Chez les dévots de Krishna

 La presse ayant révélé toutes les vicissitudes du mouvement, nous sûmes bientôt qu'elles étaient dues au pourrissement grandissant de toutes les structures des "Temples" et que la faillite était internationale. Catastrophe pour une mission voulant paradoxalement sauver l'Occident de son anéantissement apocalyptique ! Si la panique souffla un moment sur les Dévots, elle se calma bientôt dans l'attente des solutions qui ne devaient pas tarder... et que nous avons suivies.

• Contestataires et irréductibles
• Un bilan des plus amers
• Des réinsertions difficiles
• Des réalisations hasardeuses
• Les chemins de la réinsertion

 Le premier d'emblée qui sembla le plus tonique fut celui des contestataires de longue date, qui avaient crié en vain leur réprobation de la conduite des autorités en place. Ils se réunirent, soucieux de vivre, enfin libérés, et dans une doctrine véritable, leur engagement culturel et spirituel.

 Sous l'égide de Ch. Petit, rédacteur de la "Plume de Paon", leur journal, ce groupe continue depuis de se développer.

 Le deuxième, celui des irréductibles, se replia au Château d'Oublaisse, dernier bastion de l'AICK. Là furent tentés par quelques leaders du passé des remaniements successifs dont aucun ne fut retenu (notamment celui de redorer l'image du gourou américain en fuite).

 La liquidation des biens devenue impérative accentua l'inquiétude et les dissensions. La nécessité d'habiter un château sans confort sur un domaine privé d'eau précipita les défections. Le temple changea plusieurs fois d'autorités étrangères que les Dévots français désormais refusèrent.

 Puis en Août 1987, un Monsieur Vishambar alias Dupuy, un Canadien, parut à la télévision et nous apprîmes que l'AICK avait un nouveau gourou. Cet ancien bras droit du Gourou Dev en fuite, dans un programme qui se voulait rassurant, mais cependant assez flou, parla de continuité et de reconversion : peu importants pour lui les problèmes financiers du groupe, et d'ailleurs, les Dévots tous concernés, bien entendu, par les dettes du Temple, allaient se mettre au travail. Un travail régulier, déclaré, avec les services sociaux, dans l'observance toujours de la spiritualité qui est... primordiale ! Bien dit, Monsieur Dupuy, mais ce n'était pas bien d'être là à Antenne 2 dans votre souriante impudeur, avec vos discours alambiqués et "transcendantaux", trahissant la réalité.

 Vous avez gêné beaucoup de monde, beaucoup de vos Dévots. Il semble que votre mutation ne sera pas facile, si vous la cherchez toujours aux sources du marketing de la spiritualité.
 

• "Les Kharmis - les non Krishna - deviennent de plus en plus stupides...
• Si vous arrêtez quelqu'un, vous devez par tous les moyens lui faire donner quelque chose.
• Si tout le monde travaille bien, il n'y a pas de raison que chacun ne fasse pas 1.500 à 2.000 F par jour.
• Si vous pensez être bien conscient, alors pourquoi ne pouvez vous pas revenir avec 10.000 F.
• Qu'est-ce que vous croyez pouvoir faire en revenant avec vos petits 1.000 F par jour ?

 Or, il est maintenant apparu que de cette Gloire manifestée à Krishna, il ressort, au contraire, après un bilan des plus amers, un liste trop longue de sérieux problèmes. On y retrouve :

• des mères tellement désorientées, déstructurées qu'elles abandonnent quelquefois leurs enfants et refusent de se faire soigner par d'autre que Krishna,
• des pères qui eux ne voient jamais leurs enfants parce qu'un jour, révoltés, ils ont quitté la Conscience de Krishna,
• des enfants dont on ne paye jamais la pension alimentaire parce que le père lui, est resté Dévot et n'admet pas que sa femme ait pu quitter le Temple avec les enfants,
• des filles malades et torturées de devoir faire un choix qui les privera de leurs amis Dévots auxquels elles restent très attachées ou de la sécurité que peuvent leur apporter les parents,
• des parents de Dévots qui assument les suites douloureuses des condamnations, amendes, emprisonnements de leurs enfants, des héritages abandonnés par eux à leur gourou, et qui à la suite de leurs "dons" se retrouvent aujourd'hui sur la paille,
• des gens spoliés, de toutes natures, tel ce père de famille qui dut abandonner les millions gagnés par sa société et fut "convaincu" de les donner à Krishna "parce que l'argent était impur pour lui", même s'il n'était à ce moment qu'un ex-Dévot de Krishna (Cet homme, aujourd'hui révolté, tente de revivre tant bien que mal avec sa femme et ses quatre enfants.)

 Précisons encore que le programme de Monsieur Dupuy Vishambar ne concerne que les adeptes du Château d'Oublaisse et que bien d'autres familles de Dévots sont encore à la recherche d'une voie nouvelle.

 Les relations familiales très distendues depuis des années sont renouées. Les demandes d'aides diverses en vue de réinsertion sont généralement bien tolérées par les parents qui espèrent voir un jour leurs enfants libérés des gourous de pacotille. Pour l'heure, ils doivent quitter le dernier refuge d'Oublaisse, sans ressources, sans formation, ils ont besoin de tout (appartements, voitures, prêts, pensions pour les études, assistance médicale). Une nouvelle tendance est donc nettement amorcée pour l'ensemble du groupe.

 Les enfants retournent tous à l'école communale. Ils sont mieux soignés depuis un certain temps déjà. Ils ne semblent pas avoir trop souffert de l'austérité générale. Les Dévotes mères de famille ont au moins pour elles, à l'heure actuelle, la possibilité de garder entièrement les allocations qui avaient souvent dans le passé servi à nourrir les plus démunis.

 Les enfants fréquentant les classes extérieures commenceraient de manifester une certaine opposition à la vie "krishnique" de leurs parents. Surtout les plus grands. L'espoir renaît pour des grands-parents qui depuis plusieurs années luttent pour changer la vie de leurs petits-enfants.

 Devant les difficultés de trouver un emploi de salarié professionnel, certains arrivent à vivre de la vente des livres et de divers produits artisanaux diffusés par un nouveau groupe dont la base est à Noisy-le-Grand. Il est encore difficile de préciser à l'heure actuelle quelle est la position de ce groupe par rapport aux enseignements passés. Mais il est certain qu'un autre Temple s'installe et qu'il accueillera les déités du Château d'Ermenonville, complètement abandonné par les dévots.
 

 Réunis dans "l'Association pour le Rapprochement des Cultures" animée par Ch. Petit, chacun expose ses idées. On y parle en toute simplicité des difficultés de la réinsertion sociale que beaucoup rencontrent après l'imposture paralysante des dix dernières années. "Nous nous sentons libérés aujourd'hui, disent-ils, plus en accord avec notre foi, parce que nous pouvons mieux la vivre loin des contraintes qui nous étaient imposées".

 Reconnaissons que la lutte et la nouvelle orientation de ces Dévots courageux illustrent particulièrement la nécessité des actions des familles et des ADFI menées contre la malfaisance des pseudo-gourous, actions qui ne furent jamais dirigées contre des recherches spirituelles sincères et diverses.

 De graves questions restent cependant toujours posées auxquelles seul l'avenir pourra sans doute répondre.

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