Scientologie

Révélations sur une secte qui fait peur

(Source : L'Express n° 2055, 22-28 novembre 1990, enquête de Gilles Gaetner)

40.000 adeptes en France, 11 millions au total (1) pour cette « Eglise » qui promet un « monde sans crime, sans drogue et sans guerre ». Mais qu'y a-t-il vraiment derrière de si louables objectifs ? Et pourquoi tant de plaintes à Paris, Lyon et Marseille pour escroquerie et exercice illégal de la médecine ? La justice avait de sérieux doutes. Ses premières investigations les confirment.


Une secte au-dessus des lois et qui crie à la "persécution"

L'Eglise de scientologie est une secte. Mais une secte qui ne se contente pas, au nom d'une obscure « technique pour l'amélioration de la santé mentale », de décerveler quelques individus fragiles, en proie au mal-être de nos sociétés moderne. L'Eglise de scientologie est une formidable entreprise commerciale aux multiples facettes. Ses moyens sont considérables et ses appuis insoupçonnés. Plongée en eaux troubles...

« On nous traite comme les juifs et les francs-maçons sous l'Occupation. » La jolie Danièle Gounord, 49 ans, présidente de l'Eglise de scientologie de Paris, a le sens de la formule. Selon elle, aucun doute : l'Eglise de scientologie est persécutée. Pis, victime d'un complot visant à l'anéantir. Les auteurs de ces mauvais coups ? Pêle-mêle, la CIA, le fisc, l'Urssaf et surtout, depuis quelques mois, la justice.

La preuve? Une trentaine d'adeptes et de responsables scientologues ont été inculpés à Lyon, à Marseille et à Besançon. Pour escroquerie et exercice illégal de la médecine. A Lyon, l'affaire est grave. Patrice Vic, dessinateur industriel de 33 ans, est mort. en se jetant de la fenêtre de son appartement, une nuit de mars 1988. « Traité » par les gourous lyonnais de l'Eglise, il n'avait pu remonter la pente. Au contraire : la « thérapie » suivie n'avait fait qu'accélérer sa dérive. Jusqu'au suicide.

« Accusations grotesques ! s'insurge Danièle Gounord. Les gens qui viennent chez nous paient de leur plein gré. Nous ne leur prescrivons que des vitamines parfaitement inoffensives. Quant au malheureux Vic, il était déjà dans un état lamentable lorsqu'il est arrivé à l'Eglise. » Alors, s'acharne-t-on contre les scientologues ? Oui, cent fois oui répond encore Danièle Gounord. Afin de le démontrer, elle vient de déposer une requête en suspicion légitime contre le juge Georges Fenech, qui, à Lyon instruit l'affaire Vic. En clair, de demander son dessaisissement. Motifs : partialité et non-respect des règles de procédure (voir l'interview du magistrat). La Scientologie n'en est pas à ses premiers démêlés avec la justice, loin de là. Depuis une quinzaine d'années, elle ne cesse, en effet, d'être poursuivie. Tant en France qu'à l'étranger. Mais qu'est-elle donc au juste, cette « Eglise » qui inquiète les autorités et intrigue la justice ?

Histoire d'un gourou-despote devenu milliardaire sur le dos de la crédulité

1948. Un petit bonhomme rondouillard, auteur à succès de livres de science-fiction, Lafayette Ron Hubbard, crée aux Etats-Unis une nouvelle science. Son nom ? La scientologie. Son objectif ? Parvenir à une meilleure connaissance de son corps et de son âme. Afin que notre planète devienne, un jour, un « monde sans crime, sans drogue et sans guerre »

1950. Hubbard peaufine sa découverte en publiant « La Dianétique », un ouvrage dans lequel il donne, cette fois les recettes pour parvenir à une meilleure connaissance de soi. La principale? Une sorte de psychanalyse durant laquelle le nouvel adhérent de l'Eglise (appelé « audité ») raconte à l'un de ses membres (appelé « auditeur ») sa petite enfance, ses fantasmes et ses angoisses. Une confession agrémentée de séances intensives de sauna jusqu'à quatre heures par jour !), d'absorption de vitamines, et dont le (louable) but est de conduire au plein épanouissement de l'individu. Et à sa purification. Le succès de « La Dianétique » est immédiat. Les exemplaires s'arrachent : 7 millions vendus à ce jour.

Hubbard qui a les pieds sur terre, pressent le profit qu'il peut tirer de son succès littéraire. Aussi crée-t-il une organisation structurée dont la vocation est d'accueillir ses lecteurs... devenus ses adeptes. L'Eglise de scientologie est officiellement née. Une secte qui a son QG à Flag (Floride) et dont il sera, jusqu'à sa mort, en 1986, tout à la fois l'Etre suprême, l'inspirateur et le financier. Le développement est fulgurant. Dès 1956, des succursales apparaissent aux Etats-Unis et en Europe. En 1960, on compte 3 millions de scientologues dans le monde. En 1980, 6 millions. Aujourd'hui, 11 millions - ils sont actuellement 40.000 en France (1), dont 300 permanents - répartis dans 70 pays et 160 Eglises. Des Eglises se sont implantées en Afrique et en Chine, où les livres de Hubbard, paraît-il, triomphent. Depuis l'effondrement du communisme, des missions se sont ouvertes à Gdansk, à Berlin et à Budapest. Pourquoi un tel succès? Simple. L'Eglise montre un visage parfaitement rassurant. En distillant, à longueur de revue, des messages qui ne peuvent que séduire. Du style : « Nous respectons l'Homme. Nous pensons qu'il mérite d'être aidé. » Ou encore : « L'Eglise de scientologie accueille des gens de toutes « croyances, races et religions... » Qui ne souscrirait à un programme si généreux ?

Ceux qui entrent en Scientologie sont de bonne foi. Chômeurs, divorcés, individus affectés par un décès... Souvent, ils ont souffert d'un « mal d'être », Désemparés, ils recherchent une structure prête à leur apporter un réconfort. La Scientologie est là. Alors, pourquoi pas ? . Hubbard a profité au maximum des faiblesses humaines. Son leitmotiv: « Si un homme a besoin de 1 million de dollars, il n'a qu'à créer une religion. » Méthode ? La manipulation mentale. Selon un processus immuable (voir le reportage de Renaud Leblond : « Moi, Agnès, ex-scientologue »).

Les critiques dans le collimateur de la Scientologie

Larry Wollersheim, un Américain qui a passé onze ans à l'Eglise de scientologie (2), a, dans un implacable témoignage de 85 pages, démonté les pratiques de Hubbard. Il a côtoyé le « maître » pendant des années: « Un despote entouré de dizaines de domestiques, payés 15 dollars la semaine. » Un despote doublé d'un bien curieux scientifique. N'affirmait-il pas avoir, grâce à la scientologie, augmenté de 25% l'espérance de vie des individus ? N'assurait-il pas avoir visité le ciel... il y a 43 trillions d'années ?

Le « maître », pourtant, n'a rien d'un doux rêveur. L'Eglise de scientologie, c'est aussi une entreprise totalitaire. Malheur, notamment, aux éventuels contestataires : ils sont immédiatement considérés comme des ennemis ! Et, dans le langage créé par la secte, déclarés « suppressifs »...

Dans une circulaire datée du 30 mai 1974, intitulée « Maniement des agents hostiles », Hubbard déclare : « Toute opposition doit être non seulement émoussée, mais éradiquée de façon permanente. » Plusieurs journalistes anglo-saxons critiques à l'égard de l'Eglise en ont fait la dramatique expérience. Telle Paulette Cooper , reporter à New York, auteur en 1985 de l'un des premiers livres sur la secte (3). Résultat : l'Eglise ordonna à l'un de ses membres de lui voler son papier à en-tête, en s'assurant qu'il portait ses empreintes, avant d'y dactylographier des menaces d'attentat à la bombe. Contre la Scientologie, bien sûr. Opération diabolique : elle visait à obtenir l'internement de Paulette Cooper. Seul le FBI empêcha la manoeuvre de réussir : lors d'une perquisition au siège de la secte, ses agents découvrirent, en effet, le fameux papier à en-tête volé.

En 1987, le journaliste britannique Russel Miller, auteur d'un méchant ouvrage sur la secte (4), sera, lui aussi, victime d'un harcèlement permanent. Sous forme de tracts l'accusant d'avoir causé la mort d'un détective dans la banlieue londonienne ou allumé un incendie criminel dans une usine d'aviation du sud de l'Angleterre. Quant au « Sunday Times », qui s'apprêtait à publier le livre de Miller, il dut subir un premier assaut, à coups de menaces téléphoniques. Avant qu'un faux lecteur - et vrai détective privé, engagé par la secte - vienne trouver son rédacteur en chef, Briau Mac Arthur, pour le convaincre de renoncer à son projet.

Les scientologues tentèrent également de compromettre les administrations fédérales. Notamment le Trésor américain. Méthode utilisée: les faux papiers. Puis, pour couronner le tout, au début des années 80, ils installèrent des micros dans les bureaux des impôts où étaient discutés les dossiers fiscaux de la secte.

Ce type de comportement a-t-il cours hors du berceau américain - en France, par exemple ? Jusqu'à plus ample informé, ni l'administration fiscale ni le ministère de l'Intérieur n'ont été mis sur écoutes... Il n'empêche. Les scientologues français, comme leurs grands frères américains, n'aiment guère la critique. Chaque mois, ils dressent, en liaison avec le QG de Flag, la liste des personnes suppressives. Leur tort ? Dénoncer les dangers de l'Eglise. Voici quelques noms : Pierre Mange-tout, journaliste à « Libération », auteur, fin 1984, d'articles critiques sur le centre de réinsertion des drogués de la secte, Narconon, en Côte-d'or ; Alain Woodrow, journaliste au « Monde », qui ne l'apprécie guère, lui non plus; Alain Vivien, député PS de Seine-et-Marne, auteur, en 1985, du fameux rapport sur les sectes (5) ; l'écrivain Roger Ikor, qui, depuis des années, combat toutes les formes de manipulation mentale. Tous ces noms sont communiqués aux filiales et aux missions de l'Eglise du monde entier.

Au-delà des individus, la Scientologie mène un combat farouche, voire obsessionnel, contre trois institutions qui portent tort :

Un recrutement par la séduction et les organisations écrans

Mais l'Eglise ne passe pas tout son temps à ferrailler contre ses adversaires. Il lui faut aussi séduire. Recruter. Elle s'y emploie donc. En distribuant force tracts et publications. En vendant les livres de Hubbard, dont la pensée reste très vivace chez les scientologues. Petit tour au siège de l'Eglise de Paris, rue de Dunkerque (6). Dans le hall d'entrée, un gigantesque présentoir où figurent des cassettes relatant la vie du maître, ainsi que la plupart de ses oeuvres. Titres évocateurs : « La Vie », « Dynamique de la vie », « Un corps pur, l'esprit clair ». Sans oublier le best-seller, « La Dianétique ». Autant d'ouvrages vendus, à ce jour, à 90 millions d'exemplaires !

Pour draguer le profane, la Scientologie organise également des soirées culturelles où des artistes connus, membres de la secte - la chanteuse Julia Migenes, le comédien Xavier Deluc, le pianiste Chick Corea - viennent célébrer les mérites de l'Eglise. Rien à dire.

Il arrive aussi que la Scientologie avance masquée. Via des entreprises, des associations entièrement sous sa coupe et dont elle tait soigneusement le véritable label. Ainsi, dans les années 83-84, le cabinet de conseil en communication Obnose proposait ses services, sans jamais dévoiler ses liens avec la secte. Son programme? « Apporter un savoir et un savoir-faire, et non plus quelques trucs qui ne sont bien souvent que des palliatifs. » Formule creuse. Mais qui, à l'époque de la ii motivation des cadres », a remporté des succès : Lancôme, l'UAP, la SNCF, Publicis n'hésiteront pas à envoyer leurs cadres effectuer des stages chez Obnose, avant que le cabinet soit finalement démasqué.

La Scientologie n'en a pas moins poursuivi son infiltration. Dans l'éducation, en créant l'Ecole de l'éveil, destinée aux jeunes enfants et dirigée, bien sûr, par des enseignants scientologues. Dans le domaine artistique, en lançant l'Ecole de l'acteur, dont l'objet est d'appâter des apprentis comédiens pour les initier à la pensée de Hubbard. En politique, même : en 1989, elle fait circuler une pétition contre l'abus des tranquillisants. Au nombre des piégés, en toute bonne foi : Michèle Barzach, Raymond Barre, André Lajoinie et Laurent Fabius !

Une thérapie dangereuse pour la santé mentale

Le plus inquiétant, c'est quand la Scientologie prétend s'occuper de santé mentale. Sa fameuse thérapie - où l'auditeur interroge l'audité - a de terribles effets. Surtout chez les personnes malléables... Jean-Marie Abgrall, psychiatre, expert près la cour d'appel d'Aix-en-Provence, le dit clairement : « Cette thérapie est capable de déclencher, au mieux, des troubles affectifs et des crises émotionnelles plus ou moins réversibles. Au pis, des troubles hallucinatoires, des vécus délirants pouvant amener la mort... Soit par conviction mystique ("Je suis un pur esprit"). Soit par désir d'échapper à un vécu angoissant. Soit encore par le suicide. »

Excessifs, les propos du Dr Abgrall ? Gérard Mirault, informaticien de 38 ans, a été retrouvé mort, par - 15 degrés, le 30 décembre 1984, à l'aube, sur le plateau du Larzac. Se prenant pour le Messie, il avait quitté son domicile, la veille, entièrement nu, pour assister au lever du soleil. Son épouse est formelle : Gérard avait basculé depuis qu'il avait rencontré la Scientologie.

Des plaintes contre la secte enregistrées à Lyon et Paris

Patrice Vic, lui, s'est donné la mort, le 24 mars 1988, au quartier de la Duchère, à Lyon. Suicide classique, a-t-on d'abord pensé. Erreur. Car sa femme porte plainte. Et révèle que son époux fréquentait le Centre de dianétique de Lyon, qu'il absorbait gélule sur gélule. Une instruction est donc décidée, et confiée au juge Georges Fenech. Elle va conduire les enquêteurs de surprise en surprise. Et ouvrir, en France, le premier vrai procès de la secte (7). En voici le détail. A 47 ans, licencié en mathématiques, M. vit plutôt bien. Il est propriétaire d'appartements à Lyon, de studios près de Nancy. Mais aussi titulaire d'un portefeuille de titres, de 500000 francs. En association avec la famille Botton, il a des intérêts dans une entreprise de remise en forme, Regina, installée à Hauteville (Ain). M. dirige le centre depuis 1987. Il en est aussi le démarcheur. C'est lui qui invite les nouvelles recrues à emprunter. Vincente Corallo, secrétaire médicale, en sait quelque chose : elle a dû s'endetter de 30.000 francs auprès du Crédit agricole. Autre cas : celui de ce gardien de la paix qui a failli plaquer son boulot, après avoir emprunté, lui, 180.000 francs. Il continue de rembourser à sa banque 1 800 francs par mois. Au total, ils sont une trentaine à avoir suivi les conseils de Mazier. Aujourd'hui ils se rebiffent et portent plainte.

Où est donc passé cet argent ? Sur le compte personnel de Mazier, à l'Européenne de banque, semble-t-il... En tout cas, 1.023.187 francs y ont été déposés, en 1988. 617.417 francs en 1989. 171.096 francs en 1990. «  L'origine de ces fonds est claire, plaide Mazier. Ils proviennent de remboursements de prêts à des amis... »

Pour l'Eglise, le coup est sérieux. D'autant que début novembre - toujours à Lyon - la PJ apprend que, à Manhattan Langues, institut spécialisé dans l'apprentissage des langues - et filiale de la Sciento - des employés travaillent gratuitement. Résultat de l'enquête: ceux-ci sont en réalité des adeptes - déclarés « freeloaders » (surendettés) - qui doivent rembourser leur prêt. Ce sera long : certains ont conclu avec l'Eglise des contrats pour cinq ans !

Toujours à Manhattan Langues, la PJ a mis la main sur des chèques d'un montant de 200.000 francs. Leur destination ? La Suisse. Plus précisément, le compte bancaire d'une société, WISE (9). Qui serait chargée de récolter les royalties versées par chaque Eglise d'Europe à la maison mère, à Copenhague. Et ce n'est pas fini : à Paris des adeptes grugés ont également porté plainte. Une instruction est en cours, confiée au juge Marie-Paule Moracchini (10). La Scientologie est aussi un fantastique business dont le chiffre d'affaires annuel mondial frise les 150 millions de dollars.

Curieuse religion donc. Mais en est-ce vraiment une ? Oui, répondent évidemment les scientologues. Qui mettent en exergue la consultation - sur le sujet - du professeur de droit Jacques Robert, membre du Conseil constitutionnel. Selon lui, la scientologie a toutes les caractéristiques d'une religion. Elle comporte un corps de doctrine. Elle croit en l'Etre suprême, en l'immortalité de l'âme et à la réincarnation, Elle organise des offices, des cérémonies. Enfin, elle est hiérarchisée et disciplinée. Mais est-ce suffisant ? Certes récemment interrogé par le juge Fenech, le Pr Robert a confirmé cette thèse. En précisant cependant qu'une Eglise, quelle qu'elle soit, n'est jamais au-dessus des lois. Et que, en toute hypothèse, ses membres doivent répondre des délits qu'ils commettent. Le malheur, c'est que les scientologues oublient volontiers cette partie de la démonstration.

Gilles Gaetner.

Le Juge Fenech s'explique

L'Express : Les inculpés de l'Egfise de scientologie demandent votre désaisissement. Qu'en pensez-vous ?

Georges Fenech : Je suis surpris. Encore que les avocats des inculpés aient, à plusieurs reprises, déclaré que je poursuivais un objectif : exécuter l'Eglise de scientologie en France. J'ai pourtant expliqué aux intéressés que je n'étais pas chargé d'instruire le procès de la Scientologie. D'ailleurs, ce n'est pas mon rôle. Je vous indique simplement que je suis saisi par le procureur de la République de Lyon de faits bien précis, qualifiés d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine. Mon métier consiste à établir la manifestation de la vérité comme il se doit: à charge et à décharge.

L'Express : L'Eglise affirme que vous êtes souvent en contradiction avec le parquet de Lyon ou la chambre d'accusation, qui seraient moins « durs » que vous...

Georges Fenech : Ce n'est pas la réalité. Certaines de mes décisions ont été rendues sur réquisitions conformes du parquet. Comme les inculpations et quelques mises en détention.
D'autres ont été effectivement infirmées par la chambre d'accusation, qui a libéré des inculpés. Mais, la semaine dernière, elle en a maintenu un en prison, il ,s'agit là du déroulement normal d'une procédure d'information judiciaire, au cours de laquelle les décisions du magistrat instructeur sont susceptibles d'être frappées d'appel par le parquet, les inculpés, voire la partie civile.

L'Express : Le fisc, l'Urssaf, et maintenant voici la justice qui s'intéresse à la Scientologie. C'est un complot, affirment ses membres. Qu'en est-il ?

Georges Fenech : J'ignore l'existence de ce prétendu complot. Je suis personnellement très attaché au respect de la liberté religieuse. Aucune de mes ordonnances n'a porté atteinte à cette liberté fondamentale: chaque scientologue a toujours le libre exercice de son culte et de ses croyances.

L'Express : Précisément, la Scientologie est-elle une religion ?

Georges Fenech : Je n'ai pas à prendre parti ni à trancher. Mais je note que, sur cette question fort controversée, d'éminents juristes et hommes de religion ont émis des opinions parfaitement opposées. Force est de constater que l'Eglise de scientologie a adopté le statut juridique de la loi de 1901 sur les associations, et non celle de 1905 sur les cultes. L'application de ce dernier texte, je vous le précise, lui a été refusée, à plusieurs reprises, par le ministère de l'Intérieur, à la suite de différents avis du Conseil d'Etat.

Propos recueillis par Gilles Gaetner. 


Notes


(1) : Les chiffres du nombre d'adeptes sont en fait surévalués par les scientologues. En effet, il suffit de mettre les pieds une seule fois dans les locaux de cette secte pour être comptabilisé parmi les adeptes. En réalité, la France ne sont pas plus d'un millier de scientologues permanents, mais ils sont en général particulièrement actif.
(2) : La déclaration sous serment de Larry Wolllersheim est disponible sur le site de Roger Gonnet : http://www.antisectes.net/larryaff1.htm.
(3) : Voir Un drame terrifiant, Paulette Cooper et la Scientologie. Paulette Cooper est auteur du livre « The scandal of Scientology », disponible sur Internet.
(4) : Russel Miller est l'auteur de l'excellent livre « Ron Hubbard, le gourou démasqué », malheureusement plus en vente, mais disponible en anglais sur Internet.
(5) : Alain Vivien est actuellement [1999] président du CCMM et dirige la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes.
(6) : Depuis fin 1995, suite à un contrôle fiscal provoquant sa liquidation, le nouveau siège parisien de la Scientologie est implanté au 7 rue Jules César, 75012 Paris.
(7) : Après de multiples embûches, et à la limite de la prescription, le procès a eu lieu finalement en 1996, et suite à la demande du Garde des Sceaux d'accélérer la procédure.
(8) : La niacine, une vitamine, ne peut-être dangereuse qu'à haute dose. Or, des doses massives sont effectivement absorbées lors du « programme de purification ».
(9) : WISE est surtout une holding qui regroupe les sociétés commerciales liées à la Scientologie.
(10) : L'instruction de cette affaire prise en charge par le juge Marie-Paule Moracchini va connaître de curieux déroulements comme l'explique Serge Faubert dans son article Scientologie, La secte au dessus des lois, paru en novembre 1998 : lenteur à la limite du délai de prescription, faux désistements des plaignants, disparition d'une partie du dossier...



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