Étude

L'Orient dévoyé (I)

Vrais et faux gourous

voir aussi : La méditation comme instrument de dépendance

(Source : BULLES du 1er trimestre 1990).

Les spiritualités orientales ont toujours exercé sur l'Occident une sorte de fascination. Souvent, il ne s'agit que de l'attrait justifié que beaucoup éprouvent pour une culture complémentaire de la nôtre, une sagesse ancestrale, des méthodes de concentration e et de maîtrise de soi.

Parfois hélas, des organisations sectaires s'appuient sur les séductions de l'Orient pour attirer à elles des proies fragiles qu'elles exploitent et qu'elles détruisent. C'est l'Orient dévoyé, au sens double de ce mot : détourné de sa voie mais aussi corrompu et perverti. Des gourous, vrais ou faux, se prêtent à des errements et s'offrent à la vénération d'adeptes abusés.

Le but ici n'est pas de porter un jugement sur les spiritualités orientales ou leurs accommodements occidentalisés ni sur les innombrables organisations qui s'en réclament. Certaines sectes, cependant, nous paraissent devoir être dénoncées.


 Vrais et faux gourous

De " fieffés idiots ", c'est ainsi que le maître Zen  Hakuin, spirituel japonais du XVIIIème siècle, qualifiait déjà les faux maîtres. La critique des mauvais guides, ne date en effet, pas d'aujourd'hui et l'Occident n'en détient pas l'exclusivité.. Ces " vieux coquins aveugles émergent en permanence " pour perturber et asservir, remarquait pour sa part Lin-Tsi (maître Tch'an chinois. Le Tch'an est devenu le Zen japonais. Cité dans la revue hermès, vol 3 - Le Maître spirituel - P 286). Au XIXème siècle un courant indien alla même jusqu'à refuser le bien fondé de la fonction de gourou (Le bramo-Samaj de Ram Mohan Roy).

Certains groupes ont connu la contestation dès leur origine et dans leur propre milieu. Il en fut ainsi, plus près de nous, de la Nichiren Shoshu - Soka Gakkai, comme l'a très bien dit Edward Conze (Edward Conze - Le bouddhisme - Petite bibliothèque - Paris - P 238) : " Nichiren, le fondateur, pêchait par un excès d'assurance et par un mauvais caractère ; il manifestait un degré d'égoïsme personnel et tribal qui le disqualifiait en tant que maître bouddhiste. Il ne se bornait pas à penser qu'il était mentionné en personne dans 'Le Lotus de la Bonne Loi'  mais encore que les japonais étaient la race élue qui régénérerait le monde. Les adeptes de la secte Nichiren , comme le dit Suzuki (Suzuki a beaucoup travaillé à répandre la connaissance du Zen dans les pays occidentaux), sont maintenant encore plus ou moins militaristes et ne se mêlent pas bien avec les autres bouddhistes.

On peut parler d'une mission - légitime d'ailleurs - de l'Orient vers l'Occident. Mais l'expansionnisme et le prosélytisme ardent de la Nichiren Shoshu en font un bouddhisme surprenant qui refuse tout contact avec les autres formes de bouddhisme. A quoi  bon puisqu'elle incarne le seul et unique " vrai bouddhisme fondamental " puisqu'elle est la seule et unique vraie voie vers la " troisième civilisation " ? L'auteur déjà cité, estime, quant à lui, que ce groupe est à " ranger parmi les rejetons du shintoïsme nationaliste " plutôt que parmi les bouddhistes. C'est d'ailleurs plus du nichirénisme que du bouddhisme au sens habituel du terme.

 Ces gens là sont comme des chauves-souris

La détection du charlatan passe depuis longtemps pour une entreprise délicate : " Ces gens-là sont comme des chauves-souris : on ne peut pas dire que ce soient des oiseaux on ne peut pas dire non plus que ce soient des rats " dit Hakuin. (Cité dans Hermès, n° 3, p. 258)

Comme tout un chacun, le maître possède effectivement plusieurs facettes, si bien que le disciple risque de sélectionner celles qui lui plaisent, tout en fermant  les yeux sur les autres. Il peut aussi voir de la lumière là où, selon toute vraisemblance, il n'y a qu'obscurité. Et il justifiera systématiquement toutes les attitudes du leader sous prétexte que celui-ci vit à un niveau supérieur.

Tel fut le cas de Nandan, une adepte de Rajneesh :

Par ailleurs, comme dans toute secte qui se respecte, l'adepte ne connaît pas l'ensemble de la vie du maître. C'est ainsi que la même Nandan estimait que Rajneesh prenait des médicaments en excès et, en somme, se droguait à l'insu de la majorité de ses adeptes : Il est bien connu que le "petit nouveau" ou l'hôte de passage ignorent tout de l'essentiel d'une secte. La même situation se vérifie à propos de la vie du maître. Comment l'apprécier à sa juste valeur lorsque des éléments-clés d'appréciation font défaut ? Ces lacunes sont une véritable bénédiction pour ces rois de l'égarement qui ne souhaitent qu'une chose : fourvoyer tout le monde. C'est ainsi qu'un adepte de l'Association Internationale pour la conscience de Krishna (AICK) ignorait totalement l'existence d'un appartement luxueux, réservé au gourou, dans le château d'Oublaisse... où il logeait lui-même en permanence !

 Le vrai gourou est un homme de poids

Qu'en est-il du gourou , du vrai gourou ? Ce mot sanskrit, passé dans la langue française, signifie tout simplement " lourd ". Le gourou est donc un homme de poids. Première approche étymologique un peu vague, certes, mais qui évoque cependant bien une personne compétente en qui l'on peut placer sa confiance pour un soutien efficace. Le maître s'adresse à l'intériorité du disciple ; il s'efforce de l'épanouir dans ses profondeurs jusqu'à son point de jonction avec le Suprême. Autrement dit, si le gourou enseigne, il n'est pas professeur; si le gourou soulage, il n'est pas thérapeute ; si le gourou guérit, il n'est pas médecin.

Voici, à titre d'illustration, un fait récent et authentique. Il s'agit d'une jeune fille indienne atteinte d'eczéma au bras avec les souffrances... et l'atteinte à son charme que cela supposait. Difficile donc, dans cette triste situation, de trouver un mari. Elle avait entendu parler d'une sainte femme des environs qui avait délivré un lépreux de ses pustules. Elle se présenta donc à elle puis revint la voir fréquemment tout au long d'une année. En vain. Le mal persistait. Mais voici qu'un beau jour, au cours d'une de ses visites habituelles, elle tomba brusquement en larmes dans les bras de la "mère" en lui déclarant que l'important désormais, pour elle, n'était plus de guérir mais de vivre la vie que le Divin voulait pour elle. Le but du véritable "maître" avait été atteint.

Par ailleurs, le gourou n'est pas seulement un sage religieux ou un homme de bon conseil. Il ne lui suffit même pas d'être saint ou mystique. Il lui faut aussi l'aptitude à transmettre - souvent dans le silence - ce qu'il a lui-même reçu et il doit s'astreindre à suivre pas à pas l'évolution de chacun de ceux qui sont venus à lui et qu'il aura accepté de prendre en charge. On sait combien de gens s'autoproclament maîtres "parfaits" ou "ascendés" - en n'étant que pédagogues, intellectuels, hypnotiseurs... ou charlatans ! A cause d'eux, le titre de gourou s'est progressivement dévalué et l'on n'hésite pas à parler des analystes financiers américains comme des "gourous de Wall Street" !

 Les trois sortes de gourous

Il existe traditionnellement trois sortes de gourous: Et justement, son disciple, lui, aura une tendance quasi irrépressible à s'attacher au gourou extérieur, à s'accrocher à des qualités superficielles : intelligence, dons artistiques, beauté physique, charme de la voix... etc. Situation inévitable, surtout dans les débuts. Quoi de plus normal qu'une certaine connivence humaine qui facilite l'adhésion confiante ? Mais cela est à dépasser. Le taoïsme, en Chine, s'est plu à souligner combien le sage ne présente souvent qu'une apparence terne et bien peu avantageuse ; son visage est pareil à la " cendre éteinte ". L'Orient compare l'attachement au gourou extérieur, à un homme qui confondrait le doigt indiquant la lune à la lune elle-même.

La relation guide-disciple tend vers un coeur à coeur intime, par delà les idées fluctuantes et les sentiments passagers - par delà aussi toute imitation servile. Le maître n'est pas un modèle. Dans la rude tradition Zen, on raconte qu'un maître avait coutume de lever solennellement le doigt au moment où il communiquait son enseignement. L'un de ses disciples ayant servilement imité son geste, il n'hésita pas à lui trancher le doigt... ce qui mena immédiatement le disciple à l'illumination. Symbole de dépendance et dépendance elle-même avaient disparu.

Ce n'est pas en se donnant l'apparence supposée de Jésus ou en se coupant la barbe à la manière de Sri Aurobindo que l'on est sur la voie de devenir l'un ou l'autre. Le problème consiste-t-il, d'ailleurs, à devenir l'un ou l'autre ? Le vrai disciple pose sur son maître un regard de croyant, en essayant de rejoindre en lui l'Essentiel. Quant au maître, c'est à cette attitude fondamentale qu'il éduque son disciple.

 Danger de la vénération

Il est malheureusement trop évident que beaucoup se complaisent dans un tout autre jeu et se trouvent flattés de voir tant d'admirateurs béatement assemblés autour de leur petite personne.

En Inde la " Voie des Maîtres " (" Sant Mat " ou " Rhadasoami ". L'origine est Sikh. Kirpal Singh en a été un représentant célèbre dans le monde entier) conformément à sa dénomination, accorde une énorme importance au maître vivant, c'est-à-dire au gourou extérieur dont il vient d'être question.
 
Il peut même se retrouver promu au rang de sauveur. A New Delhi, dans un ashram (lieu de rassemblement stable des disciples autour d'un maître. Mais un maître ne fonde pas forcément un ashram) de cette école, on peut voir les disciples méditer en direction de la cellule du maître ; Guru Maharaj Ji, le fondateur de l'Élan Vital - ex - Mission de la Lumière Divine (MLD) - se situe dans ce courant. Sri Chinmoy a reçu son éducation  à l'ashram de Sri Aurobindo de Pondichéry où l'on vénère les photos du fondateur et de sa collaboratrice, Mira Alfassa, dite "la Mère". Il conseille la même attitude mais devant sa propre photographie. Pas n'importe laquelle cependant : celle qui a été prise au cours d'un de ses états de contemplation particulièrement élevé. Mataji, " intégration de tous les gourous "  transmet, elle aussi, son énergie, sans avoir besoin d'être physiquement présente : " Ma photo, qui émet, tout comme moi, des vibrations, peut suffire à une réalisation... on peut guérir de toutes les maladies grâce à ma photographie " (Interview au journal suisse "24 heures" le 24 août 1981. La fondatrice d'un nouveau groupe oriental mal connu prétendrait que la prière devant sa photographie préserve de toute contamination  par le virus du Sida). Il n'est pas rare, à la Nichiren Shoshu de voir la photographie de Monsieur Ikeda près du Gohozon - parchemin consacré devant lequel on pratique. " J'ai demandé pourquoi il y avait un portrait du président Ikeda à coté de l'autel, puisqu'il n'y a pas de glorification d'un dieu ou d'une personne dans le bouddhisme Nichiren "- " C'est parce qu'elle (la propriétaire des lieux), a le béguin pour lui ". (Santa Monica News. 17 juin 1988) Autrement dit, pas de vraies réponses !

 Les chemins du fanatisme

Faut-il préciser qu'une telle mise en valeur du maître vivant, mal guidée ou savamment manipulée, conduit tout droit au fanatisme, qu'il soit doux et souriant ou violent et agressif. L'adepte ne supporte plus, alors, aucune remise en cause de son maître unique et parfait. Il pourrait même se laisser convaincre que les contestataires personnifient le mal et doivent être détruits. Il ne craindra aucun obstacle et sera prêt à donner sa vie. Qu'on se rappelle le fameux suicide collectif de Jonestown au Guyana, ou les actes de violence d'Ananda Manga lorsque leur maître fur emprisonné en Inde. Et des centaines de femmes se sont laissées convaincre par Rajneesh de se faire stériliser.

Le gourou possède fréquemment, dans la mentalité de son disciple, un exclusivité si marquée qu'elle relève du sectarisme. " Mon gourou est une pure merveille. Les autres ne valent pas grand-chose. Hors mon gourou, point de salut ". Scène vécue : un français qui se faisait aider par un maître indien avait eu l'occasion de rencontrer deux adeptes de Guru Maharaj Ji. Évidemment, ils l'abreuvèrent des qualités uniques de leur guide et de leur groupe. Mais lorsqu'il essaya de dire quelque chose de son propre maître, il n'y avait plus d'oreilles pour l'écouter. Le gourou d'en face n'intéressait pas. Ainsi, l'adoration inconditionnelle du gourou extérieur mène-t-elle à l'aveuglement absolu.

Ce fut le cas des adeptes de Rajneesh et de sa redoutable secrétaire, Sheela. Ils n'avaient rien vu et pourtant

" En septembre 1985, sous l'accusation, portée par Rajneesh d'avoir soustrait des millions de dollars, Sheela s'enfuit du ranch. (aux USA) pour l'Europe. Rajneesh, lui-même, fut appréhendé en essayant de quitter le pays. En quelques semaines des milliers de " sannyasins " qui avaient abandonné leurs maisons, leurs carrières et leurs économies désertèrent leur paradis de l'Oregon. Sheela plaida coupable pour toute une série d'accusations parmi lesquelles des tentatives de meurtre, des écoutes électroniques clandestines et l'organisation d'une épidémie d'intoxication alimentaire. Elle fut condamnée à 69 ans de prison ". (Après Bhagwan , par J.S Gordon- Washington post 18.10.1987) Comment ne pas tomber dans la déception la plus noire, lorsqu'on réalise jusqu'à quel point on a été berné . Elle avait cru que Bhagwan - c'est à dire celui qui a été béni - était un maître comparable à Jésus ou à Bouddha et se sentait véritablement trahie.

Mais, a-t-elle poursuivi avec plus de tristesse que de colère, il lui a manqué la force de Jésus ou d'autres grands inspirés : il avait soif de pouvoir, et c'est ainsi que de 'Maître' il devint 'Maître escroc' ". (Après Bhagwan , par J.S Gordon- Washington post 18.10.1987)

 La rage de dominer

L'homme malade d'hégémonie use de plusieurs stratagèmes pour parvenir à ses fins. La conception traditionnelle du gourou l'avait déjà sérieusement épaulé. Il va s'y ajouter quatre sources de puissance : les pouvoirs supranormaux, l'abondance financière, la dilatation de soi, la domination occulte.

 1 - Les pouvoirs supranormaux

Les capacités - ou soi-disant capacités - miraculeuses du gourou décuplent un ascendant déjà exorbitant. Voici, par exemple, la liste non exhaustive des hauts faits de Sri Chinmoy : Autant de hauts faits qui font dire au Wall Street Journal (13/01/89) que Sri Chinmoy ambitionne le titre " d'acrobate suprême ". Malheureusement d'autres exploits soulèvent, si l'on ose dire, moins d'admiration : Sathya Saï Baba, lui, est un maître indien dont l'influence s'étend actuellement [en 1990] en France. Il posséderait des dons fabuleux de magicien - à ne pas confondre, s'il vous plaît, avec les habiletés d'un simple prestidigitateur. La revue " Le Monde Inconnu" (n° 40 - 1983) a pu parler de cet "Avatar du Nouvel Âge", controversé dans son pays natal. " Au tout début de sa mission, des centaines de fidèles affluèrent à Puttaparthi et Saï Baba tenait à les nourrir tous ; lorsqu'il n'avait plus rien, il multipliait la nourriture à l'égal de Jésus. Pour cela il prenait deux noix de coco (fruit important dans le rituel hindou), il les brisait l'une contre l'autre et répandait le lait sur le reste de nourriture ; à son signal, les fidèles venaient manger, et cela jusqu'à la nuit tombante, et cela sans jamais amoindrir les réserves.

Pendant le grand cycle des miracles, Sai Baba avait l'habitude de matérialiser des statues. C'est ainsi qu'un jour où il se promenait avec ses fidèles, il se baissa et gratta le sable jusqu'à mettre à jour le haut d'une tête ; alors la statue se mit à sortir du sol, poussée par une invisible force : d'abord émergea une statue de Shiva, puis une autre de Parvati, enfin un lingam (schématisation du phallus, vénérée dans les Temples de Shiva). Lorsqu'elles furent suffisamment sorties, SaÏ Baba les tira et les jeta sur le sable pour qu'elles refroidissent car ces objets étaient brûlants. "

Impressionnant, c'est sûr ! Mais les dons extraordinaires garantissent-ils une spiritualité extraordinaire ? Et quand on culbute dans l'extravagance... Pourtant, lorsqu'on est délivré d'une maladie, comment ne pas vouer une confiance aveugle à son thaumaturge ? Mieux encore : si l'on fait - ou croit faire - soi-même des miracles, comment ne pas se donner intégralement à ceux qui nous ont rendu aptes à de telles prouesses ? Dieu Créateur qui est lumière, descend jusqu'aux hommes et s'offre à eux avec un don total de Lui-même, ce qui leur permet de recevoir Sa lumière - ou énergie purificatrice - et de la transmettre autour d'eux.

Les initiés, reliés à Dieu par l'intermédiaire de Kotama Okada, vont pouvoir transmettre la Lumière purificatrice en levant simplement la main. Ils deviennent alors des canaux d'énergie spirituelle, des instruments de Dieu utilisés pour la purification spirituelle des êtres ".

Quelle magnifique promotion !

 Même capable des plus pures merveilles, le maître véridique demeure discret et situe ses interventions d'exception dans un ensemble. Il utilise ses pouvoirs pour améliorer les bénéficiaires au niveau spirituel et non pour les distraire de leur véritable profondeur. Un autre Saï Baba, (connu sous l'appellation de Saï Baba de Shirdi, le lieu où il habitait et que visitent encore des foules d'indiens) décédé il y a 70 ans, fut un guide généreux en miracles en même temps que digne de foi. Mais il précisait : " Je donne aux gens ce qu'ils désirent pour qu'ils désirent un jour ce que je veux leur donner ". C'est qu'un bénéfice immédiat et spectaculaire produit un choc à la suite de quoi le coeur peut s'ouvrir et entrer dans un processus de transformation. A la suite de quoi, aussi, le généreux guérisseur peut élargir son admiration de lui-même et choir dans le style bateleur de foire.

S'il s'agit d'un groupe, il dévie de ses opinions proprement religieuses.

Et Akasa Levy, porte parole de l'association bouddhiste américaine - ordinary Dharma - de renchérir : " La Nichiren Shoshu n'est pas le bouddhisme. La Nichiren Shoshu est complètement à l'opposé de ce que le Bouddha a indiqué comme un chemin. Ils dressent les gens à recruter pour une organisation qui enseigne la dépendance au lieu de l'autonomie personnelle. Le Bouddha a absolument interdit de convertir les gens. Le bouddhisme de Nichiren enseigne qu'il faut d'abord avoir le confort matériel. Le Bouddha croyait qu'il fallait avoir de la nourriture dans le ventre et être libéré d'un certain degré de crainte, mais c'est tout. Nous psalmodions pour nous rappeler les enseignements du Dharma, non pour nous enrichir ". (in Santa Monica News) Toujours dans le domaine du merveilleux, le gourou, même sérieux, peut susciter chez quelqu'un des sensations sans pareilles. Ainsi ce qu'a écrit Swami Muktananda, fondateur du Siddha Yoga, à propos de son maître : " En me plongeant plus profondément en méditation sur le gourou Nityananda, des doigts de pieds jusqu'à la racine des cheveux, le prana (la force de la vie) devint dans mon coeur très calme et régulier. Puis je sentis une douleur aiguë dans le muladhan (centre de conscience situé en-dessous du sacrum, dans le corps subtil) comme si j'avais été touché par un éclair divin. Alors le prana s'écoula avec force dans mon corps et tous mes nerfs vibrèrent. Je sombrai totalement dans une méditation profonde. (Cité par Hunmmel - Les gourous - p. 53 - Cerf) Actuellement, Swami Niranjan, à Bombay, anime les liturgies où les gens accourent pour recevoir des conseils. C'est que, pendant ces célébrations, une déesse parlerait par sa bouche à partir de la perception intuitive de la destinée de chacun.

Il est courant de voir des gens en transe autour de Sri Shiva Bala Yogi à Bangalore. Par contre, il ne se passe rien d'extraordinaire autour de l'ancien Chankaracharya de Kanchipuram. Sa renommée de sainteté est pourtant telle qu'on vend ses photos et ses statues depuis plusieurs années.

Certes, chacun possède légitimement sa propre façon de faire. Cependant, les remarques à propos des miracles demeurent ici valables. Où tout cela mène-t-il ? Encouragement ? Attestation d'une réelle progression ? Passage à un niveau supérieur de conscience ? Hallucination ? Chute dans des paradis contestables ? Selon un vieux maître du pays tamoul, tout cela peut n'être " qu'envoûtement ", stratagème séduisant en vue d'une soumission librement consentie (La Recherche - n° 202 - Sept.1988). Le guide n'est alors qu'un astucieux manipulateur d'énergies occultes.

Certains disciples vont même jusqu'à attribuer l'omniscience à leur gourou. Avec un indien élevé dans une école d'ashram, concédons que ces gens-là peuvent savoir beaucoup de choses... en ajoutant tout de suite qu'ils ne savent pas tout ! Comme chacun, ils demeurent conditionnés par leur environnement, leur culture d'origine et leur éducation. Ils peuvent alors déclarer qu' " avions et bébés éprouvettes existent dans les Écritures indiennes ", que " le christianisme est un dérivé de l'hindouisme " (réflexions entendues de la bouche de deux maîtres de l'Inde). Habituellement le disciple n'ose pas porter une critique contre son maître, même sur des sujets secondaires qui ne lui ôteraient pas sa vraie valeur d'éducateur spirituel. On frôle ici l'idolâtrie. Des êtres fragiles peuvent abandonner leur identité au profit de celle de leur leader. Toucher à celui-ci c'est toucher à eux-mêmes. Il est devenu leur idole.

  2 - L'abondance financière ou l'argent à gogo

Le bon maître vit simplement mais il ne vit pas de l'air du temps ! S'il n'a guère de ressources, ses disciples contribuent à juste titre à sa subsistance. Il est, par contre, tout à fait scandaleux que des leaders avides pompent allègrement les finances de leurs adorateurs. Du véritable vampirisme. " C'est inutile de rester ici sans argent, assurait à Virginia, une secrétaire de Rajneesh. Alors gagnes-en, légalement ou non, c'est ton affaire. Et reviens ". Génial Rajneesh, il avait convaincu les autres de payer pour être exploités ! " J'ai l'impression disait la mère d'un adepte de l'AICK, quand je vois mon fils, que ce n'est plus lui qui parle... Un détail, lui qui attachait beaucoup d'importance à son crâne rasé, il a accepté sans sourciller le retour à la chevelure normale et au costume de ville. Explication : ' il faut ressembler à tout le monde pour gagner de l'argent '. Il est vrai qu'avant, déjà, il avait une perruque dans sa valise pour aller mendier " (Le Midi Libre - 26.4.82 - "les Zombies de Krishna"). Et on ne mendie pas pour les pays pauvres mais pour la toute puissance du mouvement ! On connaît les 91 Rolls Royces de Rajneesh et la mégalomanie qui l'a poussé à construire une cité à sa propre gloire, Rajneeshpuram, la " ville de Rajneesh ". Envoyé à Paris en mars 1984 par " le dieu vivant autoproclamé ", Sheela a parlé aux disciples des résultats obtenus à l'époque sur les 6.300 hectares achetés à Antelope, en Orégon, 250 maisons d'habitations, 48 ateliers, une ferme avec de nombreuses vaches, un aéroport avec plusieurs avions biplaces et un avion de 30 places, des lacs artificiels... Tout cela n'étant que le début d'un empire puisqu'elle apportait le message suivant de Rajneesh : il faut construire dans le monde de plus en plus de communes semblables, ainsi se bâtira une société alternative.
 
Eh oui ! le gourou n'est-il pas un roi ? Un messie des temps nouveaux ? Pourquoi donc ne dépenserait-il pas sans compter ? " Quoi de plus normal que Guru Maharaj Ji roule dans la plus belle voiture du monde, proclamait hardiment un de ses disciples, puisqu'il est le roi du monde ? ".

L'argent rentre grâce à des quêtes pour Krishna (AICK) à des dons " spontanés " à l'occasion de cérémonie religieuses (Guru Maharaj Ji Mataji) à des tarifications de la formation et même de l'initiation (Méditation transcendantale). Or le gourou digne de ce nom n'est pas un rapace insatiable. Il ne se nourrit pas de profit mais de service.

  3 - La dilatation de soi

Il existe toujours des grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf. Rajneeshpuram a été l'éclatement de Rajneesh. Et que ne disait-on pas de Guru Maharaj Ji lors de ses débuts en Europe : " L'événement le plus important dans l'histoire de l'humanité (sic) aura lieu  les 8, 9 et 10 novembre 1973 à l'Astrodrome de Houston, aux États-Unis. Le monde entier apprendra que comme bouddha, Krishna, Mahomet, Moïse et le christ l'étaient en leur temps, Guru maharaj Ji  est le maître parfait de notre époque et qu'il est venu établir le millenium, les Mille ans de Paix sur terre, prophétisés par toutes les Écritures. C'est maintenant l'Aube de l'Âge d'Or..." (Tract " Millenium 73 " - Comme on le sait bien d'autres l'ont dit : Moon, Hubbard...) Plusieurs leaders envisagent de se distendre à l'échelle de la planète en se prolongeant par des disciples portant le même vêtement - couleur du soleil levant chez Rajneesh - la même effigie - une photo du maître dans un médaillons - parlant sans cesse de lui et besognant sans relâche pour lui. Il leur faut donc recruter un maximum de mercenaires. Or le maître digne de ce nom ne " racole " pas. Peut-être même aurait-il une tendance déplaisante à mettre à l'épreuve qui se présente à lui. Ainsi n'est-ce qu'au bout de trois voyages en Inde qu'un gourou accepta clairement de prendre en charge un jeune Français. Le poète mystique Milarepa eut à subir les pires tribulations avant d'être accepté par son Lama.

Sri Aurobindo, le sage de Pondichéry, déclara à Philippe Barbier Saint-Hilaire qui sollicitait son appui :

" Une nouvelle conscience cherche à s'exprimer en vous. Il y a dans l'Inde des personnes, des yogis, qui peuvent vous aider en cela et vous donner la nouvelle naissance. Il y a quelques difficultés dans leur recherche car vous ne parlez pas leur langue et ils sont souvent d'un abord rébarbatif. C'est cependant une des solutions devant vous. " (Conversation avec Pavitra - Sri Aurobindo Ashram Pondichery : 1972 - p 21) "Je ne suis pas votre gourou, disent même certains. Adressez-vous, donc plutôt à untel ". On sait, par contre, à quel point la secte affectionne le  recrutement-éclair. Moins longtemps le pigeon piétine à l'entrée de la cage, mieux ça vaut ! " Après la réunion (à la Nichiren Shoshu) on m'a pressé d'adhérer immédiatement et d'aller le lendemain soir au temple pour recevoir le Gobonzon lors d'une cérémonie. Le Gobonzon est gratuit ; toutefois il faut payer un " droit de transport " de 12 dollars parce qu'il faut l'apporter du Japon. Des membres de la Nichiren Shoshu m'accompagneraient ensuite chez moi pour m'aider à l'accrocher. J'ai résisté et deux ou trois membres se sont mis après moi avec les techniques des vendeurs de voitures d'occasion, style : ' il faut que vous emmeniez la voiture ce soir '. J'ai promis de contacter le leader de second rang qui m'était assigné et je suis parti en vitesse " (Santa Monica News 17/7/88)

   4 - La domination occulte

Il existe un va et vient secret entre maître et disciple via un cordon invisible dit " énergétique" ou " vibratoire ". Ainsi se maintient un contact intime qui ignore la distance. Le gourou peut donc influencer le disciple dans le silence (ce que faisait Mme Guyon, par exemple, en France, au XVIIème siècle) et lui communiquer intuitivement quelque chose de lui-même : paix, amour, connaissance... etc. Une ancienne adepte de Guru Maharaj Ji parlait de " Séduction à l'état pur, sans arguments ". Les disciples de Sai Baba disent recevoir de lui des messages. Problème pour certains : s'agit-il vraiment de messages envoyés par Sai Baba ou de tout autre chose ?

Cet impact inhabituel déroute les Occidentaux (Dont pourtant certains estiment bénéfique de prier devant une hostie consacrée) et il est bon de s'en méfier dans la mesure où il peut devenir manipulable. Le lien lie au lieu de relier; il attache au lieu de délivrer. Ce peut être un cordon ombilical qui maintient dans l'infantilisme.

" Aucun être humain, dit Mataji, ne peut me dissimuler quoi que ce soit - je vous connais de part en part " (Lotus Heart. L'avènement - p. 313) On comprend que de tels hommes fascinent d'autres hommes et puissent avoir la haute main sur des gens sincères, mais insatisfaits, qu'ils endoctrinent, dirigent et persuadent à leur guise On peut dire sans exagération que de tels séducteurs sont véritablement maléfiques. Ils n'éblouissent que pour mieux aveugler. L'Inde ne mâche pas ses mots et les appelle sans ambages des asuras c'est-à-dire des démons.

Ils savent se déguiser en anges de lumière, en ascètes, en spécialistes des Écritures. Ils peuvent être géniaux. Mais ce sont des loups rapaces. On estime, en Orient, qu'ils subissent l'influence de forces négatives qui les dépassent. Ils seraient capables de mener autrui à la folie ou au suicide.

 Les séductions du syncrétisme

En se faisant gourou, l'homme épouse une position idéale d'exploiteur. Il choisit une fonction traditionnelle qui lui attribue un poids considérable, comme le prouve ce texte classique d'initiation du brahmane : Matériellement parlant aussi, la place est bonne puisqu' il s'agit de vendre un "produit" qui n'a rien coûté : le Divin. Aucun souci pour l'achat de la matière première ! Tout est bénéfice ! L'imposteur religieux trouve aussi son profit dans un besoin infantile de sécurité soigneusement entretenu chez les disciples qui doivent refuser de s'assumer et rechercher sa protection perpétuelle. Il ne pousse pas les autres à s'engager dans une vie adulte ; il se nourrit de la régression de gens qui hélas ne demandent peut-être que cela. Sous prétexte de libération - la fameuse " mukti " sanskrite - il assujettit et il asservit. " Françoise, mariée (avec un membre de l'AICK, comme elle) est une femme soumise. Quand son mari parle, elle ne dit pas un mot et, sous des apparences aimables, nous nous sommes trouvés en présence de fanatiques.

Nous avons découvert que, le premier soir, Françoise avait dormi sur la descente de lit, à côté du lit de son mari. Ils ne nous avaient pas dit qu'ils ne couchaient pas ensemble. La deuxième nuit, elle a dormi, avec plaisir, sur le canapé du salon.  (Vie de couple ou enfer quotidien. Témoignage d'une mère)

Certains gourous, pour se donner de l'importance, se prétendent détenteurs de méthodes de méditation ultra-secrètes, éventuellement créées par eux-mêmes. La plupart du temps, elles sont bien connues dans leur milieu d'origine. Elles donnent, bien sûr, des résultats fabuleux ! Autre excellent moyen de s'imposer aux autres : on prétend n'enseigner qu'une technique sans du tout exiger l'abandon de la religion personnelle. " Vous êtes juif, disait une charmante instructrice indienne du Guru Maharaj Ji, restez juif. Vous êtes chrétien, restez chrétien. Vous êtes musulman, restez musulman. "
 
" Au cours de cette initiation nous 'révèle' un tract de Mahikari, vous allez recevoir des enseignements sur les principes de l'univers qui sont complètement différents de ce que vous avez appris jusqu'alors. Vous vous sentirez éveillé à la spiritualité. N'importe qui, homme ou femme, quels que soient, sa religion, son âge, peut se faire initier ".
Conclusion: on passe d'une religion à une autre, puisqu'il est clairement déclaré qu'il s'agit de "recevoir des enseignements... complètement différents de ce qu'on vous avait appris jusqu'alors " !

Effectivement, Mahikari demande de croire au dieu SU, à ses deux assesseurs, à 48 divinités inférieures et à des millions d'esprits qui peuvent devenir " possesseurs ".

La question posée ici n'est pas celle d'un changement de croyance : cela relève de la conscience de chacun. La question est le manque de données pour un choix libre ; on est passé du Christianisme au " Mahikarisme ", par exemple, sans s'en rendre compte. On se croit même encore bon chrétien, parfois ! Même chose à la Méditation Transcendantale. De disciple de Jésus, on devient disciple de Maharishi. Et toujours sans s'en rendre compte.

Là se cache l'escroquerie. Il existe actuellement un syncrétisme discutable qui " fait bien " en contentant tout le monde... et en ratissant vaste ! Chez Mataji vous retrouverez les divinités indiennes, Mahomet et Jésus (dans le troisième oeil, entre les sourcils). Rajneesh présente une synthèse de l'occident et de l'orient extrêmement séduisante. Elle se résume dans son expression : Zorba le Bouddha. Les Chevaliers du Lotus d'Or comme leur nom l'indique ont le même objectif et l'on trouve chez eux statues et rites de multiples courants religieux. Mahikari, lui, se situe au-delà de toutes les religions. Reprenant l'ancien et le nouveau, on appelle Saï Baba, " l'Avatar du Nouvel Âge".

Au fond, pensent beaucoup, " tout est pareil " : Jésus, Bouddha, Krishna, Mahomet, quelle différence ? Seuls des attardés s'accrochent à des barrières dépassées. Ici encore, tout choix est aboli, puisqu'en étant juif, on est hindou ! A la question : " Autour de qui votre vie est-elle axée : Jésus ou Maharishi ? ", deux membres de la Méditation Transcendantale répondaient naïvement : " C' est la même chose ! ". Déconcertant ! Où situer ici un dialogue ? L'autre a disparu.

Deux éléments pourraient contrebalancer une mainmise aussi écrasante : le droit et les textes " canoniques ". Dans trop de communautés orientales, hélas, le droit brille par son absence - le droit, c'est-à-dire la défense du faible et le contrôle du fort. Le responsable lui-même n'est pas au-dessus du droit. Même dans le cas d'un gourou authentique, sa mort risque de livrer pieds et poings liés les membres de son ashram à des successeurs véreux. Il manque ici ce que les congrégations occidentales connaissent sous le nom de " Règle " ou de " Constitutions ".

Quant aux textes de référence, sans compter qu'il est parfois difficile d'en avoir connaissance et a fortiori de se les procurer dans les groupes sectaires, ils sont la plupart du temps ceux que le maître contestable a lui-même écrit ou les commentaires des textes sacrés qu'il a lui-même rédigés. (Ainsi du livre de Sri Chinmoy : " Male disciples, female disciples, Take care, be careful " , " Disciples masculins, disciples féminins, attention, faites bien attention ")

Une remarquable exception cependant : l'AICK qui se base sur la " Bhagavad Gita ", livre extrêmement vénéré et médité en Inde même. On l'a appelée l'évangile de l'Inde. Peut-être est-ce en partie grâce a la valeur des textes traditionnels commentés par Prabhupada que plusieurs de ses disciples ne se sont pas laissés prendre à l'organisation qui lui a succédé. La valeur de ses écritures est un espoir pour une meilleure évolution de ce groupe. Ceux qui en sortent doivent aussi se sentir moins démunis que des transfuges d'autres mouvements puisqu'il leur reste des éléments de référence.

 Conformistes et rebelles

Aux extrêmes de la palette des gourous, on trouve le conformiste et le rebelle. Prabhupada, le fondateur de la Conscience de Krishna, relève du premier type. Il s'insère clans une tradition séculaire. Il a reçu des textes, il les transmet et il les commente dans le sens de l'école à laquelle il appartient. Il propose des pratiques éprouvées de longue date. Il apporte même avec lui - comme les anciens missionnaires chrétiens - les coutumes de son pays d'origine : castes, nourriture, vêtements, coiffures, etc. Il n'innove guère. Il répète. Le rebelle, lui, va jusqu'à contester les Écritures sacrées au nom d'un monde qui a changé et en vertu de sa (soi-disant) mission personnelle. Il peut se référer au passé mais en n'y puisant que ce qui le justifie. De toute manière, il se sent très libre dans son interprétation des Écritures. Il intègre dans ses méthodes de formation des techniques nouvelles et il s'essaye à une synthèse de l'Orient et de l'Occident. Ainsi Rajneesh : " Sa conception de l'homme nouveau, aussi méditatif que Bouddha et aussi joyeux que Zorba le Grec - Zorba le Bouddha- comme I' appelait Rajneesh - leur apparaissait idéale. Son ashram de Poona avec son mélange de psychothérapie et de méditation, d'autorité mystique, alliant amour libre anarchique et durs travaux, leur semblait l'ultime étape, et au delà du communisme des années 60, la nouvelle Utopie ". De l'un à l'autre type se déploie, bien sûr, un éventail de tendances diverses. Certains se targuent de leur insertion traditionnelle. Plus nombreux sont ceux qui insistent sur leur nouveauté allant jusqu'à se présenter comme les seuls et uniques messies d'aujourd'hui. Ainsi le Sahaja Yoga est-il " la plénitude de toutes les religions orientales et occidentales, un art de vivre et une nouvelle culture ".

Le gourou conformiste est plus rassurant, le rebelle plus séduisant parce que plus en phase avec son temps. On peut penser que l'escroquerie reste plus difficile dans le premier cas que dans le second. Cependant, la succession du maître défunt y crée des perturbations, comme ailleurs :

" Quand Pradhupada mourut, en 77, il laissa un groupe de jeunes dirigeants se disputant l'autorité. Il avait omis de désigner un successeur mais avait, par contre nommé 11 maîtres spirituels provisoires, tous des américains de moins de 40 ans, et un conseil gouvernant de 24 membres. La dissension s'accentua, tout comme les bavures ". (The Philadelphia Inquirer - 7 septembre 1983) Mahikari, lui, de tendance nouvelle tout en demeurant très animiste, a connu les mêmes difficultés. Pourtant, avant sa mort, le fondateur - Okada - avait nommément désigné son successeur. Cette passation de pouvoir déplut à sa fille qui s'est prétendue successeur légal de son père. Il y eut procès et la justice japonaise ratifia, bien sûr, le choix du fondateur. Sa fille n'en continua cependant pas moins son activité si bien que Mahikari se divise actuellement en deux branches - les pays de langue française relevant de la branche illégitime.

Certains maîtres enfin surgissent d'on ne sait où et nul ne saurait dire quelle formation ils ont bien pu recevoir. Il en est qui se forment " en solitaires ", se contentant, par exemple, des récits populaires du prédicateur de passage.

 Pour conclure : qu'est-ce qu'un vrai gourou ?

" Le vrai gourou est plus rare que l'or " , dit un adage. On le comprend sans difficultés au terme de ces lignes. La relation au guide inclut un apprentissage, donc une certaine dépendance et une obéissance confiante - à ne pas confondre avec la soumission aveugle ; se mettre à l'école de quelqu'un n'est pas en devenir l'esclave. Mais où se trouve l'exacte frontière entre la docilité et l'assujettissement ? Bien malin celui qui pourrait le dire. Voici cependant quelques repères possibles:  Le bon gourou ne " fabrique " pas les autres artificiellement, il les aide à porter du fruit. Comme un bon jardinier, il prend soin de tous et s'adapte à chacun. Il n'étouffe pas la réalité profonde des uns et des autres. A chacun son propre fruit  !

 

 
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