Sectes

Emissions déjà diffusées sur la TV française

(rubrique créée le 30 septembre 1998)


 

Sectes

Mensonges et idéaux


Série documentaire (5/5) de Frédéric Lenoir et Iolande Cadrin-Rossignol
 
Sur La Cinquième - Samedi 14 novembre 1998, de 18h05 à 19h00

Critique de Télérama

Ce cinquième et dernier épisode de la série - le plus intéressant sans aucun doute - va provoquer quelques démangeaisons dans le petit monde des associations et spécialistes anti-sectes. Il faut dire que Frédéric Lenoir, l'auteur de cette série, n'aime pas la façon dont le débat public et, donc, les médias se sont emparés du phénomène sectaire depuis quelques années. En alignant toute une série d'interviews à charge, plutôt roboratives d'ailleurs, le film dénonce la " monopolisation du discours médiatique par certains universitaires " et " l'amalgame " entretenu autour de la notion de sectes, vocable sous lequel on aurait tendance à englober tout et n'importe quoi. Mais là où Frédéric Lenoir est le plus convaincant, c'est quand il dénonce les failles du rapport parlementaire de 1996. En épinglant 172 groupes pour leur dangerosité, les parlementaires ont commis quelques erreurs impardonnables. Ils se sont principalement appuyés sur une liste fournie par les Renseignements Généraux, sans vérifier les informations qu'elle contenait. Une psycho-thérapeute spécialiste de l'enfance maltraitée, Bernard Lempert, et son association L'Arbre au milieu, a ainsi été injustement épinglé alors qu'il était victime d'une cabale. Jacques Guyard, le rapporteur de cette commission parlementaire, fait d'ailleurs publiquement, et pour la première fois, son mea culpa (*). Tout en continuant à défendre le principe de la liste. 

Ce dernier volet, le mieux construit, le plus riche en témoignages et le plus clair dans ses intentions, est volontairement iconoclaste. Il a le mérite de faire avancer le débat sur les sectes qui avaient tendance à ronronner, à la télé, autour des mêmes invités et des mêmes talk-shows reniflant l'Audimat. 
 

Thierry Leclère.
(*)  Voir également Intox sur la 5ème. Thierry Leclère, critique de Télérama, n'était probablement pas au courant de la demande de Jacques Guyard pour que soit supprimée de cette série télévisée son interview, effectuée plusieurs mois avant sa diffusion. M.Guyard déclare avoir eu des informations supplémentaires au sujet de l'association " Arbre au Milieu ", en l'occurence " une vraie utilisation de domination psychologique "...
 
 

Sectes

Mensonges et idéaux


Série documentaire (4/5) de Frédéric Lenoir et Iolande Cadrin-Rossignol
 
Sur La Cinquième - Samedi 7 novembre 1998, de 18h05 à 19h00

Critique de Télérama

Frédéric Lenoir, qui poursuit dans ce 4ème volet son explortaitons du phénomène sectaire en s'intéressant aux témoins de Jéhovah, se refuse à mettre toutes les sectes dans le même panier. Il n'a pas tort, encore que le débat sur la dangerosité des groupes sectaires soit compliqué : les spécialistés savent, de triste expérience, que des groupes en apparence inoffensifs peuvent parfois sombrer dans les pires délires. Pour les Témoins de Jéhovah, il est vrai, on est dans un cas de figure très spécifique : plus de 160.000 adeptes en France, cinq millions dans le monde, on est plus proche d'un groupe intégriste que d'une secte à proprement parler. Mais ce qui dérange le plus dans la démarche du sociologue, ce n'est pas tant son discours bien peu critique sur les Témoins de Jéhovah que sa démarche et la construction de son commentaire. L'objectivité ne consiste pas à donner une minute à Hitler, une minute aux juifs. Et une enquête n'est pas un collage de points de vue , pros- et anti-sectes, en l'occurence, sans mise en perspective. Frédéric Lenoir répondra que c'est aux téléspectateurs de se faire leur opinion et que les propos des Témoins de Jéhovah sont suffisamment éclairants. Est-ce si sûr ? 

Pourquoi ne pas avoir utilisé davantage de témoignages d'anciens adeptes pour décortiquer leur discours ? 

Frédécric Lenoir a l'impression d'apport un éclairage différent, moins à l'emporte-pièce, plus mesuré, que ceui des associations ou des personnalités anti-sectes qui monopolisent les plateaux de télévision. Elles sont dans une stratégie de combat, Frédéric Lenoir, en sociologue des religions, est dans un autre registre : il observe un phénomène. Soit. Encore faut-il être limpide - et non pas ambigu, comme dans cet épisode - sur le message que l'on veut délivrer. 
 

Thierry Leclère.
(suite la semaine suivante)
Voir également Intox sur la 5ème.
 

 

Sectes

Mensonges et idéaux


Série documentaire (3/5) de Frédéric Lenoir et Iolande Cadrin-Rossignol
 
Sur La Cinquième - Samedi 31 octobre 1998, de 18h05 à 19h00

Critique de Télérama

La Soka Gakkaï est peu connue en France. Cette organisation, qui compte pourtant plusieurs milliers d'adeptes chez nous, est, au Japon, d'une puissance effarante. Condamnée par le Bouddhisme, dont elle s'inspire, la Soka Gakkaï possède ses écoles et ses centres culturels. Elle a pénétré depuis longtemps le terrain politique, puisqu'elle draine, par l'intermédiaire d'un parti politique satellite, 20% de du corps électoral japonais ! Par le jeu des alliances, elle a même failli s'emparer du pouvoir. S'il est vrai que " aucune personne, au Japon, n'a plus de pouvoir que M. Ikéda, le patron de la Soka Gakkaï ", comme le dit un journaliste japonais dans le troisème volet de cette série, on aurait bien aimé savoir comment les autorités luttent contre son influence ou comment elles composent avec elle. 

Convaincante, malgré tout, sur la Soka Gakkaï, la série l'est beaucoup moins sur la Scientologie, les auteurs se contentant de coller côte à côte des témoignages d'adeptes et des bribes d'interviews de leurs détracteurs. Pas de véritable enquête, juste une compilation de déclarations qui n'apportent rien de nouveau. 

Plus grave encore, à la fin, l'émission entretient le doute sur la définition des sectes : le sociologue Danièle Hervieu-Léger, dans une démonstration particulièrement oiseuse, écarte la Scientologie de la sphère des religions au motif " qu'elle ne s'inscrit pas dans une tradition ". Curieuse définition. Les sectes sont avant tout des entreprises coercitives et totalitaires ; elles ne sont en aucun cas de nouveaux mouvements religieux. D'ailleurs, le pyschiatre Jean-Marie Abgrall, qui n'a guète goûté ce flou entretenu tout au long de la série, a demandé que la mention de son nom, au titre d'expert, soit retiré du générique. 
 

Thierry Leclère.
(suite la semaine suivante)
Voir également Intox sur la 5ème.
 

 

Sectes tueuses

Les soldats de l'Apocalypse


Série documentaire (3/3) de Catherine Berthillier et Bernard Vaillot (1998)
 
Sur France 3 - Samedi 10 octobre 1998, de 22h30 à 23h40

Critique de Télérama

Troisème et dernier épisode de série sur les sectes. Nous y retrouvons les quatre gourous suivis depuis le début : Jo Di Mambro, Shoko Asahara, David Koresh, et Jim Jones. Au fil des ans, chacun d'eux a assis son pouvoir, affermi son emprise sur ses adeptes. Au point de pouvoir soumettre ceux-ci à des sévices corporels, à des abus sexuels. Vient inmanquablement l'heure où un adepte se révolte, s'enfuit, raconte. Menacé, acculé, le gourou-dictateur n'a plus qu'une issue : la mort. Pour lui et ses fidèles. Les extraits de vidéos internes (discours hallucinés, divagations cosmiques) sont accablants. Le rappel des faits, grâce aux images d'archives retraçant les derniers moments de ces sectes, est terrifiant. On avait oublié Jim Jones et les 923 morts de Guyana, un massacre auquel Jerry Furey, l'un des témoins de l'émission a échappé. 

Montage efficace, démonstration convaincante, ce document devrait, comme l'on dit, être mis entre toutes les mains. Et encourager les parlementaires français à aller plus loin que la publication d'un rapport. Depuis la sortie de celui-ci, en décembre 1995, presque trois ans, où en sommes nous, en France, de la lutte contre les sectes ? 
 

Thierry Leclère.
 

 

Sectes tueuses

Ces hommes qui se prenaient pour Dieu


Série documentaire (2/3) de Catherine Berthillier et Bernard Vaillot (1998)
 
Sur France 3 - Samedi 3 octobre 1998, de 22h30 à 23h35

Critique de Télérama

De Jim Jones, le roitelet fou du Guyana, qui poussa 923 personnes au suicide à Jo Di Mambro et son Ordre du Temple solaire, la psychologie des gourous est un abîme fascinant que tente d'explorer le deuxième volet de la série. Sans faire de psychologie de comptoir, on ctinstate que l'enfance de ces « hommes qui se prennent pour Dieu ressemble, peu ou prou, au profil type du criminel classique : jeunesse brisée père souvent absent, déficit d'amour... Le schérna traditionnel de la victime qui se transforme en bourreau. Ce qui est plus étonnant, en revanche, c'est la façon dont les êtres, souvent médiocres, ternes et en échec personnel, ont trouvé une issue à leur vie ratée.  

Parfois, la vocation vient très tôt : à 9 ans, Jim Jones organisait déjà des messes pour les copains dans un grenier ! Pouvoir, sexe, argent : les moteurs des gourous sont toujours les mêmes. Mais au delà du côté tristement folklorique de ces personnages, l'enquête met bien l'accent sur la nature totalitairede leur entreprise. Le gourou est un psychopathe, mais c'est surtout un dictateur, qui règne par la terreur. D'ailleurs, les quatre gourous étudiés ici ont un petit faible pour Hitler et ses émules. Reste une position que ne relèvent pas les auteurs de l'enquête : pourquoi n'y-a-t-il pas, ou très peu, de femmes gourous ? 
 

Thierry Leclère.
(suite et fin la semaine suivante)
 

 

Sectes

L'ère des gourous


Série documentaire (1/5) de Frédéric Lenoir et Lolande Cadrin-Rossignol
Réalisation : F. Lenoir
Présentation : Annie Lemoine
 
Sur La Cinquième - Jeudi 1er octobre 1998, de 14h40 à 16h
  
L'ère des gourous. Comment le paysage religieux a-t-il évolué en Occident depuis trente ans ? Comment le besoin de guides spirituels se manifeste-t-il ? Comment les gourous de sectes utilisent-ils leur charisme pour développer la dépendance des adeptes ? Quelles sont les dérives possibles ? 

Critique de Télérama

La démarche est étrange. L'impression qui s'en dégage ambigüe. Davant un décor type coulisse de La Nuit des Césars, des sociologues canadiens et français viennent nous raconter, images d'archives à l'appui, les origines de ces mouvements sectaires de ces 30 dernières années. C'est plutôt bien ficelé et, entre deux banalités, nous est rappelé fort à propos le rôle des idoles (Beatles) dans la propagation des spiritualités orientales. Au tout départ, le côté folklorique de ces courants spirituels semble l'emporter sur les dérives mercantiles et fanatiques. Il faut dire que l'époque s'y prête : opposition à la guerre du Vietnam, rejet des règles de l'american way of life, désertion des églises traditionnelles et structurées.  

Comme le souligne le sociologue Jean-Paul Willaime : " La religion nouvelle devient 'vraie' dans la mesure où l'individu qui la pratique se sent en phase avec ceux qui partagent son expérience. Le dogme passe après ". Le hic, c'est qu'à cet exposé vient se greffer l'histoire de Rajneesh, maître indo-européen, dont on nous explique sans grande conviction que de " bon gourou " il vira, sous l'effet du culte qui lui était rendu, à l'escroc milliardaire parano. Le témoignage d'une adepte prétendument repentie, qui transmue la perversion du bonhomme en fascination pour sa philosophie, achève de jeter le trouble sur ce cas exemplaire. Un malaise prolongé par la conclusion prêchi prêcha, qui tient à distinguer les sectes " non tueuses " mais potentiellement dangereuses, des autres. Face aux ravages provoqués par le phénomène, on aurait préféré moins de complaisance et de brumeuses subtilités. 
 

Olivier Rajchman.
  
(suivi d'un entretien avec Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue. Les cinq épidodes de la série seront diffusés dans leur intégralité à partir du samedi 17 octobre 1998, à 18h)
Voir également Intox sur la 5ème.

 

Sectes tueuses

Le miroir aux alouettes


Série documentaire (1/3) de Catherine Berthillier et Bernard Vaillot (1998)
 
Sur France 3 - Samedi 26 septembre 1998, de 22h35 à 23h40

Critique de Télérama

Les discours sur la drogue et ceux sur les sectes ont souvent un point commun : on veut tellement, et c'est bien compréhensible, peindre en noir ces fléaux qu'on héiste à décrire la séduction, l'attirance, voire le bien-être apparent, qu'exercent, au moins au début, ces entreprises de décervelage. Il suffit pourtant d'écouter les témoignages édifiants d'anciens adeptes, interrogés dans le 1er volet de cette série, pour comprendre que le " love bombing ", comme disent les américains, le bombardement affectif, est l'une des techniques les pluis sûres pour s'attirer de nouveaux adeptes. Une secte, comme une drogue, vous procure d'abord du bien-être. Ensuite, c'est l'accoutumance. Puis la phase de destruction. 

Nourri de témoignages éclairants mais monté à la hache, le 1er volet de cette série est remarquablement efficace, didactique, sans être ennuyeux. On passe en revue toutes les techniques de manipulation mentale que Jean-Marie Abgrall, le psy antisecte bien connu des plateaux télé, a souvent décrites dans ses livres. Plus intéressantes encore, les vidéos internes récupérées dans le bric-à-brac de la propagande des quatre sectes (Ordre du Temple Solaire, Aum, Davidiens et secte de Jim Jones) : du Japon à la Guyana, on voit à quel point dans le monde, les sectes fonctionnent, en fait, sur les mêmes recettes, selon les mêmes schémas. Tout est affaire, ensuite, d'habillage. 
 

Thierry Leclère.
(suite la semaine suivante)
 


 
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