Actualités sur les sectes en avril 1999

 

Témoins de Jéhovah Une mère sous l'emprise d'une secte
Horus La médecine sectaire
Méditation transcendentale Les yogis des Balkans et communiqué de presse du Parti de la Loi naturelle
Les jardins de la vie La religieuse et le gourou violeur
Raël Enixia, une école hors contrat sous haute surveillance
Sectes L'Education Nationale renforce son arsenal de lutte contre l'influence des sectes
Sectes L'Europe des sectes
Fraternité missionnaire du Christ jeune Le prix de la "croix de l'amour"
Herbalife Herbalife: un produit amaigrissant douteux
Secte Moon Escroquerie à la mairie
Horus Ces dames du bio géant
Falun Gong  La manifestation d'une secte d'obédience bouddhiste réunit dix mille personnes à Pékin
Methernita Maudite Bibliothèque de France

 


  Belgique : Témoins de Jéhovah

Une mère sous l'emprise d'une secte

L'Humanité, 6 avril 1999, par France Berlioz

Cette ancienne adepte des Témoins de Jéhovah raconte ses vingt-cinq ans d'enfermement psychologique. Et son combat d'aujourd'hui contre tous les comportements sectaires.

Nous l'avons rencontrée dans sa maison, près de Durbuy, en Belgique. Michèle Saenen est une petite femme blonde, énergique. Déterminée à se battre " contre l'enfer des sectes ". Elle a dans la voix une boule de chagrin quand elle raconte son parcours et celui de sa famille chez les Témoins de Jéhovah. " J'ai été une prisonnière volontaire d'une prison aux portes ouvertes ", explique l'ancienne adepte. Bien qu'ils ne se replient pas hors du monde, les Témoins de Jéhovah sont bel et bien une secte. Pour ceux qui tombent dans leur toile tissée serrée, le prix à payer pour le paradis passe par l'oubli de soi. Au nom de la foi et de la résurrection, que de non-dits, de frustrations et de souffrances... Michèle Saenen estime qu'après une " longue amnésie ", aujourd'hui, elle revit.

Pendant vingt-cinq ans, j'ai été une prisonnière volontaire. Aujourd'hui, je revis et je réapprends à marcher. Tout commence l'année de mes vingt et un ans. Je suis alors une femme libre. La vie est belle jusqu'à cette histoire d'amour qui tourne au cauchemar. Là, tout bascule. Je suis enceinte. Et pour mon père, fautive et coupable. C'est la honte, le drame, le rejet. Mais les Témoins de Jéhovah, qui ont déjà happé mes parents, sont là. Prêts à ramener la pauvre âme que je suis dans le droit chemin. Celui de la Bible. Ils sont si gentils, si affectueux, et moi si ébranlée ! Je commence à aller à l'" étude ", aux réunions : je n'ose pas leur dire non. Machinalement, sans réfléchir, j'avance dans le cheminement de leur pensée. La leçon est simple. C'est comme une recette de cuisine : si l'on suit les indications à la lettre, on obtient exactement ce que l'on souhaite ; un monde idéal, sans guerre, sans violence ni chômage, avec seulement plein d'amour... N'est-ce pas le rêve de tout le monde ?

Je suis déjà dépendante de ce paradis. Plus tard, j'apprends les règles de la congrégation. Ses interdits ? Voter ; faire de la politique ; fumer ; faire des fêtes ou y participer ; être homosexuel ; donner ou recevoir du sang... J'apprends aussi que la femme doit être soumise à son mari ; qu'elle lui est " complémentaire " et non égale ; que sa place se trouve plutôt dans les tâches subalternes. J'apprends encore qu'il est mal vu de faire des études supérieures (celles-ci étaient d'ailleurs interdites il n'y a pas si longtemps) ; qu'en dehors des Témoins de Jéhovah, le monde est pervers ; qu'y puiser des connaissances, c'est prendre le risque d'être contaminé.

J'apprends donc... Et j'oublie qui je suis pour coller à la " vraie personnalité chrétienne " prescrite par la congrégation. Dans le même temps, il y a la mort de mon père et la naissance, huit jours après, de ma fille Vinciane, qui vient au monde avec les hanches luxées. Ma mère ensuite a une crise cardiaque. Je traduis tout ça comme une punition de Dieu. Les Témoins, eux, sont là. Ils me soutiennent, m'entourent avec leurs mots et leur ferveur. Ils me parlent aussi des épreuves qu'il faut endurer pour mériter le monde idéal.

C'est aux Témoins que je rencontre mon mari. Après son divorce, on se marie. De notre union naît Gabrielle et, dix mois plus tard, Jaël. Mais le destin s'acharne à nouveau : j'ai un accident de voiture qui provoque la mort de nos deux petites filles. Effondrés, nous nous raccrochons très fort aux Témoins, qui nous disent : " Si vous voulez retrouver vos enfants dans le monde nouveau, vous devez être parfaits, irréprochables aux yeux de Dieu. " Nous n'avons plus droit à l'erreur.

Quelques jours après l'enterrement, l'un des " anciens " - qui sont, en quelque sorte, les prêtres de la congrégation - sous-entend que j'ai tué mes petites filles. Quel choc ! Je crie, je hurle ma douleur. Mais on me dit que, si j'ai la foi, je n'ai pas le droit de pleurer mes enfants ni d'aller porter des fleurs sur leurs tombes. Cela bouleverse complètement ma vie.

Privée de deuil, je ne pense plus qu'à une chose : être parfaite pour pouvoir retrouver, un jour, Gabrielle et Jaël qui m'appellent dans mes rêves. Les " anciens " se mêlent de tout : de notre vie de couple, de nos règles de vie, de l'éducation de Vinciane, de la gestion de nos finances... La naissance d'Aurore m'apporte à nouveau l'espoir. Mais je suis en pleine dépression. Sans doute parce que je me prive de vivre pleinement. Il y a ce sentiment d'enfermement qui m'oppresse. J'écris une lettre de rupture aux Témoins, qui n'en tiennent pas compte vu mon état de santé. Mais il y a, de leur part, une reprise en main. Ils me rappellent que si je n'obéis pas aux règles de la congrégation, je vais perdre mes enfants à tout jamais. La carotte pour me faire avancer. Du coup, à la maison, je deviens une locomotive alimentée par les chardons de la résurrection. Aurore a beaucoup souffert de mon sectarisme.

Nous nous installons à Durbuy. Je me remets à une passion de jeunesse : la photo. Cela m'aide à sortir du noir de ma dépression. Je photographie notamment les cérémonies de mariage. Les " anciens " me tombent dessus. Pour eux, en faisant des photos dans les églises, je perpétue " le faux culte " et je suis une entrave à la foi des autres Témoins. Donc, ils m'intiment l'ordre d'arrêter. Malgré tout, je continue. Désormais, dans la congrégation, je ne suis plus fréquentable. Et moi, je doute de plus en plus.

Tout s'écroule définitivement quand je découvre un article dans un hebdomadaire, " le Vif l'Express ". On est en plein dans l'affaire Dutroux. Et voilà que j'apprends qu'il y a vingt ans, un certain Raymond, Témoin de Jéhovah, a abusé d'une petite fille de neuf ans. Non seulement il n'a pas été exclu, mais la congrégation a étouffé l'affaire en demandant à la petite de " pardonner ". Et le fameux Raymond a récidivé : on vient de trouver chez lui un impressionnant stock de matériel pédophiles et des centaines de photos d'enfants dans des poses obscènes. L'horreur ! Pour moi, c'est un séisme psychologique. Je demande des comptes : l'organisation estime d'abord ma réaction déplacée et me dit ensuite qu'il y a " prescription ".

Je vivais déjà ma foi au ralenti. Maintenant, c'est fini. Quelques jours après cet épisode, je brave l'interdit suprême : je vais avec Aurore, sur la tombe de mes deux petites filles, pour y mettre des fleurs. Et enfin je pleure.

Je décide de rompre définitivement avec les Témoins de Jéhovah. Aurore, qui a seize ans, me suit sans hésiter. Elle est tellement soulagée ! Mais mon mari reste terrorisé par l'idée de l'exclusion. Du coup, je n'envoie pas tout de suite ma lettre de démission. Je suis très mal. Comme un ballon trop gonflé qui se heurte contre les murs. Larguée, presque libre, mais toujours secouée par les courants de la manipulation. Je veux alors comprendre les raisons de ce malaise. Je commence à faire des recherches. Aurore aussi. Nous rencontrons des associations qui nous parlent des comportements sectaires. Et puis je lis, je lis... Jusqu'à ce que je comprenne ce que veut dire " manipulation mentale ". Là, je réalise que j'ai bel et bien fait partie d'une secte. Je n'en dors plus, je craque. Mais, petit à petit, je fais mon chemin. Longtemps très seule. Avec Jean-Marie, mon époux, on ne sait plus se parler. Je lui en veux d'avoir si peur, d'être si peu solidaire. Il lui a fallu neuf mois - le temps d'une maternité ! - pour qu'il ait sa propre boulimie de savoir. Et un an pour qu'il vienne pleurer avec moi sur la tombe de Gabrielle et Jaël.

Aujourd'hui, je consacre tout mon temps à informer et témoigner contre les comportements sectaires. Nous venons d'ailleurs de créer en Belgique une association d'aide aux victimes : l'AVCS. J'en veux à la congrégation, mais pas aux Témoins de Jéhovah. Pour moi, ce sont des victimes, infantilisés, assistés, qui ont des barreaux dans la tête. Et parmi eux, il y a encore ma fille, Vinciane. Quelle déchirure ! J'ai mal. Récemment, nous l'avons rencontrée dans un café, pendant une heure et demie. Et lorsqu'on s'est quittées, elle m'a prise dans ses bras et j'ai vu son sourire. Ah ce sourire... Si merveilleux. C'est mon cadeau. Ma force. Je sais maintenant qu'elle retrouvera sa liberté. Quand ? Peut-être lorsqu'elle vivra sa première maternité. Un enfant, ça change tout dans une vie de femme, et c'est sans doute parce que les Témoins de Jéhovah ont voulu nier mon amour de mère qu'aujourd'hui je suis dehors. Et que je revis.



  France : Horus

Médecine sectaire

Charlie-Hebdo, 7 avril 1999. Par Xavier Pasquini.

La condamnation de la gourelle rappelle les liens entre les "médecines douces" et les sectes.

[Résumé]

"Le 30 Mars, Maïté Castano, fondatrice et dirigeante de la secte Horus, a été condamnée à deux ans de prison dont un ferme pour "non-assistance à personne en danger" et "exercice illégal de la médecine" après la mort de deux femmes adeptes" diabétiques, auxquelles elle avait refusé une hospitalisation nécessaire. "Le tribunal a également condamné un couple d'adeptes (en fuite aux Comores) à deux ans de prison dont un ferme, à 40 000 F d'amende et au retrait de l'autorité parentale." Ils avaient refusé la vaccination anti-tétanique à leur fils, aujourd'hui guéri après d'atroces souffrances, et avaient bénéficié, pour la falsification du carnet de vaccinations de leur fils, de la complicité de Juliette Boillon, "une des dirigeantes de la secte Horus, docteur en médecine et théoricienne de l'antivaccination. Pour cela, le tribunal l'a condamnée à l'interdiction de l'exercice de la médecine (elle était déjà radiée de l'ordre des médecins) et à un an de prison ferme pour le décès des deux adeptes diabétiques."

"Enfin, un autre couple a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir refusé que leur fille, atteinte d'une toxoplasmose congénitale neurologique, bénéficie d'un traitement antibiotique. Elle risque une cécité totale et "des atteintes neurologiques graves avec arriération mentale", d'après l'expertise médicale. A l'énoncé du jugement, Régine Bardos, la mère, a annoncé qu'elle ferait appel, en précisant : "C'est très grave qu'en France on ne puisse pas choisir sa médecine"."

Xavier Pasquini analyse ensuite ce procès comme un exemple de la paranoïa anti-vaccinale caractéristique du milieu sectaire et de sa lisière, citant au passage J.M. Abgrall, qui développe ce thème dans son livre "Les Charlatans de la Santé".


  France : Méditation transcendentale

Les yogis volants des Balkans

(et, à la suite de l'article du Canard Enchaîné, un communiqué de presse du Parti de la Loi Naturelle).


Le Canard Enchaîné, 14 avril 1999.

[Texte intégral]

John Hagelin, "physicien quantique et candidat du parti de Loi Naturelle" (à la prochaine élection présidentielle américaine), a proposé au président Clinton d' "envoyer 7 000 yogis volants dans les Balkans pour mettre un terme à la guerre" ("The Daily Telegraph", 8/4).

Il affirme qu'en les plaçant "à des endroits stratégiques en Bosnie et en Albanie" ces hordes de yogis parviendraient à "apaiser la région".

Après les frappes, attention aux frappés !


Communiqué de presse du Parti de la Loi Naturelle.


A l'attention du directeur du service politique le 22 avril 1999

Appel à l'OTAN et aux chefs de gouvernement à utiliser les moyens scientifiquement prouvés pour arrêter la guerre en Yougoslavie  Les leaders de Parti de la Loi Naturelle de l'Union européenne ont annoncé aujourd'hui au cours d'une conférence de presse à Bruxelles qu'ils allaient envoyer à l'OTAN et aux chefs de gouvernement des pays impliqués dans la guerre, un appel commun à adopter enfin les moyens efficaces pour mettre fin à la guerre en Yougoslavie.

« L'utilisation de la force par les alliés montre que l'on n'a pas tiré les leçons du passé : la violence entraîne la violence et son cortège de haine et de malheurs », a déclaré Dr Geoffrey
Clements, leader du Parti de la Loi Naturelle du Royaume-Uni. 

Cette guerre résulte de l'accumulation du stress depuis des centaines d'années. Seule une technologie de paix capable de neutraliser le stress peut résoudre la crise actuelle et empêcher son extension aux autres pays, en particulier aux pays agresseurs en vertu de la loi physique «Réaction = action ».

M. Thomas Mullins, leader du Parti de la Loi Naturelle d'Irlande du Nord, a rappelé les expériences réussies de l'utilisation de la technologie de la loi naturelle dans les conflits du Liban,
d'Irlande du Nord, du Mozambique, ou même de la démonstration suivie de la baisse annoncée de 22 % de la criminalité à Washington en 1993.

Tous les leaders présents d'Allemagne, de Belgique, d'Espagne, de France, de Grèce, d'Irlande du Nord, d'Italie et du Royaume-Uni ont donc signé un appel commun que chacun remettra à
son chef de gouvernement ainsi qu'à l'OTAN les invitant à constituer immédiatement une force de paix de 10000 personnes formées à la technologie de la loi naturelle, en particulier au Vol yogique qui est la technologie actuelle la plus puissante pour résoudre les conflits, comme l'ont montré plusieurs dizaines de recherches scientifiques.

M. Benoît Frappé, président du Parti de la Loi Naturelle de France, a déclaré que la question du maintien de la paix en Europe faisait partie intégrante des 20 points du programme commun du Parti de la Loi Naturelle pour les élections européennes. « La loi naturelle nous donne les moyens de créer une Europe unie, sans problèmes, où chaque Etat membre maintiendra sa souveraineté. Ce serait une erreur de ne pas les utiliser. »

Fin de communiqué
Parti de la Loi Naturelle
 


  France : Les Jardins de la vie

La religieuse et le gourou violeur.

L'Express, 15 avril 1999, par Marion Festraëts

[Résumé + Commentaire d'Emmanuel Marin]

Bernadette attend depuis dix ans que justice lui soit rendue.

"Les jardins de la vie" est une secte, répertoriée comme telle dans le rapport parlementaire de 1996, fondée par un psychothérapeute dont la journaliste ne donne que le prénom, Gabriel. Bernadette, religieuse travaillant comme assistante sociale dans une prison, a été violée par lui en 1984, quand elle avait 46 ans. Elle reviendra encore à deux stages de ce praticien avant de comprendre qu'elle a affaire à un charlatan profitant de sa fragilité lors d'une période difficile de sa vie. Avec d'autres victimes de psys, elle vient de fonder l'Ancas/PPS (Association nationale contre les abus sexuels commis par des professionnels de la santé).

"Dix ans plus tard, son dossier est toujours à l'instruction. Quant à Gabriel, il continue d'exercer ses talents de "psychothérapeute" dans les Pyrénées-Orientales."

[Espérions que cette initiative ne sera pas parasitée par l'Eglise de scientologie, pour laquelle la confusion entre sectes et "anti-sectes" d'une part, et la dénonciation des abus des psys d'autre part, sont des axes majeurs de propagandes - jusqu'à l'extrême et l'invraisemblable]


  France : Raël

Enixia, une école hors contrat sous haute surveillance.

Le Monde, 15 avril 1999, par Pascale Kremer.

[Résumé ]

Enixia est une école hors contrat située dans la zone d'activités de Courtaboeuf, à Villebon-sur-Yvette (Essonne). Ses locaux modernes et richement dotés accueillent soixante-dix élèves par classe de douze. Les élèves sont pour la plupart des enfants des "cadres employés de cette Silicon Valley française. La moitié d'entre eux sont considérés comme "surdoués"." Les parents paient entre 1875 et 2250 francs par mois. Un enseignement "enrichi" est proposé aux bambins dès deux ans, et il est fréquent de sauter une, deux voire trois classes.

Enixia inquiète pourtant le ministère de l'Education nationale, la directrice, Laurence Belliveau, et son compagnon ne cachant pas avoir été adeptes de la secte de Raël. Un membre du ministère explique l'inquiétude : "les raëliens pratiquent la "méditation sensuelle", une forme d'initiation à la sexualité dès le plus jeune âge... Un certain nombre de membres de la secte ont été condamnés pour pédophilie". De plus, alors que la secte prône l'avènement de la géniocratie, régime dans lequel, entre autres aspects nauséabonds, les droits civiques sont maintenus seulement pour les personnes assez intelligentes, "comme par hasard, l'école s'adresse aux élèves réputés surdoués, ce qui entre dans la stratégie de la secte. Les parents sont flattés d'entendre que leur enfant est un génie qui aura sa place dans les élites mondiales." La directrice s'énerve du rappel de son passé dans la secte, bien qu'elle en garde un bon souvenir, car "il n'y a aucun lien avec cette école laïque. Nous l'avons créée pour des enfants précoces ne trouvant pas leur place dans l'éducation nationale !".

Un contrôle inopiné en décembre 1998 pour décéler une éventuelle influence sectaire sur l'enseignement d'Enixia ne conclut à aucune anomalie, même si la présence d'une fresque historique s'arrêtant avant la Révolution française attira l'attention, la secte affichant un mépris de la démocratie et de ses "imbéciles" qui y ont le droit de voter. "La directrice a alors invoqué une interruption du travail due aux vacances scolaires".

Le membre du ministère conclue : "Le cas Enixia est emblématique. Il témoigne de la difficulté que nous avons à trouver des preuves. C'en est fini de l'amateurisme des petites écoles sectaires installées dans des locaux insalubres. Aujourd'hui, les sectes ont des locaux modernes, qui ont satisfait à toutes les exigences de sécurité et dispensent des enseignements au contenu apparemment correct. D'où l'intérêt, pour les inspecteurs, de pouvoir contrôler la pédagogie, et évaluer individuellement les enfants, qui en diront plus sur l'école que le simple état des locaux".

NB :Voir: une lettre de l'école Enixia


  France : Sectes

L'Education Nationale renforce son arsenal de lutte contre l'influence des sectes.

Le Monde, 15 avril 1999, par Béatrice Gurrey.

Une circulaire va étendre le contrôle de l'instruction dans la famille et dans les écoles hors contrat.

[Résumé]

Le nouvel arsenal juridique du ministère de l'éducation nationale comprendra bientôt une circulaire sur le contrôle de l'obligation scolaire. Cette circulaire ainsi que l'ensemble des nouveaux textes adoptés avec un large consensus "permet désormais à l'Etat de vérifier de façon fréquente et précise le niveau d'instruction dont bénéficient les enfants instruits chez eux et de contrôler la validité de l'enseignement prodigué par les établissements hors-contrats". Ceci concerne de six à dix mille enfants.

L'arsenal juridique devait améliorer la situation actuelle tout en respectant le principe de la liberté d'enseignement qui interdit au ministère d'imposer un programme aux écoles hors contrat. Jusqu'a présent "les contrôles ne portaient que sur l'hygiène, la santé et la sécurité : "les inspecteurs pouvaient tout contrôler sauf la pédagogie", explique Daniel Groscolas, l'inspecteur général chargé du problème des sectes au ministère. Ce qui peut expliquer un désintérêt du corps des inspecteurs pour cette tâche, laissant les maires diligenter des enquêtes biennales pour les enfants de 6 à 16 ans instruits chez eux.

L'inspecteur d'académie est maintenant tenu de faire vérifier au moins chaque année que les enfants acquièrent, par exemple, "des repères chronologiques et spatiaux au travers de l'histoire et de la géographie de la France, de l'Europe et du monde, jusque et y compris l'époque contemporaine". Plus globalement, le contrôle doit permettre aussi de vérifier que l'enfant est en mesure de "développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle et d'exercer sa citoyenneté".

Si le contrôle décèle des problèmes, les parents auront un délai pour améliorer la situation, au bout duquel un nouvel échec les obligera à inscrire leur enfant dans un établissement public ou privé sous contrat. La peine maximale prévue en cas de refus est de six mois de prison et de 50 000 francs d'amende alors qu'auparavant les parents les plus réfractaires ne risquaient que 1 000 francs d'amende. Les peines sont les mêmes pour "un directeur d'école hors contrat qui, ayant subi un contrôle négatif, refuse de prendre les dispositions nécessaires pour que l'enseignement dispensé soit conforme à l'objet de l'instruction obligatoire". Ce contrôle sera inopiné et pourra de plus entraîner des sanctions (motivées) allant jusqu'a l'interdiction de diriger ou d'enseigner voire jusqu'à la fermeture de l'établissement.

"Un exemple parmi d'autres illustre les possibilités offertes par ce nouvel arsenal juridique. C'est seulement sur la base d'un contrôle d'hygiène et de sécurité que la mairie de Vincennes (Val-de-Marne) avait fermé, fin 1998, l'Institut Aubert, repéré par l'éducation nationale comme appartenant à l'Eglise de scientologie. Réouvert au début de l'année, l'établissement se trouve sous la vigilance renforcée du ministère qui dispose maintenant du moyen de le faire fermer légalement pour des raisons pédagogiques s'il constate des dérives sectaires. Au total, il n'y a, semble-t-il, que l'association Les Enfants d'abord, au nom de la liberté d'instruction, qui ait tenté de s'opposer à l'ensemble de ces nouvelles dispositions. Sans succès."


France : Sectes

L'Europe des sectes

Note d'information du Réseau Voltaire, 15 avril 1999.
 + Charlie Hebdo, 31 mars 1999, par Xavier Pasquini.

Opération diplomatique pour condamner la lutte de la France contre les sectes

[Texte intégral (+ extrait)]

L'Office pour les institutions démocratiques et les droits de l'homme (ODHIR) a organisé au Hofburg de Vienne, le 22 mars 1999, un séminaire sur la "liberté religieuse" en Europe, sous la présidence de Leif Mevik (ambassadeur de Norvège). La première partie, intitulée dialogue religieux et prévention des conflits, fut consacrée à une analyse du rôle des religions dans la guerre de Bosnie-Herzégovine. La seconde partie de la réunion était consacrée au pluralisme religieux et à la violation des libertés religieuses. Elle était coanimée par Massimo Introvigne (directeur du CESNUR), le Rev. Michael Bourdaux (fondateur du Keston Institute et administrateur du Comité tchèque de la Fédération internationale Helsinki des droits de l'homme), et Me Alain Garay (avocat des Témoins de Jéhovah). Le rapport du panel consultatif auprès de l'ODHIR fut présenté en conclusion des travaux par le Rev. Rüdiger Noll.

Au cours du séminaire, les orateurs, s'appuyant sur le rapport de la Fédération internationale Helsinki des Droits de l'homme, ont violemment dénoncé la persécution dont les nouveaux mouvements religieux feraient l'objet en France et la création de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes. Répondant pour le gouvernement français, Denis Barthélémy, secrétaire général de la Mission interministérielle, a rappelé que la liberté religieuse ne se comprenait que dans le cadre plus vaste de la liberté de conscience. Puis il a souligné la responsabilité des Etats de protéger les enfants et les personnes faibles de toute forme de contrainte insurmontable. Ainsi, les articles 3 et 29 de la Convention internationale des Droits de l'enfant protègent-ils les plus jeunes. Enfin, il a fait état de divers rapports intergouvernementaux sur les trafics internationaux et la corruption générés par certaines sectes.

L'ODHIR est un office de l'OSCE (ex-CSCE), initialement créé en application de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe (1990) aux fins de contrôle de la régularité des élections en Europe. En 1994, le sommet de Budapest a élargi ses compétences au respect de la dimension humaine dans les institutions démocratiques et à la prévention des conflits. Sous l'influence des sénateurs américains Dennis DeConcini et Alphonse d'Amato, qui furent l'un et l'autre présidents de la CSCE, l'ODHIR est devenu un instrument des services américains pour promouvoir l'Eglise de scientologie en Europe.

Les travaux de l'ODHIR se fondent sur le rapport annuel des comités nationaux de la Fédération internationale Helsinki des Droits de l'homme. Sur le plan international, la fédération dispose d'un Conseil d'orientation, où siège un Français, le professeur Jacques Rupnik. Le rapport stigmatise la laïcité française en termes virulents. Le rapport de la Fédération internationale Helsinki s'appuie sur un document de l'association belge Droits de l'Homme sans frontières, elle-même proche de l'Eglise de scientologie.

Le Comité français de la Fédération internationale Helsinki des Droits de l'Homme est administré par Joseph Rovan (président d'honneur), Me Dominique Tricaud (secrétaire général), Bernard Stasi (président), Elisabeth Badinter, Jean-Louis Bianco et Gilles Martinet (vice-présidents). Le Comité français a eu connaissance du pré-rapport en septembre 1998. Il s'en est immédiatement désolidarisé et l'a fait savoir dans un entretien à La Croix (15/09/98). Il attribuait alors la position de la Fédération à une incompréhension culturelle. L'irritation fit place à la stupéfaction, lorsque le Comité français découvrit l'usage par le Département d'Etat américain du pré-rapport, puis le contenu du rapport définitif remis à l'ODHIR. Dénonçant une manipulation, il entreprend actuellement des démarches au sein de la Fédération pour obtenir des éclaircissements et faire annuler le rapport.

(Aucune des organisations de défense contre les abus sectaires n'était conviée. A l'Assemblée, lors des questions orales du 24 mars, Martine David (PS) a interpellé le gouvernement sur ce sujet. Selon une source diplomatique anonyme, reprise par l'AFP, interdire aux scientologues l'accès à cette réunion n'aurait pas servi les intérêts de l'OSCE. Curieux intérêts que de ne pas vouloir déplaire à la Scientologie !)


  Portugal : Fraternité missionnaire du Christ jeune

Le prix de la "croix de l'amour"

L'Express, 22 avril 1999.

[texte intégral]

Une secte d'extrémistes catholiques, la Fraternité missionnaire du Christ jeune, qui annonce l'Apocalypse pour la fin du millénaire, vend depuis plusieurs semaines au Portugal, pour la modique somme de 25 000 francs, des "croix de l'amour" d'une hauteur de 7,36 mètres, qui s'illuminent la nuit. Elles sont censées protéger les fidèles de la destruction.

[Voir aussi les Amis de la Croix Glorieuse de Dozulé et leurs croix de 7,38 mètres]



Suisse : Herbalife

Herbalife : un produit amaigrissant douteux

Le Temps (Suisse), 23 avril 1999.

[texte intégral]

Herbalife, un produit amaigrissant fabriqué par la maison californienne du même nom et vendu en Suisse par des canaux parallèles suscite de sérieux doutes. Le Centre suisse de pharmacovigilance (CSPV) a renregistré cinq rapports de réactions allergiques dont certaines sévères. Le produit - dont la composition n'est pas connue - serait vendu par de prétendus "conseillers" selon le système de la "boule de neige". (AP)
 


  France : Secte Moon

Escroquerie à la mairie

Le Point, 23 avril 1999.

[Résumé]

Une affaire d'escroquerie, découverte à la mairie de Bordeaux, a entraîné la mise en examen de Jean-Pierre Veyne, chargé en 1992 d'un projet d'informatisation, et l'incarcération d'Henri Kergoulay, directeur de la société Sofilog.

Les deux hommes collaboraient sur ce projet qui n'a jamais abouti, malgré les sommes importantes investies par la municipalité. La combine a rapporté 5 à 6 millions de francs à Henri Kergoulay, qui a racheté des parts sociales de la société Segi, dirigée par Michel Cloarec.

Ce dernier occupe un poste à haute responsabilité au sein de la secte Moon.


France : Horus

Ces dames du bio géant

Le Vif-L'Express (Belgique), 20 avril 1999, par Valérie Colin.

[Texte intégral]

La communauté Horus visait seulement la croissance magique de fruits et légumes colossaux. Plusieurs membres viennent pourtant d'être lourdement condamnés. Saga d'une secte agraire, par le menu.

Un drôle de portail aux montants tarabiscotés ouvre sur une sorte de jardin d'éden : des canards en liberté, tous de races étranges, batifolent autour des pruniers. A l'autre bout du verger, d'autres bêtes rares, à poil comme à plumes, paressent à l'ombre d'amandiers, d'oliviers, d'abricotiers branchus, aux pieds desquels s'étalent d'immenses dessins de pierre : une croix de vie, une fleur de lis, un oeil coloré, un dieu aztèque Quetzalcoatl.

L' artiste responsable de ces mosaïques caillouteuses : Marie-Thérèse Castano, dite Maïté. Dirigeante de cette arche isolée en pleine campagne, cette ancienne agent immobilier, âgée de 54 ans, fait la loi d'Horus, une communauté agraire bio, en majorité féminine, devenue célèbre, en quelques années, moins pour ses récoltes de végétaux hors norme que pour ses déboires avec la justice française...

A l'origine, une cinquantaine de copains expriment le même ras-le-bol d'un monde de béton, de soufre, d'ammoniac, de mazout, d'embouteillages, de violences.

En 1992, ils décident d'acheter ensemble deux fermes en ruine et 35 hectares de terrain à La Coucourde (Drôme).

Chacun débourse 17.500 francs français (environ 105.000 francs belges) pour devenir copropriétaire à parts égales de l'ensemble, et jouir du droit d'y habiter. Aucune cotisation n'est exigée : la plupart des partenaires, ayant quitté leur emploi, n'ont d'ailleurs plus le moindre revenu... " Nous ne sommes ni des paumés, ni des assistés, ni des délinquants, ni des instables, mais des hommes et des femmes responsables qui ont pris leur avenir en main, déclarent-ils. Nous récoltons notre miel, nous élevons des animaux d'espèces menacées et, à partir de leurs peaux et de leur laine, nous fabriquons nos vêtements ".

Au diable les grandes surfaces, les pharmacies, les engrais chimiques. Les adeptes d'Horus, une vingtaine, à présent, sont convaincus qu'en ne demandant rien à personne ils appliquent le modèle économique parfait, promis à sauver la planète des famines. Adversaires farouches des vaccins et des aliments industriels, ils considèrent qu'ils représentent une  menace pour les exploitants de tous bords. Aussi, dans leurs demeures réglées sur l'heure solaire (en retard de quarante-cinq minutes sur le temps officiel), s'allume souvent, au détour des conversations, leur délire de persécution. " On emploie contre nous d'énormes forces, des moyens bien supérieurs à ceux utilisés envers les terroristes...", clament-ils.

Mandarines et oignons doux

Il fait frais, en mars, dans la garrigue drômoise. A deux pas de l'autoroute Valence-Montélimar, non loin des tours en diabolo d'une centrale nucléaire, le groupe vit en autarcie absolue. Des céréales, des confitures, des laitages, des viandes exquises à profusion. Mais pas de chauffage central : des bûches alimentent l'âtre et le four à pain, où Mémé, 76 ans, cuit des madeleines et de longues tresses de pain blond. Seule concession à la modernité : une télévision. Dehors, presque à longueur d'année, sortent du sol des tomates et des aubergines de plusieurs kilos, des pommes et des poires plus grosses que la main, des concombres, des framboises, des courgettes, des cerises, des avocats, des betteraves et des topinambours démesurés.

Microclimat ? " Huile de coude et ondes de forme", répond sans ambages Maïté.

Moteurs de cueillettes époustouflantes (et dépourvues de vermine), ces ondes, archétypes originels de toute création, véhiculeraient l'énergie, pile au bon endroit.  " De la même manière que je capte les hiéroglyphes en Egypte, il me suffit de me mettre en totale relation avec le véritable esprit de la terre ". La gourelle a la science infuse (et innée), mais rechigne à partager son savoir. On a acheté nos essences chez des pépiniéristes. Sans réaliser que ces arbres greffés sont des "agonisants" : n'étant plus eux-mêmes, ils ne vibraient plus. Il a fallu un lent travail de réincarnation... Celle qui sait a donc tracé partout quantité de figures symboliques. En tenant compte, bien entendu, de l'orientation de la plante, de l'astrologie et des courants telluriques. Et voilà le travail !

Scientifiquement, tout ça n'est pas très net. Et de nature à agacer prodigieusement le voisinage. D'autant que ces écolos intellos, en guerre contre la société de consommation, prennent des distances maximales avec le monde extérieur. Au point, parfois, de devoir contourner les lois. " Nous avons le droit d'élever du bétail, mais pas de le mettre à mort ", admet un membre. Qu'importe : le cheptel est abattu en cachette. Certes, avec miséricorde. Maïté (qui n'opère jamais la sale besogne) dispense un rituel pareil à celui des Indiens : "J'entre en contact avec l'âme de la vache. Elle nous regarde de ses beaux yeux, et je sais qu'elle est OK. Voilà pourquoi sa viande est si bonne". Bref, la bête serait d'accord (ou pas) de faire si gracieusement  don d'elle-même. Ces animaux paisibles et sains vivent en  harmonie avec nous, assure Maïté. Quand les humains, ici, n'allaient pas bien et soufflaient leur feu négatif, nous avons perdu beaucoup de bêtes d'un seul coup.

Cadavres baladeurs

L'hécatombe a débuté en 1996, avec les premiers ennuis de la tribu. Au départ, la mort suspecte, en 1994 et 1995, de deux fidèles, tante et nièce. L'une décède du diabète, l'autre des suites d'un malaise cardiaque. Les deux femmes auraient confié leur santé précaire aux soins exclusifs de Maïté... Commence alors, pour les adeptes, la litanie des vols, des incendies, des coups de téléphone anonymes, des menaces de mort, des égorgements de brebis. Et des mères qui se voient ôter la garde de leurs enfants par des concubins qui, n'appartenant pas au groupe, réclament l'autorité parentale. L' affaire du tétanos  jette ensuite le discrédit sur Horus : un jeune garçon, au carnet de vaccination apparemment en règle, tombe gravement malade. L'hôpital diagnostique le tétanos. Pour un médecin de la communauté, il ne s'agit que d'une réaction allergique à une piqûre de tique. Alertée par l'Association de défense de la famille et des individus (ADFI), l'opinion publique, elle, crie aux fous.

Un an plus tard, le Conseil national de l'ordre des médecins refusera de trancher, jugeant que l'enfant a pu contracter les deux maladies le même jour... Mais la machine anti-secte est lancée.

En janvier 1996, l'émission Envoyé spécial présente un reportage sur Horus, que les adeptes qualifient de résolument truqué.

En février, quelque 200 gendarmes investissent les bâtiments de la communauté. "Leurs craintes à l'égard de nos enfants n'étaient qu'un prétexte", affirme la fondatrice. "Ce qu'ils cherchaient, c'étaient nos découvertes scientifiques... Sinon, pourquoi auraient-ils emporté nos disquettes et effacé des données ?" Peu à peu, la paranoïa du complot s'installe. Alain Gest, président de la commission parlementaire française chargée d'établir un rapport sur les sectes, se rendra personnellement à La Coucourde. Cette entrevue houleuse aboutit à l'ajout d'Horus à la liste des organisations sectaires françaises.

"Chaque fois qu'on allait être questionnés, nos chats abandonnaient des excréments en des endroits très négatifs", confient les membres du groupe. Mais, sur place, les enquêteurs dénichent bien plus gênant que des crottes de matous : un journal de bord tenu par une adepte, qui rapporte que les cadavres des deux anciennes ont été évacués en voiture vers leurs villages respectifs, où les décès ont été faussement déclarés...

En juin 1997, Maïté est mise en examen et incarcérée cinquante-neuf jours, en détention préventive.

Son procès en correctionnelle, pour  non-assistance à personne en danger, complicité de faux en écriture et exercice illégal de la médecine a eu lieu à Valence le 19 janvier 1999.

A ses côtés comparaissaient également six autres membres de la communauté. Vêtue de son éternelle robe de laine noire, Maïté-la-visionnaire s'est dite victime de personnes malintentionnées. Elle a juré n'avoir jamais soigné quiconque, hormis ses plantes. Son conseil, Jean-Pierre Joseph (avocat au barreau de Grenoble, il défend également Maître Dang, un gourou bien connu des autorités belges), a visiblement épousé les thèses de cette cliente survoltée. Dans un livre intitulé Les Radis de la colère (1), il insiste :  "ces gens-là ne sont dangereux pour personne. On n'a trouvé chez eux ni armes, ni argent camouflé, ni cassette porno, ni bébé congelé. Tout au plus une comptabilité d'oeufs et de fromages. Ainsi que des mystérieuses formules sur les ondes de forme, assorties d'une volonté inébranlable de tourner le dos à tout ce qui empoisonnerait (au sens propre) nos existences".

Le 30 mars dernier, Maïté et sa thérapeute ont été condamnées à deux ans de prison, dont un ferme. Deux autres cultivateurs ont écopé d'un an avec sursis. Mais la  Messie du vivre sain n'avait pas attendu le verdict.

Au jour du prononcé, elle se trouvait déjà quelque part près de Louxor, à tenter de faire pousser des légumes égyptiens dans le désert...

(1) Louise Courteau éditrice, 380 p.


  Chine : Falungong

La manifestation d'une secte d'obédience bouddhiste réunit dix mille personnes à Pékin.

Le Monde, 27 avril 1999, par Frédéric Bobin, correspondant du Monde à Pékin
Libération, 26 avril 1999, par C.P. (à Pékin)

[Résumé]

Les autorités chinoises ont été prises de court par la plus importante manifestation de rue depuis dix ans : une occupation des trottoirs autour du siège du gouvernement par dix milles adeptes de Falun Gong, qui se sont dispersés après dix heures sans incidents. Les adeptes protestaient contre l'arrestation de deux de leurs animateurs une semaine auparavant ainsi que contre les diverses actions décidées par le gouvernement contre leurs activités. Pendant qu'une délégation était reçue - au plus haut niveau selon des informations non confirmées -, les adeptes de la chaîne humaine de deux kilomètres de long avaient pour consigne de rester impassibles, certains se contentant de lire obstensiblement les écrits de leur gourou, Li Hongz-hi.

Ce gourou de bientôt 50 ans, qui prétend posséder depuis huit ans des pouvoirs surnaturels, et qui a prédit la fin du monde, vit aujourd'hui en exil aux Etats-Unis. "Son enseignement propose une version vulgarisée des techniques traditionnelles du qigong ("travail du souffle"). Affichant un pacifisme de principe et une doctrine de résignation face aux maux contemporains, Falun Gong n'a guère le profil d'une organisation subversive. Depuis plusieurs années, le pouvoir s'inquiète néanmoins de son impact croissant auprès d'une population orpheline de valeurs. La vogue des associatins de qigong a culminé dans les années 80. Mais Falun Gong présente la particularité de s'organiser en structure parallèle. Servie par un prosélytisme agressif, elle compterait plus de 70 millions d'adeptes, y compris au sein du PC. Pour le régime, qui sait mieux que quiconque que les sectes millénariste ont emporté dans le passé bien des dynasties, cette manifestation retentit comme une alarme."


  France : Methernita

Maudite Bibliothèque de France

Le Canard Enchaîné, 28 avril 1999, par Matthieu Auzanneau.

[Résumé]

La situation actuelle de la BNF est considérée comme "apocalyptique" par les employés les plus mécontents des dysfonctionnements rencontrés. Ironie du sort, "le système de sécurité vidéo de la BNF a été conçu par une société qui entretient depuis toujours les liens les plus étroits avec une secte suisse baptisée Methernita. Classée comme "apocalyptique", elle est considérée par les Renseignements Généraux comme l'un des quatre plus dangereux mouvements sectaires agissant en France. [Elle présente] des risques sérieux et précis d'autodestruction."

La majorité du capital de la société en question, MTR France, était possédée par la société suisse TMT Electronics AG, dont le président Wilhelm Kaiser, est un des principaux membres du conseil d'administration de la secte fondée par un gourou analphabète, qui interdit les rires, les conversations de plus de trois minutes. Le matériel présent à la BNF a ainsi été fabriquée en bonne partie par TMT, qui compte des employés adeptes de la secte.

"Le père d'un ingénieur en informatique adepte de Methernita depuis une dizaine d'années raconte qu'en 1996 ce dernier a passé plusieurs semaines à Paris sur le chantier de la BNF. Et le père se souvient : "Un soir, mon fils est passé chez nous en coup de vent. Il était très excité. Il nous a dit que de toute façon, si la bibliothèque ne payait pas sa société, lui et son équipe avaient piégé leurs installations vidéos." Et le journaliste de conclure ironiquement sur ce mauvais oeil qui pourrait expliquer bien des tracas...