Actualités sur les sectes en juin 1999

 

Chaînes d'argent Une pyramide frappée à la base
Raël Une lettre de l'Ecole Enixia
Sectes Des milliers d'enfants victimes de sectes
Sectes Laura et Nicolas victimes de sectes
Témoins de Jéhovah Dollars et Témoins de Jéhovah vont de pair en Russie
Sectes Humanisme et vols yogiques désarment la République
Sectes Ségolène Royal, en lutte contre les sectes
Sectes L'Europe des gourous
Raël Les  raëliens se fâchent tout rouge
Sectes La France épinglée par les USA au nom de la liberté religieuse
Le Mandarom Descente aux enfers pour la statue du mandarom
Sectes Ecoles sectaires, le bizutage permanent
Sectes Les richesses cachées des sectes
Sectes Les sectes sont riches et gagnent de l'argent
Sectes La couverture des entreprises
Sectes Nouvelle plainte contre le gourou de l'O.K.C
Le Mandarom Le gourou perd sa statue, et les politiques la face
Contre Réforme Catholique (CRC) L'Abbé de Nantes : une secte "modèle"


  France : Chaînes d'argent

Une pyramide frappée à la base

Sud Ouest, 2 juin 1999, par Jean-Paul Vigneaud.

Il suffisait de verser 20.000 francs pour bénéficier de l'effet boule de neige et gagner soi-disant une fortune. La police a mis fin aux agissements du recruteur régional.

[Résumé]

La brigade financière d'investigations judiciaires de Bordeaux vient de frapper une des chaînes financières qui agissent dans le sud-ouest, principalement en Gironde, en Dordogne, dans les Landes et le Gers.

Ces chaînes d'argent promettent la fortune à ceux qui acceptent de verser une somme d'argent de 20.000 francs qui leur donne le droit de percevoir une commission substancielle si, à leur tour, ils recrutent d'autres personnes qui seront invitées à recruter à leur tour... un système pyramidal qui recrute en France mais traite les affaires dans un hôtel de San Sebastian en Espagne, où se rendent les adhérents.

Selon une première estimation, 400 bordelais seraient tombés dans le piège, plusieurs d'entre eux n'auraient pas perdu d'argent mais ne sont pas très fiers pour autant car certains regrettent d'avoir entraîné des amis dans cette aventure qui souvent leur a fait perdre leur mise.

Les patrons du système, introuvables aujourd'hui, sont les seuls à avoir fait fortune ; en effet, 2.500 personnes auraient adhéré à cette chaîne ce qui représente un brassage d'au moins 50 millions de francs.

Les adhérents promettent de ne jamais révéler comment fonctionne la chaîne, tout en sachant  que participer à une telle pyramide peut conduire en prison, ces jeux d'argent étant totalement interdits en France, c'est pour cela, du reste, que les "opérations" se font en Espagne et uniquement en liquide.

Ces chaînes d'argent changent souvent de nom : Globe Mare Nostrum, Globe, Aire 2000.

[Commentaire]

Malheureusement, ces jeux d'argent se pratiquent ailleurs que dans le sud-ouest de la France, notamment dans le nord et les "réunions" se tiennent également à l'étranger. Il est triste de constater la crédulité de certaines personnes qui, sans vraiment réfléchir, se laissent entraîner dans une telle aventure. Il nous a été signalé que des chômeurs ont emprunté les premiers 20.000 francs au recruteur lui même, et qui, n'ayant rien gagné, ont bien du mal à rembourser leur emprunt.

Il ne s'agit pas de sectes mais nous avons pensé qu'il était important d'attirer l'attention de nos "visiteurs".



  France : Raël

Une lettre de l'école ENIXIA

Le Monde, 2 juin 1999, Correspondances.

[Texte intégral]

A la suite de notre article intitulé « Enixia, une école sous haute surveillance » , nous avons reçu des actionnaires et enseignants de cet établissement la mise au point suivante :
 

L'école Enixia a été fondée en 1996. Rappelons qu'il faut cinq ans d'existence pour qu'une école privée puisse être placée sous contrat. Laïque, elle est ouverte à tout enfant quels que soient sa nationalité, sa langue, ses convictions et son niveau scolaire. Bien qu'attentive aux problèmes que rencontrent les enfants précoces, elle ne leur est pas réservée et ne fait pas de cette caractéristique un critère de recrutement. Son enseignement reprend les programmes officiels et va au-delà. L'école met en oeuvre une pédagogie différenciée, qui se traduit par un suivi individuel et le respect des rythmes et capacités de chacun. Cette pédagogie est facilitée par le faible effectif des classes. Les enfants progressent plus ou moins vite, mais ne sautent ni ne redoublent de classe. Le propos pédagogique, le fonctionnement collégial de l'école, les dispositions et structures mises en place, les regards et contrôles extérieurs, constituent autant de garde-fous contre d'éventuelles dérives sectaires ou morales.

Les deux fondateurs de l'école ont été à un moment de leur vie adeptes de la secte de Raël, qu'ils ont quittée en 1992, plusieurs années avant la création de l'école. Ils n'ont ni nié ni affiché cette ancienne appartenance, considérant que ce passé révolu fait partie de leur vie privée. Ils n'ont jamais été impliqués dans les crimes et délits qui ont pu être reprochés à certains membres de cette secte, ni ne les ont cautionnés de quelque façon.

Compte tenu du passé des fondateurs, on conçoit que cette école ait été placée sous surveillance. Rien ne lui a été épargné : enquêtes des renseignements généraux, contrôles du fisc et du ministère de l'éducation. L'école a toujours ouvert largement ses portes à tous, journalistes, enquêteurs, parents, chercheurs...

Le contrôle du ministère de l'éducation a, anticipant sur l'entrée en vigueur de la loi l'y autorisant, largement porté sur les aspects pédagogiques, sans aucune entrave de la part de l'école malgré les méthodes employées parfois surprenantes, comme la fouille des cartables des enfants devant la classe. Aucune de ces enquêtes n'a permis de conclure à un lien quel qu'il soit avec une quelconque secte.

Malgré cela, Le Monde, sans apporter de fait nouveau, n'hésite pas à relancer des rumeurs constamment infirmées et à citer, notamment, une déclaration étonnante d'un responsable (non nommé) de la Rue de Grenelle : « Le cas d'Enixia est emblématique. Il témoigne de la difficulté que nous avons à trouver des preuves. [...] Aujourd'hui, les sectes ont des locaux modernes [...] et dispensent des enseignements au contenu apparemment correct. » Ce qui revient à considérer que l'école est coupable a priori, et à affirmer, en substance, que l'absence de preuve, associée au caractère correct des locaux et à la qualité de l'enseignement, est une circonstance aggravante car elle n'est que l'indice de l'habileté du coupable. Nous nous élevons contre ce raisonnement peu honnête et opposons le démenti le plus formel aux insinuations et allégations reprises dans vos colonnes.



  France : Sectes

Des milliers d'enfants victimes des sectes

Le Parisien, 7 juin 1999, par Eric Giacometti.

[Extraits]

ENQUETE : Selon un rapport émanant du ministère de l'Intérieur, « plusieurs dizaines de milliers » d'enfants seraient sous l'emprise d'une soixantaine de mouvements sectaires. Ces derniers n'hésitent pas à créer des associations sportives ou de loisirs pour les attirer. Des écoles privées jouent aussi le rôle d'appâts.

"On peut estimer à plusieurs dizaines de milliers les enfants embrigadés, tant au sein de sectes non autarciques ou de groupes situés aux franges sectaires que par le biais de leurs structures écrans." Un rapport confidentiel d'un service du ministère de l'Intérieur, dont nous avons pu prendre connaissance, dresse un panorama inquiétant de l'emprise des sectes sur les enfants en France. En 250 pages, les auteurs du rapport ont recensé - c'est une première en France - tous les mouvements sectaires et parasectaires. Au total, 83 groupes, liés de près ou de loin aux jeunes, mais aussi leurs associations écrans opérant dans les domaines scolaire, sportif et culturel. Les enquêteurs-auteurs de ce rapport tirent la sonnette d'alarme. Selon eux, les enfants sont considérés comme "un véritable terrain de chasse" par les sectes : " En 1996, le rapport d'enquête parlementaire sur les sectes répertoriait 28 organisations caractérisées par ces pratiques. Cependant, force est de constater que le processus d'embrigadement devient récurrent au point qu'à l'heure actuelle, une soixantaine de mouvements de ce type peuvent être recensés." Selon le rapport, une quarantaine de mineurs victimes de sectes font l'objet d'une procédure d'assistance éducative.

Dans des régions reculées

Au premier rang des structures d'embrigadement des sectes, les écoles privées hors contrôle de l'Etat qui accueillent, selon un chiffrage de l'Education nationale, 6.000 enfants. Dans certains cas, il s'agit d'influencer le comportement des enfants, plus malléables, afin qu'ils deviennent de futurs adeptes. Le prosélytisme avance masqué, les parents ne savent pas toujours à qui ils confient leur enfants. Exemple le plus récent : celui de l'Institut Aubert, à Vincennes, lié à la Scientologie, sous le coup d'une plainte de parents abusés. [...]  Le rapport souligne l'émergence grandissante des sectes autarciques, des groupes peu connus de dix à cinquante adeptes. Elles vivent en communauté fermée autour d'un ou de plusieurs gourous, souvent dans des régions reculées. C'est bien souvent dans ces groupuscules que se produisent les dérives les plus graves. Exemples : Cor Unum en Moselle, dont le leader a été arrêté en Belgique pour sévices et mauvais traitements à enfants, l'association Nao pour le droit de survie à Magnat-l'Etrange (Creuse), avec son " guide " écroué pour viol sur mineure, ou encore les familles de Kyopo (Ariège) et sa dizaine d'adeptes du culte d'Eros, dieu de l'amour dans la Grèce antique...

Mort de rachitisme à 19 mois

Dans le domaine des abus sexuels sur enfants, on relève plusieurs informations en cours et des condamnations [...]. D'autres groupes peuvent menacer l'intégrité physique des enfants en posant comme principe le rejet de la médecine traditionnelle (vaccinations, transfusions ou médicaments) et le recours à des thérapies parallèles parfois sidérantes, comme... l'urinothérapie prônée par les Amis de Lune-Soleil. Certains groupes mettent en jeu la vie des enfants. C'est ainsi que le petit Raphaël Ginhoux, âgé de 19 mois, est mort de rachitisme, et ses parents, membres du groupe Tabitha's Place, ont été mis en examen à Pau.

S'il faut pointer les groupements dangereux, il convient de ne pas tomber dans l'amalgame. Les parents qui choisissent un enseignement libre, ou les médecines douces, ne sont évidemment pas tous des adeptes de mouvements sectaires.

Quant aux associations de lutte contre les sectes, Centre Roger-Ikor contre les manipulations mentales (CCMM) ou l'Association de défense de la famille et de l'individu (ADFI), elles ont longtemps prêché dans le désert sur l'enrôlement des enfants. Mais le message commence à être entendu. La toute nouvelle mission interministérielle contre les sectes, dirigée par Alain Vivien, en a fait l'un de ses dossiers prioritaires, et Ségolène Royal, ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, a signé en avril une circulaire afin de renforcer le contrôle des enfants scolarisés dans des écoles hors contrat.



  France : Sectes

Laura et Nicolas, victimes de sectes.

Le Parisien, 7 juin 1999, par Eric Giacometti.

[texte intégral]

Laura a été victime d'un gourou à l'âge de 14 ans, Nicolas a travaillé à 10 ans sous la contrainte

« Il était pour moi un maître à penser »

Les enfants victimes de sectes, ou de groupements parasectaires et qui ont réussi à s'en sortir, répugnent c'est compréhensible à témoigner de leurs calvaires. Néanmoins quelques-uns acceptent parfois de se livrer, comme Laura D., maintenant âgée de 21 ans. Son histoire pourrait être une variante pervertie du film « le Cercle des poètes disparus », dans lequel un professeur jouait le rôle de maître à penser d'un petit groupe d'élèves. Dans le cas de Laura, le bon professeur s'est mué en redoutable gourou qui a bien failli la détruire à jamais. Récit.

« Il donnait un sens à ma vie »

En 1990, Laura est une adolescente de 14 ans et ses résultats scolaires sont catastrophiques. Sur le point de redoubler sa classe de troisième, elle est admise dans un cours privé, l'IPES (Institut pédagogique des entrepreneurs stratèges), un établissement privé niché dans un petit château du Val-d'Oise. Cette école accueille des adolescents en perte de vitesse. « Au début, c'était génial, les professeurs étaient jeunes, sympa et dynamiques, se souvient Laura. Le directeur de l'établissement jouissait d'un grand prestige et assurait lui-même des cours de théâtre et de philosophie. » Très vite, la jeune fille tombe sous le charme de Fay Chemli, le fondateur de l'école, un quadragénaire sûr de lui. « Il était pour moi, et pour d'autres élèves, un maître à penser, presque un père. Rapidement, j'ai découvert qu'il vivait avec une dizaine de femmes et d'élèves, toutes vouées à son culte. Vers 16 ans, ce groupe de femmes m'a poussée dans ses bras et je suis devenue moi aussi l'une de ses maîtresses. »

Philosophe, monsieur le directeur n'en a pas moins des goûts de luxe. Il apprécie les belles voitures, les repas dans des restaurants prestigieux et les nuits dans les palaces. Autour du gourou, une quarantaine d'hommes et de femmes, élèves ou professeurs, boivent son enseignement axé sur l'étude théâtrale, afin de « dominer sa vie ».

Mais en 1993, les choses se gâtent, Fay Chemli est arrêté pour escroquerie, passe trois mois en prison, et un an plus tard il s'enfuit en Tunisie. « À 18 ans, je suis partie le rejoindre pour vivre dans sa communauté dans des villas non loin de Port El Kantaoui. Personne n'aurait pu m'en empêcher, il donnait un sens à ma vie », explique Laura. Heureusement, la jeune fille est parvenue à sortir des griffes du sulfureux professeur et elle a porté plainte contre lui en 1997. Elle vit désormais en région parisienne et suit des études de lettres modernes. Aux dernières nouvelles, Chemli serait en Belgique où il tenterait de créer une nouvelle école de théâtre.

Des piqûres de solution saline

Nicolas L. confié à l'âge de 10 ans à un centre de remise en forme de Lattay (Mayenne), où se trouvait aussi le siège de la secte de la Fraternité blanche universelle, a lui aussi vécu un calvaire. Dans un livre, « Ils m'ont dit de me taire » (Éditions Michel Lafon), l'adolescent aujourd'hui âgé de 14 ans décrit les sévices qu'il a subis au sein de ce groupe dirigé par Philippe Mailhebiau, adepte de l'« harmonisation » et de la « pureté » : réveils forcés en pleine nuit, enfermement dans des sacs poubelle, piqûres de solution saline censées avoir des vertus médicales, etc... Nicolas, dont la santé était fragile, avait été confié pendant un mois à Mailhebiau par ses parents, des restaurateurs qui n'imaginaient pas que le centre de remise en forme de leur si sympathique client cachait en fait une propriété dans laquelle les enfants travaillaient sous la contrainte. Le jeune garçon, dont les parents résident en Essonne, devait notamment passer des heures entières dans les champs, piocher pour creuser des trous. En février 1998, un juge d'instruction de Laval a été nommé dans le cadre d'une enquête visant des « actes de torture et de barbarie ». Cette enquête est toujours en cours.


  Russie : Témoins de Jéhovah

Dollars et Témoins de Jéhovah vont de pair en Russie.

RIDECO, 7 juin 1999.

[Texte intégral]

"Le 5 mai, le Ministère de la justice a accepté de réinscrire les Témoins de Jéhovah comme organisation religieuse, en dépit de l'interdiction de la ville de Moscou à leur encontre".



  France : Sectes

Humanisme et vols yogiques désarment la République

Le Parisien, 9 juin 1999, par Eric Giacometti.
[Extraits]

Les listes issues de mouvements sectaires bénéficient de publicité gratuite et de fonds publics. En toute légalité.

«Le fait est que ces groupes ont une existence juridique distincte de celle des sectes qui les inspirent.»
La mission interministérielle sur les sectes "On ne peut rien y faire, se désole le centre Roger-Ikor contre les manipulations mentales. "Impossible d'empêcher ces candidatures", regrette le député PS de l'Essonne Jacques Guyard. C'est encore la mission interministérielle sur les sectes qui paraît la moins résignée : "On n'a pas de solution, mais on va bien finir par en trouver une."

La candidature annoncée des listes du Parti de la loi naturelle et du Parti humaniste relance l'interrogation : la République peut-elle laisser concourir des groupes désignés par ses services comme étant le faux nez de sectes pures et dures ? D'autant qu'elle les finance, ces listes contestées. Le Parti de la loi naturelle a ainsi touché 123 488,87 francs de l'Etat, fruit de sa dernière participation aux élections législatives de 1997. "C'est du racket sur le financement public !", proteste le sénateur radical de gauche Jean-Michel Baylet. Peut-être. Mais le coup est imparable. "Le fait est que ces groupes ont une existence juridique distincte de celle des sectes qui les inspirent", explique la mission interministérielle sur les sectes.

Installée à Matignon, cette mission renvoie la balle au législateur pour ce qui est de trouver la bonne formule. Elle a pour tâche d'alerter les citoyens, les institutions ou les entreprises sur les pratiques sectaires. Mais elle ne veut surtout pas empêcher financièrement l'émergence de partis qui, pour paraître farfelus, n'en seraient pas moins sincèrement démocratiques. La République n'est pas encore disposée à créer la Haute Autorité qui jugerait du bien-fondé intellectuel des différents programmes...

La lévitation contre le chômage. Les "vols yogiques" et autres "séances de cohérence" seront donc une nouvelle fois proposés pendant cette campagne. Interdit de rire : il paraît qu'on doit à ces techniques la fin de la grève des transports de décembre 1995 et la baisse de 20 % de la criminalité dans les rues de Washington. C'est en tout cas ce qu'assure Benoît Frappé, la tête de liste européenne des tenants de la loi naturelle. Si on voulait bien l'écouter, ce monsieur, on se rendrait compte que son parti peut "garantir les résultats" de ces lévitations. Contre le chômage notamment, contre la délinquance et les guerres aussi.

Le Parti humaniste, lui, ne "garantit" rien, mais il s'occupe en plus d'écologie. Ce dernier parti se présente allègrement comme grand "guérisseur de maux sociaux". Selon le rapport parlementaire Gest-Guyard de 1995, il ne serait en fait que l'expression politique du Mouvement humaniste dûment répertorié comme secte par les Renseignements généraux. C'est la méditation transcendantale du "grand sage illuminé" Maharishi, mouvement inscrit au tableau des sectes, qui inspirerait de la même manière le Parti de la loi naturelle.

Outre le financement de l'Etat, la participation aux campagnes électorales de ces deux formations se traduit en temps d'antenne à la télévision. La politique ne serait qu'un mode de diversification de l'entreprise sectaire, selon l'Association pour la défense des familles et de l'individu contre les sectes. L'ancien député UDF de la Somme Alain Gest a demandé en 1995 une "dissolution administrative ou judiciaire" de ces mouvements. Mais sans en préciser le mode opératoire.

Le mandat impératif interdit.

Alain Vivien, président de la commission interministérielle sur les sectes, cherche plutôt une solution du côté de la Constitution. Le premier alinéa de son article 27, par exemple, rejette le principe du mandat impératif et interdit de ce fait à un candidat de ne présenter qu'un seul thème de campagne. Mais, en plus des vols yogiques contre le chômage, le parti de Benoît Frappé pourrait alors très bien prôner la culture des pâquerettes sur la planète Mars pour en finir avec la faim dans le monde...

Tant que les candidats seront de nationalité française, âgés de 23 ans au moins et dotés de tous leurs droits civiques, rien ne pourra leur interdire de se présenter aux électeurs. La loi électorale est bien faite. Celles qui régissent le comportement psychologique des humains sont beaucoup plus aléatoires.



  France : Sectes

Ségolène Royal en lutte contre les sectes

Le Parisien, 9 juin 1999, par Eric Giacometti.

[Texte intégral]

MINEURS : Elle présente aujourd'hui son plan de lutte aux inspecteurs d'académie. Ségolène Royal en guerre contre les sectes

ALORS qu'un rapport émanant du ministère de l'Intérieur révélé par «Aujourd'hui »-« le Parisien » (nos éditions du lundi 7 juin) dénonce le rôle nocif des sectes sur l'éducation des enfants, Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l'Enseignement scolaire, réunit aujourd'hui à Paris l'ensemble des inspecteurs d'académie. Elle leur présentera le nouveau dispositif de lutte contre les mouvements sectaires dans le domaine scolaire qui sera appliqué dès la rentrée prochaine. Un dispositif dont Ségolène Royal nous livre les principales orientations.

Quel est l'objectif de ces nouvelles mesures ?

Ségolène Royal. - L'accès à l'éducation est un droit fondamental dans notre société mais, chaque année, des milliers d'enfants ne suivent pas un enseignement scolaire normal. Ces enfants sont élevés par leur famille ou intégrés dans des établissement hors contrat qui échappent à tout contrôle de l'Etat, et ce en vertu d'une loi du XIXe siècle. Les mouvements sectaires ont bien compris le profit qu'ils pouvaient en tirer et utilisent des établissements paravents pour inculquer leurs doctrines. Bien souvent, ces « élèves » souffrent d'un niveau d'instruction médiocre, quand ils ne sont pas embrigadés ou maltraités. Jusqu'à présent, nous ne pouvions contrôler que l'état de salubrité ou de sécurité de ces établissements, c'était insuffisant. La nouvelle loi adoptée à l'unanimité par le parlement le 18 décembre 1998, va permettre de renforcer le contrôle de l'obligation scolaire, c'est-à-dire de garantir à tous les enfants le droit à l'instruction.
En pratique, qu'est ce qui va changer à la rentrée prochaine ?
Dans chaque département, et dans un délai de trois mois après le début de la rentrée, les inspecteurs d'académie devront contrôler le contenu des connaissances délivrées par les familles qui éduquent elles mêmes leurs enfants, mais aussi la qualité de l'enseignement prodigué par les organismes hors contrat. Les inspecteurs de l'Education nationale auront directement accès dans les mairies aux noms et aux adresses des familles des enfants non scolarisés normalement. Je précise que les évaluations iront bien au-delà du niveau élémentaire de lecture, d'écriture ou de calcul et porteront notamment sur les conditions d'épanouissement et d'exercice du sens critique de ces enfants. Un décret récent, en date du 23 mars 1999 précise le contenu des connaissances qui doivent être assurées à tous les enfants et une circulaire du 14 mai indique les modalités de contrôle. Les inspecteurs seront aussi attentifs à tout signe d'endoctrinement sectaire chez les enfants d'âge scolaire de 6 à 16 ans. Leur impose t-on des doctrines dangereuses ? Sont-ils astreints à des travaux ou des exercices physiques pénibles ? Les exemples ne manquent pas, hélas, de techniques de dépersonnalisation utilisées par les sectes.
Que se passera-t-il en cas de dérive constatées ?
Si les évaluations indiquent des résultats scolaires insatisfaisants pour un enfant instruit dans la famille ou dans un établissement hors contrat, des poursuites pénales pourront être engagées. Concrètement, le directeur de l'établissement sera mis en demeure de fournir des explications et d'améliorer l'instruction. Un second contrôle sera alors effectué dans un bref délai. Si les carences persistent, l'inspecteur d'académie devra saisir le procureur de la République qui pourra, s'il l'estime opportun, de poursuivre les parents qui refusent à l'enfant le droit l'instruction, le directeur d'établissement, et l'établissement lui-même. Le Code pénal prévoit, en la matière, de peines de six mois d'emprisonnement et de 50 000 F d'amende. L'article 227-17-1 permet aussi au tribunal de fermer l'établissement non conforme. J'ajoute que les inspecteurs d'académie pourront faire appel aux forces publiques en cas de refus de contrôle des familles et des écoles inspectées.

Le ministère fait fermer une école

La ministre déléguée à l'Enseignement scolaire a porté plainte contre une association et une école liées à une secte. Elles s'etaient inventé des agréments et des parrainages ministériels pour se donner une légitimité. L'Ecole de l'Eveil, située dans le XIème arrondissement à Paris, a été condamnée à 30.000 F d'amende et a dû fermer depuis ses portes.

Quant au CFA, Comité francais pour l'adolescence, dirigé par le Dr Sauveur Boukris, qui voulait organiser un congrès de psychiatrie sur les adolescents avec les parrainages bidon des ministères de l'Education natationale, de la Justice et de la Santé (« le Parisien » du 17 septembre 1998), il a été condamné en mars dernier à payer un franc symbolique au ministre. Le président du colloque avait, en d'autres temps, rédigé un rappor enthousiaste sur la Scientologie.

Afin de sensibliser l'ensemble du corps enseignant à l'influence néfaste des sectes, tous les chefs d'établissement viennent de recevoir un numéro spécial du « Bulletin officiel » de l'Education nationale qui explique en détail le nouveau dispositif de contrôle de l'obligation scolaire lié à la loi de décembre 1998.



  France : Sectes

L'Europe des Gourous.

Charlie Hebdo, 9 juin 1999, par Xavier Pasquini.

[Résumé]

Comment un texte juridique de bonne volonté fait la part belle aux sectes les plus dangereuses.

Ce n'est que le 22 décembre 1998 que la France a signé une convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des ONG (Organisations non gouvernementales), mise en place le 24 avril 1986 pour faciliter leur tâche.

Ce texte pose un vrai problème car le premier alinea de l'article 2 accorde le bénéfice du droit de l'Etat où est implantée l'ONG. Le journaliste explique que, de ce fait, si une secte crée une ONG dans un Etat signataire de la convention, c'est le droit de cet Etat qui sera appliqué à toutes ses filiales, quel que soit l'Etat signataire dans lequel elles sont implantées.

Les sectes à dimension internationale ont bien compris que le mieux est de s'installer dans un pays à faible législation, c'est ainsi que la scientologie a déclaré une ONG au Danemark, où il n'existe pas de législation sur les Associations,  et a demandé sa reconnaissance pour bénéficier des accords de Strasbourg.

Si cette reconnaissance est accordée toutes mesures de prévention prise par un Etat contre elle ou d'autres sectes pourra être mise en cause par la maison mère, (le siège social) de l'ONG par un recours devant la Cour de Justice des Communautés Européennes.

Et le journaliste de conclure : "Les gourous ne font pas la gueule. Avec ce texte permissif, l'Europe pourra devenir une terre légale de mission sectaire !"



  France : Raël

Les raëliens se fâchent tout rouge

France Soir, 9 juin 1999.
 
Hasard ? Alors que les sectes étaient une nouvelle fois mises au ban, hier, « la Religion raélienne de France » promettait de mettre la pression sur les politiques. Via un communiqué, les adeptes de Raël annonçaient la création de « I'Observatoire des condamnations des élites agissant négativement ». Jeu de lettres: la chose se résume par OCEAN. Océan de quoi, on se demande, à la lecture des objectifs de cet observatoire qui a pour vocation avouée de « suivre (...) les mises en examen et les condamnations touchant les élites de notre pays. » Les élites en question seront classées dans l'OCEAN et la « religion raélienne » publiera régulièrement sous forme de communiqués de presse des informations... « Un tableau d'honneur sera également établi. » Et de promettre « un prix déshonorifique » aux cibles. Moralité ( ? ) de ce comuniqué: « Il sera très instructif et surtout purement factuel de comparer les préju dices infligés à notre société par les «dangereuses sectes» à ceux dus aux dérapages de nos élites républicaines»



  France : Sectes

La France épinglée par les USA au nom de la liberté religieuse

AFP, 14 juin 1999

[Résumé]

La France, ainsi que la Belgique, l'Allemagne et l'Autriche sont épinglées dans un rapport du Département d'Etat américain qui leur reproche de menacer la liberté religieuse sous couvert de lutte contre les sectes et recommande au gouvernement américain "d'user de son influence morale et politique" pour dissuader les gouvernements européens de réprimer "les minorités religieuses" et "d'établir des listes de groupes suspects dont les idées apparaissent comme inhabituelles ou non orthodoxes".
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Interrogé par l'AFP le président de la mission interministérielle française de lutte contre les sectes, Alain Vivien, a qualifié ces accusations de "graves et infondées" en ajoutant que "depuis un siècle, à l'exception de la sinistre période de Vichy, il n'y a pas un exemple de répression religieuse en France".

Selon Alain Vivien, qui a protesté auprès de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, un proche de l'Eglise de Scientologie faisait partie de la délégation américaine venue enquêter au nom du département d'Etat en avril dernier à Paris.

Le copieux rapport du comité consultatif sur la liberté religieuse à l'étranger (Advisory Committee on Religious Freedom Abroad) consacre quelques paragraphes à la situation en Europe occidentale et nommément en France, Allemagne, Belgique et Autriche, quatre pays qui ont mis sur pied des commissions d'enquête sur les activités sectaires "sans aucune preuve que la majorité de ces groupes aient fait quoi que ce soit d'illégal, la création de telles commissions suggère au public qu'ils sont engagés dans des activités interdites" et contribue à "encourager l'intolérance religieuse".

"Nous défendons les libertés au moins aussi bien que les Américains", réplique Alain Vivien. "Aux Etats-Unis les libertés sont folles. Au nom du Premier amendement de la Constitution américaine qui interdit de légiférer en matière religieuse, on peut dire et faire n'importe quoi, y compris pratiquer la polygamie comme certains Mormons. La France reconnait la liberté de chacun dés lors qu'elle ne porte pas atteinte à celle des autres". "Les Américains parlent de liberté religieuse mais c'est de liberté de conscience qu'il faut parler. Elle doit être accordée à tous, y compris aux marxistes ou aux athées".

Il ajoute que les quatre pays européens épinglés par le rapport américain ont été rejoints par l'Espagne qui vient de créer un observatoire sur les sectes. "L'Europe se mobilise pour défendre les libertés contre les entreprises sectaires. Le retard des Etat-Unis dans ce combat est inquiétant", estime-t-il.



  France : Le Mandarom

Descente aux enfers pour la statue du Mandarom

Libération, 16 juin 1999, par Michel Henry

La justice ordonné sa destruction. La secte crie "au crime conte l'humanité".

[Résumé]

La statue de 33 metres de haut élevée à l'image de Monsieur Bourdin, "Messie cosmoplanétaire, par la secte du Mandarom, a Castellane (Alpes de Haute-Provence) doit être détruite. Ainsi en a décidé, hier, la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

Christine Amory-Mazaudier, leader des aumistes depuis le décès du messie le 19 mars 1998, s'insurge contre cette "guerre acharnée contre nous" et en appelle au "haut commissaire à l'ONU pour les discriminations religieuses". Selon elle, demander la destruction d'un "édifice religieux" relève d'un "crime contre l'humanité"...



  France : Sectes

Ecoles sectaires, le bizutage permanent

Charlie Hebdo, 16 juin 1999.

[Extrait]

Alors qu'on lutte contre le bizutage, comment tolérer que des petits garcons aient le crâne rasé et que les petites filles soient outrageusement maquillées pour faire plaisir à Krishna ? Alors qu'on se bat pour que l'instruction soit comprise par les enfants comme un épanouissement libérateur et émancipateur comment tolérer que l'enseignement sectaire soit dispensé à partir des textes délirants des gourou et que des gosses vivent dans la crainte permanent ?

Comment supporter la violence envers les plus faibles qui s'exerce par exemple dans la secte Tabitha's Place, où l'éducation est fondée sur la punition en référence à la Bible ? Un versets dit : « La folie est liée au cour des enfants, le bâton qui les châtie les en éloignera ». Dans les locaux de cette secte, on découvrit, lors d'une perquisition au mois d'avril 1998, le cadavre d'un bébé de dix-neuf mois mort de rachitisme.

Raël, l'ambassadeur des extra terrestres, n'est pas en reste de cruauté : « Le châtiment corporel doit être appliqué avec vigueur, affirme-t-il, par celui qui élève son enfant afin qu'il souffre lorsqu'il fait souffrir les autres. »

Sans identité, coupés du monde, évoluant dans un univers paranoïaque, manipulés, endoctrinés, maltraités ce sont de petits esclaves, formés pour devenir des gouroufiés prêts à tout pour leur « maître ».

Une secte comme l'Église de Scientologie est plus subtile dans son approche éducative. Elle a créé des établissements privés « L'École de l'éveil » est l'une d'entre elles. On y propose « le plaisir d 'apprendre » pour la maternelle, le primaire et le secondaire. Le programme est alléchant : ainsi, l'initiation à l'anglais s'y fait dès l'âge de trois ans. Voici quelques mois, sur les affiches de cette « école » apposées sur les murs de Paris, on pouvait lire « N° d 'agrément de l'Éducation nationale 0753334S/0753211L ». C'est une escroquerie. Il s'agit en fait du numéro d'enregistrement du dépôt de dossier et non d'un label du ministère. Condamnée à 30.000 F d'amende, l'école des scientologues a fermé boutique. A la suivante !

Lire Les Enfants des sectes, de Hayat El Mountacir.



  France : Sectes

Les richesses cachées des sectes

Le Figaro, 17 juin 1999, par Alexandrine Bouilhet.

[Résumé]

La commission d'enquête relative aux éxigences pécuniaires, aux relations financières internationales, à la situation patrimoniale et fiscale des sectes, rendu public aujourd'hui dresse un tableau édifiant des richesses accumulées par les principaux mouvements sectaires : la Scientologie, Moon, Chrishna, la Soka Gakkaï.

La secte de Ron Hubbard, la Scientologie est devenue une multinationale dont le capital est évalué à 300 millions de dollars, en France la richesse de la secte est évaluée à 41 millions de francs.

Il est très difficile aux pouvoirs publics de remonter les circuits d'argent quand les sectes installent leurs sièges dans des paradis fiscaux.

L'article rappelle que les sectes achètent, dans certains pays, des groupes de presse, des chaînes hôtelières, de grandes entreprises. En france Moon a acheté puis revendu l'hôtel Trianon Palace à versailles, la Soka Gakkaï possède le domaine de Forges à Trets acquise pour 5,4 millions de francs, les Témoins de Jéhovah possèderaient un revenu mensuel de 48 millions de francs grâce à la vente de leur journal publmié, dans le monde à 12 millions d'exemplaires.

L'origine de cette prospérité est en partie due à la contribution des adeptes. Selon le Centre Roger Ikor (CCMM) "la Méditation Transcendentale fixe son droit d'initiation au quart du salaire mensuel et le prix d'un cours de sidhi à 40.000 francs, l'adhésion au mouvement raëlien exige une cotisation de 3% du revenu annuel, cette cotisation passe à 7 % pour l'adhésion au mouvement international et à 10 % pour l'appartenance au gouvernement mondial "géniocrate".

[Commentaire de Mathieu Cossu]

A ma connaissance, toutes les sectes demandent de l'argent à leurs adeptes. Pour n'en citer qu'une parmi tant d'autres, l'Eglise du Christ de Paris à laquelle les adeptes doivent verser 10 % de leurs revenu brut et, une fois par an, en juillet, pour la "collecte des missions", 18 à 23 fois leur contribution hebdomadaire.

Le rapport parlementaire.



  France : Sectes

Les sectes sont riches et gagnent de l'argent

Le Parisien, 18 juin 1999, par Eric Giacometti.

[Texte intégral]

ENQUÊTE:  Dans un rapport parlementaire de 350 pages, les députés dénoncent la fortune des sectes

C'est en substance le résumé du rapport d'enquête parlementaire sur les finances des sectes, rendu public hier. Après six mois d'investigation et une cinquantaine d'auditions à huis clos, les deputés ont rassemblé dans un document de 350 pages leurs travaux portant sur trente groupements assimilés à des sectes « Le monde des sectes a gagné en mercantilisme ce qu'il a perdu en spiritualité, explique le deputé Jacques Guyard (PS, Essonne). Les plus importantes sont les Témoins de Jéhovah avec un chiffre d'affaires de 200 millions de francs, l'Église de scientologie avec un revenu annuel de 60 millions de francs et la Soka Gakkaï qui possède un patrimoine de 240 millions ».

La Pierre une valeur sûre

D'où vient l'argent ? Les quinze dé putés qui ont mené l'enquête, dont Jean-Pierre Brard (PC), Jacques Myard (RPR), Ruddy Salles (UDF), ont identifié, hormis les dons des adultes, six domaines d'activites servant, pour reprendre l'expression d'un des députés, de « pompe à fric » : la formation professionnelle, l'éducation, l'informatique, la santé, le développement personnel et l'humanitaire. Dans la plupart des exemples, les sectes disposent de sociétés-écrans n'ayant souvent aucun lien juridique avec la secte mère et qui proposent des prestations à des sociétés ou des particuliers. Ainsi pour l'Église de scientologie, la commission recense 114 sociétés ou associations (SA, SARL, SNC, etc.), cela va du cours de dessin à la vente de produit informatique en passant par l'agence matrimoniale ou l'entretien de matériels agricoles ! « Cette liste et les estimations financières sont fausses, rétorque la porte-parole de la Scientologie jointe par téléphone. Une société dirigée par un scientologue n'implique pas que celle-ci appartienne à l'Église ». D'autres associations ont investi dans le domaine de la santé et des médecines douces, moins soumises aux contrôles de l'Etat.

L'une des surprises du rapport concerne le patrimoime, et plus particulièrement le nombre d'immeubles détenus par ces associations associations « spirituelles ». Ainsi, les Témoins de Jéhovah posséderaient plus de 1.000 immeubles et logements sur toute la France, pour la plupart des lieux de culte. Certains groupements (Moon ; Cluny ; Tradition, Famille, Propriété ; Rose-Croix, etc.) marquent des préférences pour des demeures de style châteaux ou manoirs, d'autres, comme la Soka Gakkaï d'origine japonaise, préfèrent investir dans les immeubles de rapport à Paris et en banlieu. Si la pierre reste une valeur sûre, l'un des secteurs les plus lucratifs pour les sectes est sans conteste le domaine de la formation professionnelle. « Il n'existe aucun contrôle sur ces sociétés, explique Jean-Pierre Brard. Les sectes l'ont bien compris et proposent des séminaires de toutes sortes aux entreprises en facturant le prix fort.» Et ça marche, même sur les thèmes les plus surprenants comme ces 150 salariés qui ont suivi un stage d'une semaine de communication avec les... anges. Au prix de 17.000 F par personne. Ou encore ce stage de développement de cadres managers, payé plusieurs milliers de francs, où l'on demande aux participants de tuer un chaton pour ne pas être esclave de ses émotions.

Pénétration des grandes entreprises

Au-delà, le rapport pointe le danger de la pénétration de grandes entreprises (EDF, Thomson, IBM, RATP, etc...) par ces associations écrans. Au rayon dissimulation de bénéfices, la fraude fiscale semble être un sport pratiqué par de nombreux groupements. Le rapport estime à 545 millions de francs l'ensemble des créances fiscales détenues par le ministère des Finances sur 22 grands mouvements sectaires. Par exemple Krishna, dont les adeptes prônent l'abandon des biens matériels, se voit gratifier d'une ardoise de 164 millions de francs. Les députés ont rédigé trente propositions pour lutter contre ces pratiques, et non, en revanche contre les croyances spirituelles (un argument que développeront d'ailleurs les groupes épinglés par le rapport: déjà, le président de la Scientologie, le révérend Jentzch, appelle le gouvernement français à revenir « aux principes de liberté religieuse ». Parmi ces propositions figurent elles d'un renforcement du statut des associations et de la nomination dans chaque cour d'appel d'un magistrat chargé des sectes.



  France : Sectes

La couverture des entreprises

Le Point, 18 juin 1999, par Jacques Masse.

[Résumé]

La commission d'enquête parlementaire cite  MTR Electronics et Seven Lines Control Systems, sociétés en faillite qui ont installé le dispositif de télésurveillance et de sécurité de la Grande Biblliothèque de france dont les patrons étaient liés à la secte Methernita.



  Belgique : Ogyen Kuzang Chöling (O.K.C)

Nouvelle plainte contre le gourou de l'O.K.C

Le Soir Bruxelles , 22 juin 1999, par Alain Lallemand.

[Extraits]

La secte devrait plus de cinquante millions de francs (belges) à la seule Sécurité sociale.

Le dossier d'instruction ouvert à charge de Robert Spatz, le gourou de la secte Ogyen Kuzang Choling (OKC), s'est alourdi dernièrement d'une plainte pour coups et blessures, avec constitution de partie civile.

Il s'agit cette fois d'une plainte formulée par l'un des médecins membres de la secte, le Docteur Jean-François Buysschaert, qui officiait autrefois - avec l'un de ses confrères également membre de la secte - au 115 de la rue de Livourne à Bruxelles. Le 115 est le siège de l'ASBL Tanadou, centre médical d'OKC, mais c'est également à cet endroit qu'aboutit une ligne téléphonique du cabinet comptable Koubera, lui aussi lié à la secte.

Pour rappel, Robert Spatz était apparu à la «une» de l'actualité en mai 1997, lors d'une série de perquisitions spectaculaires à son domicile et aux sièges de la secte, tant à Bruxelles qu'à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence). Le dossier, au départ financier et fiscal, s'était élargi à l'été 1997 : un mandat d'arrêt avait alors été délivré à son encontre pour des faits qualifiés de viol avec la circonstance aggravante de l'autorité exercée sur la victime, et attentat à la pudeur sur mineur de moins de 16 ans. Le Dr Buysschaert, pour sa part, est en examen (NDLR: inculpé) en France pour exercice illicite de la médecine.

Par ailleurs, l'expertise financière de l'asbl OKC aurait été clôturée. Entamée à l'été 1997, elle démontrerait que l'ASBL est en défaut de paiement - pour le seul Office national de sécurité sociale (ONSS) - de plus de cinquante millions de francs. Sans compter les amendes.



  France : Le Mandarom

Le gourou perd sa statue et les politiques la face

Le Canard Enchaîné, 23 juin 1999, par Serge Richard.

[Résumé]

Après avoir rappelé la décision de justice de "déboulonner" la statue du gourou, décédé l'année dernière, le journaliste rappelle quelques "accointances" qu'il nomme "un émouvant consensus droite-gauche", en effet :

  • Fernand Tardy, sénateur socialiste était intervenu auprès du Prefet en faveur de la construction d'un temple de 33 mètres de haut.
  • Maurice Boniface, classé divers droite, président du Conseil Général de Haute Provence, avait décidé que le département prendrait en charge 50% de la route spéciale Mandarom.
  • Pierre Rinaldi (RPR) successeur de  M.Boniface, a élargi cette route, a été mis, plus tard en examen pour corruption et prise illégale d'interêt.
  • Le gourou avait obtenu le soutien d'un élu RPR, le patron du bâtiment, René Ceza.
  • Michel Carle, Maire de Castellane (UDF), avait signé le permis de construire du temple de 8.000 m2, en complète contradiction avec son propre plan d'occupation des sols.
  • [Commentaire de Mathieu Cossu]

    Ces élus ne savaient probablement pas qu'il s'agissait d'une secte !



      France : Contre Réforme Catholique (CRC)

    l'Abbé de Nantes : une secte "modèle"

    [Résumé]

    La Une de Troyes, 23 juin 1999, par Philippe Schilde.

    La Maison Saint Joseph, située à Saint-Parres-lès-Vaudes, abrite la secte depuis que son gourou a été exclu de l'église catholique, en 1963, pour s'être opposé à Vatican II.

    La CRC est classée dans le rapport parlementaire sur les finances des sectes, comme "l'exemple d'une organisation sectaire complète". Elle est organisée en quatre structures, domiciliées à la même adresse, qui établissent entre elles des liens financiers. La Contre Réforme Catholique du XXe siècle et Les Amis de la Communauté du Sacré-Coeur de Saint-Parres-lès-Vaudes s'occupent des activités prosélytes. La Maison Saint-Joseph est une SCI qui regroupe les biens immobiliers de la secte, l'Imprimerie Saint-Joseph une SARL qui assure la diffusion des écrits du fondateur.

    La principale source de financement du groupe provient de la vente d'objets et des oeuvres du gourou. Les recettes sont estimées de 1,3 à 1,6 MF, le patrimoine est évalué à 3,5 MF.