Actualités sur les sectes en octobre 1998

 

Sectes Série de faits divers "paranormaux" dans la lutte contre les sectes
Lucien J. Engelmajer Le retour du patriarche
Sectes Le dispositif contre les sectes mis en place
Sectes Le paysage sectaire a beaucoup changé
Dévots de Krishna Les pères indignes de la secte orange
Sectes " Le Monde " des sectes
Sectes L'Amérique en croisade contre le monde entier
Instinctothérapie Gourou pédophile : que fait la justice ?
Instinctothérapie La secte de Montramé a beaucoup de choses à cacher
Opus Dei L'Opus Dei oeuvre à la libération du général Pinochet
Chevaliers du Lotus d'Or Polémique autour d'un couple de directeurs d'écoles
Sukyo Mahikari La secte qui infiltre l'Europe
Secte Aum La résurgence de la secte Aum inquiète le Japon

 

  France : sectes

Série de faits divers "paranormaux" dans la lutte contre les sectes

Charlie-Hebdo, 21 octobre 1998, par X. Pasquini
L'Express, 22 octobre 1998, par François Koch
Le Monde, 28 octobre 1998, par Erich Inciyan
Le Point, 24 octobre 1998, par Jérôme Cordelier
Le Figaro, 14 octobre 1998, par Alexandre Boilhet et Christophe Doré

[Résumé]

Une partie du dossier d'instruction, originaux comme photocopies, visant l'Eglise de Scientologie a disparu du tribunal de Paris. " On ne peut s'empêcher de penser à une infiltration de la Scientologie quand on connaît sa puissance ", confie Me. Nicolai Fakiroff, avocat d'une famille dont l'enfant avait rejoint la secte. " Nous avons déjà dû recourir à une procédure spéciale pour que l'instruction ne soit pas close par la chambre d'accusation, car le dossier n'était pas suivi depuis des années. Cette demande, faite en novembre 1997, n'a abouti que lundi dernier. Pour constater quoi ? Qu'une partie du dossier avait disparu et que l'affaire ne pourra peut-être jamais être jugée ".

Si la disparition est une perte et non un vol, le hasard fait en effet apparemment bien les choses : parmi les pièces disparues figureraient des faux créés par l'Eglise de scientologie, comme des prétendues lettres de deux victimes de la secte dans lesquelles elles annonceraient au juge le retrait de leurs plaintes. Or, le faux et l'usage de faux sont sévèrement punies.

Tout espoir n'est cependant pas perdu : même si les pièces manquantes ne sont pas retrouvées, " le 9 novembre prochain, la cour d'appel de Paris n'est pas tenue de décider le non-lieu en faveur de la Scientologie. Le juge d'instruction peut recevoir l'ordre de reconstituer les pièces manquantes du dossier. L'instruction peut aussi être poursuivie par un conseiller de la cour d'appel. Et si cette dernière décidait malgré tout le non-lieu ? Les parties civiles pourraient à la fois porter plainte contre X pour vol et saisir le tribunal administratif d'une action en responsabilité contre l'Etat, en invoquant une faute de la juge d'instruction, s'il était confirmé que celle-ci a laissé s'écouler le délai de prescription. Les victimes seraient sans doute indemnisées, mais la Scientologie aurait échappé au procès ".

De plus, courant septembre, des " anomalies " ont été constatées par le préfet dirigeant l'Observatoire interministériel sur les sectes sur le disque dur de l'ordinateur de l'Observatoire : une plainte a été déposée au parquet de Paris le 20 octobre. Ensuite, c'est le domicile du futur dirigeant de la nouvelle mission interministérielle sur les sectes qui est visité : " Très peu de choses ont été volées, simplement un bijou et 120 francs. Mes dossiers personnels ne semblent pas avoir été visités. Bizarre... "

Mi-octobre, c'est la voiture de sa compagne et collaboratrice qui est retrouvée pneu crevé, - " par un coup de poignard et un clou placé à l'envers " - sur le parking du centre Roger Ikor, aucune autre voiture n'étant endommagée. " Depuis mon rapport, il ne s'est pas passé une année sans que j'aie à subir la mauvaise humeur des sectes. Elles ont tout essayé contre moi : attaques, manifestations, pétitions, menaces... Et les actes de ces derniers jours sont survenus dès que le Premier ministre a fait savoir ma nomination à la nouvelle mission interministérielle ".

 

  France : Lucien J. Engelmajer

Le retour du patriarche

Politique Santé, 5 octobre 1998. Par Mathieu Verboud.

[Extrait]

Lucien Engelmajer est de retour. On le croyait retiré à Miami après sa brutale éviction de son association en février dernier. Selon les informations recueillies par Politique Santé, l'homme, âgé de 78 ans, aurait été relégué plusieurs mois durant par son entourage dans une île au large de Sao Paulo, au Brésil.

Lors de son éviction, ses successeurs auraient tenté, en vain, de le faire placer sous la tutelle de sa famille. D'après ses derniers fidèles, Engelmajer entend désormais mener combat contre les " putchistes ". Ceux-ci, depuis son départ et celui de nombreux cadres, manifestent une certaine discrétion malgré une volonté de transparence affichée.

Voir aussi Le Patriarche, une communauté thérapeutique à but très lucratif.

 

  France : Mission Interministérielle sur les Sectes

Le dispositif contre les sectes mis en place

Libération, 8 octobre 1998.

[Texte intégral]

Le gouvernement a annoncé, hier, la création d'une mission interministérielle de lutte contre les sectes (Libération du 26 septembre 1998). Cette nouvelle structure met fin aux activités de l'Observatoire créé en 1995 par Alain Juppé. Elle sera directement rattachée à Matignon, et son président disposera de pouvoirs étendus. Il pourra, entre autres, contrairement à l'Observatoire, " dénoncer aux procureurs de la République les faits qui sont susceptibles de recevoir une qualification pénale ". L'ancien secrétaire d'Etat socialiste Alain Vivien est pressenti pour assurer la présidence. Pour parachever la mise en place d'un dispositif plus efficace, le ministère de la Justice devrait prochainement faire adopter un amendement permettant aux associations antisectes de se constituer parties civiles.


Le paysage sectaire a beaucoup changé

Le Monde, 9 octobre 1998, par Henri Tincq.

Interview d'Alain Vivien, futur président de la Mission interministérielle sur les sectes.

[Texte intégral]

H.T. : Alain Vivien, vous allez probablement être nommé président de la Mission sur les sectes que vient de créer le gouvernement. Où votre action s'orientera-t-elle en priorité ?

A.V. : Depuis quinze ans, le paysage sectaire a beaucoup changé. Les petites sectes soixante-huitardes ont quasiment disparu. En revanche, les grandes sectes transnationales, disposant de riches moyens et d'une base arrière souvent situées aux Etats-Unis, se sont considérablement renforcées. Elles adoptent un masque religieux ou philosophique mais leur champ d'expansion se situe principalement dans la formation professionnelle et les nouvelles thérapies. C'est là qu'il faudra porter l'effort.

La formation professionnelle - 138 milliards de francs il y a deux ans, 13 000 "entreprises" de formation - est un gisement prodigieux et annuellement renouvelable. Les groupes sectaires l'ont vite compris. L'autre gisement, celui des thérapies, est aussi prometteur, car il exploite la souffrance des gens. Des groupes proposent des médecines alternatives qui, à la limite, peuvent n'avoir qu'un effet de placebo, mais aboutissent aussi au pire quand ils préconisent une interruption des traitements traditionnels, au profit de passes magnétiques ou de poudres de perlimpinpin, voire de médications dangereuses.

H.T. : L'action de la Mission interministérielle sera-t-elle plus efficace que l'Observatoire des sectes ?

A.V. : La volonté politique est plus forte. M. Jospin souhaite une action plus énergique, avec des moyens d'intervention accrus et une clarification des objectifs. Ainsi la Mission va-t-elle pouvoir mieux distinguer entre, d'une part, le débat proprement dit sur les sectes - avec un conseil d'orientation où des personnalités qualifiées pourront librement échanger sur les moyens de prévenir les menaces et faire des propositions - et, d'autre part, le niveau des administrations chargées de mettre au point - au sein d'un groupe opérationnel - des mesures réglementaires ou de proposer des modifications législatives.

H.T. : Si légitime soit-elle, la lutte contre les sectes ne risque-t-elle pas de porter atteinte à certaines libertés institutionnelles ?

A.V. : La Mission ne portera aucune appréciation sur les croyances ou les convictions philosophiques des groupes qu'elle sera chargée de surveiller. En revanche, elle se préoccupera des atteintes aux droits de l'homme et de l'enfant, ainsi qu'aux " anomalies " constatées fréquemment dans le fonctionnement de ces groupes, tous constitués sous la forme d'associations déclarées que la loi, dans son état actuel, n'oblige pas à une gestion transparente, ni à des assemblées générales périodiques, ni à l'élection de leurs dirigeants, ni à la production d'un quitus moral et financier. A cet égard, la législation française est en retard.

J'ai toujours été hostile à une législation spécifique contre les sectes. Je serais favorable, en revanche, à des initiatives législatives ou réglementaires susceptibles de mettre fin à des situations dont profitent des associations peu respectueuses de la dignité humaine.

 

  Etats-Unis

L'Amérique en croisade contre le monde entier

Libération, 12 octobre 1998, par Patrick Sabatier.
[+ Le Point, 17 octobre 1998]

Le lobby chrétien a imposé une loi pour sanctionner les pays violant la liberté de religion. La France n'est pas à l'abri.

[Résumé]

Bill Clinton ne pouvant plus appliquer son droit de veto qu'avec précaution, c'est contrairement à son engagement d'il y a quelques mois de s'opposer à cette loi, qu'il a annoncé qu'il parapherait la loi votée à l'unanimité par le Sénat sur la pression du lobby intégriste chrétien : les USA sanctionneront les pays convaincus de " persécution religieuses ", et le département d'Etat présentera chaque année une liste de ces pays. Amnesty International et d'autres associations de défenses des droits de l'homme critique cette loi, car elle introduit une hiérarchie entre les crimes religieux et les crimes politiques ou ethniques. Les organisations modérées de confession protestante, catholique ou juive, ainsi que les partisans du Tibet, ont eux approuvé la loi.

La loi vise des pays comme l'Arabie Saoudite et l'Iran, mais également des pays comme la France et l'Allemagne : la secte des Témoins de Jéhovah mène une campagne contre la " persécution " dont elle affirme être l'objet en France, parce que le fisc refuse de l'exonérer d'impôts et exige le paiement de 300 millions de francs d'arriérés - " un acte flagrant de persécution religieuse ", proclame le porte-parole des Témoins. La France, mais surtout l'Allemagne, est aussi en conflit avec la Scientologie. Le département d'Etat a déja cru bon de dénoncer les persécutions que lui imposeraient les autorités allemandes.

 

  Etats-Unis : Dévots de Krishna

Les pères indignes de la secte orange

Charlie Hebdo, 14 octobre 1998, par Gérard Biard.

Quand les moines de Krishna tripotaient les enfants.

[Résumé]

Cet article reprend les informations publiées dans le New York Times du 9 octobre 1998 sur la façon dont certains moines " instructeurs " de la secte Hare Krishna, dans les années 70 et 80, se défoulaient sur les mômes qui leur étaient confiés par des adeptes. Une dizaine de victimes a décidé de porter plainte en 1996 pour violences physiques et sexuelles.

Dans un élan de bonne conscience rédemptrice, la hiérarchie de la secte a décidé de révéler aux adeptes les menus égarement de ses prêtres, en publiant le détail de ces ballets oranges dans son journal officiel, Bhakti. Deux ans tout de même après que les premières plaintes ont été déposées. La vérité incarnée est parfois longue à sortir.

 

  France : sectes

" Le Monde " des sectes

Charlie Hebdo, 14 octobre 1998, par Xavier Pasquini.

Pour parler des sectes, "Le Monde" (17/09/98) fait appel à leurs défenseurs.

[Résumé]

X. Pasquini critique les sources utilisées par Henri Tincq pour son point de vue paru dans Le Monde au sujet des sectes. Ainsi, lorsque Henri Tincq cite Jean-Francois Mayer affirmant que " l'immense majorité des groupes religieux minoritaires ne présentent de danger ni pour leurs membres ni pour l'Etat ", Xavier Pasquini juge qu'il est nécessaire de faire un rappel :

Il lui reproche également de cautionner Massimo Introvigne, chef du file de CESNUR et défenseur entre autres de la Scientologie, et de donner écho à ses thèses : les dégâts des sectes seraient négligeables par rapport à la " psychose anti-sectes " et l'atteinte à la liberté religieuse, véhiculées par des medias sans distance critique et limitant leurs " investigations sur les sectes aux seuls ex-adeptes et victimes. "

Xavier Pasquini conclut ainsi : " Sur le sujet sensible de l'extrême dangerosité des sectes " de guérison ", qui constituent le gros des créations sectaires depuis des dizaines d'années, Tincq est curieusement muet. Comme sur le sort des enfants pris dans les tourments des enfers gouroufiés... Nous lui conseillons donc la lecture du livre de Nicolas Lecisain [Ils m'ont dit de me taire - Ed. Michel Lafon]. Le témoignage de cet enfant est implacable. Après un séjour de "remise en forme" dans un organisme dépendant d'une secte où il a subi des mauvais traitements, il s'est tu pendant trois ans... ".

 

  France : Instinctothérapie

Gourou pédophile : que fait la justice ?

L'Express, 15 octobre 1998, par Anne-Marie Casteret.

Depuis l'incarcération de Guy-Claude Burger, en juillet 1997, sa secte fonctionne toujours au château de Montramé, près de Provins.

[Résumé]

Malgré l'incarcération du gourou, la secte de l'instinctothérapie fonctionne encore ainsi que son fonds de commerce, la société Orkos. Me Olivier Morice s'inquiète : " Lors d'une perquisition ordonnée par le juge Laurent Raviot, certaines pièces du dossier d'instruction ont été trouvées entre les mains de Bernard Mercier, président d'Orkos, afin d'élaborer une stratégie de soutien à Burger et d'intimidation de parties civiles. C'est grave et illégal. J'ai donc réclamé la mise sous scellés du château et la poursuite des personnes qui se sont permis de violer de manière aussi grossière le secret de l'instruction. Pour le moment, je n'ai aucune réponse. "

Les mauvais points du bilan de l'action judiciaire ne s'arrêtent pas là : Christian Burger, qui s'est enfuit de la secte après la révélation par l'Express des activités pédophiles y ayant lieu, est toujours introuvable, et " malgré le mandat international lancé contre lui par le juge Raviot, [il] aurait vidé les comptes que la famille possédait en Suisse ". Enfin, " deux enfants de la secte, Léa et Nicolas, âgés de 6 et 4 ans, signalés comme étant en danger, sont toujours introuvables. " Ces deux enfants, " de père inconnu, sont juridiquement à la garde de mères... en cavale ! ".

Rappelant le passé judiciaire de la famille Burger et les plaintes toujours en cours déposées contre la secte, la journaliste conclut : " Aujourd'hui, on ne peut que se poser des questions sur la longue "paresse" du parquet de Melun, les complicités locales éventuelles dont la famille Burger bénéficie et l'archaïsme de l'arsenal juridique face aux problèmes de l'enfance maltraitée ".


La secte de Montramé a beaucoup de choses à cacher

Le Point, 10 octobre 1998, par Christophe Deloire.

[Résumé]

Une des anciennes permanentes de la secte de l'instinctothérapie, qui souhaite garder l'anonymat, déclare au Point avoir remarqué dans les années 80 que la petite fille [qui, devenue femme, porte maintenant plainte contre le gourou de la secte] dormait avec Guy-Claude Burger et était victime d'abus sexuels. Cette ancienne adepte a écrit, dès 1988, au procureur de Melun pour l'en avertir. La fillette avait nié les faits. La procédure en était restée là. Mais depuis les enquêtes des journalistes, les premières plaintes et l'incarcération du gourou, les témoignages affluent, indiquant qu'une dizaine d'enfants auraient été abusés au sein de la secte.

Bernard Mercier, cadre dans la société Orkos, et bénéficiant de documents violant le secret de l'instruction, a d'ores et déjà contre-attaqué, mais d'une facon grotesque : il a déposé une plainte pour viol sur ses deux enfants. Les gendarmes et médecins sont visés. Ils auraient fouillé ses enfants avec un zèle excessif. La procédure ressemble à une diversion. Le doyen des juges d'instruction ne s'y est pas trompé : il n'a pas ouvert d'information. En revanche, les deux enfants de Bernard Mercier auraient fait l'objet d'abus sexuels au sein de la secte. L'un deux, à l'époque, était à peine âgé de 7 ans. Leur père ne s'en était jamais plaint.

Enfin, une deuxième enquête a été ouverte sur le château de la secte et la société Orkos, concernant cette fois les circuits de financement, qui pourrait mettre à jour des opérations de blanchiment.

 

Opus Dei

L'Opus Dei oeuvre à la libération du général Pinochet

Note d'Information du Réseau Voltaire, n° 180 du 28/10/98 au 3/11/98.

Le Réseau Voltaire rappelle que, quelques jours après le coup d'Etat de 1973, le " bienheureux " Mgr. de Balaguer, fondateur de l'Opus Dei, s'était rendu à Saintiago célébrer une action de grâce pour " son fils spirituel " le général Pinochet. Il rappelle également qu'en avril 1993, à l'occasion des cinquante ans de mariage du dictateur, Sa Sainteté Jean-Paul II lui avait adressé félicitations et bénédiction. Enfin le chevalier Pinochet est un des plus hauts dignitaires de l'Ordre souverain de Malte. Après avoir procédé, le 3 octobre dernier, à la béatification du criminel contre l'humanité Alojzije Stepinac, le Saint Siège manifeste à nouveau son soutien aux dictatures catholiques en oeuvrant à la libération d'Augusto Pinochet.

 

  France : Chevaliers du Lotus d'Or

Polémique autour d'un couple de directeurs d'écoles

France-Soir, 24 octobre 1998, par Jean-Michel Vernes.

[Résumé]

A Chomérac (Ardèche), une psychose s'est déclenchée depuis la révélation de l'appartenance d'un couple de directeurs à la secte du Mandarom. Plusieurs parents ont décidé de retirer leurs enfants de la classe CM2 menée par le directeur. Mais pour l'inspecteur d'académie, il n'y a aucun grief : " Une enquête interne a été menée. Le rapport des inspecteurs qui se sont rendus sur place ne note aucune faute professionnelle et aucun prosélytisme. Lors de son audition, l'enseignant n'a nullement nié son appartenance à la secte du Mandarom, mais cela n'est pas sanctionnable ".

Danger pour les uns, chasse aux sorcières pour les autres

Pour le député Jean-Pierre Brard, venus soutenir ces parents, " la loi est aujourd'hui insuffisante, incomplète ". Robert Ferrato, président de l'Association de protection des lacs et sites du Verdon, précise en brandissant un étrange cahier de vancances intitulé le " cahier d'exercice pour Tulkou sachant lire et écrire ", que dans cette secte, il y a " des femmes spécialisées dans l'endoctrinement des enfants ". Pour l'inspecteur de l'académie, cela ne concerne pas l'Education nationale. Aucun de ces docuements n'a été saisi et aucun parent n'a pu mettre en évidence de tel dérapages.

Le directeur de l'école ne semble pas perturbé par cette polémique. Cela ne l'empêche pas de faire sa prière rituelle entre deux cours (d'après le témoignage d'un parent d'élèves), ni de distribuer des tracts du Madarom dans le village en dehors des heures de cours. Son épouse, directrice d'école dans un village voisin, ne connaît pas de problème particulier, bien qu'elle exerce la fonction de trésorier-adjoint dans le " centrum " de la secte à Valence.

 

Sukyo Mahikari

La secte qui infiltre l'Europe

VSD, 29 octobre 1998, par Jean-Moïse Baitberg.

[Résumé]

Des investigations effectuées par l'UCLAF (Unité de Lutte Antifraude de la commission européenne) sur les activités de la société Perry-Lux, un cabinet de conseil en informatique, révèlent un détournement, par le biais de salaires fictifs, de 16 milllions de francs destinés à des projet humanitaires en Bosnie et au Rwanda. Le bénéficiaire des fonds européens était la société belge Watinsart, appartenant au comte d'Asembourg, lui même adepte de la secte Sukyo Mahikari, et qui en a prélevé personnellement plusieurs centaines de milliers de francs.

Autre affaire : une subvention européenne de 360.000 francs pour les jardins du château d'Asembourg (Luxembourg), siège de la secte en Europe, dont l'entretien est assuré par des bénévoles de la secte.

La doctrine n'est pas moins douteuse. Fondée dans les années cinquante par un industriel de l'armement, le japonais Kotama Okada, la secte prône la supériorité du peuple nippon. Okada prétendait avoir des pouvoirs magiques du dieu Su, permettant de guérir les malades. Il condamne la démocratie, salue l'oeuvre d'Hitler, et dénonce " l'imposture du peuple juif "...

La secte compte 10.000 membres en France. Les demandes d'intercession auprès du dieu Su sont une véritable pompe à fric (versé en liquide), l'argent émigrant au Japon, via une filiale luxembourgeoise. L'alerte a été donné à plusieurs reprises, notamment en raison de l'exercice illégal de la médecine : à Rouen, plainte d'une famille dont le fils a perdu 17 kilos ; à Toulouse, manoeuvre frauduleuse en vue d'acquérir une maison de retraite ; à Verviers (Belgique), enquête sur la mort d''un adepte décédé faute de soins 5 ans auparavant.

Stratégie d'infiltration

En mai 1993, la fille du fondateur, Keishu Okada, organisait une conférence intitulée " Quel avenir pour l'humanité à l'aube du XXIème siècle ? " (parmi les participants : Roger Garaudy, condamné pour ses écrits révisionnistes). A cette époque, Keishu Okada a même été reçue par Jean Paul II. En France, une enquête est en cours sur le financement du patrimoine immobilier de la secte, estimé à près de 20 millions de francs. Dans le sud du pays, des " dons " en liquide auraient été versés en 1993 et 1994 à plusieurs partis politiques, ainsi qu'à la Fondation Cousteau qui aurait reçu au total 700.000 francs. Les responsables de la Fondation affirment n'être pas au courant de ces dons.

 

  Japon : Secte Aum

La résurgence de la secte Aum inquiète le Japon

Le Monde, 24 octobre 1998, par Philippe Pons.
Regards sur, décembre 1998.

L'organisation criminelle attire de nouveau des jeunes Japonais en manque de repères.

[Résumé]

Alors que Kazuaki Okazaki est condamné à mort pour le meurtre de quatre personnes en 1989 (un avocat défenseur de familles victimes de la secte Aum, sa femme, leur bébé, et un autre adepte d'Aum), le gouvernement japonais dénonce publiquement le retour de la secte, malgré la conclusion d'une commission indépendante présentant la secte comme dorénavant non-dangereuse.

Car, même si le gourou et une trentaine de membres sont en attente de jugement pour les attentats au gaz sarin (12 morts et des milliers de blessés à Tokyo en mars 1995 et 7 morts en 1994 à Matsumoto), même si la secte a été mise en faillite pour dédommager les victimes et même si elle a été privée de son statut d'organisation religieuse, la secte regrouperait de nouveau plusieurs milliers d'adeptes, dont 500 vivraient en communauté. Les adeptes redistribuent des tracts dans la rue, la secte s'activent dans les universitées, sa " bibliothèque de la vérité " à Tokyo est très fréquentée, les achats de plusieurs maisons dans un village inquiet ont repris, les boutiques d'ordinateurs de la secte continuent à lui rapporter de l'argent de facon considérable - les employés sont bénévoles, et un leader charismatique de la secte sortira de prison dans un an.

Et quand la webmestre de la secte, " brillante élève d'une célèbre université ", détaille sur son site la " persécution " dont sont victimes les adeptes, les sociologues expliquent que cet aspect fascine certains jeunes japonais. Un documentaire réalisé au Japon ne cache pas ses sympathies à l'égard de ceux qui sont présentés non comme des meurtriers, mais comme " d'ardents jeunes gens en quête de spiritualité ". Des adeptes de la secte sont même allés jusqu'à affirrner que, s'ils avaient été prévenus du contenu des sacs qu'ils allaient répandre dans le métro au moment de l'attentat, ils auraient peut-être hésité, non pour l'horreur d'un tel acte, mais parce qu'ils courraient eux-mêmes un danger en les manipulant ! On reste rêveur...
 
De plus, la secte n'a pas été officiellement considérée comme terroriste, les autorités japonaises ayant été embarrassées, de par l'infiltration par la secte de l'armée et de la police ainsi qu'à cause des appuis politiques reçus dans le passé par la secte. Les locaux dans lesquels la secte avait produit le gaz sarin utilisé dans les attentats ont toutefois été détruits, après que l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques ait conclu qu'il s'agissait bien d'usines de production d'armes chimiques mortelles.