Actualités sur les sectes en novembre 2001

Sectes Test du futur Centre d'information sur les dérives sectaires
Maitreya (*) Information
La Foudre de l'Est Jésus est de retour, elle est chinoise !
Intégrisme religieux Jeûne rituel: des Ukrainiens laissent mourir de faim leurs deux fillettes
Témoins de Jéhovah Les risques élevés de mortalité à l'accouchement chez les Témoins de Jéhovah
Parti Humaniste Attention aux vraies-fausses associations de quartier
Sri Ram Chandra (*) Augerans, ou comment s'implanter sur une commune ?
Témoins de Jéhovah (*) Communiqué de presse de la Coordination des familles victimes des TJ
Scientologie "faux en écriture publique, usage de faux et déni de justice"
Falungong La répression du Falungong retarde les progrès sur les droits de l'Homme
Krishna Plus de distribution de nourriture sur la voie publique
Témoins de Jéhovah (*) Les informations des TJ sur les transfusions sanguines
Témoins de Jéhovah (*) Commentaires d'un article de presse
Scientologie La juge d'instruction Marie-Paule Moracchini jugée mercredi par ses pairs
Témoins de Jéhovah Une correction biblique tue une enfant selon la police
Sectes Un ancien adepte raconte son calvaire
Sectes L'exemple du Loiret
Sectes et prévention " La victime d'une secte change complètement d'identité "
Sectes et manipulation La manipulation mentale, arme des sectes
Dozulé Nancray : la croix de la discorde
Sahaja Yoga L'UNADFI réagit à l'arrêt de la Cour de Cassation
Raël (*) Plus raëlien , toujours éloimien mais démocrate à ce qu'il dit !
Scientologie Instruction favorable pour Madame la juge Moracchini
Eglise du Christ de Paris A bientôt, Mr et Mme Mc Kean !
Sectes Peine de mort requise pour un "exorcisme" à la baguette de tambour
Sectes (*) GUIDE DE L'EDUCATEUR FACE AU SECTARISME CONTEMPORAIN
Contre-Réforme Catholique (CRC) Père de trois enfants victimes d'une secte
Falungong Des adeptes étrangers de la secte Falun gong arrêtés à Pékin
Falungong La vérité derrière les mensonges
Falungong La Chine va expulser les sympathisants occidentaux du Falungong interpellés
Sectes Le président de la MILS souhaite miser davantage sur la prévention
Falungong Les 35 manifestants du Falungong ont été expulsés
Instinctothérapie Guy-Claude Burger aux assises
Raël Les raëliens s'affichent à Combs-la-Ville
Instinctothérapie La vie de château nauséabonde du gourou lausannois
Instinctothérapie Guy-Claude Burger a "une composante pédophilique", selon un expert psychiatre
Instinctothérapie Le procès du gourou n'éloigne pas les adeptes
Sectes Alain Vivien (Président de la MILS) critique l'Education nationale
Instinctothérapie Tout ce que j'ai lu est faux
Scientologie A Paris la Scientologie fait son nid
Sri Ram Chandra La secte Shri Ram Chandra Mission déménage de son château
Scientologie Manifestation contre l'ouverture d'un nouveau local
Scientologie Les parents demandent la mutation de l'enseignante scientologue
Instinctothérapie L'instinctothérapeute face aux psys
Scientologie Rassemblement contre la Scientologie
Scientologie Le " non " des habitants à l'expansion de la Scientologie
Témoins de Jéhovah (*) Dans l'enfer des Témoins de Jéhovah
Sectes (*) Le danger des liens sectaires
Scientologie Gilles édité par des scientologues
Instinctothérapie Audrey a accablé le gourou jugé pour viol sur mineurs
Instinctothérapie Les étranges moeurs sexuelles de la secte
Le Mandarom Le gourou en béton concassé
Sectes et prévention Le pouvoir insidieux des sectes
Instinctothérapie Le parcours d'une famille divisée par la secte
Scientologie Plainte contre l'État belge
Raël Le Mouvement Raélien condamné à la discrétion
Instinctothérapie On entend leurs noms, mais on ne les verra pas
Raël (*) Un serveur " politiquement incorrect " ou infantile ?
Scientologie Penelope Cruz ne veut pas adopter la religion de Tom Cruise
Scientologie (*) La tête d'Enstein a bon dos

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web.



   Suisse : Sectes et prévention

Test du futur Centre d'information sur les dérives sectaires

La Tribune de Genève, 1er novembre 2001 par Pierre Antoine Preti

[Texte intégral]

Huit situations types ont été soumises au président du conseil de fondation.

Un Centre d'information sur les dérives sectaires (CIC) s'ouvre à Genève en janvier prochain. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ce dernier, la Tribune a voulu le tester. Elle s'est rendue dans les locaux du Groupement de protection de la famille et de l'individu (GPFI).

Depuis 1994, cette association fonctionne pratiquement sans subvention. Tenue à bout de bras par François et Paulette Lavergnat, elle recueille entre 3 et 5 appels de victimes de dérives sectaires par semaine. Les configurations les plus fréquentes, rencontrées lors des sept ans de pratique du GPFI, ont été exposées à l'avocat François Bellanger, le président du conseil de fondation du CIC. Voilà huit situations types et les réponses que le futur centre apportera au citoyen.

- Un maître d'apprentissage est inquiet. Son apprenti, majeur, a brutalement changé de comportement. Il est de plus en plus agressif. Le responsable se rend compte que son employé vient d'être embrigadé dans une secte. Il contacte le CIC.
F.B.: Si la secte est connue, nous allons expliquer à ce monsieur quelle doctrine elle utilise et, le cas échéant, quels types de problèmes cela peut poser à l'apprenti. Nous lui fournirons aussi un "Guide des droits face aux dérives sectaires". S'il veut aller plus loin, il sera dirigé vers les autorités concernées ou vers une association d'aide aux victimes.

- Une femme est en cure de désintoxication en France voisine. Elle a choisi un centre affilié à une secte. Mais la méthode tourne au vinaigre. On lui prend ses effets personnels, son argent. Dégoûtée, la dame s'enfuit et prend immédiatement contact avec le CIC.
F.B.:
Un cas de vol est une affaire de Police. La plaignante doit rapidement être guidée dans cette voie. Si la secte n'est pas connue en Suisse, nous disposons de relais d'information sur le territoire français.

- Une fille de 21 ans va se marier en blanc avec un inconnu. Son père s'oppose à cette union. Il affirme qu'il s'agit là d'une demande d'un groupement religieux dont la future mariée fait partie. Il veut savoir de quelles armes légales il dispose.
F.B.: Le rôle du centre n'est pas d'informer juridiquement. On orientera le papa vers une permanence juridique ou une autre autorité qui pourrait l'informer. Le centre n'est pas non plus un organe de lutte. Il se doit de rester neutre.

- Une professionnelle du chant perd l'usage de ses cordes vocales à la suite d'un traitement "de purification". Elle impute ce dégât au groupement religieux qui organise lesdites séances. Elle désire entamer une procédure légale mais ne sait pas à qui s'adresser.
F.B.
: En cas d'atteinte à l'intégrité corporelle, la victime sera immédiatement guidée vers le Centre d'aide aux victimes d'infractions (LAVI).

- Un adulte subit une cure de désintoxication musclée dans un cadre sectaire. Ses proches remarquent qu'il est victime de coups et de blessures. Ils cherchent à le protéger malgré lui.
F.B
.: La présence de coups et de blessures justifie une intervention. Les plaignants doivent immédiatement être guidés vers un service de Police.

- Après s'être arrachée d'une secte contre le gré des autres adeptes, une personne est victime de téléphones anonymes et de vandalisme. Elle se sent également suivie. Elle veut être protégée.
F.B.
: Le témoignage de cette personne sera recueilli. Il peut être utile dans l'établissement de nos dossiers. Elle sera dirigée vers la Police ou une association d'aide aux victimes de dérives sectaires.

- Un chef d'entreprise s'apprête à engager un employé. Mais une rumeur court autour de ce dernier. On dit qu'il est "adepte d'une secte". Le patron veut en avoir le cour net avant de signer le contrat.
F.B.: Si la secte est nommée, le patron sera renseigné sur la doctrine et les pratiques de cette dernière. Mais à aucun moment il ne pourra obtenir une liste d'adeptes. De toute façon, nous ne disposons pas de telles informations. Notre rôle n'est pas de ficher les mouvements.

- Une patiente met en doute la probité de son sophrologue. Ses méthodes de travail sont étranges. Il lui a récemment proposé une thérapie de groupe. Elle a peur d'être dans l'antichambre d'une secte.
F.B.:
A l'aide d'un dépliant, on peut tenter d'identifier le type de risque. Si les abus sont flagrants et le praticien soumis à un organe de contrôle, la patiente peut déposer une plainte auprès du médecin cantonal.

lire le commentaire.


    Chine : La Foudre de l'Est

Jésus est de retour, elle est chinoise !

Time Asia, 5 novembre 2001

[Texte integral]

Hongkong - Une étrange secte religieuse séduit les chrétiens ruraux de Chine. La "Foudre de l'Est" compterait 300 000 adeptes (d'après la secte
elle-même ).

Cette secte toute nouvelle cherche à se rallier les 60 millions de chrétiens chinois. Les adeptes de la Foudre pensent qu'une Chinoise de 30 ans, jusqu'à présent non identifiée, est le nouveau Messie et l'auteur d'un troisième Testament.

Ils estiment que la Chine s'écroule, que le Jugement dernier est proche. Fins connaisseurs des textes bibliques, leurs prédicateurs clandestins impressionnent clercs catholiques et protestants en leur imposant des débats intimidants. Des membres ont fait leur apparition dans les quartiers chinois de New York et de San Francisco.

Le pouvoir chinois a déjà discrètement emprisonné 2 000 prédicateurs de la "Foudre".


    Russie : Intégrisme Religieux

Jeûne rituel: des Ukrainiens laissent mourir de faim leurs deux fillettes

AFP, 8 novembre 2001

[Texte integral]

KIEV - Un prédicateur ukrainien d'une église évangélique et son épouse ont laissé mourir de faim leurs deux fillettes de trois et cinq ans lors d'un jeûne long de plusieurs semaines à Kiev, a rapporté jeudi la presse ukrainienne.

Le prédicateur de l'Eglise des chrétiens de la foi évangélique du 50e jour, Artour Grimaïlo, a disparu, selon les autorités qui ont ouvert une enquête pour homicide. Sa mère, âgée de 52 ans, est également décédée après n'avoir rien mangé depuis la mi-septembre et sa femme, Svetlana, a dû être hospitalisée mardi pour inanition, selon le quotidien national Fakti.

La tragédie a été découverte mardi, lorsque l'épouse du fanatique a rampé jusqu'à l'appartement voisin pour faire appeler une ambulance. Les corps nus et émaciés des deux fillettes ont été retrouvés dans la salle de bain. "C'était un jeûne rituel", a expliqué Svetlana Grimaïlo, interviewée par Fakti sur son lit d'hôpital. Interrogée sur l'objectif de son acte, la jeune femme a répondu qu'"elle voulait obtenir quelque chose de Dieu". L'Eglise des chrétiens du 50e jour est née aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle.



   France : Témoins de Jéhovah

Les risques élevés de mortalité à l'accouchement chez les Témoins de Jéhovah

Web, 8 novembre 2001 par Charnicia E. Huggins (traduit par Charles Chasson)

[Texte intégral]

Lles Femmes Témoins de Jéhovah ont un risque dramatiquement accru de mourir suite à une perte de sang excessive durant l'accouchement et par leur refus de combler cette perte par du sang donné, selon les résultats d'une étude.

Les transfusions sanguines sont le traitement conventionnel pour l'hémorragie obstétrique, ou pour une perte de sang excessive, mais de telles procédures, ainsi que d'autres traitements médicaux qui impliquent l'administration de sang ou de produits tirés du sang, sont interdits par la religion des Témoins de Jéhovah. "La Grossesse est sûre pour les femmes qui acceptent des produits sanguins," a déclaré à Health Reuter, le principal auteur de l'étude, le docteur Carl J. Saphier de l'école de médecine du Mount Sinai de New York. Ceux qui rejettent de tels produits, peuvent présenter un risque accru de mortalité, "mais il peut être réduit au minimum en donnant les soins appropriés," a-t-il déclaré.

Saphier et ses collègues ont examiné les risques de décès de 332 femmes Témoins de Jéhovah ayant accouchés au Centre Médical du Mount Sinaï de janvier 1988 à décembre 1999 inclus. Presque 400 naissances - par voie naturelle ou Césarienne - ont eu lieu pendant cette période d'étude et 24 patientes (6 %) ont fait une hémorragie obstétrique, ont rapportés Saphier et ses collègues dans une publication d'Octobre du Journal américain d'Obstétrique et de Gynécologie. ( site Web )

Deux femmes sont mortes suite à l'hémorragie, correspondant à un taux de 521 morts par 100,000 naissances réussies - un taux de mortalité de la mère presque 44 fois supérieur à la population AMÉRICAINE en générale, indique le rapport. Actuellement, traiter l'hémorragie obstétrique et certaines autres conditions chez les Témoins de Jéhovah peut impliquer l'utilisation de produits non sanguins appelés restaurateur de volume- des solutions qui sont mélangés au propre sang du patient pour compenser le sang perdu pendant l'intervention - ou des " Cell-Saver ", qui sont des dispositifs qui collectent et réutilisent le sang du patient. Pour une des patientes qui est morte, néanmoins, le traitement par un Cell-Saver a été inefficace parce qu'elle avait déjà perdu de grandes quantités de sang au niveau du vagin, note l'auteur. "Les découvertes impliquent qu'un traitement spécial est nécessaire pour les femmes Témoins de Jéhovah, y compris une discussion particulière avant l' accouchement, les méthodes, réduire au minimum les perte de sang à l' accouchement et le traitement rapide de toute hémorragie," a déclaré Saphier.

SOURCE : Journal américain d'Obstétrique et Gynécologie 2001; 185:893-895.



   France : Parti Humaniste

Attention aux vraies-fausses associations de quartier

La Dépêche, 9 novembre 2001 par Philippe Emery

[Texte intégral]

Un simple tract appelant à soutenir une " campagne d'appui humain en Afrique ". Une petite feuille blanche imprimée recto-verso avec un appel à donner de l'argent ou des fournitures scolaires et sanitaires pour les enfants africains. Elle a été distribuée récemment dans Toulouse, notamment dans une galerie marchande d'un hypermarché. " Ce projet n'est appuyé par aucun gouvernement, par aucune ONG (organisation non gouvernementale), il fonctionne seulement par la force de volontaires ", peut-on lire sous la signature de l'association Cyplien dont l'adresse figure dessous: 81, allées Charles-de- Fitte à Toulouse.

C'est curieusement la même que celle du mouvement humaniste, une nébuleuse classée comme secte par deux rapports parlementaires. Parmi les numéros de téléphone figurant sur le tract, un portable. C'est celui de Christophe, qui reconnaît, avec un peu d'embarras: " Oui je fais partie du mouvement humaniste, comme d'autres membres de Cyplien, mais le mouvement n'est pas une secte. OK nous avons la même adresse et l'association et le mouvement ont la même sensibilité: il s'agit de dénoncer toute forme de violence et de discrimination ".

FAUX-NEZ Un but louable en effet pour une association qui oublie simplement de préciser qu'elle sert de faux-nez à une organisation beaucoup plus mystérieuse. " On n'a aucune ressource, on n'arrive même pas à payer le loyer du local, affirme Christophe, qui refuse de donner son nom de famille. Les tracts? Tout est de notre poche. L'argent collecté? La dernière fois on a eu 1.000 F, on a tout mis dans l'achat de moustiquaires pour le village de Diamaguène dans la région de Dakar ", poursuit notre interlocuteur. Mais sur l'absence de statuts et de comptabilité de l'association Cyplien comme du mouvement humaniste, Christophe se montre moins prolixe: " Cyplien a pour objet de tisser des liens dans le quartier rive gauche. A Toulouse, le Mouvement humaniste compte une dizaine d'organisateurs et des centaines d'adhérents ", assure Christophe qui explique que le mouvement est formé en équipes, s'étend sur quatre-vingt pays dans le monde et a pour but de " construire un société donnant la priorité à l'être
humain "
.

En fait, selon le centre Roger Ikor contre les manipulations mentales, qui lutte contre les sectes, le Mouvement humaniste, créé en 1969 par l'Argentin Mario Rodriguez Cobos, dit Silo, pratiquerait le recrutement dans la rue et " des techniques manipulatoires utilisées dès les premiers
contacts "
. Ceci derrière le paravent d'une doctrine prônant la non-violence et derrière toute une série d'associations-écran. Outre les collectes diverses sur la voie publique, le mouvement humaniste a présenté divers candidats aux élections législatives ou européennes sous les labels du parti humaniste ou du parti vert écologie sociale. Un moyen aussi de récolter des fonds réservés au financement des partis politiques.



   France : Scientologie

"faux en écriture publique, usage de faux et déni de justice"

Yahoo, 9 novembre 2001 par Philippe Emery

[Texte intégral]

PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour , à la suite d'une plainte visant un magistrat chargé jusqu'en 2000 d'instruire un dossier sur l'Eglise de Scientologie.

Cette plainte, déposée en septembre par Me Olivier Morice, avocat de l'association anti-sectes Unadfi, dénonce une négligence volontaire du juge d'instruction de Paris Marie-Paule Moracchini dans cette enquête sur l'Eglise de Scientologie.

Selon l'avocat, elle aurait "oublié" de joindre par une ordonnance officielle les deux parties de son dossier - d'un part quatre premières plaintes déposées en 1983 et 1984 par des anciens adeptes et, d'autre part, de nouvelles plaintes déposées en 1989. Cette erreur entraînerait la nullité du dossier.

La plainte sera certainement dépaysée dans une autre juridiction.

Une procédure disciplinaire a déjà été ouverte par l'ancien ministre de la Justice Elisabeth Guigou contre Marie-Paule Moracchini en 2000. Le Conseil supérieur de la magistrature, siégant comme une sorte de "conseil de discipline", doit entendre la magistrate en audience publique mercredi prochain à Paris.

Elle devra répondre, cette fois, de la disparition d'une partie du dossier visant la Scientologie sur lequel elle travaillait et de tentative de médiation avec les personnes poursuivies, ce qui n'est pas son rôle de juge pénal.

Une quinzaine de membres de l'Eglise de Scientologie, considérée comme une secte par les pouvoirs publics français, sont toujours en examen pour "escroquerie et exercice illégal de la médecine" dans cette procédure confiée au juge Philippe Courroye après le dessaisissement de Marie-Paule Moracchini.


    Chine : Falungong

La répression du Falungong retarde les progrès sur les droits de l'Homme

AFP, 9 novembre 2001

[Texte integral]

PEKIN - La répression contre le mouvement Falungong a retardé les progrès des droits de l'Homme en Chine, a déclaré vendredi Mary Robinson, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, lors d'une conférence de presse à Pékin.

"L'utilisation très dure de la rééducation par le travail contre les membres du Falungong a probablement retardé les progrès en matière de liberté d'expression et d'association", a estimé Mme Robinson, ajoutant que "les membres du Falungong endurent de très nombreuses violations de droits de l'Homme dans la manière dont ils sont détenus et traités".

Après avoir mentionné au cours de ses entretiens avec plusieurs dirigeants chinois des cas de prisonniers politiques, le Haut commissaire aux droits de l'Homme a expliqué avoir "soulevé en termes généraux le traitement des femmes adeptes du Falungong et les graves accusations qui ont été transmises à la commission et au rapporteur spécial de l'ONU sur la torture". "Dans certains cas, des prisonnières ont subi des agressions sexuelles de la part d'autres détenus", a poursuivi Mme Robinson qui a précisé n'avoir reçu des autorités chinoises aucune réponse à ces accusations, qu'elle a qualifiées de "nombreuses et graves".

Mme Robinson a rencontré vendredi à Pékin le président chinois Jiang Zemin. Elle a également signé un protocole sur des projets de sensiblisation et de formation sur les droits de l'Homme, notamment de juges et de policiers, avec le vice-ministre des Affaires étrangères Wang Guangya.



   Belgique : Krishna

Plus de distribution de nourriture sur la voie publique

La Meuse, 9 novembre 2001 par Luc Caucheteux

[Texte intégral]

Essentiellement pour cause de prosélytisme, l'autorisation provisoire de distribution de nourriture sur la voie publique, accordée en 1997 à la secte religieuse Hare Krishna, est retirée par le bourgmestre Willy Demeyer.

Les adeptes de Krishna ne pourront plus, chaque mercredi, distribuer leurs repas chauds à une bonne centaine de personnes qui appréciaient cette nourriture terrestre.L'enquête effectuée par les services du bourgmestre a montré, sur base de nombreuses plaintes de riverains et de parents d'élèves, qu'il existe effectivement un danger de voir les moines Krishna passer à une distribution de nourriture philosophique moins inoffensive.

L'autorisation avait été accordée par le bourgmestre Jean-Maurice Dehousse qui avait vérifié que rien ne s'opposait à cette pratique. Le hic, c'est que cette distribution de nourriture - un repas chaud souvent végétarien, un fruit et du thé - a lieu le mercredi midi, à deux pas de l'Athénée Liège 1, place des Carmes. Saisi de plaintes, le bourgmestre Willy Demeyer a donc voulu revoir la position de la Ville.

L'ASBL Hare Krishna Food for Life ne sera donc plus autorisée à apporter à Liège ses thermos de nourriture préparée dans le superbe château de Petite Somme, à Septon, près de Durbuy.

Nul doute que cette décision du bourgmestre de Liège, qu'il compte bien faire respecter par sa police, fera l'objet d'une analyse juridique par les avocats de la secte Hare Krishna. Celle-ci n'a pu être contactée, jeudi, au moment où nous mettions sous presse. La décision du bourgmestre Demeyer sera d'ailleurs signifiée aux responsables de l'ASBL Hare Krishna. On verra donc, mercredi prochain, ce qu'il en adviendra.



   France : Scientologie

La juge d'instruction Marie-Paule Moracchini jugée mercredi par ses pairs

AFP, 13 novembre 2001 par Didier Lauras

[Texte intégral]

La juge d'instruction parisienne, Marie-Paule Moracchini, au coeur de multiples polémiques depuis plusieurs années, comparaît mercredi devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), pour y répondre notamment de la disparition de pièces dans l'affaire de la Scientologie.

De nombreuses pages d'un dossier ouvert en 1989 pour "escroquerie, exercice illégal de la médecine et complicité" contre des membres de l'Eglise de Scientologie, et confié en 1993 à Marie-Paule Moracchini, ont disparu dans des circonstances non éclaircies. Une information judiciaire a été ouverte en juillet 2000. Et la magistrate, âgée de 51 ans, a fait l'objet d'une procédure disciplinaire du CSM à l'initiative du garde des Sceaux d'alors, Elisabeth Guigou, qui estimait que la juge avait "fait preuve de manque de rigueur et porté atteinte à la crédibilité de sa fonction".

La Chancellerie, qui représentera toujours l'accusation mercredi, reproche aussi à la juge d'instruction de n'avoir pas instruit un dossier qui lui avait été confié en 1986 concernant deux anciens policiers poursuivis dans une affaire de malversation financière.

Acharnement
L'audience devrait durer toute la journée. Marie-Paule Moracchini a fait citer une quinzaine de témoins de moralité, dont sa soeur Solange, substitut à Créteil (Val-de-Marne), et les avocats Mes Jacques Vergès, Georges Kiejman et Francis Szpiner, tous censés venir témoigner des qualités professionnelles de la magistrate. "L'acte de saisine ne conteste pas que Mme Moracchini a toujours été présentée comme une excellente professionnelle, mais lui reproche un dysfonctionnement dans les deux dossiers", a d'ailleurs précisé à l'AFP un magistrat proche du dossier.

Mais les débats pourraient déborder le seul dossier, tant la personnalité de la juge divise la magistrature parisienne, les uns dénonçant ses méthodes quand les autres parlent d'acharnement à son encontre. "On transforme en lapidation ce qui ne devrait être qu'une réprimande", estimait notamment Etienne Apaire, vice-président de l'Association des magistrats instructeurs (AFMI), au moment de la saisine du CSM par Elisabeth Guigou. Mais certains collègues ont la dent dure à l'égard de la magistrate, et s'interrogent par exemple sur son "acharnement" contre l'ancien substitut de Toulon, Albert Lévy, qu'elle a mis en examen pour violation du secret professionnel. Ou sur l'enquête qu'elle a mené sur la mort du magistrat français Bernard Borrel, à Djibouti, en 1995 et dont elle a été dessaisie après que les avocats de la veuve de M. Borrel eurent dénoncé de "graves dysfonctionnements" dans l'instruction.



   Etats-Unis : Témoins de Jéhovah

Une correction biblique tue une enfant selon la police

Sun Times, 13 novembre 2001 par Cathleen Falsani traduction Charles Chasson

[Texte intégral]

Des parents sont accusés d'avoir battu leur fille de 12 ans jusqu'à la mort a déclaré la police, ils ont pratiqués la punition biblique "de 40 coups de fouet moins un, trois fois de suite" ont déclaré les détectives lundi.

Constance Slack, une infirmière travaillant dans un hôpital d'enfant, a bâillonné sa fille, Laree, tandis qu'elle a été attachée par les pieds à un futon, a déclaré la police. Son père, Larry Slack, a alors frappé à plusieurs reprises l'enfant avec un câble électrique de trois centimètres de large caoutchouté et rempli de fils, selon la police. Elle est morte suite à une hémorragie interne.

"C'était terrifiant," a déclaré un policier. Les parents ont été vexés que Laree ait été "peu coopérante" après lui avoir ordonné de trouver une blouse avec des cartes de crédit à l'intérieur, samedi soir, a déclaré la police.

Larry Slack est un ferme partisan des châtiments corporels, et sa femme et lui ont décidé d'administrer (à leur fille) la discipline biblique, ont déclarés les détectives. "C'était sa manière d'inculquer à sa fille le sens des responsabilités," a déclaré le sergent Stan Salabura.

Les deux parents sont de fidèles Témoins de Jéhovah qui enseignent leurs six enfants à la maison, enfants âgés de 8 à 17, ont déclarés la police et les voisins. "Il était une personne stricte. Chaque fois qu'il sortait, les gosses marchaient droit et prêtaient attention à lui ," a déclaré un voisin qui n'a pas voulu être identifié. Mais leurs amis ont été choqués, selon leurs allégations. "Il était un type très paisible et une personne très intelligente. Et il était très religieux," a déclaré le Révérend Wayne Lewis junior, qui a suivi des études de la Bible à leur maison. "La première fois que nous nous sommes rencontrés il essayait de me convertir, mais je suis un ministre Baptiste. "

La maison des Slack située au Sud de Brandon était vide et calme, lundi, sans traces de la tragédie. Deux voitures de la famille étaient garées à l'extérieur du 7900ème bloc. Le long de l'escalier du deuxième étage ont pouvait voir un manuel de formation pour les Témoins de Jéhovah, des feuilles avec des problèmes mathématiques, un gril, un cercle de basket-ball et un Plan sur la Sécurité lors de Violence Domestique publié par le bureau du procureur du Comté de Cook.

Les Slack étaient une famille calme qui restait en retrait de leurs voisins, cachés derrière une barrière en bois de 6 pieds de haut que Larry Slack avait construit pour remplacer une simple chaîne.

Larry Slack, 42 ans, est employé depuis 23 années à CTA où on le connaît comme "un bon machiniste et un ouvrier travailleur," a déclaré Salabura. On sait que Constance Slack, 42 ans également, travaille à l'Hôpital d'enfant de Rabida.

Les deux parents sont mis en examen pour assassinat, et en plus pour coups aggravés sur leur fils de 8 ans, également dans la nuit de samedi à dimanche. Cinq des autres enfants de Slack ont tous montré des signes d'abus physique. Ils ont été pris en charge par l'état et ont été placés auprès de parents, ont déclarés les autorités.

Larry Slack a été traité au centre médical et à l'Hôpital Advocate Christ dimanche soir après avoir tenter de se suicider en se rendant au quartier général de la police du Secteur 2. Il était incarcéré à la prison de la Zone Centrale lundi. Dans une déclaration lundi, la famille Slack a déclaré qu'elle coopérait avec la police. "Nous avons aimé grandement Laree," a déclaré Leroy Slack, qui s'est identifié comme l'oncle de Larry Slack et un porte-parole de la famille. "Nous sommes très dérangés sur les circonstances entourant sa mort."



   France : Sectes

Un ancien adepte raconte son calvaire

Web, 13 novembre 2001

[Texte intégral]

Etudiant en sciences, Jérôme(1) s'est retrouvé embrigadé dans une secte avec sa compagne. Malmené, il a fini par s'en sortir et se reconstruire. Il raconte cette expérience traumatisante.

"En 1979, j'étais étudiant en sciences et vivais en couple. J'étais extrêmement naïf, en particulier sur la nature des gens, et avais toujours eu des interrogations métaphysiques, spirituelles ou religieuses. Ma formation, centrée uniquement sur l'observation des faits matériels, ne m'offrait pas de cadre structurant pour développer un questionnement personnel, philosophique ou spirituel.

En outre, j'avais vécu une relation affective insatisfaisante avec mon père. Je faisais partie d'une chorale et c'est au travers de cette activité que j'ai rencontré des membres de la secte. Après les répétitions, nous allions discuter dans un bar. Ces personnes me fournissaient des réponses simples, simplistes, que mon esprit gobait facilement. J'ai ensuite été invité à aller les rencontrer sur leur lieu de vie, près de Toulouse.

J'ai trouvé cette prise de contact agréable. J'y ai vu des personnes apparemment satisfaites de vivre en communauté et la personnalité du gourou m'a paru fascinante. J'ai accepté de venir habiter avec ma compagne dans leur ferme. Les repas étaient frugaux et j'avais faim en sortant de table. Nous étions obligés de boire un peu de vin qui était vraisemblablement drogué à chaque repas.

Menaces et violences
Les exigences du gourou envers nous augmentèrent progressivement. Nous fûmes obligés de participer à des prières durant la nuit, interrompant ainsi notre sommeil et altérant notre résistance. Des séances "spéciales" étaient organisées pour les personnes récalcitrantes, en général les filles. J'en ai vu une sortir de la maison le visage tuméfié par des coups, l'air prostré. Ma propre compagne a du subir des traitements analogues. Une autre fois, des médicaments volés dans la pharmacie d'un hôpital ont servi à piquer une autre fille "pour la calmer". Je garde la conviction que des drogues nous ont été administrées à notre insu. Nous avions des séances quasi quotidiennes d'enseignement sur les théories du gourou ("Nous le Bien, eux en face le Mal"), faites de bourrage de crâne, d'écoute de cassettes, de surveillance permanente, de menaces et de violences.

Ce discours n'avait de rapport avec la société que pour la dénigrer et nous couper d'elle. Nous avons vécu en vase clos, sans lien avec l'extérieur ni intimité dans notre couple, qui s'est dégradé.

Ma sortie de la secte résulta de plusieurs faits combinés. Il m'apparut que les réponses que je trouvais en ce lieu étaient illusoires. J'éprouvais de plus en plus d'angoisses face aux agissements violents du gourou. Enfin, ma sœur cadette vint me rendre une visite un jour et le groupe exerça en vain des pressions pour qu'elle reste. J'entendis ensuite des conversations de dénigrement et de menace au sujet de ma sœur qui était partie. Ce fut le déclic et je décidais de quitter la secte...

Une panoplie de croyances Je dus ensuite affronter deux tentatives de "récupération", l'une de ma compagne missionnée par la secte pour me proposer de renouer notre relation si je revenais, l'autre d'un groupe de 5 ou 6 personnes venu avec le gourou pour tenter de me persuader de rentrer. Ils en furent pour leurs frais! Mon état était tel que je fus hospitalisé.

Je dus ensuite bâtir un nouveau réseau de relations et entreprendre une thérapie pour me reconstruire. Mon histoire aurait pu arriver à beaucoup d'autres. Mon espérance est que la société saura protéger ses enfants en quête de sens des méfaits des sectes.

Les sectes sont en effet, à mon avis, le symptôme d'une société en manque, en crise de sens. La majorité des sectes jouent dans le domaine de la quête du sens et offrent une panoplie de croyances les plus diverses. Ceci doit questionner notre société. Chacun d'entre nous doit prendre davantage en compte cette quête de sens, qui est l'expression d'un dynamisme naturel chez l'être humain."

(1) NDLR : Afin de préserver l'anonymat de ce témoin, son prénom a été modifié.



   France : Sectes

L'exemple du Loiret

Web, 13 novembre 2001

[Texte intégral]

Président du Conseil général et récemment élu sénateur, Eric Doligé a fait partie en tant que député de la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes. Combattre les sectes est pour lui une nécessité. Et le Département entend bien participer pleinement à ce combat.

Explications.
Pourquoi, à titre personnel, vous impliquez-vous tant dans la lutte contre les sectes ?
É.D. : Comme parlementaire, j'ai, lors de mes permanences, reçu de nombreux concitoyens qui étaient personnellement confrontés aux agissements sectaires ou avaient parmi leurs proches une victime de secte, adepte ou ancien adepte. Pour être intervenu comme élu afin d'aider ces personnes souvent démunies à se défendre, je me suis très vite rendu compte que, pour lutter efficacement contre les sectes, il fallait informer le grand public sur leurs agissements et leurs dangers, mais aussi former les acteurs publics et sociaux, magistrats, policiers, gendarmes, intervenants sociaux... Comme tout père de famille, j'ai été par ailleurs très sensible à l'enrôlement d'enfants et d'adolescents dans certaines structures aux apparences anodines, mais qui en fait se révélaient être des ramifications de telle ou telle secte connue.

Quelles grandes leçons tirez-vous de vos travaux parlementaires ?
É.D. : Une lutte efficace contre les sectes suppose une réactivité du législateur et des pouvoirs publics. Lors de la première commission d¹enquête parlementaire, nous avons poursuivi deux objectifs : analyser le fonctionnement des sectes et prévenir chacun de leur danger. Le second rapport parlementaire nous a montré qu'à la suite de nos premiers travaux, les sectes, toujours soucieuses d'agir dans le secret, avaient modifié leur structure financière, leur apparence. Les pouvoirs publics et le législateur se devaient de réagir.

La loi About-Picard vous satisfait-elle pleinement ?
É.D. : Le co-rédacteur de cette loi que je suis pense que c'est assurément un grand pas en faveur de la lutte contre les sectes. Mais le parlementaire avisé répond que seule son application nous dira si nous sommes allés assez loin et si nous avons visé juste.

Pourquoi engager le Loiret dans un plan d'action contre les sectes, alors que ce n'est pas, a priori, l'un des départements les plus gravement touchés par le phénomène sectaire ?
É.D. : Si le Loiret n'est effectivement pas parmi les départements les plus concernés par les mouvances sectaires, l'actualité récente a néanmoins démontré que le phénomène tendait à s'y développer. Aussi est-il important d'en juguler la progression par une grande campagne de sensibilisation à l'intention des publics les plus concernés, enfants, personnes âgées et individus en état de faiblesse psychologique. L'action sociale du Conseil général concernant notamment ces populations, nous nous devions de mettre en place une politique de prévention, d'information et d'aide aux victimes. Il eut été en effet irresponsable de la part d'un parlementaire informé des dangers de l'activité sectaire de ne rien entreprendre pour les combattre.

Espérez-vous faire preuve d'exemplarité et montrer la voie à tous les autres départements français ?
É.D. : Dans ce domaine, je crois que le Loiret fait déjà école. J'ai été le premier président d'association de maires à avoir proposé à mes collègues une séance d'information sur les agissements sectaires. En qualité de président de Conseil général, je suis le premier à avoir entrepris une action de prévention et d'information à l'échelle d'un département. Déjà, la Seine-et-Marne et la Somme nous suivent. En fait d'exemplarité, je crois qu'il faut plus parler d'expérimentation. Si notre politique est couronnée de succès, alors en tant que parlementaire, je proposerai une loi visant à généraliser notre démarche sur l'ensemble du territoire.



   France : Sectes

" La victime d'une secte change complètement d'identité "

Web, 13 novembre 2001

[Texte intégral]

Janine Tavernier est l'ancienne présidente de l'Union Nationale des Associations pour la Défense des Familles et de l'Individu (UNADFI) qui lutte depuis de nombreuses années déjà contre les sectes. Satisfaite de la nouvelle loi , elle estime que la prévention est essentielle afin d'éviter des drames.

Pourquoi avez-vous rejoint les rangs de UNADFI ?
J. T. : Je me suis engagée dans la prévention et la lutte contre les sectes, parce que mon mari a lui-même été victime de l'une d'entre elles, Ecoovie, ayant été séduit par son discours sur l'environnement et l'humanitaire. J'ai vu quelqu'un d'intelligent comme lui perdre son libre arbitre, au point de ne plus pouvoir répondre à mes questions sans avoir auparavant consulté son gourou pour obtenir les réponses. Mon mari a vécu quatre ans d'embrigadement mais a fini par s'en sortir. Pour l'y aider, j'ai adhéré en 1984 à l'Association pour la Défense des Familles et de l'Individu (ADFI) de Paris et me suis plongée dans une masse de livres et de documentation. J'ai touché du doigt ce phénomène de manipulation mentale qui fait, par exemple, que la victime d'une secte est capable de continuer à parler normalement de son métier, mais adopte un discours stéréotypé dès lors qu'il s'agit d'évoquer sa secte. La naïveté, la crédulité des victimes de sectes est étonnante....

Quelles sont les grandes techniques utilisées par une secte pour "embrigader" une personne ?
J.T. : Cet embrigadement passe par trois phases: la séduction (sous divers masques comme la santé, l'écologie ou le salut spirituel), la destruction progressive de la personnalité de l'individu et la reconstruction de la personne à l'image de la secte et de ses objectifs. Ce processus de manipulation mentale aboutit à ce que la victime d'une secte change complètement d'identité et finit par vivre par "gourou" interposé... Qu'est-ce-qu'une secte ? Une secte est, selon la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), " une association de structure totalitaire, déclarant ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte aux Droits de l'Homme et à l'équilibre social ". L'UNADFI, pour sa part, définit la secte comme " une structure qui, sous couvert d'une proposition attractive de croissance personnelle, d'évolution spirituelle ou de transformation de la société, porte atteinte aux libertés et droits de l'être humain, en faisant usage de manipulations mentales qui asservissent progressivement l'individu, afin de le soumettre au modèle défini par le ou les dirigeants ".

Que pensez-vous de la nouvelle loi ?
J.T. : Même si le délit de manipulation mentale n'a pas été retenu en tant que tel dans le texte définitif, cette loi constitue un grand motif de satisfaction car les victimes des sectes, notamment les personnes en situation de faiblesse, peuvent maintenant être juridiquement soutenues. Ensuite, il est désormais possible d'attaquer une secte en tant que personne morale, de frapper le gourou, la tête de la secte, et non plus seulement des membres isolés du mouvement, des individus manipulés. Un autre point très positif est que les associations comme les nôtres peuvent dorénavant se porter partie civile en Justice, ce qui était impossible auparavant. Ce nouvel arsenal législatif vient compléter des dispositions précédentes qui ont fait que chaque ministère et chaque département dispose désormais d'un responsable ou d'une cellule sectes, à l'écoute des victimes et susceptible de leur apporter une aide. Revers de la médaille, il ne faut pas, sous prétexte de l'adoption de la loi, déraper et voir des sectes partout.

Il faut se méfier des rumeurs, ne pas se servir du phénomène sectaire comme arme pour faire du tort à un concurrent, un proche ou un conjoint, et surtout ne pas rejeter d'anciens membres de sectes, repentis, ne pas en faire des exclus ou des boucs-émissaires.

Enfin, la nouvelle loi ne règle pas le problème de la dérive constatée dans certains milieux "psy". Rien en protège encore les victimes d'escrocs, de charlatans qui se font passer pour des psychothérapeutes, dans une profession qui reste non labellisée.

Comment reconnaître une secte ? Quelques critères permettent de cerner la notion complexe de secte :

· Elle pratique la déstabilisation mentale (par la culpabilisation, la pratique abusive et répétitive de rituels, le travail intensif...).
· Elle porte atteinte à l'intégrité physique de ses adeptes (abus sexuels, sous-alimentation, rupture des rythmes biologiques, déni de soins...).
· Elle les exploite financièrement (cotisations exorbitantes, ventes de produits à des prix excessifs...).
· Elle entraîne la rupture avec l'environnement, la famille, les amis et le milieu social.
· Elle pratique le détournement des circuits économiques traditionnels (notamment via la corruption).
· Elle met en place une structure pyramidale, autoritaire, très hiérarchisée, opaque et cloisonnée (contraire à l'esprit de la loi de 1901, dont pourtant la secte se réclame).
· Elle place ses adeptes sous la domination d'un gourou (un maître tout puissant qui exerce son autorité seul et sans contrôle).
· Elle utilise l'existence fréquente d'une instance sanctionnant la désobéissance (elle a parfois son service de police interne, illégal, qui punit et harcèle les adeptes voulant rompre).
· Elle contribue à l'embrigadement des enfants.
· Elle tente d'infiltrer les institutions publiques, privées et les entreprises.
· Par son discours anti-social, ses activités répréhensibles et ses démêlés judiciaires, elle trouble l'ordre public.

Les infractions les plus souvent constatées

- Atteintes à la personne humaine : mauvais traitements, coups et blessures, séquestration, non-assistance à personne en danger...
- Violation de certaines obligations familiales, notamment des parents à l'égard des enfants.
- Diffamation, dénonciation calomnieuse, violation de la vie privée.
- Fraude fiscale, escroquerie, tromperie, abus de confiance.
- Violation du droit du travail (travail des enfants, travail clandestin)

Quels sont les souhaits de l'UNADFI pour l'avenir ?
J.T. : Nous avons besoin de plus d'aide pour faire fonctionner notre structure qui vient d'emménager dans 400 m² de locaux, s'appuie sur 40 bénévoles, emploie une dizaine de personnes parmi lesquelles une psychologue-clinicienne et une juriste, et met à la disposition du public une riche documentation sur les sectes françaises et étrangères.

Notre organisme participe au service public et est sollicité en permanence. Sa vocation consiste souvent à éviter des drames. Nous manquons d'argent et de temps pour organiser des forums et des manifestations, faire de la prévention et de la formation, notamment dans les écoles et dans les milieux universitaires où les sectes sont malheureusement très présentes, mais aussi pour créer de nouvelles associations dans tous les départements français ou à l'étranger.



   France : Sectes

La manipulation mentale, arme des sectes

Web, 13 novembre 2001

[Texte intégral]

Selon le psychiatre Jean-Marie Abgrall, la manipulation mentale joue en permanence sur le registre des émotions.

Personne n'est à l'abri des manœuvres de manipulation mentale dont usent les sectes pour priver un individu de tout libre arbitre. Même si celui-ci affirme agir par "soumission librement consentie". La psychologue Sonya Jougla distingue trois sortes d'adeptes potentiels : l'individu "psychologiquement fragile", qui entre dans la secte pour "éviter la confrontation avec le réel qui est souvent à l'origine de ses angoisses", la personne qui "recherche pouvoir et connaissance à travers la secte" lui promettant un sort différent du commun des mortels et l'appartenance à une élite, enfin l'adepte "venu là par hasard, avec un proche qui lui a proposé une sortie ou activité et qui se laisse peu à peu embrigader".

L'adhésion découle souvent de conflits sociaux ou familiaux (divorce, perte d'emploi, échec, problème financier, rupture avec la famille à l'adolescence), de la difficulté à prendre une responsabilité ou une décision, de la mort d'un être cher... Les sectes appliquent des techniques de manipulation mentale qui agissent en deux étapes, le recrutement et le conditionnement, selon le psychiatre Jean-Marie Abgrall, auteur de plusieurs ouvrages et articles de référence sur le phénomène sectaire.

" Une utopie chatoyante "
Durant la phase de recrutement, "le nouvel adepte va être séduit, persuadé, enfin fasciné". On le séduit en lui proposant "une utopie chatoyante en lieu et place de la grisaille quotidienne", des réponses simples à ses interrogations complexes et un échange affectif qui joue en permanence sur le registre des émotions. On le persuade d'adhérer grâce à "une mise en scène permanente d'une fable qui chasse le réel, envahissant progressivement l'espace de communication" et en lui faisant croire que son adhésion dépend de sa seule volonté. On le fascine, pour "emporter le marché", en le confrontant au gourou et en lui faisant miroiter l'accès à un "univers symbolique du sacré et du divin". L'étape du conditionnement fait perdre à l'individu sa propre parole au profit de celle du groupe ou du gourou, son statut d'être responsable de ses actes et doté de son libre arbitre en faveur de celui d' "agent exécutant, exonéré de toute responsabilité de choix", acceptant sans réserve la hiérarchie et l'autorité de la secte. La notion de responsabilité est remplacée par "la fierté tirée du bon accomplissement du devoir", analyse le Dr Abgrall.

Un moyen de fuir le réel
Les sectes disposent d'une vaste panoplie de masques séduisants, pour obtenir sans contraintes visibles l'adhésion de leurs victimes : programmes de développement personnel, activités humanistes, commerciales, culturelles et éducatives, religieuses et ésotériques, ou encore diverses psychothérapies. Les effets du groupe, la mobilisation des émotions, l'adoption d'un nouveau langage, l'isolement, la culpabilisation, l'obéissance aux consignes..., toutes ces techniques contribuent ensuite à déconstruire et à transformer la personnalité de l'adepte. Il ne reste plus ensuite qu'à lui reconstruire une identité et à renforcer sa dépendance physique et psychologique au groupe, univers de remplacement de sa vie antérieure. Parmi les procédés utilisés pour annihiler les facultés critiques et assujettir l'adepte, la secte impose un rythme de vie carencé en sommeil, en alimentation, en soins, sans moment possible de solitude ou de contact avec d'anciens repères, ainsi que de multiples rituels, chants répétitifs, prières mécaniques, purifications et autres exercices de méditation ou de psychothérapie détournée de sa finalité (qui est au contraire de libérer une personne).

Selon le philosophe et psychologue Max Bouderlique, tout cela s'apparente à un moyen de fuir le réel analogue à une drogue générant les mêmes effets d'accoutumance.



   France : Amis de la Croix Glorieuse de Dozulé

Nancray : la croix de la discorde

Web, 13 novembre 2001

[Texte intégral]

C'est une croix de près de 7 mètres de haut, qui, lorsqu'elle est illuminée, brille de tous ses feux bleutés.

Ce monument voyant a été érigé en une nuit à l'automne 1999 par un couple, dans son jardin, sur le hameau de Villeneuve, à Nancray-sur-Rimarde (420 habitants). Le voisinage s'est rapidement ému de cette irruption dans le paysage et l'association qui s'est créée pour en savoir plus a découvert que l'objet en question avait un rapport avec "La Croix de Dozulé", mouvement sectaire établi en Normandie.

Il n'en fallait pas plus pour que la polémique sur le thème de l'intolérance éclate entre les partisans du couple, lequel assure vouloir simplement exprimer sa foi chrétienne à travers ce monument, et leurs adversaires, qui n'entendent pas livrer leur village à l'influence des représentants supposés d'une secte répertoriée sur Internet...

La municipalité, alors dirigée par Rémy Sevin, a fini par prendre, au printemps 2000, un arrêté interdisant l'illumination de la croix de la discorde, lequel a aussitôt fait l'objet d'un recours devant le tribunal administratif. Bien sûr, la croix géante a eu droit à un beau "battage médiatique" tant national que régional, au point que Nancray est devenu un lieu de tourisme de curiosité, dont le nouveau maire élu en mars 2001, Sylvette Pajon, et son conseil municipal se seraient bien passés.



   France : Sahaja Yoga

L'UNADFI réagit à l'arrêt de la Cour de Cassation

UNADFI, 14 novembre 2001

[Texte intégral]

On reste stupéfait de ces décisions et de la méconnaissance des motivations réelles de Madame Mataji, fondatrice et chef omnipotent du mouvement Sahaja Yoga, à propos de l'éducation des enfants et de la soumission de tous les adeptes. Face à la toute puissance de Madame MATAJI, qui, sinon ceux qui sont chargés de faire respecter les conventions relatives aux droits de l'Homme et de l'Enfant, peut rendre à chacun, ENFANTS et PARENTS, le respect et la dignité qui leur sont dûs ?

Quelques extraits de discours ou écrits de Sri Mataji : Concernant la soumission : "...Vous ne pouvez pas grandir dans Sahaja Yoga d'une manière rationnelle. La première chose à faire est donc d'établir votre état de conscience sans pensées. ... Abandonnez tous vos soucis à votre Mère, chaque chose à Mère."(Sur la méditation) "...Une chose est vraie : même lorsque nous venons à Sahaja Yoga, nous continuons à penser à propos de tout. Mais nous ne réalisons pas les miracles de Sahaja Yoga : lorsque nous nous en remettons à Sahaja Yoga et que nous dépendons complètement de Sahaja Yoga, alors Sahaja Yoga pensera pour nous et résoudra les problèmes qui nous entourent, parfois sans que nous le sachions." (Schakti Puja, Delhi, 5 décembre 1995) Concernant les enfants : "...Vous devez juste accomplir votre tâche comme si vous étiez dépositaire et seulement dépositaire. Mais vous ne devez pas vous attachez à lui : c'est Mon travail ! Vous devez Me le laisser (...) j'ai déjà donné des instructions sur ce qui doit être fait pour l'enfant. Mais ces enfants sont les Miens pas les vôtres (...). Trop d'attachement aux enfants est un signe de dégradation. Votre responsabilité est seulement de vous occuper d'eux. "(Revue Nirmala Yoga n°4, 1984) "Laissez- les seuls, envoyez-les à l'école en Inde. (...) le sens du discernement doit être le suivant : nous devons élever nos enfants selon les principes de la culture Sahaja. Le premier principe de la culture Sahaja est la détermination. Sahaja Yoga n'est pas fait pour de tels "chéris délicats", vous devez être les soldats de Sahaja Yoga, vos enfants doivent être les soldats de Sahaja Yoga, et pas vos petits chéris délicats, ce n'est pas pour eux." (...)"Avec le sens du discernement les mères peuvent faire de ces enfants spéciaux quelque chose qui est ma vision pour eux, mais avec leur manque de discernement, elles peuvent ruiner ces enfants complètement. "(New York, 28 avril 1991)

L'arrêt de la Cour d'Appel de Montpellier, confirmé par la Cour de Cassation le 17 octobre 2001, cautionne ainsi l'abandon par des adeptes adultes de leur responsabilité de parent, et le "don" de leur enfant à Madame MATAJI. Si le petit garçon envoyé en Inde pour suivre le programme de vénération de la Mère, se révolte un jour contre l'endoctrinement subi dans cette école, ce n'est pas vers ses parents qu'il se tournera (ils sont endoctrinés mais profondément convaincus d'agir pour le bien de leur enfant) ; mais bien vers L'Etat Français chargé de faire respecter les conventions des droits de l'enfant signées par la France, qui n'a pas estimé qu'il y avait atteinte à ces droits.



   France : Scientologie

Instruction favorable pour Madame la juge Moracchini

Libération, 15 novembre 2001 par Jacqueline Coignard

[Texte intégral]

"En 1996, elle avait 110 dossiers à l'instruction, soit 15 de plus que ses collègues." Claude Noquet, première vice-présidente du tribunal

Elle tenait à une audience publique pour son passage en conseil de discipline. Ce fut un vrai happening pour le petit monde judiciaire parisien. La juge Marie-Paule Moracchini a fait salle comble, hier.

Hiérarques, collègues et avocats se sont pressés dans le cadre rococo de la première chambre de la Cour de cassation, où les membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) devaient examiner sa gestion de deux affaires. Le premier: l'ubuesque dossier de l'Eglise de scientologie dont elle a hérité en 1989 et dont une partie des pièces a été égarée dans les méandres du palais. Le second - évaporé lui aussi - concerne deux policiers qu'elle a inculpés en 1989 pour des malversations financières et qui n'ont plus entendu parler de la juge par la suite. Pour laver son honneur, Marie-Paule Moracchini a fait citer une bonne quinzaine de témoins de choix, qui se sont mués en autant d'avocats.

Des vedettes du barreau comme Francis Szpiner ou Georges Kiejman. Une brochette de magistrats, Claude Noquet, première vice-présidente du tribunal, en tête. Les débats présidés par Ivan Zakine, magistrat honoraire à la Cour de cassation, n'ont d'ailleurs pas vraiment porté sur les faits. Aucune véritable enquête ne soutenant les griefs, notamment pour ce qui concerne l'affaire des policiers.

L'inspection des services judiciaires concluait d'ailleurs sur l'absence de faute de la magistrate.

Bourreau de travail.
L'audience a tourné au procès des conditions de travail des juges d'instruction. Et a dévoilé au passage le fonctionnement de l'étrange univers des galeries des juges d'instruction parisiens. Une sorte de famille, dont l'omniprésente-omnipotente Marie-Paule Moracchini serait une sorte de "mama". Face à un tel bloc, le directeur des services judiciaires au ministère de la Justice, André Gariazzo, s'est étiolé. Il a demandé au CSM de prononcer une "réprimande avec inscription au dossier", la plus faible sanction de la palette.

C'est le portrait d'un bourreau de travail qu'ont campé les supérieurs et collègues de Marie-Paule Moracchini, arrivée comme juge d'instruction à Paris en 1986 et qui, de 1992 à janvier 2001, assumait la mission stratégique de juge déléguée, chargée de répartir les dossiers entre les quelque soixante juges d'instruction parisiens. Claude Noquet: "Cette fonction de juge délégué est très lourde. Il faut organiser les réunions, les permanences, donner des conseils pratiques et techniques, et désigner les collègues pour les dossiers, alors qu'il y a 4 000 à 5 000 informations ouvertes chaque année."

Cette mission représente au moins deux tiers de temps pour un magistrat, estime la première vice-présidente. Mais Marie-Paule Moracchini a continué à présider des audiences correctionnelles à un rythme d'au moins une par semaine, et elle faisait tourner un cabinet d'instruction complet. "En 1996, elle avait 110 dossiers à l'instruction, soit 15 de plus que ses collègues", précise Claude Noquet.

Considérée comme une as de la procédure, elle héritait (ou s'autosaisissait) des cas les plus difficiles avec une prédilection pour les affaires impliquant d'autres magistrats ou des policiers. "Je ne l'ai jamais vu refuser un dossier", dit sa supérieure. Tout en prodiguant les conseils à droite et à gauche, en suppléant le malade ou le vacancier. "Elle nous remplaçait tant la semaine que les week-ends. Elle nous conseillait, car elle était totalement incollable", confirme Mireille Philippini, aujourd'hui conseillère à la cour d'appel de Paris. Entre 1996 et 1998, elle a tenu trois fois plus de permanences de week-end que ses collègues. "Au minimum, elle a tenu deux temps complets de magistrat pendant la période qui vous est soumise", considère la première vice-présidente.

André Garazzio ose une question: "Considérez-vous que vous aviez la capacité de conduire à bien les dossiers ouverts dans votre cabinet?" Marie-Paule Moracchini: "J'ai du mal à comprendre le sens de votre question."

Scientologie.
Que l'instruction sur l'Eglise de scientologie, ouverte en 1983, ne soit toujours pas close en 2001 ne perturbe pas la juge. "Je vais choquer beaucoup de gens dans cette enceinte, mais, avant la disparition d'une partie du dossier, en 1997, et la campagne médiatique qui a suivi, avant les discussions sur la loi sur les sectes, mon dossier n'intéressait personne!" Dans sa saisine du CSM en juin 2000, la garde des Sceaux Elisabeth Guigou reproche à la juge d'avoir laissé le dossier "en déshérence durant cinq années" et d'avoir fait le jeu de la secte en choisissant "de favoriser un processus d'indemnisation des victimes". Ce choix "excédait sa compétence dans un domaine où toute négociation apparaît délicate, dans la mesure où elle met en cause des sectes à moyens financiers importants", estimait l'ex-ministre de la Justice.

Moracchini n'en démord pas: elle n'a jamais pris l'initiative de favoriser l'indemnisation des victimes, mais a laissé faire les avocats, convaincue dès le départ "qu'on s'acheminait vers un non-lieu". Pour elle, en effet, la qualification pénale des faits (escroquerie) ne tenait pas dans un domaine où l'on flirte avec la liberté de conscience et de culte.

"Défilé de greffiers".
Quant à la disparition d'une partie des pièces, à l'absence de doubles des dossiers prévus par la loi, tout le monde est formel: rien que de plus normal compte tenu des conditions de travail à Paris où, depuis cette affaire, un service de reprographie a été créé. "Marie-Paule Moracchini fait un peu partie des meubles, ce qui n'a pas suffi à la transformer en photocopieuse", ironise le juge Gilbert Thiel. Martine Anzani, conseiller à la Cour de cassation, raconte qu'une fois "un dossier perdu a été retrouvé au-dessus de la chasse d'eau des toilettes". Mireille Philippini renchérit: "Il n'y a pas tellement de pertes, mais il y en a. Ce n'est pas la première fois que ça arrive."

Marie-Paule Moracchini admet que son cabinet n'était pas impeccablement tenu, mais explique que le défilé de greffiers débutants ou incompétents ou allergiques à l'informatique qui s'y sont succédé n'ont rien arrangé. Pour cette juge qui "compte" double, les candidatures de greffiers n'affluaient pas, confirme Françoise Couenne, l'une des greffières les plus chevronnées du TGI.

De tout cela, Marie-Paule Moracchini conclut: "Depuis plus d'un an et demi, je vis un cauchemar, car je fais l'objet d'une entreprise de lynchage. C'est vous qui allez me dire si j'ai encore une place dans l'institution."

Le CSM rendra sa décision le 13 décembre.



   France : Eglise du Christ de Paris

A bientôt, Mr et Mme Mc Kean !

Reveal, 15 novembre 2001

En consultant le site Reveal.org nous apprenons que Kip Mckean et son épouse prennent un congé sabbatique d'une durée indéterminée.



   Japon : Sectes

Peine de mort requise pour un "exorcisme" à la baguette de tambour

AFP, 16 novembre 2001

[Texte intégral]

TOKYO, - Un parquet japonais a requis vendredi la peine de mort contre une femme qui avait pratiqué un "exorcisme" sur six de ses adeptes en les frappant à mort à coup de baguettes de tambour en 1995 à Fukushima, au nord-est de Tokyo, a-t-on appris de sources judiciaires. "Aujourd'hui, le bureau du procureur de Fukushima a demandé la condamnation à mort de Sachiko Eto, 54 ans", a indiqué à l'AFP un responsable du tribunal de district de Fukushima.

Le parquet a par ailleurs demandé que la fille de Mme Eto, Hiroko 29 ans, et une disciple Yutaka Nemoto, 27 ans, soient condamnés à des peines de réclusion à perpétuité et qu'une autre adepte Mitsuo Sekine, 51 ans, reçoive une peine de 20 ans, pour leur complicité dans cette affaire. Selon l'accusation, les quatre accusées ont battu à mort en janvier 1995 deux adeptes avec de grosses baguettes de tambour japonais (taiko) en prétendant les libérer des esprits malfaisants et en ont tué quatre autres de la même manière entre janvier et juin. "Les crimes ont été menés en accord avec les intentions d'Eto. C'est un crime atroce commis au mépris de la dignité humaine. Ses responsabililités sont graves", a indiqué le procureur devant le tribunal. Selon l'accusation citée par l'agence de presse Kyodo, Eto était mue par la jalousie envers Nemoto, qui était devenue son amante. Eto "a fait d'elle même une sorte d'autorité divine et a tué des gens afin d'éviter de se faire voler Nemoto par une autre adepte", a indiqué Kyodo, en citant l'avocat de l'accusation. Les victimes trouvées par la police au domicile d'Eto en 1995 étaient un couple entre deux âges, leur fille de 18 ans, la fille de la femme du couple, un homme de 42 ans et une femme de 27 ans, selon Kyodo.

L'avocat de l'accusation a indiqué que Eto et les autres souffraient de troubles mentaux et n'avaient pas eu particulièrement l'intention de tuer les adeptes. Le procès durera jusqu'à la mi-décembre.



   France : Contre-Réforme Catholique (CRC

Père de trois enfants victimes d'une secte

L'Actu du Conseil Général du loiret, 19 novembre 2001

[Texte intégral]

Ancien journaliste orléanais, il a vu ses trois fils entrer dans la secte de " l'abbé de Nantes ". Après plusieurs années de combat, il témoigne. Car " se trouver pris dans les filets d'une secte n'arrive pas qu'aux enfants des autres ".

Le Concile Vatican 2 s'est achevé en 1965 en même temps que se développait une peur de l'avenir chez certains catholiques. S'ouvrit une crise aggravée par l'application parfois hâtive ou désinvolte de directives, par exemple dans le domaine de la liturgie, qui ne s'imposait pas. N'ont pas tardé à s'engouffrer dans la brèche ainsi ouverte quelques marginaux de l'Eglise, souvent des frustrés, tel cet ecclésiastique aubois, Georges de Nantes, né en 1924, champion de l'exploitation de la peur sous toutes ses couleurs. Il s'oppose à Vatican 2 au nom de Dieu à Qui, notamment, il s'identifie, mais aussi au nom de sa propre Vérité et d'une " Contre-réforme " inspirée de celle du XVIème siècle.

Cela lui a permis de donner libre cours à un instinct de transgression, de domination et de perversion des esprits, qui le distinguait de Mgr Lefebvre. " L'abbé de Nantes " s'est auto-proclamé supérieur de pseudo-communautés mixtes dites foucauldiennes, en France et au Québec, s'appropriant au passage le logo de l'authentique Fraternité, qui dut en changer. Ce prêtre imposteur, ordonné en 1948 par usurpation de recommandation, diablement intelligent, manque cependant totalement de jugement pour prédire l'avenir et commenter ses visions. Il est, depuis 1997, " interdit " par Rome, ainsi que ses complices, adeptes des premiers jours. Dès 1966, il avait été déclaré " suspens a divinis " par l'évêque de Troyes.

Les familles de ses victimes, elles, ne tardèrent pas à organiser leur défense, en créant à Orléans le collectif " Espoir et Dialogue ". Bourrage de crâne Aux accusations portées contre l'abbé de Nantes s'est ajouté un parfum de scandale, en raison, entre autres, de ses affabulations, tel l'anathème lancé contre Mgr Lustiger, ancien évêque d'Orléans, qui devait mourir avant le 7 décembre 1987, frappé par le Jugement de Dieu... A noter d'ailleurs que ce mouvement n'est appelé " secte " que par la nuisance de ses agissements. A la fin des années 70, furent piégés trois étudiants orléanais, trois frères qui ne faisaient qu'un.

Après 20 ans d'un bourrage de crâne précédé du classique lavage de cerveau, deux ont retrouvé avec bonheur leur famille. Pas assez tôt pour revoir leur mère, abattue par le chagrin. Sans prétendre se substituer aux autorités civiles ou religieuses, encore moins à leurs fils dont ils auraient respecté la " décision " si elle n'avait été le fruit d'un authentique viol psychique par manipulation mentale, les parents ont mené une nécessaire enquête, au sein de l'association orléanaise rattachée à l'ADFI et avec l'aide du CCMM, qui leur a permis de démasquer l'imposture et de dénoncer l'alibi religieux.

La Commission parlementaire de 1996 a d'ailleurs répertorié le groupe de l'abbé de Nantes comme secte totalitaire. Autre satisfaction : selon les Renseignements Généraux, l'audience de la secte dans le Loiret s'est considérablement réduite...

Malhonnêteté intellectuelle
Parmi les délires de l'abbé de Nantes et de son petit livre rouge, " Les 150 points de la Phalange ", figurent la conversion de l'Islam et la reconquête de l'Algérie (sic). Pour simuler des manœuvres en territoire saharien, la secte utilisa un terrain près de Gien, prêté par les parents de l'un de ses responsables. Le regretté curé de Châtillon-sur-Loire rencontra un jour, tout étonné, ces drôles d'extra-terrestres, la tête enrubannée façon touaregs... Il fut également un temps où cette propriété accueillit un camp estival de recrutement dit de " Notre-Dame des Enfants ", pieux et trompeur vocable, où l'on programme de jeunes cerveaux de 9 à 12 ans en commençant par les culpabiliser et les menacer du " feu de l'enfer ". La malhonnêteté intellectuelle de Georges de Nantes atteint son sommet lorsqu'il reçoit illégitimement les vœux de ses " moines " et " moniales ", les accompagnant d'une formule mensongère, stigmatisée en 1996 comme une " tromperie " par Mgr Daucourt, actuellement évêque d'Orléans. Ces " frères " et " sœurs " risquent d'être désemparés quand viendra l'heure de " l'Après de Nantes ". C'est d'une impasse et d'un isolement générateurs de déséquilibre qu'il leur faut tenter de sortir avant qu'il ne soit trop tard. En effet, selon cet avertissement d'un ancien moine dans une confession dénonciatrice, " Nul ne peut dire comment cela finira. L'homme est happé dans un entraînement dont il se croît le maître, mais qui le domine en fait. Aussi, tout, je dis bien tout, peut arriver (...). Je mets en garde les familles. Faites attention ! "



   Suisse : Falungong

Des adeptes étrangers de la secte Falun gong arrêtés à Pékin

Edicom, 20 novembre 2001

[Texte intégral]

BERNE - Une trentaine de membres étrangers de la secte Falun gong, dont quatre Suisses, ont été arrêtés à Pékin sur la place Tiananmen. Ils manifestaient contre la répression dont sont victimes les adeptes de ce mouvement en Chine. Selon un communiqué de la secte diffusé avant l'intervention de la police chinoise, les manifestants proviennent de huit pays: outre la Suisse, le groupe compte des Français, des Allemands, des Britanniques, des Suédois, des Canadiens, des Américains et des Israéliens.



   Suisse : Falungong

La vérité derrière les mensonges

China.org, 20 novembre 2001

[Texte intégral]

Je publie cet article par souci d'objectivité. Je me dois cependant d'attirer l'attention sur son origine. On peut, en effet, se poser la question de savoir si, quand on est arrêté et emprisonné parce qu'on est adepte de cette "secte hérétique"et pour cette seule raison, le séjour en prison est aussi agréable - Mathieu Ph Cossu.

Ces derniers temps, un site web de la secte hérétique Falungong a accusé le gouvernement chinois d'avoir persécuté une ancienne adepte du Falungong, du nom de Teng Chunyan, qui purge actuellement une peine dans une prison chinoise. Pour connaître sa véritable situation, notre journaliste l'a interviewée dans la prison de femmes de Beijing.

Voici son reportage.

Teng Chunyan est originaire du Heilongjiang. Il y a plus de dix ans, elle s'est rendue aux Etats-Unis pour rendre visite à ses parents et s'y est installée. Puis elle a commencé à pratiquer le Falungong, devenant rapidement une adepte fanatique. Manipulée par la secte, elle est revenue plusieurs fois en Chine pour participer à des activités dites de " protection de la loi ", et ce même après l'interdiction de Falungong par le gouvernement chinois. Teng Chunyan a été arrêtée par les services de sécurité de la Chine en juillet 2000 et condamnée à une peine de trois ans de prison. Teng Chunyan a expliqué à notre journaliste que c'est pour rompre sa solitude morale qu'elle avait commencé à pratiquer le Falungong, mais qu'elle n'aurait jamais imaginé qu'elle ne pourrait plus s'en sortir. " J'ai vécu aux Etats-Unis pendant plus de dix ans ; mon mari est américain. J'avais un sentiment de vide intérieur et menais une vie solitaire. Au début, je croyais que la pratique du Falungong me permettrait d'enrichir ma vie. Mais, au fur et à mesure de la pratique, je devenais fermement convaincue que je pourrais devenir Bouddha. Tout ce qui venait de l'humanité ne me concernait plus. "

Selon Teng Chunyan elle-même, après avoir commencé à pratiquer le Falungong, elle est devenue très têtue ; elle ne croyait pas ce que disaient les autres et repoussait toute nouvelle du monde extérieur. Elle ne croyait que ce que disait Falungong et était complètement sous le contrôle mental de la secte. " La plus grande différence entre le Falungong et d'autres exercices de respiration ( qigong ) réside dans le contrôle mental. J'ai lu des articles sur le site de Falungong, qui racontent comment des adeptes du Falungong ont été persécutés par le gouvernement. "

Dans la prison où elle est détenue, Teng Chunyan n'a jamais assisté à des scènes où l'on battait ou insultait des délinquants. Elle-même peut téléphoner aux membres de sa famille chaque semaine et se tenir au courant de tout ce qui se passe chez elle. Chaque jour, elle participe aux activités organisées par les autorités de la prison ; en outre, elle cultive des fleurs et lit. Souvent elle participe à des représentations artistiques. Grâce aux études et aux discussions avec d'autres détenues, Teng Chunyan a totalement rejeté son fanatisme envers la secte. " En réalité, beaucoup d'informations sur le site du Falungong sont fausses, exagérées et ne reposent sur aucune vérité. Quand on sort du cercle du Falungong et que l'on regarde ces nouvelles de sang-froid et d'un point de vue extérieur, on peut facilement les percer à jour. Ce ne sont que des mensonges inventés pour attaquer le gouvernement. "

Teng Chunyan espère que ceux qui restent des adeptes fanatiques analyseront les choses de manière objective et pondérée, de façon à voir clairement la vérité derrière les mensonges. Elle a confié à notre journaliste qu'après avoir rejeté le Falungong, elle se sentait beaucoup plus détendue et que les membres de sa famille en étaient très contents.



   Suisse : Falungong

La Chine va expulser les sympathisants occidentaux du Falungong interpellés

AFP, 20 novembre 2001

[Texte intégral]

PEKIN - La Chine va expulser 35 occidentaux, sympathisants du mouvement Falungong interdit en Chine, qui avaient été interpellés mardi par la police après une manifestation sur la place Tiananmen, a affirmé l'agence officielle Chine Nouvelle. Ces ressortissants étrangers "ont reçu l'ordre de quitter la Chine", a ajouté l'agence qui précise que la police a interpellé ces personnes après qu'elles aient déroulé des banderoles portant des slogans du Falungong. "Leur comportement est allé à l'encontre des lois qui régissent les manifestations et les cultes", a ajouté Chine nouvelle. Selon un communiqué de l'association française du Falungong, les manifestants étaient des citoyens venus de France, d'Australie, du Canada, d'Allemagne, d'Israël, des Etats-Unis, de Suède, du Royaume-Uni et de Suisse.

Deux Français, Olivier Hayoun et Hélène Petit, figuraient également parmi les personnes arrêtés, selon un porte-parole français du Falungong. "Une femme allemande a perdu connaissance après avoir été battue", selon Alexis Génin qui a déclaré à l'AFP avoir parlé avec Hélène Petit depuis la cellule où elle était détenue avec les autres manifestants. Après s'être "assis en méditation", les manifestants ont été "frappés, puis frappés à terre avant d'être traînés jusqu'à une fourgonnette", selon les propos de Mme Petit rapportés par M. Génin.

Selon un journaliste allemand basé à Pékin, il y aurait huit Allemands, cinq Suédois et quatre Suisses parmi les personnes arrêtées. Ce journaliste a précisé qu'un autre journaliste allemand présent sur les lieux avait également été arrêté.

Cette manifestation du Falungong était la première d'envergure depuis plus de six mois et elle revêt un caractère particulier parce que tous ses participants étaient des étrangers et n'étaient pas d'origine chinoise, selon des journalistes sur place. Deux membres du Falungong avaient par ailleurs été arrêtés lundi, également sur la place Tiananmen, selon un journaliste français témoin de leur arrestation. Les manifestants de mardi protestaient contre la répression de leur mouvement par les autorités chinoises, depuis son interdiction en juillet 1999.

Des dizaines de milliers de membres du mouvement Falungong ont été arrêtés par les autorités chinoises depuis cette date, des milliers ont été envoyés en camp de rééducation par le travail et plus d'une centaine sont morts en détention. Les manifestations de membres du Falungong sur la place Tiananmen se sont faites beaucoup plus rares cette année après l'immolation par le feu de cinq personnes au mois de janvier, présentées par les autorités comme des membres du Falungong, une affirmation démentie par la secte. Les images des corps en proie aux flammes avaient été abondamment montrées par la télévision chinoise.



   France : Sectes

Le président de la MILS souhaite miser davantage sur la prévention

La Voix du Nord 21 novembre 2001 par Ph Max Rosereau

[Texte intégral]

Près de six mois après le vote de la loi About-Picard qui est venue renforcer l'arsenal législatif, le président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) passait hier la journée dans la région.

Des rencontres successives avec la présidente de l'ADFI, Charline Delporte, le préfet de région, le recteur, des élus... Cette mission a été créée il y a trois ans à la suite d'un rapport d'enquête parlementaire. " Aujourd'hui, le paysage a bien changé, beaucoup de choses ont bougé, à la fois dans le bon et le mauvais sens ", explique Alain Vivien.

D'un côté, les sectes multinationales ne sont pas éteintes et nous échappent de plus en plus : le premier amendement de la Constitution américaine, qui interdit de légiférer sur des questions de prosélytisme religieux, leur assure un confort à nul autre pareil. Les sectes continuent à agir en utilisant de nouvelles méthodes pour empêcher de les combattre : elles labellisent des expressions, des formules juridiques qui précisent leurs activités de façon à interdire à quiconque de pouvoir s'exprimer à leur sujet. Ces grandes multinationales deviennent de véritables Etats non territoriaux : " Le budget de l'Eglise de scientologie est supérieur à celui du Niger ", affirme Alain Vivien.

Ce qui a changé aussi, ce sont les moyens techniques qui permettent de faire circuler des sommes considérables sans qu'il soit possible de remonter les filières.

Stagnation
La loi About-Picard apporte des protections supplémentaires : l'autorité judiciaire et elle seule peut dissoudre une association condamnée pour un motif grave, elle renforce les sanctions sur les crimes et délits commis par une personne morale. Alain Vivien estime les textes mieux rédigés. Il a déjà eu l'occasion de dire que notre région n'était pas la première concernée : " Plus de la moitié des effectifs recensés dans le Nord - Pas-de-Calais appartiennent aux Témoins de Jéhovah, explique-t-il. Or, ce n'est pas une secte absolue, mais une association religieuse qui a des aspects de dérive sectaire. " Le président de la MILS cite le refus de certains soins liés aux transfusions et le refus de socialisation d'enfants sur le plan scolaire, ainsi que des cas de harcèlement à l'égard de ceux qui renoncent et sont considérés comme " apostats ". La " Scientologie " est aussi présente ; elle anime indirectement des groupes au nom de la défense des libertés. De plus en plus, on trouve des sectes derrière certaines thérapies et formations professionnelles continues.

La MILS espère pouvoir les démasquer par un partenariat avec les entreprises. " Globalement en France, et particulièrement dans cette région, le sectarisme donne l'impression de recruter plus difficilement. Profitons-en pour développer la prévention. " La MILS a ainsi conçu un guide à l'intention des éducateurs (bientôt disponible sur le site de l'IUFM Nord - Pas-de-Calais), ainsi qu'un guide (1) pour les élus qui sera dévoilé début décembre.

(1)Ce guide est disponible ici



   Suisse : Falungong

Les 35 manifestants du Falungong ont été expulsés

AFP, 20 novembre 2001

[Texte intégral]

PEKIN, - "Les 35 ressortissants étrangers qui ont manifesté place Tiananmen mardi après-midi en proclamant leur appartenance au Falungong avaient tous quitté la Chine à 19H00 (11H00 GMT)", selon l'agence officielle chinoise. Originaires d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Australie, les manifestants étaient parvenus à déployer une banderole, à clamer des slogans et à s'asseoir en position de méditation sur la grande esplanade située en plein centre de la capitale chinoise.

La police chinoise était alors rapidement intervenue et avait traîné et poussé les manifestants dans des fourgons de police, parfois brutalement, avant de les interroger. Les manifestants avaient ensuite passé la nuit dans un hôtel proche de l'aéroport de Pékin avant d'être amenés à l'aéroport mercredi matin. Huit Allemands, trois Suisses et un Espagnol ont quitté la Chine mercredi en début d'après-midi par un vol d'Air China à destination de Francfort, a déclaré un porte-parole de l'ambassade d'Allemagne, Tilo Klinner. Une porte-parole de l'ambassade de Suède, Rigmor Petterson, a déclaré de son côté que huit Suédois avaient été expulsés, dont sept à destination de Copenhague et une pour Londres.

Le consulat de Suède n'a pas eu accès à ses ressortissants détenus par les autorités chinoises malgré une demande en ce sens invoquant la convention de Vienne, a indiqué Mme Petterson, qui a ajouté avoir été présente au moment de l'embarquement pour le vol de Copenhague. Les Suédois expulsés ne portaient pas de traces de coup mais l'un d'entre eux a déclaré que les trois hommes du groupe avaient été brutalisés, a-t-elle précisé.

Un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis a indiqué de son côté que six manifestants américains avaient été expulsés mercredi, sans plus de précisions. Les deux manifestants français ont quitté la Chine mercredi matin par un vol Air France, a-t-on appris auprès de l'ambassade de France. Selon l'Association française de Falungong, il s'agit d'Olivier Hayoun et d'Hélène Petit. Parmi les autres personnes arrêtées mardi sur la place Tiananmen se trouvent quatre Australiens et un Canadien. La nationalité des deux autres manifetants demeurait inconnue.

Cette manifestation du Falungong était la première d'envergure depuis plus de six mois et revêtait un caractère particulier parce que tous ses participants étaient des étrangers et n'étaient pas d'origine chinoise, selon des journalistes présents sur la place Tiananmen mardi. Les manifestants protestaient contre la répression de leur mouvement par les autorités chinoises, depuis son interdiction en juillet 1999.

Des dizaines de milliers de membres du Falungong ont été arrêtés par les autorités chinoises depuis cette date, des milliers ont été envoyés en camp de rééducation par le travail et plus d'une centaine sont morts en détention. Les manifestations de membres du Falungong sur la place Tiananmen se sont faites beaucoup plus rares cette année après l'immolation par le feu de cinq personnes au mois de janvier, présentées par les autorités comme des membres du Falungong, une affirmation démentie par la secte.

Les images des corps en proie aux flammes avaient été abondamment montrées par la télévision chinoise.



   France : Instinctothérapie

Guy-Claude Burger aux assises

L'Express 22 novembre 2001 par Marion Fetraëts

[Texte intégral]

Pâques 1986. Férue de médecines douces et «alternatives», la mère de Marthe (1) vient passer une semaine au château de Montramé (Seine-et-Marne) avec ses trois filles, histoire d'essayer cette fameuse cure d'instinctothérapie dont on parle tant à l'époque. Manger cru, selon ses instincts olfactifs, pour reconquérir forme, équilibre et santé: la fumeuse théorie de Guy-Claude Burger, maître des lieux et fondateur de ce centre - répertorié depuis dans le rapport parlementaire sur les sectes de 1995 - promet de tout guérir. Non prévu au programme: le vieux gourou va faire de Marthe, 10 ans, le cobaye d'une autre doctrine de son cru, la «métapsychanalyse», une apologie de la pédophilie emballée dans un charabia pseudoscientifique. Révélées par L'Express en 1997, les pratiques criminelles de Guy-Claude Burger et de ses acolytes - dont son fils aîné, Christian, en fuite depuis lors - leur vaudront de comparaître devant les assises de Melun à partir du 22 novembre pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, assortis de menaces de mort répétées.

Déjà condamné en Suisse et en France
Guy-Claude Burger, 67 ans, n'en est pas à sa première comparution. Déjà condamné en Suisse à quatre ans de prison, en 1978, pour avoir abusé de son propre fils, Christian, et de Maya (1), 9 ans, puis condamné en France à trois mois de prison avec sursis en 1997 pour exercice illégal de la médecine, ce personnage décrit par les enquêtes de personnalité comme charismatique, pervers, manipulateur et amoral a consacré sa vie à ses deux grands combats: l'instinctothérapie et la métapsychanalyse, seules capables selon lui de remédier aux divers maux de la société. C'est au début des années 60 que ce violoncelliste met au point sa doctrine alimentaire.

Résumé: notre ancêtre pithécanthrope, ne cuisant pas ses aliments, ignorait la maladie. L'apparition du feu et de son corollaire, le rôti de mammouth, aurait plongé l'humanité dans les affres de pathologies aussi diverses que fatales, dont seul le retour à une alimentation «instinctive» pourrait nous sauver. En pratique, manger «instincto» consiste à se restaurer exclusivement d'aliments crus - banane, pomme de terre ou navet, mais aussi rognon de porc ou graisse de cheval - méthodiquement reniflés pour déterminer lequel excite les papilles, signe évident que le corps le réclame. Ce dogme débile serait inoffensif si des malades du sida ou du cancer n'y voyaient un remède miracle.

A la fin des années 60, Burger élargit ses «recherches» à l'instinct sexuel. Sa «métapsychanalyse» voue aux gémonies les relations charnelles entre adultes hétérosexuels, juste bonnes à la procréation, et exalte les rapports sexuels entre adultes et enfants, source d'énergie cosmique. Ses propres enfants, puis ceux des curistes reçus dans la ferme suisse où Burger dispense ses enseignements subissent les assauts pédophiles du gourou, qui se retrouve à l'ombre. Mais sa condamnation de 1978 ne l'empêchera pas de répéter en 1986, avec la petite Marthe, un scénario identique: sacrée princesse des lieux, «enfant du cosmos», élue du maître, la fillette de 10 ans, sosie de Maya - la petite victime suisse - est soustraite par Burger à sa mère aveuglée et paumée. «Arrivée pour une cure d'une semaine, je suis finalement restée un an et demi, puis je suis revenue à plusieurs reprises», confie Marthe, qui a aujourd'hui 25 ans. Cette ravissante métisse au regard limpide et à la voix fluette explique: «A l'époque, j'étais larguée, caractérielle, je n'avais pas d'amies, je haïssais l'école. Pour une gamine pauvre et sans père qui n'avait pour tout horizon que les barres des HLM de Nanterre, ce château, c'était le rêve absolu.» Une grande demeure du XIIe siècle, en pierres blondes comme les champs de blé qui ceignent ses murailles, où l'on peut courir et jouer, construire des cabanes et se rouler dans l'herbe. Où les adultes vous écoutent et vous estiment, même si ce n'est que pour s'attirer les faveurs du maître des lieux.

«Quand je repense à la première fois où il m'a touchée...»

Très vite, le gourou met l'enfant dans son lit et la contraint à passer toutes ses nuits nue à ses côtés. «Quand je repense à la première fois où il m'a touchée, où il a frotté son sexe entre mes cuisses, je ressens avec la même douleur cette sensation de brûlure que j'ai éprouvée alors. Comme si mon corps couvait un mauvais feu, un foyer plein d'ordures.» A Montramé, tout le monde couche avec tout le monde, enfants et adultes mêlés, dans des chambres sales. Les gosses y déambulent à moitié nus, subissant, hors du regard des curistes, les caresses insistantes de certains permanents du château. Burger distille affection et humiliation, couvre Marthe de cadeaux auxquels elle n'a jamais osé rêver pour mieux la posséder. Il la hisse sur un piédestal pour mieux la livrer à la jalousie de ses propres enfants et de sa femme délaissée - malgré les «bienfaits» de l'instinctothérapie, elle mourra seule d'un cancer, à l'écart du château, en 1994. Il fait miroiter à la fillette de 10 ans le rôle principal d'un film qui raconterait son «roman d'amour et d'aventure» avec Maya, l'histoire vraie qui lui a valu la prison en Suisse. «Du cinéma! J'étais une petite fille, c'était mon rêve! Comment résister? raconte Marthe. J'étais déchirée entre ce statut de princesse révérée par des adultes et le dégoût que Burger, devenu un père de substitution, m'inspirait. Mais il répétait tellement que j'avais de la chance de vivre ça que je le croyais malgré tout.» Quotidiennement, Marthe doit se plier aux caprices sexuels du gourou: «Le matin, il me réveillait à 7 h 45. Il lui fallait un orgasme avant que je parte pour l'école, à 8 heures.»

Après un an et demi de ce calvaire, Marthe s'arrache à l'emprise de Burger - «la société, les gens de l'extérieur, c'étaient les ennemis absolus» - et profite d'un voyage pour s'installer chez une tante. Mais, à l'adolescence, ses pas la ramènent à plusieurs reprises vers Montramé: «On ne peut pas s'empêcher d'aimer les lieux de son enfance, soupire-t-elle. Et puis tout allait si mal dans ma vie, j'étais tellement seule et déséquilibrée que Montramé ne me semblait pas pire que la vie en société.»

Quand, sur la dénonciation d'une autre pensionnaire du château, Marthe est interrogée par la police, à l'âge de 13 ans, Burger lui a tellement fait réciter sa leçon que l'affaire est classée sans suite. C'est cette «volte-face» que Me Philippe Petillaut, l'un des défenseurs du gourou, compte mettre à profit pour démentir le récit de Marthe: «Burger dérange, c'est pour ça qu'on veut se le payer, contre-attaque l'avocat. Hier, le lobby médical voulait sa peau. Aujourd'hui, c'est le lobby catho qui agite le trio infernal secte + gourou + pédophilie. Ce que Burger pense ou écrit le regarde, on n'a pas à condamner les gens pour ça.»

De son côté, l'avocat de Marthe, Me Olivier Morice, a déjà obtenu pour sa cliente une décision de la commission d'indemnisation des victimes, qui estime, sur la foi d'expertises psychologiques, que la jeune femme a bien été victime de viol durant son enfance. Reste à convaincre les jurés de Melun que Guy-Claude Burger n'a rien de l'humaniste, du bon père de famille, du génie incompris qu'il prétend être.

(1) A leur demande, les prénoms des victimes ont été changés.



   France : Raël

Les raëliens s'affichent à Combs-la-Ville

Le Parisien 22 novembre 2001 par Eric Hacquemand

[Texte intégral]

«RAËL : le message donné par les extraterrestres ». Depuis quelques jours, le slogan du Mouvement raëlien de France répertorié comme secte dans le rapport d'enquête parlementaire de 1996, fleurit sur les panneaux d'affichage de Combs-la-Ville.

Hier matin, les anti-sectes ont contre-attaqué en collant sur les affiches bleues avec tête d'extraterrestres une note d'alerte. Papier adhésif en main, Myrtil Devilliers, le nouveau délégué départemental du Centre contre les manipulations mentales (CCMM), a donc collé ses affichettes à la gare RER. « Attention, secte ! », stipule le message des anti-sectes qui craignent ouvertement le démarrage d'une campagne nationale de recrutement. « La gare est un endroit privilégié, avec beaucoup de passage, remarque Myrtil Devilliers. D'autre part, qui n'a pas connu un moment de détresse et de déprime en sortant de son train après son travail ? »
60 000 adeptes
Parallèlement, la mairie de Combs a été informée de la tentative du mouvement raëlien. Ce dernier a été fondé en 1975 par Claude Vorilhon, le gourou de la secte. Son credo : répandre en tant que prophète la nouvelle religion athée. Celle-ci repose sur la croyance de l'existence des Elohim, habitants d'une planète qui auraient créé l'être humain. Avec environ 60 000 adeptes dans plus de quatre-vingts pays du monde, Raël est considérée aujourd'hui par la mission interministérielle de lutte contre les sectes comme une association puissante. « Ils recrutent beaucoup chez les étudiants et les jeunes, constate Jean-Marie Baudry, secrétaire général du CCMM. Car leurs discours est séducteur pour les amateurs d'histoires d'extraterrestres. Les raëliens n'en restent pas moins dangereux. » Pour preuve, la condamnation le 12 mars dernier à des peines de prison de quatre adeptes connus du mouvement pour agressions sexuelles sur mineurs par le tribunal de Saint-Etienne.



   France : Instinctothérapie

La vie de château nauséabonde du gourou lausannois

24 heures 22 novembre 2001

[Texte intégral]

C'est par une cohue qu'a débuté, hier, devant les assises de Melun (Seine-et-Marne) le procès de l'ex-Lausannois Guy-Claude Burger, accusé de viol et viol sur mineure au château de Montramé, siège de la communauté qu'il a fondée et où la pédophilie aurait été largement pratiquée. Visiblement, les adeptes de l'instinctothérapie et de la métapsychanalyse s'étaient mobilisés autour de leur prophète. La défense avait cité 158 témoins en sa faveur. Mais, pour la plupart, trop tard au sens du Code pénal. Si bien que le président Yves Jacob, saisi par Me Morice, un des avocats des victimes, n'en a retenu qu'une quarantaine. "Burger a cherché à étouffer son affaire sous une foule de témoignages. Nous avons remporté une première victoire", se félicitait l'avocat, tandis que les recalés sortaient. Après deux heures d'impatience, la presse pouvait entrer dans la salle et le procès démarrer. Il est prévu jusqu'au 7 décembre.

Regard d'aigle
Burger comparaît avec son ancien concubin Jean-Claude Rostaing, accusé de complicité de viol et agressions sexuelles. Ce timide garçon de 34 ans fait pâle figure à côté du chef de la tribu. Dans son box, Guy-Claude Burger apparaît encadré de deux policières, les cheveux, la barbiche et le mince collier grisonnants et bien taillés; lèvres fines, profil et regard d'aigle. Sa façon de toiser la Cour et ses amis dans la salle illustre l'emprise qu'il aime exercer sur son entourage. Mais le sexagénaire est loin du personnage christique aux longs cheveux blonds, entouré de la ribambelle de ses propres enfants, qu'il cultivait dans les années septante en Suisse. Burger et Rostaing nient toujours les crimes et délits qui leur sont reprochés. La greffière les rappelle dans un silence pesant en lisant l'arrêt de renvoi.

Les oreilles ont envie de se boucher.
La vie de château, à Montramé, était assez particulière. La justice n'a pas à s'intéresser à la sexualité imaginative des adultes. Mais quand le directeur de l'établissement est accusé d'avoir contraint, avec Rostaing, la toute jeune S. (à peine 15 ans), à des moments de "triangulation" dans son lit accueillant, ou quand il est reproché au seul Burger d'avoir traité en jouet et pénétré la petite A. (10 ans), la lecture devient douloureuse.

Ne pas préjuger
Evidemment, explique l'affable président aux jurés, "ces charges ne doivent pas vous faire préjuger de la culpabilité de l'accusé". Pour l'instant, c'est sa personnalité qui est scrutée. Mme Dupin, experte, note la vive intelligence et la grande culture du Lausannois. Personne ne le conteste. Puis, elle en vient aux jugements de différentes personnes proches de lui. Et ça tombe comme un coup de massue: "Egocentrique, peu tolérant, capable de violence mentale et physique, alors qu'il prêche l'amour", "un patriarche manipulateur et dangereux" qui a su "s'entourer de personnes qui lui sont entièrement dévouées".

Cela ne fait pas un coupable, mais dessine le portrait d'un gourou.


   France : Instinctothérapie

Guy-Claude Burger a "une composante pédophilique", selon un expert psychiatre

AFP 22 novembre 2001

[Texte intégral]

MELUN - Guy-Claude Burger, 67 ans, a "une composante pédophilique", a expliqué jeudi le psychiatre chargé de l'expertise du fondateur de l'instinctothérapie accusé de viols sur mineurs de 15 ans devant la Cour d'assises de Seine-et-Marne. "On retrouve chez Burger les mêmes mécanismes de justification des pulsions que ceux que l'on rencontre chez la plupart des pédophiles", a expliqué le Dr Roland Coutanceau à la Cour et aux jurés, sans se prononcer sur l'éventuel passage à l'acte de l'accusé.

"Le rêve fou des pédophiles, c'est de rendre possibles les relations entre un adulte et un enfant. Et la plupart d'entre eux tentent de trouver une justification", a ajouté l'expert, reconnaissant que "Burger développe cette réflexion de manière plus riche, plus spectaculaire que d'autres, puisqu'il la représente comme une nouvelle conception du monde".

Interrogé par la presse à l'issue de sa déposition, l'expert a précisé qu'il y avait "une composante pédophilique" dans la personnalité de Guy-Claude Burger qui était cependant différente d'une "pédophilie exclusive" par exemple.

Ce genre de personnalité est "réadaptable", quand les gens admettent qu'il s'agit d'une autojustification, a tenu à préciser l'expert. Guy-Claude Burger est accusé d'avoir violé ou agressé sexuellement des enfants ou de jeunes adolescents qui vivaient avec lui au château de Montramé, siège de l'instinctothérapie, à Soisy-Bouy, près de Provins (Seine-et-Marne). Tout en contestant ces accusations, il a développé une théorie prônant les relations adultes/enfants.

Condamné pour des faits similaires en Suisse à la fin des années 1970, Burger maintient ses théories, mais affirme ne plus les mettre en pratique pour se conformer à la loi.


   France : Instinctothérapie

Le procès du gourou n'éloigne pas les adeptes

Le Parisien, 22 novembre 2001 par Pascal Villeboeuf

[Texte intégral]

"L'exploitation judiciaire et médiatique de cette affaire nous a causé beaucoup de tort... " Alors que s'ouvre aujourd'hui à Melun le procès Burger, Benjamin Etié, 25 ans, directeur exécutif de la société Orkos, entend tourner la page. Orkos, basée au château de Montramé à Soisy-Bouy, près de Provins, est étiquetée comme secte par un rapport parlementaire daté de 1996.

Son gourou, Guy-Claude Burger, apôtre du manger cru, comparaît devant les assises pour " viols et agressions sexuelles sur mineurs ". Des faits qui se seraient déroulés dans les années quatre-vingt-dix. Au village, " l'affaire Burger " n'a pas l'air de susciter un émoi particulier. Apparemment du moins. " Les habitants ne fréquentent pas le château. Mais si Orkos part, on ne la regrettera pas ", lâche un retraité.

En revanche, au sein du château du XVIII e siècle occupé par la société, les va-et-vient sont continus. A l'accueil, sous l'oeil d'un tableau de la " Joconde ", deux charmantes jeunes filles d'origine allemande répondent au standard téléphonique. Notamment pour des séjours de " curistes ". " Nous disposons d'une quarantaine de chambres, principalement pour des clients allemands ou suisses, très férus de l' instinctothérapie . En ce moment, nous recevons entre 5 et 10 personnes par semaine. "

Un fichier de 20 000 clients
C'est en 1983 que Guy-Claude Burger débarque au château de Montramé. Personnage charismatique, entouré d'une cour d'admirateurs, il prône dans son Association pour le développement de l'instinctothérapie, une nourriture à base d'aliments crus - fruits, légumes, viandes - non transformés. Ce régime permettrait, d'après lui, d'éviter des maladies telles que le cancer. En 1997, il est condamné à trois mois de prison avec sursis pour exercice illégal de la médecine, alors que l'année précédente était déposée contre lui la première plainte pour agressions sexuelles sur mineurs. Benjamin Etié ne veut plus en entendre parler : " On a mélangé l'association de Burger et la société Orkos, située aussi au château, qui, elle, commercialise des produits bio. Dès 1996, nos ventes ont chuté en France. Désormais, notre chiffre d'affaires, de 25 millions de francs (3,81 millions d'euros), est généré pour 80 % par des Allemands. "

Pourtant, les témoins de l'enquête judiciaire affirment que c'est Guy-Claude Burger qui a créé Orkos. Benjamin Etié, qui fut un de ses adeptes à l'époque, réplique " qu'il était seulement consultant. D'où l'amalgame ". Il n'hésite pas à " dénoncer " un contrôle fiscal musclé, parallèle à une enquête pour blanchiment d'argent, lancé en 1999 par le juge d'instruction chargé de l'affaire Burger. " Pour le contrôle fiscal, on a touché 20 000 F (3 045 EUR) de dommages et intérêts, et pour le soi-disant blanchiment, on nous a bloqué 220 000 F (33 538 EUR) depuis quatre ans sur un compte, alors que rien n'a été prouvé ", affirme-t-il.

Toujours est-il qu'Orkos semble avoir remonté la pente et séduit toujours de nombreux adeptes. Benjamin Etié, fort d'un fichier de 20 000 clients, affiche un bénéfice annuel de un million de francs (152 449 EUR), contre un déficit de 2,5 millions de francs (381 112 EUR) en 1996. " Nous allons même créer une succursale outre-Rhin et mettre notre catalogue sur Internet. " Cet enthousiasme est tempéré du côté de la mairie. " Je crois qu'ils veulent faire oublier cette affaire sulfureuse. Mais peu de gens savent qu'à la fin des années quatre-vingt, Burger avait fait une demande d'agrément pour implanter une colonie de vacances au château. A l'époque on venait d'apprendre qu'il avait été condamné pour agression sexuelle en Suisse. On a bien sûr refusé ", dévoile le maire, Jean-Patrick Sottiez.



   France : Sectes et prévention

Alain Vivien (Président de la MILS) critique l'Education nationale

AFP, 24 novembre 2001

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PARIS, - Le président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), Alain Vivien, a critiqué vendredi l'Education nationale, dont la cellule de prévention des risques sectaires est "en panne", selon lui.

M. Vivien s'exprimait à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Paris par le président du conseil général du Loiret, Eric Doligé (RPR), sur le plan d'action contre les sectes, le premier du genre en France, mis en place dans ce département. Ce plan du Loiret consiste en des actions d'information auprès du public ainsi que des sessions de formation des 400 fonctionnaires des services sociaux du département sur les dangers sectaires.

M. Vivien s'est félicité de cette initiative, ainsi notamment que des séminaires de formation organisés maintenant régulièrement par le ministère de la justice à destination des magistrats. En revanche, le président de la MILS a estimé que la cellule de prévention des risques sectaires, mise en place en 1996 par François Bayrou, alors ministre de l'Education nationale, était "en panne", et il a souhaité qu'elle soit "réactivée". "La MILS est débordée par les demandes d'intervention dans des établissements scolaires, mais ce n'est pas notre mission. Nous pouvons former les formateurs, intervenir dans les instituts universitaires de formation des maîtres ou auprès des cadres de l'Education nationale, encore faut-il qu'on nous le demande", a-t-il déclaré.

Selon M. Vivien, les inspecteurs pédagogiques régionaux chargés de la lutte contre les activités sectaires à l'école n'ont été nommés qu'en décembre 2000, n'ont reçu aucune formation et sont le plus souvent déjà chargés d'autres dossiers (maltraitance, violence scolaire, drogue...). "L'école devrait pourtant être la première priorité de la lutte contre les dérives sectaires, avec le secteur sanitaire et social", a-t-il estimé.

Selon la MILS, si les sectes interviennent rarement dans le cadre scolaire strict, elles agissent en périphérie (distribution de tracts près des écoles, activisme de services "pseudo-sportifs" ou "pseudo-culturels").

Cependant, selon M. Vivien, dans un département d'outre-mer qu'il n'a pas voulu citer, des témoins de Jéhovah demandaient à leurs enfants de faire du prosélytisme dans la cour de récréation de leur école.


   France : Instinctothérapie

Tout ce que j'ai lu est faux

Libération 23 novembre 2001

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"Vous, les journalistes, vous ne pouvez pas comprendre si vous n'avez pas suivi les cours de Guy-Claude Burger"

Michel Ronig, 61 ans, Allemand vivant en Suisse, est venu, comme 157 autres témoins, soutenir le gourou de l'instinctothérapie, jugé à partir d'hier à Melun par la cour d'assises de Seine-et-Marne pour corruption et viols sur mineurs, attentats à la pudeur et menaces de mort. Au terme de quatre heures de discussions procédurales, après l'offensive menée par Me Olivier Morice, l'avocat d'une des victimes, seuls une quarantaine de témoins ont été retenus par la cour. Michel Ronig ne fait pas partie de la liste. Peu importe, rien n'ébranle les certitudes de cet homme frappé par la maladie de Parkinson. Depuis 1995, il se conforme à l'une des principales règles prônées par Burger : ne manger que des aliments crus, après les avoir longuement humés, persuadé que cette pratique le sauvera.

Souvenirs illuminés.
Comme des dizaines d'autres adeptes, souvent atteints de maladies incurables, Ronig a fréquenté assidûment le château de Montramé, près de Provins, dont la communauté a été classée comme secte dans un rapport de l'Assemblée nationale en 1995. Mais, presque cinq ans après que cette affaire a été dévoilée par Anne-Marie Casteret, journaliste à l'Express, Michel Ronig ne garde encore que des souvenirs illuminés de ses séjours. "Je ne peux pas imaginer des abus sexuels sur des enfants. Burger est un homme normal, gentil, avec beaucoup d'honnêteté."

Guy-Claude Burger, en prison depuis quatre ans, semble apprécier ce vaste élan de reconnaissance et de solidarité. Ne se départant pas d'un demi-sourire, y compris lors de la lecture de l'arrêt de renvoi, il répond aux signes amicaux de ses ouailles. "Très bien", peut-on lire sur ses lèvres, en réponse à celui qui s'enquiert de sa forme. Il sourit encore lorsque l'accusation le décrit comme "un homme convaincu d'avoir découvert la source de la névrose". Cette glaçante normalité glisse aussi sur les visages des témoins. Des hommes et des femmes dont la détresse ne peut être que supposée.

"Les adeptes étaient malades, ou cherchaient à briser leur solitude, ou encore à masquer leurs perversions sexuelles par un habillage scientifique", estime un avocat. Un expert a ainsi noté que, pour Jean-Claude Rostaing, ex-amant de Burger dont il est le coaccusé pour complicité de viol, la découverte de Montramé représentait, à l'âge de 18 ans, "un changement complet de monde, une ouverture" après une adolescence soumise aux strictes règles fixées par son père pentecôtiste.

L'emprise de la secte se traduit aussi par le faible nombre de parties civiles. Plusieurs victimes se sont rétractées pendant l'instruction. L'une d'elles, Sarah W., était présente hier matin et a confirmé qu'elle ne demandait plus rien à la justice. Elle affirme avoir subi des pressions et ne déposera qu'en tant que témoin.

"Petite princesse".
Le récit d'une autre jeune femme de 26 ans, Audrey S., va nourrir l'essentiel de l'accusation. Arrivée en 1986, à l'âge de 10 ans, dans la communauté, elle devient, selon l'arrêt de renvoi, "la petite princesse du château, obtenant tout ce qu'elle voulait". Avant de subir durant trois ans de fréquentes relations sexuelles imposées par Guy-Claude Burger, qui a théorisé, dans un livre paru en 1991, les Enfants du crime, la nécessité de ne pas brider les pulsions sexuelles des enfants. Burger a nié les faits, prétendant n'avoir pas répondu aux sollicitations d'Audrey S.

Le gourou devrait conserver son assurance. L'enquêtrice de personnalité a expliqué hier que, si elle avait recueilli des témoignages défavorables à l'accusé "Un homme immoral et méprisant", selon sa belle-sœur, tous s'accordaient pour qualifier Burger de "charismatique, cultivé, intelligent". Père de sept enfants (entre 1961 et 1974), physicien, mathématicien, musicien, il disposait de nombreux atouts pour dominer des personnalités comme Jean-Claude Rostaing, l'homme à tout faire de Montramé, dont la fiche de paie est toujours restée vierge. "On peut voir cela comme une exploitation, mais je ne le ressentais pas comme tel", explique Jean-Claude Rostaing.

L'accusation risque de se heurter à ces témoignages, empreints d'une banalité excessive.



   France : Scientologie

A Paris la Scientologie fait son nid

Le Monde 23 novembre 2001 par Béatrice Jérôme

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Commerces, associations, cours de danse, arbres de Noël : l'emprise de l'Eglise de scientologie se concentre à Paris, dans le 17e arrondissement . Malgré la mobilisation du maire, la lutte contre cette secte est rendue délicate par le caractère anonyme de ses officines.

Au 69, rue Legendre, la vitrine du Celebrity Center (CC) attire l'œil. La façade est fleurie, l'immeuble sans cesse éclairé. L'institution, ouverte en 1984 dans le 17e arrondissement de Paris, offre d'"aider les artistes". Peu d'acteurs ou de chanteurs fréquentent les lieux. Mais des centaines d'anonymes viennent y pratiquer des exercices et acheter leurs ouvrages. A deux pas, un sauna, fermé au public et protégé des regards par un rideau rouge, est réservé à leur "purification".

Le CC est un "lieu de vie": théâtre, cafétéria, salle de cours. Des jeunes gens et jeunes filles s'y affairent. Parfois l'un d'eux sort pour aborder le chaland qui passe : "Vous savez qui nous sommes ? Les médias ne sont pas du tout objectifs sur notre compte. Ils ne disent pas que nous avons sauvé 250 000 personnes de la drogue." Convié à l'intérieur, le passant se trouve rapidement invité à mesurer son stress sur un appareil. Encore un peu, et il sera sollicité pour remplir un test de personnalité, prélude à une proposition d'inscription. A Paris, le CC est l'une des deux "églises" de l'association spirituelle de scientologie, reconnue comme "secte" par deux rapports parlementaires, en 1995 et 1999.

Nelly Reziga s'est inscrite au cours du CC en 1998, pour "apprendre à communiquer". Son patron, directeur d'une agence immobilière, voulait la convertir à la philosophie de L. Ron Hubbard, fondateur de la Scientologie dans les années 1950. "Tous les jours, il me répétait que j'étais nulle, que ce que je faisais à l'agence était nul, qu'il fallait que j'accepte de me perfectionner" en suivant des cours. Nelly a fini par céder aux injonctions. "C'étaient des exercices stupides", se souvient-elle. Il fallait fermer une paupière, puis l'autre, fixer du regard son interlocuteur pendant plusieurs minutes. Elle devait réciter des chiffres avec "inspiration" ainsi qu'on le lui demandait. Mille francs pour ces premières leçons, elle les avait déboursés, pensant qu'elle serait quitte. Mais les "violences verbales" ont continué. Elle a résisté aux pressions incessantes de son patron ; elle n'y est pas retournée.

"Voyant qu'il n'avait pas prise sur moi, il s'est attaqué à mes enfants. Il me disait qu'ils allaient rater leur vie, que je n'étais pas une bonne mère", qu'il fallait que "je m'améliore". Apeurée, elle est allée au commissariat. Puis "il m'a licenciée", raconte Nelly. Elle a porté plainte, en décembre 1998, pour contrainte et abus de faiblesse contre son employeur et contre le Celebrity Center. L'instruction est en cours.

Jusqu'ici, le CC était le seul site officiellement scientologue dans le 17e arrondissement. Mais, l'été dernier, un autre endroit s'est ouvert, 4, rue des Moines, à l'ombre des marronniers du square des Batignolles. Le local, une galerie d'exposition à l'enseigne : "Qu'est-ce que la scientologie ?", est lumineux, neutre, étudié pour mettre en confiance. Mais aussi pour jouer sur les psychoses du moment : une affiche rappelle l'action des scientologues pour sauver les victimes de l'attentat contre les Twin Towers, le 11 septembre à New York. "Le New York Times a reconnu l'efficacité des méthodes de L. Ron Hubbard", lit-on sur la devanture. Le lieu reste ouvert le soir, tard, et les week-ends, à l'heure de la messe.

Fin septembre, la Scientologie s'était aussi installée Salle Wagram, louée 50 000 francs par jour pendant plus d'une semaine pour une autre exposition temporaire. Nouveaux lieux estampillés "sciento", manifestations : la Scientologie se fait plus visible dans le quartier, mais aussi plus occulte, plus mouvante et insaisissable.

Environ 800 personnes fréquentent le CC, selon la police. Soit un tiers des effectifs du mouvement, évalués en France, par les renseignements généraux, à 2 500 personnes. Un chiffre stable et plus faible que les 10 000 adeptes revendiqués par la Scientologie. Certes, tous les membres du CC n'habitent pas le quartier. Mais "il y a une forte communauté scientologue" dans le 17e, reconnaît Alexandra Bidari, chargée des relations presse du CC. "Les gens qui pratiquent la scientologie ont plus vite fait d'habiter le quartier." Certains sont médecins, avocats, de profession libérale, et exercent dans l'arrondissement.

Les scientologues, prosélytes, distribuent plus ici qu'ailleurs des tracts contre la drogue, remplissent plus souvent les boîtes aux lettres de leurs journaux. Ils organisent aussi des fêtes – arbre de Noël, remise de cadeaux, collecte de vêtements, beaucoup d'activités qui comblent des vides dans la vie du quartier. Se rendant ainsi serviables et sympathiques aux yeux de la population, ils se banalisent.

A la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), on s'inquiète de la concentration de la Scientologie en un seul lieu. Membre de la MILS, Anne Fournier va jusqu'à évoquer l'exemple de "Clearwater, en Floride, où, dit-elle, la Scientologie a fini par faire main basse sur la ville. La police est devenue sciento, les services de la mairie aussi". Une association, Attention-enfants, créée en mars 2000, a été la première dans l'arrondissement à dénoncer "l'emprise de la Scientologie dans le quartier". Selon son président, Xavier Laugaudin, nouveau conseiller d'arrondissement (MRG), le 17e serait devenu "un terrain d'expérimentation" de ce mouvement sectaire. Il arrive en tête des arrondissements parisiens pour l'implantation des activités scientologues : cinq personnes ou entreprises affiliées y ! sont localisées sur dix-neuf que compte la capitale. Du moins pour celles qui le reconnaissent. Car, depuis quelques années, sociétés, commerces et associations se développent sans afficher ouvertement leur appartenance au mouvement sectaire.

Certaines – telle l'association caritative Le Chemin du bonheur, installée rue des Batignolles – sont facilement identifiables par les opuscules qu'elles éditent. Mais la plupart n'affichent pas la couleur. Rue des Dames, une agence de voyages, Les Tables de France, est tenue par une famille cotisant à l'International Association of Scientology (IAS). Un peu plus loin, rue des Moines, s'est ouvert un organisme de formation continue, Certitude, dont l'un des dirigeants figure dans le guide Wise 2001 des personnes qui reversent une partie de leur chiffre d'affaires au mouvement sectaire. A la même adresse se trouvait auparavant le siège de New Era, la maison d'édition du groupe sectaire. En s'appuyant sur des rapports de police, Françoise de Panafieu, maire (RPR) de l'arrondissement, répertorie "onze points d'ancrage" de la Scientologie sur le quartier. "Elle ! a jeté son dévolu sur le 17e", conclut-elle.

Bon nombre d'adeptes proposent des animations artistiques qui les mettent en contact avec les enfants. Leurs activités ne sont pas illicites. Mais le fait de ne pas apparaître en pleine lumière jette le soupçon sur leurs intentions. "C'est une tactique bien connue de la Scientologie,explique Anne Fournier, que de développer des associations sur lesquelles personne ne peut rien dire et dont l'activité ne peut être en soi contestée."

Rue Legendre, le directeur du cours de rattrapage ne dit pas qu'il est scientologue, sauf si on lui demande : "Mes convictions religieuses n'ont rien à voir avec mes activités professionnelles", assure-t-il. Rue Boursault, l'atelier de dessin n'affiche pas la couleur, mais les initiés sauront que la méthode enseignée a été écrite par R.M.N, scientologue affiliée au guide Wise. Rue Lecomte, Le Plaisir de chanter est un cours de chant animé par une autre adepte. La musique est un domaine de prédilection des scientologues. Chaque année, à la Fête de la musique, un groupe d'adeptes joue rue Lévis, la rue piétonne la plus commerçante du quartier. "Les enfants peuvent être un moyen pour les scientologues d'approcher les parents", affirme Anne Fournier. "Ils peuvent permettre, explique-t-elle, d'en savoir plus sur la famille, de connaître ses revenus ou ses difficultés éventuelles afin de pouvoir ensuite proposer une aide qui permettra d'attirer les adultes vers l'"Eglise".

Si aucune plainte de parents n'a été recensée depuis l'ouverture de ces cours dans le quartier, pour Janine Tavernier, fondatrice et ancienne présidente de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi), le danger est réel : "Quand ils mettent la main sur un enfant, ils en deviennent propriétaires", affirme-t-elle. "Un jour ou l'autre, ceux qu'ils ont approchés sont, à un moment difficile de leur vie, tentés d'y revenir, poursuit-elle. Ceux qui deviendront scientologues seront incités à se couper de leur famille. Ils seront dépersonnalisés pour devenir des robots au service de la cause."

Depuis quelques mois, les écoles redoublent de vigilance. Il y a trois semaines, une enseignante d'un établissement du quartier a reconnu être scientologue. Originaire de Lyon, elle avait demandé sa mutation dans le 17e arrondissement et l'a obtenue. Le directeur de l'école a alerté l'académie. Consciente du risque d'une suspicion généralisée, l'association Attention-enfants se refuse à donner "des noms et des adresses". "Toute liste est rapidement caduque car des lieux se ferment et d'autres s'ouvrent. Elle inciterait les gens à baisser la garde hors des lieux signalés", estime Xavier Laugaudin. L'association se limite à encourager les parents ou les habitants à poser des questions sur le contenu des cours, les activités annexes des associations. Il s'agit de déstabiliser la Scientologie par une simple exigence de transparence sans tomber dans la chasse aux sorcières.

"On doit savoir faire le distinguo entre la liberté de conscience de chacun et les méthodes totalitaires d'embrigadement pour ne pas, à notre tour, tomber dans une pratique sectaire", assure Corinne Secco, une militante de l'association. Jean Dupuis, porte-parole de l'Eglise de scientologie d'Ile-de-France, n'en dénonce pas moins "la campagne de haine contre les scientologues" de l'association de M. Laugaudin, qui "manipule" le maire. "Ceux qui nous attaquent, s'exclame-t-il, font régner un climat qui ressemble à celui des années 1930, quand on établissait des listes de juifs." A l'entendre, les scientologues sont victimes d'une injonction contradictoire : "Si nous disons que nous sommes scientologues, on nous accuse de faire du prosélytisme. Si nous le cachons, on nous reproche d'avancer masqués."

Mme de Panafieu entend ne pas laisser le terrain libre à la Scientologie. Après avoir interpellé le ministre de l'intérieur à l'Assemblée nationale, en octobre, elle posera une nouvelle fois une question, le 4 décembre, au préfet de police, lors du Conseil de Paris sur les mesures prises pour lutter contre les sectes. Elle a par ailleurs saisi les services de la Mairie de Paris pour qu'ils verbalisent la Scientologie, en infraction avec la législation sur les enseignes, rue des Moines. "Je fais ce que je peux pour que les gens se sentent épaulés", confie-t-elle. Mais face au "malaise" d'une bonne partie de la population, elle ne cache pas son impuissance.

"On bute tous sur l'absence d'outils juridiques", reconnaît Christophe Caresche, adjoint (PS) chargé de la sécurité à la Mairie de Paris. Il admet que la nouvelle loi About-Picard, votée en mai, n'apporte pas une réponse suffisante. M. Caresche déclare, de son côté avoir demandé à la préfecture d'"interdire toute manifestation des sectes sur la voie publique". Un vœu pieux tant la législation en matière de colportage et de racolage est difficile à faire respecter.

En attendant, les habitants doivent s'inventer eux-mêmes des garde-fous. Pour la première fois, une manifestation aura lieu, samedi 24 novembre, devant le nouveau local de la Scientologie, rue des Moines, à l'instigation de l'association Attention-enfants. Elle devrait obliger les élus à se positionner plus fermement. Hervé Benessiano (DL), premier adjoint à la mairie du 17e, a prévu d'y participer. Bertrand Delanoë, maire de Paris, devrait être représenté. "Il n'y a pas de clivage politique sur cette question, assure Mme de Panafieu. Nos prises de position vont bien au-delà d'une quelconque récupération."

Le même jour, au même endroit, la Scientologie a prévu de distribuer des tracts pour dénoncer "le trafic de drogues" dans le square, trafic contre lequel, dit-elle, "personne ne fait rien".



   France : Sri Ram Chandra

La secte Shri Ram Chandra Mission déménage de son château

AFP, 23 novembre 2001

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DOLE - L'association Shri Ram Chandra Mission, classée comme secte par la commission d'enquête parlementaire, a mis en vente le château d'Augerans près de Dole (Jura), dont elle avait fait son siège européen, a-t-on appris vendredi auprès du promoteur immobilier chargé de l'annonce.

Originaire d'Inde, cette communauté basée sur la méditation regroupe plus de 2.000 adeptes en France, selon le rapport parlementaire. Elle avait acheté en septembre 1988, dans ce petit village de 150 habitants, le château alors utilisé pour les colonies de vacances de l'usine Peugeot.

Depuis, de nombreuses réunions, rassemblant parfois jusqu'à 1.500 personnes, y étaient organisées par la secte.

Datant de la fin du XIXe siècle, cette propriété de 950 m2 habitables, munies de dépendances annexes de 800 m2 et bordée d'un parc de 11 hectares et d'un étang de 2 ha, est proposée au prix de 620.468 euros (4.070.000 francs).

Plusieurs clients, français et étrangers, souhaitant notamment aménager le château en établissement privé de type clinique, sont déjà sur les rangs, selon le promoteur, lequel précise que les lieux sont demeurés en bon état.



   France : Scientologie

Manifestation contre l'ouverture d'un nouveau local

AFP, 24 novembre 2001

[Texte intégral]

PARIS - L'association "Attention enfants" organise samedi après-midi à Paris, une manifestation contre l'ouverture d'un nouveau local de la scientologie dans le 17e arrondissement, a-t-elle annoncé.

L'Eglise de scientologie, qui dispose déjà d'une dizaine de locaux dans cet arrondissement, vient d'ouvrir une salle d'exposition face au square des Batignolles, fréquenté par de nombreux enfants. "Attention enfants", qui est déjà intervenu dans le 15e arrondissement contre la secte Nouvelle Acropole, veut mobiliser les parisiens contre le "prosélytisme des sectes".

La manifestation, organisée samedi à 15h30 devant le local, à l'angle du square des Batignolles et de la rue des Moines, a reçu le soutien des associations de parents d'élèves (FCPE, PEEP) ainsi que de nombreux élus parisiens de droite comme de gauche.



   France : Scientologie

Les parents demandent la mutation de l'enseignante scientologue

Le Parisien 24 novembre 2001

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La manifestation de cet après-midi contre l'invasion de l'arrondissement par les sectes arrive à point nommé.

Il y a quelques semaines, les parents d'élèves de l'école de la rue Lecomte ont appris qu'une institutrice de l'établissement est membre de la scientologie.
" C'est une de ses élèves qui l'a reconnue dans une des boutiques de la secte, rue Legendre ", explique un père d'élève. Aussitôt, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. Les deux associations de parents d'élèves, l'Apei et la FCPE, n'ont pas tardé à manifester leur inquiétude auprès du directeur de l'établissement. Pour le moment, l'Education nationale n'a pris aucune mesure. " Dans ce cas précis, il n'y a rien d'avéré. Si cette personne à des croyances particulières, elle n'en n'a jamais fait état dans le cadre de son rôle d'enseignant. Nous la suivons néanmoins de très près et si nous sommes confrontés à un quelconque acte de prosélytisme de sa part dans l'enceinte de l'école, nous prendrons les mesures nécessaires ", répond le rectorat. Une position qui est loin de satisfaire les parents. " C'est insupportable de savoir que nos enfants sont en contact avec un membre d'une secte ", s'insurge un père.

Jeudi soir, 80 parents d'élèves se sont rassemblés pour se mettre d'accord sur les démarches à entreprendre pour mettre un terme à cette situation et au malaise ambiant. Ils ont décidé d'adresser une lettre pétition au ministère de l'Education nationale pour demander la mutation de l'enseignante. Une démarche que la maire du XVII e , Françoise de Panafieu, a l'intention de soutenir auprès du rectorat.

La scientologie, de son côté, dénonce une campagne de harcèlement et de délation contre l'enseignante qui, entre-temps, a clairement et ouvertement reconnu son appartenance à la secte.


   France : Instinctothérapie

L'instinctothérapeute face aux psys

AFP, 24 novembre 2001 par Cécile Baraille

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MELUN - La première journée d'audience, jeudi, du procès de Guy-Claude Burger, gourou du manger cru, accusé devant la cour d'assises de Seine-et-Marne de viols sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité, a, dans le même temps, montré la fragilité de l'accusation et affaibli la défense. Sarah Wons, 26 ans, l'une des deux jeunes femmes considérée par l'accusation comme victime de Burger, s'est en effet rétractée durant l'instruction et témoignera finalement en faveur de l'accusé.

La défense de Guy-Claude Burger, 67 ans, a cependant subi un revers quelques heures seulement après l'ouverture de l'audience, la cour n'ayant retenu qu'une quarantaine des 158 témoins qu'elle souhaitait faire entendre. Il s'agissait de scientifiques appelés à justifier les thèses de Burger sur l'alimentation crue et la sexualité infantile.

Dans son box, les cheveux courts et blancs, Guy-Claude Burger n'a pas réagi. Même s'il a perdu l'allure christique - cheveux longs et barbe blonde - qu'il avait avant son arrestation en 1997, l'accusé n'a rien perdu de son regard fier et de son charisme. Il n'a pas cillé non plus quand le psychiatre Roland Coutanceau, chargé de l'expertise, a expliqué qu'il retrouvait "chez Burger les mêmes mécanismes de justification des pulsions que ceux que l'on rencontre chez la plupart des pédophiles". "Le rêve fou des pédophiles, c'est de rendre possibles les relations entre un adulte et un enfant. Et la plupart d'entre eux tentent de trouver une justification", a ajouté l'expert, reconnaissant que "Burger développe cette reflexion de manière plus riche, plus spectaculaire que d'autres". Guy-Claude Burger conteste les accusations dont il est l'objet tout en prônant en théorie les relations adulte/enfant.

Contre le fondateur de l'instinctothérapie - considérée comme une secte par le rapport parlementaire sur les sectes et l'argent - l'accusation repose essentiellement sur les déclarations d'une jeune fille, âgée aujourd'hui de 25 ans et qui souhaite conserver l'anonymat, étayée d'autres témoignages. La jeune fille est arrivée à l'âge de 10 ans et demi au château de Montramé, à Soisy-Bouy, près de Provins (Seine-et-Marne), et a, selon différents témoignages, rapidement partagé le lit de Burger, alors âgé de plus de 50 ans.

D'autres témoignages font état d'un climat de libération sexuelle au château, avec des enfants vivant nus pour certains, assistant à des ébats sexuels, dormant avec des adultes qui les embrassaient sur la bouche. Les témoignages sur la personnalité de l'accusé sont tranchés. Il y a ceux qui sont restés proches de lui et qui le décrivent comme "ouvert aux critiques", "intelligent". Les autres le voient comme "égocentrique", "capable de violences verbales et mêmes physiques", "capable de manipulations mentales et émotionnelles". Vendredi, la cour devrait entendre l'un des scientifiques qui défend la thèse de Burger ainsi que les gendarmes chargés de l'enquête.



   France : Scientologie

Rassemblement contre la Scientologie

Le Parisien 25 novembre 2001

[Texte intégral]

Hier après-midi à 15 h 45, à l'appel de l'association Attention enfants, plusieurs centaines d'habitants du XVII e se sont regroupés à l'angle du square des Batignolles et de la rue des Moines pour manifester contre l'ouverture d'un nouveau local de la Scientologie. Les membres de la secte ont fait face aux habitants durant la manifestation mais aucun incident n'est à déplorer.
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NB : Un des dirigeants de la Scientologie en France a prétendu qu'un des manifestants était armé d'un fusil.....ce qui, à mon avis, n'était qu'une invention
car si tel était le cas, cette personne aurait été immédiatement arrêtée. Mathieu Cossu.



   France : Scientologie

Le " non " des habitants à l'expansion de la Scientologie

Le Parisien 26 novembre 2001

[Texte intégral]

A l'appel de l'association Attention enfants, quelques 200 manifestants sont venus protester contre l'ouverture d'un nouveau local de la Scientologie dans le quartier. Le temps d'une manifestation mouvementée au square des Batignolles (XVII e ), samedi après-midi, les habitants ont exprimé vivement leur colère face à l'expansion de l'Eglise de la scientologie dans cet arrondissement du nord de la capitale. Un face-à-face tendu avec, d'un côté, des membres du mouvement sectaire de la scientologie (reconnu comme tel par le rapport parlementaire sur les sectes) et, de l'autre, des membres de l'association Attention enfants, des riverains et des élus.

Aucun incident majeur n'a eu lieu, hormis des échanges d'insultes, quelques tomates jetées au hasard, et un oeuf lancé en plein visage de l'un des leaders de la secte. Les CRS ont dû établir un cordon pour protéger les scientologues, qui ne devaient être que 50 face à environ 200 opposants très remontés.

A l'origine, l'association Attention enfants avait appelé à la manifestation pour dénoncer l'ouverture d'un onzième local voué à la Scientologie dans le XVII e arrondissement. Mais les membres de la secte n'avaient pas pour autant choisi de faire profil bas : une heure avant le rendez-vous, quelques scientologues défilaient en rond devant l'église Sainte-Marie des Batignolles, à grand renfort de ballons et d'un slogan qu'ils ont répété trois heures durant sans discontinuer : " Oui à la vie, non à la drogue. " Pour Jean Dupuis, scientologue, " la scientologie est une spiritualité, et nous sommes convaincus que l'homme peut progresser... On mène notre combat trois fois par semaine contre la drogue, tandis que les pouvoirs publics ne font rien ". " Nous dénonçons le prosélytisme "

Une dame rousse, parmi les sympathisants d'Attention enfants, en avait gros sur le coeur : " Les scientologues s'attaquent surtout aux jeunes et aux personnes âgées, aux plus vulnérables. Moi, je suis responsable d'une école de coiffure. Un jour, je me suis aperçue que l'une des jeunes filles n'assistait plus aux cours. Aujourd'hui, elle est ici, en face. Elle s'est fait embrigader, et maintenant, c'est fini ! Ils profitent vraiment de la gentillesse des gens. " A ses côtés, une autre femme dénonce : " Ils donnent des cours de soutien scolaire, et cherchent immédiatement à connaître la situation financière des parents. " A quelques mètres, une troisième dame se brise la voix de rage : " Ils polluent tout le XVII e , bientôt, ici, il y aura plus de scientologues que de boulangers. "

Présente parmi les élus, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, a tenu à signifier que la mairie faisait tout ce qui était en son pouvoir pour enrayer l'expansion du mouvement sectaire : " En tant que Ville de Paris, nous avons un devoir d'information auprès des citoyens, et des propriétaires fonciers. Nous dénonçons le prosélytisme, et ne désarmerons pas. "

Après deux heures de hurlements devant le bâtiment, les manifestants sympathisants d'Attention enfants se sont dispersés dans le calme, à la demande des CRS, qui avaient dressé une ligne de boucliers. L'un des membres de la secte tentait de justifier son sacrifice financier pour le mouvement
scientologue : " Oui, j'ai dépensé 300 000 F pour la Scientologie, et si je pouvais, je donnerais encore plus. " Juste au-dessus de lui, un panneau :
" Scientologie = zone mentale sinistrée ".



   Suisse : Scientologie

Gilles édité par des scientologues

Le Matin 27 novembre 2001 par Philippe Dubath

[Texte intégral]

Le poète-chansonnier serait sûrement surpris de découvrir son anthologie proposée dès aujourd'hui par trois disciples du gourou Ron Hubbard. Evelyne, sa veuve, est gênée

"Je suis ennuyée, gênée, tourmentée, car Gilles détestait les sectes, et voilà qu'il est édité par des scientologues. J'ai l'impression de m'être fait piéger." A 88 ans, Evelyne Villard, la veuve du poète et chansonnier décédé le 26 mars 1982, se serait bien passée de l'étrange aventure qu'elle vit depuis quelques mois et dont l'aboutissement est prévu pour aujourd'hui, à Saint-Saphorin (VD).

Lors d'une conférence de presse, la maison d'édition lausannoise Publi-Libris va en effet annoncer la mise en librairie de trois gros livres 1500 pages au total rassemblant "Le meilleur de Gilles", présentés dans le dossier de presse comme "un événement éditorial" et "la plus grande anthologie jamais consacrée au poète".

Evelyne Villard, quand elle a signé le contrat avec Publi-Libris, ignorait que les trois administrateurs de cette société anonyme sont des disciples du gourou barbu Ron Hubbard: "Je ne l'ai appris que plus tard. Je suis en souci, car je ne voudrais pas que le nom de Gilles cautionne ainsi, en quelque sorte, l'existence et les activités de la secte. Mais j'ai l'espoir tout de même que le travail ait été bien fait et que les lecteurs y auront du plaisir, ce que je crois. J'assume mes responsabilités dans cette histoire, et, surtout, surtout, qu'on ne pense pas que je suis moi-même scientologue!"

Que Mme Villard se rassure: sa bonne humeur, sa joie de vivre et son indépendance d'esprit ne peuvent laisser planer aucun doute à ce sujet.

"Et alors?"
Chez Publi-Libris non plus, d'ailleurs, on ne laisse pas le doute planer. Philippe Sarda, l'un des administrateurs, affirmait hier: "C'est vrai, les deux autres administrateurs et moi-même sommes scientologues. Et alors? Cela n'a rien à voir avec notre activité professionnelle. Nous sommes simplement des passionnés de l'édition et en l'occurrence de Jean Villard-Gilles. Nous espérons dans l'avenir éditer le photographe Henri Cartier-Bresson, et il s'agira, si nous en obtenons les droits, d'un nouveau coup de cour, c'est tout!" Grégoire Montangero, autre administrateur, affirme qu'il ne s'agit là que de passion. Pourquoi ne le croirait-on pas, d'ailleurs? Un scientologue qui pense à autre chose que la scientologie, et qui de surcroît a le bon goût d'aimer Gilles, cela doit bien exister. Il affirme: "J'avais prévu de faire ce livre en hommage à Gilles quand j'étais adolescent, et je le réalise aujourd'hui. Je n'étais pas scientologue à l'époque, mais déjà, comme Gilles, je croyais en l'homme."

Gilles est-il en quelque sorte récupéré par la secte, ou le sera-t-il? "Cela est exclu!"

Huit mois de travail
Soyons honnêtes: nous n'avons pas encore lu les 1500 pages des trois tomes qui représentent un sacré travail (huit mois) et regroupent notamment l'autobiographie de Gilles, ses souvenirs, des discours, près de deux cents chansons et poèmes, des ouvres théâtrales, des billets satiriques et des histoires drôles, le tout enveloppé dans des préfaces, analyses et avant-propos. Autant dire que même édité par des scientologues, Gilles reste Gilles, et c'est bien là la jolie conclusion de cette situation cocasse dont le poète eût sans doute fait une chanson! Mais quand même, il y a quelque chose de troublant. Les trois volumes s'intitulent "Brèves effusions de l'âme", "Nuées orageuses et trouées de soleil", et "Mémoires d'un jongleur de lune".

On dirait du Ron Hubbard du temps de sa grande forme!


   France : Instinctothérapie

Audrey a accablé le gourou jugé pour viol sur mineurs

Libération , 28 novembre 2001 par Fabrice Tassel

[Texte intégral]

"Il me demandait de lui donner de l'énergie"

Burger expliquait à Audrey, lors de conférences "privées", que la société ne pouvait pas accepter ce qu'ils vivaient, que le code pénal n'est pas adapté.

"Je ne déteste pas cet homme. Je n'ai plus rien à voir avec lui." Audrey a 25 ans. Entre 11 et 13 ans, elle a subi des relations sexuelles imposées par Guy-Claude Burger, gourou autoproclamé de "l'instinctothérapie" (1), jugé depuis jeudi pour viol et attentats à la pudeur sur mineurs par la cour d'assises de Seine-et-Marne. Des relations à deux, parfois à trois, selon le concept de "constellation triangulaire" prôné par Burger, pour lequel "il faut savoir porter l'amour que l'autre éprouve pour un tiers".

Lundi, durant trois heures, bouleversante et digne, Audrey a raconté ce qui s'est passé entre 1986 et 1989. Véritable plaidoyer pour que d'autres victimes osent rompre le silence. "Tout cela est si loin, si abject. Je ne sais pas si on peut comprendre."

"Energie".
Pour cela, il faut revoir Audrey, âgée de 10 ans, lorsqu'elle arrive au château de Montramé avec sa mère et une de ses sœurs malade. Dès la première semaine, Guy-Claude Burger s'entiche de l'enfant, qui ressemble à Mafalda, une autre gamine avec laquelle il a eu des relations sanctionnées par quatre ans de prison en Suisse, en 1976. Très vite, les premiers bisous, "mouillés, certes, mais cela ne me dérangeait pas". Audrey n'a jamais connu son père, et pense le trouver dans "cet homme gentil". Viennent d'autres baisers, "dans l'oreille, avec la langue. Je le repousse, je trouve cela dégueulasse et étrange". Et la première nuit. "Il se déshabille, me dit de le faire. Je garde ma culotte. Il me serre, je le serre dans mes bras, je pleure, je lui parle de mon père. Après, il me parle d'énergie, me dit que ma culotte empêche de faire passer l'énergie. Il me fait des trucs, je ne comprends rien, je n'ai pas très envie de raconter. Le lendemain, j'avais mal partout, ça brûlait. Je ne sais pas pourquoi je n'en ai pas parlé, pourquoi je ne suis pas partie. J'ai beaucoup culpabilisé mais je n'ai toujours pas la réponse. Peut-être que je n'aimais tellement pas chez moi que je préférais cela."

La jeune femme peine à évoquer certains détails mais parle encore de "ces matins où, un quart d'heure avant d'aller en classe, il me demandait de lui donner de l'énergie et se masturbait avec ma main". Elle se souvient d'avoir questionné l'homme sur "ce magma crémeux sur son ventre". "Il me répondait: "Mais tu sais bien."" Audrey, pour la seule fois en trois heures, l'appelle par son nom: "Non, monsieur Burger, je ne savais pas ce que c'était."

Humiliation.
Elle devient "sa petite fée", s'enferme, durant son année de sixième, "dans l'humiliation d'être la petite princesse qui devait donner de l'énergie à tout le monde". Et lorsqu'elle résiste trop, elle devient "la petite conne" qui "n'est pas branchée sur les canaux de l'énergie", celle à qui l'on reproche de sucer son pouce parce que "l'énergie" ne se transmet pas à un autre. Burger lui assène alors des heures de conférence "privées", lui expliquant que la société ne peut pas accepter ce qu'ils vivent, que le code pénal n'est pas adapté. La fillette d'alors ne comprend pas ces mots, et encore moins ce qu'il attend d'elle: "Car aucun enfant n'a de pulsions sexuelles envers un adulte, ce n'est pas vrai. Mais il est difficile de témoigner dans ce genre d'affaires, à cause du plaisir. Quand un enfant se masturbe ou est masturbé, il a du plaisir. Simplement, il ne faut pas l'aider à le faire." Il y a aussi les films pornos qui la font pleurer, tandis que Burger explose "d'un rire sadique que je n'oublierai jamais".

Elle appelle à se méfier d'un homme "capable de faire des théories sur ces films, sur tout. Avec des si, des si... "Je peux aussi remonter à l'origine du monde, me retourner le cerveau." Avec lui, le faux devient vrai".

Interrogé sur son sentiment de responsabilité dans la souffrance d'Audrey, Guy-Claude Burger répond: "Indirectement, de même que le constructeur d'une voiture est à l'origine des souffrances des victimes d'accidents.".

(1) Théorie prétendant que se nourrir à l'instinct, notamment à l'odorat, peut guérir des maladies incurables. L'association de Montramé a été considérée comme secte par un rapport parlementaire.


   France : Instinctothérapie

Les étranges moeurs sexuelles de la secte

Le Parisien, 28 novembre 2001

[Texte intégral]

Devant les assises de Melun, hier,au quatrième jour du procès de Guy-Claude-Burger, on avait peine à suivre les histoires d'amour des uns et des autres.

L'apôtre du manger cru, à la tête depuis 1983 d'un centre d'instinctothérapie au château de Montramé, à Soisy-Bouy, comparaît pourtant pour viol sur mineure.

Les anciens adeptes venus à la barre n'ont pas évoqué de relations sexuelles entre enfants et adultes. Mais leurs souvenirs se résument facilement : à Montramé, tout le monde était amoureux de tout le monde. " Ma relation avec Jean-Claude Rostaing, c'était quelque chose de très beau ", a rappelé Guy-Claude Burger. " Avec Sarah, nous avons vécu un échange d'amour. Mais cela s'est dégradé entre nous. Alors j'ai pensé qu'une relation triangulaire avec Guy-Claude pourrait tout arranger. Sarah avait l'air heureux, elle disait qu'elle nous aimait tous les deux. Et puis, je suis tombé amoureux de Fabian ", a, quant à lui, raconté Jean-Claude Rostaing. Et c'est ce même Fabian qui aujourd'hui est en ménage avec Sarah...

Toute la journée, les jurés se sont évertués de suivre le cheminement " amoureux " des témoins. Celui de Daniel, notamment, qui a connu la famille Burger en Suisse, à la fin des années soixante-dix, alors qu'il n'avait que quinze ans. L'homme, aujourd'hui père de famille, est passé dans le lit de Guy-Claude Burger, dans celui de sa femme, a " bien connu " deux des filles Burger, et a multiplié les " constellations triangulaires ", si chères à l'accusé.

" Ce qu'on gomme dans cette cour d'assises, c'est l'amour. C'est peut-être difficile de se représenter l'amour entre trois personnes, mais c'est beau. Sans oublier qu'il existe un rapport entre une certaine sexualité et les visions extra-sensorielles ", a calmement souligné Guy-Claude Burger, qui ne manque pas une occasion d'intervenir.

L'homme exerce-t-il une influence sur Sarah, autrefois partie civile, aujourd'hui revenue vivre à Montramé ? " M. Burger ne m'a jamais violée, il est très gentil, il est comme un père pour moi. J'ai fait de fausses déclarations en 1997. Et puis les gendarmes et le juge ont inventé. Je n'ai jamais eu de relation triangulaire avec Jean-Claude Rostaing et Guy-Claude Burger ", est venue raconter, rouge de honte, la jeune femme.

Quelques minutes plus tôt, Jean-Claude Rostaing, accusé de complicité de viol, venait de décrire exactement le contraire.


   France : Le Mandarom

Le gourou en béton concassé

Batiactu, 28 novembre 2001

[Texte intégral]

Le concassage de la statue géante du Mandarom, dynamitée le 6 septembre sur décision de justice, a débuté cette semaine dans la "cité sainte" de la secte à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence).

Destiné à "remettre les lieux en état", ce "concassage millimétré" de 500 à 600 tonnes de matériaux, soit 300 mètres cubes qui devront ensuite être déblayés, est mené en accord avec la secte, propriétaire des lieux. Les travaux devraient être achevés d'ici au 20 décembre et sont à la charge financière de la secte.

Rappelons que ce colosse de béton de 33 m de haut à l'effigie du gourou de la secte, Gilbert Bourdin, avait été érigé illégalement en 1990.


   France : Sectes et prévention

Le pouvoir insidieux des sectes

La Voix du Nord, 28 novembre 2001 par Benoît Ballenghien

[Texte intégral]

Jeudi soir, à Oxelaëre, Charline Delporte, présidente de l'ADFI, est venue faire partager, à un auditoire restreint, son expérience et son combat. Organiser une conférence sur le danger des sectes n'est pas facile et n'attire pas forcément la foule. C'est un sujet qui inquiète et on pourrait même dire que cela n'arrive qu'aux autres et ne nous concerne pas directement. Et pourtant, ce n'est pas l'avis de Charline Delporte, présidente de l'ADFI (Association pour la défense des familles et de l'individu) qui est venue donner une conférence, jeudi à la salle des fêtes d'Oxelaëre, à l'invitation de la communauté de communes du pays de Cassel et de son président, Jean-Pierre Varlet.

La conférencière a été présentée par Marie-Christine Coddeville, maire d'Oxelaëre, qui a dit sa satisfaction de voir une telle conférence organisée dans sa commune.

L'exposé s'est ensuite déroulé en trois temps, avec la présentation de l'ADFI, une information sur la manière dont fonctionnent les sectes avec à l'appui des témoignages en vidéo et enfin un débat et des questions.

Charline Delporte a rappelé que l'ADFI avait été créée en 1975 par Mme Ovigneur pour étudier les méthodes d'endoctrinement des groupes sectaires, informer et mettre en garde, regrouper les familles dans un souci d'entraide, alerter les pouvoirs publics et les médias, aider les adeptes désireux de sortir d'une secte et favoriser leur réinsertion sociale. La conférencière sait de quoi elle parle. Elle a vécu ce drame personnellement avec une de ses filles qui est partie [dans une secte], il y a douze ans. C'est à ce moment-là, qu'elle s'est rapprochée de l'ADFI avec son mari et elle en est devenue la présidente depuis trois ans. Elle a ensuite décrit ce qu'était une secte. " C'est d'abord un gourou, leader incontesté et incontestable, craint et aimé ; une doctrine avec un message unique et un groupe qui se veut chaleureux et hiérarchisé. Si le jeune en quête d'absolu, qui veut donner un sens à sa vie, est attiré, c'est vite la catastrophe dont lui ne s'aperçoit pas ". " Il y a, précise Charline Delporte, une manipulation mentale systématique avec un contrôle de la pensée ; une destruction de la personne sur tous les plans (physique, psychique, intellectuel, relationnel, social) ; une destruction de la famille et une rupture avec les parents, une imposture intellectuelle, morale et financière. Combien d'adeptes des sectes ont tout perdu ou ont fait des emprunts pour subvenir aux besoins de la secte ?"

Les difficultés pour en sortir
Le décor planté, la conférencière à l'aide d'une vidéo, a fait écouter des témoignages de personnes (hommes et femmes) qui ont expliqué comment ils avaient été amenés à entrer dans une secte, bien souvent avec une soif d'absolu et de spiritualité ou tout simplement pour suivre son compagnon ou une amie. Quelles avaient été les difficultés rencontrées pour pouvoir s'en sortir, parfois au bout plusieurs années, et la galère pour retrouver une vie normale ? La cassette se terminait par le point de vue d'un médecin psychiatre et d'un juriste. Ce dernier a précisé qu'il était très difficile d'interdire les sectes ou les associations sectaires. La loi française est ainsi faite qu'on ne peut pas interdire la liberté d'association. La plupart de ces associations donnent d'ailleurs toujours l'apparence de l'honorabilité. C'est cela qui est le plus insidieux. " Combien de personnes se sont-elles laissé berner avec de tels agissements ?" soupire Charline Delporte pour qui ce phénomène est une nouvelle sorte d'esclavage. Une chose est sure : le combat elle le continuera et ce ne sont pas les quelques passages devant les tribunaux qui la feront taire.


   France : Instinctothérapie

Le parcours d'une famille divisée par la secte

Le Parisien, 29 novembre 2001 par Guénaèle Calant

[Texte intégral]

Gérard ne sait plus où il en est: " Si je me suis constitué partie civile, c'est pour essayer d'y voir clair, pour peut-être apprendre quelque chose ", a expliqué hier ce père de famille devant la cour d'assises de Seine-et-Marne, à Melun. Depuis jeudi dernier, on y juge Guy-Claude Burger, 67 ans, l'apôtre du manger cru, pour viols sur mineurs et corruption de mineurs, et Jean-Claude Rostaing, 34 ans, pour complicité de viols et agressions sexuelles sur mineurs.

Méthodiquement, Gérard a raconté comment sa famille, petit à petit, s'est désagrégée : " Je me suis marié avec Hélène en 1982. Nous avons eu deux enfants, Maxime et Geoffrey. C'est à partir de 1987 que ma femme a fréquenté la secte du Mandarom, à Castellane. Quand elle en revenait, elle récitait des prières devant l'autel installé dans notre chambre. Elle faisait porter des médailles de protection aux enfants. "

Rapidement, les relations du couple se détériorent : ils se séparent. La mère, adepte de l'instinctothérapie, emmène ses enfants vivre au château de Montramé, en 1990. " J'ai obtenu par la suite la garde de mes enfants car ils souffraient de carences alimentaires ", poursuit Gérard, qui récupère ses fils en 1992. Ils sont en échec scolaire total. Les deux frères continueront à fréquenter Montramé durant leurs vacances scolaires pendant cinq ans. Le dialogue devient difficile entre le père et ses enfants. Geoffrey a quitté le domicile paternel " Je ne sais pas s'ils ont été victimes d'abus sexuels. Ils m'ont toujours affirmé que non. Mais aujourd'hui, le doute s'est installé. " Un doute d'autant plus lancinant qu'Hélène, son ex-femme, a eu deux autres enfants, Léa et Lucas, avec le fils de Guy-Claude Burger, Christian... recherché pour agressions sexuelles sur mineurs depuis 1997. C'est d'ailleurs à cette date que la mère de famille s'est envolée pour l'Indonésie, avec Léa et Lucas sous le bras. " Elle avait peur qu'on lui enlève ses enfants ", a expliqué, hier, Maxime.

Du haut de ses 18 ans, l'étudiant, qui habite chez son père, s'étonne de sa présence devant la cour d'assises : " Je n'ai jamais rien vu d'anormal au château. J'ai de très bons souvenirs d'enfance. Je n'ai jamais subi de sévices sexuels, même si certains affirment le contraire. " Même écho chez Geoffrey, heureux de son expérience au château. Agé de seulement 16 ans, l'adolescent considère son père bien intolérant. Sans compter que ce dernier
" s'inquiète pour rien " de sa santé psychique. Voilà dix jours, Geoffrey a donc quitté le domicile paternel pour vivre dans une famille d'accueil. Car le jeune Geoffrey entend bien manger cru et pratiquer l'instinctothérapie comme sa mère le lui a appris. 2001



   Belgique : Scientologie

Plainte contre l'État belge

La Meuse, 29 novembre 2001 par Luc Caucheteux

[Texte intégral]

En 1997, la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes remettait ses conclusions et publiait la liste de 189 organisations considérées comme représentant un danger étant donné leur caractère sectaire.

L'Église de scientologie se trouve sur cette fameuse liste noire. Hier, elle a décidé de porter plainte contre l'État belge à propos des conclusions de la Commission. Cette plainte arrive alors que diverses autorités responsables de secteurs sociaux ont reçu une mise en garde de la part du ministère de la Justice.

Il y est question de tentative d'infiltration de scientologues dans des services sociaux et notamment dans des hôpitaux. Un membre de l'Église de scientologie qui donnait des cours d'informatique dans des hôpitaux bruxellois en aurait profité pour tenter de recruter des paroissiens. "Cela relève du climat d'intolérance dans lequel nous vivons", commente une porte-parole de l'Église de scientologie en Belgique, Myriam Zonnekeyn.

Selon les scientologues, en effet, les conséquences du rapport de la Commission d'enquête se sont fait sentir beaucoup plus durement qu'imaginé à l'époque. C'est également ce qui justifie le dépôt tardif de la plainte. "Au début, nous ne nous sommes pas rendu compte, dit Mme Zonnekeyn, mais depuis, c'est l'escalade à l'intolérance. Il y a eu des perquisitions à notre siège et aussi chez certains de nos membres, du matériel a été saisi et jamais restitué."

Agitation médiatique
L'Église de scientologie se pose donc en victime. "C'est une technique habituelle utilisée par les sectes, commente une personne proche de la Commission parlementaire qui ne souhaite pas se faire connaître. Ils aiment créer une agitation médiatique autour d'eux pour se faire passer pour des victimes de l'intolérance."

Cette personne rappelle que le rapport de la Commission d'enquête étant une émanation d'une assemblée législative, il bénéficiait de toute façon de l'immunité parlementaire.

A ce jour, une quarantaine de plaintes ont été déposées par différents groupements cités sur la fameuse liste de la Commission d'enquête. Lors de la première audience, fixée au 13 décembre, on saura si le tribunal estime la plainte recevable. P.S.



   Belgique : Raël

Le Mouvement Raélien condamné à la discrétion

Le Soir, 29 novembre 2001 par Joël Matriche

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La cour d'appel donne raison à l'Eglise catholique

C'est au dires de l'avocate de l'Evêché de Liège, un arrêt important et qui, en Belgique, n'a pratiquement pas de précédent. Ce mercredi, la cour d'appel de Liège, siégeant en référé, a en effet interdit au Mouvement raëlien et à une des ASBL qui y sont liées, l'association " Nopedo ", de poursuivre la diffusion d'un tract invitant les parents à ne plus envoyer leurs enfants au catéchisme, sous prétexte que ce serait leur faire courir le risque inacceptable de les exposer sciemment à des actes de pédophilie.

Le site Internet de Nopedo, qui reprend notamment les mêmes allégations, devra également être modifié dans les 48 heures qui suivent notification de l'arrêt. Ce tract était largement diffusé à Liège mais également dans l'Ourthe-Amblève, à Seraing et dans la région de Stavelot, explique l'avocate de l'Evêché, Marie-France Roumans.

Outre les mises en garde contre le fait de se rendre au catéchisme, on y lit encore que les abus sexuels sont statistiquement beaucoup plus souvent le fait de prêtres catholiques que celui de quelque autre personne membre de la population dite ... normale. Autant de généralisations et d'insinuations qui, ont s'en doute, hérissé les représentants de l'Eglise catholique. Au printemps, pressés de faire cesser cette campagne, ceux-ci ont donc saisi le tribunal de référés de Liège.

Déboutés quelques semaines plus tard, ils ont persévéré et sollicité la cour d'appel. Laquelle vient donc de se prononcer. Cet arrêt, qui nous donne raison, n'est qu'une première étape, reprend Me Roumans. Nous allons également porter l'affaire devant une juridiction de fond, au civl ou au pénal. Si la cour d'appel concède que la liberté d'expression est une des libertés fondamentales reconnues par la Convention des droits de l'homme, elle s'empresse de rappeler que cette liberté n'est pas absolue, qu'elle peut être restreinte pour la protection de la réputation et des droits d'autrui. De même, si elle reconnaît volontiers à chacun le droit de combattre une croyance religieuse quelle quelle soit, elle s'insurge contre les moyens qui ont ici été mis en œuvre. Certains mots et certaines expressions utilisées peuvent faire croire, estiment les magistrats, que le fait pour des parents d'envoyer leurs enfants au catéchisme constitue une faut grave parce que le risque d'actes pédophiles commis par les prêtres est tellement répandu qu'il y a peu de chances que les enfants y échappent.

Un amalgame que la Cour a dénoncé et sanctionné. En attendant que soit rendue une décision sur le fond, toute diffusion de nouveau tract impliquera une astreinte de 1.000 francs (25€) et la non-modification de la page d'accueil du site Internet de l'ASBL une pénalité dix fois plus forte par jour de retard.


   France : Instinctothérapie

On entend leurs noms, mais on ne les verra pas

Le Parisien, 29 novembre 2001 par Guénaèle Calant

[Texte intégral]

Certes, le procès de Guy-Claude Burger, l'apôtre du manger cru, qui se poursuit aujourd'hui devant les assises de Seine-et-Marne, à Melun, pour viol sur mineure et corruption de mineurs, ne manque pas de témoins : des dizaines de personnes seront entendues. Mais il y a les grands absents. Jean Kicin, d'abord, ancien adepte du château de Montramé, à Soisy-Bouy. Il reste introuvable. Ce Luxembourgeois avait commencé à porter des accusations en décembre 1995 contre le centre d'instinctothérapie fondé par Guy-Claude Burger. Si, au début, Jean Kicin parlait de travail clandestin et de menaces de mort, il avait par la suite évoqué des pratiques pédophiles dans l'enceinte du château. " Nous aurions souhaité sa présence. Il n'a même pas été entendu par le juge d'instruction ", rappelle M e Voyer, un des avocats de Guy-Claude Burger.

Le nom de Jean Kicin revient de temps à autre au cours des audiences. Tandis que certains le considèrent " intelligent ", d'autres n'hésitent pas à le qualifier de " violent " ou de " malade ". Une victime trop fragile psychologiquement pour assister à l'audience Autre grand absent : Christian, l'un des fils de Guy-Claude Burger. L'homme a disparu depuis plusieurs années. Il n'a pas purgé sa peine de prison : Christian Burger avait été condamné en 1996 à dix-huit mois de prison ferme pour agressions sexuelles sur mineurs. Lui-même avait été victime d'abus sexuels de la part de son père, en Suisse. Guy-Claude Burger avait été condamné pour ces faits, à quatre ans de réclusion, en 1978.

A l'époque, la justice suisse avait découvert une autre victime : Mafalda, avec laquelle Guy-Claude Burger avait entretenu une relation durant trois ans. Leur " belle histoire d'amour ", comme la qualifie l'accusé, avait commencé alors que la fillette avait 9 ans. Elle non plus ne viendra pas témoigner : son psychologue estime que sa présence n'est pas souhaitable. La jeune femme est particulièrement fragile.

La défense regrette que les témoins de moralité ne soient pas entendus Evidemment, la défense regrette surtout l'absence des " témoins de moralité ". La cour d'assises a en effet décidé de ne pas entendre les quelque 150 personnes souhaitées par Guy-Claude Burger, la liste n'ayant pas été fournie à temps. " L'audition d'un psychiatre spécialiste en matière de traumatisme chez les enfants aurait été intéressante ", souligne M e Voyer.

En revanche, toutes ces absences ne sont pas un problème pour M e Morice, l'avocat d'Audrey, partie civile. " Les débats sont suffisamment éclairants. Les adeptes reviennent sur leurs anciennes auditions... Tout le monde comprend pourquoi ! Ce que je constate, en effet, c'est la présence, dans la salle d'audience, de membres de la secte qui prennent des notes. "

Jean Kicin, ex-adepte de l'instinctothérapie, est à l'origine de l'affaire. Il ne sera pas présent au procès. Il reste introuvable



   Etats-Unis : Scientologie

Penelope Cruz ne veut pas adopter la religion de Tom Cruise

Yahoo 27 novembre 2001

[Texte intégral]

L'actrice espagnole ne veut pas devenir une adepte de l'église de scientologie. Elle l'a dit haut et fort.

Tom Cruise est pourtant très attaché à ce mouvement. La rumeur dit même qu'il refuserait d'épouser Penelope Cruz , sa compagne, si elle ne se convertissait pas à sa religion.

Ces derniers temps, l'actrice semblait porter de plus en plus d'intérêt à cette croyance très controversée. Elle a tenu à rassurer ses parents qui commençaient à vraiment redouter qu'elle ne se convertisse. S'ils sont un peu rassurés sur ce point, ils s'inquiètent toujours beaucoup de l'influence de l'acteur sur leur fille. [......]

Penelope a en tout cas insisté sur le fait qu'elle n'avait pas l'intention de devenir membre de l'église de scientologie. Elle a déclaré : "J'ai un grand respect pour toutes les religions, mais je n'ai pas l'intention de rejoindre l'une d'elles pour le moment". Voilà Tom Cruise prévenu !