Actualités sur les sectes en décembre 1997

 

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Témoins de Jéhovah Les témoins de Jéhovah ne peuvent se prétendre association cultuelle
Secte Moon Mariage collectif de "3,6 millions" de couples
Chevaliers du Lotus d'Or Le "messie cosmoplanétaire" du Mandarom hospitalisé
Sectes Quand les sectes s'invitaient à l'Assemblée
Témoins de Jéhovah La marche d'un père contre une secte
Mouvement raëlien De Raël à Di Mambro, tous croient aux soucoupes
Sectes La religion contre le fanatisme
Communauté des Béatitudes Des magistrats donnent leur bénédiction à une secte catholique
Observatoire Interministériel sur les sectes Malaise à l'Observatoire
Observatoire Interministériel sur les sectes Sortie du premier rapport
Ordre du Temple Solaire Une enquête controversée de la télévision britannique sur Grace Kelly
 


  France : Témoins de Jéhovah

Les témoins de Jéhovah ne peuvent se prétendre association cultuelle

La Montagne, par Yves Le Faou. 18 décembre 97.

Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rejeté, mardi, la requête de l'association des témoins de Jéhovah de Riom visant à être reconnue comme association cultuelle, donc à bénéficier d'exonérations fiscales conséquentes. Motif : les adeptes des témoins de Jéhovah appartiennent à une secte dont les activités sont susceptibles de troubler l'ordre public.

CLERMONT-FERRAND. - « L'enjeu du litige qui vous est soumis est clair », avait expliqué le commissaire du gouvernement, Patrick Gensac, lors de l'audience du 2 décembre. « Il s'agit pour les témoins de Jéhovah d'obtenir une reconnaissance politique et sociale au travers d'avantages économiques et financiers. Si vous reconnaissez le caractère cultuel de cette association, vous lui délivrez un certificat d'honorabilité la distinguant de la catégorie des sectes, dans laquelle la range le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes en France ».

Par une requête en date du 9 avril 1996, l'association des témoins de Jéhovah de Riom avait demandé au tribunal administratif de Clermont-Ferrand de la décharger de la taxe foncière concernant sa « salle du royaume », qu'elle considère comme un lieu de culte. Dix-neuf autres associations locales de témoins de Jéhovah des départements du Puy-de-Dôme et de l'Allier ont également saisi le tribunal de cette requête. Et, depuis deux ans, les témoins de Jéhovah ont déposé devant la plupart des tribunaux administratifs de France des demandes similaires.

Certains, comme celui de Lille, le 16 mars 1997, ont répondu favorablement, d'autres par la négative. Le tribunal clermontois avait quant à lui choisi de solliciter, pour avis, le Conseil d'État.

Trouble à l'ordre public

Ce dernier étant l'instance suprême en matière de droit administratif, sa réponse était très attendue.

Rendu le 24 octobre, l'avis précisait qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur le fond en pareil cas. Mais afin d'aider la juridiction clermontoise, il rappelait le triple caractère de reconnaissance du caractère cultuel d'une association : l'existence de l'exercice d'un culte ; le fait que l'exercice de ce culte constitue bien l'objet exclusif de l'association ; la certitude que les activités de l'association ne soient pas contraires à l'ordre public.

Reprenant ces trois critères, Patrick Gensac s'était attaché à démontrer que le dernier d'entre eux n'était pas rempli. Avec succès, puisque le jugement rendu mardi 16 décembre par le tribunal administratif de Clermont rejette la requête de l'association locale pour le culte des témoins de Jéhovah de Riom. Motif : « Les adeptes des témoins de Jéhovah refusent le principe de la défense de la nation par les armes en cas de nécessité, refusent de participer aux opérations de vote et s'opposent à la transfusion sanguine, notamment pour leurs enfants mineurs, seule susceptible d'éviter une mort certaine dans les cas ou l'autotransfusion se révèle impossible ».

Cette analyse a toutes chances d'orienter également les 9 autres jugements que la juridiction clermontoise aura prochainement à rendre. Hier, l'audience du tribunal administratif était, en effet, consacrée à ces affaires, et le commissaire du gouvernement a développé une argumentation similaire à celle du 2 décembre. A savoir l'existence d'activités de la secte susceptibles de troubler l'ordre public.


  Etats-Unis : Secte Moon

Mariage collectif de "3,6 millions" de couples

Toutes les mariées étaient là... ne manquaient que certains maris

Marianne, 8 décembre 1997

Parmi les "3,6 millions" de couples bénis par la secte Moon, une centaine de jeunes femmes ont été mariées par le révérend Moon... à des fiches d'état civil.

 [Résumé]

 [+ Brève du Monde du 9 décembre 1997]

Dans le stade Robert-Fitzgerald Kennedy, Sun Yung Moon a récemment marié "quelques centaines de jeunes femmes venues du monde entier (...) à des hommes qu'elles n'avaient jamais vus. Et qui, comble de la discrétion, n'assistaient pas à la cérémonie". Marianne cite deux réactions de jeunes mariées : "L'une d'elles, native de Madagascar et unie à un gaillard du Swaziland, a confié qu'elle se contenterait d'une nuit de noces par correspondance. Une Californienne de 23 ans, destinée à un Russe en pointillé, a avoué qu'une bénédiction de Moon lui suffisait pour l'instant mais qu'elle se rendrait à Moscou pour Noël. Histoire de vérifier s'il n'y avait pas tromperie sur la marchandise."

 Le Monde ajoute un commentaire de Chris Corcoran, un porte-parole de la secte : "Maintenant elles savent qu'elles ont un époux quelque part".


Moon et Whitney Houston

Le Nouvel Observateur, 18 décembre 1997

 [Texte intégral]

 Whitney Houston a perdu 1 million de dollars. C'est la somme qu'elle aurait dû toucher si elle n'avait pas - judicieusement - annulé sa participation à un mariage collectif organisé par l'église de l'Unification du révérend Moon.


  France : Chevaliers du Lotus d'Or

Le "messie cosmoplanétaire" du Mandarom hospitalisé

 Libération, 8 décembre 1997

 [Texte intégral]

 Gilbert Bourdin, 72 ans, gourou de la secte du Mandarom de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), a été hospitalisé à Grasse (Alpes-Maritimes). Il s'était autoproclamé "messie cosmoplanétaire" en 1989 et se faisait appeler Hamsah Manarah ("Dieu parmi les hommes" en sanskrit). Il souffre de diabète et de maladie de Parkinson. En 1995, Gilbert Bourdin avait été mis en examen pour "viols et agressions sexuelles" après la plainte de femmes, ex-adeptes de la secte. Il avait été écroué pendant 17 jours et remis en liberté sous contrôle judiciaire.


  France : Sectes

 Quand les sectes s'invitaient à l'Assemblée

Le Parisien, par Fabrice Lhomme. 6-7 décembre 1997.

Le juge Vialat s'est fait communiquer un document confidentiel

 [Résumé]

Enquêtant sur la plainte d'Isabelle Sebagh dont l'identité et la déposition, devant la commission d'enquête parlementaire sur les sectes, ne restèrent pas confidentielles comme elles auraient dû, le juge Valat a tout d'abord pu obtenir "un réquisitoire supplétif, lui permettant d'étendre ses investigations au-delà du cas d'Isabelle Sebagh". Il a en particulier pu avoir accès aux "conclusions d'une enquête interne menée par l'Assemblée".

Ce document révèle que c'est une retraitée, ancienne secrétaire de l'Assemblée, qui a obtenu auprès d'un de ses anciens collègues, fonctionnaire au Palais-Bourbon, l'invitation pour Danièle Gounord à suivre les débats de février 1996 à l'Assemblée dans la loge réservée aux invités des ministres. L'enquête précise que deux autres scientologues ont bénéficié ce jour-là d'invitations fournies par Dominique Paille, député des Deux-Sévres. Contacté mardi 2 décembre dernier, il nous a expliqué s'être fait piéger : "C'est un de mes anciens collaborateurs, que j'ai licencié depuis, qui s'était permis d'inviter ces deux personnes en mon nom. Il devait être lié aux scientologues", nous a-t-il dit."

 Fabrice Lhomme évoque ensuite le trouble persistant dans cette affaire suite au choix de l'Assemblée pour la défense d'Isabelle Sebagh : celle-ci est en effet défendue par "le cabinet d'avocats (Farthouat et Stasi associés) qui a défendu Danièle Gounord lors du procès de la Scientologie". L'avocat d'Isabelle Sebagh, Maître Morice, déclare espérer "qu'il s'agit d'une simple maladresse. Cela démontre néanmoins l'efficacité de la technique d'infiltration de la Scientologie", ajoute-t-il.

 D'après les informations du Parisien, "déjà saisi en novembre par des élus de cette situation délicate, Laurent Fabius (...) s'apprêterait à désigner un autre cabinet d'avocats pour couper court à la rumeur".


  France : Témoins de Jéhovah

La marche d'un père contre une secte

Libération, 1er décembre 1997.

 [Texte intégral]

Un agriculteur de l'Hérault, Jean-Pierre Lemaire, qui se bat depuis trois ans pour récupérer la garde de ses enfants, a achevé hier une marche de 90 km, reliant Valras-Plage à la place de la Comédie, à Montpellier.

Julien, 13 ans, et Cyrielle, 10 ans, vivent à Breck (Pas-de-Calais), avec leur mère qui est, selon lui, adepte des Témoins de Jéhovah. La demande de garde sera examinée, en appel, le 11 décembre à Douai (Nord). "Je crains que mes enfants gardent des séquelles psychologiques graves", explique-t-il. Plusieurs centaines de personnes ont signé sa pétition, qui sera envoyée au garde des Sceaux : "Je demande qu'une nouvelle loi protège les enfants".


  Suisse : Mouvement raëlien

De Raël à Di Mambro, tous croient aux soucoupes

La Liberté (Suisse), par Patrice Favre. 12 décembre 1997.

« Le 13 décembre 1973, au cæur du cratère du Puy de Lassolas, près de Clermond-Ferrand dans le centre de la France, un journaliste, Claude Vorilhon, voit descendre du ciel à travers le brouillard un engin d'apparence métallique en forme de cloche aplatie d'environ 7 mètres de diamètre et ne ressemblant à aucune technologie terrestre. Stupéfait, il voit l'appareil s'immobiliser et une trappe s'ouvrir. Un être humain de petite taille (1,20 m) descend et s'approche de lui. »

Ambassadeur des Elohim

C'est en ces termes que Claude Vorilhon raconte sa première rencontre avec les « Elohim », ces extraterrestres qui l'ont choisi pour être leur messager et construire une « ambassade » - aussi proche que possible de Jérusalem - pour les accueillir. Souvent citée dans les médias, l'aventure de Claude Vorilhon est loin d'être une première: le contact avec les extraterrestres, ces «frères de l'espace», est un classique du XXIè siècle, fasciné par les canaux martiens et les exploits scientifiques. La multiplication des OVNI, après la dernière guerre, va donner un formidable élan à la thèse des extraterrestres soucieux d'assurer le bonheur de l'humanité.

Explosion soucoupiste

Dans son livre sur «Les nouvelles voies spirituelles» (L'Age d'homme, 1993) Jean-François Mayer constate que le «soucoupisme» explose dans les années 50 en Suisse. Le spécialiste fribourgeois des sectes s'intéresse à Erich von Däniken, ancien étudiant du Collège St-Michel à Fribourg, auteur d'un livre à succès en 1968 (donc bien avant l'épopée raëlienne). La trace des extraterrestres, disait von Däniken, peut être repérée dans l'archéologie et les mythes des anciennes civilisations ; ces visiteurs de l'espace auraient modifié génétiquement un embryon d'hominidé pour créer un enfant doté d'intelligence : il découvre ainsi le «chaînon manquant» entre le singe et l'homme, et réconcilie du même coup la science et la création telle que la raconte la Bible.

A la fin des années 80, dit Jean-François Mayer, quelque 800 OVNI ont été observés par des Suisses, toujours plus convaincus que les frères de l'espace sont prêts à leur tendre la main pour les sauver de l'Apocalypse : « A l'heure actuelle, il y a plus de cent mille vaisseaux gigantesques stationnés en orbite autour de la planète Vénus. Ils sont en état de matérialisation éthérique que nos yeux et nos appareils ne peuvent pas détecter. Ils sont à chaque seconde en état d'alerte N01 et pourraient donc déclencher au moment de leur choix l'opération «évacuation de la Terre»... Que celui qui désire être sauvé s'avance!», peut-on lire au printemps 1988 dans le « Journal Franz Weber », sous la plume de la rédactrice en chef de ce trimestriel tiré à 500 000 exemplaires.

La soucoupe de Noé

La Bible reste le livre de chevet des soucoupistes : l'arche de Noé est évidemment un vaisseau intergalactique... et l'étoile de Bethléem une des nombreuses soucoupes volantes observées au fil des siècles. C'est le filon exploité par Raël : Moïse est un messager des Elohim, comme Bouddha ou Jésus, lequel serait né des amours entre un extraterrestre et une fille de la Terre.

Même Jo Di Mambro, le gourou de l'Ordre du temple solaire, parlait volontiers de soucoupes volantes, constate le même Jean-François Mayer dans un autre livre (« Les mythes du Temple solaire », Georg 1996). La notion d'« initiés » venus d'autres planètes pour éclairer les humains était décisive dans la philosophie de l'OTS. Avec les conséquences que l'on connaît lorsque s'est présenté le « transit » vers Sirius.

Les disciples de Raël seraient-ils tentés par le suicide collectif ? La diffusion de textes raëliens sur le sacrifice a fait craindre le pire. « Quelle grandeur d'âme il y a dans ce bonze qui s'arrose d'essence et craque une allumette pour que son pays ne supporte plus la tyrannie américaine ! Serions-nous capables de faire cela pour les Elohim ?», écrit en effet Raël dans l'« Apocalypse internationale » (citée par Le Nouveau Quotidien du 2 août 1996). Le chef des raëliens conteste formellement l'interprétation « suicidaire » de ces textes. Il retourne même l'argument en assurant: « Ils sont des centaines dans le Mouvement raëlien à m'avoir confié que c'est la lecture de mes livres qui les a fait renoncer au suicide qu'ils envisageaient sérieusement auparavant. »

Défense sur Internet

La réponse à ces « rumeurs » est désormais un des soucis premiers de Claude Vorilhon. Il leur donne une place importante sur son site Internet. A son avis, ces attaques sont pilotées par l'Eglise catholique, qui utiliserait les associations anti-sectes pour supprimer une concurrence dangereuse : d'après Raël, quelque 15.000 catholiques seraient déjà devenus raëliens. Au passage, il annonce des actions systématiques et massives contre les médias « propagateurs de rumeurs », pour les mettre en difficulté financière, « voire les pousser à la faillite ». Et la fameuse ambassade ? « L'argent est sur un compte », répond Raël, en précisant que 5 millions de francs suisses ont été collectés. Mais il manque encore 15 millions.


  France : sectes

La religion contre le fanatisme

Le Nouvel Observateur, 18 décembre 1997, par Catherine David.

 Interview de Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier, responsables de l' "Encyclopédie des religions".

 [Extrait]

 N.Obs - Peut-on dire que les Églises sont des sectes qui ont réussi ?

 F. Lenoir - Le sociologue Max Weber le disait déjà : l'Eglise, c'est l'institutionnalisation de la secte ; la routinisation du charisme. Il se référait à une définition ancienne de la secte, celle d'un petit groupe fervent réuni autour d'un maître ; à la limite, on pourrait dire que saint François d'Assise a créé une secte... La différence entre la secte et la religion, dans cette perspective, n'est peut-être rien d'autre que la durée.

 Mais aujourd'hui, on voit apparaître un nouveau type de sectes où le religieux n'est qu'un paravent ; elles sont le plus souvent thérapeutiques, et le vernis religieux leur permet d'avoir des avantages fiscaux. Quand Ron Hubbard a fondé la Scientologie, c'était un mouvement psychiatrique, proposant un développement personnel. Quand il a eu des problèmes avec les psychiatres, il a créé une religion, ce qui est le moyen de vivre tranquille aux Etats-Unis. La secte, au mouvement actuel, est un mouvement totalitaire qui exploite la crédulité des adeptes autour d'un message fanatique, dans un but commercial et de pouvoir. Le mot a changé de sens, il serait temps de s'en apercevoir.

 Y. Tardan-Masquelier - Les religions leur fournissent des savoirs, des symboles qui agissent sur l'esprit humain, des textes sacrés qui peuvent être dénaturés. Les sociologues parlent de bricolage.


  France : Communauté des Béatitudes

Des magistrats donnent leur bénédiction à une secte catholique

Le Canard Enchaîné, 17 décembre 1997, par Hervé Liffran.

Au nom du Lion de juda et de l'Agneau immolé, puis du travail au noir gratuit, le gourou baptisé "le Berger" jouait aussi les hommes d'affaires.

 [Résumé]

En novembre 1996, le tribunal de grande instance de Blois avait condamné Claude Brenti, gourou de la secte catholique "la Communauté des Béatitudes", à un mois de prison avec sursis, jugeant que le travail de ses adeptes "sans contrat de travail, ni salaire, et moins encore de déclaration à la Sécurité Sociale" était du travail clandestin. "Mais un an plus tard, le 17 novembre dernier, les hauts magistrats [de la cour d'appel d'Orléans] ont annulé ce premier verdict et relaxé ce religieux-homme d'affaires."

H. Liffran fait alors un résumé des activités de cette secte : des "miracles" a la pelle, jusqu'à "la multiplication des pains et même des billets de banques." Un de ses responsables déclara même "C'est le Seigneur qui donne l'argent. On ne l'imagine pas, mais ça peut arriver". L'argent vient en fait des dons des adeptes "qui doivent se dépouiller de tous leurs biens" et de leur travail pour les sociétés de la secte. La société Brenti Claude reçoit ainsi plus d'un million de bénéfices chaque année. "Ces flagrants délires n'avaient pas empêché Mgr Coffy, alors archevêque d'Albi, de leur accorder, en 1985, la reconnaissance officielle de l'Eglise."

Une mère d'un de ces travailleurs clandestins alerta l'URSSAF et la mission interministérielle pour la lutte contre le travail clandestin en 1994, ce qui entraîna le procès suite aux découvertes des inspecteurs du travail qui ne purent consulter ni le moindre registre du personnel, ni le moindre contrat de travail, ni le moindre bulletin de salaire. La défense de la secte consista en l'argument que "le droit du travail ne pouvait s'appliquer à des religieux qui avaient fait voeu de pauvreté et d'obéissance, et que leur société n'avait aucun but lucratif".

Ces explications qui n'avaient pas satisfaits les juges de Blois, pour lesquels l'application du Code du travail aurait du être mise en oeuvre ("Libre ensuite aux adeptes de faire don de leur salaire a qui leur semble"), ont par contre convaincu la cour d'appel.

H. Liffran conclut ainsi : "Désormais Claude Brenti peut faire un bras d'honneur aux inspecteurs du travail qui voudront fourrer leur nez dans ses comptes. Voilà qui devrait ouvrir des horizons insoupçonnés à tous les adeptes du travail au noir. A quand une secte des adorateurs du béton ou une communauté charismatique de la machine à coudre ?"


  France : Observatoire Interministériel sur les sectes

Malaise à l'Observatoire

Sectes : Relancer la lutte

L'Express, 11 décembre 1997, par François Koch.

L'Observatoire interministériel mis en place par Alain Juppé n'a pas un bilan très positif. Lionel Jospin saura-t-il le réactiver ?

[Résumé]

Pour F. Koch, " la puissance publique semble ne s'intéresser à cette forme de crime que lors des suicides collectifs ". Ainsi, le travail de fond du préfet Antoine Guerrier de Dumast qui sera à l'origine du rapport attendu avant Noël, semble d'un intérêt douteux : ce préfet déclara par exemple l'été dernier au Figaro que " le développement des sectes serait enrayé par le dynamisme des religions traditionnelles ".

" Si l'Observatoire reste en l'état, je claque la porte ! " résume Alain Gest. Il ajoute " Seuls les ministères des Sports et de l'Education Nationale ont eu une action véritable ". L'élu de la Somme fait référence d'une part à la campagne d'information sur les sectes de Guy Drut et à la création par François Bayrou d'une cellule spécialisée au sein de son ministère.

Mais même l'action de cette dernière cellule reste en deçà du nécessaire, selon le journaliste, pour qui l'arsenal juridique existant doit être renforcé : " Le 12 novembre dernier, l'école de l'Éveil et l'école Mont-Louis, à Paris, ont été condamnées : non parce qu'elles étaient accusées d'être proches de la Scientologie, mais parce qu'elles arboraient sur leurs dépliants un faux agrément de l'Education nationale. "


Droit de réponse du président de l'Observatoire à la revue L'Express

L'Express, 25 décembre 1997, par F.K.

[Texte intégral]

Mis personnellement en cause dans l'article " Sectes : relancer la lutte ", Antoine Guerrier de Dumast, rapporteur général de l'Observatoire interministériel sur les sectes, tient à apporter les précisions suivantes : " les travaux de l'Observatoire revêtent un caractère confidentiel. Je rappelle que la commission parlementaire a travaillé à huis clos. Comment, dès lors, peut-on affirmer que l'Observatoire n'a pas rempli ses missions ? De même, je m'interroge sur la valeur d'un jugement porté sur un rapport en cours d'élaboration destiné au Premier ministre. Les missions ont été remplies. Un nombre important de réunions de groupes de travail, présidées par le rapporteur général, se sont tenues depuis le début de l'année. En revanche, pour 1997, la seule réunion plénière, prévue en mai par le précédent gouvernement, a été annulée en raison du calendrier électoral. "

Commentaires de l'Express :

L'Observatoire n'est pas aussi clandestin que veut le faire croire Antoine Guerrier de Dumats. Il a en effet déclaré au Figaro, l'été dernier, que le " développement des sectes était enrayé grâce au dynamisme des religions traditionnelles ", et participé à l'émission Du fer dans les épinards (*) de Christophe Dechavanne, le 29 novembre dernier, sur France 2. Après avoir rencontré le préfet Guerrier et des membres qualifiés de l'Observatoire, notre conviction est qu'il n'y a pas eu de travail collectif d'analyse du phénomène sectaire ni d'élaboration de nouveaux moyens de lutte. Un objectif sans doute difficile, mais c'est bien celui assigné à l'Observatoire.

(*) : le président de l'Observatoire Interministériel sur les Sectes semblait un peu perdu dans cette émission, dont le thème du débat était précisément celui des sectes. Mickael Tussier.


  France : Observatoire Interministériel sur les sectes

Sortie du premier rapport

L'Observatoire propose de donner de nouveaux moyens aux associations de défense

Le Monde, 23 décembre 1997, par Henri Tincq.

Un rapport souhaite qu'elles puissent se constituer partie civile.

[Résumé]

Lionel Jospin vient de recevoir le premier rapport de l'Observatoire interministériel des sectes, mis en place le 13 novembre 1996 par son prédécesseur Alain Juppé. Henri Tincq fait un résumé des propositions contenues dans ce rapport.

" La première des propositions (...) est la possibilité donnée aux associations de défense des familles des victimes, qualifiées d'associations 'anti-sectes', de se constituer partie civile ". Cette proposition figurait déjà dans le rapport parlementaire de 1996, et est une des principales revendications de l'ADFI ou du CCMM, qui " avaient particulièrement regretté de ne pouvoir se constituer partie civile dans deux affaires récentes, mettant en cause les enfants de groupes sectaires (Horus et Tabitha's Place). "

" Plus lourde de conséquences si elle est suivie ", estime Henri Tincq, " une deuxième proposition vise à remettre en cause les conditions d'accès au  bénéfice de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations non-lucratives ". La loi actuelle
est en effet, selon l'Observatoire, inefficace pour le contrôle " des activités commerciales de certaines sectes ou [de] l'attribution de subventions publiques ".

" Une autre proposition vise à installer, dans chaque département, un représentant chargé de coordonner les informations sur des groupes dénoncés comme des sectes et de les transmettre aux autorités policières et judiciaires ". Enfin, " en vue de dissuader des groupes sectaires de présenter des candidatures aux élections législatives et, ainsi, de bénéficier de fonds publics et d'un droit de passage à la télévision, le rapport propose enfin de fixer un seuil de 2 % des voix pour qu'une formation politique puisse bénéficier d'un financement public ". Allusion aux participations du Parti de la Loi Naturelle et du Parti Humaniste aux élections législatives de 1993 et 1997.


Désaccord à l'Observatoire sur les sectes

Libération, 24 décembre 1997, par D.L.

[Résumé]

Après avoir résumé les propositions contenues dans le rapport de l'Observatoire interministériel sur les sectes, le journaliste rapporte la réaction du député ex-PC Jean-Pierre Brard, membre de l'Observatoire : " Le rapport n'avance aucune mesure de protection des enfants et ne définit pas ce qu'est une secte et ne renforce pas les pouvoirs du fisc ou des élus locaux ".


  Grande-Bretagne : Ordre du Temple Solaire

Une enquête controversée de la télévision britannique sur Grace Kelly

Le Monde, 31 décembre 1997, par Marc Roche.

[Résumé]

Marc Roche rapporte la rumeur qui a également été répercutée, entre autres, par Le Monde dans son numéro du 25 décembre ainsi que par Marianne dans son édition du 29 décembre : " Selon deux réalisateurs, David Carr-Brown et David Cohen, Grace Kelly aurait intégré la secte au cours d'une initiation pratiquée par Luc Jouret, numéro deux de l'OTS ". Les réalisateurs du documentaire diffusé par Channel 4 ont deux témoins dont un n'a accepté de témoigner à visage caché sous la pression du témoin principal, " un certain George Leroux, qui se présente comme le chauffeur et le garde du corps du chef de file de l'OTS, Joseph di Mambro ". Enfin, " les auteurs laissent entendre que son accident, le 14 septembre 1982, n'est peut-être pas étranger à ses liens avec l'OTS ".

" La Principauté [de Monaco] avait par avance dénoncé ces 'fantaisies malsaines' et jugé cette affaire 'particulièrement sordide' ". Ces "révélations" laissent pour le moins sceptiques les sources policières françaises interrogées par Le Monde. En Grande-Bretagne, même les tabloïds n'ont pas montré d'intérêt pour le sujet, tandis que les chroniqueurs de télévision rappellent qu'une allégation tout aussi surprenante sur les causes de l'assassinat de Kennedy, à la base d'un documentaire diffusé par ITV en 1988, était demeurée sans suite.