Témoins de Jéhovah

Transfusions sanguines, commentaire d'un article du journal Le Monde du 28 octobre 2001

(Source : Propos recueillis par Paul Benkimoun Source: ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 28.10.01 par Charles Chasson)


Venons en donc à l'article du Monde et commentons-le: 27 Octobre 2001 Le Monde (France) "Le médecin est soumis à un devoir de persuasion, mais il ne doit pas aller jusqu'à la pression" "comment analysez-vous l'arrêt du conseil d'état sur les témoins de jéhovah ? "

- L'arrêt considère que, dans ce cas précis, où ils étaient confrontés à une situation extrême, les médecins n'ont pas commis de faute en accomplissant un acte indispensable à la survie et proportionné à l'état du malade, quelle que soit la volonté que ce malade avait pu exprimer. C'est donc bien parce qu'il s'agissait d'une situation d'urgence que le Conseil d'Etat a jugé que les médecins n'avaient pas commis de faute en ne respectant pas la volonté exprimée par le malade. L'arrêt a, en effet, annulé la décision de la cour administrative d'appel qui établissait de manière systématique une hiérarchie entre le devoir de sauver une vie et celui de respecter la volonté du malade. "Dans une situation d'urgence, même s'agissant d'un Témoin de Jéhovah, le malade n'est pas vraiment en mesure de confirmer froidement, posément, une volonté préalablement exprimée dans un contexte qui n'est pas embarrassé par une charge émotionnelle". C'est d'autant plus vrai dans le cas des Témoins de Jéhovah, ou une situation d'urgence est traité par les Comité de Liaison Hospitalier, structure jéhoviste, qui intervient à l'hôpital même pour informer les médecins des techniques non-transfusionnelles ( ce qui n'est pas mal en soi), mais aussi pour "soutenir" le malade dans sa décision de refuser le sang. Un véritable réseau se met en place au niveau local pour surveiller le malade comme le lait sur le feu, le malade TJ n'a aucun moment à lui pour reconsidérer sa décision dans l'urgence qui est déjà bien assez angoissante comme cela.

- Ces cas de conscience sont-ils fréquents pour les médecins ? - Ce genre de procédure est rare. Selon les chiffres que nous ont communiqués les témoins de Jéhovah lors d'un récent entretien que nous avons eu avec eux, 1 sur 300 de leurs adeptes sont susceptibles de bénéficier d'une transfusion sanguine du fait de leur maladie tous les ans et 30 d'entre eux sont transfusés contre leur gré. Dans quinze cas, il n'y avait aucune alternative à la transfusion sanguine : le médecin était donc pris, les Témoins de Jéhovah le reconnaissent, entre l'obligation de soins et le respect de la décision du malade. Dans les quinze autres, la transfusion aurait pu être évitée. (c'est moi qui souligne)

Cette statistique n'a jamais été fourni aux adeptes !!!

D'autre part, sur quels chiffres, les dirigeants Témoins de Jéhovah se basent pour leur proportion d'un cas sur 300 adeptes (250.000 ou 119.000) ? Les dirigeants ont l'habitude quand il s'agit d'informer le public extérieur à la secte de prendre le chiffre de 250.000 (tracts distribués dans la rue, financement du culte) alors que leur statistiques internes donnent 119.000, ont-ils pris ce chiffre cette fois ? Si on prend 119.000, cela donne 1 pour 150. La question reste posée ? Mais faisons un rapide calcul en prenant le chiffre le plus bas 119.000/300 donne 400 affaires l'année dernière ou la transfusion a été proposée a des patients Témoins de Jéhovah, si l'on soustrait les 30 cas de transfusions, cela donne 370 affaires ou les médecins ont acceptés de ne pas transfuser. Pourquoi les dirigeants jéhovistes continuent-ils dans leur revue à faire croire que beaucoup de médecins sont des méchants et refusent de collaborer ? Que les techniques non-transfusionnelles ne sont pas assez prises en compte ? On le voit l'écrasante majorité des médecins a soigné les Témoins de Jéhovah avec ces techniques. Si l'on prend les 30 cas ou des médecins se sont entêtés à soigner avec des transfusions cela fait à peine 6% des médecins et encore sur ces 6%, la moitié avaient raison, ce qui ramènent à 3% les médecins entêtés !!!

Ne serait-il pas le moment d'arrêter d'affoler les Témoins de Jéhovah de base avec la peur de l'urgence médicale, qui chaque année en Janvier donne lieu à des réunions solennelles de signature de carte pour le refus du sang dans les congrégations ? N'ait-il pas possible de déplacer les malades dans ces 3% de cas ? Par contre-coup, on se rend compte que les situations d'urgence représentent donc 3% des cas ou la médecine conventionnelle pourrait utiliser le sang. Avec 15 cas pour 119.000 adeptes, on peut du coup évaluer au niveau mondial, le nombre de cas d'urgence par an, ou des Témoins de Jéhovah ont besoin de transfusions. Si l'on prend le nombre total de Témoins de Jéhovah dans le monde, soit 5.700.000 en réduisant le nombre encore une fois, cela donne 720 cas par an d'un point de vue mondial, ou un Témoin de Jéhovah se trouve dans une situation ou la transfusion est encore nécessaire !!! Mais ce chiffre est encore faux, ne sont comptés que les cas de transfusion de force, il n'est pas rapporté les cas où des Témoins de Jéhovah ont acceptés une transfusion dans un état critique, ou encore les cas où la transfusion a eu lieu dans le secret car beaucoup de pays encore n'obligent pas de rapporter l'administration d'une transfusion dans le dossier médical. Ce chiffre est encore sous-estimé par le fait que dans beaucoup de pays, les techniques non-transfusionnelles ne sont pas encore disponibles et seul la transfusion peut-être appliquée pour une question de coût ou de moyen (par exemple l'Afrique) C'est donc plus d'une dizaine d'Églises de Témoins de Jéhovah qui risquent de mourir par an d'un point de vue mondiale et encore le chiffre est peut-être deux à trois fois supérieur !!!

Mais poussons le raisonnement encore plus loin, la majeure partie des techniques non-transfusionnelles ont été au point ou accessibles à la fin des années 80 dans nos pays occidentaux, de plus les Témoins de Jéhovah ont ces dernières années acceptés de nouveau produits tirés du sang (exemple: l'hémoglobine) malgré toutes ces avancées, encore 15 cas par an ???!!! Qu'en était-il avant ? Les Témoins de Jéhovah peuvent-ils faire la morale sur le scandale du sang contaminé après cela ? Surtout que leurs hémophiles ont subit ce scandale dans les mêmes proportions que les autres ? "Au cours des dix dernières années, j'ai été personnellement confronté, dans le domaine du cancer, huit à dix fois à un tel dilemme. S'il n'y a pas une situation d'urgence véritable, si la volonté du malade a été exprimée de manière réitérée et si son avis - et celui de sa famille - est éclairé, il est souvent possible de respecter l'avis du malade. Cette décision peut être triste, dérangeante, mais elle est paisible. L'article 36 du code de déontologie médicale prévoit, rappelons-le, que "le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas" et que, en cas de refus du traitement proposé exprimé par le malade, "le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences". Cette obligation est reprise dans le projet de loi sur les droits des malades, mais, comme le rappellent d'éminents juristes, si la loi est faite pour être respectée, elle est également faite pour être transgressée dans des cas particuliers.

- Arrive-t-il souvent, comme vous l'évoquiez vous-même, que des transfusions soient effectuées contre l'avis du malade ? - Dans une situation de tout ou rien, il arrive que des médecins prennent leurs responsabilités et transfusent clandestinement. C'est en particulier le cas lorsque le malade est un enfant. Face au risque de voir cet enfant ultérieurement rejeté par sa famille qui le considérerait comme "pollué" par la transfusion, certains médecins font ce choix. Si l'on se réfère à d'autres situations comme celle de personnes commettant une tentative de suicide - on en dénombre une centaine de milliers par an en France, dont environ 12 000 réussies -, je ne connais aucun cas où le suicidant, qui a indéniablement exprimé ainsi sa volonté de mourir, ait poursuivi un médecin pour l'avoir réanimé et sauvé. Pour toute personne qui a été Témoin de Jéhovah et dépressive, cette comparaison est ironiquement la bienvenue. Pour avoir fait une tentative de suicide à l'âge de 18 ans, alors que j'étais simple "proclamateur" chez les Témoins de Jéhovah, donc même pas baptisé, j'ai eu la visite des anciens en costume cravate deux jours après, si je ne peux nier que l'entretien fût aimable et poli, avec quelques paroles de réconfort plutôt forcées, la punition ne tarda pas à arriver: On me refusa le baptême, alors que j'avais fini "les questions du baptême" qui sont la dernière ligne droite normalement avant le baptême, la raison invoquée fût d'ailleurs hypocrite, on me reprocha d'être un "feu de paille", alors que j'étais proclamateur régulier depuis 4 ans, que je participais aux réunions et à la vie de la communauté. D'ailleurs quelques années après, un ancien (depuis il a quitté les Témoins de Jéhovah) s'excusa à titre privée sur cette affaire. La raison de cette punition était bien ma tentative de suicide. Le suicide est interdit chez les Témoins de Jéhovah, mais par la redéfinition caractéristique du milieu sectaire, un suicide violent devient un acte de fidélité à Dieu et donc à la vie, alors que le SOS d'un dépressif devient une faute grave. Les Témoins de Jéhovah demandent donc bien un droit au suicide, quoiqu'ils en disent, tout en le niant à leurs adeptes même les plus fatigués ou dépressifs. Témoin ce passage, d'ailleurs très clair:

- L'état de conscience du malade au moment où la question de la transfusion est posée entre-t-il en ligne de compte dans la décision du médecin ? - Le code de déontologie prévoit, dans le cas d'un malade hors d'état d'exprimer sa volonté, que "le médecin ne peut intervenir sans que ses proches aient été prévenus et informés, sauf urgence ou impossibilité". Dans le cas des Témoins de Jéhovah, la situation est claire, puisque le refus de la transfusion est connu. La question est en revanche plus complexe s'agissant de thérapeutiques différentes des traitements classiques, proposés à un malade. En dehors des cas d'urgence extrême où ni le médecin ni le malade n'en ont le loisir, il faut insister sur le temps nécessaire au malade pour réfléchir et exprimer sa volonté.

- Quelles règles guident, selon vous, une bonne information du malade ? - Le médecin est soumis à un devoir de persuasion, mais il ne doit pas aller jusqu'à la pression. Il se doit d'expliquer convenablement à son malade les raisons qui lui font proposer telle thérapeutique. Un médecin a d'ailleurs déjà été condamné pour n'avoir pas accompli ce devoir de persuasion, de négociation avec son patient, à qui il avait mentionné, sans plus insister, l'intérêt d'une vaccination antitétanique en présence d'un risque avéré de tétanos. "Dans le cas où un malade refuse le traitement proposé, il convient de lui faire signer ce refus. En cas de poursuites judiciaires, ce sera un moyen pour le médecin de faire valoir qu'il a bien informé son patient, mais cela ne saurait le dégager de toute responsabilité en cas de préjudice subi par son malade."

 


 


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