Actualités sur les sectes en décembre 2005.

 

Témoins de Jéhovah Il vit dans une famille d'accueil de Témoins de Jehovah: sa mère demande son transfert
Raël

Le gourou et le pédophile

Témoins de Jéhovah Le petit garçon placé dans une famille d'accueil de Témoins de Jehovah sera transféré
Satanisme Une longue enquête sur un double crime a conduit à un groupe sataniste
Sectes - Actualités diverses Clément souhaite «longue vie» à la loi de 1905
Sectes - Actualités diverses Lutte contre les sectes - N'attendons pas un nouveau drame pour agir
Sectes - Actualités diverses 1905: le statu quo ne satisfait complètement aucun culte, selon M. Machelon
Sectes - Actualités diverses L'UNADFI s'interroge sur la déclaration de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics
Moon Secte Moon: Le "révérend" indésirable à Fidji et à Vanuatu
Sectes Les gourous en blouse blanche et en cravate sous surveillance
Sectes Assemblée Nationale. Questios/réponses - Jean-Pierre Brard - Scientologie
Sectes Cinq députés demandent une nouvelle commission d'enquête sur les sectes
O.T.S OTS secte maudite
Raël Un ex-raélien coupable d'agression sexuelle sur une fillette
Méditation transcendantale Le candidat du PC est l'ancien chef du Parti de la loi naturelle
Mormons fondamentalistes Lutte contre la polygamie
Sectes Les sectes en embuscade
Sectes Les trente ans de l’ADFI
Raël Diffamation: Raël à nouveau débouté en appel contre une ancienne adepte
Sectes Des mesures plus étendues que prévu
Sectes Quand les Savoie glissent dans les dérives sectaires
Kryeon Des enfants indigo
OTS Le dramatique épisode de l'OTS
HUE Energie Universelle Quand «Maître Dang» ouvre les chakras
Raël ARRET RENDU PAR LA COUR D'APPEL DE BORDEAUX
Religions Darwin et les religions
Scientologie L'Etat doit verser 109 400 euros à la scientologie. Un comble

Méditation transcendantale

Les yogis veulent raser Genève !
Mormons dissidents Polygamie au goût du jour
Sectes Le TGI de Paris déboute les demandeurs d'une dissolution de l'Unadfi
Sectes Communiqué de presse UNADFI concernant l’action en justice du CAP et le verdict du Tribunal de Grande Instance de Paris
Actualités diverses Alerte sur des "dérives sectaires" en marge de randonnées dans le Sud-Ouest
Sectes Rapport parlementaire et liste de sectes
Scientologie Tom Cruise amasse des fonds pour son église
OTS La Tuerie du Vercors reste un mystère
OTS Les instigateurs ont tout fait pour compliquer l'enquête
OTS

Michel Tabachnik, ancien membre de l'OTS : "Rien n'a été retenu contre moi"

Scientologie Final victory over Scientology
Sectes Une offensive des mouvements sectaires échoue devant le tribunal correctionnel de Paris
Ordre de Saint André Un "révérend exorciste" condamné à six ans de prison pour des viols
Scientologie Tom Cruise a suivi une formation intensive
Sectes Durcissement à la mission de lutte contre les dérives sectaires
Actualités diverses Censure à l'agence France Presse
Sectes Les sectes recrutent jeune
Coup de gueule (*) 22/12/2005 Réponse du Père Jacques Trouslard à l'article du journal Le Monde (doc PDF)
Témoins de Jéhovah La CEDH condamne la France à verser une amende à un témoin de Jéhovah
Témoins de Jéhovah Arrêt de Chambre Paturel c/France
Religions Le "dessein intelligent" des chrétiens conservateurs ne passera pas
Méditation Transcedantale Un projet de centre de méditation transcendantale suscite
l'interrogation en Ajoie
Témoins de Jéhovah Le combat d'un père
Témoins de Jéhovah L'Etat doit accomplir ses missions sans états d'âme
Sectes Assemblée Nationale Questios/réponses - Madame Ségolène Royal - Scientologie
Sectes Assemblée Nationale Questios/réponses - Jean-Paul Bacquet- Scientologie
Actualités diverses A Asnières, la musique soufie n'adoucit pas le maire
Raël (*) 30/12/2005 Quand le mouvement raelien prétend avoir "toujours" condamné la pédophilie
Chemin néocatéchuménal Benoît XVI rappelle à l'ordre le Chemin néocatéchuménal
Méditation transcendentale Les rajas veulent rendre la Suisse invincible avec 300 jeunes gens

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web


Canada : Témoins de Jéhovah

Il vit dans une famille d'accueil de Témoins de Jehovah: sa mère demande son transfert

Presse canadienne, 1er décembre 2005

[Texte intégral]

Un petit garçon de 4 ans baptisé et élevé dans la religion catholique doit, depuis quelques semaines, vivre comme sa famille d'accueil qui fait partie des Témoins de Jehovah.

Le garçon aurait même assisté à des réunions de Témoins de Jehovah selon sa mère biologique qui réclame son transfert dans une autre famille.
La question des transfusions sanguines refusées par les membres de cette religion est loin de rassurer la mère qui y voit une menace pour la santé de son enfant.

L'avocat de la famille, maître Herman Bédard, a fait parvenir une mise en demeure à la DPJ en réclamant que le petit garçon soit transféré dans la même famille d'accueil que sa soeur, une famille de religion catholique.

Presque 3 semaines plus tard, l'enfant est toujours au même endroit.

La mère s'inquiète aussi parce que l'enfant a été placé dans au moins 4 familles différentes au cours des 6 derniers mois.



France : Raël

Le gourou et le pédophile

L'Express, 2 décembre par Françoix Koch

[Texte intégral]

Ouverture aujourd'hui du procès d'un responsable de l'Eglise raëlienne accusé d'agressions sexuelle sur une fillette de 6 ans

Appelons-la Priscille. Agée de près de 16 ans aujourd'hui, elle avait entre 6 et 8 ans lorsqu'elle a été agressée sexuellement par Gilles Carbonell, 56 ans. Sous le coup d'un mandat d'arrêt depuis plus d'un an, cet ancien «responsable auprès des médias chargé des questions juridiques de l'Eglise raëlienne» devrait être jugé par défaut, le 2 décembre, par le tribunal correctionnel de Versailles. Priscille a raconté au juge d'instruction qu'elle avait subi à plusieurs reprises des violences, en particulier l'introduction d'un doigt dans le sexe, à Versailles puis à Lyon, au domicile de Brigitte Boisselier, sa mère, pendant les absences de celle-ci. Très proche de Claude Vorilhon, alias Raël le Messie, Boisselier eut son heure de gloire fin 2002 en tant que patronne de Clonaid, la société sur laquelle le gourou de cette secte loufoque s'est appuyé pour lancer la supercherie du premier bébé cloné.

«La doctrine raëlienne sur l'éveil sexuel des enfants a contribué à briser les interdits qui auraient dû empêcher Gilles Carbonell de passer à l'acte sur une enfant», soutient Me Rodolphe Bosselut, l'avocat de l'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (Unadfi), partie civile. Il se réfère à l'expertise médico-psychologique de Priscille qui conclut à «l'authenticité d'un traumatisme d'ordre sexuel». Mais aussi à des explications au cours de l'information judiciaire: «Il faut le faire, car c'est écrit dans la bible des raëliens», aurait susurré Carbonell pour anesthésier les réticences de l'enfant. L'audience du 2 décembre devrait confirmer qu'il s'agit d'une nouvelle dérive de cette mouvance sectaire qui prend les allures d'un club échangiste international pour adeptes des extraterrestres.



Canada : Témoins de Jéhovah

Le petit garçon placé dans une famille d'accueil de Témoins de Jehovah sera transféré

Presse canadienne, 1er décembre 2005

[Texte intégral]

Le petit garçon de 4 ans, élevé dans la religion catholique, que la DPJ avait décidé de placer dans une famille d'accueil de Témoins de Jehovah, aura une nouvelle famille d'accueil.

Les proches du bambin, dont sa mère biologique, réclamaient qu'il soit confié à une famille de confession catholique.
Au lendemain de la diffusion du reportage de TQS, la DPJ a finalement décidé de transférer l'enfant dans la famille où est hébergée sa petite soeur de 2 ans.

C'est ce que souhaitait la famille biologique qui craignait, entre autres, que l'enfant ne puisse célébrer la fête de Noël.



Italie : Satanisme

Une longue enquête sur un double crime a conduit à un groupe sataniste

Le Temps, 5 décembre par Eric Jozsef, Rome

[Texte intégral]

Bières, sexe, hard rock et stupéfiants. L'histoire de Fabio Tollis et Chiara Marino aurait pu n'être qu'une crise d'adolescents, fascinés par la culture dark et la musique heavy metal. Au sortir d'un pub, le 17 janvier 1998, leur aventure s'est transformée en l'une des plus atroces histoires de l'Italie judiciaire, sur fond de violences, tortures et de vénération de Satan.

Il est près de minuit ce soir-là, lorsque les deux jeunes gens, âgés respectivement de 16 et 19 ans, quittent le Midnight, un club de Milan fréquenté par les passionnés de hard rock et de musique assourdissante. Fabio y a notamment retrouvé quelques-uns de ses amis, en particulier ceux du groupe dont il était occasionnellement le chanteur et qui porte un nom évocateur: Circus of Satanis. Pour Chiara et Fabio, cette soirée est comme un requiem.

On ne les reverra jamais plus. Au bout de quelques heures, leurs parents signalent leur disparition aux autorités policières. En vain. Dans la chambre de la jeune fille, les enquêteurs trouvent un petit autel, un gros pied de bouc et un faux crâne humain. Trop peu pour en conclure à une quelconque appartenance à une secte satanique. Pendant des années, les investigations vont ainsi piétiner. Mais les parents de deux jeunes gens refusent de se résigner.

Quatre ans après les faits, sans nouvelles, la mère de Chiara s'enchaîne au Palais de justice de Milan pour revendiquer «son droit de savoir si ma fille est vivante ou non». De son côté, le père de Fabio, Michele Tollis, va partir à la rencontre des amis de son fils, plonger dans le milieu du hard rock, écumer les concerts en quête du moindre indice. Il en ressort convaincu que «le satanisme et le heavy metal sont étroitement liés». En janvier 2004, il découvre dans les colonnes d'un journal local que le corps d'une jeune femme a été retrouvé, enterré, à Somma Lombardo une commune voisine.

Mariangela Pezzotta, 27 ans, a été violemment assassinée. Son ancien compagnon est rapidement mis en examen: il s'agit d'Andrea Volpe, 27 ans lui aussi, connu dans la région pour ce qui n'apparaît encore que comme des excentricités. Constamment vêtu de noir, il circule dans une voiture à l'effigie du diable. «Quand, j'ai vu les photos d'Andrea Volpe, j'ai immédiatement prévenu les autorités, raconte Michele Tollis. Je savais qu'il se trouvait avec mon fils le soir de sa disparition.» Et pour cause, les deux jeunes gens auraient appartenu au même groupe de musique, le Cirque de Satan.

Au commissariat, le père apporte un énorme dossier sur le monde du hard rock et des milieux dark, sur les références gothiques et les cultes néo-païens, les vieilleries de sorcières et les rituels néo-nazis. «Il avait tout seul mené une véritable enquête», racontera plus tard un responsable des carabiniers. Ces informations vont s'avérer des plus utiles.

Volpe passe finalement aux aveux: Fabio Tollis et Chiara Marino ont été sauvagement assassinés le soir de leur disparition. Le 5 juin 2004, leurs corps sont retrouvés dans une fosse située dans un bois de Somma Lombardo. Sept autres jeunes, dont Nicola Sapone, Pietro Guerrieri et Mario Maccione, seront par la suite arrêtés, suspectés d'avoir tué avec Volpe trois de leurs amis et poussé un quatrième au suicide. Agés de 23 à 30 ans, tous faisaient partie de la secte baptisée «les Bêtes de Satan».

«Cette affaire est unique dans le panorama judiciaire italien, souligne le juge Toni Novik dans le mandat d'arrêt. Ce sont des faits difficiles à raconter pour les personnes qui les ont analysés.» De fait, les confessions des inculpés sont des récits d'horreur.

Eliminés dans le cadre d'un rituel satanique, Fabio Tollis et Chiara Marino ont été l'objet de multiples outrages. «Pour faire taire Tollis, mortellement blessé, Nicola Sapone lui a mis dans la bouche une écorce de châtaigne puis l'a étranglé», notent les enquêteurs. Les deux jeunes gens ont été auparavant blessés de nombreux coups de couteau. Puis tabassés à l'aide d'un gourdin récupéré dans un chantier. «Mario (Maccione) aura frappé environ quatre-vingts fois», admettra Pietro Guerrieri. Au terme de l'homicide, les assassins s'abandonnent «à la désacralisation des pauvres restes dans une orgie de sang», lit-on dans le rapport de police, «l'outrage final étant le fait d'uriner sur les cadavres». Nicola Sapone aurait ensuite dansé sur la sépulture des deux jeunes gens en s'exclamant: «Zombies, vous n'êtes plus que des zombies.»

Mais pourquoi? «La mort de Chiara Marino avait été prévue de longue date», a confessé Massimino, l'un des anciens membres de la secte. «Elle s'était éloignée du groupe et pouvait devenir dangereuse.» De plus, «Maccione qui, durant les rituels, entrait en transe et affirmait communiquer avec Satan, soutenait qu'elle incarnait la Vierge». Quant à Fabio Tollis, il aurait été supprimé parce qu'il «apparaissait hésitant devant le projet de meurtre» et parce qu'il «rivalisait avec Maccione dans la vision des démons». A son arrivée en cellule, ce dernier a déchiré une image sacrée, posée au mur et représentant un saint: «Je ne crois pas en Dieu et encore moins en la Justice, a-t-il hurlé. Pour moi, il n'existe que Satan.»

Au printemps dernier, Volpe, Sapone, Guerrieri et Maccione (mineur au moment des faits) ont été condamnés à des peines de réclusion allant de 16 à 30 ans de réclusion. Le mystère de Fabio Tollis et Chiara Marino est enfin résolu.

Mais le débat, déjà ancien, sur les dangers présumés du heavy metal et de son imaginaire sanguinaire a rebondi. Volpe et Sapone étaient des piliers du Circus of Satanis. C'est grâce au hard rock qu'ils ont croisé Fabio Tollis. Ce qui fait dire aujourd'hui à son père Michele: «C'est la musique qui a été le commencement de tout. C'est à travers elle que mon fils s'est lié à ceux qui l'ont tué.»



France : Sectes - Actualités diverses (LOI 1905)

Clément souhaite «longue vie» à la loi de 1905

Le Figaro, 6 décembre par Guillaume Perrault

[Texte intégral]

Le Garde des Sceaux, Pascal Clément, a vu hier dans la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat un «instrument de paix sociale» et a jugé inopportun de réformer ce texte fondateur, comme le propose pour sa part le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy.

Le garde des Sceaux, qui s'exprimait lors d'une séance de l'Académie des sciences morales et politiques consacrée au centenaire de la loi de 1905, a estimé que la laïcité était «une composante essentielle du modèle français». A l'appui de sa démonstration, Pascal Clément a rappelé les deux articles principaux de la loi portée par Aristide Briand : d'une part, «la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l'intérêt de l'ordre public» ; mais, d'autre part, «la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte».

Saluant l'équilibre ainsi obtenu, le ministre de la Justice a appelé à «une mobilisation sans faille pour faire respecter la laïcité» et à «refuser le communauta risme». Le garde des Sceaux – qui a rappelé deux fois qu'il s'exprimait au nom du gouvernement – a ensuite lancé : «Le repli sur son identité, qu'elle soit religieuse ou autre, est la négation de nos valeurs communes. La France est une communauté de destin. On ne peut être catholique, musulman ou juif puis Français, a-t-il poursuivi. Oublier ce fondement de la République, c'est ouvrir la porte à des revendications qui conduiraient à séparer les Français.»

Le ministre de la Justice s'est donc efforcé de prouver que l'Etat restait fidèle à la lettre et à l'esprit de la loi de 1905. La loi du 15 mars 2004 sur «l'application de la laïcité dans les services publics», qui prohibe notamment le port «ostentatoire» de tout signe religieux dans les lycées publics, s'inscrit «dans la droite lignée» de la législation de la IIIe République, a argumenté Pascal Clément. La loi nouvelle réaffirme la neutralité de l'espace public, sans interdire l'appartenance discrète à une religion». De même, la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) représente, pour l'hôte de la Place Vendôme, «une étape majeure pour reconnaître au culte musulman la place qui est la sienne (...) sans que l'Etat s'ingère dans les affaires internes au culte».

Un rempart contre les sectes

Le garde des Sceaux a enfin vu dans la loi de 1905 un rempart contre le phénomène des sectes «qui camouflent des intérêts matériels derrière la spiritualité». En effet, a estimé Pascal Clément, «le principe de laïcité impose aux pouvoirs publics de définir la frontière entre une religion et un groupement sectaire. Cette prérogative exceptionnelle doit s'entourer de précautions pour garantir la liberté de conscience, a concédé le ministre de la Justice. Mais les sectes doivent également respecter le droit de la République laïque».

Réconciliant dans sa conclusion la laïcité, «conquête de la République», et les religions, «un choix de vie et une espérance», Pascal Clément a souhaité «longue vie» à la loi de 1905.



France : Sectes - Actualités diverses (LOI 1905)

Lutte contre les sectes - N'attendons pas un nouveau drame pour agir

AFP, 6 décembre - Communiqué de presse des députés membres de la Mission Interministérielle de lutte contre les dérives à caractère sectaire (MIVILUDES)

[Texte intégral]

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Nous prenons acte avec satisfaction des récentes déclarations du garde des Sceaux qui, à l’occasion d’un discours devant l’Académie des sciences morales et politiques dans le cadre de la commémoration du centenaire de la loi de 1905, a rappelé que les sectes se devaient de « respecter le droit de la République laïque ».

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Ces déclarations du Ministre de la Justice, qui reconnaît par ailleurs que les sectes « camouflent des intérêts matériels derrière la spiritualité », viennent légitimer les interventions des parlementaires, de droite comme de gauche, pour la sauvegarde des intérêts moraux et physiques de leurs concitoyens et en faveur d’un état des lieux précis de la mouvance sectaire dans notre pays.

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Ces déclarations du Ministre militent en faveur d’une nouvelle commission d’enquête parlementaire que nous réclamons depuis 2002 et seule capable d’anticiper et de prémunir nos concitoyens de tout nouveau drame. C’est en ce sens que nous entendons agir, d’autant qu’un large consensus existe entre nous pour orienter ce travail en direction de la protection de la santé des mineurs. N’attendons pas un nouveau drame de l’OTS pour agir contre toutes formes de dérives qui sont de nature à mettre en cause les libertés individuelles et collectives ainsi qu'à porter atteinte à l'intégrité psychique et parfois physique des personnes.

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Philippe VUILQUE – Président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale Député de Ardennes (Soc.) Vice-Président du Conseil régional (Champagne-Ardenne)

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Martine DAVID - Députée du Rhône (Soc.) Vice Présidente du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale

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Georges FENECH - Vice-Président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale. Membre du Conseil d’orientation de la Mission Interministérielle de Vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) Député du Rhône (UMP)

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Jean-Pierre BRARD - Vice-Président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale Membre du Conseil d’orientation de la Mission Interministérielle de Vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) Député de la Seine-Saint-Denis (CR)

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Alain GEST Député de la Somme Membre du Conseil d’orientation de la Mission Interministérielle de Vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES)



France : Sectes - Actualités diverses (LOI 1905)

1905: le statu quo ne satisfait complètement aucun culte, selon M. Machelon

AFP, 27 novembre 2005 - Mis en ligne le 6 décembre 2005

[Texte intégral]

Le professeur Jean-Pierre Machelon, président de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics qui vient d'entamer ses travaux, pense que la législation en vigueur peut être aménagée car le statu quo ne satisfait complètement aucun culte.

"Tous les cultes ont des motifs plus ou moins graves d'être insatisfaits du statu quo", a déclaré à l'AFP M. Machelon, professeur de droit public à l'université René Descartes-Paris V et directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études.

"Le culte aujourd'hui n'est pas le culte de 1905: les temps ont changé et il n'est pas absurde de vouloir éviter un décalage entre le droit et la réalité sociale".

"La législation sur les cultes est un ensemble extrêmement complexe, il y a donc de l'espace pour une réflexion juridique constructive, dans le respect de la laïcité", estime-t-il. Mais "l'essentiel de la loi de 1905 doit être respecté, il ne s'agit pas de bouleverser les équilibres auxquels tout le monde tient, simplement d'aménager le cadre juridique pour permettre de régler les problèmes d'aujourd'hui".

La Commission, qui a pour rapporteur Laurence Marion, auditeur au Conseil d'Etat, a eu sa première réunion de travail vendredi en présence de tous ses membres. Le prochain rendez-vous est fixé au 8 décembre, veille du centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

M. Machelon entend faire travailler la Commission "à un rythme soutenu" afin de pouvoir remettre son rapport en juin au ministre de l'Intérieur chargé des cultes, Nicolas Sarkozy. Les auditions débuteront en janvier et "ne seront pas publiques", précise-t-il.

En annonçant la composition de la Commission la semaine dernière, le ministère avait précisé qu'elle entendrait "les représentants des grandes religions de France et toutes les personnes (élus, responsables associatifs, hauts fonctionnaires, universitaires) dont l'audition lui semblera nécessaire".

Les membres de la Commission sont pour la plupart avocats, professeurs de droit ou membres du Conseil d'Etat. Nommés à titre individuel, ils reflètent également les grandes sensibilités religieuses en France.

Des mouvements souvent considérés comme sectaires en France, comme les Témoins de Jéhovah, en sont absents mais "il y a des sujets qui ne peuvent être évités et ils ne seront pas évités", dit M. Machelon, précisant que "le droit français ne peut être abordé en faisant abstraction de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme".

"Nous avons à proposer des solutions juridiques à des problèmes juridiques qu'il nous revient d'identifier avec précision et nous n'avons pas à craindre de proposer des modifications des lois et règlements", insiste M. Machelon, soulignant que la loi de 1905 a déjà été modifiée dix fois depuis sa promulgation.

Selon lui, "la loi de 1905 n'est pas claire sur tous les points et comprend des dispositions contradictoires". Ainsi, l'article 2 dispose que la République ne reconnaît aucun culte mais "cela ne veut pas dire qu'elle ne connaît pas les cultes: elle y est bien obligée pour leur garantir le libre exercice exigé par l'article 1, garantie qui implique des actions positives".

"Ces contradictions n'ont fait que se développer du fait de l'augmentation des subventionnements indirects au XXe siècle", poursuit-il. "Aujourd'hui, les termes de la loi sont interprétés d'une façon qui n'était pas évidente à l'époque de sa promulgation".



France : Sectes - Actualités diverses (LOI 1905)

L'UNADFI s'interroge sur la déclaration de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics

UNADFI, 5 décembre 2005 - Mis en ligne le 6 décembre 2005

[Texte intégral]

Communiqué de presse

L'UNADFI s'interroge sur la déclaration de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics (AFP 27 /11/05), qui semble s'étonner que "des mouvements souvent considérés comme sectaires en France, comme les Témoins de Jéhovah" ne soient pas auditionnés. Cela soulève plusieurs questions.

- Les TJ seraient ils considérés comme un mouvement sectaire particulier ? Le Ministère de l'Intérieur ne peut ignorer les nombreux démêlés judiciaires de ce mouvement. De nombreuses questions parlementaires sont là pour le rappeler.
- Y aurait il d'autres mouvements sectaires susceptibles de l'être comme semble le soutenir M. Jean- Claude Groshens ? Se référant à Jean Carbonnier, il dit qu' au nom des libertés religieuses "il faut traiter les sectes comme les grandes confessions". A elles d'apprécier l'amalgame.
- Quelle légitimité peut-on accorder à une commission, mandatée par le ministre de l'Intérieur, alors que pouvoirs publics et parlementaires - toutes tendances confondues - reconnaissent ces mouvements comme attentatoires aux libertés publiques et individuelles ?

Ce constat a été fait sur la base du droit commun, parce que leurs activités n'étaient pas conformes au droit positif et non respectueuses des libertés de leurs membres. C'est en relation avec la gravité de ces faits que les parlementaires ont légiféré sur le sujet dans un cadre préventif en 2001. En effet, les nombreuses plaintes déposées par les ex-adeptes révèlent des atteintes graves aux droits des individus, y compris ceux des mineurs. Lorsqu'il y a violation manifeste des droits de l'homme et des pratiques qui violent le droit commun (la santé, le travail, urbanisme, fiscalité…), l'Etat ne peut s'en désintéresser : il a pour mission de protéger les individus. Neutre, il ne se préoccupe pas du contenu doctrinal des sectes, des courants philosophiques et des religions. Mais si, dans la pratique, celui-ci se révèle contraire à la loi, il intervient et il sanctionne. C'est l'objet du titre 5 de la loi de 1905 et de l'article 3 de la loi de 1901.

2-. M. Machelon, précise que "le droit français ne peut être abordé en faisant abstraction de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme". Malgré un lobbying très actif des sectes au niveau européen, le débat sur la nature de leurs agissements et de leurs tentatives de se faire reconnaître comme religions, afin de légitimer leurs actes, se poursuit dans les instances européennes.
M. .Machelon, qui devrait être un des défenseurs de la laïcité républicaine, ne peut ignorer ni les décisions ni les rapports au sein des différentes instances. de l'Union européenne qui ne sont pas favorables aux sectes.

- Ainsi, en1997, la Direction générale des Etudes du Parlement européen énonce dans un document sur Les sectes en Europe : " Considérant que, néanmoins, certaines sectes, opérant au sein d'un réseau transfrontalier à l'intérieur de l'Union européenne, s'adonnent à des activités de nature illicite ou criminelle et à des violations des droits de l'homme, telles que, notamment, les mauvais traitements, les agressions sexuelles, les séquestrations, la traite des êtres humains, la promotion de comportements agressifs, voire la divulgation des idéologies racistes, la fraude fiscale, les transferts illégaux de fonds, le trafic d'armes, le trafic des stupéfiants, la violation du droit du travail ou l'exercice illégal de la médecine ;
- invite les Etats membres à s'assurer que leurs dispositions judiciaires, fiscales et pénales sont suffisantes pour empêcher les activités de ces sectes de verser dans l'illégalité ";
- invite les gouvernements des Etats membres à ne pas accorder automatiquement le statut d'organisation religieuse et à envisager la possibilité de priver les sectes qui se livrent à des activités clandestines ou criminelles de ce statut qui leur assurer des avantages fiscaux et une certaine protection juridique ;
- appelle, à cet égard, les Etats membres à intensifier l'échange d'information entre eux afin de réunir des données sur le phénomène sectaire ;
- appelle la Commission et les Etats membres à faire preuve de la plus grande vigilance afin d'éviter que des subsides communautaires soient accordés à des associations sectaires illicites ; (…).
Ce qui est pertinent pour la problématique que nous étudions, ce n'est pas de savoir au nom de quelle croyance telle ou telle activité est menée; ce qui nous intéresse ce sont les activités elles-mêmes des groupements qui justement tombent sous le coup des restrictions prévues par la loi ".

Le 11 juillet 2001 se référant au rapport sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne, la Commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures a fait des propositions de résolutions. Le paragraphe 47 " recommande aux États membres de combattre les activités illégales des prétendues sectes, qui menacent l'intégrité mentale ou physique des individus et, ce faisant, de respecter les principes de l'État de droit et d'appliquer les procédures normales du droit pénal et civil, conformément aux vues exprimées par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe".

Si la question des sectes est présente dans les préoccupations de l'Union européenne il existe cependant une situation paradoxale ou en raison des rapports entre les églises et les Etats, propres à chaque Etat de l'Union, des organisations considérées sectaires dans un pays ne le sont pas dans d'autres et sont même parfois reconnues comme religions, bien qu'il existe aussi dans ces mêmes pays, des associations de victimes dénonçant leurs agissements. Respectueux de l'histoire de chacun, le Comité des ministres a préféré, à l'instar de ce qui se passe pour les religions, laisser chaque Etat membre libre de gérer la question des sectes. Il s'agit bien de la responsabilité que chaque Etat doit prendre face à des mouvements qui invoquent les libertés publiques et la prohibition des discriminations comme fondement de leur refus de se plier aux lois républicaines

Il ne faudrait pas confondre deux problématiques : le contenu des croyances et les conséquences des actions engagées tant auprès des personnes que de leurs biens. Pays de la liberté de conscience et de la laïcité, la France s'est donnée tous les moyens de garantir la liberté de penser de ses citoyens. Il ne s'agit donc pas de " censurer " les contenus. Chacun peut donc adhérer à l'idée de son choix.

Ce qui est en jeu, par contre, c'est l'appréciation qui peut être portée sur les conséquences, en terme pénal, de leurs actes. Le cadre de toutes réflexions et travaux sur les organismes à caractère sectaire se résume à un sel item : se conforment-ils au droit commun ?

Catherine PICARD
Présidente de l'UNADFI



Fidji et Vanatu : Moon

Secte Moon: Le "révérend" indésirable à Fidji et à Vanuatu

Tahiti presse, 6 décembre 2005

[Texte intégral]

Pacifique : (Flash d'Océanie) - Le nord-coréen Sun Myung Moon, qui se préparait à visiter plusieurs pays océaniens cette semaine, a été déclaré indésirable par les autorités fidjiennes. Dans un communiqué de mercredi dernier, le gouvernement fidjien précise que le chef de culte coréen "a été interdit d'entrée dans le pays, en vertu de la loi sur l'immigration".

Le communiqué précise par ailleurs que les demandes qui émanaient de plusieurs organisations religieuses fidjiennes, ainsi que de plusieurs individus (qui s'opposaient à la venue du chef charismatique), avaient également été prises en compte. Le gouvernement justifie notamment sa décision par "les répercussions de certaines des idéologies, croyances et pratiques du Dr Moon, ainsi que la manière dont il conduit sa vie au plan privé". "En bref, les doctrines du Dr Moon sont considérées comme étant trompeuses, répugnantes et contribuant à la division. Elles pourraient donc porter atteinte à la paix, au bon ordre et à la moralité publique des îles Fidji. Sur ces bases le Dr Moon est considéré comme n'étant pas une personne habilitée à entrer dans le pays", ajoute le gouvernement fidjien. Selon la terminologie du ministère fidjien de l'intérieur, ce personnage est un "élément indésirable".

Poursuivi aux États-Unis pour fraude fiscale

Le révérend Moon, personnage controversé, devait s'exprimer mardi lors d'une réunion publique ("conférence de la fédération universelle pour la
paix")
dans un grand hôtel de l'Ouest de l'île principale.
Son avion privé n'a finalement pas atterri à Nadi (non loin de là) et s'est détourné sur Samoa. Le mouvement de culte fondé par le Révérend Moon dans les années 1950, appelé "association du Saint Esprit pour l'unification mondiale de la chrétienté", qui se caractérise notamment par la célébration de mariages de masse, comporte aussi des ramifications politiques, y compris dans une ligue mondiale anticommuniste. Au début des années 1980, le révérend Moon a été poursuivi aux États-Unis pour fraude fiscale et conspiration.

Soutenu par Ronald Reagan et Georges Bush Senior

Malgré le soutien du président Reagan, il a été emprisonné pendant treize mois.
Ses adeptes ont dénoncé une persécution religieuse et ont obtenu le soutien de très nombreux leaders religieux de toutes confessions. Selon le réseau de presse "non-alignée" Voltaire (Voltairenet.org), "à partir de 1995, Georges Bush Senior (ancien directeur de la CIA, ancien président des États-Unis et père de l'actuel, George W. Bush) a honoré de sa présence les principales manifestations de l'Église de l'Unification, notamment lors d'une cérémonie de masse, rassemblant 50 000 moonistes, à Tokyo, ou lors de la cérémonie d'ouverture du Congrès mondial de la Fédération des familles pour la paix. Au cours des dernières années, l'Église de l'Unification a affermi ses positions en Corée et au Japon, et (...) dans plusieurs États en Amérique latine et dans le Pacifique, notamment l'Uruguay, les îles Fidji et les îles Marshall."

Parmi les réactions au plan local à cette interdiction: celle du chef de l'opposition, l'indo-fidjien Mahendra Chaudhry qui qualifie la décision gouvernementale d' "outrageuse". "Il n'est pas un criminel ou un terroriste pour être traité de la sorte. C'est un homme voué à une mission de paix par la promotion de valeurs morales et spirituelles", a-t-il déclaré à la presse locale. Api Qilio, président du conseil des églises fidjiennes, a pour sa part souligné le "peu de clarté" concernant les intentions du révérend et a également demandé que la venue prochaine d'un télévangéliste américain, Benny Hinn, soit également passée à nouveau en revue."Nous nous demandons vraiment s'il vient aussi pour aider le travail que les chrétiens ont déjà fait ici, ou bien s'il vient pour gagner quelque chose et prêcher pour ses propres intérêts", a lâché l'ecclésiastique.

À Vanuatu: protestations des églises chrétiennes

Par ailleurs, selon la presse vanuatuane, le "révérend" Moon a également annulé son passage prévu à Port-Vila, à la suite de protestations de la part des églises chrétiennes locales. Il aurait également rencontré des "délais" dans l'obtention des autorisations d'usage de la part du ministère local de l'intérieur. Cette tournée océanienne devait s'inscrire dans le cadre d'une tournée mondiale, entamée il y a trois mois et comprenant une centaine de dates.



France : Sectes

Les gourous en blouse blanche et en cravate sous surveillance

La Croix, 6 décembre 2005 par Olivier Tallès

[Texte intégral]

Les Renseignements généraux observent l'essor de microstructures à caractère sectaire dans les domaines de la santé et de la formation professionnelle
'est un médecin brésilien qui promet tout. Guérir du cancer, du sida, des pires maux. Rien ne lui serait impossible grâce à sa technique d'imposition des mains. À lire sa publicité sur son site Internet, il n'est plus besoin de suivre une chimiothérapie quand on souffre d'un cancer. N'importe quel malade, brésilien ou étranger, est invité à lui rendre visite et le " miracle " sera au rendez-vous… Il s'agit là d'un exemple parmi d'autres, relevé par les policiers de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG).

Ces spécialistes des dérives sectaires s'inquiètent de l'essor des gourous " guérisseurs " et autres " coachs " du développement personnel. Les uns se font passer pour des psychologues ou des praticiens des médecines alternatives, les autres jouent les formateurs professionnels. Par petits groupes ou individuellement, ils manipulent, escroquent, jouent les charlatans. " En France, les grandes sectes sont moins nombreuses que dans les années 1970, note-t-on à la DCRG. Les raéliens ne disposent plus de siège social, même chose pour Moon. À l'inverse, on assiste à une multiplication des micro-structures constituées d'un gourou entouré d'une poignée d'adeptes. Le lien forcé entre les individus ou l'existence d'une communauté ne sont plus le seul critère pour définir une dérive sectaire. "

Internet est devenu un support de recrutement. À travers les forums de discussions sont échangés des " témoignages " sur des guérisons miraculeuses. Tandis que des pages Web donnent des renseignements pratiques sur le prochain séminaire de " psychothérapie humaniste "le stage de "médecine naturelle" ou un voyage au Pérou pour étudier l'ayahuasca (une plante hallucinogène). "L'avantage du Web est qu'il permet de se passer d'un siège fixe", remarqu-t-on à la DCRG, c'est parfois le seul vecteur de propagande avec le bouche-à-oreille c'est pourquoi nous exerçons une surveillance accrue des contenus. De plus, ces sectes peuvent agir sans risque depuis l'étranger. "

Pour se parer d'une aura médicale ou savante, les guérisseurs inventent des terminologies nouvelles, qui se terminent souvent par " logie " ou " pie " : psychogénéalogie, biologie totale, psycho-bio-généalogie, chromatothérapie. Ils empilent les titres et les diplômes. Ainsi Jean-Claude P. se définit comme "psychothérapeute, naturothérapeute, conférencier, diplômé de la faculté de médecine de Paris, " ayant "étudié et approfondi la plupart des thérapies energétiques". Même s'il détient le diplôme, il ne mettra pas en avant son titre de docteur en médecine, préférant éviter les poursuites pour exercice illégal de la médecine.

Ces microstructures s'avèrent plus difficiles à surveiller que les grands mouvements disposant d'une adresse ou d'un siège social. " Elles touchent toutes les populations ", constate le président de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Jean-Michel Roulet. Des écoles maternelles aux services de gérontologie dans les hôpitaux, des campagnes aux grandes villes, aucun âge, aucune région ne sont épargnés par leur activisme. " Notre vigilance doit s'exercer au niveau local, poursuit-il, mais nous ne sommes pas aussi efficaces que nous devrions l'être. "

Les motifs de ces gourous en blouse blanche ou en cravate sont multiples. " Certains ne veulent surtout pas mettre en place des réseaux. Ils recherchent la discrétion pour faire le maximum d'argent ", note un policier des Renseignements généraux. Guy Rouquet, président de l'association Psychothérapie Vigilance, précise que tous ces charlatans sont aussi et surtout des doctrinaires de la pensée magique. A l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI) on remarque les thérapeutes se réclament tous, peu ou prou, des mêmes courants doctrinaires . "Ils n'hésitent pas à s'échanger leurs patients pour mieux leur vider les poches", observe la présidente de l'UNADFI, Catherine Picard.

Le cas du docteur Hamer est, à cet égard, exemplaire. Créateur de la " médecine nouvelle ", ce thérapeute allemand prétend que toute maladie a une origine psychologique. Ainsi, untel est atteint du sida à cause d'un traumatisme subi dans son enfance. Un autre est victime d'une sclérose en plaques parce que sa mère a été violentée par son père… D'après ce concept sans fondement scientifique, toute guérison passe donc par la " prise de conscience " et l'élimination de " son stress ". Incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis pour exercice illégal de la médecine, le docteur Hamer compterait en France une centaine d'émules.

L'éclosion des microstructures n'a pas fait disparaître les grands mouvements à tendance sectaire du type scientologie. Tout juste ces derniers sont-ils relégués à l'arrière-plan médiatique. " Ils demeurent très présents dans les secteurs du soutien scolaire ou de la formation professionnelle ",
note encore le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet.

Ces multinationales sectaires observent avec intérêt l'éclosion " des petits mouvements, poursuit-i,. Ils soutiennent d'ailleurs le combat des gourous guérisseurs, au nom de la défense des libertés individuelles. Cela contribue à banaliser le phénomène sectaire. In fine, les grandes structures espèrent bien récupérer la clientèle des petites.
Offensive judiciaire contre l'association anti-secte Unadfi
C Le tribunal de grande instance de Paris, qui devait rendre hier sa décision sur une demande de dissolution de l'association Unadfi, spécialisée dans l'information sur les sectes, se prononcera finalement le 13 décembre. L'Unadfi est poursuivie en justice par un collectif d'avocats lié au mouvement " Cap pour la liberté de conscience ", qui accuse l'association d'être " une police de la pensée ". Ce collectif demande également des dommages-intérêts pour une dizaine de personnes, adhérents ou proches de mouvements comme l'église de scientologie, qui auraient eu à subir des préjudices à la suite de dénonciations de l'Unadfi.



France : Sectes

Assemblée Nationale - Questions/réponses - Jean-Pierre Brard - Scientologie

Journal Officiel , 6 décembre 2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 46340  de M. Brard Jean-Pierre ( Député-e-s Communistes et Républicains - Seine-Saint-Denis ) QE 
Ministère interrogé :  économie 
Ministère attributaire :  intérieur et aménagement du territoire 
 Question publiée au JO le : 07/09/2004 page : 6941 
 Réponse publiée au JO le : 06/12/2005 page : 11330 
 Date de signalisat° : 29/11/2005 Date de changement d'attribution : 29/11/2005 
Rubrique :  État 
Tête d'analyse :  gouvernement
 
Analyse :  ministre. réception de Tom Cruise. opportunité 

Texte de la QUESTION :  M. Jean-Pierre Brard attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur l'entretien, annoncé publiquement, qu'il a accordé le 30 août dernier, dans les locaux du ministère, à M. Tom Cruise, connu pour son appartenance à l'Église de scientologie, répertoriée comme secte dans les rapports parlementaires de décembre 1995 et de juin 1999. Il souhaite en conséquence connaître l'objet et les résultats de cet entretien. - Question transmise à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. 

Texte de la REPONSE :  L'honorable parlementaire interroge le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur l'entretien qu'il a accordé à l'acteur américain Tom Cruise, le 30 août 2004. L'entretien, organisé à la demande même de Tom Cruise, a été de caractère purement privé. Aucun sujet politique n'a été évoqué. C'était une rencontre amicale. 
CR 12 REP_PUB Ile-de-France O



France : Sectes

Cinq députés demandent une nouvelle commission d'enquête sur les sectes

AFP, 7 décembre 2005

[Texte intégral]

Cinq députés UMP, PS et PCF, membres du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur les sectes, ont plaidé mercredi pour la création d'une nouvelle commission d'enquête sur cette question.

Philippe Vuilque (PS), Martine David (PS), Georges Fenech (UMP), Jean-Pierre Brard (app. PCF) et Alain Gest (UMP) estiment dans un communiqué que seule une commission d'enquête est "capable d'anticiper et de prémunir nos concitoyens de tout nouveau drame".

"N'attendons pas un nouveau drame de l'OTS (Ordre du temple solaire, ndlr) pour agir contre toutes formes de dérives qui sont de nature à mettre en cause les libertés individuelles et collectives ainsi qu'à porter atteinte à l'intégrité psychique et parfois physique des personnes", ajoutent-ils.

74 membres de la secte de l'Ordre du temple solaire ont été retrouvés morts de 1994 à 1997, en Suisse, au Canada et en France, lors de meurtres et suicides collectifs.

Une commission d'enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers, avait été constituée sous la précédente législature et avait rendu un rapport en juin 1999. Jean-Pierre Brard en était le rapporteur.

Les cinq députés, à l'exception de Georges Fenech, ont participé soit à cette commission d'enquête, soit à la précédente, présidée par Alain Gest et qui avait rendu son rapport le 22 décembre 1995.



Suisse : O.T.S

OTS secte maudite

TV8, 5 décembre par Chloë Sullivan

[Texte intégral]

Un docu-fiction au cœur de l’Ordre du Temple solaire réalisé à partir d’enquêtes et de témoignages. Une entreprise pleine de bonnes intentions qui n’apporte rien de nouveau.

Dix ans déjà. Ce 23 décembre 1995, Edith et Patrick Vuarnet – l’épouse et le fils cadet de l’ex-champion olympique de ski Jean Vuarnet – sont retrouvés morts dans le Vercors avec quatorze autres adeptes de l’OTS. Aujourd’hui, la question reste posée: septante-quatre personnes en Suisse, au Canada et en France ont trouvé la mort au nom de l’OTS. Suicide collectif ou assassinat? Alain Vuarnet, le fils aîné, témoigne. "L’enquête a été ratée dès le départ." Pour lui, la thèse officielle, concluant au suicide collectif, n’est pas satisfaisante. "On a aidé tous ces gens à mourir et les assassins courent toujours."

Le joug des gourous

Le documentaire-fiction réalisé par Arnaud Sélignac ne répond pas à la question mais propose de démontrer comment les adeptes s’enrôlaient. Des gens "normaux", tout simplement en recherche d’une certaine croyance ou d’une certaine solidarité communautaire, pouvaient tomber sous le joug des gourous: un vieil escroc du sud de la France, Joseph Di Mambro, et un médecin homéopathe belge, Luc Jouret. Comment s’organisait la vie au quotidien dans la secte. Comment vivaient les adeptes portés par le "culte de l’être supérieur", totalement tétanisés par la peur du chaos annoncé et dans l’attente du fameux "transit", le voyage libérateur vers la planète Sirius.

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Les auteurs s’appuient sur l’enquête du journaliste Bernard Nicolas * ainsi que sur les témoignages d’anciens membres, Tanguy Duchatel et Denise Lagrange, qui, après dix ans passés au sein de l’OTS, ont réussi à s’en sortir. On peut donc croire que les mises en scène des cérémonies aux rituels ésotériques, interprétées par les comédiens revêtus de cape et portant des épées, réagissant à des apparitions de maîtres soi-disant invisibles, sont fidèles à ce qui se déroulait dans la réalité. On peut ne pas s’étonner de leur aspect grand-guignolesque, car le docu-fiction insiste pas mal sur cet aspect. On peut également apprécier le jeu des acteurs, notamment d’Alain Floret dans le personnage de Jo Di Mambro, et de Mathieu Delarive dans celui du séduisant Luc Jouret.

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Mais rien de ce qui est montré ou expliqué n’apparaît comme un élément nouveau. Si on a suivi le développement de cette tragique affaire, on sait tout cela. D’autant que sur les techniques de manipulation, les humiliations et la vie au quotidien dans l’OTS, une fiction a été réalisée par Didier Albert pour TF1 en 1996 sur un scénario inspiré de documents déjà réunis par Bernard Nicolas. Une femme dans l’Ordre réunissait Jean-Marc Thibault en gourou à la tête de l’OCTO (Ordre de la Croix templière d’Occident), dans lequel on reconnaissait Jo Di Mambro et Claude Dauphin dans un personnage ressemblant comme deux gouttes d’eau à Luc Jouret.

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* Ancien rédacteur en chef adjoint à TF1, coauteur avec les grands reporters Arnaud Bédat (L’illustré) et Gilles Bouleau (TF1) de deux livres sur le sujet "Les chevaliers de la mort" et "Les secrets d’une manipulation".

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France 2 aussi…Le cinéaste Yves Boisset s’intéresse aussi à la question de l’OTS. Il peaufine un documentaire d’investigation pour France 2.

Raconter l’histoire de l’OTS depuis les premières activités de Jo Di Mambro, sa rencontre avec Luc Jouret, la manière dont ils ont mis en place l’organisation jusqu’au premier drame de Cheiry (FR) et à Salvan (VS) et la dernière instruction en date de 2003. Voilà comment la chaîne présente ce documentaire qui "s’annonce comme une démarche à la fois différente et complémentaire de celle de France 3".

.Yves Boisset suit une structure chronologique, revient sur l’historique, les biographies et les profils psychologiques des leaders, sollicite le témoignage du chef d’orchestre de La Sage (VS), Michel Tabachnik, qui, depuis plus de onze ans, n’aura connu aucun répit sur les plans judiciaire et médiatique. Il interroge des experts dans tous les domaines, des juges suisses et français. "Ce documentaire, qui devrait s’intituler Les mystères sanglants de l’OTS, n’a pas la prétention d’apporter des réponses définitives, mais un éclairage sur certaines zones d’ombre".ChS/E.L.

Septante-quatre victimes Le 5 octobre 1994, les radios et TV du monde entier annonçaient le suicide collectif de quarante-huit adeptes de l’OTS à Cheiry (FR) et à Salvan (VS). Quelques heures plus tard, on apprenait qu’à 6000 kilomètres de là, cinq corps avaient également été découverts dans un chalet incendié de Morin Heights, au Canada. Le 23 décembre 1995, seize autres adeptes étaient retrouvés, également carbonisés, dans une clairière du Vercors, sur les hauteurs de Saint-Pierre-de-Chérennes. Enfin, en mars 1997, c’est au Québec que la secte frappait une dernière fois. A Saint-Casimir, cinq adeptes s’envolaient à leur tour vers l'étoile Sirius, laissant miraculeusement en vie trois jeunes adolescents. E.L.

.France 3 L’Ordre du Temple solaire D'Arnaud Sélignac, sur un scénario d’Hugues Pagan. Lundi 12 décembre à 20 h 55.

Que sont-ils devenus? Virginie, la fille de Jo Di Mambro, vit en toute discrétion à Montréal. Elle voue une haine tenace à son père, "ce salaud qui a tué mon frère".Le miraculé. Luc Jouret avait un fils, Vincent, qu’il a eu avec une Genevoise, heritière d’une grande banque, elle aussi adepte de l’OTS. Agé d’une vingtaine d’années, il a changé de nom, il habite au sud de Montréal. Il est aujourd’hui violoniste. Sa mère réside également au Canada.



Canada : Raël

Un ex-raélien coupable d'agression sexuelle sur une fillette

Canoë, 8 décembre 2005

[Texte intégral]

Un ex-employé de garderie qui a été reconnu coupable de contacts sexuels sur une fillette de 11 ans évite la prison.
Rodolphe Samson a été éducateur au service de garde d'une école primaire de Val-Bélair, près de Québec.

Il écope d'une probation d'un an où il devra effectuer 150 heures de travaux communautaires et remettre un don de 300 dollars au Centre d'aide aux victimes d'actes criminels de Québec.

Son nom sera également inscrit au registre national des délinquants sexuels pendant 20 ans.

Rodolphe Samson a déjà été porte-parole du mouvement raélien.



Canada : Méditation transcendantale

Le candidat du PC est l'ancien chef du Parti de la loi naturelle

Canoë, 8 décembre 2005 par Martin Bisaillon - Le Journal de Montréal

[Texte intégral]

Le candidat du Parti conservateur dans Notre-Dame-de-Grâce - Lachine n'est nul autre que l'ancien chef du Parti de la loi naturelle du Québec, qui prônait la lévitation pour régler les problèmes de la société. Le Parti conservateur espère-t-il, grâce à lui, décoller dans les sondages ? Le candidat conservateur de NDG-Lachine, Allen Mackenzie, s'est même déjà appelé Allen Faguy dans sa vie politique antérieure. C'était à l'époque où il régnait à la tête du Parti de la loi naturelle du Québec, dont le slogan était le très commode «Un Québec souverain dans un Canada uni».

«Les organisateurs du PC sont au courant de mes états de service. Je trouve que les deux partis poursuivent le même objectif, c'est-à-dire un gouvernement efficace. Il n'y a donc pas de contradiction», a dit M. Mackenzie- Faguy, hier. Étonnamment, le changement de nom du politicien coïncide avec son changement d'allégeance politique. Voulait-il par là cacher son passé ? «J'ai changé de nom en 2003 pour des raisons personnelles, pour rendre hommage à ma mère», dit-il pour se justifier.

Lévitation extrême
«Diplômé en philosophie, monsieur Mackenzie est également diplômé en affaires de l'Université de l'Iowa. [...] C'est un administrateur chevronné ainsi qu'un gestionnaire d'expérience», peut-on lire à son sujet sur le site Web du Parti conservateur. Le parti reste cependant muet sur les années de son candidat à la tête du Parti de la loi naturelle, de 1991 à 2001. Il oublie aussi de mentionner que l'université qu'il a fréquentée en Iowa est la Maharishi International University, associée au gourou millionnaire et lubrique du même nom qui avait persuadé les Beatles de le suivre quelque temps en Inde dans les années soixante.

À l'époque de son militantisme, M. Mackenzie, alias Faguy, prônait dans son programme l'embauche de pas moins de 7 000 experts en vol yogique afin de «répandre l'harmonie dans nos consciences collectives» et de créer un Québec protégé «contre les forces destructrices venues de l'intérieur et de l'extérieur de nos frontières». Le parti voulait également réunir les personnes les plus brillantes de la société, sans pour autant identifier lesquelles.

Le PC au courant
«C'est une vieille histoire. Nous acceptons ceux qui partagent nos valeurs mêmes s'ils sont originaires d'autres partis», a répondu Paul Terrien, responsable des communications du PC pour le Québec. C'est la deuxième fois que l'adepte de la lévitation se présente pour les conservateurs. En mai 2004, il avait été candidat dans la circonscription de Repentigny.



Canada : Mormons fondamentalistes

Lutte contre la polygamie

Radio Canada, 9 décembre 2005

[Texte intégral]

La Colombie-Britannique pourrait s'inspirer de l'Utah

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Le procureur général de la Colombie-Britannique, Wally Oppal, a l'intention de s'inspirer des démarches entreprises en Utah, aux États-Unis, pour s'attaquer au problème de la polygamie dans la communauté de Bountiful, installée dans la région des Kootenays.

L'ancien juge a rencontré, à Vancouver, son homologue de l'Utah. Dans cet État américain, des poursuites civiles ont permis d'arrêter des leaders de la communauté mormone où la polygamie est pratiquée.

Au Canada, la polygamie est illégale. Toutefois, dans le petit village de Bountiful, dans les Kootenays, dans le sud-est de la province, elle est pratiquée depuis une soixantaine d'années par les membres de la communauté fondamentaliste des mormons.

Les membres de cette secte se défendent de commettre un crime en expliquant que la polygamie est une pratique religieuse et qu'elle est ainsi protégée par la Charte des droits et libertés de la personne.

Le procureur général de la Colombie-Britannique veut cibler les cas de jeunes filles mineures mariées à des hommes plus âgés et polygames.

En Utah, les autorités américaines ont réussi à gagner la confiance de jeunes femmes en garantissant leur sécurité et en leur offrant des services d'appui, ce qui a permis d'obtenir les témoignages qui ont mené à des arrestations.

Gagner la confiance des jeunes femmes pour qu'elles portent plainte est un travail de longue haleine. Les victimes ont encore plus de mal à parler quand elles proviennent de communautés fermées.



France : Sectes

Les sectes en embuscade

France Soir, 9 décembre 2005 par Philippe Bouvier

[Texte intégral]

Elles ont profité du laxisme des autorités
Une politique plus volontariste est mise en place après deux années de tolérance

Tandis que la Cour européenne des Droits de l'Homme vient de rendre un avis favorable aux Témoins de Jéhovah, les sectes suivent attentivement l'actuel débat sur la réforme de la loi de 1905, prêtes à s'engouffrer dans d'éventuelles ouvertures du droit français.
Toutes revendiquent une dimension religieuse et insistent pour être reconnues comme culte. Elles en retireraient en effet des avantages fiscaux sur les dons et les legs, mais surtout, une redoutable respectabilité.

" Or les sectes n'ont rien de religieux, rappelle Jean-Pierre Jougla, le vice-président de l'Union nationale des associations pour la défense de la famille et de l'individu (UNADFI). Ce sont au mieux des groupes de pression, et essentiellement un mode d'exercice du pouvoir dans un groupe clos : la domination d'un individu sur un groupe. Si elles se placent sur le plan religieux c'est uniquement à des fins commerciales. "

Le juriste de l'Unadfi cite alors Ron Hubbard : " Si vous voulez l'argent, allez chercher le pouvoir là où il est, à la tête des entreprises et dans la politique. Il ne faut pas perdre de vue que des flux financiers énormes remontent aux Etats Unis vers les maisons mère. Mais à leur niveau les malheureux adeptes ne voient pas qu'ils ne sont que les morceaux d'une pompe à finances. "

La route de l'argent passant par le pouvoir, les groupes sectaires s'emploient depuis des années à saper les fondements du pacte social français, espérant - pourquoi pas - substituer au suffrage universel le lobbying anglo-saxon. " Pendant des siècles, l'Eglise avait investi la sphère politique, souligne Jean-Pierre Jougla. Il a fallu lui reprendre l'Etat civil, le droit de lever des impôts, des armées… Ces groupes spirituels - ou religieux - essaient de récupérer cette sphère là. Ce qu'ils veulent, c'est revenir à un exercice du pouvoir de droit divin : la géniocratie ou " gouvernement des génies " chez Raël, la théocratie pour Moon ou les Témoins de Jéhovah, et pour les Scientologues, le " gouvernement des Clairs ". "
Certains ambitieux ne sont pas totalement indifférents à cette dynamique de conquête : " En recevant Tom Cruise, souligne Jean-Pierre Jougla, Sarkozy essaie de trouver un fondement religieux à sa légitimité alors qu'il devrait rester dans le politique. " Et bien entendu, c'est le même qui voudrait passer la loi de 1905 au Karcher…

Pour intimider les gouvernements qui résistent à la pression des sectes, une commission de l'ONU vient régulièrement s'assurer que l'Europe respecte bien " le libre marché des croyances religieuses ". Le Sénat américain se charge ensuite d'infliger aux états qui, comme la France, briment les " minorités de conviction " des mesures de rétorsion commerciales.

Après avoir baissé la garde pendant deux ans, le gouvernement français est récemment revenu à l'ancienne approche. " Le principe de laïcité impose aux pouvoirs publics de définir la frontière entre une religion et un groupement sectaire ", rappelait récemment le Garde des Sceaux Pascal Clément.

Cette tâche est essentiellement dévolue à la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les sectes. Or, depuis deux ans, il ne fallait plus trop compter sur elle pour tracer cette frontière. Infiltrée ? la mission interministérielle rattachée aux services du Premier ministre en était arrivée, l'an dernier, à délivrer des certificats de bonne conduite à des thérapeutes déviants au regard de ses propres critères, et à adouber des groupes pourtant épinglés par les associations et les commissions parlementaires sur les sectes… Le député des Ardennes, Philippe Vuilques, avait même interpellé le gouvernement à ce sujet.

En octobre dernier, l'arrivée à la tête de la Miviludes de Jean-Michel Roulet, ancien secrétaire général de la commission consultative du secret de la Défense nationale a marqué la fin des errements, traduisant une inflexion significative de la politique gouvernementale face aux mouvements sectaires.
" C'est un retour à une vision qui n'aurait jamais dû être abandonnée, souligne l'Unadfi, et qu'il faut resituer dans un sursaut de conscience générale au plan européen. "



France : Sectes

Les trente ans de l’ADFI

Lille métropole, 9 décembre 2005

[Texte intégral]

Dans le cadre de son trentième anniversaire, la section régionale de l’Association pour la défense des familles et de l’individu (ADFI) a tenu, à l’Hôtel de communauté le vendredi 9 décembre, un colloque sur le thème : " Sectes et politique ". A cette occasion, elle a présenté cinq recommandations de nature à renforcer la lutte contre le phénomène sectaire.

Directement ou à travers des associations proches difficilement identifiables, les sectes continuent d’exercer leur influence, indifférentes à l’aliénation des personnes faibles qu’elles embrigadent. Depuis trente ans, l’Association pour la défense des familles et de l’individu sensibilise et aide les familles confrontées à une secte. Un travail difficile et permanent mais toujours aussi nécessaire, comme le relèvent nombre de bénévoles. En 2004, notent-ils, environ 700 familles ont contacté la section régionale de l’ADFI, soit 40% de plus qu’en 2003.

C’est dans ce contexte qu’elle a organisé plusieurs colloques pour marquer ses trente ans d’existence. Elle a invité le public à réfléchir à plusieurs thèmes : " sectes et droit " ; " sectes et santé " ; " sectes et politique ". Ce dernier sujet a fait l’objet de la table ronde tenue à l’Hôtel de Communauté le vendredi 9 décembre en présence de Charline Delporte, présidente, de Philippe Vuilque, député des Ardennes président du groupe parlementaire sur les sectes, du professeur Philippe Parquet, membre de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, de Maître Denis Lequai, avocat au Barreau de Lille, et Jacques Trouslard.

Des réponses fortes

Président de Lille Métropole Communauté urbaine, Pierre Mauroy a remercié Charline Delporte, présidente, de l’action menée depuis trente ans par l’ADFI et salué les intervenants.  Pierre Mauroy a rappelé qu’il avait été à l’origine du premier rapport sur les sectes. Premier ministre, il avait en effet demandé à Alain Vivien une étude détaillée du phénomène. Celui-ci avait mis en évidence " les dérives d’un certain nombre de pratiques et proposait déjà une série de préconisations ". Par la suite, trois mesures importantes ont été prises : la création d’un observatoire des sectes en 1997 ; mise en place de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes en 1998 ; adoption de la loi About-Picard qui a donné lieu à une définition des sectes.

Il n’en reste pas moins que la complexité et l’aspect multiforme du phénomène sectaire le rendent " difficile à appréhender " et que la vigilance continue de s’imposer. Sans vouloir analyser les causes du développement de cette " face obscure de l’humanité ", Pierre Mauroy a constaté que " face à la montée inexorable de l’individualisme, notre époque est en perte de sens, de signification, de direction " : " J’ai la conviction que les organismes sectaires, à l’instar des intégrismes divers ou même de certains replis identitaires, se nourrissent de cette absence ". Il a souhaité " des réponses fortes " des pouvoirs publics, des associations mais aussi des citoyens.

Au cours de la table ronde, plusieurs sujets ont été évoqués, qu’il s’agisse de l’évolution du droit, de la lutte au niveau européen ou encore des initiatives du groupe parlementaire. Pour sa part, Charline Delporte a présenté cinq propositions d’action pour lutter contre la banalisation des mouvements sectaires : application de la loi ; reconnaissance de la dépendance sectaire ; formation d’équipes régionales capables d’agir ; création d’un pôle d’intervention ; formation des professionnels.



France : Raël

Diffamation: Raël à nouveau débouté en appel contre une ancienne adepte

AFP, 12 décembre 2005

[Texte intégral]

BORDEAUX, - La cour d'appel de Bordeaux a débouté lundi Claude Vorilhon, alias Raël, qui poursuivait en diffamation une ancienne adepte et l'a en outre condamné à verser 2.000 euros pour les frais de justice de cette dernière.

En revanche, la cour n'a pas alloué de dommages-intérêts à Dominique Saint-Hilaire, qui a passé 13 ans dans le mouvement raëlien, comme l'avait fait la première chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux.

Dans son jugement du 16 mars, le tribunal avait estimé que l'action en justice du gourou contrevenait à la "liberté d'expression" et l'avait condamné à verser 3.000 euros de dommages-intérêts à l'ancienne adepte.

Mme Saint-Hilaire, une enseignante de 53 ans, avait témoigné dans un reportage télévisé diffusé en octobre 2002 au Canada, où vit Claude Vorilhon, puis rediffusé deux mois plus tard sur un forum de discussions sur Internet. Ce sont ces propos diffusés sur ce forum qui avait motivé les poursuites du gourou. Elle y déclarait à propos du mouvement raëlien que "c'était certainement une escroquerie", évoquait "des problèmes de fisc en France" et estimait que "Raël manipule les gens".

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Voir l'arrêt de la cour d'appel



Belgique : Sectes

Des mesures plus étendues que prévu

La Libre, 12 décembre 2005 par Roland Planchar

[Texte intégral]

Le groupe de travail parlementaire sur les sectes a réveillé les consciences. Il a entendu la ministre de la Justice, qui est venue avec des idées neuves.

Malgré leurs apparences relativement peu spectaculaires en Belgique, les sectes semblent progresser sans cesse. Ainsi, à l'heure où débute à Bruxelles un important procès (lire ci-dessous), on apprend à la faveur d'une communication à la Chambre de la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), que le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) a, entre le début 2005 et ce mois de décembre, ouvert rien moins que 57 dossiers supplémentaires sur des groupements qui inquiètent le public (590, au total). Tous ne sont pas dangereux, certes, mais c'est en soi révélateur. «En revanche, peu de plaintes sont déposées. Il y a un hiatus et il faut faire sortir les dossiers de l'ombre», explique-t-on chez la ministre.

Elle s'exprimait devant le groupe de travail parlementaire né, à la mi-2004, du constat posé par le député socialiste André Frédéric que les recommandations de la commission d'enquête ayant eu le sujet pour thème en 1997 ne sont guère suivies. Notable exception: la création bienvenue d'une cellule administrative de coordination et du CIAOSN, qui remplit parfaitement sa mission. Mais à part ça... Avec sept autres élus de tous les partis, M. Frédéric achève ces temps-ci, avant d'aborder le temps des conclusions, l'audition des intervenants du dossier, qui vont de la Sûreté de l'Etat, essentielle en la matière, au collège des procureurs généraux en passant, la semaine dernière, par Mme Onkelinx.

Quelques nouveautés sont apparues à cette occasion. Elles pourraient être peu ou prou intégrées à un projet de loi spécifique dont on attend la venue depuis septembre mais qui n'interviendrait finalement qu'au début 2006.

On sait que ce projet comprend l'instauration d'une incrimination pour «abus de faiblesse» (LLB 28/6/2005). Mais il est désormais envisagé, dit la ministre, de corriger la loi du 2 juin 1998 afin de donner une personnalité juridique au CIAOSN, afin qu'il puisse intenter des actions en justice, à la façon de ce que le Centre pour l'égalité des chances fait régulièrement, dans sa propre matière.

Un bien, un mal? Au moins va-t-on pouvoir débattre de la question. D'un côté, la modération dont le CIAOSN a fait preuve jusqu'ici est largement appréciée et en fait la référence en la matière. Cette modération serait par nature moins grande en cas de changement. A l'inverse, si le Centre pouvait lui-même conduire ses dossiers en justice et s'il intervenait davantage dans l'élaboration de la politique criminelle, la lutte contre les mouvements nuisibles gagnerait en visibilité.

Surveiller legs et dons?

Deux autres nouveautés, encore. L'idée, encore à discuter, d'un enregistrement informatisé et systématique des dossiers visant des organisations sectaires. Et celle de la suppression du caractère tacite de l'acceptation des legs et dons aux ASBL et autres fondations, pour celles qui seraient reconnues nuisibles. Pour surprenant que cela paraisse a priori, cela semble possible dans le cadre d'une adaptation de la notion juridique de «mainmorte», au moins pour les sommes supérieures à 100000 €.

Enfin, les «psychothérapeutes» seraient aussi visés. Ils se multiplient, indiquait lui-même le CIAOSN dans son dernier rapport, sans que tous soient sérieux. Il y a des charlatans aux conseils dangereux qui usent des mêmes méthodes et jouissent du même crédit, auprès de leurs victimes, que les gourous auprès de leurs adeptes. La Santé publique pourrait être mise à contribution pour pallier les carences légales.

On pourrait reprendre, pour conclure, le slogan ancien de la Communauté française: «Gourou, gare à toi!»



France : Sectes

Quand les Savoie glissent dans les dérives sectaires

L'Essentiel des Pays de Savoie, décembre 2005 par Aude Ristat

[Texte intégral]

Scientologie, Sokka Gakkaï, Témoins de Jéhovah sont autant de sectes présentes en Pays de Savoie. A leurs côtés se développe une large panolie de dérives sectaires largement influencées par la mouvance New Age. Des mouvements en plein essor pouvant être particulièrement dangereux. Les départements savoyards ne sont pas épargnés.

Un rapport ministériel de 1995 en avait dressé une première liste. Les sectes, c'est à dire, selon la commission d'enquête parlementaire française d'enquête sur les sectes, "des groupes visant par des manoeuvres de déstabilisation psychologique à obtenir de leurs adeptes une allégeance inconditionnelle, une diminution de l'esprit critique, une rupture avec les référence communément admises (éthiques, scientifiques, civiques, éducatives) et entraînant des dangers pour les libertés individuelles, la santé, l'éducation, les institutions démocratiques" étaient ainsi répertoriées au niveau national.

Si certaines d'entre elles ont aujourd'hui disparu, d'autres continuent d'être présentes en France comme en Pays de Savoie. En parallèle, se développent ce que l'on nomme les dérives sectaires, des groupements aux pratiques souvent "douteuses" et toute aussi inquiétantes quant à leur dangerosité. "On parle de dérives sectaires quand plusieurs critères sont réunis comme l'éloignement des thérapies classiques, l'argent, l'éloignement de la famille ou encore l'organisation totalitaire" explique-t-on à l'Association de Défense des Familles et des Individus (ADFI) 2 Savoie - Isère. Le phénomène inquiète comme le prouve la création en 1998 de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes, remplacée en 2002 par la Mission Interministérielle de Lutte contre les Dérives Sectaires (Miviludes). Son rôle : "analyser le phénomène des mouvements à caractère sectaire dont les agissements sont attentatoires aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales ou constituent une menace à l'ordre public, ou sont contraires aux lois et règlements". La loi About Picard actualisait également en 2001 le délit d'abus frauduleux de faiblesse.

Il faut savoir que depuis une circulaire de mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires, plus aucune liste de secte n'est réalisée par les commissions déléguées par le gouvernement. Jean-Pierre Raffarin alors Premier ministre a en effet demandé à ce que l'on n'appuie plus sur la précédente liste, celle-ci n'étant pas suffisamment exhaustive sans pour autant être caduque.

En France, la conception de la notion de laïcité implique l'absence de définition juridique des sectes. "On ne peut pas juger les gens sur leurs croyances. On ne se base que sur les effets secondaires de celles-ci. Si on prend l'exemple des témoins de Jéhovah, on ne les attaque pas parce qu'ils croient en Jéhovah, mais en s'appuyant sur des centaines de témoignages et de jurisprudences" souligne-t-on à l'ADFI 2 Savoie - Isère. Les témoins de Jéhovah sont effectivement répertoriés comme une secte en France et sont au nombre de 2 200 sur la Savoie, un nombre quasiment similaire pour la Haute-Savoie. Ils se réunissent dans des salles spécifiques nommées des Salles du Royaume. Leurs enseignements diffèrent des autres religions dans la mesure où selon eux, Jéhovah est le Dieu Tout-Puissant et que Jésus est son fils, et non l'élément d'une Trinité. Les Témoins de Jéhovah s'appuient sur la Bible et ont édité leur propre Bible, Les Saintes Ecritures, traduction d'un monde nouveau. Ils aspirent à un monde nouveau meilleur, monde de paix et de justice. L'une de leur caractéristique est leur refus de la transfusion sanguine pouvant soulevant différentes questions quant aux soins médicaux. "Pour des raisons bibliques, les Témoins de Jéhovah refusent les transfusions de sang. Nous nous appuyons sur le livre de la Genèse Chapitre 9 verset 4, le livre du lévitique Chapitre 7 verset 26 et 27, le Chapitre 17, verset 8, 10, 14, etc. " explique Roland Bosello, ministre du culte des Témoins de Jéhovah dans le département de la Savoie. Il ajoute : "Le sang est notre identité, notre âme, il véhicule l'oxygène dans notre corps. Il n'est pas obligatoire de transfuser, il est possible d'attendre que le corps refabrique suffisamment de sang". Les Témoins de Jéhovah disposant du libre-arbitre peuvent recourir à la transfusion, un choix conduisant à leur excommunication. "Si leur repentir est sincère, souligne Roland Bosello, ils peuvent toutefois réintégrer la communauté. Dans certains cas, il faut considérer qu'ils peuvent avoir cédé face à la pression du corps médical". Une explication qui suscite une vive réaction de l'ADFI 2 Savoie - Isère. "Des gens peuvent mourir en deux heures dans le cas d'une leucémie. Ce qui est grave, c'est la culpabilisation des personnes dans la mesure où ils doivent se repentir d'avoir eu recours à une transfusion pour se soigner."

Les dons financent l'oeuvre des Témoins de Jéhovah qui sont connus pour leur évangélisation s'effectuant par l'intermédiaire du porte à porte. L'étude de la Bible est une activité importante des membres. "J'ai quitté les Témoins de Jéhovah parce que je n'acceptais plus le fait de toujours attendre, de ne pas vivre ma vie mais de penser au fait qu'un jour l'intervention divine allait arriver. On ne pense plus alors à développer ses études, sa vie, les priorités sont toujours religieuses. Les heures passées à étudier la Bible, les réunions étaient trop pesantes" explique un ancien membre. Les Témoins de Jéhovah ont aujourd'hui 1 000 lieux de culte en France dont 7 en Savoie.

Autres sectes répertoriées également présentes en Pays de Savoie : les scientologues, la soka gakkaï, Landmark éducation (formation et développement personnel, "séminaire de transformation") , etc. Plus simplement, la quasi-totalité des sectes répertoriées dans le rapport de 1995 y sont représentées, sans oublier une large palette de dérives sectaires. Parmi elles, des mouvements s'inscrivant dans la tendance New Age, Nouvel Age, mouvement spiritualiste et mystique né dans les années 70 aux Etats-Unis nourri à haute dose de méditation transcendantale. Dans cette mouvance, tout est basé sur le fait que nous vivons actuellement dans l'ère des Poissons qui sera remplacée en 2012 par celle du Verseau. En prévision de cette nouvelle ère, il s'agit de balayer le monde ancien, de se préparer à manger ou aimer autrement, de s'élever spirituellement. Si le côté développement personnel peut séduire, il peut aussi conduire aux plus graves dérives. Ces mouvements s'inscrivant dans l'esprit New Age représentent aujourd'hui 90% du travail de l'ADFI 2 Savoie-Isère. On y retrouve également des pratiques comme le reiki (une technique de guérison par l'imposition des mains) et la kinésiologie. Cette dernière avant fait la une des journaux après l'affaire en Bretagne en novembre 2 000 du petit Kerywan, un enfant de 16 mois décédé de malnutrition et dont les parents étaient kinésiologues. Cette pratique, notamment enseignée près d'Aix-les-Bains, se base sur un test musculaire, base de toutes les différentes branches de la kinésiologie, servant à définir chez un individu le manque de tonus provoqué par différentes émotions négatives. "La kinésiologie ne s'oppose pas à la médecine dans la mesure où elle n'est pas une médecine, ni douce, ni naturelle. Le rôle du kinésiologue est d'accompagner une personne pour que celle-ci puisse atteindre un objectif, par exemple de ne plus vouloir être dépressif. On aide la personne à réaliser quelque chose, nous sommes à sa disposition pour l'accompagner" explique Roland Hamon, président de la fédération française de kinésiologie, l'une des branches de la kinésiologie, qui regroupe aujourd'hui 200 étudiants et 400 "professionnels". Mais de quelle manière intervient cette aide ? "Nous pouvons agir sur des points réflexes pour assurer des déblocages. Et des blocages nous en avons. On a eu une éducation qui nous a plus ou moins respecté en tant qu'enfant. On nous a dit, c'est comme ça et tu dois obéir, ce qui génère des frustrations. Notre action sur des points réflexes est bien codifiée, elle s'appuie notamment sur le principe des méridiens. Quand on lit la notice des médicaments on en voit les effets secondaires où l'on nous dit que telle ou telle chose peut arriver. Or quelque chose de scientifique doit être capable de dire c'est comme ça et pas autrement. Il est difficile de trouver des choses scientifiques par rapport au corps humain. Nous, nous ne faisons pas de médecine et nous ne voulons pas remplacer le médecin dans la mesure où nous n'avons pas faite d'études de médecine" souligne Roland Hamon. Pour devenir kinésiologue, il faut réaliser différents stages dont, La santé par le toucher, qui s'effectue en quatre week-end de quatre jours. Si la fédération recommande 500 heures de formation, rien n'interdit à une personne qui ne les a pas réalisées d'ouvrir un cabinet de kinésiologue. La lecture de la brochure 2005-2006 de l'Institut français de kinésiologie appliquée, installé à Grenoble, présente notamment un stage de psychopathologie de quatre jours. "Après une introduction à la psychologie évolutive et à la psychopathologie générale, les participants auront la possibilité d'étudier en profondeur des pathologies telles que la schizophrénie, les psychoses maniaco-dépressives, la dépression, l'état limite (border line)...". D'où la perplexité des psychiatres, qui ont à leur actif plusieurs années d'études, face à cette formation de quatre jours. Le coût d'une formation en kinésiologie s'élève à environ 7 500 euros.

Si la kinésiologie se défend de toute dérive sectaire, hormis certains cas spécifiques, "je ne pourrais pas vous dire qu'il n'y a aucune brebis galeuse, il y a aussi des pompiers pyromanes" souligne Roland Hamon, ce n'est pas l'avis de l'ADFI 2 Savoie - Isère. "Toute la kinésiologie est pour nous dangereuse. Le test musculaire pratiqué par les kinésiologues n'a absolument rien de scientifique et la kinésiologie pousse dans certains cas à s'éloigner de la médecine traditionnelle. Cette pratique est aussi basée sur une culpabilisation des gens, en leur disant, en somme, que s'ils ne vont pas bien c'est de leur faute. Sans oublier la psycho-généalogie, parfois associée à la kinésiologie où l'on vous explique que vous souffrez des fautes non purgées de vos ancêtres, des fautes ou des problèmes que vous aussi pourrez transmettre aux générations futures". Dans cet esprit, on trouve également les "constellations familiales", c'est-à-dire la faculté d'un individu à s'identifier à une personne d'une génération précédente et d'en assumer les comportements et le décodage biologique, également enseigné dans certains stages (une école de décodage biologique existe à Lyon), et consistant à retrouver un conflit psychologique ayant programmé le cerveau et induisant une pathologie particulière.

Cette dernière approche n'est pas sans rappeler les théories du guérisseur allemand Ryke Hamer, condamné par la cour d'appel de Chambéry à trois ans de prison pour escroqueries et complicité d'exercice illégal de la médecine. Ce dernier voit dans toute pathologie la manifestation d'un "choc psychique intense" et poussait ses patients à se détourner des traitements traditionnels, notamment pour les cancers. Dans l'affaire Stop au cancer, association chambérienne dont les deux responsables ont été condamnés en 2000, on retrouve également les théories Hamer, dont elle se revendique, qui conduiront cette fois à la mort. Celle d'une femme atteinte d'un cancer du sein qui s'était tournée vers l'association.

Sectes et dérives sectaires sont ainsi bien présentes dans les Savoie, et ce d'une manière particulièrement vivace. "Là sont testés certains nouveaux produits avant d'être développés sur le territoire national" explique-t-on à l'ADFI 2 Savoie - Isère. Les départements savoyards affichent en effet certaines spécificités faisant d'eux un terreau fertile. "Ce sont deux départements riches où les habitants bénéficient d'un certain pouvoir d'achat". Quant on sait que le coût de certains stages de développement personnel s'élève en moyenne à 100 euros par jour, on comprend toute l'importance de cette donnée. A cela s'ajoute une manne touristique et par là-même financière conséquente. Dans ce cadre, "les mouvements à dérive sectaires s'attaquent de plus en plus au 3e âge, c'est une clientèle au pouvoir d'achat non négligeable, à l'approche de la mort et généralement, plus particulièrement soucieuse de sa santé. Certains stages sur l'approche de la mort existent comme Bien Vivre sa mort. Avez-vous bien réussi votre vie pour réussir votre mort ? C'est une culpabilisation morbide" explique-t-on à l'ADFI 2 Savoie-Isère. Autre caractéristique spécifique des départements, leur position frontalière notamment avec la Suisse où la législation diffère. Un atout intéressant pour les sectes et dérives sectaires.

Aujourd'hui, ce sont essentiellement des témoignages de membres de la famille ou d'anciens adeptes qui permettent de lever le voile sur les pratiques "douteuses" de certains mouvements. Des dérives qui peuvent aussi être mortelles. Depuis cinq ans, au sein de l'ADFI, cinq décès officiellement provoqués par des pratiques liés à des dérives sectaires ont été répertoriés. Sans oublier les autres



France : Kryeon

Des enfants indigo

L'Essentiel des Pays de Savoie, décembre 2005

[Texte intégral]

En provenance des Etats-Unis, le phénomène s¹est développé en Pays de Savoie avant de s¹étendre sur la France entière. Les enfants indigo sont des enfants dont l'auraest de couleur indigo, un aura, perceptible uniquement par une action de voyanceet révélant chez l¹enfant des individus surdoués. Le mouvement Kryeon, a réussi à diffuser et à populariser ce concept ésotérique-ufologique destiné à la prise en charge d'enfants malades ou tout simplement inadaptés. C'est en exploitant ce concept que Kryeon est parvenu à intéresser des parents d¹enfants dits hyperactifs, d'enfants autistes et plus généralement d'enfants dits précoces en situations paradoxales d'échec scolaire. Selon Kryeon, il est indispensable d'accueillir ces enfants dont l'intelligence, la maturité, la sagesse sont incompréhensibles si on ne prend pas en compte leur nature divine. Les enfants doivent être singularisés dès leur prime enfance. Ils sont élevés dans l'idée qu'ils sont supérieurs et qu'ils ont une mission à accomplir. Leurs parents doivent modifier leur comportement à leur égard et leurs méthodes éducatives pour leur assurer une vie équilibrée.Un fort sentiment de culpabilité est entretenu chez les parents largement informés que, dans un milieu familial défavorable, l¹enfant peut développer des tendances suicidaires, relève le rapport 2003 de la Miviludes.



France : OTS

Le dramatique épisode de l'OTS

L'Essentiel des Pays de Savoie, décembre 2005

[Texte intégral]

Procès et tentatives d¹explication

Dans les Alpes, l'Ordre du Temple Solaire est le mouvement sectaire qui a sans doute fait parler le plus de lui en défrayant la chronique judiciaire. Ses membres étaient persuadés qu'après avoir été persécutés sur terre par des "non-croyants" ils survivraient à une "apocalypse écologique en tant qu'élus pour repeupler le monde ". Retour sur un drame qui a durablement changé l'image des sectes.

L'Ordre du Temple Solaire est créé en 1968 par Luc Jouret et Jo Di Mambro. Le 4 octobre 1994, vingt-trois adeptes sont découverts morts à Cheiry dans le canton de Fribourg puis à Salvan dans le Valais, tués de plusieurs balles dans la tête après avoir absorbé un somnifère. La justice prononcera un non-lieu, les deux gourous figurant parmi les victimes. Le 15 décembre 1999, les corps calcinés de 13 membres de l¹OTS sont retrouvés au lieu dit "Le Puits de l¹Enfer " dans une clairière de Saint-Pierre de Chérennes en Isère, au c¦ur du Vercors. Ils ont été tués par balles après avoir absorbé des sédatifs. Les corps sont retrouvés brûlés formant un cercle. Parmi les victimes, Patrick et Edith Vuarnet, le fils et l'épouse de Jean Vuarnet, champion olympique de ski de Morzine. Le 22 mars 1997, cinq adeptes périssent dans un suicide collectif au Québec.
En France, deux personnes sont mises en examen pour "participation à une association de malfaiteurs". Le procès s'ouvre au printemps 2001 à Grenoble.

Parmi les prévenus, le chef d orchestre Michel Tabachnick considéré comme le numéro 3 de l'OTS à qui il est reproché d'avoir par ses écrits dressé le scénario de ce drame. Des textes doctrinaux qui selon le tribunal ont placé les victimes sous influence les entraînant, dans une "dynamique mortifère " expliquera à l¹audience Maître Villemin l'avocat de l¹UNADFI. En réalité, le drame du Vercors a été "une séance de rattrapage" pour de nombreux rescapés des massacres précédents qui regrettaient, "un départ raté" qui les auraient empêché d¹effectuer leur transit vers Sirius. Des victimes naïves, sous influence, comme le confirmera Jeannine Tavernier alors présidente de l'UNADFI qui se dira "impressionnée" par l'attitude des survivants venus témoigner au procès. Ces rescapés sont sortis physiquement de la secte mais pas psychologiquement car toujours soumis à une doctrine forte, un conditionnement et un envoûtement qui aurait duré trop longtemps.

Témoignage révélateur lui aussi durant le procès, celui de la belle fille de Di Mambro qui explique comment le gourou "escroquait" les adeptes de l'OTS. Elle a décrit par exemple le Jean's de Di Mambro "truffé de télécommandes pour ses supercheries lumineuse et sonores destinées à abuser des adeptes ébahis devant des messages de l'au-delà" Elle le dépeint aussi comme étant à la veille du drame "un malade qui craignait que ses supercheries ne soient découvertes". Quelqu'un aux abois, "un lâche qui a préféré entraîner tout le monde avec lui, décidant même d¹assassiner ceux qui ne voulaient pas le suivre".

Des méthodes qui ont su faire basculer des personnes qui étaient à ce moment là psychologiquement fragiles comme Edith et Patrick Vuarnet. Le dossier reste ouvert, Alain Vuarnet, le frère de Patrick se dit toujours convaincu que le drame du Vercors cache en fait un assassinat collectif réalisé par d'obscures barbouzes. Toujours est il que ces massacres ont joué en France un rôle d¹électrochoc et ont contribué à mobiliser les pouvoirs publics sur la dangerosité des sectes. A l¹issue du procès Michel Tabachnick sera relaxé par le tribunal correctionnel de Grenoble. Il risquait cinq années de prison. La procédure en appel n¹a pas encore abouti après deux audiences ajournées.
Une audience de fixation est prévue à Grenoble le 17 janvier prochain. On devrait alors connaître la date du procès en appel. Il subsiste toujours une crainte de voir des anciens adeptes effectuer un nouveau "Transit". Une surveillance discrète existe.



Belgique : HUE (Energie Universelle)

Quand «Maître Dang» ouvre les chakras

La Libre, 12 décembre 2005 par Roland Planchar

[Texte intégral]

Le gourou d'Energie universelle répond d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine, à Bruxelles.

De nombreux policiers fouillent le public venu assister à l'audience de la 61e chambre correctionnelle de Bruxelles avec minutie, jeudi 8 décembre. «C'est pour la protection de certains témoins», nous confie l'un d'eux. Car c'est de secte qu'on parle. Un mouvement international, connu dans 30 pays sous le nom d'«Energie universelle» ou de «Spiritual Human Yoga» (SHY), mais avec pour unique gourou «Maître Dang».

Le vrai nom de cet Américain d'origine vietnamienne, Minh Luong Dang, est moins pompeux. Mais ses disciples «trouvent naturel» le vocable de «maître», explique un premier témoin. Comme plusieurs autres comparaissant en cette première audience (la suite est prévue le 12 janvier), il s'agit d'un médecin. Ces témoins-là ne redoutent pas les foudres de la secte: ils ont été cités par la défense et sont venus expliquer combien «Maître Dang» sait mieux que quiconque «ouvrir les chakras». C'est-à-dire remettre en marche ces sept pseudo-centres d'énergie du corps dont la mise en panne suscite, soi-disant, maladies et... catastrophes naturelles!

Bref, les crédules doivent, pour se délivrer du problème des «chakras» ou, même si l'apprentissage est plus onéreux encore (on parle en centaines ou en milliers de dollars, selon les cas), pour en délivrer les autres, suivre l'enseignement de Dang. Qui s'est inspiré d'une thérapie cinghalaise du 19e siècle... Un business juteux, selon l'accusation qui soumet à la présidente Anne-Françoise de Laminne de Bex des préventions d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine, pour des actes posés dans le centre «Cerehu» de SHY, à Etterbeek, à la fin des années nonante, et pour des «conférences» comme celle tenue en 1995 au Palais des congrès de Bruxelles, devant 1200 Européens.

C'est ce dont doivent répondre Minh Luong Dang, âgé de 63 ans, ainsi que Thi Minh Vo, la trésorière de SHY pour la Belgique, elle-même âgée de 53 ans. Si elle est absente, Dang comparaît détenu. Pas à cause de l'arrestation subie en 1999 à Bruxelles. Il avait été libéré sous caution de 1,25 million d'euros. Non, c'est pour un mandat d'arrêt international français qu'il a été écroué en se présentant en Belgique. Chétif, grisonnant mais souriant et calme, il conteste les préventions et nie le caractère sectaire de son mouvement. Malgré tout, à entendre ce médecin venu témoigner d'Allemagne à la demande dudit «mouvement» et qui affirme que SHY l'aide à choisir les thérapies de ses patients pour mieux «transférer l'énergie universelle», il y a de quoi se poser des questions. A suivre.



France : Raël

ARRET RENDU PAR LA COUR D'APPEL DE BORDEAUX

12 décembre 2005

[Texte intégral

Le 12 décembre 2005
PREMIERE CHAMBRE SECTION B
N° de rôle : 04/02671

Monsieur Claude VORILHON c/
Madame Dominique SAINT-HILAIRE

Nature de la décision : AU FOND
Grosse délivrée le : aux avoués
2
Rendu par mise à disposition au greffe,
Le 12 décembre 2005
Par Monsieur Louis MONTAMAT, Président.
en présence de Madame Armelle FRITZ. Greffier.

La COUR d'APPEL de BORDEAUX, PREMIERE CHAMBRE SECTION B, a, dans l'affaire opposant :

Monsieur Claude VORILHON, né le 30 Septembre 1946 à VICHY (03), de nationalité française, écrivain, demeurant Jardin des Prophètes, 1382 rang 7, route rurale VALCOURT PQ/JOE 2LO (Canada),

Représenté par la S.C.P. Marc-Jean GAUTIER et Pierre FONROUGE, Avoués Associés à la Cour, et assisté de Maître Yazid BENMERIEM, Avocat au barreau de PARIS. substituant la S.C.P. FLORAND. Avocats Associés au barreau de PARIS.

Appelant d'un jugement rendu le 16 mars 2004 par le Tribunal de Grande Instance de BORDEAUX suivant déclaration d'appel en date du 14 Avril 2004,

à:

Madame Dominique SAINT-HILAIRE, née le 21 Juillet 1950 à LES SABLES D'OLONNES (85), demeurant 9, rue du Cot 33185 LE HAILLAN.

Représentée par la S.C.P. Stéphan RIVEL et Patricia COMBEAUD Avoués Associés à la Cour, et assistée de Maître Daniel PICOTIN, Avocat au barreau de BORDEAUX.

Intimée,

Rendu l'arrêt contradictoire suivant après que la cause a été débattue, en audience publique le 26 Septembre 2005 devant :

Monsieur Louis MONTAMAT, Président,
Monsieur Pierre-Louis CRABOL,
Conseiller, Monsieur Alain PREVOST,
Conseiller, Madame Annelle FRITZ, Greffier,

Et qu'il en a été délibéré par les Magistrats du Siège ayant assisté aux débats :


3

L'utilisateur de l' adresse électronique e.mail dsainthil@worldonline. fr. Monsieur Jean François Baure, compagnon de Madame Dominique SAINT HILAIRE, a le 17 DÉCEMBRE 2002, mis en ligne sur le forum de discussion "alt.religion.raelian" et "fr.soc.sectes", la retranscription intégrale de l'interview qu'avait donnée, lors d'une émission à la télévision canadienne animée par le joumaliste Paul ARCAND, le 30 OCTOBRE précédent, Madame Dominique SAINT HILAIRE.

Se considérant calomnié par la teneur des propos exprimés, Monsieur Claude VORILHON - alias RAEL - fondateur du "Mouvement Raëlien", dont le zèle déployé sur les cinq continents a produit de nombreux prosélytes, intimement pénétrés des conceptions professées - a, par actes des 14 et 17 MARS 2003, engagé à l'encontre de Madame SAINT HILAIRE une action civile.

Celle-ci tendait à voir constater, comme constitutive du délit de diffamation. la diffusion sur les forums de discussion "alt.religion.raélian" et "fr.soc.sectes", les propos suivants par elle tenus :

1. "Je me suis rendue compte que c'était certainement une escroquerie et donc même s'ils sont heureux, qu'ils sachent au moins dans quoi, ils sont",

2. "ben écoutez. il est parti à un moment où je pense qu'il y avait de petits contrôles fiscaux" ; j'ai l'impression donc que le fisc est après lui",

3. "Ah écoutez là, je ne .... Je ne sais pas Je serais tentée de dire qu'il manipule. il y a eu un témoignage d'un de ses anciens amis, mais cela pourrait être aussi un délire".


Monsieur VORILHON sollicitait en conséquence, la condamnation de Madame Dominique SAINT HILAIRE tant en sa qualité d'auteur, que de diffuseur des propos litigieux, à lui payer la somme de 30.000,00 Euros, en réparation du préjudice moral subi, et celle de 5.000,00 Euros par application de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile.


Le Tribunal de Grande Instance de BORDEAUX a par jugement contradictoire rendu le 16 MARS 2004 statué en ces tenues :

- Déclare recevable les conclusions et pièces signifiées par Madame SAINT HILAIRE le 7 JANVIER 2004,

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- Déboute Monsieur Claude VORILHON de l'ensemble de ses demandes,

- Condamne Monsieur VORILHON à verser à Madame Dominique SAINT HILAIRE une somme de 3.000,00 Euros à titre de dommages et intérêts.

- Condamne Monsieur VORILHON à payer à Madame Dominique SAINT HILAIRE une somme de 1.500,00 Euros par application de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile, Monsieur VORILHON étant également condamné aux dépens.

Au soutien de l'appel régulièrement déclaré par Monsieur VORILHON celui-ci a sollicité l'infirmation du jugement querellé et la condamnation de l'intimée à lui payer 30.000,00 Euros en réparation de son préjudice moral et une indemnité de 6.000,00 Euros sur le fondement de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile.

Aux termes de conclusions exhaustives (9 SEPTEMBRE 2005), la synthèse qu'il y a lieu d'en faire porte sur les points suivants :

- violation de l'article 6-1 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme.

- violation de l'article 9 de cette même Convention.

- constatation certes du délit de diffamation, mais écarté à tort par une prétendue bonne foi de Madame SAINT HILAIRE,

- absence d'abus du droit d'ester en justice de l'appelant, alors que le Tribunal avait pourtant retenu les éléments constitutifs du délit.

Madame Dominique SAINT HILAIRE, par écritures du 24 JANVIER 2005, très analytiques, conclut à la confirmation du jugement entrepris, sauf à élever à la somme de 10.000,00 Euros le montant de sa demande reconventionnelle au titre de son préjudice moral et à voir porter à la somme de 5.000,00 Euros la réclamation par elle présentée. au titre de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile.

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SUR CE, LA COUR :

Considérant que c'est à bon droit, et par une juste appréciation des éléments de la cause, non démentis par les débats devant la Cour et les pièces communiquées, que le premier juge a débouté Monsieur VORILHON de sa procédure en diffamation ; qu'en cause d'appel il reprend les critiques déjà formulées et soumises - sauf en ce qui concerne l'article 9 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme - à l'examen du tribunal qui les a rejetées à la suite d'une motivation extrêmement circonstanciée, à laquelle la Course réfère expressément et qu'elle adopte en son entier ;

Que s'il est exact que Madame Dominique SAINT HILAIRE avait, devant le premier juge signifié ses dernières conclusions le 7 JANVIÉR 2004, soit la veille de l'ordonnance de clôture, alors que l'audience de plaidoirie était fixée au 5 FÉVRIER suivant, Monsieur VORILHON pouvait déposer des conclusions d'incident de procédure tendant au rejet desdites écritures, mais aussi solliciter le rabat de l'ordonnance de clôture pour lui permettre d'exercer son droit de réponse ;

Que le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale, numéro 2468. mis en distribution le I0 JANVIER 1996, classe parmi les sectes en France les mouvements "ufologiques" - ](croyances en la pluralité des mondes habités et à la réalité des visiteurs de l'espace (extra-terrestres)] - comme le mouvement Raélien. mais que ce document dont il n'est point contesté qu'il n'a pas de vocation "juridique normative" ne porte pas entrave à l'article 9.1 de la Convention Éuropéenne des Droits de l'Homme qui pose comme principe supranational la liberté de religion, ce que n'est pas considéré être le mouvement Raélien ;

Considérant que c'est à juste titre que le tribunal a retenu que les propos exprimés par Madame SAINT HILAIRE étaient constitutifs du délit de diffamation : que les termes employés suggèrent que des actes indélicats, contraires à la probité. des manoeuvres dolosives pourraient avoir été commis par Monsieur VORILHON ; qu'en même temps que ceux-ci pourraient avoir une coloration pénale, ils portent assurément atteinte à son honneur et à sa réputation;

Mais que la présomption de mauvaise foi qui s'attache au diffamateur peut être combattue, indépendamment de l'exception de vérité, par la preuve apportée de faits justificatifs pouvant faire admettre sa bonne foi ;

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Qu'à cet égard. les critères cumulatifs. tirés de l'objectivité. de la prudence, de l'absence d'animosité personnelle et de la légitimité du but poursuivi, ceux permettant d'exclure sans ambiguïté l'intention de diffamer, ont été parfaitement analysés et retenus par le tribunal qui notait en outre que ces éléments qui n'étaient exclusivement applicables au journaliste pouvaient également être transposés au bénéfice de toute autre personne, attaquée du chef de diffamation ;

Qu'à son tour, la Cour observe que le rapport parlementaire, qui tire sa légitimité de la souveraineté populaire, auquel il a été fait référence est un document objectif, établi sans esprit partisan par des membres du Parlement, cherchant seulement, dans un souci de protection de l'ordre public des citoyens, à stigmatiser les mouvements - dont celui de Raël - susceptibles d'aliéner le libre arbitre de ses adhérents, attirés par une fragilité psychologique et une suggestibilité, au moins passagères

Que de même, un autre rapport établi par le Centre de Documentation d'éducation et d'action contre les manipulations, intitulé "Les Sectes, état d'urgence" édité par Albin Michel, étudie, décortique le mouvement Raélien dont la "religion trouve son expression privilégiée dans la pratique de la "méditation sensorielle" technique d'épanouissement révélée par les Élohim", ces "habitants d'une planète située à neuf milliards de kilomètres environ" (de la terre) et qui prône "la recherche du plaisir, par la satisfaction de tous les sens" ;

Qu'une attestation de Jérôme PROVOST du 23 MARS 2003 relate des démarches qu'il a entreprises et notamment le contact qu'il a eu courant 2001, avec Madame SAINT HILAIRE, ex-adepte raëlienne, "pour essayer de "comprendre comment quatre de ses cousins germains, [membres actifs au "sein du mouvement Raélien (reconnu comme secte dangereuse "par la Mission "Interministérielle de Lutte contre les Sectes") depuis 1976], avaient pu "être "manipulés" et embrigadés par leur gourou, Claude VORILHON, qui se fait "appeler Raël" ;

Que de même, Monsieur Laurent GUIGNARD rapporte, dans un écrit du 19 AVRIL 2003, que, membre du mouvement Raélien depuis 1990, il a progressivement pris conscience que "les valeurs raëliennes, exposées par son guide pour attirer tout nouveau converti à sa cause, "ne sont que de la poudre aux yeux et que l'intégralité des "messages" de Raël (qu'en dix ans, il n'a vu que cinq fois et à qui, il n'a parlé tout au plus que trois minutes) sont constitués d'un conglomérat de plagiats...." ;

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Qu'également, l' intimée justifie son comportement par les propos relatés par Monsieur CHEVALEYRE à Monsieur PROVOST dans une attestation manuscrite précisant que Raël qu'il connaît depuis de nombreuses années, lui avait confié que "ces histoires d'OVNI." et d' "Elohim" n'étaient pas vraies; que la procédure en diffamation intentée par Monsieur VORILHON à l'encontre de ce dernier n'a pu prospérer, le Tribunal de Grande Instance de PARIS ayant, dans un jugement rendu le 14 MARS 2005, déclaré l'action de Monsieur VORILHON, irrecevable comme prescrite ;

Considérant de ce qui précède, que les phrases litigieuses émanant de Madame SAINT HILAIRE ne reflètent pas la vindicte de son auteur et sur le fond, recoupent les propos sus rapportés ; qu'en outre, ceux qu'elle a tenus sont l'expression, formulée sur un ton dépourvu de toute hostilité personnelle à l'égard de Monsieur VORILHON. d'un cruel ressentiment et d'une amère déception de cette ancienne adepte qui, ayant pris la mesure du caractère matérialiste de ce mouvement, voué et dévoué exclusivement à la cause de son "Maître", a estimé comme légitime, à tout le moins normal, de livrer publiquement, à titre de conseil ou d'avertissement, certaines de ses impressions, tirées de sa désespérante aventure ;

Que le jugement accordant au profit de Madame SAINT HILAIRE, le bénéfice de sa bonne foi sera confirmé :

Considérant en revanche que l'usage, par Monsieur VORILHON, de la citation en diffamation ne saurait, comme l'a jugé à tort le premier juge, être assimilé à une atteinte à la liberté d'expression, sous peine alors de priver, quiconque, s'estimant diffamé, de cette voie de droit, pour obtenir réparation de l'atteinte à son honneur, à sa réputation, à sa considération, principes aussi respectables et dignes d'intérêt que la liberté d'expression ;

Que le jugement sur ce chef sera en conséquence réformé ;

Que l'équité commande d'allouer à Madame SAINT HILAIRE une indemnité au titre des frais irrépétibles de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile ;

PAR CES MOTIFS,

LA COUR,

Déclare l'appel recevable, Le dit partiellement fondé,
Réforme le jugement en ce qu'il a condamné Monsieur VORILHON à payer à Madame SAINT HILAIRE des dommages et intérêts,
Déboute en conséquence celte dernière de sa demande reconventionnelle en dommages et intérêts,
Confirme pour le surplus le jugement déféré, Y ajoutant :
Condamne Monsieur Claude VORILHON à payer à Madame Dominique SAINT HILAIRE la somme de DEUX MILLE EUROS (2.000,00 Euros) par application de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile,
Condamne Monsieur VORILIHON aux entiers dépens dont distraction pour ceux d'appel au profit de la S.C.P. Stéphan RIVEL et Patricia COMBEAUD, Avoués Associés à la Cour, conformément aux dispositions de l'article 699 du Nouveau Code de Procédure Civile.

Signé par Monsieur Louis MONTAMAT, Président, et par Madame Armelle FRITZ, Greffière.


Belgique : Religions

Darwin et les religions

La Libre , 12 décembre 2005 par Monique Baus

[Texte intégral]

Alors que le débat fait rage aux Etats-Unis, la question de la création de l'homme agite les écoles belges. Des professeurs de biologie se frottent aux discours extrémistes religieux.

Quand la science se heurte au manque d'instruction.

Toute la corporation est interpellée», rapporte Gérard Cobut, vice-président de l'Association des professeurs de biologie (Probio). «Cette question remonte à une vingtaine d'années mais elle connaît une percée particulière, en liaison avec la montée de certains discours intégristes religieux.»

D'où vient l'homme? Les religions et les sciences apportent des réponses fondamentalement différentes. Sans verser dans l'excès du débat américain (lire page suivante), la question suscite la réflexion chez nous. Dans les écoles.

Pour les professeurs de biologie, en effet, enseigner la théorie de l'évolution de Darwin à des élèves dont les convictions religieuses prônent le créationnisme, peut s'avérer fort délicat. «Ce qui a changé, par rapport à la génération précédente, confirme Gérard Corbut, c'est une opposition plus importante de la part de familles qui ont une vision littérale des textes religieux. Quelle que soit la religion. Le catholique moyen ne s'oppose pas à la théorie évolutionniste. Ni le musulman instruit. Les lectures littérales sont le fait de milieux moins instruits qui préfèrent le repli identitaire à l'ouverture.»

Jean-Pierre Oeyen enseigne la biologie dans le second degré à l'Athénée Charles Janssens (réseau officiel, Ixelles). «J'ai perdu deux élèves à cause de ce problème», confirme-t-il. «Leurs parents, témoins de Jéhovah, les ont retirés de l'école.»

Bien sûr, la discussion ne débouche pas toujours sur cette extrémité. «J'ai récemment eu un débat très vif avec une jeune fille. Très catholique, on lui a toujours dit que c'est Dieu qui a créé l'homme et elle ne pouvait pas admettre la théorie de Darwin, elle non plus. Nous avons discuté. Je lui ai exposé mes arguments en douceur. C'est une élève suffisamment intelligente. Si elle n'a pas changé d'avis, elle a néanmoins étudié son cours de biologie et passé avec succès son examen.» C'est certain, réaffirme le prof, les gros problèmes ne surviennent qu'avec les gens moins instruits. «Je remarque une grosse différence entre les élèves qui choisissent une section générale à option scientifique et certains autres dans l'enseignement qualifiant.»

Manque d'instruction

Le caractère social du problème semble se confirmer avec le témoignage de Madeleine Demonty. Egalement professeur de bio, elle enseigne dans la même commune que son confrère (Ixelles), mais dans le plus prestigieux Institut Saint-André (réseau libre).

«Les élèves pour lesquels le cours sur Darwin pose problème viennent me trouver discrètement, en tête-à-tête. La question, assez rarement abordée, n'a jamais fait l'objet d'un débat dans la classe.» Ici, les théories qui s'opposent ne conduisent pas à l'affrontement. «Les élèves qui sont perturbés viennent me le dire. Je leur réponds que je connais les positions de leur religion et que mon but n'est pas de leur imposer quoi que ce soit. Que c'est une question de connaissances et pas de croyances.» Mais elle précise: «Cette école est facile, je le sais. Pas mal d'élèves savent déjà beaucoup de choses. L'accès au raisonnement est compliqué en soi. Tous ceux qui arrivent chez nous, qu'ils soient issus de familles aisées ou pas, viennent pour le niveau des études.»

Le débat, plus ou moins virulent selon les établissements, fait-il des vagues jusque dans les salles de profs? Est-il de nature à opposer, plus ou moins ouvertement, les professeurs de biologie et leurs collègues enseignant les religions? Ce témoin, dont nous préserverons l'anonymat, nous parle de son collègue de religion musulmane. «Il dit à sa classe, à mes élèves, que je raconte des idioties!» Et de mettre le doigt sur le noeud du problème, selon lui: le manque d'instruction de certains jeunes enseignants «loin d'être aussi cultivés que des théologiens.»

Problème ou pas, pas question de modifier le contenu des matières enseignées, confirment nos interlocuteurs. «Face à ceux qui considèrent qu'on ne peut pas discuter», explique Jean-Pierre Oeyen, «j'essaie de maintenir une porte ouverte, de ménager les susceptibilités.» Dur, dur, avec parfois une seule heure d'intervention par semaine! «C'est la raison pour laquelle je trouve qu'il faudrait introduire un cours de philosophie pour tous les élèves. Comme une ouverture sur le monde. Alors que la religion est une chose privée.»

La conclusion au vice-président de Probio: «On dit que quand Pasteur entrait dans son laboratoire, il disait qu'il laissait sa religion au portemanteaux...»


France : Scientologie

L'Etat doit verser 109 400 euros à la scientologie. Un comble

L'Express, 12 décembre 2005 par François Koch, Jean-Marie Pontaut

[Texte intégral]

La justice ou l'arroseuse arrosée? L'Etat vient d'être condamné à payer 109 400 euros à 16 scientologues mis en examen pour escroquerie et exercice illégal de la médecine, qui ont fait reconnaître par le tribunal de grande instance de Paris la «faute lourde» du service public de la justice, son dysfonctionnement ne leur permettant pas d'être jugés dans un délai raisonnable. L'information judiciaire est en effet ouverte depuis vingt-deux ans et se poursuit toujours! Un record hallucinant. Trois juges d'instruction se sont succédé, dont Marie-Paule Moracchini, qui fut chargée de l'affaire pendant douze années, pour en être dessaisie deux ans après la disparition jamais élucidée d'une partie du dossier.

Rétractation d'anciens adeptes En 2001, le Conseil supérieur de la magistrature avait jugé «discutable, mais non susceptible d'une qualification disciplinaire» le «choix délibéré» de Marie-Paule Moracchini de «laisser aller à son terme le processus d'indemnisation des plaignants», sans clore son information. La scientologie a en effet de gros moyens financiers pour acheter la rétractation de ses anciens adeptes. Aujourd'hui, cinq parties civiles tiennent encore le choc. Elles espèrent - enfin - une audience correctionnelle en 2006... à moins d'un nouveau blocage dans cette course de lenteur judiciaire.


Suisse : Méditation transcendentale

Les yogis veulent raser Genève !

Le Matin, 13 décembre 2005

[Texte intégral]

DÉLIRANT L’Institut Maharishi envisage de reconstruire la Cité de Calvin selon la vieille tradition hindoue

Démolir complètement la ville de Genève et la reconstruire selon des principes empruntés aux plus anciennes traditions hindoues! Voilà l’idée, pour le moins loufoque, que l’Institut Maharishi, un mouvement installé de longue date en Suisse, s’apprête à vanter, à coups de pleines pages de publicité dans la presse locale.

D’un côté, une vue aérienne de la Genève actuelle, baptisée «Notre vieille Genève»! De l’autre, «Notre nouvelle Genève créatrice d’une destinée heureuse», en fait un long rectangle divisé en petits carrés, séparés par des rues toutes droites... «C’est une vision schématique qui devrait permettre de placer 180000 habitants», explique le plus sérieusement du monde Léonard Stein, professeur de méditation transcendantale et représentant du mouvement à Genève.

«Nous sommes conscients du caractère provocateur de ce projet, qui a pour origine la tradition de l’Inde très ancienne, poursuit-il. Ainsi, nous avons remarqué que 95% des habitations genevoises sont mal orientées. Or cela a une influence très profonde sur notre santé, notre créativité, notre bonheur et notre prospérité.» Rien que ça! L’eau aussi a son influence. Ainsi, la nouvelle Genève est bâtie sur la rive droite, car «les plans d’eau doivent être placés à l’est ou au nord des bâtiments», précise Léonard Stein. Avant d’ajouter: «Evidemment, cela implique de déplacer l’aéroport.» Ben voyons!

Mais pourquoi ce mouvement comptant 3,5 millions d’adeptes dans le monde, dirigé par Maharishi Mahesh Yogi, le célèbre gourou des Beatles, a-t-il choisi Genève pour commencer sa délirante quête architecturale? C’est au Lausanne-Palace qu’il faut chercher la réponse. Coiffé d’un diadème doré et vêtu d’une tunique blanche, le raja Felix Kägi arrive souriant à la réception. Ce quinquagénaire, responsable du mouvement pour la Suisse, logeait hier dans ce cinq-étoiles, accompagné de plusieurs adeptes de la méditation transcendantale. Saint-Gallois d’origine, il explique comment il entend refaçonner le monde... et le bout du lac: «Genève nous interpelle. La symbolique de son nom et son cosmopolitisme nous ont poussés à la choisir.»

Pour Felix Kägi, la Cité de Calvin, comme la plupart des métropoles, n’a pas été construite selon les «lois naturelles» qui favorisent le silence et la paix. Le raja désigne l’est et assure que toutes les habitations devraient être orientées dans cette direction. Dans l’annonce qui paraîtra mardi, on relève en outre que Genève doit «démolir la majorité de ses vieux bâtiments créateurs de malheurs». Les Genevois apprécieront...

Le raja, qui envisage de construire également une pharaonique Université de la paix mondiale, invite jeudi à Genève «tous les architectes, entrepreneurs et promoteurs à participer à une conférence et à mettre à jour leurs connaissances de l’architecture et de la construction».

Maire de la ville, Manuel Tornare se demande s’il faut rire de ce projet ou en pleurer: «C’est ridicule, ce truc! Si, pour être heureux, il suffisait de réorienter les bâtiments... Non, sérieusement, on ne va pas renier la tradition calviniste pour l’échanger contre celle d’une secte. Car ce mouvement est une secte, il faut le savoir.» De fait, il est inscrit comme tel dans un rapport parlementaire français et considéré comme secte dans de nombreux autres pays.

Pour le Raja Felix Kägi, la Cité de Calvin n’a pas été construite selon les lois naturelles qui favorisent le silence et la paix. Il propose donc dans une annonce à paraître mardi de réorienter tous les bâtiments genevois sur la rive droite et de détruire les vieux bâtiments.



Canada : Mormons fondamentalistes

Polygamie au goût du jour

Cyberpresse, 13 décembre 2005 par Mathieu Perreault

[Texte intégral]

L'Utah et la Colombie-Britannique se sont récemment découvert un problème commun: la polygamie. Leurs ministres de la Justice respectifs se rencontrent la semaine prochaine pour discuter d'un trafic d'adolescentes entre des sectes mormones des deux régions.

L'affaire souligne l'intérêt croissant que suscite le mariage d'un homme avec plusieurs femmes. L'automne dernier, quand le débat sur les tribunaux islamiques faisait rage, le spectre de la légalisation de la polygamie a été plusieurs fois agité. Même chose pour le mariage gai: en janvier dernier, le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, a prédit que le prochain objectif du Parti libéral serait d'autoriser la polygamie. Depuis quelques années, l'Utah a poursuivi cinq membres de sectes mormones pour polygamie, entre autres accusations de viol et de détournement de mineures. Des groupes de femmes de la Colombie-Britannique font pression sur leur ministre de la Justice, Wally Oppal, pour que la polygamie soit ciblée par la Gendarmerie royale. La GRC enquête présentement sur des allégations de crimes sexuels dans la secte mormone de Bountiful, créée dans une vallée isolée du sud de la province à la fin des années 40 par des dissidents mormons.

Selon le ministre de la Justice de l'Utah, des membres de cette secte fuient la récente sévérité américaine vis-à-vis de la polygamie et se rendent au Canada. Un trafic de jeunes épouses irait notamment de l'Utah vers le Canada. La polygamie est tellement répandue dans cet État américain, où la secte compte entre 30 000 et 50 000 membres, que le ministère de la Santé a récemment publié un guide à l'intention des travailleurs sociaux. Bountiful compte quant à elle 1000 membres.

Un certain flou juridique entoure la polygamie. Selon Alain Roy, professeur de droit familial à l'Université de Montréal, la loi permettant le mariage gai n'a pas facilité la reconnaissance de la polygamie, parce que le mariage y est toujours défini comme l'union de deux personnes. «Les partisans de la polygamie pourraient invoquer la Charte des droits, note Me Roy. Mais ça amènerait la cour à se pencher sur la polygamie, qui s'accompagne habituellement d'une inégalité entre hommes et femmes: les hommes ont le droit d'avoir plusieurs femmes, mais pas le contraire. Or, la Charte garantit l'égalité des hommes et des femmes. Il y aurait aussi beaucoup de conséquences économiques: par exemple, les veuves d'un homme polygame auraient-elles toutes droit à sa pension de vieillesse?» Le ministre fédéral de la Justice, Irwin Cotler, a pour sa part avancé que la Charte des droits ne protège pas la polygamie.

Le ministre Oppal, qui est aussi responsable des relations interculturelles, a expliqué qu'il envisageait des poursuites contre les polygames mais qu'il était difficile de convaincre une victime de témoigner en cour. Certaines femmes prennent la défense de la polygamie, notamment dans des conférences organisées par l'Association canadienne des femmes universitaires.

La polygamie ici et là

La polygamie est très courante dans certaines régions du monde. En Afrique de l'Ouest, près de 50 % des familles sont polygames, au point que le téléroman le plus populaire du Burkina Faso, Le Nouveau Royaume d'Abou, met en scène la vie quotidienne d'un homme ayant deux femmes et deux maîtresses. Aux États-Unis, le site Internet polygamy.com comprend une section de petites annonces où on trouve une vingtaine de demandes. L'une d'entre elles, écrite par un homme de 21 ans du Connecticut, se lit comme suit: «Moi et mes cinq femmes avons 32 enfants. Nous voulons une femme de plus pour en avoir davantage. Nous aimons Dieu et le plein air. Nous avons trois furets et quatre chiens.»


France : Sectes

Le TGI de Paris déboute les demandeurs d'une dissolution de l'Unadfi

AFP, 14 décembre 2005

[Texte intégral]

PARIS - Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a débouté un collectif d'avocats et plusieurs plaignants qui souhaitaient voir dissoute l'Unadfi, spécialisée dans l'information sur les sectes, et les a condamnés à lui verser des dommages-intérêts, a-t-on appris mercredi auprès du TGI.

Un collectif d'avocats lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" avait assigné l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu pour demander sa dissolution, en l'accusant d'être "une police de la pensée".

Le collectif demandait également des dommages-intérêts pour une dizaine de personnes, adhérents ou proches de mouvements comme l'Eglise de scientologie ou la secte d'inspiration catholique Ivi, qui auraient eu à subir des préjudices liés à des dénonciations de l'Unadfi.

La 1re chambre du TGI, présidée par Bernard Valette, les a déboutés. "Il ne saurait être sérieusement soutenu que lesdites associations (c'est-à-dire l'Unadfi et son antenne du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, ndlr) ont un objet contraire aux lois de la République alors que la loi du 12 juin 2001 est venue renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales", relève le jugement.

"Il n'est pas davantage démontré que les associations auraient développé des activités illicites contraires à leur statut respectif", ajoute le jugement.

Les demandes de dommages-intérêts ont également été rejetées, le tribunal estimant même que c'était à l'Unadfi et à son antenne du Nord-Pas-de-Calais-Picardie d'être indemnisée.

En effet, "il apparaît que la mise en cause totalement infondée des associations (...), allant non sans mauvaise foi jusqu'à demander leur dissolution porte atteinte à leur honneur et à leur réputation", a estimé le tribunal.

Ce dernier a condamné les demandeurs à verser 10.000 euros de dommages-intérêts à chacune des associations "pour procédure abusive" et à publier le jugement dans huit journaux. Ils devront également verser à chacune des deux associations 5.000 euros au titre des frais de justice.



France : Sectes

Communiqué de presse UNADFI concernant l’action en justice du CAP et le verdict du Tribunal de Grande Instance de Paris

Courriel, 14 décembre 2005

[Texte intégral]

14 décembre 2005

« Le Tribunal de Grande Instance de Paris rejetant une demande infondée en dissolution, a condamné l’ensemble des demandeurs, eux-mêmes membres de diverses groupes, à verser à l’UNADFI et à l’ADFI Nord 10 000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive et 5000 euros de frais de justice ainsi que la publication du jugement dans huit journaux en réparation de l’ « atteinte portée à leur honneur et à leur réputation" par cette procédure abusive.

Cette décision exemplaire rappelle que l’action des ADFI s’inscrit dans la logique de la défense des victimes face aux nuisances des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.

L’Unadfi, consciente de ce que les demandeurs ne visaient en réalité qu’à instrumentaliser la justice pour donner de la publicité à leur action de dénigrement, se félicite de ce jugement qui légitime l’action des associations de défense des victimes de sectes qui chaque jour recueillent les témoignages de familles touchées par ce phénomène et d’anciens adeptes de sectes. »

Catherine PICARD
Présidente de l’UNADFI



France : Actualités diverses

Alerte sur des "dérives sectaires" en marge de randonnées dans le Sud-Ouest

AFP, 14 décembre 2005

[Texte intégral]

BORDEAUX - Une association bordelaise, Infos-Sectes Aquitaine, a alerté mercredi les pouvoirs publics sur des "dérives sectaires" constatées dans le Sud-Ouest en marge de "Jeûne et Randonnée", un courant qui propose de longues marches associées à une diète stricte.

Dans un "appel à la vigilance" transmis à la presse, Infos-Sectes Aquitaine a dénoncé des "programmes de loisirs sports et soins (...) présentés comme une promesse de mieux être, de guérison, hors des voies habituelles" et pouvant déboucher sur de "véritables dérives sectaires".

Au terme d'un an d'enquête, l'association a en particulier dénoncé "certains gîtes ruraux ou d'étapes dont les publicités font manifestement référence à des méthodes non contrôlées, dont certaines constituent manifestement un prosélytisme à connotation sectaire".

Pour Infos-Sectes Aquitaine, il faut un contrôle accru "des subventions publiques pour ces gîtes, notamment sur des circuits symboliques, tel que cathare ou Saint-Jacques de Compostelle, qui font l'objet de programmes européens".

Parmi les pratiques proposées dans ces gîtes ou lors de stages figurent "le coaching en énergie vitale", "le décodage biologique", la "fasciathérapie", la "kinésiologie", les "voix du chamanisme" ou encore "l'oriculothérapie". Infos-Sectes Aquitaine a précisé ne pas accuser le mouvement alternatif "Jeûne et Randonnée" de recouvrir une secte, mais elle a dénoncé les méthodes de soins discutables parfois prodiguées au cours des randonnées.

Pour son président, l'avocat bordelais Daniel Picotin, "on profite de la méthode qui paraît sympathique pour passer de la purification du corps à la purification de l'esprit puis à l'embrigadement".

Les randonneurs seraient d'autant plus vulnérables, selon Me Picotin, qu'ils sont "affaiblis par des jours de marche sans alimentation, isolés de leurs famille et parfois dans une quête spirituelle".

L'enquête d'Infos-Sectes Aquitaine a donné lieu à un rapport de 200 pages "transmis en octobre à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, ndlr) et à des parlementaires chargés de la question des sectes", a précisé à l'AFP l'initiateur de l'enquête, Hervé Gilardin.

"Il y aurait 13 ou 14 gîtes de ce type en Aquitaine ou dans d'autres régions, organisant en moyenne sept à huit stages par an, avec des prix allant jusqu'à 1.000 euros, voire plus, pour sept jours", a-t-il indiqué.

Dans son appel, Infos-Sectes Aquitaine a également invité à la vigilance les médias, qui louent parfois "sans réserve" ce type de pratiques, et les familles, "lorsqu'elles envoient leurs adolescents ou étudiants sur des parcours de randonnée".


France : Sectes

Rapport parlementaire et liste de sectes

Courriel, 14 décembre 2005

[Texte intégral]

Extraits d'un arrêt rendu par la Cour d'appel de Bordeaux, le 12 décembre 2005,
Première Chambre section B - n° de rôle : 04/02671
Monsieur Claude VORILHON c/
Madame Dominique SAINT-HILAIRE

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Que le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale, numéro 2468. mis en distribution le I0 JANVIER 1996, classe parmi les sectes en France les mouvements "ufologiques" - ](croyances en la pluralité des mondes habités et à la réalité des visiteurs de l'espace (extra-terrestres)] - comme le mouvement Raélien. mais que ce document dont il n'est point contesté qu'il n'a pas de vocation "juridique normative" ne porte pas entrave à l'article 9.1 de la Convention Éuropéenne des Droits de l'Homme qui pose comme principe supranational la liberté de religion, ce que n'est pas considéré être le mouvement Raélien ;

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Qu'à son tour, la Cour observe que le rapport parlementaire, qui tire sa légitimité de la souveraineté populaire, auquel il a été fait référence est un document objectif, établi sans esprit partisan par des membres du Parlement, cherchant seulement, dans un souci de protection de l'ordre public des citoyens, à stigmatiser les mouvements - dont celui de Raël - susceptibles d'aliéner le libre arbitre de ses adhérents, attirés par une fragilité psychologique et une suggestibilité, au moins passagères.


Etats-Unis : Scientologie

Tom Cruise amasse des fonds pour son église

Le Cinéma CA , 14 décembre 2005

[Texte intégral]

L'acteur américain Tom Cruise a invité ses admirateurs à une rare rencontre afin d'amasser des fonds pour un projet controversé de
l'église de Scientologie.

La star est à la tête d'un projet appelé New York Rescue Workers’ Detoxification. L'église de Scientologie désire offrir aux secouristes
du 11 septembre 2001, des centres de traitements offrant des saunas et autres traitements naturels.

Pour assister au dîner en compagnie de Tom Cruise et se faire prendre en photo avec la vedette, les convives devaient payer la somme de
7 500 $US.

Le projet New York Rescue Workers’ Detoxification ne fait pas l'unanimité puisqu'aucune preuve scientifique n’appuie ses bienfaits.


France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

La Tuerie du Vercors reste un mystère

Le parisien, 16 décembre 2005 par Azzeddine Ahmed-Chaouch

[Texte intégral]

Suicide collectif ou meurtre ? Dix ans, jour pour jour, après la mort des adeptes de l'Ordre du temple solaire dans le Vercors, l'affaire garde ses mystères. Deux versions des faits s'opposent et le procès en appel a été reporté trois fois.

 

UNE MYSTÉRIEUSE confrérie, l'Ordre du temple solaire... Soixante-quatorze adeptes qui, pour les uns, se sont suicidés ou, pour d'autres, ont été abattus... Au coeur de l'affaire, le présumé grand maître de l'OTS, le chef d'orchestre Michel Tabachnik, dont le procès en appel tarde. Dix ans après la mort de 16 personnes dans le Vercors, l'énigme du Temple solaire n'a toujours pas été élucidée.

74 morts au Canada, en Suisse et en France. Le 5 octobre 1994 au matin, 48 personnes sont mortes dans l'incendie d'une ferme du canton de Fribourg à Cheiry et de trois chalets du Valais en Suisse. Dans le même temps, au Canada, cinq corps sont retrouvés dans une maison près de Montréal. Le point commun de ces drames : les victimes étaient des adeptes de l'Ordre du temple solaire (OTS). Un an après, dans la nuit du 15 au 16 décembre, le Vercors est le théâtre d'un nouveau « suicide collectif ». Parmi les 16 personnes retrouvées carbonisées se trouvent trois enfants, deux membres de la famille du champion olympique Jean Vuarnet et les deux leaders de l'ordre, Jo Di Mambro, considéré comme le gourou, et Luc Jouret, le médecin chargé de recruter les membres à l'occasion de ses conférences. Au Québec, le 22 mars 1997, 5 personnes sont retrouvées mortes dans une maison incendiée. Ils appartenaient, eux aussi, au mouvement sectaire.

Michel Tabachnik, seul prévenu dans le box des accusés. Pour les familles des victimes, il reste encore un dirigeant de la secte en vie : Michel Tabachnik. Selon elles, le chef d'orchestre suisse serait à l'origine de l'endoctrinement. Il a notamment rédigé les « Archées », une série de textes distribués aux adeptes au sein de la secte. Accusé de « participation à une association de malfaiteurs », il a été déclaré non coupable par le tribunal de Grenoble le 25 juin 2001. Aujourd'hui il a repris son activité de musicien (voir ci-dessous).

Une instruction critiquée. Alain Vuarnet en fait son cheval de bataille. Le fils du champion olympique, qui a perdu son frère et sa mère dans le Vercors, reproche au juge d'instruction son entêtement. Pour lui, la thèse officielle du suicide collectif est à remettre en question. Il plaide pour la version de l'intervention extérieure et de l'assassinat (lire en page 17).

Un procès en appel qui tarde. Le 13 juin dernier, la cour d'appel de Grenoble décide de renvoyer le jugement pour la troisième fois. Motif du report : l'expert Jean-Marie Abgrall, spécialiste des sectes, a été mis en examen en 1999 puis en 2002 pour « violation du secret de l'instruction et du secret professionnel ». Les parties ont rendez-vous le 17 janvier prochain pour faire un point sur l'avancement du dossier Abgrall et convenir d'une date pour le procès. D'après l'avocat des Vuarnet, maître Leclerc, le procès devrait avoir lieu soit en juin, soit en septembre.



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Les instigateurs ont tout fait pour compliquer l'enquête

Le parisien, 16 décembre 2005 par Azzeddine Ahmed-Chaouch

[Texte intégral]

ROSEMARIE JATON a perdu quatre membres de sa famille dans l'incendie en Suisse

Des armoiresentièresd'articles de journaux et de copies de lettres envoyées au procureur. Des cartons entassés et remplis de documents sur l'Ordre du temple solaire. Rosemarie Jaton a consacré plus de dix ans de sa vie aux drames de l'OTS. En 1994, elle perd quatre membres de sa famille dans l'incendie en Suisse qui tua 48 personnes : son frère, sa belle-soeur et ses deux neveux de 15 et 18 ans. Aujourd'hui, cette retraitée de 73 ans se bat pour que la vérité soit faite. « Ceux qui ont tiré les ficelles, les instigateurs, connaissent parfaitement la justice et ses lois, ils ont su choisir : plusieurs pays, plusieurs cantons, ce qui complique évidemment l'enquête », analyse amèrement cette habitante de Lausanne, qui aujourd'hui gère l'Association internationale de défense des victimes de l'Ordre du temple solaire.

« Mon frère et sa femme ont adhéré en 1984 »

Elle reconnaît avoir remarqué quelques changements dans leurs habitudes. « En y pensant après coup, on se rappelle certains événements, mais on ne s'en rend compte qu'après, reconnaît-elle. Daniel, mon frère, et sa femme, Madeleine, ont adhéré à la secte en 1984. Quatre ans après, ils déménagent à Genève. A partir de cette période, ils me disent qu'ils ont une nouvelle passion : la culture de légumes biologiques. J'ai trouvé cela inhabituel, surtout connaissant mon frère. » Un autre comportement aurait dû l'alerter, selon elle. « Ils n'acceptaient jamais de s'asseoir quand ils passaient à la maison. En me documentant par la suite sur la secte, j'ai appris qu'ils ne voulaient pas brouiller leurs vibrations cosmiques . » Le jour où Rosemarie apprend la terrible nouvelle, il est 6 heures du matin. « Ce 5 octobre 1994, mon compagnon m'a parlé d'un incendie à proximité d'une culture biologique. Je me suis renseignée auprès de la police. Ils m'ont affirmé qu'il était inutile de se rendre au domicile de mon frère à Genève. Lui et sa famille venaient de mourir à Cheiry. » Après l'émotion, c'est le combat judiciaire qui commence. Pour cette Lausannoise, un des responsables est encore en vie. Il s'appelle Michel Tabachnik. Le chef d'orchestre suisse a donné des conférences au sein de l'OTS. Il est également à l'origine des Archées, les textes qui étaient lus par les adeptes. « Cet homme ne dit pas la vérité, il a menti plusieurs fois. Déjà sur la date de son adhésion au mouvement, il n'est pas clair. Ensuite, il a dit dans plusieurs interviews qu'il n'avait jamais parlé de la planète Sirius. Il faut savoir que le transit vers cette planète, c'est la mort, dans le langage de l'OTS. » Elle sort les Archées que possédait son frère et qu'elle a pu récupérer, plusieurs années après. « Je n'invente rien. A la lecture du premier, on relève : Cet alphabet dit alphabet des Seigneurs de la flamme vient de Sirius. M. Tabachnik a participé à l'endoctrinement, c'est une certitude. » Rosemarie a aujourd'hui envie d'une chose : tourner la page et vivre pour elle. Elle attend le procès en appel, dont la date est encore indéterminée.


France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

"Rien n'a été retenu contre moi" - Michel Tabachnik, ancien membre de l'OTS

Le parisien, 16 décembre 2005 par Azzeddine Ahmed-Chaouch

[Texte intégral]

- Il y a dix ans, 16 adeptes de l'Ordre du temple solaire (OTS) étaient retrouvés morts dans le Vercors. Beaucoup de familles de victimes vous considèrent comme l'un des cerveaux du mouvement. Dix ans après le drame, quel est votre sentiment ?

- Michel Tabachnik : Le 25 juin 2001, le tribunal correctionnel de Grenoble m'a déclaré non coupable. La justice m'a entendu, a enquêté et a étudié mes textes en détail. J'ai été mis en examen par le juge d'instruction à cause de « pressions médiatiques », de son propre aveu. Mais aujourd'hui, force est de constater que rien n'a été retenu contre moi.

- En 1995, vous affirmiez ne pas être adepte de l'OTS. Aujourd'hui, vous ne niez plus avoir été membre ?
A l'époque, j'avais peur d'être associé au drame du Vercors et j'ai préféré tout nier en bloc. Ce mensonge m'a clairement desservi. J'ai en effet
rejoint, officiellement, le mouvement dans les années 1980. Pour moi, l'OTS était une société de réflexion comme la franc-maçonnerie. Je participais peu car mon activité de chef d'orchestre me prenait beaucoup de temps. Il m'est arrivé de faire des conférences, j'étais en effet passionné de philosophie et d'ésotérisme. Concernant les textes que j'ai produits, je voudrais apporter une précision qui a son importance : certes, j'en ai écrit, mais bien avant de m'intéresser à l'OTS.

- Après le triple drame qui a fait 74 victimes, avez-vous pensé que la mort des adeptes pouvait être mise en relation avec les textes que vous avez écrits ?
- Je n'ai jamais appelé à la mort ou développé le concept de « transit » vers la planète Sirius. J'ai toujours aimé la vie, j'ai un tempérament très
positif. Du jour au lendemain, on a voulu faire un lien entre les « suicides collectifs » et mes textes. Pis encore, on a voulu m'associer au drame du
Vercors. Je ne connaissais aucune des personnes présentes ce jour-là. Je pense avoir été victime d'un acharnement.

- Quelles en ont été les conséquences ?
- A l'époque, j'ai perdu tous mes contrats de chef d'orchestre. Je me retrouvais sans travail, c'était terrible. J'ai perdu dix ans de ma vie. Les
médias sont les principaux fautifs. Certains ont même recherché ma culpabilité à tout prix. On évoque sans arrêt mon procès, mais on ne dit pas
que j'ai été déclaré non coupable en première instance. Nous sommes doublement touchés : mes enfants ont perdu leur mère dans l'incendie à
Cheiry, en Suisse.

- Aujourd'hui, quelle est votre vie ?
- Ma reconnaissance professionnelle a fini par prendre le pas. Je retrouve progressivement ma place dans le métier. J'entame une tournée de concerts pour le mois de décembre avec un orchestre à Amsterdam. Mon fils a réussi, puisqu'il a obtenu un doctorat en physique à New York. Et, heureusement, pendant ces dix années d'enfer, mes vrais amis ne m'ont jamais lâché, ils ont toujours été là.

- Il reste le procès en appel, qui a déjà été reporté plusieurs fois. Si la décision du tribunal de Grenoble se confirme, tournerez-vous la page définitivement ?
- Pour moi, tout est pratiquement terminé. Récemment, j'ai apporté ma contribution au réalisateur Yves Boisset pour un documentaire qu'il
réalisera sur l'OTS. Ensuite, il sera temps de passer à autre chose. Pas question d'écrire un autre livre sur l'affaire, par exemple. Je vais me
consacrer à ma famille et à ma passion : la musique.


Hollande : Scientologie

Final victory over Scientology

Web, 16 décembre 2005

[Texte intégral]

La bataille juridique que la scientologie a menée contre le fournisseur d'accès internet XS4ALL et l'écrivain Karin Spaink parvient aujourd'hui à son Grand Final. La Cour Suprème a décidé que la dernière décision, qui donnait raison à Karin Spaink et à XS4ALL, était tout à fait valide. Ceci met fin à une décennie d'arguties juridiques. La scientologie a de nouveau perdu. La liberté d'expression a prévalu sur les soi-disant violations de copyrights de l'église de scientologie. Karin Spaink peut donc continuer à citer les soi-disant secrets des cours de la secte.

En juillet de cette année 2005, quelques jours avant que la Cour Suprème s'apprète à rendre son verdict final, la secte a soudain laissé tomber son appel. XS4ALL et Karin Spaink ont objecté à ce retrait: on connaît en effet cette tactique scientologue consistant à faire traîner indéfiniment les procès, et à abandonner le terrain lorsqu'elle sent que le jugement ne lui sera pas favorable. La Cour Suprème a accepté la démission de la secte, évitant ainsi de recourir à une nouvelle estimation juridique. L'Avocat Général Verkade avait conseillé une autre stratégie à la Cour Suprème: il désirait que la Cour Suprème accepte le retrait de la scientologie tout en jugeant néanmoins des mérites du procès. L'avocat général avait antérieurement recommandé [au cours d'un long document de préparation] à la Cour Suprème de démettre toutes les plaintes scientologues contre XS4ALL et Karin Spaink. Il semble que la Cour Suprème ait pensé qu'il ne servait à rien d'ajouter sa propre décision à celles des [trois] juridictions antérieures, toutes favorables à XS4ALL et à Karin Spaink.

XS4ALL et Karin Spaink ont donc remporté quatre victoires contre la secte (jugement sommaire, jugement d'instance, jugement d'appel, appel en cour suprème démis. - nota: on peut ajouter une cinquième victoire: l'avis de l'avocat général à la Cour Suprème). Après plus de dix années de bataille juridique, la liberté de parole a finalement prévalu. On ne peut se retrancher derrière des questions de droits d'auteur pour éviter toute critique.

Du fait que la Cour Suprème a accepté le retrait de la scientologie, celle-ci ne peut plus faire appel à la Cour Européenne de Justice: cette dernière n'admet de recours qu'au cas où tous les moyens nationaux ont été épuisés.Mais la scientologie avait bien trop peur de ce qui se serait passé. Cela signifie donc victoire définitive de XS4ALL et de Karin Spaink face à scientologie.

XS4ALL et Spaink fèteront leur victoire durant le festival XS4ALL sur la Liberté d'Expression sur Internet, le soir du 28 janvier, sur Melkweg.

http://www.leidsepleintheaters.nl/xs4all.html (NL)

PS: Le webmaster pense utile d'ajouter que cette très importante victoire fait suite à des faits bien plus anciens, qui concernaient également les secrets scientologues et la presse hollandaise. En effet, il semble que l'histoire de Xenu ait été dévcoilée pour la première fois publiquement dans un journal hollandais, en 1974. J'ai appris ceci de la bouche d'un cadre supérieur de l'organisation scientologue avancée danoise en 1978 ou 1979.

http://www.antisectes.net/karin-spaink-xs4all-supreme-court.html



France : Sectes

Une offensive des mouvements sectaires échoue devant le tribunal correctionnel de Paris

 

Le Monde , 17 décembre 2005 par Pascale Robert-Diard

[Texte intégral]






L'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (Unadfi), spécialisée dans l'information sur les sectes, vient de remporter une victoire judiciaire. Dans un jugement rendu mercredi 14 décembre, le tribunal de grande instance de Paris a condamné pour "procédure abusive" un collectif de particuliers et d'associations qui demandaient sa dissolution au motif que son action portait atteinte à la liberté de conscience.

Reconnue d'utilité publique depuis 1996, l'Unadfi a toujours été associée à l'action gouvernementale contre les sectes. Elle a notamment été autorisée à se constituer partie civile dans les affaires mettant en cause des mouvements sectaires et a obtenu un agrément du ministère de l'éducation nationale au titre des associations qui "prolongent l'action de l'enseignement public". A l'audience, le 20 septembre, les avocats du collectif avaient cité plusieurs exemples des "dérives" reprochées à l'Unadfi. Appuyés sur les témoignages de particuliers, faisant état de dénonciations d'appartenance à un mouvement sectaire d'un salarié adressées à son employeur, ou d'"attestations" délivrées par l'Unadfi sur le "danger" que représente la proximité de l'un ou l'autre membre d'un couple en procédure de divorce avec tel ou tel mouvement de la nébuleuse sectaire, les avocats des parties civiles estimaient que cette association outrepassait régulièrement son rôle d'information pour endosser celui de "grand inquisiteur", d'"annexe des renseignements généraux" ou de "police de la pensée". "L'Unadfi dénonce, insinue, labélise !, s'était exclamé Me Gérard Ducrey. Pour elle, la loi des suspects existe toujours. Quand elle défend les droits de l'homme, c'est comme quand l'Union soviétique défendait le droit d'asile psychiatrique !"

La réplique leur avait été apportée par Me Michel Tubiana, ancien président de la Ligue des droits de l'homme, qui assurait la défense de l'Unadfi. "L'apparence, dans ce débat, ce sont des histoires individuelles parfois tragiques. La réalité est tout autre. C'est une offensive de l'Eglise de scientologie, de l'IVI (répertorié en France sous le label de secte guérisseuse) et de tous ceux qui font le panégyrique de ces mouvements auxquels nous reprochons des pratiques sectaires", avait-il déclaré. A l'adresse de ses contradicteurs, qui avaient invoqué la protection de la loi de 1901 sur les associations ou celle de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, Me Tubiana avait observé : "La liberté a un prix : la transparence et la publicité. Or, ce que tous les demandeurs ont ici en commun, c'est de se dissimuler. Le rôle de l'Unadfi est justement de donner des éléments sur les associations auxquelles ils appartiennent et qu'ils cachent."

Dans son jugement, le tribunal déboute l'ensemble des particuliers en considérant que les agissements fautifs qu'ils reprochent à l'Unadfi ne sont pas constitués et estime que leur demande de dissolution de l'association porte atteinte à son "honneur" et à sa "réputation". Il les condamne au versement de 10 000 euros à l'Unadfi et à son antenne régionale du Nord-Pas-de-Calais — Picardie au titre des dommages et intérêts pour "procédure abusive", de 5 000 euros pour les frais de justice et à la publication dans huit journaux des extraits de son jugement. Le collectif d'associations et de particuliers a annoncé son intention de faire appel.

France : Ordre de Saint André

Un "révérend exorciste" condamné à six ans de prison pour des viols

AFP, 17 décembre 2005

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LILLE - Un homme âgé de 48 ans qui se présentait comme un révérend exorciste a été condamné samedi par la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer (Pas-de-Calais) à 6 ans d'emprisonnement pour des viols sur trois femmes, exercice illégal de la médecine et escroquerie. L'avocat général avait requis 8 ans d'emprisonnement.

Jean-Jacques Abdallah Ben Sallah se présentait comme un révérend de l'ordre de Saint-André, un mouvement sectaire basé à Antibes, et avait lui-même fondé deux associations successives portant le même nom, l'association de l'abbé Julio, dans le Douaisis et le Béthunois.
M. Abdallah Ben Sallah, qui comparaissait libre après avoir effectué dix mois de détention provisoire, vendait crèmes, filtres, boîtes magnétiques pour éloigner les ondes négatives et monnayait ses services pour organiser des rituels ou des séances de relaxation ou d'exorcisme.

Trois de ses "patientes" avaient porté plainte pour des viols. Les faits qui lui étaient reprochés se sont déroulés entre 1997 et 1999,
date à laquelle une de ses victimes a dénoncé des viols.

L'avocat des parties civiles, Me Benjamin Gayet a évoqué la "manipulation mentale" dont ses clientes ont été victimes. L'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi), qui lutte contre les sectes, était également partie civile au procès.


Etats-Unis : Scientologie

Tom Cruise a suivi une formation intensive

AP, 19 décembre 2005

[Texte intégral]

Tom Cruise a suivi une formation intensive à la scientologie dans le désert californien, selon le "Los Angeles Times"

LOS ANGELES- Tom Cruise a suivi une formation intensive aux préceptes de l'Eglise de scientologie, dont il est l'un des membres les plus célèbres, dans une propriété retirée dans le désert du sud de la Californie à la fin des années 1980 et au début des années 1990, a rapporté samedi le "Los Angeles Times", citant d'actuels et d'anciens scientologues.

Derrières les murs de cette propriété de 200 hectares située à l'est de Los Angeles, Tom Cruise disposait d'un conseiller personnel chargé de superviser sa formation dans une salle privée, affirme le "Los Angeles Times" sur son Internet.

"J'ai vécu là-bas pendant huit ans et personne n'est resté aussi longtemps, à part Tom Cruise et Nicole Kidman, pendant cette période", explique au quotidien Bruce Hines, qui a quitté l'Eglise de scientologie après trente années d'appartenance.

Les séjours de Tom Cruise dans la propriété duraient plusieurs semaines. Il arrivait par voiture ou hélicoptère, selon d'anciens scientologues qui affirment l'avoir vu là-bas.
Il demeurait dans un bungalow près d'un parcours de golf et avait à sa disposition 24 heures sur 24 plusieurs personnes chargées de s'occuper de ses taches quotidiennes, comme préparer ses repas ou laver son linge.

Maureen Bolstad, une ancienne scientologue affirmant avoir vécu dans la propriété pendant 17 ans, assure ainsi qu'une vingtaine de personnes ont travaillé jour et nuit il y a une quinzaine d'années pour semer un champ de fleurs mis ensuite à la disposition de Tom Cruise et Nicole Kidman.

L'acteur a également suivi des cours de scientologie dans des centres de formation plus connus de l'organisation à Hollywood ou Clearwater (Floride), mais il a passé la majeure partie de son temps dans le centre californien, affirme le "Los Angeles Times".

Selon Mike Rinder, directeur de l'Office international des affaires spéciales de l'Eglise de scientologie, ces affirmations sont l'oeuvre d"'apostats". Tom Cruise n'a effectué aucune longue visite au centre californien depuis le début des années 1990 et a principalement reçu sa formation ailleurs, a-t-il précisé.

Fondée en 1954 par Ron Hubbard, décédé en 1986, l'Eglise de scientologie enseigne notamment que la "libéralisation spirituelle" des problèmes de l'existence peut être obtenue par le biais d'entretiens individuels au cours desquels les réponses des membres sont analysées par un appareil similaire à un détecteur de mensonge.

Considérée par beaucoup comme une secte, elle a séduit de nombreuses stars américaines, comme John Travolta.

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D'apres un article du 18 décembre 2005 Los Angeles Time :

At Inland Base, Scientologists Trained Top Gun
Tom Cruise studied intensively at the remote compound near Hemet while becoming a passionate messenger for the church.



France : Sectes

Durcissement à la mission de lutte contre les dérives sectaires

Le Monde , 20 décembre 2005 par Xavier Ternisien

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Nathalie Luca a quitté le conseil d'orientation de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Spécialiste des sectes, chargée de recherche au Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, elle explique dans sa lettre de démission, datée du 16 novembre, qu'elle refuse d'être liée "à un prévisible durcissement de la position de la Miviludes".

 Nathalie Luca a reçu le soutien de Danièle Hervieu-Léger, présidente de l'EHESS. Un accord de coopération entre la Miviludes et l'école a été suspendu.

La politique du nouveau président de la mission est mise en cause. Ancien secrétaire général de la Commission consultative du secret de la défense nationale, Jean-Michel Roulet a pris la succession de Jean Langlais, le 1er octobre. Ce dernier avait accompagné la transformation de l'ancienne Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) en Miviludes, l'accent étant mis désormais sur les "dérives sectaires". Ce changement marquait une volonté de rupture avec la logique consistant à dresser des listes de sectes, qui avait prévalu dans le rapport parlementaire de 1995.

Dans sa lettre au président de la Miviludes, Mme Luca constate que "le président Langlais avait réussi, par sa tempérance, à restaurer le dialogue et le débat nécessaires à la gestion équilibrée mais efficace de ces questions délicates, suscitant trop souvent passion et excès. Il était également parvenu à mieux faire comprendre, à l'étranger, la position française".

De fait, la gestion du phénomène sectaire par le gouvernement français est régulièrement épinglée dans les enceintes internationales comme portant atteinte aux libertés. Or, la rapporteuse spéciale sur la liberté religieuse de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, Asma Jahangir, en visite en France en septembre, s'était félicitée de l'approche "plus équilibrée" mise en oeuvre par la Miviludes (Le Monde du 30 septembre).

Nathalie Luca était la seule universitaire spécialiste des nouveaux mouvements religieux au sein du conseil d'orientation de la Miviludes. Son départ renforce le poids des autres membres du conseil, en particulier des députés Jean-Pierre Brard (app. communiste) et Georges Fenech (UMP), et des représentants des associations de défense des victimes (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu, Centre contre les manipulations mentales).

Jean-Michel Roulet admet un infléchissement de la politique de la Miviludes. "La Miviludes n'est pas un laboratoire de recherche, insiste-t-il. Il y a eu des dérives au cours des six derniers mois. Les parlementaires se plaignaient, les associations de défense des victimes aussi. La Miviludes va faire à nouveau son travail. Elle va remplir l'ensemble des missions que le décret de création lui a assignées."



France : Actualités diverses

Censure à l'agence France Presse

Agoravox, 20 décembre 2005 par Alain Hertoghe (Carte de presse)

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Nicolas Sarkozy a-t-il eu la main heureuse en nommant le fringuant député-maire d’Asnières-sur-seine, Manuel Aeschlimann, "Monsieur opinion publique" de l’UMP ? Au vu de son brillant curriculum vitae de météorite politique, et du rythme auquel il envoie au patron du parti majoritaire des notes affûtées sur les attentes des Français pour 2007, certainement.

Mais l’actuel ministre de l’intérieur et futur candidat présidentiel sera peut-être surpris d’apprendre que sa nouvelle recrue ne se limiterait pas à étudier l’opinion publique. L’élu d’Asnières (Hauts-de-Seine) aurait aussi tendance à la manipuler, quand il ressent le besoin de mettre au pas une opposition locale trop remuante à son goût.

"Carte de presse" a en effet appris qu’une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP), au contenu très contrariant pour Manuel Aeschlimann, avait été l’objet de ce qui ressemble furieusement à une censure. Et le député-maire d’Asnières, sa réputation de Sarko boy, ainsi que sa manie des plaintes en diffamation ne seraient pas pour rien dans la "courageuse" décision de la hiérarchie de l’AFP de garder sous le coude la désobligeante enquête.

Interrogé par "Carte de presse", l’auteur de l’article en question, Marc Bastian, correspondant de l’AFP pour les Hauts-de-Seine, s’est limité à un simple et bref "pas de commentaire". Manuel Aeschlimann, pour sa part, nous a confirmé avoir évoqué la dépêche préparée par Marc Bastian avec Pierre Taillefer, le directeur de l’information de l’AFP. Ce que reconnaît ce dernier. Mais le numéro deux de l’agence, également interrogé par "Carte de presse", dément par contre toute censure. Et il rejette tout lien entre sa discussion avec le maire d’Asnières et la décision de "passer à la trappe", selon sa propre expression, l’enquête prête à être diffusée sur le fil de l’AFP dès le 29 octobre dernier.

Mais revenons d’abord un peu en arrière, pour tenter de comprendre le funeste sort réservé à cette dépêche.

Le 22 octobre dernier, le quotidien Le Monde publiait deux articles sur ce qui allait rapidement devenir "l’affaire Elahi" dans les médias. Le journaliste, Gérard Davet, y révélait que la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la Direction de la surveillance du territoire (DST) avaient dans leur ligne de mire une "organisation Elahi". Dans une note datée du 7 septembre, la DCRG qualifiait, en substance, de secte cette nébuleuse mystico-religieuse d’origine iranienne, basée à Asnières, qui essayerait d’infiltrer les institutions municipales. Rien que cela ! Voilà une note des RG tombant comme pain béni pour Manuel Aeschlimann, qui dénonçait justement, depuis un moment, les agissements du supposé gourou Bahram Elahi, un de ses administrés, et de sa supposée secte. (Pour plus de détails, lire les articles du Monde en cliquant ici)

Mais le journaliste du Monde a négligé d’informer ses lecteurs du fait que le maire d’Asnières avait un ancien et lourd contentieux, sur des questions d’urbanisme, avec des associations de quartier dont certains animateurs étaient également membres de la Fondation Ostad Elahi, sise à Paris et présidée par son fils, le "gourou" Bahram Elahi. De là à imaginer que Manuel Aeschlimann pourrait avoir eu intérêt à intimider des associations locales flirtant de plus en plus avec son opposition municipale, il n’y a qu’un pas, franchi sans hésitation par Luc Bérard de Malavas. "La polémique récente autour de la Fondation Ostad Elahi est une machination politique venant de l’UMP", a déclaré à l’AFP le président du groupe socialiste au Conseil municipal d’Asnières. Ambiance !

L’histoire de la menaçante "organisation Elahi" révélée par Le Monde allait en tout cas rapidement connaître un franc succès dans les médias (AFP, FR3 Île-de-France, Canal Plus, 20 minutes, Marianne...). Parfois agrémentée du terrifiant témoignage d’un supposé ex-adepte, Mohammad Farshid Samali, affirmant avoir les tueurs d’Elahi aux trousses. Aux journalistes qui s’informent à la mairie d’Asnières sur cette affaire, Manuel Aeschlimann ou son directeur de cabinet, Francis Pourbagher, propose en effet, outre un volumineux dossier à charge contre la "secte", une rencontre avec ce témoin providentiel...

Alors que contient donc de si dérangeant, pour l’élu d’Asnières, l’article qui n’est pas devenu jusqu’à ce jour une dépêche officielle de l’AFP ? Selon les informations de "Carte de presse", cette enquête nous apprend, sources de haut niveau à l’appui, que la communauté française du renseignement n’a mené en réalité aucune investigation sur ladite "organisation Elahi". Plus étonnant encore : les auteurs de la note des RG citée par Le Monde assurent que son inspirateur ne serait autre que... Manuel Aeschlimann lui-même.

Susciter une note des RG, manipuler Le Monde et obtenir la censure de la contre-enquête de l’AFP : franchement, si tout cela est vrai, même pour un "Monsieur opinion publique", chapeau !

Le député-maire d’Asnières dément évidemment cette présentation des faits. Il jure ses grands dieux qu’il a appris l’existence de la note des RG en lisant Le Monde. D’autre part, selon lui, il a appelé Pierre Taillefer, le directeur de l’information de l’AFP, le 9 novembre dernier, parce que ses avocats venaient de lui apprendre que les conseils de la Fondation Ostad Elahi avaient utilisé la dépêche non publiée de l’AFP dans une procédure de justice les opposant. Toujours d’après Manuel Aeschlimann, le directeur de l’information lui a déclaré que la fameuse dépêche ne serait pas mise sur le fil AFP parce qu’elle n’était "pas équilibrée".

Pierre Taillefer ne veut ni confirmer ni démentir cette version de l’élu UMP. Mais il précise que l’article de Marc Bastian avait été "bloqué par son chef de service", avant l’appel de Manuel Aeschlimann, pour un "problème d’écriture" car il était "un peu ésotérique" et "compliqué à comprendre".

En l’état de ses informations, "Carte de presse" maintient toutefois sa conclusion, qui contredit les versions du député-maire d’Asnières et du directeur de l’information de l’AFP : la dépêche, rédigée on ne peut plus clairement, a bien été victime d’une censure pour son contenu, à la suite d’une intervention directe de celui qui aime à rappeler à ses interlocuteurs qu’il est proche de Nicolas Sarkozy, et qu’il a d’excellents avocats experts ès diffamations...


Belgique : Sectes

Les sectes recrutent jeune

Le Soir , 20 décembre 2005 par Ricardo Gutierrez

[Texte intégral]

Les sectes recrutent jeune

Dans les sectes, plus d'un membre sur quatre a été recruté avant l'âge adulte. C'est l'un des résultats d'une enquête menée en Belgique auprès d'adeptes de plusieurs « mouvements religieux contestés ». Les chercheurs ont aussi dressé le profil type de ces personnes.

Pour la première fois, en Belgique, des chercheurs universitaires ont pu interroger les adeptes d'une série de sectes. Plus exactement des membres de « mouvements religieux contestés », puisqu'il n'existe pas de définition officielle, légale, des groupes sectaires. L'enquête menée par l'Université catholique de Louvain (UCL) montre que les sectes ne concernent pas que les adultes... Parmi les quelques centaines d'adeptes interrogés, 11 % ont rejoint leur mouvement à l'adolescence et 15 % pendant l'enfance. Bref, plus d'un membre sur quatre a été recruté avant l'âge adulte. Faut-il s'en inquiéter ? Les chercheurs sont nuancés : ils avancent que les sectes n'utilisent pas vraiment de méthodes spécifiques de persuasion pour « recruter »... Et ceux qui se laissent tenter ne voient pas forcément leur personnalité passer du noir au blanc après leur adhésion. Les chercheurs montrent en fait que les adeptes d'une secte présentent généralement un profil type. Leur personnalité est très proche de celle des fidèle des religions établies. Souvent, ce sont des personnes qui ont eu des relations difficiles avec leurs parents, pendant leur jeunesse ; beaucoup ont souffert d'une dépression ou ont éprouvé une difficulté particulière avant de s'engager dans le mouvement. Les experts de l'UCL expliquent même que l'engagement dans la secte peut avoir, pour eux, un effet positif sur le bien-être.

Pas de danger, donc ? L'étude incite, au contraire, à la prudence : les adeptes des « mouvements religieux contestés » renoncent automatiquement à une part de liberté. Jusqu'à se mettre en danger, socialement. Les experts ont même établi une liste de 27 critères qui permettent de mesurer la dangerosité des sectes. Le premier est l'embrigadement des enfants. Le rapport de l'UCL ne se contente pas de décrire le paysage sectaire. Il incite aussi l'Etat à mieux encadrer les sectes. Par exemple, en adaptant la loi qui punit le harcèlement moral. Ou en imposant aux mouvements religieux l'adoption d'un code de bonne conduite.


France : Témoins de Jéhovah

La CEDH condamne la France à verser une amende à un témoin de Jéhovah

Le Monde , 22 décembre 2005

[Texte intégral]

L
a CEDH a condamné la France à verser une amende à un Témoin de Jéhova. Celui-ci avait été condamné pour diffamation envers l'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (Unadfi), une association française de lutte contre les sectes, et a donc obtenu réparation à Strasbourg.

Dans un arrêt rendu jeudi 22 décembre à l'unanimité des juges, la Cour européenne des droits de l'homme estime que le requérant a été victime d'une violation de son droit à la liberté d'expression. Elle condamne donc la France à lui verser 6 900 euros pour dommage matériel.
"LA LIBERTÉ D'EXPRESSION DOIT PRÉVALOIR"Christian Paturel, qui est âgé de 58 ans et réside dans l'Eure, avait publié en 1996, à compte d'auteur, un ouvrage intitulé Sectes, religions et libertés publiques. Il y dénonçait en termes virulents les mouvements antisectes – et l'Unadfi en particulier –, qu'il comparait aux mouvements antisémites et antimaçonniques d'avant guerre, voire à l'Inquisition, et qu'il accusait de pratiquer la violence pour "déprogrammer" certains adeptes.Le tribunal correctionnel de Paris avait condamné l'auteur et son éditeur, La Pensée universelle, respectivement à 10 000 et 20 000 francs d'amende (1 500 et 3 000 euros) dans un jugement du 25 mars 1997. Le jugement fut confirmé par la cour d'appel, qui alloua en outre 15 000 euros pour frais à la partie civile.Dans son arrêt, la juridiction du Conseil de l'Europe "estime que les déclarations incriminées reflètent des assertions sur des questions d'intérêt public et constituent à ce titre des jugements de valeur [qui n'ont pas à être démontrés] plutôt que des déclarations de faits". Elle juge également l'ensemble des pénalités financières exagérées au regard de la cause.

L'arrêt est assorti d'une "opinion concordante" du juge français Jean-Paul Costa, qui avoue avoir hésité à se rallier à l'opinion de ses collègues. Notant que la condamnation reposait en partie sur "de graves allégations de faits" que l'auteur n'a pas su prouver, il prend en compte les jugements de valeur plus nombreux qui ont été retenus par la justice française pour estimer que la liberté d'expression doit prévaloir



France : Témoins de Jéhovah

ARRÊT DE CHAMBRE PATUREL c. FRANCE

[Texte intégral]

22.12.2005
Communiqué du Greffier

 La Cour européenne des Droits de l’Homme a communiqué aujourd’hui par écrit son arrêt de chambre[1] dans l’affaire Paturel c. France (requête no 54968/00).

 La Cour conclut, à l’unanimité, à la violation de l’article 10 (liberté d’expression) de la Convention européenne des Droits de l’Homme.

La Cour dit que le constat d’une violation fournit en soi une satisfaction équitable suffisante pour le dommage moral subi par le requérant. En application de l’article 41 (satisfaction équitable) de la Convention, elle lui alloue 6 900 euros (EUR) pour dommage matériel ainsi que 7 820,29 EUR pour frais et dépens. (L’arrêt n’existe qu’en français.)
1.  Principaux faits

Le requérant, Christian Paturel, est un ressortissant français âgé de 58 ans et résidant à Croth (France).

 En février 1996, le requérant fit paraître un ouvrage intitulé « Sectes, Religions et Libertés Publiques ». Ce livre fut édité à compte d’auteur par la maison d’édition « La pensée universelle ». L’ouvrage visait à dénoncer les dérives des mouvements anti-sectaires privés, financés par les pouvoirs publics et mettait notamment en cause l’Union nationale des associations de défense de la famille et de l’individu (UNADFI), une association oeuvrant dans le domaine des pratiques des organisations sectaires.

 L’UNADFI porta plainte contre le requérant et son éditeur pour diffamation. Par jugement du 25 mars 1997, le tribunal correctionnel de Paris déclara le requérant et le directeur de publication coupables de diffamation et les condamna respectivement à 20 000 et 10 000 francs d’amende (soit l’équivalent de 3 048 et 1 524 EUR), à verser un franc à titre de dommages et intérêts à l’UNADFI ainsi qu’à la publication de la condamnation dans deux journaux. Ce jugement fut confirmé par la cour d’appel de Paris qui condamna en outre les prévenus à verser à l’UNADFI 15 000 EUR au titre des frais qu’elle avait engagés.

 Tant en première instance qu’en appel, les juridictions estimèrent que si la dénonciation des abus susceptibles d’être commis au nom de la lutte contre le phénomène sectaire était un but légitime, les exigences de sérieux de l’enquête et de prudence dans l’expression faisaient défaut, le requérant faisant en outre preuve d’animosité personnelle à l’égard de l’UNADFI.

 Par un arrêt du 5 octobre 1999, la Cour de cassation rejeta le pourvoi du requérant.

 2.  Procédure et composition de la Cour

 La requête a été introduite devant la Cour européenne des Droits de l’Homme le 6 décembre 1999 et déclarée en partie recevable le 7 octobre 2004.
L’arrêt a été rendu par une chambre de 7 juges composée de :
Christos Rozakis (Grec), président,
Loukis Loucaides (Cypriote),
Jean-Paul Costa (Français),
Françoise Tulkens (Belge),
Elisabeth Steiner (Autrichienne),
Khanlar Hajiyev (Azerbaïdjanais),
Dean Spielmann (Luxembourgeois), juges,

ainsi que de Søren Nielsen, greffier de section.

3.  Résumé de l’arrêt[2]
Griefs

Le requérant soutenait que sa condamnation pénale avait emporté violation des articles 9 (droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion) et 10 de la Convention.

 Décision de la Cour

 La Cour décide d’examiner les griefs du requérant sous l’angle de l’article 10 uniquement. La question qui se pose elle est de déterminer si l’ingérence dans le droit du requérant à sa liberté d’expression était nécessaire dans une société démocratique.

 Les juridictions du fond ont reproché au requérant de n’avoir pas rapporté la véracité de ses propos. Contrairement à celles-ci, la Cour estime que les déclarations incriminées reflètent des assertions sur des questions d’intérêt public et constituent à ce titre des jugements de valeur plutôt que des déclarations de faits. Ayant rappelé que les jugements de valeur ne se prêtent pas à une démonstration de leur exactitude, la Cour note que les nombreux documents fournis par le requérant constituent une base factuelle suffisante.

Les juridictions françaises ont surtout reproché au requérant son manque de prudence et de mesure dans l’expression, le tribunal estimant qu’il avait « excédé les limites autorisées dans le cadre de ce débat, en employant à l’adresse de la partie civile des termes particulièrement violents et outranciers, exclusifs de toute prudence et de mesure dans l’expression ». La Cour relève notamment que certains passages incriminés ont assurément une connotation négative. Cependant, malgré une certaine hostilité dans certains extraits litigieux et la gravité éventuellement susceptible de caractériser certains propos, la question centrale du livre porte sur les méthodes de lutte contre les organisations qualifiées de « sectes ». Or force est de reconnaître que la question des « sectes » ou « mouvements sectaires » est largement débattue dans les sociétés européennes. Elle concerne à l’évidence un problème d’intérêt général qui, de fait, appelle une interprétation étroite.

Les juridictions françaises ont retenu, outre l’absence de sérieux de l’enquête et de prudence dans l’expression, l’animosité personnelle du requérant à l’égard de l’UNADFI. La Cour note à cet égard qu’indépendamment de l’interprétation des passages litigieux du livre du requérant, le fait que celui‑ci ait été Témoin de Jéhovah a été retenu par les juges du fond pour caractériser cette animosité. Le tribunal correctionnel a expressément considéré que la qualité de membre de l’association des témoins de Jéhovah renforçait l’animosité personnelle du requérant à l’égard de l’UNADFI, cette dernière ayant rangé l’association des Témoins de Jéhovah au nombre des sectes. Pour sa part, la cour d’appel a jugé que les passages litigieux étaient « d’autant plus outrageants » qu’ils prêtaient à l’UNADFI « précisément les défauts des sectes ».

 Or, de telles considérations, qui visent l’association des Témoins de Jéhovah et le requérant en sa qualité de membre, ne sauraient constituer, en elles-mêmes, des motifs pertinents et suffisants pour entraîner la condamnation du requérant. De plus, la Cour rappelle que les associations s’exposent à un contrôle minutieux lorsqu’elles descendent dans l’arène du débat public et que, dès lors qu’elles sont actives dans le domaine public, elles doivent faire preuve d’un plus grand degré de tolérance à l’égard des critiques formulées par des opposants au sujet de leurs objectifs et des moyens mis en œuvre dans le débat.

 Quant à la peine infligée au requérant, la Cour estime que si les dommages et intérêts se résumaient au « franc symbolique », l’amende, bien que relativement modérée, à laquelle s’ajoutaient le montant de la publication d’un communiqué dans deux journaux et les frais accordés à l’UNADFI, ne paraissaient pas justifiés au regard des circonstances de la cause.

 Dès lors, la Cour conclut à la violation de l’article 10.

 Le juge Costa a exprimé une opinion concordante à laquelle se rallie le juge Spielmann. Le texte de cette opinion se trouve joint à l’arrêt.

 

***
Les arrêts de la Cour sont disponibles sur son site Internet (http://www.echr.coe.int).

Greffe de la Cour européenne des Droits de l’Homme
F – 67075 Strasbourg Cedex
Contacts pour la presse :    Roderick Liddell (téléphone : +00 33 (0)3 88 41 24 92)
                                             Emma Hellyer (téléphone : +00 33 (0)3 90 21 42 15)
                                             Stéphanie Klein (téléphone : +00 33 (0)3 88 41 21 54)
                                             Beverley Jacobs (téléphone : +00 33 (0)3 90 21 54 21)
Télécopieur : +00 33 (0)3 88 41 27 91

 La Cour européenne des Droits de l’Homme a été créée à Strasbourg par les Etats membres du Conseil de l’Europe en 1959 pour connaître des allégations de violation de la Convention européenne des Droits de l’Homme de 1950. Elle se compose d’un nombre de juges égal à celui des Etats parties à la Convention. Siégeant à temps plein depuis le 1er novembre 1998, elle examine en chambres de 7 juges ou, exceptionnellement, en une Grande Chambre de 17 juges, la recevabilité et le fond des requêtes qui lui sont soumises. L’exécution de ses arrêts est surveillée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. La Cour fournit sur son site Internet des informations plus détaillées concernant son organisation et son activité.
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[1] L’article 43 de la Convention européenne des Droits de l’Homme prévoit que, dans un délai de trois mois à compter de la date de l’arrêt d’une chambre, toute partie à l’affaire peut, dans des cas exceptionnels, demander le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre (17 membres) de la Cour. En pareille hypothèse, un collège de cinq juges examine si l’affaire soulève une question grave relative à l’interprétation ou à l’application de la Convention ou de ses protocoles ou encore une question grave de caractère général. Si tel est le cas, la Grande Chambre statue par un arrêt définitif. Si tel n’est pas le cas, le collège rejette la demande et l’arrêt devient définitif. Autrement, les arrêts de chambre deviennent définitifs à l’expiration dudit délai de trois mois ou si les parties déclarent qu’elles ne demanderont pas le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre.

[2] Rédigé par le greffe, ce résumé ne lie pas la Cour.


Etats-Unis : Religions

Le "dessein intelligent" des chrétiens conservateurs ne passera pas

Courrier international, 23 décembre 2005 par Eric Glover

[Texte intégral]

Un juge américain a décidé que le concept de "dessein intelligent" devait être extirpé des programmes d'éducation, alors que c'est sur cette invention que les chrétiens conservateurs, une des bases électorales de George W. Bush, essaient de promouvoir leurs idées dans les établissements scolaires. Un revers pour les réactionnaires, mais une victoire pour l'intelligence, selon la presse américaine.

"Aujourd'hui, les chrétiens conservateurs qui dominaient il y a peu le bureau de l'éducation de l'école de Dover, en Pennsylvanie, doivent regretter leur témérité, eux qui ont voulu imposer l'enseignement du 'dessein intelligent' dans les classes de biologie comme une alternative à la théorie de l'évolution. Ils ont non seulement été virés du dit bureau de l'éducation [instance représentative qui oriente les contenus éducatifs] en novembre dernier, mais un juge fédéral vient de déclarer leur initiative anticonstitutionnelle et ordonner à l'école de Dover d'abandonner l'enseignement du 'dessein intelligent' dans les cours de biologie", constate The New York Times dans un éditorial.

"Une décision intelligente", affirme le Los Angeles Times, qui décrit ce concept de "dessein intelligent" comme "l'idée que la vie est si complexe qu'elle a dû être créée par une intelligence supérieure", intelligence supérieure que "les défenseurs de cette théorie du 'dessein intelligent' se gardent bien de nommer, même s'ils pensent que cette intelligence supérieure est Dieu", ajoute le NYT.

"La décision du juge Jones, le mardi 20 décembre, ne s'appuie sur aucune jurisprudence", remarque The Washington Post. Et ne nous y trompons pas, reprend le Los Angeles Times, "ce jugement n'empêchera certainement pas les zélateurs du 'dessein intelligent' de continuer à essayer d'infiltrer les programmes scolaires". Mais, "la décision du juge Jones présente l'intérêt d'être claire et argumentée", poursuit le Post. Et, remarque le New York Times, "le juge Jones ne peut être soupçonné d'être un activiste libertaire, lui qui émarge depuis longtemps au Parti républicain et a été nommé par George W. Bush".

"Le juge Jones relève que les défenseurs du 'dessein intelligent' n'évoquent jamais clairement Dieu et emploient un langage à résonance scientifique, mais qu'ils défendent cependant des thèses religieuses", continue le Washington Post. "Ce concept fournit une explication surnaturelle à des phénomènes naturels, ce qui est dans l'essence une approche non scientifique, non vérifiée et, de fait, non vérifiable. En outre, quand le bureau de l'éducation de Dover a décidé d'imposer cet enseignement, les membres qui l'avaient défendu n'ont pas caché à l'époque qu'ils le faisaient pour des motifs religieux. 'Il est amusant', note le juge, 'que ces personnes qui clament haut et fort leurs convictions religieuses en public se soient senti obligées de tricher et de mentir devant la cour afin de cacher leurs intentions réelles dans le domaine scolaire'. Or, a rappelé le tribunal, la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne tolère pas le prosélytisme religieux dans les écoles publiques. En conséquence, le 'dessein intelligent' ne peut et ne doit pas y être enseigné."

Pour autant, le LA Times ne se fait pas d'illusions : "Tout comme la vie sur la planète, le prosélytisme pour l'enseignement à l'école publique de croyances religieuses – généralement, d'ailleurs, des croyances chrétiennes – n'est pas en voie d'extinction. Il va donc continuer d'une manière ou d'une autre", et l'expression "dessein intelligent" va céder la place à autre chose, de même nature mais sous d'autres mots.

Or, estime l'éditorial du Los Angeles Times, "la science ne prouve ni ne nie le rôle d'un pouvoir divin dans la nature ; c'est simplement une question qui ne l'intéresse pas, car elle relève du domaine de la religion ou de la philosophie, tout comme la notion de 'dessein intelligent'". Un point de vue que ne partage pas du tout The Christian Science Monitor, qui argumente que "nul aujourd'hui ne peut tracer une limite claire entre ce qui est scientifique et ce qui ne l'est pas. Toute la philosophie des sciences du XXe siècle a essayé de fixer une telle limite, et elle a échoué".

Pour autant, tempère le quotidien chrétien, "il ne faut effectivement pas enseigner le 'dessein intelligent' dans les classes de biologie. Non pas parce que c'est faux dans l'absolu, mais parce que c'est un concept très faible au niveau scientifique. Or, dans des classes de science, il faut enseigner les théories qui ont fait leurs preuves, pas celles qui reposent sur quelques éléments épars et sans force."

En cela, juge le quotidien britannique The Guardian, "l'interdiction d'un concept aussi pauvre dans un cursus scolaire est une excellente chose. Car laisser planer le doute sur la théorie de l'évolution avec des arguments fallacieux est chose grave. Certes, en science rien n'est jamais sûr, mais si la théorie de Darwin a été revue, corrigée, améliorée depuis la parution, en 1859, de De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, s'il y a de nombreuses discussions au sein de la théorie, celles-ci ne portent pas sur la notion même d'évolution, totalement acceptée par la communauté scientifique et vérifiée quotidiennement, ne serait-ce qu'avec les mutations des bactéries qui deviennent ainsi résistantes à certains antibiotiques."

"Le 'dessein intelligent' est le produit d'une idée très ancienne : la nature semble si parfaite qu'elle ne peut être le produit du hasard. Et pourtant, c'est le cas ! Et la théorie de l'évolution est aussi solide que la théorie newtonienne sur les déplacements des solides. Elles ne sont pas sûres, mais ce sont elles qui nous amènent au bureau chaque jour, en Australie, et même sur la Lune."

Son confrère britannique The Economist note même que la théorie de l'évolution est probablement la théorie la plus fructueuse du XIXe siècle. "On a souvent en mémoire qu'elle favorise 'la survie du plus fort' - alors que ce mot est d'Herbert Spencer et pas de Darwin - mais en réalité l'avancée la plus spectaculaire du darwinisme moderne est d'avoir identifié que la collaboration et la confiance étaient au cœur de l'évolution humaine, et pas simplement la concurrence et la compétition."

Et que ces deux comportements humains, concurrence et coopération, "soient également au cœur de l'activité économique est sans aucun doute une ironie du sort. Car la lutte entre égoïsme et altruisme est sans fin et sans vainqueur. Il n'est donc pas étonnant que le pays le plus capitaliste de la planète, les Etats-Unis, est aussi celui où l'on trouve des gens pour prétendre que l'évolution n'existe pas."

"Parmi les trois grands concepts nés au XIXe siècle - le darwinisme, le marxisme et le freudisme -, le deuxième est mort douloureusement, le troisième glisse doucement vers sa fin, le premier est de plus en plus fort, et nous réalisons chaque jour à quel point il a forgé notre humanité. Et c'est là sans doute une pensée pleine d'espoir pour entrer dans la nouvelle année."


Suisse : Méditation transcendantale

Un projet de centre de méditation transcendantale suscite
l'interrogation en Ajoie

RFJ, 24 décembre 2005 par Julian Pidoux

[Texte intégral]

Un projet de construction d'un centre de méditation transcendantale suscite l'interrogation en Ajoie. La construction, devisée à 25 millions, devrait voir le jour à Vendlincourt. Les promoteurs parlent
d'un centre de remise en forme.

Pour ses détracteurs, il s'agit bien d'un centre abritant la secte Maharishi. Une question écrite vient d'être déposée par la députée socialiste Lucienne Merguin Rossé pour faire toute la lumière sur le projet. /fq


France : Témoins de Jéhovah

Le combat d'un père

Le progrès, 25 décembre 2005 par Geoffrey Mercier

[Texte intégral]

Un père de 28 ans se démène pour que son fils, qui vit avec sa mère, adepte des Témoins de Jéhovah, ne soit plus soumis aux préceptes de la secte. Un gamin de cinq ans pour lequel «Noël, c'est satan»

«Noël, c'est avec Satan! Et moi, je suis avec Jéhovah et toi t'es avec Satan. Facile ! Satan est méchant, moi j'suis gentil. Bien sûr Jéhovah il est gentil ! Et toi, t'es dans le coté de Satan». Cette conversation téléphonique, Laurent (1), l'a eu avec son fils il y a quelques semaines. Depuis, il a entamé un véritable marathon en contactant de nombreuses associations, des élus, ainsi que la Miviludes (2) avant d¹alerter le procureur de la République de Lyon.

Après cette conversation il avait d'abord contacté les Témoins de Jéhovah en exigeant un rendez-vous avec «quelqu¹un de neutre et de haut placé». Aucune nouvelle. Son épouse était déjà adepte des Témoins de Jéhovah quand elle a épousé Laurent qui avait 18 ans à l¹époque. Elle a ensuite rejoint une «salle» de Vénissieux. Puis l¹empreinte de la secte, insidieusement, s'est faite un peu plus forte chaque jour. C'est finalement le divorce en 2003. Entre temps, un petit garçon, Tom (1) est né. A la séparation du couple, il va vivre avec sa mère.

«Etre marié avec un Témoin de Jéhovah, c¹est couper tous les ponts raconte Laurent qui ne manque pas d¹exemples: un horoscope à la radio, et ma femme change de station, l'horoscope est satanique, célébrer un anniversaire, le Jour de l'An tout ça est interdit. Il y a même des chansons interdites. Sans parler de l'interdiction de faire l'objet de transfusions, même aux enfants!». Pourtant Laurent le reconnaît, «je ne suis pas un père modèle».

Les réponses de la Justice

«C'est une situation très fréquente commente Charline Delporte, responsable régionale de l'ADFI dans le Nord, les manipulations sur cet enfant correspondent à un véritable endoctrinement, et la mère va être malheureuse, elle aussi est endoctrinée. Il va grandir avec toutes ces interdictions, et un sentiment de culpabilisation, ces enfants n¹ont plus d'esprit critique ni de libre arbitre». Mais la Justice n¹hésite pas à intervenir.

En mars1999, le tribunal administratif de Lyon a jugé bien fondé le retrait de l'agrément d'une assistante maternelle qui s'appuyait sur la doctrine de sa secte pour refuser de fêter Noël et les anniversaires. En septembre dernier la cour d'appel d'Aix-en-Provence a interdit à une mère d'emmener son fils de cinq ans sur les lieux de culte des Témoins de Jéhovah considérant que l'interdiction de fêter Noël «n'est pas appropriée au développement psychologique de celui-ci». Quant au père, qui a quand même fêté Noël avec son fils le dernier week-end, il envisage également une action contre les Témoins de Jéhovah pour manipulation mentale.

NOTE
(1) Les prénoms utilisés ont été modifiés afin de préserver l¹identité de l¹enfant
(2) Mission interministerielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires qui dépend directement du Premier Ministre.


France : Témoins de Jéhovah

L'Etat doit accomplir ses missions sans états d'âme

voir article ci dessus

Le progrès, 25 décembre 2005 - propos recueillis par Geoffrey Mercier

[Texte intégral]

Depuis octobre dernier, Jean-Michel Roulet est à la tête de la Miviludes, un service qui dépend du Premier Ministre

- Quels sont les moyens dont dispose la Justice dans des cas pareils?

La justice peut prendre toutes les mesures conservatoires pour protéger les enfants en danger. Les jurisprudences sont aujourd¹hui convergentes quand il y a des atteintes au développement psychologique de l¹enfant. Des mesures autoritaires peuvent être prises lorsque les détenteurs de l¹autorité parentale sont déficients.

Vous êtes souvent sollicité pour des affaires concernant les Témoins de Jéhovah?

Les signalements sur les Témoins de Jéhovah sont assez récurrents, car ils sont nombreux. Et comme dans toutes les organisations fermées ils font en sorte que les problèmes ne sortent pas. Mais nous sommes alertés par les associations, les familles, des élus ou par les victimes elles mêmes, mais bien souvent dans ces cas là les faits sont touchés par la prescription. Quelles sont les missions de la Miviludes? D¹abord une mission de vigilance: observer, ouvrir les oreilles, les yeux, grâce notamment à l¹aide des services de l¹Etat, Renseignements Généraux, services de santé, éducation nationaleŠ mais aussi celles des entreprises. Nous avons ensuite une mission de lutte. Nous mettons les associations à contribution ainsi que les services de l¹Etat. Nous effectuons des signalements auprès de la chancellerie.

Les positions de la Miviludes ont semblé un peu tempéré ces deux dernières années, elles vont évoluer?

La Miviludes a l'ambition de faire son travail, et de bien le faire. Il y a de belles théories qui dans la pratique ne valent rien. L'Etat ne peut pas être absent sur ces questions de secte et doit accomplir ses missions sans états d'âme. Les grands idéaux de liberté reviennent parfois à ce que les plus faibles soient les victimes. Les vrais défenseurs des libertés ne sont pas les belles âmes soi-disant généreuses.

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REPÈRES
Les Témoins de Jéhovah ont été répertoriés en France comme mouvement sectaire par une commission d'enquête parlementaire en 1995
Environ 110 000 adeptes en France, six millions dans le monde. Les membres de ce groupe sont connus pour leur évangélisation de porte à porte ou dans les rues, annonçant l'instauration prochaine du paradis sur la Terre grâce au Royaume de Dieu.
Ils refusent de briguer des charges politiques, de voter, d'accomplir un service militaire, de recevoir des transfusions sanguines ainsi que de célébrer plusieurs fêtes considérées comme d'origine païenne ou patriotiques. Ils sont aussi connus pour leur critique virulente des autres religions considérées comme sataniques.


France : Sectes - Scientologie

Assemblée Nationale - Questios/réponses - Madame Ségolène Royal

Journal Officiel , 27 décembre 2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 47125  de Mme Royal Ségolène ( Socialiste - Deux-Sèvres ) QE 
Ministère interrogé :  économie 
Ministère attributaire :  intérieur et aménagement du territoire 
 Question publiée au JO le : 21/09/2004 page : 7234 
 Réponse publiée au JO le : 27/12/2005 page : 12105 
 Date de changement d'attribution : 29/11/2005 
Rubrique :  État 
Tête d'analyse :  gouvernement 
Analyse :  ministre. réception de Tom Cruise. opportunité 

Texte de la QUESTION :  Mme Ségolène Royal interroge le M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la promotion de l'église de scientologie et la lutte contre les sectes. La scientologie, considérée comme une secte en France, a déjà vu plusieurs de ses membres faire l'objet de condamnations. M. Cruise en est la vitrine officielle et internationale. La rencontre de l'acteur américain avec le ministre des finances le 30 août dernier, et sa surmédiatisation orchestrée par le ministre lui-même, pose la question du devoir de réserve vis-à-vis de cette secte. En dehors de la couverture médiatique liée à sa mise en scène, elle lui demande quelle utilité un ministre des finances peut trouver à cette entrevue. - Question transmise à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. 

Texte de la REPONSE
:  L'honorable parlementaire interroge le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire sur l'entretien qu'il a accordé à l'acteur américain Tom Cruise, le 30 août 2004. L'entretien, organisé à la demande même de Tom Cruise, a été de caractère purement privé. Aucun sujet politique n'a été évoqué. C'était une rencontre amicale. 
SOC 12 REP_PUB Poitou-Charentes O


France : Sectes - Scientologie

Assemblée Nationale - Questios/réponses - Jean-Paul Bacquet - Scientologie

Journal Officiel , 27 décembre 2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 46856  de M. Bacquet Jean-Paul ( Socialiste - Puy-de-Dôme ) QE 
Ministère interrogé :  Premier ministre 
Ministère attributaire :  intérieur et aménagement du territoire 
 Question publiée au JO le : 21/09/2004 page : 7210 
 Réponse publiée au JO le : 27/12/2005 page : 12105 
 Date de changement d'attribution : 29/11/2005 
Rubrique :  État 
Tête d'analyse :  gouvernement 
Analyse :  ministre. réception de Tom Cruise. opportunité 

Texte de la QUESTION :  M. Jean-Paul Bacquet souhaite attirer l'attention de M. le Premier ministre sur l'émoi suscité par la rencontre entre M. Sarkozy et M. Tom Cruise. « Difficile à définir, peu aisé à mesurer, impossible à saisir dans sa globalité, le phénomène sectaire n'en constitue pas moins une réalité tangible du monde contemporain[...] l'État ne peut, à l'évidence, laisser se développer en son sein ce qui, à beaucoup d'égards, s'apparente à un véritable fléau. Rester passif serait, en effet, non seulement irresponsable à l'égard des personnes touchées ou susceptibles de l'être, mais dangereux pour les principes démocratiques sur lesquels est fondée notre République.... Nous ne nous sentons pas en France menacés par une tragédie du type Waco, voire un attentat du genre de celui perpétré par la secte Aoum dans le métro de Tokyo, mais les germes de tels drames existent sur notre territoire et la prévention s'impose », tels sont, M. le Premier ministre, quelques éléments de la conclusion du rapport fait au nom de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes, lequel a clairement établi, selon l'évaluation fournie par les renseignements généraux, l'Eglise de scientologie de Paris comme mouvement sectaire, objet de plusieurs procédures judiciaires en France. L'actualité récente nous a appris que M. Nicolas Sarkozy, ministre d'État, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, ancien ministre de l'intérieur en charge des cultes, avait rencontré M. Tom Cruise et qu'ils avaient « parlé de politique internationale, des élections américaines et françaises, etc. ». Certes, M. Tom Cruise est un acteur incontestable du cinéma américain, mais il est aussi une figure emblématique de l'Eglise de scientologie. Aussi, il est légitime de s'étonner qu'une telle rencontre ait été organisée, de façon d'ailleurs très médiatique, et ce d'autant plus que cette rencontre a eu lieu dans une période tragique pour notre pays, où les fondements de notre République, basés sur les valeurs de la laïcité, ont été attaqués et ont été l'objet d'un odieux et terrible chantage. La recherche effrénée d'une promotion médiatique tous azimuts de la part d'un ministre en exercice, qui aspire de plus à d'autres responsabilités politiques, ne saurait justifier une telle rencontre avec un représentant du monde sectaire, bien connu pour son prosélytisme. Nous ne pouvons oublier combien le mouvement sectaire, et en partie l'Eglise de scientologie, sont à l'origine de drames humains. Quelles que soient les raisons de cet entretien, il ne peut que semer un grand trouble et un profond doute quant à ses motivations réelles. Aussi, s'associant à l'indignation des associations de défense des familles contre les sectes, il lui demande de garder la plus grande vigilance pour que, à l'avenir, les principes de laïcité et de liberté de conscience auxquels tout républicain est attaché ne se trouvent pas bafoués de façon irresponsable par un représentant de son gouvernement. - Question transmise à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire.
 
Texte de la REPONSE :  L'honorable parlementaire interroge le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire sur l'entretien qu'il a accordé à l'acteur américain Tom Cruise, le 30 août 2004. L'entretien, organisé à la demande même de Tom Cruise, a été de caractère purement privé. Aucun sujet politique n'a été évoqué. C'était une rencontre amicale. 
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France : Ostad Elahi

A Asnières, la musique soufie n'adoucit pas le maire

Libération, 20 décembre 2005 par Renaud Lecadre

[Texte intégral]

L'élu dénonçait une secte. Débouté par la justice, il reçoit l'appui des RG.

Le soufisme et la musicologie sont-ils susceptibles de dégénérer en pratiques sectaires ? Vaste débat, dans lequel s'est engouffré le député-maire (UMP) d'Asnières (Hauts-de-Seine), Manuel Aeschlimann. Dans sa ligne de mire, la Fondation Ostad Elahi, du nom d'un ancien magistrat iranien (1895-1974), philosophe et musicien (grand maître du tanbur, le luth local), dont la famille réfugiée en France perpétue la mémoire via une association déclarée d'utilité publique en 2000. Jean-Pierre Chevènement, peu suspect de complaisances cléricale ou sectaire, était alors ministre de l'Intérieur. Quatre ans plus tard, Bernadette Chirac acceptera d'en être la présidente d'honneur.

Amis-ennemis. Le président de la fondation, Bahram Elahi, fils d'Ostad et médecin de profession, réside à Asnières. Dans sa vie profane, il est très sensible aux questions d'urbanisme. Au début des années 90, Aeschlimann et Elahi faisaient cause commune contre les projets immobiliers du maire de l'époque. «Il s'est servi de lui et de ses associations de quartier pour prendre le pouvoir à Asnières, affirme Me Farthouat, avocat de Bahram Elahi. Une fois élu maire, M. Aeschlimann a repris les projets immobiliers à son compte et n'avait plus besoin de M. Elahi.» L'entourage de l'actuel maire d'Asnières résume autrement l'affaire : «De vraies-fausses associations de quartier ont été créées par des membres de la Fondation Elahi, afin de protéger la rue ou ils habitent et plus précisément le pavillon de Bahram Elahi.» En 2003, la guerre est déclarée : un tract du maire, tiré à 40 000 exemplaires, dénonce une «infiltration par les membres d'une organisation spiritualiste, ésotérique et cultuelle», menant une «campagne de déstabilisation sous paravent associatif», menaçant «l'intégrité morale des Asnierois et de leurs enfants». Le mot secte n'est pas prononcé, mais c'est tout comme. En retour, les adversaires du maire dénoncent sa vigilance à géométrie variable : dans le même temps Aeschlimann accordait un permis de construire aux Témoins de Jéhovah.

L'affaire a connu un point d'orgue en septembre lorsque l'adjoint au maire chargé de la communication, rédacteur du tract, a été condamné pour diffamation au motif que «les polémiques locales à propos de l'urbanisme ne justifient aucunement l'attaque outrancière organisée par la mairie d'Asnières». A l'audience, la Fondation Elahi avait produit de nombreux témoignages de bonne moralité. Philippe Bruguière, conservateur de la Cité de la musique : «Oui, pour reprendre l'expression de ses détracteurs, la musique d'Ostad Elahi est empreinte de pouvoir émotionnel. Mais il est injurieux de réduire cette qualité intrinsèque de l'art musical à une manipulation psychologique.» Jean-Michel Belorgey, ancien député PS, membre du Conseil d'Etat : «Je comprends que Manuel Aeschlimann éprouve quelques difficultés à se glisser dans la pensée d'Ostad Elahi. Il serait impudent, du seul fait de la référence aux formes singulières de relation de maître à disciple qui ont cours en Orient, de conclure à une nature sectaire.» Le tribunal enfonçait le clou en rappelant qu'il «n'est pas rapporté que les Renseignements généraux (RG) et la mission en charge des menées sectaires (Miviludes) aient répertorié la fondation» comme une authentique secte.

Messie. Dès le lendemain du jugement, avec une réactivité qui force l'admiration, les RG rédigeaient une note mettant en cause «la soumission absolue des disciples à un maître se considérant comme une sorte de messie». En contradiction totale avec le tribunal de Nanterre, ils donnaient crédit aux «tentatives d'infiltration» de la mairie d'Asnières (le Monde du 22 octobre). Manuel Aeschlimann étant un proche de Nicolas Sarkozy, tutelle des RG au ministère de l'Intérieur, on pourrait y voir un coup de pouce franchement téléphoné. Après bien des atermoiements, la Miviludes (qui dépend de Matignon), embrayait fin octobre en annonçant la «mise sous surveillance» de la Fondation Elahi. Plus récemment, Bernadette Chirac a fait savoir que son titre de présidente honoraire était tout ce qu'il y a de plus honorifique, n'ayant jamais participé à la moindre réunion de la fondation. Dans la foulée, le PS d'Asnières dénonçait une «machination politique de l'UMP».

Saisie en appel, la cour de Versailles a reporté sa décision, les deux parties s'écharpant sur la prise en compte, ou pas, du rapport des RG dont nul n'a obtenu copie, en dehors d'extraits publiés dans la presse. Il ferait état d'une nébuleuse internationale usant de prête-noms.

Aeschlimann plastronne : «Je ne suis pas l'affreux du village qui veut se farcir une association locale. Le problème dépasse aujourd'hui Asnières.» Jugement en janvier.


Vatican : Chemin néocatéchuménal

Benoît XVI rappelle à l'ordre le Chemin néocatéchuménal

Kipa, 30 décembre 2005

[Texte intégral]



Le pape demande l'abandon d'innovations jugées non conformes

Rome, 29 décembre 2005 (Apic) Dans une lettre publiée cette semaine par des médias spécialisés dans l'actualité du Vatican, le préfet de la Congrégation pour le culte divin, Mgr Francis Arinze, a signifié "les décisions du Saint-Père" aux dirigeants du mouvement de l'Eglise catholique, le Chemin néocatéchuménal. Ce dernier célèbre la messe le samedi, communie autour d'une table et va même jusqu'à confier les prédications aux laïcs.

Selon l'Agence France presse, le pape leur demande d'abandonner les innovations jugées non conformes aux règles liturgiques de l'Eglise si le Chemin néocatéchuménal veut être pleinement reconnu par le Vatican. Il leur est rappelé que "le jour du Seigneur est le dimanche", et non le samedi, et qu'ils devront "au moins un dimanche par mois" participer à la messe de leur paroisses mêlés aux autres fidèles. Le Vatican leur interdit aussi de confier à un laïc les prédications ou homélies. Celles-ci devant rester du ressort des prêtres.

Chemin néocatéchuménal a été créé à la fin des années 1960 par les Espagnols Francisco (Kiko) Arguello et Carmen Hernandez dans un bidonville de Madrid. Il se un mouvement d'initiation chrétienne et d'éducation à la foi catholique. Il est particulièrement actif en Espagne, Italie et Amérique latine, mais est également présent en France. Il est conu pour diffuser une vision du monde très conservatrice. Le Chemin néocatéchuménal, défini en 2002 par le Vatican comme un mouvement d'éducation à la foi "au service des évêques et des paroisses", se prévalait jusqu'ici de l'assentiment du pape Jean Paul II.

La remise du décret d'approbation du statut du Chemin Néocatéchuménal, mouvement de tendance charismatique, a eu lieu le 28 juin 2002 au Vatican. La cérémonie s'est déroulée en présence du président du Conseil pontifical pour les laïcs, le cardinal James Francis Stafford et de l'équipe du Néocatéchuménat, représentée par Francisco Argüello, Carmen Hernandez et le Père Mario Pezzi.

Le mouvement est présent dans plus de 100 pays, dont de nombreux territoires de mission. Le "Chemin" agit dans plus de 880 diocèses, plus de 5'000 paroisses et ses communautés sont au nombre de 16'700. En 2002, en comptait environ 1'700 séminaristes formés dans 46 séminaires.

Florissant aux Etats-Unis

Selon les responsables, "le Chemin se met au service des évêques diocésains et des curés de paroisse pour favoriser la redécouverte du sacrement du baptême et de l'éducation permanente à la foi". Le statut du Chemin Néocatéchuménal  qui a pour objectif d'harmoniser son insertion dans le tissu ecclésial local et d'aider les pasteurs à accompagner les communautés du "Chemin" - a pourtant été rédigé par le Conseil pontifical pour les laïcs en collaboration avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, la Congrégation pour le Clergé, la Congrégation pour le culte divin et la Congrégation pour l'Education catholique.

A noter que le Chemin Néocatéchuménal a le vent en poupe dans l'archidiocèse de Denver aux Etats-Unis, qui compte 22 communautés de 25 à 50 personnes.

Les statuts précisent que le parcours proposé par ce mouvement de "redécouverte du sacrement du baptême" et "d'éducation permanente à la foi" doit s'effectuer sous la direction de l'évêque du diocèse en collaboration avec les responsables des groupes locaux. La reconnaissance par le Vatican du Chemin Néocatéchuménal indique pour Donald McLeod, un superviseur d'équipes néocatéchuménales aux Etats-Unis, l'importance "que prend le Chemin à un niveau mondial".

La lettre du cardinal Arinze est citée par "Il Giornale" et par le "National Catholic Reporter". Elle a été publiée intégralement par le vaticaniste italien Sandro Magister sur son site internet Chiesa.


Suisse : Méditation transcendantale

Les rajas veulent rendre la Suisse invincible avec 300 jeunes gens

24 heures , 30 décembre 2005 par Julian Pidoux

[Texte intégral]

L’Institut Maharishi veut former des centaines de personnes afin qu’elles forment un groupe pionnier dont l’objectif sera pour le moins
ambitieux, puisqu’il devra notamment promouvoir la paix mondiale. Coût des cours: 25 000 francs.

Il y a trois semaines, le raja Félix Kägi suggérait de raser Genève et de reconstruire la ville selon la vieille tradition hindoue.
Aujourd'hui, cet adepte de la méditation transcendantale veut trouver, en quelques jours seulement, des centaines de gens souhaitant suivre un
programme d'une année pour faire de la Suisse un pays invincible.

«La paix dans le monde ne peut pas attendre. C'est pourquoi nous devons aller vite.» Installé au Lausanne Palace depuis quelques jours, Félix Kägi n'y va pas par quatre chemins quand il s'agit de définir son objectif. Dans sa traditionnelle tenue blanche, couronne et collier
dorés, celui qui se nomme raja de Suisse accueille les personnes intéressées à «rendre la Suisse invincible». Celles-ci ont été invitées
à grands coups de publicité dans la presse et sur les murs de la ville, à s'annoncer entre le 27 et le 31 décembre auprès de l'Institut Maharishi.

Car c'est le nouvel objectif du raja et de ses adeptes du mouvement de méditation transcendantale dirigé sur le plan mondial par Maharishi
Mahesh Yogi, le yogi superstar connu pour avoir été le gourou des Beatles.

                         Un groupe pionnier

Après avoir présenté il y a peu son projet de reconstruction totale de Genève, Félix Kägi veut former sans tarder 300 jeunes gens pour qu'ils
forment «un groupe pionnier de la paix mondiale et promoteur de l'invincibilité pour chaque pays». Cela avec l'aide d'autres adeptes

Mais en quoi consistent exactement ces douze mois de formation, aux résultats pour le moins ambitieux? Félix Kägi: «Les participants seront
formés à la science et à la technologie de la loi naturelle totale, la constitution de l'univers, qui gouverne la diversité infinie de
l'univers avec un ordre parfait. C'est-à-dire apprendre à se maîtriser en profondeur pour ensuite promouvoir cette paix intérieure au monde qui
les entoure. Puis, ils se verront proposer un rôle de direction dans le service administratif du Pays mondial de la paix.»

                       Pas de bousculade

Et bien qu'à première vue la démarche puisse paraître assez peu évidente, Félix Kägi assure pour sa part que chacun débute au niveau qui
lui convient. Reste que dans les faits, on ne se bouscule guère au portillon. «Comme ce que nous proposons est nouveau, il faudra un peu de
temps, reconnaît Félix Kägi. Au final, l'idéal serait d'avoir 300 personnes. Cela représente la proportion de la population suisse que
nous estimons suffisante pour créer une influence sur la qualité de vie de la société.»


                  Considéré comme une secte

Il faut savoir que ce mouvement qui revendique 3,5 millions d'adeptes dans le monde, dont 25 000 en Suisse et 4000 à 5000 en Suisse romande, est officiellement considéré comme une secte par les autorités françaises. Mais cela ne semble pas être un sérieux handicap pour Félix
Kägi: «Quelle est la définition d'une secte? Les gens mettent une étiquette sur ce qu'ils ne connaissent pas. Ce qu'ils doivent se
demander, c'est si le monde est vraiment heureux à ce jour en suivant des courants qui se disent dominants.»


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