Actualités sur les sectes en septembre 2000

 
ScientologieLa Scientologie est une religion mais pas le Judaïsme
HUE - SHY -Un gourou présumé a été libéré
SectesPékin arrête 130 adeptes d'une "secte hérétique"
SectesLes Etats-Unis ont dénoncé mardi dans un rapport les violations massives des libertés religieuses...#7
SectesWashington, juge de la liberté religieuse
SectesDu direct sur la corde raide
Sectes "Sectes tueuses, le miroir aux alouettes"

Nouvelle Acropole

Manifestation antisecte
Témoins de Jéhovah (*)et ce soir je dis "Jéhovah m'a tuer" de manière délibérée et consciente
AnthroposophieLes écoles Steiner victimes de sectarisme
Anthroposophie«Un cadre familial où les enfants se sentent libres»
SectesLes sectes : un rempart contre la fragilité intérieure
Mise au pointEcole active européenne Eropéa
Trois Saints CoeursNote de synthèse
ScientologieLettre du CCMM au Préfet de Police
SectesPétition pour la dignité des femmes afghanes
Eglise Universelle du Royaume de DieuNouveau refus de permis de construire
Raël"Décidément, il y a certains que rien ne semble pouvoir arrêter !"
SectesProposition de loi au Sénat
SectesLe procès d'un juge
SectesLa proposition de loi anti-sectes est critiquée .....
SectesUn "Ecran témoin" sur les enfants dans les sectes"
Raël Le Hilton menacé
Raël Paralysée, l'Unesco se laisse détourner par les raéliens
Sectes et formation (*) Quelques adresses utiles
Sectes (*)Projet de loi sur les manipulations mentales
AnthroposophieRejet d'un recours
Le mandaromNouveau pourvoi rejeté
RaëlLe clonage au musée des horreurs - Farfelu ou criminel ?
Nouvelle AcropoleEnquête sur une association très mystérieuse
FalungongUne lettre d'un membre de Falungong
RaëlProsélytisme raélien dans la presse
SectesLe délit de manipulation mentale jugé «inopportun»

Scientologie

Décision de la Cour de cassation
SectesPrésentation du colloque : PRATIQUES ET PRATICIENS EN PSYCHOTHERAPIE


  (*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière.

 


   Etats-Unis : Scientologie

La Scientologie est une religion mais pas le Judaïsme

Lu sur le Web, 4 septembre 2000 par Yanick Philipponnat

[Texte intégral]

La Scientologie est une religion mais pas le Judaïsme: seule la scientologie est exemptée d'impôts.
C'est vrai, et ça se passe aux USA. (traduction et commentaore de Roger Gonnet).

Les voies du seigneur sont-elles impénétrables? Brigid McMenamin, Forbes Magazine, 4 septembre 2000

M. Michael Sklar, comptable de Los Angeles, dépensait 24000 dollars par an pour expédier, en 1994, ses quatre enfants à des écoles juives, lorsqu'il prit connaissance d'une décision de 4 lignes émanant du fisc américain, l'IRS.

L'édit IRS, daté de 1993, indiquait que le jugement de 1978 empèchant les membres de l'église de scientologie de déduire de leurs revenus les "donations fixes" pour l'éducation religieuse ou "l'audition" - cette pratique scientologue consistant à poser des questions au membres pour déterminer les zônes à problèmes spirituels - avait été annulé.

Sklar se demanda pourquoi, si les scientologues pouvaient déduire leur formule d'éducation religieuse, lui-même ne pourrait en faire autant. Ce juif orthodoxe décida de soustraire 55 % des frais de scolarité en question, estimant qu'il s'agissait de la proportion consacrée pour ses enfants à l'enseignement religieux. Rien à faire.

En avril, le Juge Larry L. Nameroff du tribunal spécial des impôts décidait que Sklar n'avait pas démontré qu'il se trouvât dans la même position que les scientologues. On lui refusait la totalité de sa déduction, y compris les 75 dollars de cours spéciaux sur le Talmud délivrés après les heures normales de cours. Sklar fait appel.

L'ancien commissaire de l'IRS Sheldon S. Cohen ne le voit pas mieux parti en appel, en partie parce que ses enfants vont dans une école mélant éducation religieuse et laïque. Mais le procès pointe tout droit sur une éclatante inéquité qui vit le jour depuis 1993, lors du deal très controversé que l'IRS accorda à la scientologie, religion basée sur Los Angeles et prétendant avoir 3 millions de membres aux Etats-Unis (certains célèbres, comme Travolta et Isaac Hayes).

Cet accord IRS/scientologie a admis l'exemption d'impôts du groupe, non seulement pour l'audition, mais aussi bien, pour des cours dits religieux comme "Réussir grâce à la Communication" et "Anatomie du mental humain" Il faut observer que la Cour Suprème US avait maintenu le refus antérieur de l'IRS d'autoriser ces déductions pour auditions et cours scientologues.

Dans sa décision, le Tribunal Suprème faisait même observer que si l'on autorisait ces déductions, cela conduirait à ouvrir la voie à des demandes de déductions similaires pour les contribuables expédiant leurs enfants dans des écoles paroissiales... C'est beaucoup d'argent en jeu, car les américains dépensent 11 milliards de dollars en écoles paroissiales et éducation religieuse.

Cohen fit appel à l'IRS après le deal scientologie-IRS, afin qu'ils émettent un règlement clair sur les déductions autorisées ou pas. L'IRS n'a jamais répondu. "L'IRS se rend bien compte qu'avoir plié devant la scientologie était une erreur, et se refuse à amplifier l'erreur, " explique l'ex-commissaire IRS David C. Alexander: "il en résulte que les contribuables ne sont pas traîtés de façon équitable". Sklar ne pouvait se permettre de payer un avocat devant la cour d'appel. Mais il s'est documenté et a défendu lui-même son procès, un peu aidé par un avocat spécialisé de ses connaissances. "Mon principal souci est d'obtenir un traitement équitable, explique-t'il - je n'ai rien contre les scientologues; ce serait pareil pour n'importe quel autre groupe; c'est le gouvernement qui n'a pas fait ce qu'il fallait."

Opinion: Alexander pense que les donations non-scientologues ne sont pas déductibles, mais il pense que bien des contribuables le font néanmoins sans rien dire. Cohen pense de son côté que les contribuables envoyant leurs enfants à des cours strictement religieux peuvent normalement réclamer la déduction en raison du deal IRS-scientologhie. Pour l'instant, les non-scientologues qui voudraient déduire leurs études religieuses doivent prier pour que Cohen ait raison - ou se convertir. ?


   France : HUE - SHY - Energie Universelle

Un gourou présumé a été libéré

Midi LibreLe Monde, 5 septembre 2000 par Yanick Philipponnat

[Texte intégral]

Incarcéré depuis trois mois, Curtis Cao, leader de l'association "Energie.universelle", répertoriée comme secte, a été remis en liberté en. attendant d'être jugé.
Arrêté fin mai à Salses-le-Château (P-0) Curtis Cao était en détention pour "escroquerie " et "exercice illégal de la médecine"

Après plus de trois mois passés à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), le gourou présumé Curtis Cao, dit Duy est libre.

Une.liberté provisoire décidée lundi par la chambre d'accusation de la cour d'appel de Montpellier.. Et s'il devrait être bientôt jugé par le tribunal (1), on en sait désormais un peu plus sur les pratiques présumées de cet homme de 55 ans, présenté comme le gourou de l'association "Energie universelle et humaine" (EUH); répertoriée comme secte de type guérisseuse par le rapport parlementaire Guyard, et implantée en France depuis 1995, puis officiellement dissoute en 1998.

Le 31 mai dernier, suite à une plainte d'une habitante de Castelnau-le-Lez,- à côté de Montpellier; dont le mari avait
été embrigadé dans la secte, Duy avait été interpellé à Salses-le-Château (P-O) alors qu'il dirigeait un séminaire réunissant 250 fidèles, puis mis en examen pour " exercice illégal de la médecine " et " escroquerie " et incarcéré.

La méthode prédicatrice de Duy ? Des guérisons par apposition des mains. " Avec les soins en énergie universelle, il est possible de traiter toutes les maladies et de supprimer les médicaments ", dit un des documents retrouvés. Ainsi, plusieurs familles se sont tournées vers lui ou ses disciples pour recevoir des soins.

Une mère n'hésitait pas à venir de Toulouse pour guérir les fréquentes crises d'épilepsie de son fils. D'autres pour des scléroses en plaque ou encore des cancers de la prostate ou des dépressions... Un présumé exercice illégal de la médecine.

Contesté par un de ses avocats, Me Maryse Péchevis, qui a obtenu sa sortie de prison.

" Pour Cao, "soigner" signifiait soulager les souffrances du malade et non pas le guérir ". En fait, d'après ce qu'ont pu établir les gendarmes de la brigade de recherches départementale de Montpellier, Cao Curtis - qui a continué à soigner de sa cellule, à partir de photos envoyées par ses fidèles ! - avait mis sur pied une méthode d'enseignement à six niveaux. Les premiers niveaux étaient dispensés par des disciples alors que les "5" et "6" étaient l'exclusivité du grand maître. Une formation payante, bien sûr: 200 F pour les niveaux 1 et 2, et 500 F pour les niveaux de 3 à 6. Escroquerie donc pour le juge. Réfutée par son avocate : " IL n'y a pas eu de manoeuvre frauduleuse. L'argent récolté, il l'a renvoyé à des associations d'aide. En plus, il ne demandait que des petites sommes " relève Me Péchevis.
" L'astuce, c'est qu'il a pris peu à beaucoup de monde ", souligne de son côté une source proche de l'enquête. Ainsi, de nombreux séminaires de formation ont eu lieu un peu partout dans le grand Sud, zone d'implantation de la secte .

A Lattes par exemple, en octobre 1999, avec 300 personnes. Et à 500 F par tête, le calcul est vite fait...

Le gourou a donc pu "enseigner" à de nombreux disciples qui eux-mêmes ont formé de futurs "guérisseurs" dans tout le grand Sud. Combien exactement ? Un fichier de 3 500 personnes déjà formées a été retrouvé. L'implantation était donc très vivace: " Dans les trois ans à venir, on avait 35 000 guérisseurs ", remarque un enquêteur. Cao devra répondre de ces accusations devant le tribunal prochainement.


(1) Curtis Duy Cao a été placé sous contrôle judiciaire. Il s'est installé à Collioure. II ne peut pas sortir ' des départements des P?0, de l'Aude ' et de l'Hérault et sera jugé par le tribunal correctionnel de Montpellier. Il risque jusqu'à cinq ans de prison.

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Note : HUE a comme créateur et gourou celui qui se fait appeler Maître Dang et qui exerce dans le monde entier. Cao Duy n'a sévvi que dans le sud de la France mais c'est déjà trop ! Il a, tout simplement copié les méthodes de Dang tant pour ce qui concerne les stages que les prétendus "soins". Voir le dossier HUE. Incarcéré en Belgique, Dang a été remis en liberté sous caution de 50 000 000 de FB. Il s'est retiré à Saint Louis Missouri (USA)

Les appels concernant HUE sont en augmentation depuis un mois, le secte qui s'était faite discrête reprend de l'activité et donc ses dégâts. Mathieu Cossu.


   Chine : Sectes

Pékin arrête 130 adeptes d'une "secte hérétique"

L'Humanité, 6 septembre 2000, par Luc Rosenzweig

[Texte intégral]

Ces protestants clandestins de l'Église Fangsheng auraient "troublé la vie normale des gens" lors d'un rassemblement illégal.

Sun Yuxi, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a affirmé qu'il n'existait pas "d'Église Fangsheng", mais qu'il s'agissait d'une "secte hérétique".

Selon le centre d'information pour les droits de l'homme et la démocratie, 85 des 130 personnes interpellées ont été inculpées. Par ailleurs, le parti d'opposition chinois Parti démocrate chinois (PDC-interdit) a réclamé la libération immédiate de tous ses membres emprisonnés en Chine dans une lettre ouverte au président chinois Jiang Zemin.


   Etats-Unis : Sectes

Les Etats-Unis ont dénoncé mardi dans un rapport les violations massives des libertés religieuses...

AFP, 5 septembre 2000, par Luc Rosenzweig

[Texte intégral]

NEW YORK, - Les Etats-Unis ont dénoncé mardi dans un rapport les violations massives des libertés religieuses en Asie et au Proche-orient, mais aussi la tentation de pays européens de mettre à l'index certains cultes au nom de la lutte contre les sectes.

Le rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde examine les cas de 194 pays, mais les abus les plus graves sont relevés en Asie et au Proche-Orient.

Le rapport épingle aussi des pays alliés des Etats-Unis comme l'Arabie saoudite et Israël, et consacre de larges passages à des pays européens comme la France ou l'Allemagne pour leur attitude vis-à-vis de groupes que ces pays considèrent comme des sectes.

Ce rapport devait être présenté à New York en milieu de journée par le secrétaire d'Etat Madeleine Albright, à la veille du sommet du Millénaire qui va réunir à partir de mercredi un parterre exceptionnel de chefs d'Etat et de gouvernement.

Bien que 144 nations soient signataires de la convention sur les droits civils et politiques, qui prévoit explicitement la liberté de culte, "une large part de la population mondiale vit dans des pays où le droit à la liberté de religion est restreint ou interdit", souligne le rapport.

L'Asie vient en tête des régions où la liberté de culte est le plus largement bafouée, avec 6 pays -Afghanistan, Birmanie, Chine, Laos, Corée du Nord, Vietnam- accusés de "chercher à contrôler les croyances ou la liberté religieuse de manière totalitaire ou autoritaire". Cuba est le seul pays non-asiatique à entrer dans cette catégorie.

Comme les années précédentes, la Chine fait l'objet d'une chapitre particulièrement critique. L'administration américaine y relève une "augmentation des restrictions" imposées aux bouddhistes tibétains, aux Ouïgours musulmans, aux membres de la secte Falungong ainsi qu'aux églises catholiques ou protestantes non reconnues par le pouvoir.

En Irak, Washington dénonce une "campagne brutale de meurtres, exécutions sommaires et détentions abritraires" contre les musulmans chiites, pourtant majoritaires dans le pays.

En Iran, le département d'Etat relève la répression de la communauté baha'ï iranienne, ainsi que la condamnation à des peine de prisons de dix juifs et deux musulmans de Chiraz (centre), accusés d'espionnage, au terme d'un procès n'offrant pour Washington pas de garanties d'impartialité.

Le rapport critique toutefois aussi des alliés traditionnels des Etats-Unis, en particulier l'Arabie saoudite, relevant que "la liberté religieuse n'existe pas dans ce pays".

Israël est également cité pour les "discriminations diverses" à l'égard des Arabes musulmans du pays, notamment en matière d'accès à l'éducation, aux soins et aux prestations sociales.

Plusieurs pays autrefois membres du bloc soviétique ou intégrés à l'URSS, comme la Russie, l'Arménie, le Bélarus, la Bulgarie ou la Roumanie, sont accusés de chercher à restreindre les libertés de certains cultes minoritaires. En Serbie le président yougoslave slobodan Milosevic est acusé d'attiser les tensions religieuses pour asseoir son pouvoir personnel.

Cinq autres pays européens -France, Allemagne, République tchèque, Belgique et Autriche- sont quant à eux accusés de "stigmatiser certaines religions en les associant à tort à des sectes dangereuses".

En France, divers travaux parlementaires, notamment la publication d'une liste de 173 groupes considérés comme des sectes, ont contribué à créer "une atmosphère d'intolérance envers les minorités religieuses", estime l'administration américaine.

Le rapport reproche aux autorités allemandes d'avoir "créé un climat qui encourage la discrimination" envers les adeptes de l'Eglise de scientologie.

 


   France : Sectes

Washington, juge de la liberté religieuse

La Croix, 7 septembre 2000, par Yves Pitette

[Texte intégral]

Le rapport annuel du département d'Etat sur la liberté religieuse met une nouvelle fois en cause plusieurs pays européens, dont la France, qui " stigmatisent certaines religions en les associant à tort à des sectes dangereuses ".

Comme chaque année, le secrétariat d'Etat américain a publié son rapport sur la liberté religieuse dans le monde. Et, comme chaque année, plusieurs pays européens enragent d'être mis en accusation au nom de critères qu'ils ne partagent pas.

Enjeu principal de la polémique ainsi rouverte avec la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Autriche et la République tchèque, les groupes que les Américains appellent " religions minoritaires " et les Européens " sectes ".

Il faut d'abord comprendre ce qui pousse les Américains à ce genre d'enquête. C'est toute une culture.

Les Etats-Unis ont été fondés par des minoritaires, protestants puritains, chassés de chez eux pour des raisons religieuses et partis outre-Atlantique vivre et prier comme ils l'entendaient, en toute tranquillité. Second élément culturel, le lobbying, une seconde nature chez des Américains volontiers procéduriers et pour qui chacun a droit à ses défenseurs. Combinées, ces deux traditions expliquent - ce qui pourra surprendre - que l'Eglise catholique américaine a chargé un lobbyiste de défendre les droits des scientologues, ce qu'il est venu faire jusqu'en Europe.

La même Eglise américaine entretient d'ailleurs un dialogue théologique tout à fait officiel avec la secte Moon.

Reste la tentation permanente de l'hégémonisme. Les Etats-Unis, gendarme du monde et gouverneur tout aussi autoproclamé de l'économie mondiale, trouvent tout naturel que leur culture s'impose à travers le monde. Leur conception de la liberté religieuse en fait partie. Cela n'est pas impossible à comprendre pour des Français attachés à répandre leur conception des droits de l'homme. Même si, en diverses parties du monde, notamment en Asie, on leur oppose que cette conception est " européocentrée ".

Ce qui sépare les Etats-Unis des pays européens en lutte contre certaines sectes, c'est le souci de l'individu et de sa liberté. Si l'Eglise de France a publié une série de critères pour définir une dérive sectaire, l'Etat, laïcité oblige, s'interdit en France toute définition juridique de la religion. Et quand une cour d'appel, dans l'affaire de la scientologie lyonnaise, paraît y avoir procédé, la cour de cassation dit bientôt cette définition sans objet.

Ce qui est combattu en France et dans les pays d'Europe concernés, ce n'est pas la " minorité religieuse ", mais ses agissements en ce qu'ils empiètent sur la liberté individuelle - le débat sur la manipulation mentale - ou troublent la paix civile, par exemple par des escroqueries.

Mais, vu du pays des télévangélistes où l'argent est transparent mais omniprésent, c'est difficile à comprendre.


   France : Sectes

Du direct sur la corde raide

Le Monde, 9 septembre 2000, par Luc Rosenzweig

[Texte intégral]

L'émission du jeudi 7 septembre sur France 3 était consacrée au problème de la lutte contre les sectes et était diffusée de la cinémathèque de Toulouse, puisque nombre d'invités, coincés par les événements que l'on sait, n'étaient pas, en début d'émission, parvenus à rejoindre le lieu du débat.

De quoi donner des sueurs à Michel Field, qui n'avait pas besoin de ce handicap pour craindre que l'affaire ne tourne à la confusion, puisqu'il avait invité ensemble des membres de groupements estampillés sectes, comme l'Église de scientologie et les raéliens, des représentants de religions reconnues, catholique et protestante, et des spécialistes du combat contre les sectes.

Beaucoup de monde sur le plateau, Field au milieu en " arbitre " et " modérateur ", pas tout à fait neutre pourtant, tant transparaît chez lui l'amour de la Raison et le gène des Lumières.

Il était fascinant de voir les représentants patentés des sectes, dans un discours taillé au cordeau et répétitif, se présenter en victime du totalitarisme supposé du Parlement, qui est en train d'adopter une loi punissant les auteurs de manipulation mentale.

Passons sur le ridicule consistant à comparer la France de l'an 2000 avec l'Allemagne de Hitler et l'Italie de Mussolini, et examinons un argument plus pervers développé par ceux qui se proclament les fidèles des religions minoritaires.

À les entendre, le projet de loi visant à limiter leurs nuisances serait " ringard et franchouillard ", puisque, aux Etats-Unis, ces mêmes sectes peuvent, sans entraves, recruter et prospérer. Qu'y a-t-il de pire, aujourd'hui, que de porter cette étiquette en forme de béret basque et de baguette de pain ? De n'être pas " tendance " en regardant avec circonspection ces produits spirituels qui sont à la religion ce que le McDo est à la vraie bouffe ?

Sachons gré à Michel Field d'avoir su, dans ces conditions, rendre visibles toutes ces contradictions sans transformer les téléspectateurs en voyeurs, et pardonnons-lui les quelques pataquès qui lui échappèrent dans le feu d'un débat qu'il maîtrisa de bout en bout. Vive le direct !


   France : Sectes

"Sectes tueuses, le miroir aux alouettes"

Libération, 9 septembre 2000, par Sophie Rostain

[Texte intégral]

Les rouages de quatre "Sectes tueuses". Transes fatales

Les start-up vous ennuient, vous les trouvez banales: optez pour la classe au- dessus, la secte, et mirez un peu ce docu de Catherine Berthillier et Bernard Vaillot. Prenant les exemples de quatre sectes, l'Ordre du temple solaire de Jo Di Mambro (53 morts en 1994, 1995, 1997), Aum, vérité suprême de Shoko Asahara (attentat au sarin dans le métro de Tokyo, 12 morts, plus de 5 000 blessés), la branche des davidiens de David Koresh (74 morts à Waco en 1993) et le Temple du peuple de Jim Jones (923 morts au Guyana en 1978), il en analyse les fonctionnements conscients et inconscients. Ce premier volet est consacré aux adeptes, embobinés par des vidéos de recrutement démentes (ah, les lévitations du gourou d'Aum) où l'essentiel est dit: la secte fonctionne comme une Mère idéale, surpuissante et aimante, qui protège ses enfants du Mal extérieur, une "famille de substitution" qui emploie "l'arme de séduction la plus efficace, [...] l'amour", ainsi que l'analyse Jean-Marie Abgrall, psychiatre et criminologue.

Si la lucidité des témoins survivants est à la hauteur de leur cécité de jadis, ça fait peur. Herman Delorme, ex du Temple solaire, se souvient de la puissance de cette "drogue émotive", du baume posé sur son ego par Jo Di Mambro et son sbire, Luc Jourret.

Le deuxième volet, Ces hommes qui se prenaient pour Dieu (samedi prochain), pousse plus loin l'analyse des profils psychologiques de ces gourous qui, adulés par leurs fidèles, finirent par confondre rêve et réalité et se prendre pour leur image.


   France : Nouvelles Acropole

Manifestation antisecte

Le Parisien, 10 septembre 2000, par Damien Gourlet

[Texte intégral]

«Secte fascisante"," Attention danger : secte ". Le message lancé par les manifestants rassemblés hier devant le siègede la Nouvelle Acropole était on ne peut plus clair.

A l'appel de nombreuses organisations dont la Fédération des parents d'élèves (FCPE), ils étaient plusieurs dizaines, surtout des mères de famille, à être venus dénoncer cette association épinglée par la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes.

Classée parmi les sectes néo-fascistes, la Nouvelle Acropole distribue depuis plusieurs années des tracts proposant notamment des cours de philosophie ou des rencontres culturelles. Un programme susceptible de plaire aux adolescents et qui inquiète considérablement bon nombre de parents d'élèves.

Installée à quelques centaines de mètres de la mairie du XVe, l'association se trouve en effet à proximité d'une bonne dizaine d'établissements scolaires. « Ils affirment oeuvrer pour les droits de l'homme, ils parlent de films comme “Matrix” ou “la Guerre des étoiles” : comment voulez-vous qu'un ado résiste à ça ? » s'indigne Christine Rose, de la FCPE.

Même son de cloche chez Xavier Laugaudin, président d'Attention-Enfants, une association qui lutte contre le prosélitysme sectaire à destination des jeunes : « Les sectes se servent des adolescents pour pénétrer les familles. »

Le problème est visiblement pris très au sérieux par la classe politique. Cécile Renson, adjointe au maire à la Santé, et Anne Hidalgo, future tête de liste PS, s'étaient déplacées pour faire part de leur inquiétude aux manifestants.

 


   France : Anthroposophie

Les écoles Steiner victimes de sectarisme

Libération 11 septembre 2000 par Ondine Millot

[Texte intégral]

Le rapport d'inspection parlementaire remis en cause.

«On peut se demander si l'on ne cherche pas à gommer la personnalité des individus à travers l'uniformité du geste et du vêtement.»
Le rapport d'inspection

Une «bavure», un «excès de zèle». Les mots reviennent dans les discours de parents d'élèves, d'anciens élèves, mais aussi de l'Adfi, l'Association française de défense des familles et des individus contre les sectes. En incluant les écoles Steiner (1) dans le rapport «les Sectes et l'argent» de juin 1999, les parlementaires français seraient «allés trop loin». «Dans ce rapport, il y a des erreurs», explique Jeanine Tavernier, présidente de l'Adfi. «Les écoles Steiner forment des enfants ouverts sur tout: les langues étrangères, la musique, les voyages. C'est le contraire d'une secte.» Rémy Hess, responsable de la cellule éducation du mouvement des Verts, professeur à l'université Paris VIII, est du même avis: «Les écoles Steiner sont ouvertes à la discussion, à la confrontation. Leurs représentants sont venus nous voir à l'université pour nous proposer de travailler ensemble.»

Jacques Guyard, président du rapport controversé et député de l'Essonne, n'admet pas avoir commis une «erreur»: «Les écoles Steiner ont fait un vrai effort pour se démarquer de toute dérive sectaire. C'est l'anthroposophie (2), courant issu de la pensée de Steiner, qui nous inquiète.» Un discours modéré qui fait suite à sa condamnation, au mois de mars, pour des propos «diffamatoires» tenus sur France 2 à l'égard des écoles Steiner. «Il y a des choses intéressantes dans cette pédagogie. Quand j'étais professeur en IUFM, j'y consacrais un cours», rassure-t-il, bien qu'il ait fait appel de sa condamnation.

Le problème c'est que, malgré ces propos apaisants, la bavure des chasseurs de sectes a eu pour conséquence une opération musclée «inédite» commandée par le ministère de l'Education nationale: l'inspection simultanée, le 14 décembre 1999, de quatorze écoles Steiner. Resté longtemps confidentiel, le rapport d'inspection a filtré cet été dans la presse, qui a dénoncé les dangers d'une pédagogie «mystique».

Le Centre contre les manipulations mentales (CCMM) ne se cache pas d'avoir encouragé cette campagne. «Ces écoles, c'est un mode de vie parallèle, avec refus des vaccinations, pratiques ésotériques, volonté de former un "homme nouveau"», assure Hayat El Mountacir, chercheuse au CCMM. Pour appuyer ses propos, elle choisit quelques passages «gratinés» du rapport. Les inspecteurs relèvent «l'absence d'esprit critique» des élèves, «transformés en exécutants gentils mais béats». Les cours d'eurythmie leur paraissent «étranges»: «On peut se demander si l'on ne cherche pas à gommer la personnalité des individus à travers l'uniformité du geste et du vêtement», note un inspecteur. Enfin, faits incontestables, certaines consignes de sécurité ne sont pas respectées, et plusieurs enfants n'ont pas été vaccinés.

A la Fédération des écoles Steiner, qui regroupe les dix-sept établissements français, on se dit profondément choqué par ces affirmations. Son président, Jacques Dallé, s'insurge: «Le 14 décembre 1999, les inspecteurs ne sont restés qu'un quart d'heure dans les classes. Ils n'ont pas cherché à comprendre notre pédagogie.» Le porte-parole des 180 écoles Steiner d'Allemagne (sur 600 dans le monde), appelées «Waldorfschule» et reconnues par l'Etat, le soutient: «Dans la chasse aux sectes, les Français se sont laissés aller à ratisser un peu trop large.»

Calmer le jeu. Face à ces protestations, Daniel Groscolas, responsable de la cellule pour la prévention du phénomène sectaire au ministère de l'Education nationale, s'emploie à calmer le jeu: «Nous n'avons trouvé aucune trace de lien sectaire lors de nos inspections. Nous maintenons le contact avec la Fédération des écoles Steiner, qui s'est engagée à faire le nécessaire sur les problèmes de sécurité et de vaccinations.» La présence de théories fumeuses sur «l'évolution des races» dans les écrits de Rudolf Steiner, fondateur de la première école en 1919, ne l'inquiète pas particulièrement: «Les écoles Steiner n'enseignent pas l'anthroposophie à leurs élèves. Nous n'avons jamais relevé de message à caractère raciste dans les cahiers.»

Sous-qualification. Le seul «danger» relève, d'après Daniel Groscolas, de la «sous-qualification de certains enseignants». Bien qu'il existe un centre de formation à la pédagogie Steiner à Chatou (Yvelines), les écoles hors contrat ne réclament aucun diplôme particulier. Certaines personnes, recrutées sur entretien, commencent ainsi directement à enseigner sous le «parrainage» d'un professeur confirmé. L'ennui, c'est que, dans les 6 000 conférences et 40 ouvrages de Steiner, les nombreux appels à «l'éveil des âmes» ou à la «régénération de l'esprit par la matière» peuvent facilement attirer tous les allumés de la terre. «On voit parfois arriver des personnes dérangées, admet Jacques Dallé, mais elles ne restent jamais longtemps chez nous.»

Contacté par Jacques Dallé, le ministre de l'Education, Jack Lang, a promis d'aller faire un petit tour dans une école Steiner. «L'Education nationale doit arrêter de vouloir faire rentrer toutes les écoles dans le moule républicain, milite le Vert Rémy Hess. Il faut laisser leur chance aux écoles différentes et innovantes.» Le ministre, qui vient de créer une cellule «innovation», ne devrait pas rester insensible à de tels arguments.


(1) Rudolf Steiner, théoricien et pédagogue allemand du début du siècle, fondateur d'écoles où l'enfant évolue par «septaines»: de 0 à 7 ans, dans l'imitation, de 7 ans à la puberté, dans la création artistique; ensuite, il intellectualise et conceptualise.

(2) Philosophie aux aspects ésotériques, tirée des écrits de Steiner, influencé par l'œuvre de Goethe.


   France :Anthroposophie

«Un cadre familial où les enfants se sentent libres»

Libération 11 septembre 2000 par Ondine Millot

[Texte intégral]

L'école Steiner de Chatou, fondée en 1957, accueille 380 élèves.

«Tout de suite, les profs ont fait attention à moi. Dans mon ancien lycée, c'était l'usine, les profs nous connaissaient à peine.»
Gabrielle
Au jardin d'enfants Perceval, à Chatou (Yvelines), les murs sont roses et bleu pastel, il y a des paniers de pommes sur les chaises et de grands tournesols dans un vase. John et Colin, deux bambins de 5 ans et demi, s'affairent autour d'une minitable, l'air hautement préoccupé. Ce sont eux qui, cette semaine, sont chargés de mettre le couvert du déjeuner. Apparemment, ils ont un gros différend de méthode. «Mais nooon! Les p'tites cuy-lières, y faut pas les mettre comme ça!» La maîtresse les regarde, l'œil attendri. «Ça fait partie de la pédagogie Steiner de laisser faire les enfants. On recrée un cadre familial où ils se sentent libres, comme à la maison.» Fondée en 1957, l'école Perceval de Chatou accueille 380 enfants, du jardin d'enfants à la terminale. Privée, mais sous contrat, c'est-à-dire subventionnée et contrôlée par l'Education nationale, elle «s'inspire» pour sa pédagogie des idées de Rudolf Steiner, fondateur de l'anthroposophie.

«Guten Tag». «Les théories de Steiner sont des hypothèses de travail, sûrement pas des paroles d'Evangile», annonce d'emblée Isabelle Ablard, professeur responsable des classes de 6e. Dans la cour, des bambins aux blouses tachées de peinture jouent à chat perché. Pour rentrer en classe, ils ne se mettent pas en rang, mais s'engouffrent au fur et à mesure, en n'oubliant pas de serrer la main au professeur qui les attend. «Guten Tag, Frau Vetter!» - «Guten Tag, Marine!» Assis en rond, les élèves discutent tranquillement en allemand. «Ils ne sont qu'en CM2, explique leur professeur, mais ici on commence l'anglais et l'allemand dès le CP.» Dans la salle d'à côté, des 3e transforment de longues brindilles d'osier en paniers plus ou moins droits. «Ça, c'est notre atelier de vannerie, commente la directrice, Danièle Burlotte. Mais ils font aussi du moulage, de la peinture, de la menuiserie, de la dinanderie...»

Midi. Ruée vers la cantine. Profs et élèves sont assis côte à côte. Le débat du jour, à la table des terminales, c'est le voyage de fin d'année. Les élèves choisissent leur destination. «J'aimerais mieux Sarajevo que Prague, commente Anaïs, une grande fille aux boucles cuivrées. A Sarajevo, on a la possibilité de participer à un chantier humanitaire, de nous rendre vraiment utiles.» Sa voisine, Gabrielle, hoche la tête. A 18 ans, elle vient de faire sa première rentrée à l'école Perceval, mais se sent déjà «emballée». «Tout de suite, les profs ont fait attention à moi, ils m'ont proposé des projets. Dans mon ancien lycée, c'était l'usine, les profs nous connaissaient à peine.»

Arabesques. La cloche sonne à nouveau. C'est l'heure du cours d'eurythmie, discipline qui marie danse, solfège et expression théâtrale. Dans une grande salle en bois, des adolescents évoluent sur un morceau de Schubert. Il y le «groupe de basses», dont les déplacements forment de grandes arabesques, et les «mélodiques», aux pas plus rapides. Deux mois de vacances scolaires ont embrumé les esprits: les enfants s'emmêlent les pieds, se bousculent, rigolent. «L'important, c'est qu'ils apprennent à travailler en groupe, à compter à la fois sur l'autre et sur eux-mêmes, commente le professeur. C'est notre éducation civique à nous.»

Avec une scolarité plus ouverte aux disciplines artistiques et moins contraignante, l'école Perceval espère «remettre en confiance» des élèves parfois en difficulté. «Pour certains, il suffit de supprimer la pression des notes et ils s'épanouissent. Pour d'autres, c'est plus compliqué, reconnaît Isabelle Ablard. On ne dit pas qu'on y arrive à chaque fois, mais au moins, laissez-nous essayer!».


   Suisse : Sectes

Les sectes : un rempart contre la fragilité intérieure

Lu sur le Web 12 septembre 2000 Propos, par Marlyse Tschui

[Texte intégral]

Qu'est-ce qui nous pousse à adhérer à une secte ou à tout mouvement se réclamant d'une idéologie forte?
Théologien, psychologue et psychanalyste, le professeur Thierry de Saussure s'intéresse aux motivations inconscientes des adeptes.

On les qualifie d'intégristes, de fondamentalistes, de fanatiques ou de dogmatiques. Leur étiquette est religieuse, politique ou culturelle au sens le plus large. Quoi qu'il en soit, les groupements sectaires partagent tous une même et solide conviction: celle de détenir la vérité absolue. Conviction qui leur permet de condamner en bloc tous ceux qui pensent autrement.

En observant les comportements d'un groupe fondamentaliste, on est frappé par cette nécessité de délimiter la vérité. Les manifestations sectaires se caractérisent par une très forte affirmation d'une identité collective, avec une référence à un modèle, à un gourou, à un chef... ou à Dieu lui-même, et par une tendance à définir de manière très précise le vrai et le faux, le bien et le mal , remarque Thierry de Saussure. Professeur extraordinaire à l'Université de Lausanne, chargé de cours à l'Université de Genève, Thierry de Saussure s'est longuement penché sur ce phénomène:

Je ne suis pas un spécialiste des sectes, je m'intéresse plutôt à ce qui rend l'être humain sectaire ou fanatique. Il ne s'agit pas de classifier ou de psychiatriser l'intégrisme. Mais si l'on veut s'intéresser à ce qui se passe dans les dérives intégristes ou fanatiques, on se doit de comprendre ce qui se passe en chaque être humain, au-delà des facteurs historiques, sociologiques ou culturels. Pour que l'identité de l'enfant puisse se construire sur des bases suffisamment solides, il a d'abord besoin de se savoir aimé dans le regard de ses parents. Consolidé par l'amour reçu, il est capable d'aimer autrui, quoique différent de lui, sans se sentir menacé. Afin de s'assurer l'amour de ses proches, l'enfant se conforme de son mieux à ce qu'il croit que ses parents attendent de lui. De la même manière, pour être sûr d'être aimé de Dieu, le fidèle cherche à fixer son comportement le plus près possible de ce qu'il croit être la vérité.

Le fondamentalisme, qu'est-ce d'autre que le respect à la lettre de l'Ecriture et de la tradition, pour se croire le plus aimé? Chaque enfant compose progressivement son identité, en prenant appui sur des modèles: ses parents, des personnes de son entourage, voire des personnalités connues. Cette identification lui permet de développer ses propres potentialités. Mais il arrive qu'un jeune, pour s'assurer l'estime et l'amour des siens, emprunte des caractéristiques qui ne sont pas les siennes, développant ce qu'on appelle un faux self , une personnalité d'emprunt. Plus l'identité d'un individu est fragile, moins il se sent digne d'amour, plus il sera tenté de recourir à l'imitation de personnes influentes, de solliciter leur approbation.

Cela explique pourquoi un leader exerce une fascination sur ceux dont l'identité personnelle a du mal à se construire. Pour des êtres sujets aux angoisses, les références dogmatiques sont recherchées comme une forteresse où s'abriter. En suivant un leader et en appartenant à un groupe convaincu de détenir la vérité, les personnes à l'identité chancelante trouvent un remède à leur sentiment d'infériorité: cette appartenance leur permet de condamner ceux qui sont dans l'erreur, donc de se sentir supérieures.

La soumission au chef idéalisé et l'obéissance à la doctrine remplacent chez les adeptes l'amour vivant, ouvert aux autres. Dans un tel groupe, c'est le côté défensif qui prend le dessus: pour protéger son identité, il faut combattre les mauvais, ceux qui pensent autrement, croient autrement, vivent autrement. On peut ainsi en arriver à se sentir autorisé à détruire les autres, puisqu'ils sont l'incarnation du mal.

Dans les cas extrêmes, cette agressivité peut se retourner contre la secte elle-même: lorsqu'on s'aperçoit qu'on ne parvient pas à convaincre et à conquérir le monde, il ne reste plus qu'à se soustraire à ce monde mauvais pour rejoindre un hypothétique paradis. Le suicide devient alors un idéal. La personne qui adhère à une secte peut perdre tout jugement critique: elle est tellement emballée par la dynamique collective de la vérité, du chef, qu'elle régresse quant à son pouvoir critique d'adulte. Le système doctrinaire lui donne l'illusion de distinguer le bien et le mal, de se trouver du bon côté en projetant tout le mal à l'extérieur, et sur autrui. Une manière de se déresponsabiliser et de fuir ses propres conflits internes...

Nous nous trouvons, avec les caractéristiques de ces mouvements, en présence de solutions qui évacuent la plus difficile et la plus extraordinaire question qui soit posée à toute vie humaine: comment puis-je, jour après jour, réussir à la fois à m'aimer moi-même et à aimer tout autant l'autre, si différent? Car cela ne cesse de nous apparaître comme contradictoire, insécurisant. Quelle provocation à oser vivre une identité personnelle solide, une certitude de sa valeur découverte et à trouver dès lors les moyens d'une ouverture souple et attentive à autrui, à la différence, à la nouveauté!

C'est ici, précisément, que se rejoignent la maturité et l'esprit d'enfance.


   France : École active européenne Européa

Mise au point

Dans le dossier sur les sectes paru dans Le Nouvel Observateur du 6 juillet dernier (n°1861), Hubert Prolongeau cite l'école Européa, école qui a remplacé après sa liquidation judiciaire l'école Enixia, " pour surdoués ", " fondée par d'anciens raéliens, qui affirment avoir coupé les ponts avec la secte ", relevant que " la direction d'Européa est assurée par une ancienne enseignante d'Enixia ".

En effet l'école Européa a été créée fin 1999 par les parents d'élèves et les enseignants de l'école Enixia après la liquidation judiciaire de celle-ci. Non seulement la directrice actuelle, mais la plupart des enseignants d'Européa sont des anciens enseignants d'Enixia. Doit-on pour autant relancer les rumeurs et stigmatiser cette école ?

Comme le confirmait dans une lettre du 14 décembre 1999 M. Groscolas, inspecteur général de l'Éducation nationale, responsable de la cellule de prévention des phénomènes sectaires dans l'éducation du ministère de l'Éducation nationale, " à ce jour aucun enseignant de l'ancienne école Enixia ne semble lié à une organisation sectaire ".

Qu'on se rassure, rien n'a changé depuis. Outre les contacts avec l'Éducation nationale, la création d'Européa ne s'est pas faite sans rencontrer élus et parlementaires locaux et plusieurs associations de lutte contre les sectes, qui peuvent aussi apporter leurs témoignages.

Pas plus qu'Enixia, Européa n'est une école pour surdoués, dans le sens où elle leur serait réservée, les sélectionnerait, les isolerait et voudrait en faire l'élite de la société.

Au contraire, Européa accueille dans les mêmes classes toutes sortes d'enfants : sans problèmes, atteints de diverses difficultés ou surdoués, à la recherche d'une éducation plus adaptée. Son objectif est que chaque enfant puisse se développer harmonieusement et à son rythme.

Loin d'être fermée sur elle-même, par sa pédagogie, ses petits effectifs, son équipe pédagogique formée, son approche pluridisciplinaire, cette école s'inscrit dans une démarche beaucoup plus large de formation, de réflexion et de recherche sur l'école, la formation et la pédagogie en général, s'appuyant entre autre sur un laboratoire de recherche issu du CNRS. Européa n'est pas une école clandestine (70 enfants, c'est difficile à cacher !).

Elle est bien entendu soumise aux contrôles de l'Éducation nationale. Nous sommes ouverts à tout parent, association, journaliste, qui souhaiterait nous rencontrer. Si cette école est " hors contrat ", et donc obligée de s'autofinancer complètement, c'est en raison de son jeune âge : il faut 5 ans d'existence pour qu'une école puisse demander à passer un contrat avec l'État, qui ne les attribue pas à la légère. Nous attendons cette échéance.

A Courtaboeuf, le 12 septembre 2000
Rémi Chipaux, président d'Européa
Association " loi de 1901 " déclarée en sous-préfecture de Palaiseau le 16 novembre 1999 (J.O. du 11 décembre 1999),

16 avenue de la Baltique, 91953 Courtaboeuf cedex,
tél. 01 64 4616 58 - SIRET: 42896651900012 - APE : 801Z


   Belgique : Trois Saints Coeurs

Note de synthèse

Morlach, 13 septembre 2000

[Texte intégral]

I. Introduction
Ce document constitue une synthèse des informations contenues dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire belge .

II. Synthèse
La secte, les " Trois Saints Cours ", fondée par les frères Melchior, faisaient fabriquer par la S.A. Pianto un produit diététique. La société Pianto avait son siège social au Grand-duché du Luxembourg. Le produit était distribué par la secte. Elle prétendait guérir toutes les maladies avec le pianto, y compris le SIDA.

Actuellement, la société luxembourgeoise Arxhe fait de la publicité pour le pianto et le " bio saint Joseph ". La société affirme que ces produits ont été créés dans un laboratoire de l'université catholique de Louvain-la-Neuve. Ses créateurs seraient André Melchior et Joseph Fraiteur.

Les éditions Biologos (appartenant au groupe) ont publié une brochure publiant les maladies qui pourraient être soignées au moyen de ces faux médicaments. Des membres de la secte ont fait l'objet d'une procédure judiciaire pour enlèvement de mineur. Roger Melchior a notamment été condamné à 18 mois de prison ferme, le 30 avril 1975 par la troisième chambre du tribunal correctionnel de Mons, pour l'enlèvement d'une jeune fille mineure. Cette dernière avait été retrouvée dans une chaudière lors d'une perquisition à Brunoy.

La " Papesse ", Isabelle Westphal, a été condamnée à 4 mois de prison ferme. Ils ont comparu devant le tribunal en faisant le salut nazi.

Le 1er octobre 1987, le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné Robert Melchior pour infractions aux lois fiscales et aux lois coordonnées sur les sociétés commerciales, pour faux en écritures et faits d'extorsion. L'enquête a révélé que la société ne prenait pas réellement de risques. La société n'avait pas de caution. Des procès-verbaux avaient été rédigés pour des assemblées générales qui n'avaient jamais eu lieu. De fausses fiches de salaires et comptes individuels ont été commis. Ces infractions ont été commises pour éluder l'impôt.

En ce qui concerne le fonctionnement du groupe. Roger Melchior se faisait appeler le " Pape Jean ". Les enquêteurs ont remarqué qu'après un certain temps, l'attitude de convivialité observée au départ au sein de la secte disparaît. Le climat émotionnel change au point que la personne ne peut plus quitter le groupe de son plein gré. On assiste à un éloignement induit par rapport à la famille et au milieu d'origine. Les droits et obligations des membres diffèrent largement en fonction de la hiérarchie du groupe. Ainsi, l'ascèse imposée aux membres de la secte n'est pas partagée par le gourou. Les membres de la secte n'hésitent pas à mentir et refusent toute forme d'audit externe qui pourrait contredire les vérités proférées au sein du groupe.

Les membres étaient obligés de verser leurs biens à la secte. Un adepte de la secte a intenté un procès à Diekirch pour obtenir son inscription à la caisse de maladie-invalidité et de pension. Il espérait également récupérer l'argent qu'il a versé à la secte.

La Cour d'Appel de Paris a annulé la donation du produit de la vente d'une habitation. La donation avait été extorquée par la violence. L'habitation avait été vendue à la société Jojema, qui est une excroissance de la secte. Un arrêt de la Cour de Cassation française estime que la constatation que les violences morales et physiques sont " de nature à faire impression sur une personne raisonnable et à inspirer la crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent " relève de l'appréciation souveraine de la Cour d'Appel .

La personne qui voulait quitter la secte était rejetée par la secte et dénigrée en son sein. Roger Melchior et Isabelle Westphal se sont enfuis au Grand-duché du Luxembourg, à Wincrange. Ils y ont recréé un groupement dont le patrimoine est évalué à un milliard de francs belges.


   France :Scientologie

Lettre du CCMM au Préfet de Police

CCMM - 138, avenue Félix-Faure,
75015 PARIS
Tél. 01 53 98 73 98 - Fax 01 53 98 73 99
site irnternet , http://wwvv.ccmm.asso.fr

Paris, le 13 septembre 2000

Monsieur Philippe MASSON
Préfet de Police
7, boulevard du Palais
75004 PARIS

Monsieur le préfet de police,

Nous avons été informés de la demande d'autorisation pour une manifestation publique à Paris formulée par le "Cormité français des scientologues contre la discrimination". Cette manifestation, programmée le 23 octobre prochain, a pour objet d'abuser l'opinion publique et pour ambition de désigner la France à la vindicte universelle pour "le climat de haine contre la religion" que les députés français ? à l'unanimité ? sont supposés favoriser.

La demande du Comité scientologue fait suite à un "Appel aux Armes" lancé du territoire américain par M. Heber Jentzsch, président de l'Église de scientologie. Dans sa proclamation, à la face du monde, celui-ci ne craint ni la diffamation (la France serait en Europe le pays où le taux d'internements psychiatriques forcés serait le plus élevé), ni l'amalgame mensonger ("les Baptistes - religion du président et du Vice-président U.S." - n'ont jamais été cités dans la liste des 172 organismes sectaires répertoriés dans le rapport parlementaire de 1995) ni même l'emploi du jargon propre à la scientologie(les SP - personnes suppressives- n'existent que dans l'imagination du fondateur de la secte).

Nous ne pouvons qu'exprimer notre surprise et notre indignation que les scientologues, associés à d'autres organisations sectaires, soient autorisés à occuper les rues de la capitale sur appel d'une personnalité étrangère qui proclame avec agressivité son intention de mettre la France au ban des nations. Le désir de domination par la scientologie doit être pris au sérieux.

Laissant tomber sa défroque religieuse, par cet "Appel aux Armes", cette organisation révèle sa nature totalitaire et la volonté de ses dirigeants de neutraliser ou de détruire tous ceux qui la contestent.

II apparaôt que le 23 octobre, si cette manifestation, même étroitement encadrée se déroule, subsisteront des risques sérieux pour la sécurité publique.
Il est de notre devoir d'appeler votre attention sur de tels risques.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le préfet de police, l'assurance de notre considération distinguée.

Jean-Pierre Bousquet
Directeur des Publications


   Afghanistan : Intégrisme

Pétition pour la dignité des femmes afghanes

Un grand pays vient d'accuser la France et d'autres nations de discrimination religieuse, c'est peut être pour cela que ce même grand pays, qui se considère comme le gendarme du monde laisse les Talibans martyriser les femmes de leur pays au nom, probablement, de la liberté religieuse. Mathieu Ph Cossu.

Message du 14 septembre 2000

[Texte intégral]

Il faut savoir s'arrêter deux minutes :

Sujet : Pétition pour la dignité des femmes afghanes.
A lire attentivement et jusqu'au bout SVP Même si vous êtes "débordés par le boulot", il faut savoir s'arrêter deux minutes pour certaines causes...

Le gouvernement afghan mène la guerre aux femmes. La situation s'est détériorée à un tel point que dans un éditorial du Times, quelqu'un a comparé le traitement des femmes là-bas au traitement des juifs dans la Pologne du pré-holocauste.

Depuis la prise de pouvoir des Talibans en 1996, les femmes doivent porter le burqua, sont battues et lapidées en public si elles n'ont pas l'habit adéquat, ne fut-ce que si le filet ne couvre pas leurs yeux. Une femme a été battue à mort par une foule de fondamentalistes pour avoir incidemment exposé son bras en conduisant. Une autre a été lapidée à mort pour avoir tenté de quitter le pays avec un homme qui ne faisait pas partie de sa famille.

Les femmes ne sont pas autorisées à travailler ni même à sortir sans un parent du sexe masculin. Les femmes qui travaillent en tant que professeurs, traductrices, médecins, avocates, artistes et écrivains ont été contraintes de quitter leur travail et ont été renvoyées à la maison, de sorte que les dépressions deviennent tellement répandues que le phénomène a atteint un seuil d'urgence. Il n'est pas possible dans une société islamique à l'extrême de connaître le taux de suicide avec certitude, mais les représentants d'organismes humanitaires estiment que les femmes qui ne parviennent pas à trouver les médicaments de traitement adéquats pour dépression grave préfèrent mourir que vivre dans ces conditions. Le taux a augmenté de manière significative.

Les maisons occupées par des femmes doivent avoir leurs fenêtres peintes de sorte que les femmes ne puissent jamais être vues de l'extérieur. Elles doivent porter des chaussures qui ne font pas de bruit, de manière à ne jamais être entendues. Les femmes craignent pour leur vie à la moindre "mauvaise conduite ". Le travail leur étant interdit, les femmes célibataires ou sans membres de la famille de sexe masculin meurent de faim ou mendient dans la rue, fussent-elles titulaires d'un doctorat.

Il n'y a pratiquement pas de traitements médicaux disponibles pour les femmes et les représentants d'organismes humanitaires ont pour la plupart quitté le pays. Dans l'un des rares hôpitaux pour femmes, un journaliste a trouvé des corps immobiles, presque sans vie, couchés sur des lits, enveloppés dans leur burqua, réticents à parler, manger ou faire quoi que ce soit, dépérissant à petit feu. D'autres sont devenues folles. On les a vues tapies dans des coins, se balançant ou pleurant, pour la plupart, de peur.

Un médecin envisage de laisser ces femmes face à la résidence du Président en signe de protestation pacifique quand le peu de médicaments restant sera épuisé. La situation est arrivée à un point ou le terme " violations des droits humains " est un euphémisme.

Les maris ont droit de vie et de mort sur les femmes de la famille, en particulier sur leurs épouses, mais une foule en colère a tout autant le droit de lapider ou de battre une femme, souvent jusqu'à ce que mort s'ensuive, pour avoir exposé une once de chair ou avoir offensé l'un d'entre eux de la manière la plus insignifiante. Selon David Cornwell, les Occidentaux ne devraient pas juger le peuple afghan pour ces traitements car cela fait partie de leur "culture", ce qui est faux.

Jusqu'en 1996, les femmes jouissaient d'une relative liberté pour travailler, généralement pour s'habiller comme elles le souhaitaient, pour conduire et apparaître seules en public. La rapidité de la transition constitue la raison principale des dépressions et des suicides. Les femmes qui par le passé, étaient éducatrices ou médecins ou qui simplement étaient habituées à des libertés humaines basiques sont à présent durement réprimées et traitées comme des sous-êtres, au nom de l'islam fondamentaliste et rétrograde.

Il ne s'agit pas de tradition ou de culture, au contraire. Les mesures sont extrêmes, même dans les cultures ou le fondamentalisme constitue la règle. Par ailleurs, s'il était possible de tout excuser par la culture, nous ne devrions pas être horrifiés de ce que les Carthaginois sacrifiaient leurs nouveaux-nés, de ce que des petites filles soient excisées dans certaines régions d'Afrique, de ce que les Noirs dans les années 30, au fin fond des États-Unis étaient lynchés, interdits de vote et forcés de se soumettre a des lois racistes. Tout être humain a le droit à une existence tolérable, y compris les femmes d'un pays musulman situé dans une partie du monde que les Occidentaux ne comprennent pas. Si nous pouvons user de menaces militaires au Kosovo au nom des droits humains des Albanais, l'OTAN et l'Occident peuvent certainement dénoncer pacifiquement le scandale de l'oppression, du meurtre et de l'injustice commis à l'encontre des femmes par les Talibans.

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Déclaration

Par notre signature, nous nous accordons à reconnaître que le traitement actuel des femmes en Afghanistan est tout a fait inacceptable et mérite le soutien et l'action des peuples des Nations Unies afin que la situation actuelle en Afghanistan ne soit plus tolérée. Les Droits de la Femme ne constituent nulle part un sujet mineur. Il est INACCEPTABLE, qu'en 2000, des femmes soient traitées comme des sous-êtres et des propriétés... L'égalité et la décence sont un DROIT, non une liberté que l'on vive en Afghanistan ou ailleurs.

1) ODOUX Marie-Pierre, Lomme, France
2) SACRE Carlos, Wavrin, France
3) MISTIAEN Bruno, La Chapelle d'Armentières, France
4) BLIECK Alain, Haubourdin (Lille), France
5) GAGNIER Pierre-Yves, Draveil, France
6) VEILLON Richard, Bulawayo, Zimbabwe
7) CASSAM SULLIMAN Nathalie, Ste Marie, Ile de la Réunion
8) MOSER Jean-François, La Montagne, Ile de la Réunion
9) GUEDON Jean-Rémy, Meudon, France
10) LAMBERGER Eric,Neuilly-Plaisance,France
11) COHEN Bruno, Nancy, France
12) KLEINBERG Gérard, Hayange, France
13) KLEINBERG Sylvie, Strasbourg, France
14) SCIOTTI Claudia, Strasbourg, France
15) PIETRI Martin, Strasbourg, France
16) KLOCKENBRING, Verrières-le-Buisson, France.
17) ROBERT Guy, Pantin, France
18) CARE Katia, Pantin, France
19) HABRIAS Henri, Nantes, France
20) Phan Huy Duong, Paris, France

Veuillez indiquer votre nom, ville et pays en signe de soutien. Ensuite copiez et envoyez le message par e-mail a autant de personnes que possible. Si vous êtes le/la 100 eme de la liste qui vous parvient, veuillez envoyer une copie a : Mary Robinson, Haut Commissaire, UNHCHR, "webadmin.hchr@un.org et a Angela King, Conseiller spécial sur les questions de genre et l'avancement des femmes, UN, " daw@undp.org


   France :Eglise Universelle du Royaume de Dieu (EURD)

Nouveau refus de permis de construire

La Croix, 14 septembre 2000

[Texte intégral]

Jean Tiberi, maire (RPR) de Paris, vient à nouveau de refuser un permis de construire à l'" Eglise universelle du Royaume de Dieu ", classée comme secte dans un rapport parlementaire. Le maire de Paris s'était déjà opposé aux demandes de permis déposées en mars par cette association, pour installer une salle de culte dans l'ancien music-hall Scala, dans le 10e arrondissement.


   Belgique :Raël

"Décidément, il y a certains que rien ne semble pouvoir arrêter !"

Lu sur le web 15 septembre 2000 par F.S.

[Texte intégral]

Clonage d'un bébé mort. C'est le projet que compte entreprendre la secte raëlienne en octobre prochain pour 10 millions de FB.

Le mouvement raëlien a ainsi annoncé il y a quelques semaines son intention d'entreprendre, à l'automne, le clonage d'un bébé de 10 mois mort récemment.

L'implantation de l'embryon cloné se déroulerait dans un endroit tenu secret aux Etats-Unis, où le clonage n'est pas (encore?) illégal.

Pour Raël, sorte de gourou mystique qui est persuadé que la vie a été établie sur terre par des extraterrestres, les derniers progrès de la science constituent une aubaine inespérée. Il y a 27 ans déjà, Raël s'enorgueillait d'être le premier à annoncer l'inéluctabilité du clonage humain. Maintenant que ce serait possible, il a fondé sa propre société de clonage, baptisée Clonaid.

Un nom digne d'un mauvais film de science-fiction! Evidemment, ce petit service rendu à des parents, qui pourront de la sorte retrouver leur enfant disparu, n'est pas gratuit. Faudrait pas pousser! Les familles meurtries devront ainsi débourser la bagatelle de 200.000 dollars (près de 10 millions de FB). Tout a un prix ici bas, même l'immortalité

Reste à voir si le projet de Raël est bien réel, s'il ne s'agit pas d'une gigantesque arnaque. Difficile à dire. Aucune preuve d'un clonage humain mené à terme (jusqu'à la naissance) n'a été apportée jusqu'ici. Un bébé n'est pas une brebis. On en serait à espérer à une mauvaise blague. Mais on sait que des laboratoires y travaillent aussi sérieusement. On peut donc également craindre le pire!

Le mouvement raëlien, par la voix de son porte-parole en Belgique, affirme en tout cas que son projet suscite un vif engouement. Depuis quelques semaines, Clonaid croulerait sous les demandes émanant de parents ayant perdu un enfant.

Une hotline a même été ouverte pour les parents qui auraient besoin d'aide et voudraient savoir comment préserver les cellules de leur enfant mort ou mourant.

On ne peut évidemment que réprouver cette façon d'exploiter la détresse de personnes qui ont perdu un être cher. D'autant que, en cas de réussite de l'entreprise, il faut aussi penser aux répercussions psychologiques pour l'enfant, qui découvrira un jour qu'il n'a pas été désiré pour lui-même mais pour remplacer un autre. Ce n'est, en tout cas, pas la première fois que l'on assiste à ce type d'entreprise morbide.

Une société de Houston a ainsi déjà proposé de cloner les animaux domestiques!


   France :Sectes

Proposition de loi au Sénat

La Croix, 15 septembre 2000

SECTES - Le Sénat examinera en première lecture, le 22 novembre, la proposition de loi de lutte contre les sectes votée par l'Assemblée nationale en juin dernier. Le texte devrait supprimer le délit de manipulation mentale, annonçait hier le ministère de la justice, délit largement critiqué comme attentatoire aux libertés


   France :Sectes

Le procès d'une juge

Le Point, 15 septembre 2000 par Denis Demonpion

Des pièces d'un dossier d'instruction qui disparaissent, une juge que la rumeur soupçonne, sinon d'appartenir, du moins d'avoir des sympathies pour la secte, le garde des Sceaux qui s'en mêle... La juge Moracchini attend pour s'expliquer de comparaître devant le Conseil supérieur de la magistrature.

Elisabeth Guigou ne passe pas pour manquer de sang-froid. Cependant, chaque fois que la ministre de la Justice a été interrogée sur la surprenante disparition de pièces d'un dossier d'instruction visant la Scientologie, sujet au demeurant ultrasensible, elle dissimulait mal son agacement. Sévirait-elle contre la juge chargée de l'enquête ? La magistrate concernée était-elle une adepte de la secte ? La Scientologie serait-elle parvenue à infiltrer la magistrature ?

Ces questions, propres à propager la rumeur, lui revenaient en boucle. Jusqu'au jour de juin dernier où, devant l'Assemblée nationale, la ministre lâcha qu'elle songeait à engager " d'éventuelles poursuites disciplinaires " contre Marie-Paule Moracchini, premier juge d'instruction à Paris. " L'hypothèse la plus probable est celle d'une disparition frauduleuse de dossiers ", avait ajouté la ministre, avant même qu'aucune enquête sérieuse eût établi si les fameux documents avaient effectivement été dérobés.

Depuis ces déclarations, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre X, le 21 juillet, pour " soustraction de ièces ". Mais rien ne dit encore aujourd'hui que la disparition d'un " tome et demi " de documents ait réellement eu lieu. Un tome entier, le numéro 9, a été retrouvé. Quant aux 45 autres pièces censées manquer, leur volatilisation pourrait résulter d'une simple erreur de cotation. L'affaire agite le milieu politico-judiciaire et soulève une tempête au palais de justice de Paris. En raison de la cible
initialement désignée à la justice, l'Eglise de scientologie, et de la personnalité de la juge, dès lors placée sur la sellette,
Marie-Paule Moracchini (voir son interview).

Retour sur les faits.

Le 16 mars 1989, Juan de Cordera, un jeune pianiste de Quito (Equateur), venu poursuivre ses études de musicologie à Paris, porte plainte pour escroquerie contre l'Eglise de scientologie. Pour remédier à son mal de vivre, il avait suivi les " cures de purification " de l'Eglise de scientologie, facturées au prix fort : plus d'un million de francs en trois mois. Sa mère se fâche et l'incite à prendre un avocat, Me Nicolay Fakiroff, afin de récupérer sa mise. La juge Moracchini est saisie. Des plaintes
périphériques venant de Nanterre, Melun, Fontainebleau sont regroupées dans son cabinet. Cahin-caha, l'instruction suit son cours. Les preuves sont difficiles à réunir. " L'infraction ne sautait pas aux yeux ", affirme un magistrat. Les avocats des parties civiles laissent " flotter les rubans ", selon l'un d'eux. Autrement dit, l'inertie l'emporte. Pendant ce temps-là, le défenseur de l'Eglise de scientologie, Me Olivier Metzner, un as de la procédure, se démène. Parallèlement, des négociations sont menées par les responsables de la Scientologie pour convaincre leurs anciens adeptes de retirer leur plainte. Des transactions sont conclues.

Une disparition qui relance tout

En 1996, l'affaire prend une tournure des plus inattendues. Au hasard d'un couloir du palais de justice, la juge Moracchini croise Me Fakiroff. " Vous ne m'aviez pas dit que votre client était décédé ! " lui lance-t-elle sur un ton de reproche. Juan de Cordera s'est, de fait, noyé accidentellement, l'année précédente, dans son pays natal. " Je reconnais lui avoir signalé tardivement la mort de mon client ", confesse aujourd'hui Nicolay Fakiroff. Un impair qui, dans la foulée, l'incite à presser la juge de clore le dossier. Comme celle-ci tarde à s'exécuter, l'avocat saisit la chambre d'accusation, où le dossier est transféré. Stupeur : des pièces ont disparu. La presse est alertée. Bientôt, c'est le scandale.

Le dessaisissement de Marie-Paule Moracchini est alors réclamé. Ce que refuse la chambre d'accusation. En revanche, la juge se voit invitée à reprendre son instruction à partir de la pièce manquante. Dans le même temps, l'Inspection des services judiciaires rend un rapport dans lequel elle tente de cerner la responsabilité de la juge dans l'enlisement de la procédure. Et ensuite ? Plus rien pendant neuf mois, durant lesquels deux autres affaires sensibles mettent les projecteurs sur Marie-Paule Moracchini : l'affaire Borrel, du nom d'un magistrat mort dans des conditions controversées à Djibouti, et l'affaire Lévy, du nom d'un substitut de Toulon soupçonné de violation du secret de l'instruction.

Côté Scientologie, Me Olivier Morice, autre avocat des parties civiles, s'efforce de porter le fer. Contre la secte, dont il a juré la perte. Et contre la juge Moracchini, qu'il n'hésite pas à traiter d'" incompétente ". Un vocable que récusent nombre de ses confrères du barreau. Au point de constituer un collectif pour la défendre devant le Conseil supérieur de la magistrature contre les attaques dont elle est l'objet. Me Lef Forster, à l'initiative de cette démarche, s'insurge contre " la façon dont la ministre a annoncé qu'elle allait engager des poursuites disciplinaires, alors même qu'elle défendait à l'Assemblée son texte de loi sur la présomption d'innocence ". " Mme Moracchini est une femme respectée pour l'importance et la qualité du travail qu'elle abat ", souligne-t-il. Même louange de la hiérarchie de la juge : " C'est la première arrivée au palais, la dernière partie ", témoigne un haut magistrat.

D'où le soutien que lui ont apporté, outre des avocats et des magistrats, des policiers et des experts, et même des détenus, parfois sévèrement condamnés.

Juge déléguée par la présidence du tribunal, Marie-Paule Moracchini a la charge d'attribuer les nouveaux dossiers aux juges. Ce qui vaut à cette femme énergique et directe, née en Corse, quelques inimitiés. Certains magistrats instructeurs s'estiment lésés de ne pas avoir de " beaux " dossiers - ceux dont on parle. On lui reproche aussi de ne pas faire de quartier. A savoir de mettre en examen sans considération des titres et autres qualités professionnels. C'est ainsi que, par ses soins, des policiers se sont retrouvés devant le tribunal et des magistrats ont été poursuivis. Pour ne rien arranger, la juge Moracchini a écopé d'un autre dossier brûlant, l'affaire Lévy. Sa perquisition chez cet ancien substitut de Toulon, soupçonné, sur la base d'écoutes téléphoniques, d'avoir violé le secret de l'instruction dans une affaire crapoteuse du Var, a provoqué un tollé. La mise en examen qui a suivi n'a rien arrangé. D'autant qu'Albert Lévy serait, assure-t-on au palais de justice, proche de Christian Vigouroux, directeur du cabinet d'Elisabeth Guigou. " Le seul lien que j'ai eu avec lui, c'était peu après mon arrivée à la chancellerie, commente le bras droit de la ministre. Il avait demandé à me rencontrer parce qu'il souhaitait devenir sous-préfet. " L'explication ne cadre pas avec celle de l'en- tourage d'Albert Lévy, qui date leur rencontre de la période ayant précédé le procès des assassins de la députée Yann Piat. Cité à la barre comme témoin, le substitut de Toulon, se sentant en danger, avait sollicité quelques conseils. Christian Vigouroux l'avait reçu à la chancelle rie. Certains affirment que les deux hommes seraient, depuis, restés en contact téléphonique. D'autres avancent que, lors des ennuis judiciaires de Lévy, Vigouroux lui aurait donné des assurances. La vérité sortira peut-être de l'audience publique devant le Conseil supérieur de la magistrature. En attendant, au palais de justice de Paris, le climat s'alourdit.

Interview Marie-Paule Moracchini " C'est un procès en sorcellerie qui m'est intenté "

Le Point : Comment expliquez-vous la disparition de certaines pièces du dossier de la Scientologie dont vous êtes chargée ?

Marie-Paule Moracchini : Le sens réel de votre question est de me demander si j'ai participé de près ou de loin à cette disparition. Ce seul soupçon est injurieux et révoltant. On insinue que je suis scientologue. Non, je ne suis pas scientologue ! Il y a plus grave. On n'a pas hésité à laisser entendre que la destruction de scellés de l'Eglise de scientologie à Marseille pouvait être
imputée à ma soeur, alors même que l'enquête menée a conclu à une erreur du greffe, commise à une époque où ma soeur était en fonction à Créteil. Malgré cela et dans le seul souci de me nuire, les mêmes rumeurs continuent. Ces attaques insidieuses sont inacceptables et doivent être dénoncées. Elles le seront devant le CSM (Conseil supérieur de la magistrature). C'est dans ce contexte délétère qu'une information judiciaire contre X du chef de vol a été ouverte par le parquet de Paris. Certains journaux n'ont pas hésité, pour me nuire, à affirmer que l'information me visait. Je ne me sens aucunement menacée par cette information puisque je suis doublement victime de la disparition du dossier. En tant que magistrat garant des libertés individuelles, je suis très
inquiète des amalgames effectués et des annonces publiques qui ont été faites.

Le Point : Elisabeth Guigou a saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour des poursuites à votre encontre. Votre réaction ?

M.-P. Moracchini : Nul n'est au- dessus de la loi et il est hors de question de contester à la ministre de la Justice le droit d'exercer des poursuites disciplinaires. Ce qui, dans mon cas, est choquant et inadmissible, c'est la médiatisation donnée à cette affaire, le mépris total des règles élémentaires, notamment de la présomption d'innocence. Sur le fond, la question se pose de
savoir si l'activité juridictionnelle peut être appréhendée sous l'angle disciplinaire par le garde des Sceaux.

Le Point : Devant le CSM, choisirez-vous de comparaître en audience publique ou à huis clos ?

M.-P. Moracchini : Je souhaite une audience publique. Je n'ai rien à dissimuler, et même beaucoup de choses à dire. Je serai déliée de l'obligation de réserve que je me suis toujours imposée. Je m'expliquerai complètement sur l'acte de saisine du CSM et son contexte. Les insinuations doivent laisser place à la clarté. Comme tout justiciable, j'ai droit aux garanties d'un débat
public.

Le Point : Vous avez, par ailleurs, été dessaisie de l'affaire Borrel, du nom de ce magistrat décédé dans des circonstances controversées.

M.-P. Moracchini : Les attaques répétées dont mon collègue Roger Le Loire - codésigné avec moi - et moi-même avons fait l'objet nous ont conduits à déposer plainte, à deux reprises, pour dénonciation calomnieuse et diffamation. Les limites de l'acceptable ont été franchies. Nous avons instruit ce dossier loyalement. La présentation médiatique peut légitimement nous interpeller quant aux finalités poursuivies.

Le Point : Envisagez-vous de demander une nouvelle affectation ?

M.-P. Moracchini : J'ai reçu, dès l'annonce des poursuites disciplinaires, des soutiens dont l'ampleur, la diversité, la chaleur m'ont profondément touchée. Ils ont surpris ceux qui me décrivaient comme misanthrope. Mais les manoeuvres de déstabilisation dont je fais l'objet, et le procès en sorcellerie qui m'est intenté, me conduisent à réfléchir sérieusement à la poursuite de mes activités en qualité de juge d'instruction, tant je m'interroge sur la coïncidence entre la réalité judiciaire et l'image que je pouvais m'en faire. (Propos recueillis par Denis Demonpion)

* Premier juge d'instruction à Paris


   France :Sectes

La proposition de loi anti-sectes est critiquée .....

Le Monde 16 septembre 2000 par Xavier Ternisien

[Texte intégral]

Déjà adoptée à l'Assemblée, la proposition de loi anti-sectes est critiquée par les Eglises. La Ligue des droits de l'homme émet elle aussi des craintes sur le délit de
" manipulation mentale "

Le Sénat doit débattre, début novembre, de la proposition de loi anti-sectes adoptée par les députés le 22 juin. Ce texte prévoit de faciliter la dissolution des personnes morales en cas d'infraction, et instaure un délit de " manipulation mentale ".Ce dernier point, critiqué par la Ligue des droits de l'homme, divise les représentants des religions, certains craignant son utilisation abusive.

La proposition de loi About-Picard contre les " groupements à caractère sectaire ", adoptée par l'Assemblée nationale en première lecture le 22 juin ( Le Monde du 24 juin), devrait être débattue par le Sénat au début du mois de novembre.

Le texte, présenté à l'Assemblée par la députée (PS) de l'Eure Catherine Picard, prévoit d'étendre la responsabilité pénale des personnes morales et de faciliter leur dissolution en cas d'infraction, afin de mieux lutter contre les sectes. Il instaure également un nouveau délit de " manipulation mentale ". Mais déjà la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), présidée par Alain Vivien, se démarque de la proposition de loi About-Picard.

Dans une note transmise à Matignon, la MILS considère que le terme de " manipulation mentale ", employé par le texte et tiré du rapport parlementaire de 1999 sur l'argent des sectes, " n'est pas des plus heureux ". Le gouvernement pourrait être amené, selon la MILS, " à détacher ce texte du reste de la proposition ". La MILS s'inquiète également de " l'extraordinaire mobilisation mondiale et européenne menée par la Scientologie ", qui a " mis la France en difficulté à l'étranger, et notamment aux Etats-Unis ".

Le rapport parlementaire de 1995, qui dressait la liste de 172 groupes considérés comme sectaires, est à nouveau en cause. Pour le département d'Etat américain, ce document a " contribué à créer une atmosphère d'intolérance envers les religions minoritaires ". La Mission présidée par Alain Vivien suggère d'abandonner l'usage de la liste des sectes dressée par les parlementaires. Selon M. Vivien, le dialogue serait impossible avec les " sectes absolues " comme la Scientologie. Mais l'administration pourrait entamer une concertation avec les organismes " dont la doctrine et la pratique peuvent "seulement" contrevenir à la loi par une rigueur ou un intégrisme intransigeant, ou une tendance à couper l'individu de ses répères familiaux et sociaux ".

La MILS range notamment dans cette catégorie les Témoins de Jéhovah. De telles " mouvances chrétiennes ou extrême-orientales " ne devraient plus être
" considérées comme des sectes ", conclut la Mission.

La proposition de créer un délit de " manipulation mentale "a soulevé une vague de protestations, non seulement de la part de groupements considérés comme sectaires, mais aussi des Eglises. Le porte-parole de l'épiscopat, le Père Stanislas Lalanne, estime que les parlementaires doivent " revoir la copie " : " Le délit de manipulation mentale est tellement flou qu'il risque d'entraîner des débordements incontrôlés. " Le président de la Fédération protestante, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, juge, lui aussi, que la proposition About-Picard est " dangereuse " : au cours de la traditionnelle " Assemblée du Désert ", le 3 septembre, il a affirmé que les protestants seraient " particulièrement vigilants (...) face au projet de légiférer sur les sectes ". Quelques voix discordantes se sont cependant élevées dans l'Eglise catholique pour défendre la proposition de loi : il s'agit de l'évêque de Soissons, Mgr Marcel Herriot, du théologien dominicain Jean-Marie Gueullette, du Père Gaston Pietri, ancien secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale, et du Père Jacques Trouslard, prêtre de Soissons engagé de longue date dans la lutte contre les sectes. " L'Eglise catholique n'a pas à craindre cette loi, qui ne veut en aucun cas porter atteinte aux religions et aux croyances ", affirme ainsi Mgr Herriot.

" RÉFLEXION COMPLÉMENTAIRE " La garde des sceaux, Elisabeth Guigou, avait souhaité, le 22 juin, une " réflexion complémentaire ", associant la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Michel Tubiana, président de la LDH et membre de la CNCDH, a déjà détaillé ses réserves. Elles portent sur la procédure de " dissolution judiciaire " des sectes ayant fait l'objet de plusieurs condamnations : selon lui, la procédure retenue par les députés, " ne permet pas d'organiser la défense ". En ce qui concerne la création d'un délit de manipulation mentale, M. Tubiana estime qu'elle soulève " de sérieuses difficultés dans son principe ". Il préférerait que soit élargi l'article du Code pénal relatif à " l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse ". Cet article pourrait intégrer les notions de " pressions graves et réitérées " et de " techniques propres à altérer le jugement ", présentes dans le texte de la proposition de loi. La CNCDH devrait rendre ses conclusions le 21 septembre.


   Belgique : Sectes

Un "Ecran témoin" sur les enfants dans les sectes"

Le Soir, 18 septembre 2000 par Christian Laporte

[Texte intégral]

Contre le sectarisme des adultes...

L'adulte peut choisir d'adhérer à une secte mais l'enfant n'a pas cette liberté: l'"Ecran -témoin" relance un débat brûlant.

En ces temps de passage d'un millénaire à un autre, nombre de nos contemporains sont en quête de repères spirituels. Le drame, c'est qu'au grand supermarché des croyances, le pire côtoie souvent le moins mauvais. L'offre spirituelle est en effet telle qu'à côté de religions qui semblent respecter dans une large mesure ou qui reconnaissent effectivement le libre arbitre de leurs fidèles, les sectes ne s'encombrent nullement de ce genre de préventions.

Certains sociologues des religions, plutôt que de mettre la population en garde, encouragent parfois de manière très inconsciente leurs pratiques au nom de la liberté religieuse. Un jeu dangereux car si un adulte qui a, en principe, la faculté de discerner le bon grain de l'ivraie a le droit de succomber aux tentations d'une secte, les enfants n'ont nullement ce choix. Et l'engrenage peut s'avérer fatal car au-delà des manipulations mentales, le dogmatisme sectaire se répercute sur leur santé voire sur leur vie. Or, il est presque impossible de les sortir de cet enfer lorsqu'ils y sont avec leurs parents aveuglés par des gourous de tout poil.

La présence des enfants dans les sectes, malgré eux, est régulièrement abordée sur le petit écran et dans la presse et ce n'est certainement pas un luxe car le péril est réel.

Ce lundi, l'"Ecran témoin" rouvrira le dossier avec autour de la table trois témoins qui ont connu l'enfermement sectaire lorsqu'ils étaient jeunes mais également avec Hayat El Mountacir qui a consacré un livre à la question. Face à eux, des représentants ou des porte-parole de mouvements classés, à tort ou à raison, comme sectaires.

Pour lancer le débat, Paul Germain frappe dans le mille comme il l'avait très bien fait la semaine passée avec "Mémoires en fuites", sur les biens spoliés, avec un excellent téléfilm réalisé par Claude d'Anna et coproduit par la RTBF. "Judicaël" montre, en effet, jusqu'où l'aveuglement doctrinaire peut conduire des parents tombés dans le panneau sectaire. Au point de mettre en danger la vie de leur -enfant...

Une excellente entrée en matière, servie par le jeu des principaux interprètes, Charles Aznavour, Marthe Villalonga, Sophie de la Rochefoucauld et le petit Saïfi Ghoul que l'on devrait revoir dans les années à venir.

ENDOCTRINEMENT DANGEREUX A priori, rien ne devait amener Raphaël Perlman (Aznavour) et sa soeur Véra (Villalonga) à s'intéresser au fils du couple de gardiens de leur nouvelle propriété. Organisateurs de spectacles, ce frère et sa soeur sont des célibataires presque endurcis, du genre de ceux que les jeux d'enfants irritent. Et pourtant, le regard angoissé et desespéré du petit Judicaël (Saïfi Ghoul), un enfant chétif va les interpeller. Surtout lorsqu'ils découvriront que l'enfant ne peut quitter sa maison et ne fréquente jamais des camarades de son âge. Et qu'il tient un discours idéologique qui n'est nullement de son âge... Il faudra pourtant l'extraire de ce milieu clos car lors d'une visite, à l'insu de son père, à Raphaël, Judicaël est pris d'un malaise. Le diagnostic d'un ami médecin ne souffre nulle contestation: l'enfant souffre d'une malformation cardiaque congénitale qui nécessite une opération. Mais les parents s'y opposent, hostiles à toute transfusion sanguine. Les Perlman parviendront toutefois à convaincre la mère de Judicaël après moult péripéties. Une fiction très réaliste car en filigrane apparaissent les graves questions posées par l'influence des sectes dans un environnement qui perd la boule...


   Suisse : Raël

Le Hilton menacé

La Tribune de Genève 19 septembre 2000

[Texte intégral]

Comme il le laissait entendre dans notre article du 29 août, Eric Kuhne a finalement décidé de ne pas accueillir au Noga Hilton la 4e convention internationale du mouvement raélien. " Je craignais des manifestations de rue contre leurs projets de clonage humain ", explique le directeur général. " De manière générale, j'évite d'accepter les réservations d'organisations qui heurtent la sensibilité de la communauté locale."

On s'en doute, la décision n'a pas eu l'heur de plaire aux raéliens. Dans une lettre datée du 15 septembre et adressée au président international des Hilton, le guide spirituel - qui se fait appeler Raël - s'élève contre l'annulation d'"une réservation qui a été réglée il y a des mois, pour une somme de plus de 75 000 francs ". Taxant cette décision de " discrimination religieuse ", il menace de lancer des procédures légales contre l'hôtel en Suisse, d'organiser des manifestations de protestation devant les établissements de la chaîne et d'appeler au boycott les 50000 raéliens, ainsi que les membres de toutes les minorités religieuses,
" dont nos amis les scientologues ".


   Suisse : Raël

Paralysée, l'Unesco se laisse détourner par les raéliens

La Tribune de Genève 19 septembre 2000 par André Lallemand

[Texte intégral]

Le dépliant récupéré par les disciples du Français Raël circule toujours à Genève. Empêtrée dans les méandres de ses structures, l'Unesco tarde à prendre des mesures énergiques pour mettre un terme à l'utilisation abusive de son logo par les raéliens.

Depuis quelques semaines en effet, les fidèles de ce mouvement distribuent, à Genève et dans d'autres villes suisses, une version modifiée d'un dépliant de l'agence onusienne, dont l'une des six pages est entièrement consacrée à leur "religion".

On ne peut pourtant pas dire que l'Unesco ait été prise de court. Il y a trois semaines déjà, nous avertissions le siège de l'organisation à Paris que son "Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence" portait le logo raélien (nos éditions des 28 et 29 août).

Responsable de ce programme onusien, David Adams nous avait alors fait parvenir une mise au point stipulant que "la religion raélienne" n'était pas partenaire officiel de l'Année internationale de la culture de la paix. Ce communiqué de presse faisait référence à une déclaration raélienne du... 26 juillet! Aujourd'hui, l'Unesco n'a toujours pas porté plainte pour détournement de sigle.

De leur côté, les raéliens continuent à distribuer leurs dépliants équivoques dans les rues de Genève. Et rien n'indique qu'ils veuillent mettre un frein à cette activité dans les jours qui viennent, alors même qu'ils préparent un congrès international qui devrait rassembler, début octobre, des centaines de fidèles dans notre ville (voir encadré). Une conférence de presse est même convoquée pour le jeudi 5 octobre, au cours de laquelle sera présenté non seulement le Manifeste 2000 de l'Unesco, mais aussi les projets raéliens de clonage humain. Cela en présence de plusieurs "mères porteuses candidates".

"C'est un peu léger!" Contacté hier à Paris, Enzo Fazzino regrette "cet amalgame, qui porte préjudice à l'action de notre Organisation". Mais pour l'assistant de David Adams, c'est aux "Commissions nationales pour l'Unesco" de décider si elles comptent accepter ou non le partenariat avec les raéliens. "La commission coréenne était d'accord. L'allemande a accepté les signatures pour la paix récoltées par les raéliens, tout en exigeant - et en obtenant - que le dépliant de l'Unesco soit gardé intact, sans détournement d'image. Les instances françaises ont par contre fait appel à la justice, car dans ce pays, le mouvement figure sur la liste des sectes jugées dangereuses. Dès lors, il est difficile pour nous, siège mondial, d'agir globalement."

"C'est un peu léger!" juge Madeleine Viviani, à la Commission nationale suisse pour l'Unesco. "Nous ne sommes pas une branche de l'Unesco, mais un simple organe consultatif nommé par les autorités fédérales. Le Manifeste 2000, c'est un programme lancé par l'agence onusienne de Paris. C'est tout de même bien à elle de défendre son logo!"

A l'Office des Nations Unies de Genève, Ulrich von Blumenthal juge l'affaire grave. Rentré récemment de vacances, le directeur du service juridique a d'abord laissé à l'Unesco gérer l'affaire. "Mais on ne peut laisser détourner le sigle de l'ONU. Les raéliens n'ont pas l'autorisation d'utiliser notre logo. Je compte prendre les mesures qui s'imposent. C'est assez délicat et je ne peux en dire plus pour l'instant. Mais je vous garantis que ce ne sont pas là des paroles en l'air." Dont acte.


   Belgique :Anthroposophie

Rejet d'un recours

Traduction de Morlach

Arrêt de la Cour d'arbitrage (cour constitutionnelle belge) concernant la création du Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles

Le recours en annulation a été introduit par la Société Antroposophique belge.

Le recours était motivé par les arguments suivants :

· La création d'un tel centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles viole les principes d'égalité et de non-discrimination. Il y aurait violation parce que ce centre est chargé de déterminer à titre préventif si certaines organisations sectaires sont nuisibles. La partie requérante fait valoir que la répression ne peut se faire qu'a posteriori. Elle fait aussi valoir que seuls les groupements à vocation philosophiques ou religieuse sont visés. D'autres groupements pratiquant des activités illégales dommageables ne pourraient, eux, qu'être réprimés a posteriori.

· Le critère limitant l'action du centre aux groupements à vocation religieuse ou philosophique est un caractère non objectif et non pertinent.La partie requérante fait également valoir que l'action du centre n'est pas limitée aux seules activités illégales. Son action s'étendrait aux groupements portant atteinte à la société ou aux individus ou à la dignité humaine.

Ces 3 derniers critères permettant de cerner l'action du centre seraient des critères non objectifs et non pertinents.

· Le centre est habilité à informer le public sur des organisations sectaires nuisibles. Le centre serait amené de préjugé du caractère illégal des activités de ces groupements. Cela risquerait de porter atteinte aux personnes appartenant à ces groupements. Si de telles informations sont révélées par le centre, elles risqueraient de stigmatiser un mouvement alors même qu'il n'aurait pas été condamné par un tribunal.

La Cour d'Arbitrage a rejeté le recours. Elle motive de la façon suivante le rejet des arguments de la partie requérante : · La cour considère que le traitement différencié des organisations sectaires nuisibles et d'autres organisations nuisibles est justifié par le fait que c'est le caractère philosophique ou religieux des ces organisations qui les rend attractives pour une partie de la population.

Cela constitue donc un critère objectif. La Cour constate que le centre n'a reçu aucune compétence lui permettant de porter atteinte à la liberté de culte, de pensée, de conscience, de religion ou d'association.

· La Cour d'Arbitrage rejette le second moyen pour les mêmes raisons que le premier.

· La Cour rejette le 3ème moyen pour les mêmes raisons que le premier.


   France : Le Mandarom

Nouveau pourvoi rejeté

Le Parisien, 21 septembre 2000

La chambre criminelle de la Cour de cassation a de nouveau rejeté mardi le pourvoi formé par la secte du Mandarom de Castellane (Alpes-de-haute-provence) contre l'arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-provence qui l'oblige à détruire la statue du gourou Gilbert Bourdin.


   Belgique :Raël

Le clonage au musée des horreurs - Farfelu ou criminel ?

Le Soir 23 septembre 2000 Par Louis François

[Texte intégral]

Une société prétend avoir commencé un programme sur les humains

Si l'on en croit les déclarations de ses responsables, la société Clonaid, basée aux Bahamas, aurait entamé un programme de clonage d'êtres humains.

La société, rapportait vendredi "La Libre Belgique", aurait même présenté dans un hôtel de Montréal cinq femmes ayant accepté de porter dans leur ventre les futurs embryons clonés.

Deux précisions s'imposent. D'abord, la société Clonaid est étroitement liée au mouvement raélien, une secte qui prétend apporter la preuve que la vie sur Terre a été entièrement fabriquée en laboratoire par des extraterrestres. Qui prétend aussi que la résurrection du Christ n'était en fait qu'une opération de clonage réussie par ces mêmes extraterrestres. Et qui n'est pas, faut-il le dire, précisément réputée pour l'orthodoxie scientifique de son discours...

Deuxième précision, qui éclaire la première: les scientifiques les plus en pointe dans le domaine du clonage tiennent tous le même langage. Dans l'état actuel des connaissances, tenter de cloner un être humain à partir d'une cellule adulte est farfelu, sinon criminel. C'est ce que rappelait récemment le très sérieux magazine "Science" dans un long article traduit ce mois-ci dans la revue "La Recherche" ("Clonage: la nature résiste").

Aux yeux de nombreux spécialistes, il est peu probable que le tour de l'homme soit arrivé. La presse néglige souvent de rappeler que chaque succès masque des centaines d'échecs, dont certains tellement décourageants que beaucoup d'éventuels cloneurs ont momentanément renoncé à tenter de créer des animaux vivants et sont retournés au labo, où ils cherchent à comprendre pourquoi les échecs du clonage sont tellement plus nombreux que ses quelques réussites.

A ce jour, par exemple, toutes les tentatives pour cloner un primate par transfert de noyau d'une cellule adulte (technique Dolly), ont lamentablement échoué.

Récemment, une équipe américaine de Portland a produit 45 embryons clonés mais aucun n'a pu s'implanter dans l'utérus d'une mère porteuse.

En regardant attentivement les embryons au microscope, les chercheurs ont surtout découvert un véritable musée des horreurs sur un plan génétique. Les chercheurs ont reconnu a posteriori que les embryons fabriqués n'avaient sans doute jamais eu la moindre chance. Cela signifie que le projet de cloner un enfant de 10 ans décédé, premier chapitre du soi-disant programme de Clonaid, nécessiterait la fabrication de centaines d'embryons, à partir de centaines d'ovules prélevés sur des dizaines de femmes différentes. Et autant de mères porteuses.

Tout cela pour déboucher au mieux sur des échecs lors de la réimplantation et au pire sur des foetus malformés et non viables. Farfelu ou criminel ?


   France : Nouvelle Acropole

Enquête sur une association très mystérieuse

La Dépêche , 23 septembre 2000

[Texte intégral]

La Nouvelle Acropole, classée comme secte par deux rapports parlementaires, n'apparaît plus nulle part dans les tracts qu'elle diffuse à Toulouse.

" Qu'est-ce que le bonheur? " " Peut-on vivre sans idéal? " " La philo, à quoi ça sert? "

Voilà des sujets de réflexion et de discussion qui apparaissent passionnants. Et anodins.

Ce sont quelques-uns des thèmes proposés aux Toulousains par des tracts diffusés à la rentrée de septembre dans la Ville rose par l'Espace culturel Joutx-Aigues.

L'association culturelle invite à des rencontres philosophiques dans son local, au numéro 4 de la petite rue proche de la place des Carmes.

L'ADFI, association de défense des familles et de l'individu, qui vient en aide aux victimes des phénomènes sectaires, s'étonne de cette campagne lancée avec la rentrée scolaire: " Sous le masque de l'Espace Joutx-Aigues se cache la Nouvelle Acropole, classée comme secte par deux rapports parlementaires ", s'insurge Gérard Fodor, président de l'ADFI- Midi-Pyrénées.

Une association montrée du doigt lors de l'émission télévisée de Michel Field sur les sectes, diffusée le 7 septembre depuis la cinémathèque de Toulouse.

Autocensure " Après cette émission, la Nouvelle Acropole a enlevé toute référence à son nom des tracts diffusés à Toulouse ", complète-t-on au CCMM (Centre de documentation, d'éducation et d'action contre les manipulations mentales), un centre qui dispose d'un volumineux dossier sur NA, comme sur d'autres sectes. " La méthode utilisée par Nouvelle Acropole reste la même, explique Gérard Fodor, proposition de cours sur des thèmes anodins orientés vers l'hellénisme, la philosophie, les civilisations anciennes. Puis progressivement, une " prise en charge " de plus en plus contraignante et conduisant vers une idéologie élitiste et extrême, niant la démocratie ". Les membres initiés, qui s'appellent entre eux " Acropolitains ", se saluent à la romaine - bras tendu. Tandis que l'organisation interne comporte des " corps de sécurité ", sorte de milice intérieure privée, un " service de renseignement ", des " brigades de travail " et autres " brigades féminines ". Un vocabulaire qui détonne avec l'idéal de fraternité humaine affiché par les tracts diffusés pour le grand public.

Le CCMM propose un numéro vert (appels répercutés sur l'antenne toulousaine) gratuit: 0.800.412.183.

On peut joindre Info-secte Midi- Pyrénées au 05.61.61.02.97. ou appeller l'ADFI au 05.34.41.38.08.

" Pas facile d'en partir!" Françoise est une quadragénaire qui a la tête - bien faite - sur les épaules. Psychologue, elle n'est pas du genre à se laisser impressionner. Intéressée par les rencontres philosophiques d'une antenne Nouvelle Acropole du sud-ouest, elle s'est pourtant sentie petit à petit " manipulée mentalement ". Au point qu'elle a eu du mal à quitter le mouvement: " je ne pouvais pas croire que c'était une secte puisque j'y étais entrée volontairement ". " Quand j'ai commencé à avoir des doutes, j'ai pensé à une fausse rumeur, j'ai vraiment compris quand j'ai découvert sur internet le rapport parlementaire décrivant NA comme secte ", ajoute la jeune femme. " J'ai été contactée par un tract dans la rue en septembre 1998 et je suis allée à une conférence sur la philosophie, car j'aime bien ça, raconte Françoise. Cela ressemblait à un café-philo. C'était payant mais à un tarif modique, 10 F la séance. Certains des participants étaient, je pense, de l'association mais à l'époque je ne m'en suis pas rendue compte. J'ai été flattée par ce qu'ils m'ont dit et on m'a tout de suite proposé un cycle philo de trois mois. Il y a avait une réunion hebdomadaire le mercredi soir. Mais très vite on m'a demandé de participer à beaucoup d'activités. Petit à petit, la disponibilité requise est telle qu'on est tenté de se couper de ses relations et de sa famille. Du genre: on vous appelle à minuit le soir de Noël et c'est normal. Ils vous culpabilisent si vous refusez de suivre: ils sont arrivés à me faire pleurer en me disant: ''Tu es antisociale''. C'est là que j'ai commencé à douter ". Aujourd'hui, Françoise a tiré un trait sur cette période de sa vie. " Je suis restée seulement trois mois, mais après c'est une reconstruction très longue ". Plusieurs membres de son groupe ont quitté l'association avec elle. Elle met en garde: " Les membres des sectes sont d'une extrême gentillesse, d'une disponibilité totale et d'un culot incroyable pour vous séduire. Il leur faut quelques minutes pour cerner votre problématique personnelle. Et quand vous voulez partir, n'acceptez jamais un dernier rendez-vous ".

Nous avons changé le prénom de notre témoin à sa demande: elle dit avoir reçu diverses menaces suite à ses prises de position après avoir quitté Nouvelle Acropole.

La Nouvelle Acropole a été fondée en 1957 par un Argentin, Jorge Livraga, mort en 1991(1). Dans son " manuel du dirigeant ", à l'usage des seuls initiés du mouvement, le fondateur précise la démarche qui doit, selon lui, être celle de l'association: " Annoncer les cours sans trop insister sur Nouvelle Acropole ni sur ces symboles, en la présentant simplement comme un institut culturel privé. Ce type de propagande doit être suffisamment hybride pour ne pas provoquer rejet ou suspicion prématurée ". Jorge Livraga écrit aussi: " Le dirigeant doit écraser les pleurnicheries de la personnalité " et érige en système la structure pyramidale: " La structure - à créer - se nourrit d'hommes et les transforme en surhommes. Les inaptes seront laissés derrière ". L'organisation est aujourd'hui implantée dans 50 pays, dont la France depuis 1973 (où elle a été installée sous l'impulsion d'un autre Argentin, Fernand Schwarz) où elle compte plus de 2.000 adhérents. Selon les rapports parlementaires Gest-Guyard de 1995 et Guyard-Brard de 1999 sur les sectes et l'argent, ses recettes sont évaluées à plus de 4 MF pour la France et son patrimoine hexagonal à plus de 10 MF. NA annonce 20.000 participants à ses divers cours et conférences.


   France :Falungong

Une lettre d'un membre de Falungong

Dès réception de son message, j'ai proposé à son auteur de le publier ici. Voici qui est fait.

Bonjour,

En visitant votre site Internet, j'ai remarqué que Falun Gong y est classé dans une rubrique de mouvements présentant un " danger potentiel ".

Je voudrais vous faire part de mon opinion.

Avant tout, merci d'avoir publié sur votre site la lettre écrite précédemment par d'autres pratiquants de Falun Gong à Paris. Comme vous êtes cités par quasiment tous les sites s'occupant de la détection du phénomène sectaire comme site de référence, nous sommes très heureux que vous nous laissiez y présenter notre opinion sur la "question Falun Gong".

Le Falun Gong, qui était connu auparavant comme école de Qigong en France (nous avons participé plusieurs fois aux journées nationale du Qigong) est devenu en 1999, en l'espace d'une journée, une secte dans l'esprit de la plupart des français.

A l'origine de cela ? Le fait que ce qualificatif lui ait été attribué par le gouvernement chinois, et que les médias occidentaux aient tous (ou presque) repris en cour ce terme, sans même se demander si cela était justifié. Pourtant, avant que le gouvernement chinois ne commence sa répression du Falun Gong en juillet 99, personne n' avait supposé que ce " mouvement " pouvait représenter un danger ou être sectaire, personne n'avait même seulement émis de réserves sur cette méthode.

Le Falun Gong est présent en France depuis 1995 ; des enquêtes avaient été faites par le ministère de l'Intérieur (dont une des tâches est la détection des mouvances sectaires), et avaient conclu qu'il s'agit d'une association inoffensive.

D'ailleurs, comme l'UNADFI nous l'a indiqué quand nous les avons rencontré, personne n'a jamais reçu la moindre plainte d'un ancien pratiquant de Falun Gong, ni d'une famille inquiète. Et pour cause : le Falun Gong est gratuit, il n'a pas de centre, pas de rituels, pas d'obligations. Alors, fréquemment, des gens viennent, apprennent les mouvements et après quelques temps arrêtent de pratiquer parce qu'ils n'ont plus le temps ou veulent essayer une autre méthode.

En fait, peu nous importe d'être nombreux ou pas. Si certains viennent, c'est avec plaisir que nous leur apprenons les mouvements, parce que le Falun Gong est une belle chose à partager. Chacun de nous a son travail, sa famille, ses amis, et pratique le Falun Gong pendant son temps libre. Nous n'avons que le minimum d'organisation nécessaire pour pratiquer les exercices en groupe et, dans les circonstances actuelles, alerter l'opinion internationale de la gravité des événements se produisant en Chine (des dizaines de milliers d'arrestations arbitraires, des tortures, au moins 50 morts.). Serions-nous devenus dangereux ou sectaires simplement parce qu'un gouvernement totalitaire l'affirme ?

Le Falun Gong, en plus des exercices, insiste sur trois mots : " vérité-bonté-patience " . On peut donc dire qu'il a une dimension spirituelle et n'est pas seulement une activité physique. Mais cette recherche spirituelle est individuelle, et du fait même des principes de base de la méthode, non contraignante. Il n'y a pas de préceptes à suivre, pas de comportement standardisé, pas de culte d'un gourou. Simplement ce principe essentiel de vérité, bonté, patience auquel chacun essaie de s'assimiler dans sa vie de tous les jours. Est-ce dangereux ? Les deux livres du Falun Gong, Falun Gong de Chine et Zhuan Falun, sont vendus en librairie mais gratuits sur Internet. Et nous n'avons aucun intérêt à faire rester une personne qui n'en a pas envie. A quoi cela servirait-il puisque nous n'avons rien à demander aux gens, ni leur argent, ni leur temps, ni leur " dévotion " ?

Cette présentation n'est pas une façade dorée que nous voudrions montrer, mais simplement un fait très facile à vérifier, en nous rencontrant et discutant avec nous, ou bien en lisant les livres pour juger du contenu de la méthode. Le mot " secte " qu'on a beaucoup entendu à propos du Falun Gong vient des quelques membres du gouvernement chinois (principalement M. Jiang Zemin) qui ont lancé la compagne d'éradication du Falun Gong, contre l'avis de tous.

Ils ne peuvent bien sûr maintenant pas dire qu'ils emprisonnent et tuent des gens qui font de la méditation ; il vaut mieux les comparer au Temple Solaire, dire qu'ils interdisent l'usage de médicaments, prédisent la fin du monde, etc. même si c'est complètement faux.

Et pour des journalistes, reprendre les informations venant de Chine et parler de secte, est plus facile (et plus vendeur) que de parler d'une méthode de méditation.

Mais pourquoi, avant que le gouvernement chinois ne décrète que le Falun Gong était mauvais et dangereux, personne, nulle part dans le monde (Falun Gong est présent dans près de 40 pays), ne s'est-il plaint ni inquiété du Falun Gong ?

Pourquoi le gouvernement chinois a-t'il d'abord été en faveur du Falun Gong, pourquoi ne l'a-t'il trouvé mauvais que lorsque le nombre de pratiquants a approché les 100 millions en Chine ?

Je serais très heureux de vous rencontrer pour vous donner plus d'informations sur le fonctionnement de notre association. Je peux vous faire parvenir de la documentation par la poste si vous le souhaitez. Vous êtes également les bienvenus à n'importe laquelle de nos activités. Nous pensons qu'il est important que les personnes s'occupant en France d'enquêter sur le phénomène sectaire aient une vision juste du Falun Gong.

D'une part parce que nous ne voulons pas que nos familles nous croient embrigadés, et d'autre part parce que si tout le monde en Occident pouvait savoir et dire clairement que la nature du Falun Gong est pacifique et inoffensive, il serait difficile à la Chine de continuer à prétendre qu'il est une secte apocalyptique, et la répression pourrait alors devenir moins forte.

Espérant que vous souhaiterez en savoir plus sur le Falun Gong (et, je dois l'avouer, que vous ne nous classerez plus dans la rubrique " potentiellement dangereux "), je vous prie de recevoir mes amicales salutations. Dans l'attente de vos nouvelles,

Alexis Génin, Association DAFA (assoc. des pratiquants de Falun Gong en France)


   France :Raël

Prosélytisme raélien dans la presse

Lu sur fr.soc.sectes 26 septembre 2000

[Texte intégral]

Pour revenir à quelque chose de plus léger[....], voici une coupure de journal parue en France le
24 de ce mois.

Voici un texte de notre guide continental Gérard Jeandupeux :
----------------------
Bonjour à tous,

Veuillez prendre note que le délai pour la récolte des signatures de l'unesco est prolongé à fin décembre car ils n'ont pas atteint leur objectifs.

C'est une aubaine pour nous car nous pourrons atteindre 1 million de signatures, ça nous permet de diffuser tout en montrant une image positive, enthousiaste
et les raeliens sont motivés car c'est plus facile de prendre des signatures que de vendre des livres.

Donc, continuez de récolter des signatures.

Merci
Love
Gérard
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Commentaire de l'auteur :
Mignon, hein ? :-)
Qui dira, après cela, que la collecte de signatures pour l'UNESCO est un acte désintéressé ?


   France :Sectes

Le délit de manipulation mentale jugé «inopportun»

Libération , 27 septembre 2000 par Sophie Coignard

[Texte intégral]

Des experts doutent du projet antisectes.

Pour la Commission nationale consultative des droits de l'homme, les faits dont la répression est envisagée sont déjà «largement prévus par l'article 313-4 du code pénal», sur l'«abus de faiblesse». Le délit de manipulation mentale va-t-il entrer dans notre code pénal? Les députés sont pour et l'ont inscrit dans une proposition de loi «antisectes» votée à l'unanimité en juin dernier. Mais l'initiative a suscité un vif émoi, non seulement dans les groupes visés - l'Eglise de scientologie en tête - mais aussi dans les congrégations religieuses les plus établies et parmi les juristes et experts psychiatres.

Avec ce texte, la liberté de conscience et d'association serait menacée, disent-ils. La ministre de la Justice, Elisabeth Guigou, en a déduit qu'il fallait mener «une réflexion complémentaire» avant que le texte entame sa nouvelle navette Sénat-Assemblée, début novembre. Et elle a sollicité l'avis de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Cette instance présidée par Pierre Truche, ancien premier président de la Cour de cassation, a rendu son analyse cette semaine: «La création d'un délit spécifique de manipulation mentale ne nous paraît pas opportune.»

Liberté fondamentale. Avant d'en arriver à cette conclusion, la CNCDH estime pourtant que la proposition de loi telle qu'elle a été votée «respecte la liberté fondamentale de pensée, de conscience et de religion». En effet, constate la commission, le texte ne prévoit pas de réprimer «la simple appartenance à un groupement qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet d'exploiter la dépendance psychologique et physique des personnes qui participent à ces activités». Contrairement à ce que redoutent ses détracteurs, la proposition de loi - et plus précisément son article 9 - ne menacerait donc aucune des libertés fondamentales.

Dans ces conditions, pourquoi serait-il «inopportun» de créer le nouveau délit qu'elle introduit? Parce que les faits dont la répression est envisagée sont déjà «largement prévus par l'article 313-4 du code pénal», explique la CNCDH. C'est le texte sur l'«abus de faiblesse» qui vise à protéger les personnes vulnérables (personnes âgées, enfants, malades, infirmes, déficients physiques ou psychiques). Les victimes de pratiques sectaires entrent parfaitement dans cette catégorie de personnes en situation de faiblesse, estime la CNCDH.

Cependant, la plupart des plaintes pour abus de faiblesse sont classées sans suite quand elles concernent des adultes. Depuis 1996, date de la première circulaire de la chancellerie aux parquets sur la question des sectes, sur les 280 procédures engagées, une centaine ont été classées sans suite. Seulement 48 ont abouti à une condamnation. En fait, il est souvent difficile de démontrer que des adeptes adultes et «volontaires» ont été placés dans une position de vulnérabilité.

Déménagement.
Pour éviter cet écueil, la commission propose de rafraîchir cet article 313-4. Première préconisation: le changer de place dans le code pénal. Actuellement, il se situe au rayon des «infractions voisines de l'escroquerie». Il s'agirait de le transporter dans une autre partie, où il «ne concernerait plus uniquement des actes préjudiciables concernant les biens». Cette migration ne serait pas aussi cosmétique qu'il y paraît, selon Denis Barthélemy, magistrat détaché à la mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils): «Cela traduit bien l'évolution d'un délit dont l'histoire a commencé dans le code de la consommation et dont la définition se fait de plus en plus large.» Deuxième suggestion: aggraver la répression lorsque l'auteur du délit est responsable d'un groupe sectaire qui a pour but de «créer ou d'exploiter la dépendance psychologique ou physique des personnes qui participent à ses activités». Troisième complément: prévoir d'incriminer aussi bien les personnes morales que physiques.

Pressions réitérées.
Valéry Turcey, président de l'Union syndicale des magistrats (UM, modérée), estime pour sa part que le délit de manipulation mentale avait été suffisamment défini pour éviter les dérapages. «Il est question de pressions graves et réitérées. D'actes ou d'abstentions gravement préjudiciables», rappelle-t-il. Que les hauts dignitaires des Eglises catholique et protestante aient pu se sentir concernés l'étonne. «L'expédition du bulletin paroissial ne rentre pas dans le registre de la pression réitérée», ironise-t-il.
Même agacement chez Jean-Marie Abgrall, psychiatre médico-légal: «Evidemment, on peut considérer qu'un parent manipule son enfant pour qu'il travaille bien à l'école.» Mais le préjudice sera difficile à prouver. D'autres concepts tels que le viol ou la discrimination raciale ont posé des problèmes de définition par le passé, rappelle-t-il, plaidant pour le pragmatisme: «Faisons entrer le concept dans le droit et laissons la jurisprudence l'affiner.».


   France :Scientologie

Décision de la Cour de cassation

 

Le Parisien, 28 septembre 2000

[Texte intégral]

La Cour de cassation a confirmé que l'enquête instruite à Paris pour "escroquerie" contre la scientologie n'est pas prescrite et peut se poursuivre, contrairement à ce que soutenaient les dirigeants de la secte.


   France :Sectes

PRATIQUES ET PRATICIENS EN PSYCHOTHERAPIE : L'HEURE D'UN VRAI DEBAT PUBLIC - POURQUOI MAINTENANT ?

Colloque organisé par Anne Fournier, agrégée d'histoire,et Michel Monroy, psychiatre le 6 Octobre 2000 à 14 heures au Ministère de la Santé, 8, rue de Ségur 75015 Paris , un colloque sur le thème :

 

On peut déjà considérer que la question des psychothérapies est largement entrée dans le domaine public, avec les deux propositions ACCOYER et MARCHAND et des débats qui ont dépassé le cadre professionnel étroit.

Deux évidences apparaissent : d'une part, la nécessité de clarifier et d'organiser une pratique qui a pu être l'occasion de débordements, certes minoritaires mais graves, et d'autre part l'impossibilité de légiférer dans l'urgence dans un domaine fort complexe.

Face à cette double évidence s'impose aujourd'hui l'ouverture d'un débat public, approfondi, sur une période suffisamment prolongée, et sur l'ensemble du territoire.

C'est pourquoi il est proposé d'organiser d'octobre 2000 à juin 2001 une série de colloques dans l'ensemble des régions avec la perspective d'élaborer une sorte de Livre Blanc des pratiques en psychothérapie, préalable indispensable à toute décision réglementaire.

POURQUOI CE DEBAT S'IMPOSE-T-IL ?

- Parce que la demande des usagers s'est considérablement étendue et diversifiée et que sont apparues de nouvelles indications dans tous les domaines (aide psychologique aux victimes, soutien en fin de vie, traitement de la douleur, du stress, coaching, préparation des champions sportifs, aide au développement personnel, traitements imposés par le juge, etc ...)

- Parce que, parallèlement, les modalités de l'offre d'aide et de soins se sont multipliées, dans une prolifération confuse de méthodes et d'intervenants. Il s'ensuit que la pratique psychothérapique n'est plus l'apanage exclusif des psychologues et des psychiatres, mais qu'elle est mise en ouvre par d'autres professionnels du champ médico-psycho-éducatif et social, ainsi que par des non professionnels. Le débat dans un cadre strictement corporatif s'avère dès lors insuffisant.

- La question des risques encourus par les patients est au premier plan des préoccupations : risque d'inefficacité, mais aussi de déstabilisation et de décompensation sévère ; risque de refus prescrits de soins somatiques ; risque d'exploitation financière ; et aussi risque de mise en dépendance prolongée et délibérée et parfois d'embrigadement sectaire.

- Or, à côté d'une majorité de praticiens formés, compétents et honnêtes, on a vu apparaître - sous le terme usurpé de psychothérapeutes - de nombreux individus ne présentant aucune des garanties que le public est en droit d'exiger. L'usager devrait pouvoir, dans ce domaine comme dans d'autres, bénéficier d'un minimum de lisibilité du champ de l'offre, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

- De leur côté, des praticiens compétents ont poursuivi des études en psychopathologie, ont effectué un travail sur eux-mêmes prolongé, se prêtent à des supervisions et des contrôles de leur pratique, s'informent des recherches en cours et ont mis en place des instances déontologiques vigilantes. Ces praticiens n'acceptent plus d'être confondus avec les précédents et disqualifiés aux yeux du public.

- Une dernière raison incite à l'organisation d'un débat public sur la psychothérapie : c'est la réalité trop fréquente d'un détournement des finalités de cette pratique par des individus ou des groupes, qui visent à provoquer une emprise durable, un asservissement doublé d'exploitation, une instrumentalisation des personnes au service de leurs fins personnelles. Ces menées intéressent le citoyen, les corps professionnels concernés, mais aussi les pouvoirs publics et le législateur (voir loi du 22 juin 2000 sur la " manipulation mentale " rapportée par Catherine Picard).

LES QUESTIONS EN DEBAT

D'abord un état des lieux

Le débat devra éclairer la situation réelle et actuelle des pratiques et permettre un inventaire de tous les partenaires concernés. Il s'agit non seulement des sujets en demande, mais aussi des parents des enfants pris en charge, de ceux qui adressent les patients, prescrivent des thérapies ou encore les imposent. La question de la définition Elle est rendue difficile par une fréquente confusion entre les pratiques psychothérapiques proprement dites et les effets psychothérapiques recherchés dans toutes sortes de contexte.

A l'inverse, on ne peut réduire la définition à un seul type de pratique. Pour sortir de cette confusion, on pourrait réserver le terme de psychothérapie à :

- une activité contractuelle d'aide, de soin ou de soutien durable et répétitive,
- relativement codifiée dans sa forme (rythme, modalités),
- pratiquée par des acteurs formés, se réclamant de références théoriques précises, acceptant contrôles et supervisions,
- et supposant la participation active du sujet et son engagement volontaire dans un processus.

Une discussion sur les objectifs poursuivis

Le débat doit permettre d'articuler des objectifs prioritaires que peuvent se fixer chacun de leur côté les différents partenaires. D'ores et déjà, plusieurs objectifs semblent incontournables :

- définir les moyens de garantir la formation initiale et continue, des contrôles et des supervisions de ceux qui exercent une pratique en psychothérapie.
- confronter les points de vue sur les indications et possibilités de choix. L'objectivité est ici de ne pas laisser au seul hasard, ou au choix subjectif des prescripteurs, la décision d'un engagement dans un processus fortement impliquant.
- définir des critères de qualité minimum de la thérapie, tant au niveau des moyens mis en ouvre que des effets produits. Plusieurs critères seront retenus : " efficacité ", risques, coût, durée, ... C'est la partie la plus difficile du débat.
- différencier les risques inséparables de toute pratique et ceux qu'il semble inacceptable de laisser courir aux patients. De plus, il faudrait étudier les possibilités de recours.
- rappeler les règles éthiques et déontologiques qui devraient régir toute psychothérapie. Repréciser également les missions des instances professionnelles qui veillent à leur application.
- aborder les questions de réglementation et de contrôle de la pratique, dans le double souci de protection des individus et des libertés contractuelles.
- trouver des pistes pour améliorer, sinon la transparence, au moins la lisibilité de l'offre aux yeux du public, et lui permettre de distinguer les pratiques présentant des garanties de toutes les autres.
- aborder la question de l'évaluation, ce qui nécessitera de dépasser les antagonismes radicaux qui opposent actuellement les différentes écoles de pensée. Méthodologie mise en ouvre

L'objectif est de promouvoir, sur une durée raisonnable, une réflexion approfondie de tous les partenaires concernés, professionnels ou non. Les points forts de cette réflexion se situeront autour de sept colloques, répartis sur l'ensemble du territoire. Le premier, à Paris, comportera deux journées, les autres une seule. La réflexion se veut cumulative, pour aboutir à la rédaction d'un Livre Blanc sur les pratiques psychothérapiques, préalable nécessaire à toute mesure réglementaire ou législative.

Chacune des journées, enrichie par des travaux intermédiaires, permettra, d'une part, le débat entre professionnels - psys et intervenants du champ médico-psycho-socio-éducatif - le matin, et la discussion publique l'après-midi. Les contenus seront retransmis par la presse professionnelle et généraliste.

En résumé :

Un large consensus s'est développé ces derniers mois sur l'opportunité de faire un bilan des pratiques en psychothérapie, et de préciser les garanties que les citoyens sont en droit d'exiger de ceux qui leur proposent aide ou soin. Dans ce domaine complexe, où beaucoup d'intérêts et de risques sont en jeu, il semble impératif de ne pas improviser de solutions hâtives. Il importe de se donner les moyens d'une meilleure organisation concertée d'une activité reconnue indispensable dans bien des domaines.