Actualités sur les sectes en janvier 1998

Observatoire Interministériel sur les sectesUn observatoire trop serein
Sri Sathya Saï BabaLa cérémonie d'anniversaire de Saï Baba tourne au cauchemar
La CabbaleLa Cabbale déferle sur Hollywood
Sectes et extrême droiteEin Volk, ein Reich, ein Gourou
Eglise Universelle du Royaume de DieuLa mission sociale des sectes évangéliques
Centre Holistique IsisLe suicide collectif d'une secte évité de justesse aux Canaries
Mouvement raëlienLes mystiques du clonage
Ordre du temple solaireL'étrange ami templier de Rainier
Mouvement raëlienL'Eglise raëlienne poursuit sa croisade pour le clonage humain
Eglise du ChristL'Eglise du Christ Espion
Mouvement raëlien - SiderellaLiaisons dangereuses - Sectes et Ovnis


  France : Observatoire Interministériel sur les sectes

Un Observatoire trop "serein"

Le Point, 3 janvier 1998, par Sophie Coignard.

[Résumé]

Jean-Pierre Brard, membre de l'Observatoire, proteste : " On a l'impression de travailler pour le roi de Prusse ". En effet, comme certains autres membres de l'Observatoire, tels Jacques Guyard et Jean-Marie Abgrall, Jean-Pierre Brard a pris connaissance du rapport par la presse. Antoine Guerrier de Dumast n'a pas souhaité répondre aux questions du Point voulant savoir si cette démarche curieuse s'inscrivait dans le cadre de la " sérénité " voulue par l'ancien préfet.

Sophie Coignard résume alors les propositions contenues dans le rapport, puis cite ensuite la réaction de Jean-Pierre Brard, s'indignant de l'absence de mesures concernant la protection de l'enfance, ne serait-ce que du point de vue de la santé.

" La plupart des autres propositions se heurtent à la délicate question de la définition d'une secte. De plus en plus de tribunaux emploient le mot 'secte' dans leurs jugements. Il devient donc urgent de lui donner un contenu ", souligne Jeanine Tavernier, présidente de l'UNADFI.

La polémique sur ce rapport encore non public montre, selon la journaliste, que le principe d'un tel observatoire semble inefficace face à l'infiltration des sectes dans les rouages du pouvoir. Elle rappelle alors la proposition du père Trouslard d'une autorité administrative indépendante, " peut-être moins sereine, mais sûrement plus efficace ".


  Inde : Sri Sathya Saï Baba

La cérémonie d'anniversaire de Saï Baba tourne au cauchemar

The Indian Skeptic, Janvier 1998, par B. Premanand.

[Résumé]

D'après le rédacteur en chef de cette revue indienne en langue anglaise consacrée à la lutte contre le paranormal et ses prosélytes, Saï Baba aurait été au coeur d'un arrangement entre la secte Aum et des trafiquants d'armes. L'argent confié par la secte Aum pour se procurer des armes aurait été détourné par Saï Baba après les ennuis judiciaires consécutifs à l'attentat de Tokyo, mais Saï Baba aurait maintenant des craintes d'une vengeance de la secte Aum qui recrute de nouveau après quelques années de purgatoire. Cette information fait suite à une action en justice menée " courageusement " par le ministre de la Justice J.S. Verna contre des membres très influent du cercle restreint de la secte, y compris un ancien premier ministre, de pair avec une action du fisc : les membres influents de la secte chercheraient d'ailleurs à faire nommer un nouveau ministre de la justice, J. Poonchi, qui serait plus compréhensif. Cependant, moins de membres du gouvernement que d'habitude se sont rendus à la cérémonie de l'anniversaire du gourou.

Ainsi, on soupconne que l'argent aurait servi à la confection du spectaculaire Chariot d'Or d'environ 7 mètres (21 pieds) de haut, dévoilé lors de cette cérémonie d'anniversaire, dont l'auteur reprend la description  donnée par le Mathrubhumi Malayalam Daily du 23  septembre 1997.  L'audience était soigneusement choisie (les  photographes furent interdits), mais des membres d'une branche  japonaise de la secte réussirent toutefois à s'introduire malgré le  refus opposé par la secte mère suite à leur désir de fêter l'anniversaire  par un feu d'artifice.Lorsque ces membres japonais furent découverts dans la foule par d'autres adeptes, il y eut alors une bagarre pour les expulser, au cours de laquelle plusieurs personnes furent blessées.

D'autres articles de l'Indian Skeptic concernent l'analyse de plusieurs photos de Saï Baba prétendument en train de réaliser des
prouesses paranormales (comme une insensibilité à une flamme dirigée sur le visage), ou encore présentent des vidéos de ces prouesses dans lesquelles on peut voir qu'elles ne sont bien évidemment rien d'autre que des tours de magie, pas toujours correctement éxécutés. La revue fait également une large part à un témoignage d'un ancien adepte.


  EtatsUnis : La Cabbale

La Kabbale déferle sur Hollywood

Libération, 24 décembre 1997, par Patrick Sabatier.

Madonna, Barbra Streisand et Liz Taylor ont déjà succombé à cette secte.

[Résumé]

Selon le magazine Vanity Fair de décembre, ces stars " sont toutes devenues des dévotes de 'Rav', alias Philip Berg, 68 ans, rabbin de son état et prophète d'un ersatz de mystique juive version New-Age tendance dollars. Le Rav met à la portée de tous (même des non juifs) les enseignements secrets de la Kabbale, l'ésotérisme mystique juif dont le texte fondamental est le Zohar, récit rédigé au XIIIè siècle en araméen par Moïse de Léon pour donner les clés permettant de déchiffrer le sens véritable, mais caché, de la Bible. " La secte  possède son site Web : http://www.kabbalah.com.

Après avoir résumé les principes de Rav et fait état des informations de Vanity Fair sur la popularité de cette mystique juive, P. Sabatier cite les dangers associés à la secte. Ainsi, dès 1994, Israël, au Canada et aux Etats-Unis, le Centre d'études de la Cabbale a été dénoncé comme une secte dangereuse. " D'anciens adeptes décrivent le groupe, qui revendique 10.000 adeptes dans huit pays (dont la France) comme une secte organisée autour du culte de la personnalité du Rav et de son épouse. Ces derniers réduiraient les hevra (volontaires) à l'état de golems par l'épuisement physique, les privations, les humiliations, les "corrections" et un contrôle totalitaire de leur existence, en particulier de leur sexualité. ". Des plaintes ont été déposées. Le rabbin Berg assure " que ces critiques n'ont d'autre motivation que la jalousie ".



  France : Sectes et extrême droite

Ein volk, ein reich, ein gourou : Scientologie, Moon et Nouvelle Acropole


Forum fr.soc.religion : 3 janvier 1998, Claude Cantini

[Texte intégral]

Troisième et dernière partie de l'enquête consacrée aux relations entre les sectes et les idéologies d'extrême-droite.

A l'aide de quelques exemples bien de chez nous (Scientologie, Nouvelle Acropole, etc.), Claude Cantini démonte les discours totalitaires de ces groupes religieux. Si, pour Gambetta, le cléricalisme était l'ennemi à combattre, ces sectes, elles, vomissent la démocratie.

Il faut parler maintenant aussi de quelques sectes totalitaires de chez nous. Commençons par la Scientologie, une prétendue
Eglise - pour d'évidentes raisons fiscales (1) - fondée aux Etats-Unis en 1952 par Ron Hubbard. En Suisse, où elle est présente depuis 1976, elle compte environ 5000 membres (2500 en 1987) répartis dans les "missions" de Berne, Bâle, Zurich, Saint-Gall, Lucerne, Fribourg, Vevey, Lausanne et Genève; elle publie Aventure à Lausanne, Theta et Freiheit à Zurich. Le titre de l'ouvrage que Paul Ranc a consacré à cette Eglise - Une secte dangereuse: la Scientologie (2) - semble bien mérité si l'on pense à son esprit procédurier qui se traduit par un recours systématique à la justice comme moyen de pression et d'intimidation. De plus, au-delà de sa grande force financière (il s'agit ici d'une véritable multinationale) et de son autoritarisme, c'est toute sa philosophie politique qui fait problème; son fondateur a en effet pu écrire: "Je ne vois pas que les mesures populaires, l'autodénigrement et la démocratie ont amené quoi que ce soit à l'homme, à part le pousser un peu plus dans la boue. La démocratie nous a apporté l'inflation et l'impôt sur le revenu" (3). Ce qui permet à Hugo Stamm d'affirmer: "La Scientologie est un danger pour la démocratie, l'idéologie de Ron Hubbard est totalitaire, l'organisation a ses propres lois et vise le pouvoir absolu" (4).

A l'intérieur ne règne pas davantage de liberté et la discipline frise le terrorisme psychologique. Hubbard a donné sur ce point le ton en 1968 déjà: "Toute personne suppressive (déviante) peut être privée de ses biens ou blessée par tous les moyens par tout
scientologue, impunément. Elle peut être escroquée, attaquée, on peut lui mentir, elle peut être détruite"(5). Ce n'est donc pas pour rien que le Nouvel Observateur a pu à son tour parler de "règles draconiennes proches des méthodes nazies" (6).

Cet autoritarisme a provoqué du reste, même en Suisse, la création de centres scientologues indépendants à partir de 1984. En mars 1994, une pétition demandant des mesures a été déposée au Grand Conseil genevois. La commission des pétitions a
constaté l'existence de pressions et s'est préoccupée d'éventuelles infiltrations à l'intérieur de l'administration cantonale.

Même un "ami des sectes" comme Jean-François Mayer ne peut qu'écrire: "La Scientologie est une incroyable série de cours, de grades et d'étapes dans un processus de type initiatique, le tout payant et placé sous les contrôle d'une organisation internationale très structurée, qui comprend même un corps d'élite en uniforme (la Sea Org) et est gouvernée par l'application de très volumineux règlements (...). Le centre de l'activité de l'Eglise de Scientologie est la technique appliquée et non le culte"; et encore: "on notera qu'un certain nombre de textes de la Scientologie sont confidentiels et accessibles seulement aux personnes ayant atteint le niveau approprié" (7).

L'Eglise de l'unification, mieux connue sous le nom de secte Moon, est une autre multinationale fondée en Corée du Sud en 1954; elle compte en Suisse environ 200 membres, dont seulement quelques dizaines d'actifs: à Genève (depuis 1972), Zurich, Berne, Lausanne et Lugano.

Il ne fait pas de doute que - par l'entremise de la lutte anticommuniste menée par CAUSA, son bras politique fondé en 1980 - la secte du révérend Moon s'est étroitement liée à toute une série de régimes dictatoriaux de par le monde.

Actuellement, le fond du problème est situé surtout dans la volonté de la secte de faire coïncider la théologie avec la politique, ce qui représenterait pour notre culture occidentale un retour en arrière de deux siècles, au temps où Dieu et César, le séculier et le sacré, ne faisaient qu'un.

L'Eglise universelle a été fondée aux Etats-Unis en 1974 et elle compte environ 150 membres en Suisse, où se trouve, à Walzenhausen (Appenzell Rhodes-Extérieures), son siège européen, qui a à sa tête l'Allemand Reimer Peters. Ce dernier a été condamné en juillet 1996 pour propos antisémites: dans une circulaire, largement diffusée en 1995, on pouvait lire, en effet, que "les Juifs, par leur avidité satanique, sont responsables de la Seconde Guerre mondiale et (qu')ils veulent détruire le monde chrétien"; et que, de plus, "Israël abrite le siège de l'Antéchrist et l'âme juive est programmée pour dénaturer la vérité" (8).

Une deuxième enquête a été ouverte en octobre 1996 contre un autre responsable de l'Eglise, l'Allemand Ulrich Hertel, exactement pour les mêmes raisons: propagation des thèses racistes du chef suprême de la secte, Peter Leach-Lewis.

Nouvelle Acropole, enfin, a été fondée en Argentine en 1957 par Jorge Angel Livraga; elle compte une soixantaine de membres à
Genève, où elle s'est installée vers 1981, et quelques-uns à Lausanne. L'association édite un mensuel gratuit, l'Acropolitain, devenu en 1996 Convergence.

"D'anciens membres confirment qu'il s'agit bien d'une organisation ultra-autoritaire. Les écrits de JAL, qui se dit opposé à la démocratie et à l'égalitarisme, ne laissent aucun doute à ce sujet. Les adeptes se saluent d'ailleurs à la romaine, le bras levé, comme les fascistes italiens ou les nazis", lit-on dans Le Nouveau Quotidien (9).

Ces textes fondamentaux (qu'il est difficile de se procurer) donnent effectivement la clé des finalités véritables de Nouvelle Acropole - association caractérisée par un ésotérisme fascinant (il existe même en son sein un corps de sécurité) - malgré ses
tentatives de passer pour une innocente école philosophique.

Qu'y lit-on donc? "La démocratie n'existe pas"; "cette unification finale qui est représentée sur le plan politique à l'intérieur de l'Etat par le gouvernement aristocratique et totalitaire"; "cette structure se nourrit d'hommes et transmute les plus aptes dans son grand corps et dans sa grande âme, les transformant en ses surhommes". "Les inaptes sont laissés en arrière"; "qu'il n'y ait pas d'acropolitains naïfs au point de croire que les "méchants" sont les nazis et les "bons" les démocrates cruels" (10). Et il ne s'agit que de quelques exemples.

Après avoir lu cette prose, Jacques Soustelle, qui n'avait rien d'un gauchiste, s'est exclamé: "Tout cela a un petit air nazi"(11). Il ne faut pas s'attendre à une conclusion sur un sujet si complexe; les quelques remarques suivantes ne sont donc que de simples
souhaits.

Pour les libres penseurs que nous sommes, il me semble essentiel de ne pas nous cantonner au seul aspect religieux, en négligeant - comme il arrive parfois - la réflexion politique, sinon l'engagement démocratique. Sans quoi, nous risquons de devenir les compagnons de route de tous ceux qui analysent et critiquent le judaïsme et le christianisme en fonction de leur racisme plus ou moins fascisant (12). Ce d'autant plus que l'affiliation aux sectes, tout comme le racisme, est la conséquence d'un malaise et  d'un déséquilibre social croissants, provoqués souvent par une pauvreté autant matérielle que morale.

C'est ce qu'a voulu exprimer Roger Ikor dans son poignant appel: "Va-t-on se décider à briser l'activité délétère des sectes qui pullulent et se multiplient sur notre pourriture?"(13).

D'où la nécessité aussi d'une véritable prise de conscience, au niveau individuel et collectif, du danger des sectes et de leur
collusion avec la mouvance d'extrême droite, en lieu et place des banalisations, attentismes et complaisances (14) trop fréquents
actuellement.

Car, et je termine, s'il "ne s'agit pas de faire le procès de chaque mouvement religieux (il faut) bien (...) savoir à qui l'on a affaire. Et l'Etat ne fera pas l'économie d'un travail fouillé sur le sujet, car il n'a plus le droit à l'ignorance" (15).

NOTES----------------------------
(1) Comme le rappelait le lecteur de L'Hebdo (24 octobre 1996):
"L'Eglise de scientologie a réussi à prendre racine aux USA et a été reconnue comme établissement religieux grâce au très bon
travail fourni par des avocats fort compétents".
(2) Saint-Légier, 1993.
(3) Le Nouveau Quotidien, 28 mai 1996, p. 2.
(4) L'Hebdo, 10 octobre 1996, p. 6.
(5) François d'Eaubonne, Dossier S... comme sectes, Paris, 1982, p. 58.
(6) Numéro du 12-18 janvier 1981.
(7) Ouvrage cité, p. 82; et Les Nouvelles Voies spirituelles,
Lausanne, 1993, p. 367.
(8) Le Nouveau Quotidien, 12 juillet 1996, p. 21.
(9) Numéro du 10 mars 1992, p. 20: article de Ludwig Fischer.
(10) Jorge Angel Livraga, L'idéal politique, Bruxelles, 1983, p. 16 et 51; Manuel du dirigeant, 1976, p. 19; Le Bastion, 1, décembre 1989, p. 29.
(11) Le Progrès de Lyon, 8 février 1981.
(12) Même Charles Maurras, le chef de l'Action française,antisémite, antidémocratique et xénophobe, était agnostique et il a écrit un jour que "les Evangiles ne sont que des contes écrits par quatre juifs minables et le christianisme une religion pour la
canaille" (William L. Shirer, La Chute de la IIIe République, Paris, 1970, p. 95).
(13) Ouvrage cité, p. 67.
(14) Comment appeler autrement l'attitude des autorités du canton de Vaud par rapport à l'Institut scientologue pour drogués aux Plans-sur-Bex?
(15) Marie-Christine Petit-Pierre, "Sectes et Etat, jeu trouble", Journal de Genève, 25 octobre 1996, p. 1.


  Brésil : Eglise Universelle du Royaume de Dieu

La mission sociale des sectes évangéliques

Le Monde, 17 janvier 1998, par Jean-Jacques Sevilla.

[Résumé]

" [Au Brésil] le rythme des conversions s'est (...) accéléré en dépit de la croisade médiatique dont les sectes évangéliques sont la cible en raison de certaines pratiques fleurant l'extorsion de fonds ou le fanatisme religieux. " L'auteur s'attarde sur le cas de l'Eglise universelle, " véritable 'multinationale de la foi' établie dans une cinquantaine de pays, et dont le patrimoine est estimé a plus de 500 millions de dollars ". Et ce malgré une brève incarcération, il y a quelques années, de " l'évêque " de cette Eglise (Edir Macedo) pour " charlatanisme ".

Ces sectes évangéliques prônent un " rigorisme implacable " en matière  de moeurs (interdiction de la danse, assimilation de l'homosexualité  à une maladie), mais ce " crédo puritain importé des Etats-Unis " est mâtiné d'emprunts aux cultes syncrétiques afro-brésiliens toujours populaires (exorcisme, relative tolérance par rapport à l'avortement).

Enfin, ces sectes " agissent dans la brèche laissée par le manque d'assistance des autorités " explique le représentant local de la Fondation nationale de l'Indien, pour justifier son refus de procéder à l'expulsion de ces sectes dans deux communautés d'Indien en Amazonie méridionale. Ainsi, même si les sectes incitent les Indiens à abandonner leurs coutumes jugées indignes, " en échange de nourriture, de vêtements et de médicaments ", ceux-ci obtempèrent.

Cet épisode illustre bien " la stratégie de conquête des âmes " de l'Eglise universelle et de ses émules, estime Jean-Jacques : l'Eglise catholique, très puissante au Brésil, voit son monopole de l'activité humanitaire remis en cause par ces sectes qui procèdent ainsi par exemple à un " monumental travail d'alphabétisation des adultes ", toujours à base de la lecture de la Bible, toutefois.


  France : Mouvement raëlien

Les mystiques du clonage

Le Point, 17 janvier 1998, par Marie-Thérèse Guichard.

[Résumé]

Cet encart d'un dossier sur le clonage comporte une interview de la française Brigitte Boisselier, directeur scientifique (bien que titulaire d'un doctorat de 3ème cycle en chimie et non en biologie) de Clonaid, la société de Raëliens proposant ses services à qui souhaite se faire cloner. " Adhérente depuis quatre ans [de la secte], elle a été récemment licenciée par la société l'Air liquide, qui n'a guère apprécié son militantisme ". De plus, son ex-mari cherche " à récupérer ses enfants, dont l'un a déjà adhéré au mouvement ".

Elle affirme : " Les interdits et les lois n'y changeront rien, pour moi, le clonage est une technique de reproduction comme une autre. Il permettra aux parents dont les enfants sont atteints de maladies génétiques de stocker les cellules jusqu'à ce que la science puisse les réparer et en avoir un clone. Des couples homosexuels pourraient aussi avoir un enfant de cette manière. "

Quand Marie-Thérèse Guichard la questionne sur la dérive eugéniste, elle réponde que l'eugénisme lui est odieux. Ce qui la met en contradiction avec les propos explicites de Raël sur le sujet, propos que la journaliste extrait de La géniocratie : " Au delà d'un certain pourcentage de chances d'avoir un enfant anormal, il serait souhaitable d'interdire aux couples d'avoir un enfant par des voies naturelles ".


 Ordre du Temple Solaire

L'étrange ami templier de Rainier

L'Événement du Jeudi, 15 janvier 1998, par Philippe Cohen-Grillet et Stefano Rossini.

La principauté de Monaco a-t-elle été le berceau de plusieurs mouvements sectaires néo-templiers ? Voilà trente ans, Son Altesse le prince Rainier reconnaissait officiellement une secte dirigée par son ami Jean-Louis Marsan.

[Résumé]

" En 1964, le prince Rainier reconnaît officiellement l'Ordre souverain du Temple solaire (OSTS). Ce qui n'est alors qu'un groupement d'adeptes de l'occultisme est dirigé par Jean-Louis Marsan, un ami d'enfance du prince et intime de la famille Grimaldi ", décédé en 1982. D'après des anciens adeptes, l'aura apportée par la reconnaissance d'un prince régnant faisait sortir cette secte templière du lot.

Pour les auteurs, c'est cette reconnaissance officielle qui est à l'origine de la rumeur liant l'OTS (née au sein de l'OSTS, ainsi que l'Ordre nouveau des Templiers opératifs, plus connu sous son paravent commercial Energo Chromo Kinèse, affirment-ils) et Grace Kelly, qui ne repose que sur un témoignage peu crédible d'un " obscur personnage (...) au lourd passé pénal ". Pour faire la part du vrai et du faux, les journalistes ont retrouvé un ancien membre de l'OSTS qui n'est autre que l'actuel président de la Sacem, Jacques Demarny.

Celui-ci confirme la reconnaissance officielle du prince, mais ajoute que l'OSTS n'était pas une secte (" du moins au début "), et se dit persuadé que Grace Kelly n'y fut jamais mêlée. Peu après le décès de Marsan, l'OSTS vend ses anciens locaux sans même les vider de leur matériel, et l'OTS et l'ECK prennent la succession.

" Selon deux anciens membres d'ECK, Véret [médecin et acupuncteur membre de l'ECK] prodiguait des soins à plusieurs membres de la famille princière de Monaco.  Questionné sur ce point, Véret s'est retranché derrière le secret professionnel ". De plus, selon un ancien templier d'ECK, le recrutement de " chanteurs, d'acteurs français très connus, de peintres [permettait] d'appâter de nouveaux adeptes, riches et avides de reconnaissance sociale ".

Les anciens responsables importants de la secte, ayant tous une activité professionnelle liée à la médecine, se sont maintenant dispersés. L'ancienne épouse de Véret, Danièle Drouant, " fille de la richissime famille propriétaire de la galerie d'art Drouant à Paris ", avait lancé une gamme de produits homéopathiques qui ont causé un grave accident sur un bébé de 21 mois en février 1997. Cette gamme de produits fut alors interdite en France. Le pharmacien Jean-Charles Schébelen et la gynécologue Bérangère Arnal furent eux identifiés comme membres d'une secte " régulièrement surveillée par la police " par le conseil national de l'ordre des médecins mais n'ont eu aucune sanction.


  France : Mouvement raëlien

L'Eglise raëlienne poursuit sa croisade pour le clonage humain

Le Monde, 20 janvier 1998, par Jean-Yves Nau.

[Résumé]

Ce nouvel article sur la " compagnie de clonage humain " de la secte rapporte de nouveaux propos de Brigitte Boisselier, un an après la création de la société. " Nous sommes toujours dans notre logique qui consiste à tout mettre en oeuvre pour que le premier bébé cloné puisse rapidement voir le jour ".

J-Y Naucontinue. Selon elle, de nombreux scientifiques sont en contact avec l'Eglise raëlienne. " Nous avions tablé sur 2 millions de dollars émanant soit de clients privés souhaitant avoir accès à la technique du clonage, soit d'investisseurs privés du type de ceux que l'on retrouve dans le monde du capital-risque de la biotechnologie. Nous n'avons pas encore réuni cette somme mais le processus est largement en marche ".


  France : Eglise du Christ

L'Eglise du Christ Espion

Charlie-Hebdo, 28 janvier 1998, par Xavier Pasquini.

Article supprimé par suite d'une mise en demeure de l'Eglise du Christ de Paris et remplacé par :


Droit de réponse de l'Eglise du Christ de Paris

Charlie-Hebdo, 16 septembre 1998

[Texte intégral]

Suite à la parution d'un article intitulé "L'Eglise du Christ Espion" dans votre hebdomadaire Charlie Hebdo n. 293 du 28 janvier 1998, nous considérons que votre journal a donné une image particulièrement négative de notre église, présentée comme dangereuse pour les individus. En conséquence, nous entendons de faire valoir notre droit de réponse, conformément à l'article 13 de la loi du 29 juillet 1881.

L'auteur de l'article livre d'abord des faits totalement inexacts dont nous contestons catégoriquement la réalité.

A titre d'exemple, l'Eglise du Christ de Paris n'est pas l'église "mère pour l'Europe, l'Asie, l'Afrique, le Moyen et le Proche-Orient", contrairement à ce qui est affirmé. Il aurait suffi à l'auteur de l'article de parler à un responsable de notre association, ou de consulter le site internet de nos églises, pour vérifier cette information.

De même, il est faux de prétendre que notre association pratique le "flicage des adeptes", la "confession obligatoire", la "culpabilisation". Nous considérons que notre foi commune impose d'abord le respect des autres et de leur personnalité.

Il est faux d'écrire : "quand certains veulent se marier, on leur demande avec qui et on refuse systématiquement". Les nombreux couples de notre église se sont formés librement. Nous condamnons les rapports de domination et de contrôle d'une personne par une autre, ce qui serait exactement contraire à ce que nous croyons.

Les allégations selon lesquelles dans nos locaux "la vie est spartiate" : "On dort sur des matelas à même le sol" ; "Pas de télé ni de musique" sont fausses. Nous n'avons jamais organisé de vie communautaire dans nos locaux, qui servent exclusivement à des réunions de notre église orientées vers l'étude des textes bibliques.

Il est regrettable que ces "informations" n'aient pas été préalablement vérifiées avant leur diffusion, votre journal aurait ainsi évité de publier ces inexactitudes évidentes et aurait pu donner à ses lecteurs un aperçu plus réaliste de notre association.

De même, la prétendue association de notre église aux services spéciaux, laboratoires secrets et à des réseaux de ventes d'armes est une rumeur calomnieuse tout droit sortie de l'imagination fertile de Monsieur Pasquini et n'est certainement pas le fruit d'une investigation rigoureuse.

Il est encore faux d'affirmer en prétendant énoncer "des faits" que nous avons été en possession de combinaisons "antibactériologiques" qui seraient des armes de premières catégories.

Il est évident que cette présentation et ces affirmations sont, d'une part, de natureà donner une image fortement négative à notre association et, d'autre part, susceptibles de nous causer directement un préjudice très important, en choquant profondément ceux qui nous connaissent et qui connaissent nos valeurs de tolérance et de respect d'autrui.

Bien loin du monde imaginaire décrit dans l'article où les personnes seraient manipulées par des responsables cyniques qui n'auraient pour but que de soutirer l'argent des membres, notre église se contente de rassembler des gens animés d'une même foi chrétienne.

L'Eglise du Christ de Paris est une association chrétienne issue des Eglises du Christ, établies depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis. Nous sommes affiliés aux Eglises du Christ Internationales, qui se trouvent dans plus de cent pays du monde entier. Notre enseignement est exclusivement basé sur la Bible, et centré essentiellement sur la vie de Jésus-Christ et les écrits du Nouveau Testament.

A cet égard, nous tenons à souligner que nous avons toujours agi dans le respect de la Bible, de la liberté des individus, et des lois souveraines de la République française.

L'Eglise du Christ de Paris.


  France : Mouvement raëlien - Siderella

Liaisons dangereuses - Sectes et Ovnis

Phénomèna n° 37, décembre 1997-janvier 1998, par Renaud Marhic.

[Résumé]

Cet article, suivi d'un autre article du même auteur " Ufologie et Apocalypse : la grande tentation ", fait le point sur les mauvaises rencontres " bien terrestres " que peuvent être amenées à faire de toute bonne foi les personnes intéressées par les OVNIs. Une large place est faite aux Raëliens, puis l'auteur aborde les cas moins célèbres de la secte Siderella (qui s'est aussi appelée " Iso-Zen, Futura, Galacteus, Euroculture, Italia, Résonance Nouvelle, Azur Mieux Etre, Voyageurs Intemporels, etc... ") et l'Ecole de Préparation à l'Evacuation Extraterrestre.

A Siderella, le gourou Jean-Paul Appel rebaptisé Io Appel-Guery accueille les adeptes dans son château de Jaugy, près de Gièvres, dans le Cher, et organise des " stages (payants) de Robinson " à Tahiti. " En pleine vogue hippie (...), le groupe pouvait passer pour un sympathique rassemblents d'artistes marginaux ". Plusieurs célébrités croisèrent ainsi la route du groupe, mais d'après Renaud Marhic, le gourou ne supporta pas longtemps de devoir partager la vedette avec des stars du show-biz, ce qui causa par exemple le départ du chanteur Michel Jonasz. C'est ensuite le livre d'Isabelle Sebagh qui décrira ce qu'est devenue la secte.

L'Ecole de Préparation à l'Evacuation Extraterrestre a été fondée par une ancienne monitrice d'auto-école, Jeannine Derel, " choisie par les extraterrestres en fonction de ses capacités à apprendre en quinze jours le pilotage d'une soucoupe volante (sic) ". Les adeptes seront sauvés lors de l'évacuation qui fera " deux milliards sept cent mille morts " selon l'autre dirigeant Jean Fumeau.

Mais le plus inquiétant est peut-être que ces sectes sont introduites dans des associations ufologiques que l'on peut qualifier de plus " classiques ", ce qui entraîne la présence des gourous de ces sectes dans des débats, télévisés ou dans des lieux publics, censés aborder la question des OVNIs justement loin de considérations sectaires. Cette dérive des groupes ufologiques "non sectaires" (pour l'instant ?) est l'objet d'un deuxième article dont la lecture est conseillée à toute personne passionnée de bonne foi par les OVNIs.