait d'un autoritarisme insupportable ". Il a toujours raconté ses exploits de séducteur. Il se rapproche du portrait-type du gourou. " Démon pour les uns, dieu pour les autres, il n'est ni l'un ni l'autre ", raconte un de ses amis qui prend du recul. " On a raconté des choses ignobles à son sujet. Ce sont les jeunes qui l'appelaient " Le Patriarche ", il ne l'a jamais demandé. Mais certains reproches sont fondés. Son énorme égo lui a joué de sales tours. Et puis, il s'est attiré des haines tenaces en marchant sur le territoire de la lutte contre la toxicomanie ". A des médecins venus inaugurer un des ses centres à Toulouse, le " Patriarche " leur apostropha : " Voilà ce que nous faisons. Vous, vous êtes des incapables ! ". Lors du festival du film américain La Baule, il se montrait très fier, et le clamait tout haut, d'avoir " la plus belle bagnole "...

Juan Diego Gonzalez, porte-parole français de l'association affirme que Lucien " a bien compris qu'à 77 ans, sa place n'était plus aux commandes d'une organisation aussi importante ". Un proche de l'association est d'un avis plus réservé : " Lucien n'est pas homme à céder aussi facilement. Personne ne sait aujourd'hui comment sa petite gué-guerre va tourner avec ses "petits jeunes " "... ( Voir Le retour du patriarche, octrobre 1998).

Un comité de transition, " élu " précise Juan Diego Gonzalez, d'une dizaine de personnes a été formé, en attendant la prochaine assemblée générale dont la date n'a pas été précisée. " L'association ne doit plus être identifiée à la seule personne de son patriarche dont l'image très forte nous a peut-être desservis à l'extérieur ", précise-t-il. " Nous entamons une vaste remise en question pour nous libérer de ce boulet, pour que l'on nous retire de la liste des sectes ". Les nouveaux responsables savent que la bataille n'est pas gagnée : " On nous reproche surtout de supprimer les papiers d'identité aux arrivants. Pour nous, c'était un élément révélateur. Quand une fille ou un garçon réclame son passeport, c'est qu'il n'est pas bien. Il lance un appel au secours. On peut trouver d'autres solutions et nous y pensons. De la même manière, nous envisageons de salarier les bénévoles permanents qui travaillent pour l'association. Ce sera plus clair ".


  France : FAR

Affaire judiciaire : Procès, diffamation. La FAR déboutée.

5 mai 98.

Le TGI de Tours déboute la Société Fédération d’agrément réseaux (FAR) de ses poursuites à l’encontre du président de l’association " Délivre moi des sectes " (DMS). FAR cherche à obtenir la suppression d’un passage de l’opuscule " Je dis non aux sectes " publié par le président de DMS, où elle serait amalgamée d’une part avec le GEPM, et d’autre part avec des organisations sectaires présentées dans le document. Selon les juges il n'y a eu aucun amalgame puisque FAR s’avère être l’héritière du GEPM, lequel a été reconnu comme organisation sectaire par la commission d’enquête parlementaire sur les sectes. Par ailleurs l’amalgame entre FAR et les autres sectes figurant dans l’opuscule n'est pas caractérisé, puisqu’un passage spécifique lui est consacré. Les deux représentants de la Société Fédération d’Agrément des Réseaux sont condamnés in solidum à verser à l’auteur une indemnité de 5.000 F sur fondement de l’article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile.


  France : Témoins de Jéhovah

Jéhovah est un révisionniste

Charlie-Hebdo, 20 mai 1998, par Xavier Pasquini.

Victime des persécutions nazies durant la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah prétendent aujourd'hui que c'est "parce qu'ils [...] condamnaient courageusement la cruauté nazie".

 [Résumé]

Mais une lettre " publiée intégralement dans l'Annuaire des Témoins de Jéhovah en 1974 ", soutenant Hitler et " fortement teintée par l'antisémitisme " met a mal cette affirmation : dans cette lettre envoyée en juin 1933, (soit deux mois après le début du boycott officiel des magasins juifs et l'interdiction des juifs dans la fonction publique), Joseph Rutherford, président de la Watch Tower Society, affirmait que les Témoins de Jéhovah condamnait les attaques de propagande contre l'Allemagne menées par les " Juifs affairistes ", et assurait que les buts du gouvernement hitlérien étaient  communs avec ceux poursuivis par son organisation. En particulier, la défense de la liberté de conscience religieuse demandée par les Témoins de Jéhovah se faisait uniquement dans le cas où ces libertés " ne mettent pas en péril [l'] existence [du Reich] ou ne contreviennent pas au sentiment de la morale de la race germanique ".

De plus, en 1937, dans Ennemies (p. 281), Rutherford écrivait : " Parmi les instruments qu'elle [la "prostituée de Babylone"] utilise, il y a des hommes extrêmement égoïstes appelés "juifs" qui n'ont d'intérêt que pour l'appât du gain ".

La position actuelle des Témoins de Jéhovah affirmant avoir toujours été neutres ou même opposés aux nazis est donc un mensonge.


  France : Restaurant " Arbre de Vie "

Droit de réponse de Gilles Daveau

Le Nouvel Observateur, 21 mai 1998.

Restaurant " l'Arbre de vie " à Nantes, en réponse à l'article publié dans Le Nouvel Observateur du 2 avril 1998 intitulé.

[Texte intégral]

Responsable depuis plus de dix ans du restaurant l'Arbre de vie à Nantes, je tiens à réagir vivement aux affirmations contenues dans un article publié dans votre édition du 2 avril 1998 intitulé : " Elles recrutent dans les Pays de la Loire - sectes : comment ne pas devenir adeptes (en dix leçons). "

Dans cet article, il est indiqué : " Lecon n° 1 : Evitez certains établissements. [...] "

Ces affirmations, en tant qu'elles concernent le restaurant que j'exploite à Nantes, sont graves et totalement erronées. Elles revêtent un caractère pour moi inacceptable, puisqu'il est fait état dans le même chapitre d'un cas de suicide lié, selon vos sources, à l'appartenance au Mouvement de l'Institut des Sciences holistiques de l'Ouest.

J'ai créé le restaurant l'Arbre de vie à Nantes il y a dix ans. Je dispense depuis le même temps des cours de cuisine biologique et végétarienne à Nantes et dans la région, cours auxquels ont participé plus de 600 particuliers et professionnels depuis la date de leur création.

Je crois pouvoir dire que notre établissement a acquis une solide réputation de qualité et de sérieux. Je tiens ici à affirmer avec la plus grande vigueur que l'Arbre de vie est une entreprise indépendante de tout mouvement à connotation sectaire ; j'exploite mon restaurant en mon nom personnel et je "n'appartiens" à personne, pas plus à l'Institut des Sciences holistiques de l'Ouest que vous citez qu'à quiconque.

Au-delà de ma propre réputation, je trouve facile, et peu digne d'une enquête journalistique digne de ce nom, de laisser entendre que la restauration biologique et végétarienne soit nécessairement liée à une appartenance philosophique, religieuse voire sectaire.


  France : Chevaliers du Lotus d'Or

Pierre Rinaldi (RPR) se tue sur la route

Libération, 28 mai 1998

[Texte intégral]

Pierre Rinaldi, 64 ans, ancien député, maire de Digne de 1977 à 1995 et longtemps patron du RPR des Alpes-de-Haute-Provence, est mort hier dans un accident de la route. Il avait été mis en examen pour " ingérence et corruption " dans le cadre d'une enquête sur la secte du Mandarom. En mars, il avait dû laisser à la gauche la président du conseil général.


  Japon : secte Aum

La police japonaise déterre des produits chimiques

Reuter, 27 mai 1998.

[extrait]

La police japonaise a annoncé mercredi avoir déterré des barils contenant des produits chimiques cachés dans la montagne par des membres de la secte Aum, responsable de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995.

Ce sont des informations données par des membres de la secte de la Vérité suprême qui ont conduit la police à ces huit barils contenant 160 kilos de fluorure d'hydrogène, cachés à 120 km au nord de Tokyo. Ce produit est un composant du sarin. Il aurait été enterré pour dissimuler une preuve de la production de ce gaz mortel.


  Japon : secte Aum

Lourde peine contre un cadre d'une secte en pleine croissance

AFP, par Pierre Taillefer, 26 mai 1998.

Ikuo Hayashi, l'un des principaux exécutants de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, a été condamné mardi à la prison à perpétuité, mais la secte Aum est toujours bien vivante, avec des milliers de fidèles et d'importantes ressources financières.

[extrait]

Il s'agit de la première condamnation d'un des 5 auteurs directs de l'attentat qui, le 20 mars 1995, avait provoqué la mort de 12 personnes et intoxiqué plus de 5.000 passagers. La justice japonaise n'avait jusque-là jugé que des complices qui avaient notamment aidé à la fabrication du gaz. La plus lourde peine prononcée contre un membre d'Aum Shinrikyo avait été de 12 ans de prison.

La secte qui avait échappé en janvier 1997 à une interdiction en application d'une loi de 1952 sur les activités subversives, est en pleine croissance avec des effectifs de plus de 5.500 membres et des recettes financières en progression, selon l'Agence de la sécurité publique, citée par l'Asahi Shimbun.

Le docteur Hayashi, un cardiologue réputé, âgé de 51 ans, a échappé à la condamnation à mort en rétribution de sa collaboration avec la police qui avait permis d'arrêter quelque 400 cadres d'Aum et son gourou, Shoko Asahara.

Selon son témoignage, Hayashi avait crevé un sac de plastique contenant le gaz mortel dans un wagon d'une rame de métro avant l'arrivée à la station de Kasumigaseki, le quartier des ministères. Quatre autres jeunes membres de la secte avaient fait de même dans d'autres wagons de plusieurs rames. " J'espérais que les passagers pourraient sortir avant que le gaz ne s'évapore ", avait-il déclaré. "J'étais inquiet pour une femme debout devant moi. Je savais qu'elle allait sûrement mourir. J'espérais qu'elle pourrait sortir avant ". Hayashi avait plaidé coupable pour six chefs d'inculpation, notamment meurtres, tentatives de meurtres et enlèvement.

Médecin en vue, sorti de la meilleure université, Hayashi avait renoncé en 1990 à cette vie pour entrer avec son épouse dans la secte. Alors que tous les cadres d'Aum étaient des étudiants ayant brillament terminé leurs études, mais pas encore entrés dans la vie active, il était, avec le " ministre de la construction ", Kiyuohide Hayakawa (48 ans - condamné pour meurtre d'un avocat anti-secte et de sa famille) l'un des rares responsables de l'organisation qui soit d'âge mûr. Hayashi était le " ministre des traitements médicaux " dans le " gouvernement " mis en place par le gourou. Il avait pour tâche de faire fonctionner une clinique appartenant à la secte.

Le gourou à moitié aveugle Asahara, âgé maintenant de 43 ans, toujours en procès, a choisi sa fille, Reika Matsumoto, 16 ans, pour lui succéder à la tête d'Aum. L'Agence de la Sécurité publique établit tous les 3 mois un rapport sur la secte, assurant qu'elle ne se livre plus à aucune activité subversive. Aum comptait 10.000 membres avant les arrestations, réduits à un millier fin 1995. Ils sont maintenant 5.500 financés notamment par 6 boutiques d'ordinateurs à Tokyo. Pendant les vacances début mai, un séminaire a réuni 200 adeptes qui se réclament toujours du gourou. Des tracts signés Aum ont été distribués dernièrement dans des boîtes aux lettres à Tokyo. " Pourquoi Aum Shinrikyo continue à se développer ? Pourquoi ses membres ont l'air si heureux ? " demande l'un d'eux, affirmant que " les membres d'Aum ne sont pas aussi mauvais que les médias l'affirment " et de citer des " témoignages " d'adeptes qui ont trouvé le bonheur grâce à la secte et aux principes de son gourou.


  Japon : secte Aum

Le réveil d'Aum Shinrikyo au Japon

Libération, 27 mai 1998, par Frédérique Amoua.

La secte, responsable des attentats de 1995, recrute et ouvre des centres.

[Résumé]

Malgré l'emprisonnement de son gourou pendant son procès qui continue toujours, la secte reste très active et est toujours étroitement surveillée par la police. La secte a ainsi fait l'acquisition, au début de l'année dernière, d'une auberge dans la région de Nagano, où des fidèles se réunissent. Les autorités locales ont déjà reçu des plaintes des voisins dénonçant des comportements bizarres et d'étranges odeurs...

Son activité de vente d'ordinateurs a été relancée avec succès : la secte possède maintenant au moins six magasins, pour un chiffre d'affaires en 1997 d'au moins 200 millions de francs. Les seminaires payants qu'elle organise (3.300 participantsà 190 séminaires pour le dernier trimestre de 97) lui ont en plus rapporté plus d'un million de francs.

Ce redémarrage de l'activité de la secte a été possible car le gouvernement n'a pas souhaité tenter de prononcer la dissolution de la secte, " de peur de se mettre à dos des lobbies autrement puissants ". Dans un avis " alambiqué ", une commission avait conclu " que la loi sur la prévention des activités subversives visant les organisations terroristes ne pouvait s'appliquer à Aum ".

La secte était pourtant bien qualifiée de "groupe terroriste" par la commission, mais celle-ci avait considéré que, privée de ressources, Aum Shinrikyo ne constituait plus une menace pour la société japonaise."

Comme la même commission prend maintenant acte de la  santé financière florissante de la secte et comme le rapport de la police rapporte l'intention d'adeptes d'acheter de nouveau des armes, la justice envisage une nouvelle fois sérieusement une procédure de dissolution.