Rapport de la Commission d'Enquête Parlementaire de Belgique sur les sectes


Commentaires de l'ADFI sur ce rapport

 (Source : BULLES du 3ème trimestre 1997)

La Commission parlementaire Belge a entendu 140 personnes : hauts magistrats et fonctionnaires, une quarantaine d'ex-adeptes et de parents, à huis-clos, et quelques représentants de sectes. Le travail a porté sur 177 groupes. Il n'est pas question ici de résumer un travail de 700 pages ; aussi nous préférons donner des échos de quelques dépositions. Le rapport peut être consulté à l'UNADFI.

Madame Julia Nyssens, présidente de l'ADIF Belge (1) a proposé deux définitions du terme " secte " :

Madame Nyssens a évoqué la notion de " changement forcé d'opinion " et ses trois stades : physique, affectif, intellectuel, au terme desquels l'individu perd son autonomie, voire sa capacité juridique. Elle a rappelé les "critères de sectarisme" qu'elle avait avancés en 1993 au Congrès de Barcelone, elle a dit défendre les libertés et, qu'au nom de la tolérance, on ne peut accepter des violations de la loi.

Monsieur Luc de Droogh, vice président de l'association belge flamande VVPG, membre de la FECRIS, a avancé que chaque groupe doit faire l'objet d'une évaluation spécifique, " les critères peuvent être plus ou moins remplis et il y a de nombreux cas limites ".

On relève aussi l'affirmation de Monsieur Kranenborg, considéré comme le spécialiste néerlandais: "Les sectes ne sont pas dangereuses ". Toutefois, il a signalé des facteurs de risque que les pouvoirs publics doivent surveiller: tension dans les relations, endoctrinement, instabilité psychique, rupture avec l'entourage, leader autoritaire, pensée manichéenne et isolement. S'y ajoutent deux facteurs: la notion de fin des temps, et la promesse d'augmentation des pouvoirs et des connaissances d'ici-bas. "La liberté de religion ne peut servir à couvrir des pratiques répréhensibles; comme pour l'alcool, il faut limiter la nocivité ... "

Le Docteur Berliner de Bruxelles, fondateur de l'Association des victimes des pratiques illégales de la médecine, a plaidé l'urgence à fonder un centre officiel pluridisciplinaire dans ce domaine, regroupant l'ensemble des personnes désireuses de s'attaquer à ce problème avec efficacité et cohérence. Il constate que des sectes s'articulent autour de médecines non-conventionnelles. Il demande la création d'un numéro d'appel gratuit et de favoriser la collaboration européenne. Il souhaite aussi une association de médecins s'occupant du problème des sectes sous l'angle médical et de mettre fin aux écoles de naturopathie qui " fabriquent des gourous ".

Madame Janine Tavernier, représentant l'UNADFI reconnue d'utilité publique en France, a déploré l'absence de structures d'accueil pour les personnes sortant des sectes. Elle a proposé de renforcer les dispositions légales concernant les abus de faiblesse. " Des personnes, même si elles ont pris conscience d'avoir été piégées, ne disposent plus de leur libre arbitre, voire de leur capacité de juger. Elles sont alors dans l'impossibilité d'en sortir. " Madame Tavernier a encore insisté sur l'infiltration des rouages de la société en piégeant les personnalités politiques, citant comme exemple la Scientologie qui informatisait un service sensible lié à la sécurité nationale française. Elle a estimée que le livre de Ron Hubbard, Introduction à l'éthique de la Scientologie, constitue une véritable incitation au meurtre.

Notons avec satisfaction que, page 133, le rapport fait longuement mention de la FECRIS, à partir de ses textes fondateurs (statuts, règlement intérieur qui, entre autres, spécifient qu'elle récuse toute méthode d'action violente comme l'a aussi spécifié l'UNADFI).

Enfin la Commission a souligné avec une parfaite netteté que tout groupe examiné ne doit en aucune manière être considéré ipso facto comme un groupe sectaire.

Dans l'ensemble un travail qui fera date. Reste à passer au plan pratique.
  1. ADIF: Association de Défense de l'Individu et de la Famille.

"Enquête parlementaire visant à élaborer une politique en vue de lutter
contre les pratiques illégales des sectes et le danger qu'elles
représentent pour la société et pour les personnes, particulièrement les
mineurs d'âge"

(Chambre des représentants, session 1996-1997)

Le rapport fait au nom de la commission d'enquête par MM. Duquesne et
Willems peut être consulté (format pdf) sur le site internet de la Chambre
:

Première partie (3331 Ko):
http://www.dekamer.be/FLWB/pdf/49/0313/49K0313007.pdf
Deuxième partie (2650 Ko):
http://www.dekamer.be/FLWB/pdf/49/0313/49K0313008.pdf