Actualités sur les sectes en septembre 2003

Ecoovie Canada - Des enfants séquestrés - Le gourou d'Ecoovie jugé à Montréal
Ecoovie Jill a connu le calvaire au sein de la secte Ecoovie
Sectes Résolution du Parlement européen
Ecoovie Le gourou d'Ecoovie est père de dix enfants Joseph Maltais évoque ses « relations »
Culte et sectes satiniques

Prison préventive pour la dirigeante d'une secte satanique

Energie Universelle Humaine L'Energie Universelle Humaine, basée en Catalogne accusée d'escroquerie
Moon Derrière les ambassadeurs de la paix, se cache la secte Moon !
Scientologie Responsabilité des hébergeurs: revers pour la scientologie aux Pays-Bas
Actualités diverses Lutte Ouvrière perd deux procès en diffamation contre Libération et l'Humanité
Soka Gakkaï (*) 09/09/2003 Procès en diffamation de 1991 à 1995
Sectes et religion Des femmes font vivre des sectes et leurs pasteurs
Sectes et formation (*) 12/09/2003 Etes-vous coach ou psy
Raël Chronique d'un canular réussi
Raël Clonage reproductif humain. interdiction
Scientologie Le droit à la liberté religieuse est-il tombé du ciel?
Scientologie L'«Eglise» de scientologie n'a pas la cote auprès du gotha politique
Scientologie "Lobbying, amalgame"
Scientologie Des ennuis politiques et judiciaires
Scientologie Sociétés privées et institutions publiques intéressent la secte
Sectes Opinion de Julia B. Nyssens-Dussart
Sectes Opinion de Anne Morelli
Sectes Entre guillemets
Formation (*) 15/09/2003 Question parlementaire
Formation (*) 15/09/2003 Question écrite
Scientologie La scientologie a plusieurs cordes à son arc
Scientologie L'Église de scientologie s'estime "discriminée" en Europe
Scientologie Trois questions à Antoine Duquesne
Actualités diverses L'UNADFI rend hommage à Claire Chapollion
OTS Communiqué de presse de l'UNADFI
Raël Les Élohims perdent leur piste d'atterrissage au Québec
Scientologie La cour d'appel relance deux importantes enquêtes visant la Scientologie
Sectes et prévention Les gourous veillent, la prévention patine
Sectes et prévention Nouveau rapport de l'observatoire officiel des sectes
Ordre du temple Solaire (OTS) Procès en appel de Michel Tabachnik sur fond de polémique
Ordre du temple Solaire (OTS) L'affaire de l'Ordre du temple solaire revient devant la justice
Raël Des condos pour les raéliens
Sectes Des tueries rituelles refont surface sur le campus
Ordre du temple Solaire (OTS) Saura-t-on un jour la vérité sur l’Ordre du Temple solaire?
Ordre du temple Solaire (OTS) Michel Tabachnik revient devant la justice
Ordre du temple Solaire (OTS) Renvoi du procès en appel de Michel Tabachnik
Stop au cancer - Dr Hamer Le guérisseur trop malade pour se déplacer
Sectes et prévention Sur le terrain ...
Scientologie La secte de scientologie recrute à la sortie des écoles !
Scientologie Des brochures à l'école Jacqmain victime de la scientologie
Aum Peine de prison à vie confirmée
MIVILUDES La mission contre les sectes veut marquer les esprits
Sectes Le gouvernement centrafricain rappelle à l'ordre des églises protestantes
Sectes Sectes : lutte et prévention
Sectes Un cardinal au Guatemala, pays meurtri par les dictatures et la guerre civile
Scientologie A propos de la scientologie à Bruxelles
Sectes Création d'un comité pour développer le parrainage d'enfants fragiles
Sectes (*) 30/09/2003 Nos enfants et nous

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web

 


Canada : Ecoovie

Canada - Des enfants séquestrés - Le gourou d'Ecoovie jugé à Montréal

Le Soir, 2 septembre par Frédéric Delepierre

[Texte intégral]

Ce mercredi s'ouvre à Montréal le procès de Joseph Maltais alias Pierre Doris Maltais ou encore Norman William. Il comparaît durant
trois jours devant le tribunal de la jeunesse.

Au printemps dernier, sept enfants, dont deux recherchés en vertu d'un « mandat d'enlèvement international », lui ont été retirés de sa garde. L'homme, reconnu comme le gourou de la secte Ecoovie, vit aujourd'hui dans une maison de la région des Laurentides, à proximité de Montréal.

Une femme est venue expressément du Danemark pour témoigner contre lui.

Au départ, la secte se présentait comme un mouvement écologique post-soixante-huitard. Joseph Maltais, qui se faisait appeler
Norman William, se définissait comme réfugié politique en Europe et se faisait passer pour un initié indien, prônant un mode de vie
préglaciaire.

Les membres du mouvement, une bonne centaine, ont d'abord vécu dans des tipis en région parisienne. Ils ont ensuite passé deux ans
en Finlande où ils ont connu des hivers très rigoureux. Ils se sont ensuite rendus en Calabre. Le groupe s'est ensuite disloqué alors qu'il
devait gagner l'Afrique.

Maltais a alors réussi à garder une dizaine de fidèles à qui il imposait nombre de contraintes afin, disait-il, de les préserver.

En 1997, la secte Ecoovie et son gourou avaient été épinglés dans le rapport de la commission parlementaire belge sur les sectes.
Maltais avait séparé les hommes des femmes. Pour les mineurs, il avait inventé les « passages », des rites d'initiation sexuelle prévus à
la puberté qui lui permettaient de s'intéresser à des enfants de 12 à 16 ans.

Dans son rapport, la commission concluait que des attouchements ont eu lieu sous des prétextes médicaux. Quant à la conception
d'enfants, puisque les hommes et les femmes étaient séparés, c'était Maltais qui se chargeait de « transmettre la semence »


Canada : Ecoovie

Jill a connu le calvaire au sein de la secte Ecoovie

Le Soir, 2 septembre par Frédéric Delepierre

[Texte intégral]

Canada - Le procès de Joseph Maltais se poursuit devant le tribunal de la Jeunesse de Montréal

Les témoignages ont repris mercredi devant le tribunal de la jeunesse de Montréal dans le cadre du procès de Joseph Maltais alias Norman William,
l'ancien gourou de la secte Ecoovie. L'homme, à qui on a retiré la garde de sept enfants âgés de un mois à 14 ans, a été dénoncé par une ex-adepte de
la secte, originaire du Danemark. Elle a su qu'il entraînait deux jeunes dans son QG de Ste-Anne-des-Plaines et a dénoncé les faits aux autorités. Deux
ans après avoir été chassé de Belgique, Maltais avait déjà été condamné chez nous, en 1991, à trois ans de prison, notamment pour usage de faux,
escroquerie et abus de confiance.

La Direction canadienne de la protection de la Jeunesse tente de faire valoir que Maltais n'est pas en mesure de garder des enfants pour des raisons de sécurité. Des témoignages affirment aussi, sous le couvert de l'anonymat, qu'il se déroulait des pratiques sexuelles « épouvantables » chez le gourou.

Suite à la dénonciation de la jeune Danoise, en mai dernier et après dix mois de procédure, les juridictions française puis canadienne ont pu rendre deux petites filles à leur père, domicilié à Orègue, un village du pays basque français. En juin 2002, elles avaient été enlevées par leur mère pour rejoindre la secte Ecoovie au Québec. Le père de famille, lui-même, est un ex-adepte du mouvement.

Cette Danoise qui a décidé de rompre le silence vit à Vanlose, près de Copenhague. Elle s'appelle Jill Rubini et, pendant dix ans, elle a vécu parmi les adeptes de Maltais. Agée aujourd'hui de 38 ans, elle en avait 18 quand elle a quitté le Danemark pour adhérer à la secte.

C'est dans une école privée de Andebolle, en Fionie, que Jill a entendu parler d'Ecoovie pour la première fois. L'idée de vivre comme les Indiens la fascinait.

Le 27 juillet dernier, Jill Rubini confiait son calvaire au « Jyllands-Posten », le plus grand quotidien danois. (...) Je haïssais la société, en réalité j'étais faible et sans assurance. Je croyais que cela allait me rendre forte.

Dans un premier temps, Jill sent qu'elle est sur le point de trouver un sens à sa vie. La relation avec Ecoovie lui a finalement coûté deux enfants.

A cette époque, les adeptes vivaient dans les forêts ou dans des régions montagneuses en France, au Portugal, en Espagne, au Maroc, en Belgique, en Suède, au Danemark, en Finlande, à Haïti, en Italie sous des tipis faits de branchages et de paille. L'alcool et le tabac étaient interdits. La nourriture se composait de racines, brindilles et feuilles.

L'horreur, Jill Rubini a commencé à la connaître après quelques mois. Il n'y avait jamais assez de nourriture. Nous vivions dans la
misère. J'ai perdu 20 kg, dit-elle. Un véritable lavage de cerveau allait suivre.

Nous devions travailler six heures et dormir deux heures, ceci indéfiniment, poursuit Jill. Pendant les temps de pause nous étions souvent réveillés. Il s'en suit que nous étions toujours stressés, car les plans changeaient toujours, et que nous devions décamper pour aller plus loin. Après quelque temps on est si débilité, qu'on commence à croire que la société ennemie en est la cause.

Ces opposants sont appelés démons, même ceux de la propre famille. On y croit, ajoute la témoin. Tout comme on croit que Maltais a raison, et qu'il sait tout.

En 1985, après quelques mois, Jill Rubini tombe enceinte d'un membre français de la secte. Les adeptes avaient marché environ 1.000 km à travers l'Europe, lorsque Jill, au cours de l'été, approcha du terme. Elle ne pesait plus que 45 kg.

J'ai demandé bien des fois à être dispensée de marche quand j'étais tourmentée par des contractions, se souvient Jill. La réponse était toujours celle-ci : Ce n'est pas une course en taxi que nous faisons.

Le 25 septembre, la grossesse arrive à son terme. Les contractions se font plus fréquentes et la poche des eaux se rompt. J'ai dû ne rien dire parce que j'étais cataloguée comme hystérique et casse-pied. Pourtant, les douleurs étaient si fortes que je ne pouvais ni marcher ni me tenir debout.

Durant quatre jours, les marches se poursuivent. Jill est livrée à elle-même sur les routes. Shantig est finalement née entre 22 heures et minuit le 29 septembre 1985. Elle ne pesait que 1,630 kg et est restée un peu plus d'un mois dans un service de néonatalité, déclare la maman. Lorsqu'elle en est sortie, le 2 novembre, elle pesait environ 2,5 kg.

Chez Ecoovie les enfants n'étaient pas spécialement les bienvenus. Si des adeptes accouchaient, l'enfant était privé de ses parents biologiques, et placé dans un autre campement. Maltais ne voulait pas que des parents commencent à s'attacher à leurs enfants.
L'attachement pouvait contrevenir à ses plans, confie la Danoise.

Ma fille Shantig a aussi été éloignée peu de temps après être sortie de l'hôpital, clame Jill qui a accouché de son fils Gisga, en 1989, alors qu'elle n'en était qu'à sa 29e semaine de grossesse. Deux ans plus tard elle donnait naissance à petit garçon mort-né.

Pour elle, c'était clair Ecoovie était responsable de ce décès. La croisade pouvait commencer.


Communauté Européenne : Sectes

Résolution du Parlement européen sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne

Texte intégral

Transmis par la MIVLUDES, septembre 2003

Voici donc la résolution sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne 2002 Adoptée en session plénière du Parlement européen hier, le 4 septembre.

Note de Anne Fournier, Chargée de Mission à la MIVILUDES: Un point concernant le problème du sectarisme a pu être glissé à nouveau cette année. Notons que les parlementaires ont fini par remplacer la formulation ambiguë "prétendues sectes", qui apparaissait dans la dernière mouture avant le vote, par "groupements à caractère sectaire"

PARLEMENT EUROPÉEN Résolution du Parlement européen sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenneadoptée le 4 septembre 2003 en séance plénière -

Extrait - Liberté de pensée, de conscience et de religion

32. invite les États membres et l'UE à favoriser le dialogue interreligieux dans la mesure où il condamne toute forme de fanatisme et d'intégrisme, ainsi qu'à garantir le principe de laïcité, ce qui n'exclut pas un enseignement de la religion à l'école, un tel dialogue et un tel enseignement devant accorder, proportionnellement, autant d'attention aux conceptions non religieuses du monde;

33. tout en approuvant les progrès intervenus en Grèce en matière de respect de la liberté religieuse et de conviction, souhaite que la législation pénale sur le prosélytisme soit abrogée et que les musulmans puissent obtenir l'autorisation de construire des mosquées et de disposer de cimetières où ils puissent inhumer leurs défunts dans le respect de leur tradition religieuse;

34. recommande une nouvelle fois à la Finlande et à la Grèce de modifier leur législation sur la durée du service civil de remplacement afin d'en bannir tout caractère punitif et discriminatoire;

35. met une nouvelle fois les États membres en garde contre les agissements dangereux de groupements à caractère sectaire qui menacent l'intégrité physique ou psychique des individus et les invite à s'employer, sur la base de leur législation pénale et civile ordinaire, à lutter contre les pratiques illégales et dérives au sein de ces groupements à caractère sectaire;


Canada : Ecoovie

Le gourou d'Ecoovie est père de dix enfants Joseph Maltais évoque ses « relations »

Le Soir, 5 septembre par Frédéric Delepierre

[Texte intégral]

Toute la journée de mercredi, le procès de Joseph Maltais, gourou de la secte prétendument écologiste Ecoovie, s'est poursuivi devant le tribunal de la jeunesse de Saint-Jérôme, une ville située au nord de Montréal.

De longues heures durant, Maltais a raconté sa vie, à l'écart de médias, comme le prévoit la loi sur la protection des mineurs. Aux côtés de sa compagne, d'origine française, avec laquelle il a eu deux enfants concernés par le procès en cours, le gourou poursuivi pour avoir séquestré des enfants de 1 à 14 ans, a relaté son existence.

Il a évoqué ses voyages et ses prétendues rencontres avec Gandhi, Martin Luther King et de sa profonde amitié avec un ancien Premier ministre du Québec, René Lévesque, qui a marqué l'histoire politique du Québec.

A l'occasion de ce procès, Mme Martin, la mère de la compagne de Maltais, a fait le voyage depuis Paris. Elle souhaitait renouer le contact avec sa fille avec qui elle est en bisbrouille depuis vingt ans, soit depuis qu'elle a rencontré le gourou, qui, au total, est père de dix enfants.

Si l'on parle de compagne dans le chef de Mme Martin, c'est parce qu'elle n'est pas mariée à Maltais.

Depuis 1997, le gourou est marié à Ariane Dumoulin, qui vit toujours au Québec. Ariane Dumoulin n'est pas inconnue de la justice. Ancienne châtelaine de Sainval, près de Tilff, elle avait été arrêtée le 30 avril 1997 par les agents canadiens de l'immigration pour s'être trouvée en séjour illégal au Canada. Elle avait d'ailleurs passé plusieurs jours en détention préventive. Elle avait été libérée moyennant le versement de 6.000 dollars canadiens (3.500 euros), mais risquait l'expulsion. D'où son mariage.

Pour rappel, Mme Dumoulin avait vendu son château de Sainval à la secte Ecoovie. Elle possédait, à l'époque, une compagnie aérienne spécialisée dans les vols vers l'Afrique. Une compagnie qui intéressait beaucoup Maltais pour ses « opérations humanitaires », mais qui a fait faillite.

Joseph Maltais, alias Norman William, avait écopé à la fin des années 80 d'une condamnation à trois ans de prison ferme.


Brésil : Cultes et sectes sataniques

Prison préventive pour la dirigeante d'une secte satanique

AFP , le 5 septembre 2003

[Texte intégral]

RIO DE JANEIRO - Un juge du tribunal de Belem do Para (Amazonie brésilienne) a décidé de maintenir en détention préventive la dirigeante d'une secte satanique qui avait torturé, castré et assassiné des enfants au Brésil, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Le juge Ronaldo Valle a ordonné la prison préventive à Valentina Andrade, 75 ans, dès qu'elle a comparu au tribunal jeudi, dans le cadre d'un procès qui s'est ouvert le 28 août dernier. Valentina est l'une des cinq personnes accusées d'avoir emasculé et tué cinq enfants dans des rituels de magie noire à Altamira (Para) de 1989 à 1993.

Dix-neuf enfants au total, dont cinq ont survécu, ont été victimes de ces mutilations, mais une seule des sept enquêtes ouvertes sur ces crimes a donné des résultats et permis de traduire les coupables présumés en justice. Jeudi, Valentina devait comparaître au tribunal de Belem pour témoigner dans le procès d'un de ses complices, le médecin Anisio de Souza.

Le juge Valle a lu un document de la police fédérale affirmant que lundi, Valentina avait tenté de s'enfuir en Argentine, sous une fausse identité. Il a souligné que son incarcération était "nécessaire" pour qu'elle puisse être jugée à la date prévue, le 22 septembre prochain. Jeudi soir, le médecin Anisio de Souza, a été condamné à 77 ans de prison, pour trois homicides et deux tentatives d'homicide. Vendredi dernier, deux autres accusés, un ancien gendarme et un commerçant, avaient été condamnés respectivement à 35 et 57 ans de prison.

Un autre médecin et Valentina doivent encore être jugés. Valentina, chef de la secte Alignement universel supérieur (LUS, en portugais) et ses complices, ont réussi pendant de nombreuses années à entraver les enquêtes en faisant disparaître des preuves et en intimidant les victimes.

La LUS considère notamment que les enfants nés après 1981 sont porteurs d'une "énergie néfaste" et doivent disparaîtref. Les membres de la secte, qui existe encore, affirment que seuls ses fidèles seront sauvés de la destruction du monde en partant à bord d'une navette spatiale. Deux des enfants mutilés, ayant survécu, ont déjà témoigné au procès.

Wandiclei Pinheiro, 22 ans aujourd'hui, avait neuf ans à l'époque de sa mutilation. Il a reconnu l'un des accusés comme étant l'un des participants au rituel de magie noire et a donné des détails terrifiants sur la façon dont il avait été enlevé et endormi et l'horreur qu'il avait vécue à son réveil, "entièrement nu sans ses organes génitaux", dans un bosquet où il avait été laissé pour mort.


Espagne : Energie Universelle

L'Energie Universelle Humaine, basée en Catalogne accusée d'escroquerie

El periodico de catalunya , le 6 septembre 2003

[Texte intégral]

La Juge accuse les responsables d'une secte apocalyptique

La Magistrate du tribunal d'instruction numéro 25 a conclu l'enquête ouverte sur la secte Energie Universelle Humaine qui prônait la fin du monde, et a maintenu l'accusation contre le leader de ce groupuscule et six soi-disant membres accusés du délit d'escroquerie et association illicite.

La Juge a ordonné un Arrêt conclusif de la fin de la procédure pour que les conclusions soient déposées comme phase préliminaire au jugement suivant une information de l'Agence EFE.

La Magistrate relate dans l'Arrêt "que l'on a exercé suffisamment de diligences pour formuler l'accusation " contre le leader spirituel de la secte en Espagne Curtis Cao Duy américain d'origine vietnamienne qui ensemble avec d'autres membres du groupe avaient été arrêtés en février 2000 à Barcelone et Tarragone.

Quelques mois après avoir été arrêté en Espagne et après avoir été remis en liberté, Curtis Cao Duy est parti en France où la Justice le cherchait également. Il a été emprisonné puis libéré selon des sources judiciaires qui ont ajouté que l'on ignore ou il se trouve.

Fin du Monde
Les six autres accusés étaient des membres du Conseil d'Administration de l'association espagnole Energie Universelle Humaine qui a fait l'objet d'une plainte par une ex adepte. Les avocats des accusés ont plaidé contre le procès demande par la Juge.

L'accusation initiale expliquait qu'Energie Universelle Humaine prônait une série d'enseignements a travers des cours dépourvus de base scientifique et elle était considérée comme une secte destructrice qui vivait de l'argent de ses adeptes. La secte réussissait a capter la volonté des participants en leur faisant croire que son leader avait la capacité de soigner des maladies graves comme le sida ou le cancer grâce à l'imposition des mains selon l'accusation. En plus le groupe disait que la fin du monde était imminente. Pour cette raison les dirigeants suscités demandaient aux adeptes d'importantes contributions financières pour la construction de refuges. Des membres de la secte sont arrivés a édifier un véritable bunker pour près de 500 personnes a l'Aleixar (Baix Camp) pour se protéger d'un hypothétique déluge universel

Note : Curtis Cao Duy qui a dirigé un stage en Allemagne du 9 au 12 juillet 2003 exerce les mêmes turpitudes que le soi-disant "maître" Dang actuellement à Saint Louis (Missouri) après avoir été emprisonné en Belgique puis libéré sous caution de 50 millions de francs belges. Depuis sa résidence il poursuit ses "cours" par vidéo conférences les adeptes de ces deux sectes sont toujours aussi actifs mais font preuve de plus de prudence. Mathieu Cossu


Sénégal : Secte Moon

Derrière les ambassadeurs de la paix, se cache la secte Moon !

Le Soleil (Dakar), le 8 septembre 2003 par Amadou Fall

[Texte intégral]

Le fait a pu paraître normal, voire tout à l'honneur de notre pays. Des Sénégalais, parmi lesquels des universitaires, des députés, des religieux, des artistes et des journalistes sont venus tout récemment, à l'issue d'un colloque international, porter à 33 le nombre des Ambassadeurs sénégalais de la paix mondiale. A priori, on ne pouvait que s'en féliciter, parce qu'en ces temps troubles, il n'y a de combat plus noble et exaltant que celui pour la paix à travers le monde.

Là où le bât blesse, c'est que la Fédération Inter Religieuse Internationale pour la Paix Mondiale qui a ainsi coopté nos illustres compatriotes n'est autre qu'une des nombreuses ramifications de l'Association du Saint-Esprit pour l'Unification du Christianisme Mondial, beaucoup plus connue sous l'appellation très chargée de «Secte Moon».

Son fondateur et gourou, le Nord coréen d'origine, Sun Myung Moon, se dit être investi par le Christ de la mission de compléter son «oeuvre inachevée». Cet illuminé prétend qu'il est le seul à pouvoir interpréter le message biblique déformé à travers les siècles, et dont la finalité serait l'établissement du royaume de Dieu sur terre, autrement dit le paradis. Le Judaïsme et le Christianisme -qu'il considère comme les seules premières véritables religions - ayant échoué dans cette mission, Moon décrète que la troisième tentative, la sienne, est la seule vouée au succès.

Moon n'est bien évidemment pas en odeur de sainteté auprès des tenants et défenseurs des dogmes juif et surtout chrétien aux yeux de qui, et sans le moindre doute, il est l'incarnation du faux Christ annoncé et dénoncé par la Bible. Ils jettent d'autant plus l'anathème sur sa secte que celle-ci mélange foi et politique, réfute la divinité et la naissance virginale de Jésus-Christ, bafoue son oeuvre rédemptrice, nie sa résurrection corporelle et interprète de nombreux textes bibliques de manière très fantaisiste. Des Musulmans, «Ahlul kitab» parmi les gens du Livre que sont les Juifs et les Chrétiens devraient-ils donner l'absolution à Moon, lui faire la courte échelle, en entrant ainsi, délibérément ou inconsciemment, dans son jeu ?

C'est d'ailleurs pire qu'un jeu. Sous le couvert d'un prosélytisme hérétique, d'un oecuménisme biaisé et d'une ténébreuse propagande pour la paix dans le monde, la secte Moon est en fait une diabolique machine à faire de l'argent, énormément d'argent, dans l'opacité coupable la plus totale. On ne compte plus les usines, les fabriques d'armes, les chantiers navals, les banques, les hôtels, les imprimeries et aussi les journaux dont Moon est aujourd'hui propriétaire. Il engrangerait quelque 500 milliards de dollars par an. Excusez du peu !

Comme toutes les autres sectes qui sont passées maîtresses dans l'art de se bâtir des fortunes colossales, celle de Moon a d'abord posé ses fondements sur la vulnérabilité, la fragilité psychologique et la malléabilité de ses recrues. Ses adeptes sont mis dans des conditions de dépendance telles que les plus nantis d'entre elles n'hésitent pas à se débarrasser de presque toute leur fortune au bénéfice de la secte ; tandis que d'autres sont transformés en automates battant quotidiennement le pavé à la recherche des fonds soi-disant destinés à faire vivre le mouvement.

C'est en réalité par la fructification - pas toujours catholique- de ces fonds collectés par le canal de gens spirituellement manipulés, spoliés ou transformés en sébiles ambulantes, qu'au fil de ces dernières décennies Moon a bâti l'empire industriel et financier dont lui et son épouse sont aujourd'hui au sommet. Telle une hydre étendant ses tentacules, cet empire a ses ramifications sur tous les continents. Moon est aidé en cela, par la complicité implicite ou réelle, des personnalités membres ou sympathisants de son mouvement pseudo-religieux qui occupent des positions stratégiques dans les systèmes nationaux et internationaux. Il s'y ajoute la caution des nombreuses associations caritatives et éducatives, des amicales d'étudiants, mouvements oecuméniques et pacifistes qu'il crée à tour de bras pour se donner un semblant de virginité, une façade immaculée trompe l'oeil. Moon ne se glorifie-t-il pas d'avoir une mission dans chaque pays, ainsi qu'un programme d'aide au Tiers monde ? Est-ce ce programme qui a poussé dans ses bras nos braves «Diek» et «Goorgoorlu» ci-devant promus, avec d'autres Sénégalais, Ambassadeurs de la paix mondiale ? Dieu seul sait ; mais aussi leur ignorance du fond des choses

Le fond de choses qui se cache derrière le religieux, le pacifisme et l'humanitaire de façade est une vaste entreprise d'enrichissement illégal, bâtie à partir de la manipulation des intellects et des consciences et soutenue par des circuits financiers opaques et des systèmes bien huilés d'évasion fiscale. Pour arriver à ses fins dans les pays qu'il investit, Moon fait des ramifications de son mouvement, et de toutes les structures connexes qui lui servent de paravents, des points d'ancrage à partir desquels s'exécutent des opérations de corruption de l'élite et de conditionnement de l'opinion. C'est ainsi qu'il se met en bonne position pour influencer des politiques, contourner des décisions et fausser des réglementations, pour ses pratiques financières et commerciales mafieuses et prévaricatrices.

Là où il rencontre des résistances, Moon et sa secte font fréquemment l'objet de poursuites judiciaires, voire de mesures de bannissement. Moon est déjà dans nos murs. La vigilance doit être de rigueur


Etats-Unis : Scientologie

Responsabilité des hébergeurs: revers pour la scientologie aux Pays-Bas

ZDnet, le 9 septembre 2003 par Matt Hines, CNET News.com

[Texte intégral]

Une société d'hébergement néerlandaise a gagné en appel face à l'église de scientologie, au terme de sept ans de procédure. La secte américaine tentait de faire taire des critiques qui avaient publié des textes protégés par copyright.

SAN FRANCISCO - Le mouvement religieux Church of Scientology a perdu une bataille contre l’un de ses détracteurs. Dans l’affaire qui l’oppose depuis 1995 au fournisseur d’accès internet (FAI) néerlandais Xs4all, la cour d’appel de La Haye l'a débouté. Le FAI et l’une des ses abonnées, Karin Spaink, ne seront pas contraints de retirer de leurs sites web des documents traitant de la scientologie.

En rejetant l’appel, la cour donne raison au fournisseur, et ne le tient pas pour responsable de ce qui est publié sur les sites qu’il héberge. Le jugement légalise également l’usage de liens hypertexte pointant vers des documents protégés par copyright, comme ceux du mouvement de Ron Hubbard. Il invalide les deux précédents verdicts rendus par d’autres tribunaux de première instance dans ce dossier. L’un deux, remontant à 1999, avait établi que les hébergeurs doivent retirer ce type de liens des sites de leurs abonnés.

Les liens hypertexte, simples panneaux indicateurs sur la toile

Les représentants de la scientologie, dont le siège est en Californie, n’ont pas pu être contactés à temps pour commenter le sujet. Pour Xs4all, qui s’est fait connaître pour ses actions en faveur de la liberté d'expression, et sa lutte contre l'église de scientologie, le jugement de la cour d’appel est une immense victoire.

«Cela crée un précédent pour la liberté d’expression sur l’internet et des intermédiaires en particulier», indique sa représentante Edith Mastenbroek, ajoutant qu’«il faut absolument rendre limpides les lois qui définissent le comportement que les FAI doivent avoir vis à vis des législations sur le copyright». Et de conclure qu’«un lien hypertexte n’est qu’un panneau indicateur planté dans un coin du réseau, et ne peut donc jamais être illégal».

L’affaire a débuté en 1995, lorsqu’un émissaire de la secte s’est présenté chez le FAI accompagné d’un huissier pour saisir ses serveurs. Machines sur lesquelles étaient stockées des documents citant la scientologie, publiés sur un site web qu’héberge le FAI. Solidaire, une de ses abonnées, Karin Spaink, a décidé de publier les mêmes documents sur son site. Pour appuyer sa demande, l’église a déposé une plainte, exigeant que les documents soient retirés du site concerné. Et a demandé que le FAI soit reconnu responsable des agissements de ses abonnés en matière de copyrights.

Les deux précédents jugements en faveur du FAI

En 1996, une cour de première instance d’Amsterdam a rendu un verdict favorable à Xs4all et ses abonnés. Il stipulait que les documents ont été publiés en toute légalité, conformément au droit que chaque personne a à faire des citations d’un document protégé. La scientologie n’a pas renoncé, intentant une autre action en 1999. Là encore, la justice a donné raison au FAI, en vertu du droit à la liberté d’expression. En mettant un bémol, toutefois: les FAI doivent être tenus responsables des contenus publiés susceptibles d’enfreindre les lois et copyrights existants. Le cas échéant, ils doivent retirer les liens incriminés ou fermer le site concerné. C’est ce jugement que la cour d’appel vient d’invalider.

Les scientologues, dans tous les pays où ils possèdent une activité, multiplient les actions à l’encontre des sites web critiques, pour qu’ils retirent toutes les allusions faites à ses activités. Ils font pression sur les FAI, s’en prenant même à des géants, tel Google. En 1999, Amazon.com a ainsi enlevé des liens pointant vers un livre critiquant la scientologie, avant de les rétablir.

Pour Karin Spaink, la guerre n’est pas finie. «Je me suis immiscée dans l’affaire car il me semblait important de définir la manière dont les questions de copyright sont réglées, et la responsabilité ou non des FAI». «J’aimerais que la conclusion reste celle-ci, mais je m’attends à un nouveau rendez-vous devant les tribunaux».



France : Actualités diverses

Lutte Ouvrière perd deux procès en diffamation contre Libération et l'Humanité

AFP 9 septembre 2003

[Texte intégral]

PARIS - Lutte Ouvrière (LO) a perdu mardi deux procès en diffamation qu'elle avait intentés devant le tribunal correctionnel de Paris à Libération et à l'Humanité pour l'avoir qualifiée de "secte". LO reprochait aux deux publications des articles du 27 mars 2002 intitulés "Le magot d'Arlette" dans l'Humanité, "Larmes de Laguiller" dans Libération, et réclamait à chacun 20.000 euros de dommages-intérêts.

L'article de l'Humanité expliquait que LO disposait de plus de 3 millions d'euros d'avoirs et déduisait que "cette secte" tenait donc un "double discours" à ses membres.

Le tribunal a jugé que le propos portant sur le patrimoine n'était pas diffamatoire puisque la détention de tels avoirs n'est pas contraire à la loi ni à la morale. Il a ajouté que le terme "double discours" était une "appréciation critique" du journaliste, non punissable, et que le mot "secte", employé seul, sans référence à des pratiques moralement ou pénalement condamnables, n'était pas non plus diffamatoire.

L'article de Libération, faisant état d'un fonctionnement sectaire, a en revanche été jugé diffamatoire mais les auteurs ont bénéficié de l'excuse de la bonne foi car ils se fondaient sur les éléments recueillis en 1998 lors d'une enquête qualifiée par le tribunal de "travail sérieux". Cette enquête, publiée le 30 mai 1998 dans Libération, avait révélé des pratiques dignes d'une secte, explique le jugement, et LO avait perdu le 25 juin 1999 un procès engagé alors.

Un autre procès oppose LO aux frères Daniel et Jean-Gabriel Cohn-Bendit pour avoir également parlé de "secte". Il doit être plaidé le 17 février 2004.



Togo : Sectes

Des femmes font vivre des sectes et leurs pasteurs

IPS 9 septembre 2003 par Noël Kokou Tadégnon

[Texte intégral]

LOME - ''Divorcée et au chômage depuis un moment, je me suis tournée vers une église et cela m'a permis de trouver un travail et un nouveau partenaire'', témoigne Ayélé Ajavon, secrétaire de direction à Lomé, la capitale togolaise.

Ajavon ne peut désormais prendre de décision sans en référer à son pasteur - qui est en même temps son ''nouveau partenaire'' - à qui elle donne une partie de ses revenus pour l'église. ''Je lui dois tout, et l'argent que je verse tous les mois à l'église n'est rien'', affirme-t-elle.

Comme Ajavon, beaucoup de femmes togolaises font confiance aux nouvelles églises qui promettent la vie éternelle, la paix du cour, le bonheur, la fortune et bien d'autres choses.

Mais, la plupart des femmes se font dépouiller de leurs biens par les responsables des sectes qui se font appeler pasteurs. ''Au sein de la secte appelée 'Deeper Life' à Lomé, les femmes doivent remettre au pasteur leurs bijoux en or et en argent, mais on ne sait pas ce que cette secte fait de ces bijoux'', déclare Magloire Kouakouvi, professeur de philosophie à l'Université de Lomé.

Selon lui, le leader de la secte met ses adeptes en condition pour faire passer son message. Il estime que les femmes sont plus nombreuses à fréquenter les sectes au Togo, et qu'elles en sont les principales victimes. ''Plusieurs couples se sont séparés à cause de l'absence répétée de la femme qui préfère s'adonner à de longues séances de prière pendant la nuit plutôt que de s'occuper de son foyer'', avoue Nadine Lawson-Hellou, infirmière à Lomé.

Mais Lina Apédo, commerçante, n'est pas de cet avis. Elle dénonce une volonté manifeste de vilipender les nouvelles églises. ''C'est un faux problème car c'est plutôt les églises qui réunissent les couples'', indique-t-elle.

Au Togo, la plupart des sectes évoluaient dans la clandestinité, avant 1990, sous le parti unique; elles subissaient d'incessantes descentes de la police. Mais, à partir du déclenchement du processus démocratique dans le pays, notamment avec la levée de l'interdiction des regroupements religieux, on a assisté à une prolifération des sectes.

Le phénomène est en constante progression depuis une dizaine d'années. Aujourd'hui, le ministère togolais de l'Intérieur a enregistré environ 500 églises. Les initiateurs des sectes ont su mettre à profit le marasme socio-économique consécutif aux troubles politiques liés au processus démocratique, au début des années 1990.

Très habiles sur le plan psychologique pour interpréter la Bible, ils ont réussi à recruter des adeptes, souvent des femmes, qui ont des problèmes financiers, de famille et de travail. Au sein de chaque secte, on se réclame de la Bible et de Jésus Christ. Chaque regroupement apporte des amendements à la doctrine de départ. ''En général, les croyances ne sont pas affichées et c'est dans la pratique qu'il y a des dogmes'', déclare Kouakouvi.

La plupart des sectes se développent à partir des quêtes et des cotisations des adeptes. ''Notre pasteur fixait parfois la somme minimum à verser à l'église, à 10.000 francs CFA (environ 17 dollars US'', témoigne Akouvi Dogno, ménagère. ''Et comme moi, je n'en pouvais plus, j'ai abandonné'', ajoute-t-elle.

Certains regroupements exercent des activités professionnelles. Ils exigent de leurs adeptes des produits qui sont revendus et dont les bénéfices rentrent directement dans les caisses des sectes. Les sectes reçoivent également des dons de leurs adeptes qui estiment avoir eu satisfaction ou qui espèrent un miracle. ''Dans notre église, les dons peuvent être de l'argent, une voiture ou terrain sur lequel on pourra construire une autre église; tout dépend du donateur, et moi, je donnerai tout si j'en ai les moyens'', confie Florence Tsikplonou, revendeuse au grand marché de Lomé.

Les sectes développent des pratiques qui s'apparentent parfois aux cultures africaines ou qui constituent un mélange de pratiques ancestrales avec la religion chrétienne. Il existe des églises dans presque tous les quartiers de Lomé. Généralement, elles exercent dans des maisons d'habitation qui sont rapidement transformées en églises, avec des séances de prières nocturnes. Les sectes exploitent également la libéralisation des ondes, avec la multiplication des radios privées. Elles proposent, sur les antennes des radios, des programmes d'évangélisation. Souvent, les émissions religieuses connaissent des débordements et, parfois, les sectes se font la guerre par radios interposées. ''Les gens en Afrique ont une conception magique de Dieu, je veux du travail, je veux me marier, je vais prier Dieu pour que Dieu me donne ce que je veux. Cette conception, les religions établies ne donnent pas cela à leurs fidèles et ce besoin de religiosité est compensé par les visions'', explique Kouakouvi.

Pour le père catholique Casimir Kodo, le manque de dynamisme de l'église romaine explique le succès des sectes. ''Les sectes mélangent le terroir et le christianisme, et cela fascine'', affirme Kodo.

Les musulmans estiment que la multiplication des sectes n'est pas surprenante et selon l'imam de la grande mosquée de Lomé, Ibrahim Sylla, le Coran avait prévu cette situation. ''Le Coran nous a expliqué cette situation depuis très longtemps et c'est maintenant que les gens commencent à découvrir cela''.

Pour les adeptes des religions traditionnelles africaines, les sectes sont ''démoniaques''. ''Dans tous les coins et recoins du pays, c'est des sectes, c'est des gens qui ne veulent rien faire. Ces pasteurs escroquent la population et s'adonnent à de mauvaises pratiques, ils prennent les femmes d'autrui'', déplore Augustin Assiobo, grand prête vodou à Lomé.

Les pratiques des sectes défrayent la chronique, avec des cas de viol, d'adultère, de vol et d'escroquerie. Arsène Mensah, secrétaire général d'une association de lutte contre le SIDA, révèle que de ''faux pasteurs'' déclarent guérir le SIDA. ''Ils trompent, à travers leurs prêches, les malades et leurs familles et leur prennent beaucoup d'argent, et souvent, les malades succombent'', déplore Mensah. ''Ce sont de grands escrocs, ces pasteurs'', dénonce Joëlle Kloutsé, étudiante. Elle avoue avoir été escroquée, avec sa mère, par un pasteur. ''C'est un jeune homme qui a monté une église dans notre quartier et il a réussi à nous emballer; et après avoir pris de l'argent et des biens chez les fidèles, il est parti avec sa copine aux Etats-Unis'', affirme-t-elle Mais Dieudonné Alouka, responsable d'une secte appelée ''Ministère du salut'', n'est pas d'accord avec les accusations lancées contre les pasteurs. Selon lui, ces accusations font partie des manouvres de certaines personnes déterminées à vilipender le travail des pasteurs.


Canada : Raël

Chronique d'un canular réussi

Cyberpresse, 14 septembre par Nicolas Bérubé

[Texte intégral]

Raël se passe de présentation: il fait pratiquement partie de la famille. C'est le cousin étrange dont on a des nouvelles de temps en temps. Raël a dit ci, Raël a dit ça... Il fait parfois sourire mais on l'oublie rapidement. On sait qu'il aime les plus belles et les plus jeunes de ses disciples et qu'elles le lui rendent bien. Parlez-en autour de vous et il s'en trouvera certains pour soupirer que Raël a beau avoir l'air fou, il mène une vie de rêve.

Mais derrière l'image du gourou illuminé se cache un homme profondément insécure, misogyne, un père de famille raté et un opportuniste né. C'est cet homme que nous présente Martin Bisaillon dans Enquête sur le mouvement raëlien, son premier livre qui vient de paraître aux éditions Les Intouchables.

C'est en fouillant dans les archives des journaux, en lisant la documentation raëlienne et en interviewant des proches du mouvement que Bisaillon, ancien recherchiste à l'émission Zone Libre, retrace l'ascension de celui qui se fait appeler «sa Sainteté», «Messager de l'infini» et- mon préféré-, le «Jardinier de nos consciences».

Historien de formation, Bisaillon fait un rapprochement intéressant entre la crise du pétrole des années 70 et les débuts de l'épopée de Claude Vorillon. Lors de la crise de l'OPEP, le gouvernement francais avait fait interdire les courses automobiles. Claude Vorillon, alors éditeur d'un magazine automobile, s'est donc retrouvé sans le sou. Peu de temps après, il rencontrait par hasard des petits bonshommes verts et se lançait dans l'aventure raëlienne.

Enquête sur le mouvement raëlien s'attarde à décrire l'évolution de la secte, en France, d'abord, puis au Québec, où a atterri Raël au début des années 80. Il traite aussi des tout derniers déboires de Clonaid, la société fondée par Raël, qui a annoncé l'hiver dernier avoir cloné un bébé. On se souviendra que les Raëliens n'avaient rien pu prouver. L'affaire avait finalement déraillé, Raël ayant affirmé que toute l'histoire n'est peut-être qu'un canular, ce qui n'est pas grave, a-t-il dit, «tant que ça fait parler du mouvement».

C'est moins une «enquête» qu'une chronique serrée des événements que nous propose Martin Bisaillon. En effet, son incursion dans la secte se limite à une information de seconde main, largement connue de ceux qui connaissent l'épopée des Raëliens ces dernières années.

L'auteur n'a pas non plus voulu interviewer Raël parce que, dit-il en préface, le gourou raconte toujours la même chose. Soit. Mais il aurait pu nous donner d'autres informations à nous mettre sous la dent. Dommage, par exemple, qu'il n'ait pas assisté aux fameux partys raëliens, fréquemment organisés au centre-ville de Montréal. Dans leurs partouzes, les Raëliens ne carburent pas à l'eau claire et s'échangent beaucoup plus que leurs numéros de téléphone. Le livre rate aussi une belle occasion de remettre les pendules à l'heure sur l'ampleur du mouvement raëlien. En effet, Raël soutient que son mouvement compte 55 000 membres dans 84 pays, dont 3000 au Québec. Mais dans un texte paru le 11 janvier dernier dans La Presse, Denis Lessard citait une source proche du mouvement qui établissait le nombre de fidèles québécois à environ 300. Après plus de 20 ans de durs labeurs, de conférences et de campagnes de marketing reprises mur à mur par les médias, la récolte du jardinier est plutôt maigre.

Ceci dit, Raël a quand même réussi à se tailler une place de choix dans le petit firmament des gourous québécois et Martin Bisaillon documente bien le phénomène raëlien dans son ensemble. Son ouvrage servira de référence pour ceux que les tumultes de la vie du gourou intéresse.

***
ENQUÊTE SUR LE MOUVEMENT RAËLIEN
Martin Bisaillon
Les Intouchables, 298 pages



France : Raël

Clonage reproductif humain. interdiction

AFP 15 septembre 2003

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 10281 de M. Leveau Édouard ( Union pour un Mouvement Populaire - Seine-Maritime ) QE
Ministère interrogé : santé - Ministère attributaire : santé - Question publiée au JO le : 13/01/2003 page : 185 - Réponse publiée au JO le : 15/09/2003 page : 7170


Texte de la QUESTION : M. Édouard Leveau souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur l'annonce de la naissance du premier enfant cloné. Même si l'annonce a été faite par l'adepte d'une secte et, de surcroît, sans aucune preuve scientifique et médicale à l'appui, elle a suscité consternation et inquiétude à l'égard d'un tel procédé qui ne semble pas impossible dans un futur proche. En effet, le clonage humain reproductif menace la dignité de l'homme et ouvre la porte à l'eugénisme et à toutes les dérives possibles. En outre, d'un pays à l'autre le régime juridique concernant le clonage humain reproductif est soit différent, soit inexistant. Ces disparités juridiques menacent profondément les initiatives de l'ONU d'établir une convention internationale à ce sujet. Face à de telles inquiétudes, il souhaite connaître la position du Gouvernement tant au niveau national qu'au niveau international.

Texte de la REPONSE : Le projet de loi relatif à la bioéthique adopté par le Sénat en première lecture le 30 janvier 2003 a inscrit dans le code civil une interdiction expresse du clonage à finalité reproductive : « Est interdite toute intervention ayant pour but de faire naître un enfant génétiquement identique à une autre personne vivante ou décédée. »

A cet égard le Sénat a choisi une définition reposant sur l'identité génétique et non plus, comme l'avait fait précédemment votre haute assemblée sur la reproduction asexuée. Cette nouvelle définition répond plus directement aux effets d'annonce des adeptes du clonage dont l'intention est de répliquer à l'identique un individu plus que de contourner la reproduction sexuée.

Par ailleurs, a été introduit un nouvel article dans le code pénal faisant du clonage à fin reproductive « un crime contre l'espèce humaine », au même titre que l'eugénisme. Il s'agit en effet, d'un crime qui touche aux fondements mêmes de la civilisation humaine. L'annonce de la secte des raëliens, en décembre 2002, d'une naissance par clonage a permis de souligner la dimension universelle de l'indignation morale face aux tentatives de clonage reproductif. En même temps, elle a mis en lumière l'insuffisance, voire l'absence d'instruments juridiques au niveau international qui seuls permettraient de faire face aux dérives de certains scientifiques.

Le protocole additionnel à la convention d'Oviedo portant interdiction du clonage ne permet de répondre à cette situation préoccupante que de façon partielle et donc insuffisante. Il est donc apparu nécessaire et urgent au gouvernement français de proposer, en accord avec le gouvernement allemand, à l'ensemble des États membres de l'ONU de négocier au plus vite un projet de convention internationale d'interdiction du clonage reproductif d'êtres humains. Le processus de négociations sur ce projet de convention, initié par la France et l'Allemagne dès août 2001, n'a cependant pas reçu un écho unanimement favorable. En effet, certains États, dont les États-Unis d'Amérique, souhaitent que la convention porte sur l'interdiction de l'ensemble des formes de clonage. Or, un certain nombre d'États ne considèrent pas que le clonage à finalité thérapeutique (transfert du noyau d'une cellule somatique) doive faire l'objet d'une interdiction, ou si celle-ci est retenue, elle ne peut être de même nature que celle du clonage reproductif. Vouloir aller dans le sens d'une interdiction globale semble incompatible avec toute possibilité de consensus sur l'essentiel, le clonage reproductif.

Les négociations se poursuivent afin que le consensus qui existe à l'égard du clonage reproductif se traduise le plus rapidement possible par un instrument juridique contraignant. De nouvelles pistes de négociations seront proposées par la France et l'Allemagne lors de la prochaine 6e commission de septembre. Le Président de la République a toujours exprimé sa forte préoccupation des questions bioéthiques. Ainsi, lors de la célébration du XXe anniversaire de la création du Comité consultatif national d'éthique, il a émis l'idée que l'UNESCO se charge de la rédaction d'une convention internationale sur la bioéthique. Le Comité international de bioéthique auprès de l'UNESCO devrait proposer, à l'automne prochain, à l'assemblée générale de l'UNESCO le cadre juridique d'une telle convention.



Belgique : Sectes et opinions

Le droit à la liberté religieuse est-il tombé du ciel?

La Libre Belgique 15 septembre 2003 par Denis Lepage

[Texte intégral]

L'Eglise de scientologie inaugure ses bâtiments européens ce mercredi à Bruxelles. Et relance la question de la tolérance à avoir face au phénomène sectaire. Florilège d'arguments.

Lisez aussi: Opinion de Anne Morelli

Lisez aussi: Opinion de Julia B. Nyssens-Dussart

ABDELFATTAH AMOR vice-président du Comité des droits de l'homme des Nations Unies.

J'estime (...) prématurée les initiatives tendant à voulant consacrer la notion de délit dit de manipulation mentale, dans la mesure où l'arsenal juridique existant en Europe occidentale semble suffisamment apte à couvrir les abus susceptibles d'être commis par des communautés de religion ou de conviction. Certes, l'approche de l'Europe occidentale en ce domaine repose sur une conception continentale visant à protéger l'individu au besoin malgré lui, tel qu'illustré en droit par l'obligation d'assistance à personne en danger sous peine de sanction pénale, contrairement à la conception américaine reposant sur la responsabilité personnelle et non collective.

Il n'en demeure pas moins qu'il est important que la préoccupation légitime des Etats de l'Europe occidentale ne se traduise pas par une déresponsabilisation de l'individu.

MICHEL LACROIX maître de conférences à l'Université d'Evry-Val d'Essonne

Nous sommes dans une ère véritablement prométhéenne, illustrée en particulier par la pratique du dopage, l'attrait pour le paranormal, le dépassement de soi, la drogue, l'expérimentation des états non ordinaires de conscience. Le développement personnel est un des fleurons de cette philosophie de la maîtrise et de la puissance. Les sectes ont donc des raisons sérieuses d'être présentes sur ce créneau.

Elles profitent des dérives du développement personnel, du flou qui entoure la profession de thérapeute, et du risque de dépendance découlant de l'immersion dans les groupes à l'occasion des stages. Sans faire d'amalgame, constatons qu'il y a des similitudes entre le projet des sectes et celui du développement personnel. Les objectifs sont identiques : c'est la promesse adressée aux individus d'accroître leurs facultés. « Vous serez des surhommes, vous serez comme des dieux», leur répète-t-on.

Les méthodes, elles aussi, sont de même nature : elles consistent en une modification en profondeur de la perception. On cherche à altérer la grille de lecture du monde, en agissant sur le psychisme, non pas sur le mode additif (comme dans le «bourrage de crâne»), mais sur le mode qualitatif. Il s'agit de transformer les croyances du sujet par la déprogrammation et la reprogrammation.

ANNE FOURNIER historienne, auteur de «La dérive sectaire».(in Le Journal des Psychologues n° 174 - Février 2000)

Les erreurs les plus graves concernent les adeptes, soit qu'on les considère comme des objets passifs et naïfs magiquement hypnotisés par un criminel, soit que l'on nie la réalité des mécanismes d'embrigadement et la construction subtile de la dépendance au sein de ces groupes. La construction d'une allégeance inconditionnelle requiert une participation active des adeptes, explicable par le fait que le groupe sectaire propose des réponses à des aspirations et à des révoltes largement répandues.

Nous ne nions pas les souffrances psychologiques très importantes des adeptes récemment sortis d'un groupe sectaire. Peut-on dire pour autant que tous les adeptes sont atteints de troubles psychologiques à leur entrée? Cette vision du phénomène sectaire a l'inconvénient majeur de dédouaner: l'adepte n'est pas responsable de son adhésion et de ses actes dans le groupe, puisqu'il était fragile, voire perturbé. (...)

La société ne ferait alors que subir les conséquences malheureuses de la maladie de certains de ses membres, mais n'est en aucun cas réinterrogée. sur son fonctionnement. Enfin et surtout, cela permet à tout un chacun de se croire à l'abri. Or, l'embrigadement, la manipulation nous concernent tous. Nous sommes tous manipulables.


belgique : Scientologie

L'«Eglise» de scientologie n'a pas la cote auprès du gotha politique

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003 par Matt Hines, CNET News.com

[Texte intégral]

Un grand «non» des élus et des partis P.D.G. et R.P.

La scientologie ne doit pas s'attendre à voir les hommes politiques affluer en masse à l'inauguration de son ambassade européenne.

Florilège de réactions.

Joëlle Milquet (présidente du CDH): «Bien sûr que non, je n'irai pas. Ce n'est certes pas aux hommes et aux femmes politiques à cautionner les sectes que nous devons combattre. Ceci dit, je regrette que la lutte engagée à ce sujet en 1997 ne soit pas davantage poursuivie.»

Daniel Ducarme (MR), ministre-président de la Région bruxelloise: «Je n'irai sûrement pas! Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai un doute quant à la fiabilité et au sérieux d'une telle opération. Tout ce qui touche de près ou de loin à une secte ou tout ce qui peut s'y apparenter, je n'y vais pas».

Elio di Rupo (président du PS) «ne compte vraiment pas y aller», tout simplement.

Antoine Duquesne (président du MR): «J'avais déposé la proposition de loi pour la création de la commission parlementaire sur les sectes, qui a débouché sur un rapport particulièrement sévère à l'égard de la scientologie. Or j'ai reçu leur invitation. Je me suis dit qu'ils ont un sacré culot... Mais bien sûr que non, je n'irai pas».

Hervé Doyen (bourgmestre de Jette/CDH): «J'ai peine à comprendre qu'un groupe qui répond aux critères objectifs définissant une secte puisse s'installer, avec pignon sur rue. D'autant plus dans un endroit aussi symbolique que la rue de la Loi.»

Jacques Simonet (MR, en tant que bourgmestre d'Anderlecht): «J'ai jeté l'invitation au panier. Ils tentent toujours d'attirer dans leurs filets un certain nombre de personnalités politiques ou médiatiques en espérant que celles-ci ne se rendraient pas compte de la mascarade à laquelle ils se prêteraient et qui ensuite serait exploitée par les responsables de la secte».

Martine Payfa (bourgmestre de Watermael-Boisfort/ MR-FDF): «Je suis révoltée. C'est très grave et très interpellant. La scientologie ne cherche qu'à gagner de l'argent et personne n'est à l'abri de leurs démarches.»

Charles Picqué (bourgmestre de Saint-Gilles/PS): «Je n'irai pas. Tout le monde a le droit à l'expression culturelle et religieuse mais je ne pense pas qu'un élu doit accréditer ces nouvelles églises qui fleurissent sur le terreau du désarroi voire du désespoir et qui sont à la marge de la spiritualité et du commerce.»

Bernard Clerfayt (bourgmestre de Schaerbeek/ MR-FDF): «Evidemment non. Je pense que c'est une secte dangereuse pour la population. Ce n'est pas pour rien qu'elle s'installe dans le quartier européen, on connaît sa capacité de lobbying.»


Belgique : Scientologie

"Lobbying, amalgame"

Le Soir, le 16 septembre 2003 par Hugues Dorzée

[Texte intégral]

Mercredi, l'Eglise de scientologie doit inaugurer son "bureau européen des affaires publiques et des droits de l'homme", rue de la Loi, à Bruxelles. La députée européenne Anne-André Léonard (MR) s'insurge contre "les pratiques de lobbying" de la secte: Cette inauguration risque de provoquer un amalgame entre les activités des scientologues et celles du Parlement européen. Et l'élue de rappeler l'instruction pénale en cours à l'encontre de membres de la secte en Belgique et à l'étranger.


Belgique : Scientologie

Des ennuis politiques et judiciaires

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003 par Pascal De Gendt et Roland Planchar

[Texte intégral]

En 1997, le Parlement avait dépeint un mouvement dangereux et nuisible. La longue instruction ouverte par le juge Van Espen vient de s'achever.

Contrairement à ce qu'on pense souvent, l'enquête parlementaire belge «visant à élaborer une politique en vue de lutter contre les pratiques illégales des sectes, etc.» (1997) ne contient pas de «liste» des sectes actives en Belgique, mais un tableau synoptique recueillant les informations réunies au cours des travaux. Ce qui signifie donc que les mouvements qui y sont présents ne sont pas tous de facto considérés comme des sectes.

L'«Eglise» de scientologie y est présentée comme une doctrine pratiquant la psychologie appliquée. Les mots «Mythologie de science-fiction» et «guérisseuse» sont également repris dans cette colonne. Les méthodes de recrutement sont diverses: tests de personnalités, cours et conférences, programmes éducatifs divers, formation de cadre, vente d'ouvrages, etc.

Subversif

Une synthèse qui ne donne qu'une faible idée des témoignages recueillis par la commission, certains de ceux-ci parlant d'un «mouvement subversif et dangereux, notamment parce qu'il essayerait d'infiltrer les rouages de l'autorité publique». Des manoeuvres d'intimidation, envers les «ennemis» de la scientologie sont également évoquées tout comme l'aspect commercial. La commission signale également des témoignages favorables à la scientologie dont l'objectif serait «d'arriver à un monde sans criminalité et sans guerre où tout le monde se sentirait bien.» Le mouvement traînerait-il, dans nos contrées, une réputation sulfureuse qu'il ne mérite pas? Sans doute, non.

Car, au-delà de cette enquête parlementaire, la scientologie a également été l'objet d'une instruction judiciaire du juge bruxellois Jean-Claude Van Espen. «A été», disons-nous, parce que le hasard fait que - étape importante - cette instruction vient d'être clôturée tout récemment, apprend-on, et que le dossier va être communiqué incessamment au parquet de la capitale. La longue enquête, ouverte à la suite d'une plainte d'adepte déposée en 1997 et qui a connu des rebondissements spectaculaires, comme lors d'une vague de perquisitions fin septembre 1999, est donc achevée.

A l'époque, le magistrat avait mis au jour les fichiers que les scientologues entretiennent sur leurs adeptes, mais également semble-t-il sur quelques personnes extérieures à la secte : membres du corps politique, de la sûreté de l'Etat, de l'ex-gendarmerie voire de la presse.

Sous réserve du jugement à intervenir (les scientologues aussi bénéficient de la présomption d'innocence), cette instruction paraît emblématique dans la mesure où elle montre que, sans qu'il y soit jamais question de l'aspect sectaire ou même prétendument religieux des choses, la scientologie enfreint les lois.

Le travail de M. Van Espen portait en effet sur des infractions relatives à l'organisation criminelle, à la pratique illégale de la médecine et de la pharmacie, à l'escroquerie et à la non assistance à personne en danger (toutes, sauf la première, n'étant pas reprochées à l'ensemble des neuf inculpés, dont l'asbl elle-même).

Or, à deux reprises déjà au cours de procédures connexes (LLB des 19/2/2002 et 29/3/2003), la cour d'appel de Bruxelles avait conforté le sens des investigations du magistrat quant à ces fichiers. Ils sont parfaitement illégaux car ils contreviennent gravement à presque toutes les dispositions de la loi sur la vie privée. Vie intime et sexuelle, données familiales, informations médicales, comptes rendus de confessions culpabilisantes, toutes choses permettant de mieux asseoir l'emprise sectaire sur les adeptes.

A cet égard, on s'étonne toujours de l'absence de réaction de la Commission de protection de la vie privée, puisqu'il s'agit du plus important dossier du genre jamais évoqué. Cela s'inscrit-il dans la désaffection que dénonce par ailleurs Antoine Duquesne ? Ou bien cela découle-t-il du peu de moyens alloués à cette commission, dont le personnel est en constante régression (16 membres cette année, pour assumer les milliers de dossiers relatifs au commerce, aux enquêtes policières, aux plaintes des particuliers).

Procès technique

Bref, il faut s'attendre à plusieurs mois de délai avant que le réquisitoire du parquet soit tracé et que l'affaire soit fixée au tribunal. Le procès pourrait être techniquement difficile parce que l'asbl est poursuivie en tant que personne morale, ce qui découle d'une législation neuve, et parce que les poursuites pour violation de la vie privée sont elles-mêmes une première, ou quasi. Mais on verra alors si, comme elle le prétend, la scientologie belge «défend» les droits de l'homme.


Belgique : Scientologie

Sociétés privées et institutions publiques intéressent la secte

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003 par Pascal De Gendt et Roland Planchar

[Texte intégral]

Entrer à tout prix dans les rouages de l'Etat. Afin de gagner en puissance et en crédibilité. C'est tout le travail actuel de l'«Eglise», en Europe. A tel point que certains Länder allemands ont interdit aux scientologues d'être fonctionnaires.

Bien organisés, agissant selon des schémas élaborés, les sectateurs sont donnés par plusieurs spécialistes comme prêts à tout pour obtenir des relais dans les milieux influents (d'où, notamment, le fichage de personnalités; voir par ailleurs). La moindre faiblesse institutionnelle peut être exploitée. Même là où on ne l'attend pas, même par des voies en apparence innocentes. Ainsi, un petit scandale avait éclaté au mois de septembre 2000 à l'annonce de l'organisation d'une exposition «Qu'est-ce que la scientologie?», organisée par la secte dans un hôtel appartenant à... la Sabena. C'est que l'Etat lui-même était actionnaire de la défunte compagnie. Le même Etat qui, via le Parlement, avait qualifié la scientologie de nuisible...

Par ailleurs, plusieurs sociétés commerciales - y compris de prestigieuses - ont avoué avoir accueilli, sans s'en rendre compte au prime abord, des scientologues venus dispenser des cours (le plus souvent de management) aux cadres et cadres supérieurs, sous le couvert de sociétés apparemment anodines.

Ce n'est certes pas interdit. Le hic, c'est que des officiers de gendarmerie nous avaient confié, quelque temps avant que ce corps disparaisse, avoir eu le sentiment - mais pas la preuve - qu'ils avaient reçu certains cours de ce type. Et que ceux-ci avaient été élaborés, sinon dispensés, par la scientologie.

Entrisme...


Belgique : Sectes et opinions

Opinion de Julia B. Nyssens-Dussart

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003 propos recueillis par Thierry Boutte

[Texte intégral]

Au nom de la liberté de conscience, les sectes bafouent d'autres libertés, d'autres droits. Ces groupes ne sont pas au-dessus des lois et des Conventions internationales


Ancienne avocate. Fondatrice de l'ADIF (1)

Membre du CIAOSN (Centre d'information et avis sur les organisations sectaires nuisibles) (2)

Je ne condamne pas les sectes. D'elles-mêmes, elles se mettent hors la loi, hors certaines de nos lois, hors la Constitution, hors des Conventions internationales.

Il faut reconnaître que le sectarisme est un phénomène immémorial et endémique, inscrit dans la structure de toutes les sociétés humaines. Les manichéens, les pythagoriciens et les autres existent depuis le commencement des temps. Refaisons l'Histoire: quels sont les piliers de l'humanisme européen? Par ordre alphabétique, le christianisme (avec les catholiques, orthodoxes, protestants), l'islam, le judaïsme, le rationalisme (de l'Antiquité à aujourd'hui en passant par l'âge des Lumières) et les voies du marxisme, maoïsme et de l'existentialisme. Ces piliers ont tous été traversés par des dérives sectaires. Fondamentalisme, intégrisme (politique dictée par une théorie religieuse), syncrétisme (mélange de courants tous azimuts), manichéisme (opposition sans nuance du bien et du mal) : l'Histoire apporte la preuve que, du christianisme au marxisme, même les «institutions» ont connu des dérapages.

Au sens propre du terme, le mot «secte» vient de secta, sequi - suivre et en ce sens, l'église catholique apparaît comme une secte par rapport au judaïsme. Mais aujourd'hui, on ne l'entend plus comme tel. La secte «sectaire» se révèle un groupe fondé par une personne qui prétend apporter la vérité mais qui, surtout, travaille, non pas dans l'intérêt des adeptes mais bien dans celui (financier souvent) du fondateur sans porte de sortie et de recours externes. Et gardons-nous de considérer que le monde religieux et philosophique a le monopole de cette logique; le monde politique, psychologique, économique... en «profite» aussi!

Les organisations sectaires, définies comme telles par des enquêtes parlementaires belge, française, allemande ou espagnole attirent donc l'attention par leurs méthodes utilisées et les effets obtenus. Les mettre en cause selon des critères philosophiques serait mal venu, faisons-le face au droit. Toutes les Constitutions des pays démocratiques ont toujours reconnu la liberté de conscience et de pensée, mais limitée par le respect aux lois d'ordre public. Or, nous constatons que certains groupes dits sectaires ne respectent, à des degrés divers, ni les lois civiles (notamment sur le vice de consentement lors de mariage forcé, de divorce, d'adoption, d'emprunt forcé..., sur des engagements à perpétuité, etc.) ni les lois fiscales (évasion de capitaux) ni les lois sociales (infractions au droit individuel et collectif du travail) ni le code pénal (escroquerie, abus de confiance, publicité mensongère, exercice illégal de la médecine, de la pharmacie, etc.) ni le code commercial (multinationales et/ou sociétés à but lucratif déguisées en asbl) ni certaines conventions internationales (Droits de l'homme, de l'enfant...). L'article 17 de la Convention européenne des droits de l'homme (reconnue par la Belgique fédérale) prescrit - en résumé - qu'un Etat signataire ne peut pas, au nom d'une liberté fondamentale, laisser mépriser ou violer les autres libertés fondamentales et lois du pays. Nous sommes au centre du problème sectaire. Comment ces groupes peuvent-ils invoquer la liberté religieuse (de conscience, d'enseignement, d'expression et d'association) et ignorer les autres libertés, droits et lois? Les libertés fondamentales doivent être prises globalement et ne peuvent souffrir d'être manipulées ou utilisées partiellement. Or, c'est une des forces de ces groupes.

On a décrit ci-dessus les infractions aux lois, combien de pratiques ne sont pas contraires à la dignité humaine; créant une forme d'esclavage ici, incitant là à la haine à l'égard des parents ou amis qui pensent différemment. Est-ce leur liberté contre les droits de l'homme?

La culture se voit également dénaturée et la destruction des catégories logiques dans la conceptualisation des termes conduit à un genre nouveau d'illettrisme. Ce qu'on appelle «église» aux Etats-Unis n'a rien à voir avec une «église» en Belgique. Inventions de mots, mélanges, phénomènes d'inculturation, d'acculturation, manipulations de textes fondamentaux voire sacrés... : la malhonnêteté intellectuelle n'est pas inconnue au bataillon. En paraphrasant Dostoïevski dans «Les frères Karamazov», ils penseront que nous disons la vérité, nous serons en train de mentir mais ils croiront toujours que nous avons raison.

Les groupes sectaires ont toujours suivi cette veine et les adeptes suivent. Supprimer les sectes ne servirait à rien. Elles naîtraient autrement. On peut sans doute assigner l'homme à résidence, faire son procès et celui de la condition humaine... Mais laissons cela aux écrivains. Contentons-nous d'aider les individus et la société à réfléchir. Posément, avec le droit et sans haine.

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Julia B. Nyssens-Dussart est ancienne avocate. Fondatrice de l'ADIF (1), membre du CIAOSN (Centre d'information et avis sur les organisations sectaires nuisibles) (2)


Belgique : Sectes et opinions

Opinion de Anne Morelli

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003 propos recueillis par Laurent Hoebrecht

[Texte intégral]

La liberté de pensée ne peut pas être limitée. A partir de là, il est difficile de différencier grands et petits mouvements religieux, vraie conversion ou escroquerie…

Une précision d’abord: je ne suis évidemment pas favorable aux sectes. Par exemple, je crois que tout ce que raconte la scientologie sont des bêtises. Mais je suis pour la liberté d’expression et de pensée. Je me rendrai à l’inauguration du nouveau bâtiment rue de la Loi, comme je vais à l’inauguration du carême de partage. Cela m’est arrivé. Je vais chez des témoins de Jehovah, des catholiques, des protestants, des juifs… Néanmoins, je considère personnellement que toutes ces croyances sont absurdes. Mais les gens sont libres de raconter tout cela du moment qu’ils ne m’obligent pas à les croire. Et pour autant qu’ils se conforment à la législation civile.

Ainsi s’il y a transgression par rapport à la loi–qu’elle soit faite par des gens sans religion, ou avec religion, petite ou grande–, tout le monde doit être traité de la même façon. S’il y a des cas de pédophilie, il est normal que les personnes soient punies, qu’elles fassent partie d’un mouvement religieux ou pas. S’il y a des extorsions de fonds, il faut que les délinquants soient poursuivis peu importe leur option politique ou religieuse. J’ai écrit un petit livre, “lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes”. Je considère ainsi que parmi les adversaires des sectes, certains sont extraordinairement… sectaires: ils recherchent partout la secte et finissent par créer aussi beaucoup de drame de l’autre côté. Il y a des gens qui ont eu leur vie de famille ruinée, qui ont perdu leur emploi quand on les a désignés comme membre d’une “secte”. Je crois donc qu’il n’est pas possible de limiter la liberté de pensée. On a beaucoup parlé de lavages de cerveau, de manipulations mentales,… C’est extrêmement complexe, mais rien n’a été prouvé scientifiquement. Le fait est que, quand il s’agit d’une opinion qui vous est désagréable, on invoque souvent ce genre d’argument. Si l’opinion vous est chère, par contre, vous trouvez la transformation tout à fait normale. Là aussi, il n’y a pas moyen d’intégrer l’un et pas l’autre.

Ou bien on accepte qu’il y ait des conversions: comme saint Paul sur le chemin de Damas au même titre qu’une personne devienne une adepte de Krishna à la suite d’un week-end. Ou alors on dit que tout cela relève de l’escroquerie. Je ne crois pas que ce soit le cas: je pense que ces gens sont de bonne volonté, de bonne foi.

J’ai été notamment impressionnée par un livre de Massimo Introvigne, “Lavage de cerveau: réalité ou mythe?”. Il montre que l’armée américaine a beaucoup travaillé là-dessus. Les militaires pensaient que leurs soldats qui rentraient des prisons vietnamiennes avaient été victimes de lavages de cerveau parce qu’ils revenaient communistes. Ils n’imaginaient pas un seul instant que, au contact de ces déshérités, ces soldats avaient pu simplement prendre fait et cause pour des gens qu’ils considéraient finalement comme des victimes. Donc ils ont énormément investi dans les techniques de persuasion coercitive, etc… Cela n’a jamais marché. Ce que les psychologues et les scientifiques de l’armée américaine ont essayé de mettre au point pendant des décennies sans résultat, un simple groupe de méditation le réussirait si bien?

N’y a-t-il donc aucune différence à faire? Il y a certes des labels d’honorabilité. C’est d’habitude le politique qui les délivre. Ceux qui ne l’ont pas, on va les appeler hérésie, secte… Mais c’est un choix qui n’a rien à voir avec la fermeté des arguments théologiques, ou l’ancienneté par exemple: certaines croyances orientales précèdent le christianisme. Si l’on entend le critère de nuisance comme le nombre de morts que causent les mouvements religieux, il est évident que les grandes religions sont beaucoup plus “nuisibles”. Il y a beaucoup plus de gens qui se suicident au nom de l’islam ou qui massacrent au nom du protestantisme ou du catholicisme en Irlande, que suite aux injonctions des petits entrepreneurs indépendants qu’on appelle secte. La nuisance n’est donc pas un critère pour distinguer les religions des sectes.

On peut enfin relever la différence de perception du phénomène entre l’Europe–la France et la Belgique, en particulier–, et les Etats-Unis. En Europe, on part d’une tradition de religion unique. On a démarré d’une religion, en général le catholicisme, puis on a accordé la tolérance aux juifs, aux protestants, plus récemment aux laïcs et aux musulmans. Mais reste le schéma de quelques religions privilégiées par le pouvoir politique, qui reçoivent des avantages reconnus: elles voient par exemple leurs ministres du culte payés, il y a des cours de religion… Aux Etats-Unis, l’optique est différente. C’est un pays né de personnes qui étaient discriminées sur le plan religieux. Les pères fondateurs avaient comme but la liberté totale de religion. Du coup aucune n’est privilégiée. Le respect est dû à tous les groupements religieux. Mais, d’autre part, il n’y a pas de compréhension du phénomène de l’athéisme, par exemple.
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Anne Morelli est Professeur à l’ULB Institut d’étude des religions et de la laïcité, Docteur en histoire


Belgique : Sectes et opinions

Entre guillemets

La Libre Belgique, le 16 septembre 2003

[Texte intégral]

Une forme de contrôle mental

«LA PRIVATION DE LIBERTÉ N'A PAS LIEU AU MOMENT OU LE CANDIDAT ADHÈRE AU GROUPE,
car normalement il décide lui-même après un premier contact s'il reste et persévère, ou s'il décroche. La privation de liberté n'est pas, dans la plupart des cas, de nature physique, car l'écrasante majorité des membres d'une «secte» ne vivent pas en communauté séparée, mais dans leur milieu familial (...).

La privation de liberté est notamment mentale et prend en outre une forme spécifique de contrôle mental. Il ne s'agit pas non plus de lavage de cerveau, car personne ne s'y soumet volontairement; le lavage de cerveau s'exerçant dès le début à l'encontre de la volonté de la victime. Le résultat final est que la personne en question ne pense et ne ressent plus les choses de manière autonome, mais qu'elle est, par sa façon de parler, de penser et ressentir, entièrement imprégnée de l'idéologie de la secte. Elle reproduit ce qu'on lui a enseigné.»

Charles Delhez et Adelbert Denaux, «Eglises, «sectes» et nouveaux mouvements religieux», Ed. Fidélité, Namur, 1999, pp. 44 et 45.

Dixit

PATRICK SÉBASTIEN, comédien:

«Le lapin croit que les phares d'une voiture sont là pour lui éclairer la route... Un peu comme les adeptes d'une secte.»

ANONYME:

«La différence entre religion et secte est la même qu'entre érotisme et pornographie. Chacun en parle mais personne ne la connaît.»

ALAIN WOODROW, journaliste:

«Les sectes sont des clignotants qui signalent un défaut dans les circuits de notre civilisation matérialiste.»

(Extrait de «Les nouvelles sectes». 1977. Editions du Seuil, Points actuels.)

ANDRÉ FROSSARD, philosophe français:

«On va chercher dans les sectes un peu de cette chaleur que produisent les inquiétudes et les désarrois partagés dans un monde gagné par le froid de l'indifférence.»

VOLTAIRE, philosophe:

«Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du doute et de l'erreur. Scotistes, thomistes, réaux, nominaux, papistes, calvinistes, molinistes, jansénistes ne sont que des noms de guerre. Il n'y a point de secte en géométrie; on ne dit point un euclidien, un archimédien. Quand la vérité est évidente, il est impossible qu'il s'élève des partis et des factions. Jamais on n'a disputé s'il fait jour à midi.»

(Extrait du Dictionnaire philosophique).


Belgique : Scientologie

La scientologie a plusieurs cordes à son arc

La Libre Belgique, le 17 septembre 2003

[Texte intégral]

En Belgique, plus de 5000 personnes auraient adopté la scientologie. Mais l'activité du mouvement n'est pas que spirituelle.

Le principal reproche fait à l'église de scientologie concerne probablement sa manière particulière de mêler commerce et spiritualité. Le mouvement a, en effet, mis au point une organisation «multi-cartes», les domaines dans lesquels elle intervient, sans que ce soit toujours explicite, étant variés.

Le premier concerne le développement individuel. Séduit d'une manière ou d'une autre par la dianétique, qui permettrait à l'homme «de guérir lui-même ses troubles en libérant son esprit», le citoyen lambda peut décider d'entamer un parcours au sein du mouvement. Mais inutile de concevoir cette quête spirituelle sans l'achat des ouvrages de Ron Hubbard, sans les auditions et les cours payants ou, à un stade plus lointain, sans l'acquisition de l'électromètre, un appareil censé fixer votre «image mentale». Les cours sont donnés gratuitement aux permanents, c'est-à-dire aux personnes qui ont accepté de travailler, souvent à faible salaire, pour le mouvement.

Consultance

En France, où la scientologie a et fait encore l'objet de plusieurs procédures judiciaires, des ex-membres ont évoqué leur ruine attribuée au mouvement. En Belgique, où elle bénéficie d'un statut d'asbl (alors qu'en Allemagne, elle est considérée comme une société commerciale), il est difficile d'évaluer le nombre d'adeptes. Devant la commission d'enquête parlementaire, Jacky Vaquette, alors représentant du mouvement pour notre pays, estimait à 5000 le nombre de personnes suivant régulièrement les cours, dont une quinzaine de permanents. Ces derniers ne semblent pas avoir augmenté, tandis que l'on peut estimer que le chiffre d'adeptes a quelque peu évolué. Mais la grande réussite du mouvement est sans doute d'avoir mis au point des technologies de management pour lesquelles des droits d'auteur sont versés au «Religious Technology Center» de Los Angeles. Ces techniques de gestion, directement inspirées de la dianétique, sont inculquées par des sociétés de consultance dont les plus connues chez nous sont, ou étaient, «U-Man Belgium» et «Management efficiency». Les entreprises qui ont opté pour les méthodes scientologiques sont regroupées au sein du Wise (World Institute of scientology entreprises).

Patrons ou administrateurs de société peuvent aussi, sans pour autant appliquer les méthodes scientologues, faire des dons à l'International Association of Scientologists.

Éducation

Reste encore le volet éducatif. Celui par lequel la scientologie espère promouvoir l'évolution vers un monde meilleur. Ou plutôt correspondant mieux à sa philosophie de base. En Belgique, l'exemple le plus célèbre est celui de l'asbl Narconon, créée en 1982 et dissoute en 1985. Entre-temps, elle avait eu l'occasion de vendre des cures de sevrage plutôt corsées. La campagne de prévention «Shériff sans drogues», visant les écoles, a également fait parler d'elle durant les années '90. Outre le fait qu'on peut douter qu'elle ait été mise au point par des spécialistes du genre, dans quelle mesure pouvait-elle être considérée comme du prosélytisme?

Plusieurs écoles privées diffusant les visions pédagogiques de Ron Hubbard ont également existé de manière plus ou moins éphémère. Seule «Creatif Onder-wijs» serait encore en activité à Anvers.


Belgique : Scientologie

L'Église de scientologie s'estime "discriminée" en Europe

Reuters, le 17 septembre 2003

[Texte intégral]

BRUXELLES - L'Église de scientologie a ouvert jeudi un bureau à Bruxelles d'où elle compte faire campagne contre ce qu'elle considère comme de la discrimination contre les "nouvelles religions" dans certains pays de l'Union européenne.

D'origine californienne, l'Église de scientologie a vu plusieurs de ses membres traduits en justice dans plusieurs pays européens. Certains États la considèrent comme une secte et lui refusent le statut de religion à part entière. "La seule chose que nous demandons, c'est de ne pas subir de discrimination", a déclaré Kurt Weiland, l'un des responsables de l'organisation. "Il y a de la discrimination, il y en a beaucoup (...) Nous allons travailler avec les institutions européennes pour faire changer les choses", a-t-il poursuivi, citant la France, l'Allemagne et la Belgique comme les pays les plus hostiles.

L'Église de scientologie, qui compte les acteurs américains John Travolta et Tom Cruise au nombre de ses quelque 8,5 millions de membres, dit vouloir tripler ses activités caritatives en Europe dans les trois ans qui viennent. L'Église, qui déclare compter deux millions de fidèles en Europe, a été fondée en 1954 par l'auteur de romans de science fiction L. Ron Hubbard. La France, qui a durci le ton contre les sectes après la mort de 16 membres de l'Ordre du Temple solaire en 1995, refuse de considérer la scientologie comme une religion.

La branche française de l'organisation a été condamnée à 8.000 euros d'amende pour violation de la vie privée de ses anciens membres, à propos desquels elle conservait des renseignements sur une banque de données. Des dirigeants scientologues ont été condamnés pour fraude à Lyon en 1997 et Marseille en 1999.


Belgique : Scientologie

Trois questions à Antoine Duquesne

La Libre Belgique, le 17 septembre 2003

[Texte intégral]

A. DUQUESNE Ancien rapporteur de la commission d'enquête sur les sectes (1997), président du MR

Vous êtes contre la scientologie?

Il ne s'agit pas d'être pour ou contre, mais de déterminer dans quelle mesure certaines sectes représentent un danger pour les personnes et l'Etat. Il faut respecter la liberté d'association, mais les auditions de personnes, devant la commission, avaient bien montré les drames humains et familiaux qu'une secte comme la scientologie peut provoquer. Mettre cette «Eglise» sur la liste, c'était lancer un appel pour favoriser la vigilance. Quant à leur lobbying, leur installation rue de la Loi et leur prétention de défendre les libertés, je dis que c'est un artifice. Ce sont les charlatans des droits de l'homme.

Les recommandations formulées par la commission parlementaire ont-elles été suivies?

Je regrette d'avoir à constater que, après une importante prise de conscience, tout cela est retombé. Je le dis d'ailleurs -en toute amitié- aux membres du Centre d'information sur les sectes (1): il faut être plus actif dans l'information donnée au public. Je plaide aussi pour que la collaboration entre les différents services et les différents pays soit améliorée. Il y a eu une amélioration, par exemple entre les parquets, mais il faut se souvenir qu'on peut déceler les actes sectaires nuisibles derrière des faits de pratique illégale de la médecine, derrière des infractions financières, derrière des asbl fumeuses, etc. Tout le monde devrait mieux coopérer.

La Belgique est-elle bien armée contre les sectes?

A mon sens et du côté juridique, non. La loi n'aide pas assez les magistrats et les policiers. Il faut compléter l'arsenal juridique, comme l'avait du reste recommandé la commission. En France, par exemple, l'«abus de faiblesse» des personnes fragiles est reconnu comme infraction. Pas ici, alors que les sectes s'en prennent évidemment surtout à ces personnes. (R.P.)

(1) CIAOSN, Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles, plus connu sous le nom d'Observatoire des sectes.



France : Actualités diverses

L'UNADFI rend hommage à Claire Champollion

UNADFI, 18 septembre 2003

[Texte intégral]

DÉCÈS de Claire CHAMPOLLION

Claire CHAMPOLLION née LAMY nous a subitement quittés le 24 juillet 2003 dans sa 83 ° année.

Ses obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale.

Sa fille habitant Paris, auprès de laquelle elle se soignait depuis plusieurs mois, nous a ensuite appris que ses obsèques ont eu lieu selon son souhait et qu’elle reposait au cimetière Montparnasse.

Le Président de l’UNADFI en a immédiatement averti tous ceux qui ont eu le privilège de travailler avec Claire.

La nouvelle s’est ainsi transmise rapidement en France et au-delà auprès de ceux qui l’ont connue et ont œuvré à ses côtés pour aider les victimes de sectes.

La plupart des bénévoles des ADFI connaissaient Claire, sa détermination, sa culture encyclopédique, son souci toujours présent de s'informer et de nous informer sur les actions des sectes.

Jusqu'à la fin, son engagement est resté indéfectible. Elle participait encore activement en mars 2003 à notre dernière réunion nationale ainsi qu’en avril aux travaux du Comité de Rédaction de notre dernier n° de BULLES, la revue trimestrielle de l’UNADFI, dans lequel nous avons retracé sa lutte et celle de son mari.

Il ne faudra jamais oublier qu'ils ont été tous les deux les fondateurs de la première ADFI de France - celle de RENNES - qui a aussi servi de modèle à d’autres associations en Europe où Claire était unanimement appréciée et que tous deux ont ainsi beaucoup contribué à la création de l'UNADFI et de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme).

Nous lui rendrons un hommage particulier dans notre prochain n° de BULLES mais aussi l'année prochaine alors que l'ADFI de RENNES, qu’elle avait créée, fêtera ses 30 années d'existence.

Son absence est douloureusement ressentie par tous ceux qui œuvrent à l’aide difficile des victimes de sectes.



France : OTS

Communiqué de presse de l'UNADFI

UNADFI, 18 septembre 2003

[Texte intégral]

Communiqué de presse de l'UNADFI, 17.09.2003

Le procès de M.TABACHNICK revient en appel le 22 septembre devant la Cour d’appel de Grenoble.

Ce procès a fait couler beaucoup d’encre en première instance. L’UNADFI (Union Nationale des Associations des Familles et de l’Individu, association d’aide aux victimes de sectes) est partie civile dans cette procédure aux côtés des familles des victimes des assassinats collectifs, car elle considère ce procès comme étant emblématique du phénomène sectaire.

L’UNADFI, qui est représentée par son avocat, Maître Jean-Michel PESENTI avocat de plusieurs victimes, entend faire en sorte que la lumière soit faite sur un certain nombre de zones d’ombre qui continuent à peser sur ce drame et qui amènent les familles des 74 victimes à rechercher des explications qu’elles n’ont pas trouvées dans le dossier.

L’UNADFI regrette que la plainte déposée contre les experts déposée en juin 2002 n’ait pas été évacuée avant l’ouverture du procès en appel, faisant ainsi peser une suspicion qui doit être préalablement levée.

C’est essentiellement pour cette raison et à contre cœur, qu’elle demandera le renvoi de la procédure d’appel de façon à ce que la justice puisse sereinement faire son travail sur la base de documents indiscutables.

L’UNADFI souhaite que la lumière soit faite sur ce drame abominable dans lequel ont péri d’innocentes victimes et leurs enfants.

Elle considère que ce dossier est en lui-même totalement emblématique du fonctionnement sectaire classique.

En effet on voit à l’œuvre au sein de l’OTS les méthodes de séduction et de recrutement par le biais de conférences de style new age, puis les méthodes d’embrigadement et de manipulation mentale. La mécanique de l’emprise ainsi que le rôle essentiel que joue la doctrine sectaire construite à base d’emprunts à d’autres croyances sectaires, permettent de comprendre comment la nasse se construit autour le l’adepte de secte qui ainsi perd le contact avec le réel remplacé peu à peu par un vécu de type science fiction.

L’exploitation financière des adeptes, les règlements de compte, les contacts avec d’autres dirigeants de sectes, que la justice a bien du mal à comprendre, illustrent des pratiques qui se retrouvent dans la plupart des groupes sectaires.


Canada : Raël

Les Élohims perdent leur piste d'atterrissage au Québec

Le Devoir , 14 septembre par Fabien Deglise

[Texte intégral]

UFOland ferme définitivement ses portes

Les extraterrestres viennent de perdre leur piste d'atterrissage au Québec. Sans tambour ni trompette, le centre UFOland, ouvert en 1995 dans la municipalité de Maricourt (Cantons-de-l'Est) par le mouvement soucoupiste raëlien, vient en effet de fermer définitivement ses portes. Avec une discrétion et une économie d'explications qui tranchent avec l'appétit médiatique du chef de l'organisation, Claude Vorilhon, dit Raël.

Pas de coup d'éclat, pas de vrai ou de faux bébé cloné, pas de déesses blondes... la fermeture du «centre d'interprétation» des ovnis ne semble pas être au coeur de la stratégie de communication du mouvement. Tout au plus, une visite du site Internet d'UFOland permet de constater que le voyage dans une galaxie près de chez nous est bel et bien terminé : «Le centre UFOland ferme ses portes. Merci aux quelques milliers de visiteurs qui ont su prendre part à cette grande aventure dans ce monde fantastique des ovnis et des extra-terrestres», peut-on lire maintenant en guise d'introduction, sans plus d'explications.

Problème d'affluence ? Perte de vitesse du groupe au Québec ? Chicane de voisinage ? Les motifs de la mise au rancart de la reproduction d'une soucoupe volante et des salles thématiques expliquant l'univers de M. Vorilhon -- mais aussi le monde du clonage humain -- demeurent encore obscurs. Et l'entourage du chef de l'organisation n'a pas l'intention d'y apporter une source de lumière. Le centre a fermé définitivement il y a un mois, a confirmé au Devoir Frédérique -- qui préfère ne pas dévoiler son nom de famille --, du bureau des relations publiques des raëliens. Parce que c'est comme ça ! On passe maintenant à autre chose. C'est derrière nous, c'est du passé. Point.

Joint personnellement par téléphone, M. Vorilhon n'a guère été plus loquace, refusant tout simplement de répondre aux questions du Devoir faute d'un rendez-vous en règle pris avec lui par l'entremise de son attaché de presse, a-t-il justifié. Depuis décembre dernier -- et sa sortie publique remarquée sur le prétendu clonage d'un enfant --, le leader du mouvement se montre en effet capricieux avec les médias, préférant les entrevues télévisées (de préférence en direct) et exigeant désormais qu'on l'appelle «Sa Sainteté Raël».

Toujours est-il que la fermeture des lieux, décidée au coeur de la saison touristique, s'est faite dans une discrétion telle à Maricourt que le maire de ce village de 501 âmes, Michaël Selby, n'en a tout simplement jamais entendu parler. «Vous me l'apprenez, a-t-il dit. J'avais remarqué toutefois que les panneaux touristiques annonçant le centre UFOland ont disparu dans les derniers mois. Mais je n'en savais pas plus. S'ils ont payé leurs taxes, c'est l'essentiel !»
Tout en reconnaissant que la cohabitation entre les amis des Élohims -- présentés par les raëliens comme les habitants d'une autre planète pour lesquels Claude Vorilhon et ses partisans souhaitent ériger une ambassade sur Terre -- et les habitants de Maricourt a toujours été harmonieuse, M. Selby dit toutefois n'être guère étonné du geste du mouvement soucoupiste. «L'endroit n'attirait pas beaucoup de touristes, dit-il. Et puis, pour l'avoir visité, je peux vous dire qu'il n'y avait rien de très intéressant à voir.»

Depuis mai 2002, UFOland a en effet disparu des guides touristiques de la région des Cantons-de-l'Est, où il a trôné fièrement, sur papier glacé et pendant trois ans, entre des cultivateurs de fraises et la station de ski d'Owlhead. Les panneaux bleus annonçant le centre -- panneaux souvent controversés -- ont également été retirés du bord des routes à la même époque. «Ce n'était pas vraiment un site couru, confirme Alain Larouche, directeur général de Tourisme Cantons-de-l'Est. Son retrait des guides a été pour nous un soulagement, car ce centre était surtout une source de problèmes.»

Sa fermeture définitive, dont il n'avait, lui aussi, pas entendu parler, le laisse par ailleurs totalement indifférent. «Nous n'avons plus de contacts avec ces gens-là», dit-il. Le cadenas mis sur la porte d'UFOland ne signifie pas pour autant le départ du Québec de M. Vorilhon et de son entourage. Le bâtiment aux allures futuristes de Maricourt, construit avec des bottes de paille, demeure encore, avec ses dépendances, le siège social québécois du mouvement où le chef vit et où «deux semaines par année, pendant les vacances de la construction, on voit passer un peu plus de gens que d'habitude», précise M. Selby.


France : Scientologie

La cour d'appel relance deux importantes enquêtes visant la Scientologie

AFP, le 18 septembre 2003

[Texte intégral]

PARIS - La cour d'appel de Paris a ordonné jeudi la poursuite de deux enquêtes lancées en 1983 et 1989 à la suite de plaintes de personnes se disant victimes de l'Eglise de Scientologie et dans lesquelles plus de 20 personnes sont poursuivies, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans deux arrêts rendus jeudi, la chambre de l'instruction de la cour d'appel a infirmé deux ordonnances rendues en juillet 2002 par la juge Colette Bismuth-Sauron qui estimait que les deux dossiers ouverts pour "escroquerie et exercice illégal de la médecine" étaient prescrits. "Le bénéfice de la prescription doit être étendu à tous les mis en examen dans la présente procédure", avait notamment écrit, en juillet 2002, la juge Bismuth-Sauron, constatant que les personnes mises en cause dans le dossier ne pouvaient plus être poursuivies parce que les dossiers étaient prescrits.

Mais la cour d'appel a notamment rappelé jeudi que certains procès-verbaux d'actes contenus dans l'instruction avaient disparu et que toutes les pièces disparues n'avaient pas pu être reconstituées. Or, selon la cour, en l'absence de certitude sur la nature de ces pièces, qui auraient pu interrompre la prescription, celle-ci est suspendue. Certains actes - par exemple l'audition d'un témoin ou la mise en examen d'une personne - peuvent interrompre la prescription.

Me Olivier Morice, avocat de plusieurs parties civiles dans ces enquêtes, a salué jeudi soir "une décision courageuse qui va démontrer que la justice ne veut pas que les scientologues puissent profiter de la disparition de pièces pour obtenir la prescription". "C'est une victoire incontestable", a-t-il déclaré à l'AFP.

Me Olivier Metzner, défenseur de plusieurs mis en examen dans les deux enquêtes, a pour sa part annoncé qu'il comptait se pourvoir en cassation contre ces arrêts. "Je suis surpris par ce repli derrière une absence de certitude pour poursuivre une instruction qui dure depuis 20 ans, comme s'il fallait 20 ans pour obtenir une vérité", a-t-il dit, avant de rappeler que certains de ses clients n'ont pas été entendus depuis 18 ans.


Belgique : Sectes

Les gourous veillent, la prévention patine

Le Soir, le 18 septembre 2003 par Hugues Dorzée

[Texte intégral]

Tout le monde s'accorde pour dire que les sectes sont nuisibles, qu'elles vont en se multipliant et qu'elles agissent de façon insidieuse, mais que fait-on pour prévenir le phénomène ? Rien ou si peu ! La prévention, poursuit Michel, assistant social à Bruxelles, est ridiculement faible dans ce secteur.

La dernière grande campagne de sensibilisation organisée en Communauté française autour de la brochure « Gourou, gare à toi », date de... mars 1999. Distribuée à 60.000 exemplaires, elle avait fait l'objet d'actions juridiques menées par certaines organisations sectaires. Depuis, déplore un membre de l'administration, la brochure est épuisée. Faute de moyens suffisants, elle n'a pas été rééditée. Le ministre Nollet (Petite Enfance), de son côté, mène un (modeste) programme de lutte antisectes au travers de l'opération « Cliquer futé » qui s'attaque plus largement aux différents dangers d'internet (pub agressive, pédophilie...). La prévention se fait donc au cas par cas. Et dépend du bon vouloir des associations (lire ci-contre) et du seul organisme officiel compétent en la matière : le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires (CIAOSN).

Créé en 1998, ce dernier agit au niveau fédéral. La prévention proprement dite est du ressort des Communautés, précise l'un de ses membres. Notre équipe est réduite (7 employés), nous nous efforçons d'informer, de documenter et d'aider les gens. Mais nous ne pouvons pas décrocher la lune ! Le CIAOSN dispose d'une bibliothèque fournie (revues, documentation, CD-rom, vidéo...), d'une permanence juridique et d'un standard téléphonique : En 2002, explique-t-on au secrétariat, nous avons reçu 36 appels par mois. Il s'agit souvent de particuliers confrontés à une problématique sectaire concernant un proche, un ami, un voisin...

Sur le terrain, les associations, comme SOS-Sectes (Bruxelles), tentent de faire de la prévention sur base volontaire en plus d'autres actions plus larges (colloques, séminaires...): Nous avons deux modules de 50 minutes à proposer aux écoles, explique Véronique Hoeylaerts, psychologue. Nous visons surtout les élèves du secondaire supérieur. Nous essayons de donner des outils aux jeunes, de former leur sens critique, de les aider à aborder ces problèmes sans stigmatiser tel ou tel groupe sectaire. Sont-ils suffisamment informés ? Non, insiste la psychologue, ils véhiculent des images toutes faites : le gourou rasé, vêtu d'une toge orange et d'une médaille... Ils méconnaissent les vrais dangers qu'il y a derrière.

A l'UCL, aussi, l'Observatoire local des sectes s'efforce d'agir sur le campus via une fiche « santé » (5 pages) en cours de réédition : Nous abordons de façon simple et didactique tous les aspects du problème, explique Florence Vanderstichelen (OLS). L'entrée en secte, les signaux d'alarme, les critères de nocivité : atteintes à l'intégrité physique, l'intégrité morale, la liberté individuelle.... Internet, aussi, regorge de sites consacrés à la prévention. Mais toutes ces démarches sont éclatées, trop peu centralisées, déplore un intervenant de terrain. Il manque de réels moyens pour s'attaquer au problème de façon cohérente et coordonnée.

REPÈRES

Centre. Créé par loi du 2 juin 1998, le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) est chargé d'étudier les sectes et d'informer le public sur celles-ci. Contacts : Espace Jacqmotte, rue Haute 139, Bruxelles. Tél : 02.504.91.68. Internet : www.ciaosn.be Bibliothèque disposant d'un imposant fond documentaire (rapport, ouvrages de références, revues…) accessible tous les jours ouvrables (de 9 à 17 h) et sur rendez-vous.

Associations. Une quinzaine d'associations chargées de l'aide aux victimes de sectes et de l'information sont compétentes en Belgique : CIGS, OLS, SOS-Sectes, Fecris… La liste complète figure sur le site www. ciaosn.be (rubrique « liens »).

Internet. De multiples sites internet sont consacrés aux phénomènes sectaires (pratiques, réseaux, prévention, aide aux victimes, rapports parlementaires, recherches scientifiques…). Parmi ceux-ci : www.sos-sectes.org (simple, didactique et bien documenté) ; http://membres.lycos.fr/avcs (Aide aux victimes de comportements sectaires - Durbuy) ; http://site.voila.fr/cigs/index.html (Contacts et informations sur les groupes sectaires - Bruxelles). A épingler, également, en matière de prévention, le site http://prevensecte.com, qui renseigne de façon très détaillée les organismes, associations, bénévoles et sociétés d'études sur les sectes en Belgique et en France.


Belgique : Sectes

Nouveau rapport de l'observatoire officiel des sectes

Le Soir, le 18 septembre 2003 par Christian Laporte

[Texte intégral]

Nouveau rapport de l'observatoire officiel des sectes qui espère passer à la vitesse supérieure -
Peu de moyens contre les sectes. Les dérives sectaires restent d'actualité en Belgique. Dans son dernier rapport, l'observatoire officiel fait le point. En espérant plus de soutien.

L'ouverture officielle, ce mercredi , au 91 rue de la Loi à Bruxelles d'un bureau européen de l'Eglise de scientologie internationale rappelle que notre pays, de par ses missions européennes et sa position-carrefour sur le continent est un terreau fertile pour les organisations dites « sectaires nuisibles ». La Belgique officielle n'est pas inactive dans ce domaine puisque la commission d'enquête de la Chambre de 1997 a débouché sur la création du CIAOSN, le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles. Cet « observatoire » officiel est indépendant et bénéficie d'un budget annuel de 600.000 euros. Trop peu, s'y plaint-on. Les actions restent entravées par des problèmes de personnel et par un déficit de visibilité.

En primeur, « Le Soir » a lu le deuxième rapport du Centre qui confirme le diagnostic mais plaide surtout pour un accroissement des moyens humains et une prise en compte structurelle élargie.

Le CIAOSN n'a certes pas une mission d'investigation au sens strict mais dans le cadre de sa fonction d'étude et de centre de documentation du phénomène en Belgique avec, en outre, une mission d'accueil et d'information du public, il n'en est pas moins habilité à jauger l'évolution du phénomène. Et aussi à formuler des avis et des recommandations pour les autorités.

Pour Henri de Cordes, président suppléant du Centre, l'installation en grande pompe à Bruxelles d'un bureau européen des disciples de Ron Hubbard n'est pas un hasard. Il y verrait même un contre-feu dans la perspective du procès prochain qui ne devrait pas tarder à être programmé puisque le juge d'instruction Van Espen s'apprête à clôturer son enquête sur l'église de scientologie en Belgique.

Le Centre a aussi répondu à diverses demandes d'analyse de certains mouvements présentés à tort ou à raison comme des associations sectaires. Ce qui déboucha sur des dossiers sur les Témoins de Jéhovah, les Mormons ou encore les Baha'is. Sans oublier, une prise de position sans équivoque contre les projets de clonage de Raël.

Ces activités demandent forcément un important investissement humain. C'est là que le bât blesse puisque le service d'études, tout limité qu'il soit déjà - sept personnes en tout - a déjà perdu près de la moitié de son effectif, attiré par les sirènes du privé. En outre, le Centre a perdu et toujours pas récupéré son criminologue. Malgré cela, le CIAOSN est quand même parvenu à répondre à un nombre toujours croissant d'interpellations du public sur les mouvements pouvant engendrer des dérives sectaires. Et il a multiplié les rencontres avec les associations de terrain. Le courant passe vraiment très bien, constate Henri de Cordes, car l'information circule dans les deux sens.

Parmi les grandes réalisations de ces deux dernières années, le président suppléant souligne la réflexion sur les « Sectes et la santé » mais aussi une participation à la campagne « Cliquer futé » de la Communauté française. L'éducation critique à internet ne peut négliger les phénomènes sectaires. Une action qui a permis de sensibiliser les enfants des classes primaires.

Autres chiffres : bien qu'il ne soit pas encore assez connu, le CIAOSN a pu traiter près de 1.100 demandes depuis son installation. Qui le consulte ? Plus de la moitié ont émané de personnes privées. Souvent des proches d'adeptes de mouvements à propos desquels ils se montrent particulièrement inquiets. Cela concerne le sort incertain d'enfants embrigadés par des groupes comme des contestations intrafamiliales autour du droit de garde.

La bibliothèque du Centre reçoit aussi moult visiteurs dans une perspective d'information voire de recherche. Particularité : elle comprend aussi des écrits des sectes elles-mêmes que l'on est invité à découvrir en recourant à des outils critiques. Les pouvoirs publics ont aussi appris à apprécier le travail du Centre. Ce dernier souhaite renforcer ces contacts, jusqu'au niveau communal. En première ligne, lorsqu'il s'agit de répondre à des consultances sur la location de salles à des groupements pas toujours très clairs...

Parmi les attentes les plus fortes, il y a l'espoir de voir relancé au plus vite le vote d'un projet de loi contre l'abus de personnes en situation de faiblesse.

Pour les responsables du Centre, il conviendrait aussi d'améliorer l'échange des informations entre les niveaux fédéral et communautaire et élargir l'actuelle cellule de coordination dépendant de la Justice à d'autres ministères comme ceux des Affaires étrangères et de la Santé publique.

Le seul moyen pour répliquer aux sectes sur leur propre terrain. Car elles n'ont jamais manqué de moyens ou de relais...·



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Procès en appel de Michel Tabachnik sur fond de polémique

AFP, 19 septembre 2003 par Michèle Drevet et Jacques Guillon

[Texte intégral]

GRENOBLE - Le procès en appel de Michel Tabachnik, 60 ans, poursuivi pour "participation à une association de malfaiteurs", s'ouvre lundi à Grenoble alors que le suicide collectif de 16 adeptes de l'Ordre du temple solaire (OTS), en 1995 dans le Vercors, est une nouvelle fois mis en doute.

Le chef d'orchestre franco-suisse, dont les enseignements doctrinaux ont inspiré, selon l'accusation, une "dynamique homicide" aux adeptes, avait été relaxé lors de son procès en correctionnelle en avril 2001. Me Alain Leclerc, avocat d'Alain Vuarnet, partie civile, a dénoncé vendredi - tout comme en 2001 - la thèse d'un suicide collectif, s'appuyant sur les résultats d'une récente expertise.

Des prélèvements de restes de l'épouse et d'un des fils de l'ex-champion de ski Jean Vuarnet, qui ont péri le 23 décembre 1995 dans le Vercors (Isère), ont "des concentrations de phosphore 80 fois supérieures" a la normale, selon l'avocat parisien. L'expertise de Gibert Lavoué, expert à Dijon, montre l'utilisation "d'un jet directionnel", qui accrédite que le groupe ne s'est pas suicidé, mais a été abattu par balles puis brûlé à l'aide d'un lance-flamme, a affirmé Me Leclerc.

L'expert a cependant indiqué à l'AFP que le chiffre avancé par l'avocat était "inexact car beaucoup trop important", mais que son rapport faisait état de traces de "phosphores anormales". "Le mot lance-flamme ne figure pas dans mon rapport" a-t-il ajouté.

"Tueries-suicides" A Paris, le vice-président du groupe parlementaire d'études sur les sectes, Jean-Pierre Brard (app. PCF), a estimé qu'avec ces éléments nouveaux, "le refus d'une réouverture de l'instruction", demandée par la famille Vuarnet, "échapperait à tout entendement".

Au cours du procès en correctionnelle en avril 2001, M. Lavoué avait fait état d'une expertise réalisée cette fois sur les lieux du drame et qui avait révélé des traces de phosphore "deux fois supérieures à la normale". Mais le procureur lui avait fait remarquer que des tests réalisés au même endroit avec 16 porcs, tués puis habillés, brûlés avec du bois et une petite quantité d'essence, avait donné des résultats voisins.

L'avocat de plusieurs parties civiles, Me Jean-Michel Pesenti, du barreau de Marseille, a pour sa part annoncé son intention de demander le renvoi de ce procès pour un motif juridique, après la mise en examen pour "violation du secret de l'instruction et du secret professionnel" de l'expert psychiatre principal du dossier, Jean-Marie Abgrall.

Il semble que la cour puisse passer outre ces demandes, M. Tabachnik n'étant pas poursuivi pour crime et M. Abgrall, mis en examen, n'ayant pas encore été jugé. Michel Tabachnik, soupçonné d'être le numéro trois dans la hiérarchie de l'OTS, avait été relaxé au bénéfice du doute en première instance par le tribunal correctionnel de Grenoble le 25 juin 2001.

Une peine de 5 ans d'emprisonnement ferme avait été requise par le procureur de la République qui avait déclaré "Michel Tabachnik n'est pas le seul responsable. C'est un responsable, c'est une position qui justifie une sanction".

Les "tueries-suicides" de 74 adeptes de l'OTS ont eu lieu en Suisse, au Canada et en France de 1994 à 1997.



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

L'affaire de l'Ordre du temple solaire revient devant la justice

Reuters, 19 septembre 2003

[Texte intégral]

GRENOBLE/PARIS - A trois jours d'un nouveau procès, un parent de deux victimes de la secte de l'Ordre du temple solaire (OTS) a tenté vendredi de relancer la thèse contestée d'une intervention extérieure dans la mort de seize disciples du groupe en décembre 1995 dans le Vercors.

Alain Vuarnet, qui a perdu sa mère et son frère dans ce carnage, a fait état sur France Info du résultat d'un travail de l'expert Gilbert Lavoué, réalisée et financée à titre privé sur les corps de ses proches exhumés à sa demande le 4 juillet.

Cette expertise montrerait, selon Alain Vuarnet, que les corps portent des traces importantes de phosphore. "C'est la preuve irréfutable que ces victimes ont été exécutées par un lance-flammes à jet directionnel. En effet, le phosphore ne peut être manié qu'à l'aide d'un lance-flammes", a-t-il estimé.

Lundi, s'ouvrira le procès en appel à Grenoble du chef d'orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, 60 ans, seul dignitaire de l'OTS encore en vie. Poursuivi pour "participation à une association de malfaiteurs", il a été relaxé en première instance le 25 juin 2001 mais le parquet a fait appel.

Une série de suicides collectifs ou de massacres consentis par les victimes avait fait 74 morts dans l'OTS de 1994 à 1997, dans trois pays: cinq morts le 30 septembre 1994 à Morin Heights, au Canada, 48 morts les 3 et 4 octobre 1994 à Cheiry et Salvan, en Suisse, 16 morts le 16 décembre 1995 à Saint-Pierre-de-Chérennes, en France, cinq morts le 22 mars 1997 à Saint-Casimir, au Canada.

Les enquêtes de police ont montré que les membres de ce groupe ésotérique développé par le Français Joseph di Mambro et le belge Luc Jouret pensaient en mourant organiser leur "transit vers Sirius", une étoile lointaine.

"SECTE LUCIFERIENNE"

Selon de nombreux témoignages, le groupe d'adeptes morts dans le Vercors regrettait beaucoup de n'avoir pas "accompagné vers Sirius" leurs gourous, morts dans les carnages de Suisse.

Selon le scénario retenu par la justice, les seize personnes se sont rendues au lieu-dit "le trou de l'enfer", une clairière isolée, où les membres de la secte Jean-Pierre Lardanchet, policier français, et André Friedli, un Suisse, ont tué avec deux carabines 22 Long rifle les 14 autres personnes, qui avaient absorbé des calmants.

Certaines victimes, notamment trois enfants, semblent avoir été contraintes par les deux hommes à se prêter au "transit". Ils ont ensuite disposé les corps en étoile, les ont incendiés avec de l'essence et du bois, avant de se suicider.

Ce scénario a fait l'objet d'une reconstitution avec des dépouilles d'animaux, jugée concluante par la justice.

Alain Vuarnet et son avocat Alain Leclerc entendent pourtant demander lundi à la cour d'appel de Grenoble le renvoi du procès et la réouverture de l'enquête.

"J'espère bien que, cette fois-ci, la justice nous écoutera et fera preuve de bon sens", a dit Alain Vuarnet. Le parquet général et l'association anti-sectes Unadfi entendent recadrer les projecteurs judiciaires sur Michel Tabachnik.

En première instance, le parquet avait demandé cinq ans de prison ferme contre lui en estimant qu'il avait "créé une dynamique homicide" mais le tribunal avait estimé que la preuve n'était pas apportée.

Michel Tabachnik, chef d'orchestre de réputation internationale, a rédigé une partie de la doctrine dans la secte dans des écrits intitulés "Les Archées". L'enquête a montré qu'il animait des cérémonies truquées où il "interprétait" même de faux messages des "maîtres cosmiques".

Deux discours tenus à Avignon devant des adeptes de la secte, en juillet et septembre 1994, lui ont été particulièrement reprochés car il y annonçait la fin de l'OTS.

En première instance, l'Unadfi avait dénoncé par la voix de son avocat Francis Vuillemin une "secte luciférienne" et l'influence "morbide" de Michel Tabachnik.

Elle semble avoir changé d'optique et parle des "zones d'ombre" du dossier. "Je reste sur le dossier Tabachnik, je laisse les autres faire de la science-fiction", a déclaré à Reuters vendredi son nouvel avocat, Me Jean-Michel Pesenti.

Il a pourtant annoncé qu'il demanderait lundi le renvoi du procès, dans l'attente de l'aboutissement des poursuites pour "violation du secret de l'instruction" engagées à Paris contre un expert ayant été requis par la justice sur le dossier, le spécialiste des sectes Jean-Marie Abgrall.


Canada : Raël

Des condos pour les raéliens

Cyberpresse, 14 septembre par Nicolas Bérubé

[Texte intégral]

La crise du logement frapperait-elle les raéliens? Le mouvement soucoupiste a en effet fermé son centre d'interprétation UFOland, situé à Maricourt, en Estrie, pour le métamorphoser en condos.

Selon les raéliens rencontrés sur place hier, la décision de fermer UFOland était prise depuis longtemps. «D'ailleurs, le centre d'interprétation est resté fermé cet été», a expliqué hier un raélien qui a dit s'appeler Marcel.

Lorsque La Presse l'a rencontré, Marcel s'affairait à repeindre le toit d'une immense grange sur laquelle est inscrit UFOland en lettres vertes. «Le mouvement raélien n'a pas du tout l'intention de déménager, a-t-il dit. Au contraire, nous avons de plus en plus de monde qui viennent ici.»

«Nous n'avions plus besoin du centre d'interprétation, a expliqué hier un autre raélien qui a refusé de s'identifier. Par contre, les membres avaient besoin d'espace où habiter. Maintenant, nous allons transformer la bâtisse en condos.»


Nigeria : Sectes

Des tueries rituelles refont surface sur le campus

IPS, 19 septembre par Toye Olori

[Texte intégral]

LAGOS - Les mesures sévères introduites dans les années 1990 pour contenir les activités des cultes dans les institutions d'enseignement supérieur au Nigeria semblent être en train d'échouer. Les mesures, qui incluaient le renvoi et la condamnation à mort, ont porté des fruits seulement aux premières étapes, avec la renonciation publique des étudiants à appartenir aux sectes. Les membres sont entrés dans la clandestinité après que le gouvernement a déclaré une guerre totale à leurs organisations, suite à un meurtre à l'Université Obafemi Awolowo, à Ilé-Ifè, dans l'ouest du Nigeria.

Elles ont maintenant refait surface et opèrent sur la plupart des campus, en particulier dans le sud du pays. Des milliers d'étudiants ont renoncé à leur appartenance et ont remis leurs insignes aux autorités universitaires dans les années 90. A la mi-2001, deux ans seulement après que les étudiants ont commencé par renoncer à leur adhésion, les activités des cultes ont repris de nouveau, prenant une dimension effrayante aujourd'hui. En septembre 2001, un étudiant a été tué par des membres du culte de tir à l'arme à l'Université d'Etat de science et de technologie d'Enugu, dans l'est du Nigeria.

Deux étudiantes, qui seraient impliquées dans le meurtre cultuel à l'Université d'Ilorin, dans le centre du pays, en août 2001, ont été arrêtées par la police juste au moment où des affrontements sanglants entre deux groupes de culte rivaux à l'Université de Benin, dans le sud du Nigeria, faisaient plusieurs blessés parmi les étudiants. Les autorités de l'université ont conseillé aux groupes de culte de rester en dehors du campus. En mars 2002, un étudiant à l'Université Ambrose Alli dans l'Etat d'Edo, dans le sud du Nigeria, a été décapité par des membres présumés d'une secte, qui ont emporté sa tête. Le corps sans tête a été retrouvé plus tard dans un buisson proche de l'université et portait des coups de machette. Entre 1993 et 2003, au moins 115 étudiants dans diverses institutions d'enseignement ont perdu la vie pour cause d'activités violentes liées au culte. Durant la même période, 665 étudiants ont été punis pour leur implication dans des activités des sectes, sur lesquels 535 ont été expulsés et 129 ont écopé de diverses périodes de suspension, selon Ika Onyechere, directeur exécutif du Projet d'examen d'éthique.

A un séminaire récent à Benin, la capitale de l'Etat d'Edo, Onyechere a indiqué que c'était inquiétant que les sectes aient connu une expansion rapide, envahissant les écoles post-primaires. Le président Olusegun Obasanjo, préoccupé, a également regretté que malgré les efforts du gouvernement pour supprimer les sectes des institutions scolaires de la nation, des jeunes s'y laissent toujours entraîner. ''Les autorités universitaires devraient prendre des mesures punitives appropriées pour traiter avec fermeté le cancer qui tente de détruire nos jeunes'', a déclaré Obasanjo au début de cette année. L'année dernière, Obasanjo a demandé aux autorités universitaires de construire plus de foyers pour les étudiants, croyant que les activités de culte augmentaient parce que la plupart des étudiants vivent en dehors des campus.

Il existe 64 institutions d'enseignement supérieur appartenant au gouvernement fédéral, aux 36 Etats et aux privés, au Nigeria. La recrudescence des sectes, des massacres et de la violence aveugles dans les institutions universitaires a pris une autre dimension à l'Université d'Etat de Lagos étant donné qu'un site de tuerie rituelle a été découvert non loin du campus en août. Le corps de Peters Adaba, âgé de 24 ans, étudiant en dernière année de licence d'anglais a été découvert, avec ses yeux arrachés et une partie de sa peau entaillée. Des responsables d'étudiants, accompagnés d'agents de sécurité sur le campus, ont conduit des journalistes sur le lieu, situé à quelque trois kilomètres du principal campus. Le corps a été retrouvé dans une section non habitée et non exploitée de l'université où plusieurs parties d'êtres humains, des articles comme des habits, des chaussures et des sacs à main ainsi que des bouteilles cassées et d'autres objets dangereux jonchaient le site, preuve que celui-ci était actuellement utilisé pour des tueries rituelles. Des villageois ont raconté des histoires horribles sur comment, à plusieurs occasions, certains étudiants ont été amenés sur le site, comment ils ont été harcelés et battus, tandis que les filles étaient violées et abandonnées par des étudiants membres présumés des sectes. La découverte de ce corps n'a pas empêché les étudiants des sectes d'abattre un étudiant en dernière année d'économie à l'Université d'Etat de Lagos à la fin d'août. L'étudiant assassiné était soupçonné d'appartenir à une secte rivale. Selon des articles de presse, l'étudiant assassiné a été persuadé par la ruse de sortir de la salle de cours, par ses assaillants qui l'ont plus tard fusillé après une dispute et une bagarre.

Un membre présumé d'une secte, qui serait impliqué dans l'assassinat, a été arrêté par la police. L'assassin présumé de l'adolescent, décrit par la police comme un ancien étudiant de l'université, avait en sa possession, au moment de l'arrestation, plusieurs cartes téléphoniques, quelques amulettes et un bout de papier sur lequel étaient écrites des incantations. Le gouverneur de l'Etat de Lagos, Bola Tinubu, a prévenu que son gouvernement traiterait les membres de groupes de culte dans les institutions universitaires comme des criminels. ''Nous ne pouvons pas permettre que nos institutions soient transformées en champ de bataille où coule abondamment le sang. Nous sommes alors déterminés à éjecter tous les étudiants membres des sectes de nos institutions. Tout étudiant arrêté écopera de la peine capitale'', a-t-il averti.

Mais Kayode Oloke, l'avocat assurant la défense des deux étudiants membres présumés de la secte à Institut universitaire de technologie de l'Etat de Kwara, dans le centre du Nigeria, affirme que l'implication des étudiants dans les activités de culte des sectes, n'équivaut pas à une violation de la constitution du Nigeria. Oloke a indiqué à la cour la semaine dernière : ''Le fait d'appartenir ou d'être membre d'un culte secret au Nigeria n'a pas été proscrit par aucune loi nigériane''. Selon lui, les accusations liées aux cultes ne peuvent être jugées que par des tribunaux spéciaux traitant de délits divers, une juridiction qui n'existe pas actuellement dans le pays.

Des parents sont inquiets que les tribunaux ne puissent prononcer des condamnations sévères contre les suspects. ''Aucun des étudiants arrêtés n'a été condamné à mort pour avoir tué un camarade étudiant, tout ce que les universités ont fait ensuite, était de renvoyer temporairement ou de suspendre les membres des cultes arrêtés'', affirme Johnson Ojo, un habitant de Lagos..



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Saura-t-on un jour la vérité sur l’Ordre du Temple solaire?

La Tribune de genève, 20 septembre 2003 par Alain Jourdan

[Texte intégral]

Huit ans après le drame du Vercors, la France n’a pas fait mieux que la Suisse.

Un nouveau transit vers Sirius... Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, seize personnes viennent ajouter leurs noms au bas de la liste des victimes de l’Ordre du Temple solaire. Treize adultes et trois enfants rejoignent Jo Di Mambro et Luc Jouret.
Le 23 décembre au matin, les gendarmes découvrent des corps carbonisés au fond d’une ancienne charbonnière baptisée "trou de l’enfer". L’horreur. L’odeur des chairs brûlées est insoutenable. Elle reste gravée à jamais dans la mémoire de ceux qui se rendent sur place: policiers, journalistes, magistrats. La France est sous le choc. L’OTS a encore frappé. Après les massacres de Cheiry et Salvan et la mort de ses deux gourous en octobre 1994, tout le monde croyait la menace éteinte. En 1997, la secte tue encore au Canada, à Morin Heights. La liste des victimes s’allonge. Depuis le début, soixante-quatorze personnes, parmi lesquelles onze enfants ont été "suicidés" pour satisfaire les délires mystiques de deux affidés de l’ésotérisme. Même après leur mort, les deux gourous hantent toujours les esprits des adeptes.

"C’est honteux la façon dont on a géré ce dossier"

En avril 2001, la France renvoie devant un tribunal le chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik . Souvent présenté comme le numéro trois de la secte, il est accusé d’avoir rédigé des écrits ésotériques, les archées, qui auraient encouragé les adeptes à se suicider. Le musicien comparaît pour association de malfaiteur. Le procès s’égare. Tabachnik est finalement relaxé. Les familles des victimes sortent écœurées. Le procès de Tabachnik n’est ni le procès de l’OTS ni le procès du crime commis dans le Vercors. C’est tout le problème. A la veille du jugement en appel du chef d’orchestre, MeJean-Michel Pesanti, l’avocat de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense de la famille et de l’individu) et des familles Bellaton, Muller et Renaud, déplore l’isolement des familles des victimes.

"C’est honteux, la façon dont on a géré ce dossier. La France, fer de lance de la lutte contre les sectes, n’a pas vu venir l’affaire du Vercors. Elle a toléré la présence de deux policiers dans la secte (ndlr: Jean-Pierre Lardanchet et Patrick Rostan) alors qu’ils avaient été entendus par des policiers suisses. Ils auraient dû être mis sous surveillance." Huit ans après les faits, la justice française n’a pas vraiment fait mieux que la justice suisse pour élucider les mystères qui entourent l’OTS. L’acharnement d’Alain Vuarnet à trouver une explication à la mort de sa mère, Edith, et de son frère Patrick, montrent bien l’impuissance de la justice à répondre sérieusement aux questions des familles des victimes.

L’enquête sur Saint-Pierre-de-Chérennes a conclu au crime commis en vase clos par deux adeptes, André Friedli et Jean-Pierre Lardanchet. En réalité, on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé dans les minutes qui ont précédé le drame. L’autopsie réalisée sur Ute Verona et Marie-France Lardanchet, les deux mères de famille présentes ce soir-là, montre qu’elles ont reçu des coups violents au visage et sur le corps. Sans doute ont-elles voulu se débattre pour sauver leurs enfants. Connaissaient-elles la finalité de leur déplacement dans le Vercors en pleine nuit? Combien d’adeptes savaient? Combien étaient consentants? La forêt du Vercors n’a pas été le théâtre d’un suicide rituel mais d’un crime rituel.

Des silences coupables

De troublants éléments matériels, comme l’absence d’empreintes sur les véhicules et la découverte d’un foulard appartenant à Ute Verona, à l’opposé des lieux du drame, ou encore la présence de grosses Mercedes aperçues par un habitant, empêchent d’exclure définitivement la thèse de l’intervention extérieure qui n’implique pas forcément, comme s’emploie à le démontrer Alain Vuarnet, l’utilisation d’un lance-flammes. L’avocat de l’Unadfi en convient aussi. Toute la lumière n’a pas été faite. Reste le mystère de la nébuleuse templière qui a nourri la secte.

Un fatras invraisemblable de sociétés secrètes. Parfait pour brouiller les pistes. Un décor exotique qui permet toute les supputations. Jusqu’aux plus folles. Jusqu’à imaginer un complot d’Etat visant à faire taire des gens qui en savaient trop. L’enquête à elle-même nourri le doute en n’explorant pas jusqu’au bout la piste financière. Le dossier OTS révèle l’existence d’un incroyable mélange des genres. Parfait pour noyer le poisson et protéger ceux qui ont peut-être inspiré ou couvert Jo Di Mambro et Luc Jouret. D’une manière ou d’une autre, les complices des crimes commis. Ceux qui savaient n’ont pas empêché les massacres. Leurs silences sont des silences coupables. Le procès qui s’ouvre lundi à Grenoble sera vraisemblablement renvoyé. Les chances de voir un jour éclater la vérité sont, pour le moins, improbables.



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Michel Tabachnik revient devant la justice

Le Parisien, 22 septembre 2003 par Frédéric Vézard

[Texte intégral]

Soixante-quatorze morts, une montagne de doutes et un musicien élégant au sourire énigmatique. Michel Tabachnik, 60 ans, comparaît à partir d'aujourd'hui devant la cour d'appel de Grenoble. Membre fondateur et éminent du sinistre Ordre du temple solaire, le chef d'orchestre franco-suisse est poursuivi pour « associations de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime ». Très proche du gourou de la secte, Jo Di Mambro, il lui est principalement reproché d'avoir annoncé lors de deux réunions secrètes à Avignon, le 9 juillet et le 24 septembre 1994, la dissolution de l'OTS. Deux semaines plus tard, cinquante-deux membres de la secte périssaient au Canada et en Suisse. La plupart ont été drogués puis assassinés par les dirigeants de la secte, qui se sont ensuite suicidés. Un an plus tard, en France, à Saint-Pierre-de-Cherennes dans l'Isère, les cadavres carbonisés de seize autres adeptes étaient découverts dans une clairière. Le juge d'instruction en charge de l'affaire, Luc Fontaine, a estimé, après cinq ans d'investigations, que Michel Tabachnik était au courant de la préparation de ces massacres et qu'il en aurait même donné le signal par ses discours à Avignon.

Un personnage lunaire, cultivé, féru d'ésotérisme Lors du procès en première instance, le tribunal correctionnel n'a pas retenu ce scénario. Le chef d'orchestre a été « relaxé » le 25 juin 2001, au bénéfice du doute. Dans son jugement, le tribunal soulignait que Michel Tabachnik « avait accepté d'être le porte-parole des maîtres de la secte » mais que « l'information et les débats n'avaient pas permis de mettre en évidence d'éléments suffisamment probants » permettant d'affirmer qu'il avait accepté ce rôle « en conscience du but criminel poursuivi », avec la volonté « d'apporter un concours actif destiné à attribuer aux crimes à venir une portée symbolique ». Les familles des victimes représentées au procès et le parquet ont fait appel de ce jugement et Michel Tabachnik devra donc une nouvelle fois tenter de démontrer sa bonne foi. Il devrait adopter l'attitude qui lui avait réussi en première instance : celle d'un personnage lunaire, cultivé, féru d'ésotérisme, dont la réputation prestigieuse a été utilisée par l'habile Jo Di Mambro. Il devrait également bénéficier de la confusion créée par les insuffisances de l'enquête. « Le juge a bien travaillé pendant un an et demi, lorsqu'il a exploré le volet ésotérique de l'OTS, explique Alain Vuarnet, qui a perdu sa mère et son jeune frère dans le massacre du Vercors. Tout s'est ensuite dégradé. M. Fontaine a refusé d'explorer les volets financiers et mafieux de cette affaire. L'affaire a été jugée avec une enquête inachevée. » La famille Vuarnet souhaite la réouverture de l'instruction et le fera savoir dès ce matin, en demandant le renvoi de l'audience par la voix de son avocat, Me Alain Leclerc. L'expert en incendies Gilbert Lavoué sera présent pour remettre au président du tribunal le rapport qu'il vient de rédiger à la demande d'Alain Vuarnet. Ce document de 36 pages, qui restitue les résultats d'analyses effectuées récemment sur les dépouilles d'Edith et Patrick Vuarnet, démontre l'existence d'un « excès de phosphore d'origine exogène » sur les corps et évoque « l'effet d'un jet très directionnel d'une flamme très chaude et probablement un court instant ».

« L'OTS, c'est une vérité qui nous dépasse » Des éléments qui suggèrent l'utilisation d'un lance-flammes et s'opposent aux conclusions officielles, selon lesquelles les victimes auraient absorbé de puissants somnifères avant d'être abattues par deux des adeptes présents. Ces derniers auraient ensuite allumé un bûcher et se seraient suicidés. Alain Vuarnet se dit persuadé qu'un commando serait intervenu et que ses proches ont été purement et simplement assassinés. Il compte également remettre au tribunal l'attestation d'une voisine de son jeune frère, Alexandrina Pereirho. Cette dernière affirme que des hommes, se prétendant membres de la police suisse, ont fouillé l'appartement où vivait Patrick Vuarnet quelques jours avant la découverte du massacre du Vercors, alors que personne n'était encore au courant. Les parties civiles étayeront également leur demande de report en arguant de la mise en examen de Jean-Luc Chaumeil et Jean-Marie Abgrall, les deux experts « ès sectes » sollicités par le juge Fontaine. Le premier est soupçonné d'avoir proposé ses services à Michel Tabachnik, ce qui est attesté par une écoute téléphonique, tandis qu'il est reproché au second d'avoir publié, dans un livre, des morceaux entiers du dossier avant le premier procès. Interrogé en février dernier par « Nice-Matin » à l'occasion de la sortie d'un autre ouvrage, Jean-Marie Abgrall a eu cette réponse troublante : « L'OTS, c'est une vérité qui nous dépasse, qui va jusqu'au secret d'Etat. Je m'exprimerai un jour. Comme le juge, on a tous des versions officielles. Il y a eu une chape de plomb. Il y a trop d'enjeux, d'intérêts en jeu. » Le mystère persiste. Il pourrait encore une fois profiter à Michel Tabachnik.



France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Renvoi du procès en appel de Michel Tabachnik

AFP, 22 septembre 2003 par Frédéric Vézard

[Texte intégral]

GRENOBLE - Le procès en appel de Michel Tabachnik, 60 ans, poursuivi dans le cadre du massacre de 16 adeptes de l'Ordre du temple solaire, en 1995 dans le Vercors, a été renvoyé lundi, à Grenoble, au lundi 14 juin 2004 à 10h00.

Deux avocats des parties civiles ont demandé lundi matin le renvoi du procès en appel, s'appuyant notamment sur la mise en examen de Jean-Marie Abgrall, le principal expert psychiatre du dossier, pour "violation du secret de l'instruction et du secret professionnel". Le chef d'orchestre franco-suisse, poursuivi pour "participation à une association de malfaiteurs", est soupçonné d'être le numéro trois dans la hiérarchie de l'OTS et d'avoir inspiré par ses enseignements doctrinaux une "dynamique homicide" aux adeptes.

Il avait été relaxé au bénéfice du doute lors de son procès en correctionnelle en avril 2001, mais le parquet avait interjeté appel. L'avocat général et Michel Tabachnik ne se sont pas opposés au renvoi. Les "tueries-suicides" de 74 adeptes de l'OTS ont eu lieu en Suisse, au Canada et en France de 1994 à 1997.



France : Stop au cancer - Dr Hamer

Le guérisseur trop malade pour se déplacer

Le Dauphiné Libéré, 22 septembre 2003 par Jacques LELEU

[Texte intégral]

Comme prévu, Ryke Geerd Hamer ne s'est pas présenté hier devant la cour d'appel, qui a fustigé la "lâcheté et les courriers racistes" de l'inventeur de "la médecine nouvelle". Même à distance, il continue de nuire, ont rappelé les avocats des victimes et de l'ordre des médecins

Sans illusion, le président François Bessy a demandé si Ryke Geerd Hamer était. dans la salle. Le guérisseur allemand domicilié en Espagne était attendu hier à la barre après avoir fait appel suite à sa condamnation à 18 mois de prison, dont neuf ferme, et 50 000 francs d'amende, pour complicité d'exercice illégal de la médecine, L'inventeur de "la médecine nouvelle" n'avait pas trouvé de remède à son propre mal, puisqu'il avait envoyé quelques jours avant l'audience un certificat médical indiquant que son état de santé ne lui permettait pas de se déplacer.

Il était absent, mais ses fidèles adeptes étaient dans la salle, prêts à écouter sans broncher les mots très sévères du président de la cour. " Cela fait dix ans qu'il est mis en examen et il n'a jamais eu le courage de s'expliquer pour des faits d'une particulière gravité". La cour a d'autre part été abreuvée de courriers aux propos racistes qui ne resteront pas sans consé quences,

"On se moque de la justice française !", a ajouté François Bessy avant d'indiquer que la cour était dans l'impossibilité d'examiner l'affaire mais qu'elle ordonnera une expertise médicale en Espagne. " C'est une méthode, mais aussi une secte ", a estimé l'avocate de l'ADFI (Association de défense des familles et de l'individu), partie civile dans le procès, "Les conséquences sont dramatiques" a ajouté l'avocate, citant le cas d'un garçon de 19 ans décédé d'une tumeur après avoir suivi le conseil de suspendre son traitement. L'un des cinq exemples donnés par l'ADFI pour la seule année 2002. Sur le plan régional, celle-ci traque les victimes de l'association "Stop au cancer", qui diffuse les recettes du guérisseur. Elles sont basées sur l'idée que chaque malade peut agir par son esprit sur sa maladie, qu'il s'agisse d'un cancer, du Sida ou d'une sclérose en plaques.

La "médecine nouvelle'' remet également eu cause les traitements et médicaments prescrits par les médecins "traditionnels", prônant des techniques diffusées à la fois dans les livres du guérisseur et dans les groupes qui se réclament de sa théorie. Dernièrement, deux conférences étaient proposées en Savoie pour faire connaître les méthodes du "docteur en médecine et maître en théologie" installé à Alhaurin el Grande.

Même inquiétude de l'ordre des médecins, également partie civile. Leur défenseur a exprimé " leur préoccupation devant une théorie qui continue à se propager, faisant des victimes de douleurs atroces, qui finissent abandonnés de tous ".

Le coup de grâce était donné par l'avocat général Jacqueline Dufournet: " Chaque fois, il fuit devant ses responsabilités. Et ses lettres sont inacceptables " a-t-elle ajouté avec une virulence particulière, reprenant les termes antisémites employés. Elle a fustigé "l'escroc" avant de demander à son tour qu'une expertise médicale soit effectuée afin que Ryke Geerd Hamer puisse être jugé. Au moins pour le respect des victimes

La cour contrainte de renvoyer l'affaire, adeptes et parties civiles ont poursuivi dehors leurs confrontations. L'une des animatrices de "Stop au cancer" distribuait à qui voulait un document de huit pages se présentant comme "une expertise de la médecine nouvelle" dressée par le "Professeur Docteur Hand-Ulrich Niemitz, de l'Ecole supérieure de technologie, de commerce et de culture de Leipzig".

Du côté des parties civiles, un homme n'avait aucun diplôme à produire. Juste le certificat de décès de son épouse morte d'un cancer, alors que les adeptes de Ryke Hamer l'avaient convaincue d'arrêter tout traitemeut, à l'exception de deux "Doliprane".



France : Sectes

Sur le terrain ...

Ouest France, 23 septembre 2003 par Sophie Landais

[Texte intégral]

L'association que préside Annick L `Héritte accueille les familles des victimes des Sectes : "On lutte contre leurs effets " - On n'est pas antisectes, on est anti-dégâts des sectes. " Annick Le Héritte cherche les mots justes. Elle préside l'ADFI Bretagne-sud dont l'objectif est d'abord d'accueillir les familles de victimes de sectes.

La plupart du temps, les gens ont honte de parler de ça, expose Annick Le Héritte, présidente de l'ADFI Bretagne-sud. On a honte d'avoir un enfant dans une secte ou un mari ou une épouse... L'association de défense des familles et de l'individu victimes des sectes (ADFI) aide les familles à agir pour se protéger d'abord, ensuite pour envisager de sortir la victime de la secte. Ce qui est très difficile. o

Pas de recette pour éviter le pire, les sectes savent s'y prendre et " il y a des sirènes qui chantent très bien " résume la bénévole présente à la permanence.

La présidente se rappelle une histoire récente : Une femme un peu surmenée, au bout de quelques semaines, elle quitte tout le monde, son mari, et ses enfants. Elle est persuadée que la famille est coercitive... Nous aidons son mari. Il aime toujours sa femme mais il en est réduit à demander le divorce pour se protéger et protéger ses enfants. Sa femme est sous influence".

Entre 15 et 20 groupes à Lorient

Le Morbihan compte 30 à 40 sectes. inscrites au rapport parlementaire. D'autres mouvements sectaires existent sans être mentionnés sur ce rapport. Cela porte le nombre de mouvements à une soixantaine. Entre 15 et 20 groupes sont identifiés sur le pays de Lorient. En moyenne, nous rencontrons deux nouveaux cas sur le département. .

La présidente rappelle quelques signes qui peuvent alarmer : en général, l'attitude change radicalement. La personne change de vie, elle quitte son travail, rejette ses enfants, son mari, ses parents pour ne s'intéresser qu'au nouveau groupe qu'elle vient de rencontrer, elle dépense aussi beaucoup d'argent.

Les sectes dont on parle n'ont rien à voir avec un mouvement religieux. Ce sont des entreprises de manipulation mentale et financière. Alors, bien sûr, un divorce, une perte d'emploi, des difficultés familiale sont autant de situations qui fragilisent, une aubaine pour certains…



Belgique : Scientologie

La secte de scientologie recrute à la sortie des écoles !

RésistanceS, le 24 septembre 2003 par Nadia Geerts et Manuel Abramowicz

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Nous interpellons le gouvernement fédéral et le Parlement. Avant qu'il ne soit trop tard ! ! !

Installé depuis quelques jours rue de la Loi, non loin des institutions européennes, la secte de scientologie ne compte visiblement pas se contenter de recruter de nouveaux adeptes parmi les fonctionnaires européens en quête de renouveau spirituel.

Ce mercredi 24 septembre, c'est en effet à la sortie d'un lycée renommé situé dans le même quartier que des scientologues ont distribué des brochures pseudo-didactiques où les droits de l'homme, la lutte antifasciste, les Nations Unies et jusqu'à Martin Luther King, Gandhi ou Voltaire servent de caution morale bien involontaire à feu Ron Hubbard - le gourou historique des scientologues - et à sa clique, le tout sur fond de brochure d'information aux couleurs de l'Europe; avec un titre servant de camouflage aux « intoxications scientologues » : « Un guide vers la paix par l'acquisition des droits de l'homme ».

Après les fonctionnaires européens, c'est donc les lycéens que la scientologie a résolu de tenter de capturer dans ses filets. De jeunes adolescents de 12 ou 13 ans, pour certains, sont pris pour cible par le biais d'un procédé particulièrement vicieux qui consiste à présenter Ron Hubbard et les adeptes de sa secte comme les militants infatigables de la défense des droits de l'homme. L'offensive de ces sectaires politico-religieux continue, à n'en pas douter. Sans doute même ne fait-elle que commencer. C'est pourquoi, le réseau antifasciste RésistanceS lance un nouvel appel à la vigilance et à la lutte contre les organisations sectaires qui menacent nos démocraties.

Il est grand temps que le monde politique belge et européen passe à son tour à la contre-offensive pour faire barrage aux ennemis de la Liberté. L'amalgame effectué par la scientologie ne doit pas nous faire oublier qu'il n'est pas de compromis possible entre les adeptes de la manipulation mentale et de l'escroquerie organisée et les défenseurs des droits de l'homme. D'autant plus que ce groupe international reste considéré comme une secte et que notre justice poursuit sa succursale belge, notamment, comme association de malfaiteurs.

Il est temps que celle-ci cesse ses activités nocives sur la voie publique. RésistanceS interpelle donc le gouvernement belge et le Parlement pour que des actions concrètes, au même titre que celles menées contre le racisme et l'extrême droite, se planifient. Avant qu'il ne soit trop tard !


Belgique : Scientologie

Des brochures à l'école Jacqmain victime de la scientologie

Le Soir, le 25 septembre 2003 par François Robert

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Emoi, mercredi, au Lycée Jacqmain, situé dans le parc Léopold. A l'entrée de l'école, des adeptes de l'Eglise de scientologie ont distribué aux élèves une luxueuse brochure sur… les droits de l'homme. Le réseau antifasciste ResistanceS a immédiatement prévenu les autorités communales (le lycée Jacqmain appartient au réseau de la Ville de Bruxelles).

C'est Nadia Geerts, professeur de morale au lycée et membre de ResistanceS, qui a réagi la première lorsque quelques-uns de ses élèves lui ont montré en plein cours la brochure de l'organisation. Celle-ci a belle allure et entretient la confusion en mêlant Ron Hubbard, le gourou de l'Eglise, aux grands noms de la lutte pour les droits de l'homme tels que Martin Luther King, Gandhi ou Voltaire. La brochure « d'information » utilise également abondamment le jaune et le bleu (les couleurs de l'Europe) en gage de respectabilité.

On ignore le nombre de brochures distribuées. ResistanceS signale cependant que ce ne serait pas la première fois que la secte diffuse ses idées aux abords des écoles bruxelloises, bien que les témoignages soient de seconde main. L'activité de la scientologie commence à inquiéter sérieusement les milieux démocrates, depuis qu'elle s'est installée rue de la Loi, à deux pas du lycée. Des jeunes de 12-13 ans peuvent être des proies faciles à la propagande.

La Ville de Bruxelles a pris des mesures. Faouzia Hariche, échevine de l'Instruction publique, a d'ores et déjà programmé une journée pédagogique destinée aux professeurs et aux élèves. Notons que la Ville peut difficilement exercer un contrôle sur ce qui se fait à l'extérieur de ses écoles. Par contre, elle entend mener une large campagne d'information sur les sectes dans les classes, lors de cours de morale. Rappelons qu'une autre échevine, Carine Vyghen, spécialiste des sectes, organise régulièrement des colloques sur les dangers de ces organisations.


Japon : Aum

Peine de prison à vie confirmée

AFP, le 25 septembre 2003

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TOKYO - La justice japonaise a confirmé jeudi la peine de prison à vie prononcée à l'encontre d'un disciple de la secte Aum Vérité Suprême, inculpé notamment à la suite d'un attentat meurtrier au gaz sarin à Matsumoto (centre du Japon) en 1994.

Noboru Nakamura, 36 ans, a été condamné à vie pour meurtre, complicité de meurtre et enlèvement ayant entraîné la mort. Mais il a échappé à la peine capitale, le juge ayant tenu compte du fait qu'il n'était pas le cerveau de l'attaque au gaz sarin qui a tué sept personnes et blessé 114 autres à Matsumoto en juin 1994. "Il avait connaissance du plan pour fabriquer le sarin et le diffuser", a expliqué le juge Atsushi Semba, mais "sa connaissance de la toxicité du sarin était théorique".

Cet attentat avait servi de "répétition" à la spectaculaire série d'attaques dans le métro de Tokyo qui avait fait 12 morts et des milliers de blessés en mars 1995. M. Nakamura a également été condamné pour l'enlèvement et la mort du frère d'un disciple d'Aum et pour sa participation dans la construction des équipements de la secte pour fabriquer le gaz sarin.

Le 18 septembre, un tribunal avait maintenu une sentence de mort à l'encontre d'un autre disciple de la secte Aum Vérité Suprême, condamné à la pendaison à la suite de l'attaque de Matsumoto.

Neuf disciples d'Aum - une secte mêlant mysticisme hindou, croyances primitives bouddhistes et visions apocalyptiques - ont déjà été condamnés à la mort mais aucun, jusqu'à présent, n'a été exécuté.



France : MIVILUDES

La mission contre les sectes veut marquer les esprits

La Croix, 25 septembre 2003 par Marianne Gomez

[Texte intégral]

La nouvelle mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes, lance un séminaire sur le thème " Sectes et laïcité ". Bilan d'un an d'activité

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s'apprête à boucler sa première année d'activité. Pour l'occasion, elle lance un séminaire sur le thème " Sectes et laïcité " (1) et s'apprête à rendre, en décembre, son premier rapport. Au menu, quatre parties: une introduction de portée générale, les contributions des ministères représentés au sein de la mission, l'étude de certains mouvements et de quelques sujets - sectes et laïcité, protection des mineurs, bilan de la loi About-Picard - et enfin des pistes de travail, dégagées avec le conseil d'orientation, le ,cerveau" du dispositif, qui comprend une trentaine de personnalités diverses.

Depuis un an - elle a été créée en novembre 2002 -, la Miviludes est restée relativement discrète.
"On s'est peu exprimés, mais on a travaillé! tient à préciser le nouveau président, Jean-Louis Langlais. Nous avons notamment dynamisé la machine administrative." A son arrivée, ce haut fonctionnaire avait estimé que seule une préfecture sur deux s'était dotée d'une " cellule de vigilance", ces structures censées être à l'affût des phénomènes sectaires sur le territoire. La mission a donc mené une enquête dont les résultats seront rendus publics dans le rapport. "Mais d'ores et déjà, on peut dire qu'il y a eu des progrès et qu'aujourd'hui 60 % de ces cellules sont très actives. Cela répond à la première de nos missions: observer. et analyser le phénomène sectaire ".

Des organisations de plus en plus difficiles à cerner

Et il y a de quoi faire car le paysage sectaire reste largement méconnu. Combien y a-t-il d'organisations présentant un danger potentiel? Dans quels milieux se développent-elles? De quelle manière? Pour Jean-Louis Langlais, " il ne semble pas que, quantitativement, le phénomène se développe. En revanche, qualitativement, il change un peu de nature. A côté des grands groupes bien structurés, il y a un polymorphisme, une diffusion de l'activité - dans le domaine du soin, du développement personnel, etc. - qui rend ces organisations difficiles à cerner. "

Par ailleurs, l'activité judiciaire en matière de sectarisme - même s'il ne s'agit là que de la pointe immergée de l'iceberg - reste très faible: selon une première estimation, "début 2003, on comptabilisait 35 ouvertures d'enquête préliminaire, dont 16 seulement concernaient des affaires pénales, précise Gilles Bottine, magistrat et secrétaire général de la Miviludes. Les autres affaires recouvraient le plus fréquemment un contentieux familial, un membre du couple accusant l'autre de captation d'enfant. " Quant aux procès en cours, ils se comptent sur les doigts de la main. ,,il y a peu de plaintes, car les faits sont difficiles à qualifier ", poursuit le magistrat. La Miviludes a demandé un bilan de la loi About-Picard, sans se faire d'illusions: celle-ci a été " peu utilisée ", car " il n'est pas facile d'établir le délit de manipulation mentale, même s'il correspond à une réalité ". Une seule information aurait été ouverte de ce chef.

Si la répression n'est pas facile à mettre en couvre, il y a aussi beaucoup à faire côté prévention et protection des victimes. L'expérience menée depuis 1999 à Bobigny (Seine-SaintDenis) au centre Devereux, qui s'est spécialisé dans le traitement des personnes sortant de sectes, ne devrait finalement pas être reproduite sous cette forme. "Les résultats du centre n'ont pas été évalués, et il s'agit d'une approche coûteuse ", précise Jean-Louis Langlais.

Pour le président de la Miviludes, il faudrait plutôt envisager, pour venir en aide aux victimes, la création de réseaux spécialisés regroupant un certain nombre de praticiens. Une table ronde travaille sur ce thème et sur celui de la protection des mineurs qui vivent dans un environnement sectaire. En attendant, la Miviludes va s'atteler à la rédaction d'un document grand public: "Comment identifier un problème sectaire? " et s'apprête à sensibiliser les conseils généraux, qui sont compétents en matière sociale, à la question des sectes. Une convention va aussi être signée entre la Miviludes et le centre national de la fonction publique territoriale en matière de formation des personnels.

'Il faut tenir les deux bouts de la chaîne: faire le travail de soutier, de terrain, et animer le débat intellectuel ", conclut JeanLouis Langlais. Sur ce deuxième point, la Miviludes a monté un projet ambitieux: l'organisation, du 8 octobre au 23 juin prochain, d'un séminaire universitaire sur le thème:
" Sectes et laïcité "
qui verra se succéder historiens, sociologues, philosophes, représentants des religions... L'idée? Faire dialoguer des gens ayant des thèses totalement opposées sur les sectes, comme les associations anti-sectes et les sociologues des religions. Et pouvoir, in fine, dégager une " position française. sur la question". Un beau programme.

(1) Le séminaire a lieu tous les 15 jours, le mercredi de 17 heures à 20 heures à partir du 8 octobre à l'ancienne École polytechnique-Carré des sciences, 1, rue Descartes, 75005 Paris. Il est
accessible en priorité aux élèves des écoles doctorales, et sur inscription
au 01.42.75.76.40.
LA CROIX
JEUDI 25 SEPTEMBRE 2003 11


République Centre Africaine : Sectes et Eglises

Le gouvernement centrafricain rappelle à l'ordre des églises protestantes

La Croix, le 27 septembre 2003

[Texte intégral]

BANGUI - Le ministre centrafricain de l'Intérieur, Michel Paulin Bondéboli, a invité vendredi les églises protestantes du pays à respecter la réglementation en vigueur pour mettre fin à la création "désordonnée" d'églises, a annoncé samedi la radio nationale.

"Le ministre de l'Intérieur a eu à constater que les églises se créaient d'une manière désordonnée, tant à Bangui qu'en province, au mépris des textes en vigueur", a indiqué un communiqué ministériel diffusé à plusieurs reprises. Pour "être juridiquement reconnues", les églises doivent avoir notamment un minimum de 1000 adhérents, être implantées dans au moins trois préfectures, sur les 16 que compte ce pays de 3,7 millions d'habitants, et "le pasteur doit être titulaire d'un diplôme de théologie" et d'une expérience professionnelle.

Le communiqué invite 34 associations confessionnelles "non reconnues juridiquement" et répertoriées de concert avec l'Alliance des églises évangéliques en Centrafrique (AEEC), groupement des églises protestantes, à répondreà ces conditions.

Depuis une décennie, on assiste dans ce pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale à une prolifération des églises protestantes, dont certaines se créent à la suite de dissensions entre dirigeants, dont certains sont des hommes politiques, le plus souvent pour des raisons ethniques ou de mauvaise gestion. Dans de nombreux pays d'Afrique, des sectes prolifèrent et des prétendus pasteurs disparaissent après avoir escroqué leurs fidèles.



France : Sectes

Sectes : lutte et prévention

MIVILUDES, 22 septembre 2003 par Frédéric Vézard

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 21711 de M. Nicolas Jean-Pierre ( Union pour un Mouvement Populaire - Eure ) QE
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère attributaire : Premier ministre
Question publiée au JO le : 07/07/2003 page : 5297
Réponse publiée au JO le : 29/09/2003 page : 7426

Texte de la QUESTION : M. Jean-Pierre Nicolas attire l'attention de M. le Premier ministre sur les difficultés de la lutte contre les mouvements sectaires. Les sectes se cachent souvent derrière des associations à caractère social, culturel, éducatif, pour faire du prosélytisme et du lobbying. C'est ainsi que plusieurs décisions récentes du Conseil de l'Europe auraient été directement inspirées par des mouvements proches de l'Église de scientologie, notamment une prise de position favorable au programme « Narconon » contre la drogue, contrôlé par cette secte.

Ces dérives, au sein d'organismes internationaux, démontrent bien la nécessité de renforcer la vigilance contre les sectes, y compris dans les milieux officiels. Les politiques d'information, de prévention et de sensibilisation revêtent donc une grande importance. Une attention particulière devrait être portée aux jeunes, qui sont plus vulnérables aux manipulations. Alors qu'une mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a été créée par décret du 28 novembre 2002, il souhaiterait connaître les actions menées par cet organisme, et les mesures qu'il préconise pour améliorer la lutte contre les sectes en France.

Texte de la REPONSE : C'est à bon droit que l'honorable parlementaire souligne les difficultés de la lutte contre les mouvements sectaires. L'intitulé même de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) instituée par le Gouvernement a mis l'accent sur la notion de dérives sectaires pour signifier que, quelles que soient les doctrines, ce sont les agissements qui font l'objet de la vigilance et de l'action des pouvoirs publics. Ainsi tous les agissements attentatoires aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, ou constituant une menace à l'ordre public, ou contraires aux lois et règlements, qui sont commis par des mouvements à caractère sectaire, peuvent, sous le contrôle du juge, faire l'objet de signalements et de poursuites.

L'ensemble des services de l'État, au niveau central et déconcentré, doit concourir à cette vigilance. Plusieurs directions d'administration centrale sont concernées ainsi que l'ensemble des préfectures qui disposent de « cellules de vigilance » où sont périodiquement réunis les principaux services et les magistrats concernés.

Au niveau interministériel, la Miviludes est chargée de coordonner l'ensemble des actions en ce domaine. Le décret institutif du 28 novembre 2002 lui confie une tâche d'observation et d'analyse du phénomène, d'information et de formation des agents publics, de saisine des administrations et des juridictions, d'aide dispensée aux victimes. Le président, inspecteur général de l'administration, dispose pour ce faire de trois structures : une équipe permanente d'une douzaine de personnes, un comité exécutif de pilotage opérationnel qui réunit dix ministères, un conseil d'orientation de trente membres, qui comprend quatre députés et quatre sénateurs. L'équipe permanente a été confortée, avec, à sa tête, un secrétaire général, magistrat nommé le 29 janvier 2003. Le comité exécutif a été réuni, comme le prévoit le décret, tous les deux mois. Le conseil d'orientation, installé par le directeur de son cabinet le 3 avril 2003, a siégé à deux reprises. Une relance des cellules de vigilance préfectorale a été initiée.

Au cours du dernier semestre, une trentaine de réunions a été recensée. Une observation du paysage sectaire peut être ainsi réalisée, montrant les évolutions en cours. L'édition d'une lettre de la Miviludes qui concourt à l'information des milieux officielles et celle du public sera notamment améliorée par la mise en place prochaine d'un site Internet qui pourra relayer l'action des différentes associations qui s'efforcent de protéger les familles et les individus des manipulations éventuelles.

Le nouveau dispositif administratif est ainsi en place et il a traité, dans les six premiers mois de son fonctionnement, une série de dossiers collectifs ou individuels, attirant l'attention des administrations sur des pratiques ou des comportements jugés à risques. La question de l'honorable parlementaire met également l'accent sur la dimension internationale de l'action. Il est vrai que la plupart des mouvements à caractère sectaire - mais ce n'est pas propre à ces mouvements - ont une assise internationale. Ils participent, comme d'autres, aux forums internationaux, que ce soit l'ONU, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Conseil de l'Europe, l'Union européenne, qui sont amenés à traiter de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, notamment de la liberté de religion et de conscience.

En relation étroite avec nos diplomates, la Miviludes intervient dans ces forums, où elle fait preuve de la même vigilance et de la même détermination que sur la scène nationale. Dans la recherche de cet équilibre délicat entre respect de la liberté religieuse et nécessaire vigilance à l'égard des dérives sectaires, un séminaire universitaire, placé sous le patronage du ministère de la recherche et de la Miviludes se déroulera à partir d'octobre prochain sur le thème « sectes et laïcité », qui permettra, grâce à l'intervention de près de cinquante spécialistes français et étrangers de nourrir le débat d'idées. Enfin, le rapport annuel qui devra m'être remis en fin d'année, établira un compte rendu d'activité détaillé et comportera, entre autres études, un développement consacré, comme le souhaite l'honorable parlementaire, à la question des mineurs, auxquels est due une protection particulière contre toute emprise abusive.



Guatemala : Sectes

Un cardinal au Guatemala, pays meurtri par les dictatures et la guerre civile

AFP, 30 septembre 2003 par par Jacques Lanusse-Cazale

[Texte intégral]

GUATEMALA - En nommant cardinal Mgr Rodolfo Quezada Toruno, le pape Jean Paul II a rendu hommage à la lutte menée par l'Eglise catholique pour le respect des droits de l'homme au Guatemala, un pays meurtri par les dictatures et la guerre civile. "Cette récompense est adressée au peuple guatémaltèque, à son combat pour la paix obtenue aux prix de nombreux sacrifices", a expliqué devant ses fidèles le cardinal Quezada Toruno, faisant référence aux dizaines de prêtres assassinés durant la guerre civile (1960-1996).

Le nouveau cardinal, âgé de 71 ans, a participé pendant plusieurs années à la lutte contre les dictatures, symbolisée dans le pays par l'évêque de la capitale, Juan Gerardi. Trois jours avant d'être découvert mort dans son presbytère le 26 avril 1998, le corps roué de coups, Mgr Gerardi avait publié un réquisitoire cinglant intitulé "Guatemala, plus jamais ça", dans lequel il accusait l'armée et les groupes para-militaires de 150.000 assassinats et de la disparition de 50.000 personnes durant la guerre civile.

Mgr Quezada Toruno avait pour sa part dirigé, de 1987 à 1993, une commission de Réconciliation chargée de tisser les prémices d'une négociation entre la guérilla guatémaltèque et l'Etat, qui aboutira à la signature des accords de paix en 1996. Il a été par la suite le principal moteur de l'Eglise catholique afin de retrouver et juger les assassins de Juan Gerardi, trois militaires directement liés à des unités des services de renseignement de l'armée. Dans son homélie dimanche, le nouveau cardinal, qui a rappelé que son combat était "destiné aux pauvres", a rendu également hommage à Jean Paul II, venu à trois reprises au Guatemala, la dernière fois en juillet 2002 pour prononcer la canonisation du frère franciscain Pedro de San José Betancourt

L'Eglise catholique est également confrontée au Guatemala à la multiplication des Eglises évangélistes et des sectes fondamentalistes, estimées à plus de 10.000 sur l'ensemble du territoire et qui rassemblent près de 30% de la population principalement au sein des communautés indiennes.

Arrivées dans le pays à la fin des années 70, les églises protestantes, Témoins de Jéhovah, Mormons ou autres Baptistes, constituent un réel phénomène de société comme dans de nombreux pays d'Amérique latine. Parmi ces milliers de sectes, l'Eglise chrétienne du Verbe est la plus influente et rassemblerait selon un de ses ministres, Leonel Soberanis, "quelque 20% de la population". L'un des membres les plus influents de cette secte fondamentaliste est l'ancien général et dictateur Efrain Rios Montt, président en 1982 et 1983 à la suite d'un coup d'Etat, avant d'être à son tour renversé.

Aujourd'hui candidat à l'élection présidentielle du 9 novembre prochain, le général, qui fut un prédicateur virulent dans un programme télévisé durant des années, avait adressé lors de la première visite du pape au Guatemala en 1983, un camouflet cinglant à l'Eglise catholique. Non seulement il n'avait pas salué le pape, mais la veille de sa venue, il avait ordonné l'exécution de six détenus condamnés à la peine capitale et pour lesquels l'Eglise avait officiellement demandé la grâce présidentielle.


Belgique : Scientologie

A propos de la scientologie à Bruxelles

Transmis par la MIVILUDES, le 29 septembre 2003

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Question d'un député et réponse du Minstre de la justice

CHAMBRE-1E SESSION DE LA 51E LEGISLATURE 2003 2004
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS DE BELGIQUE
COMPTE RENDU INTÉGRAL AVEC COMPTE RENDU ANALYTIQUE TRADUIT DES INTERVENTIONS
COMMISSION DE LA JUSTICE lundi 29-09-2003

Question de Mme Martine Payfa à la ministre de la Justice sur "l'inauguration à Bruxelles du bureau européen de lobbying de la scientologie" (n° 69)
09 Martine Payfa (MR): Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, le mois de septembre a donné l'occasion à la scientologie de se présenter au public sous son meilleur jour. Depuis plusieurs années, c'est dans des hôtels de la capitale que la rentrée médiatique de la scientologie s'organise autour d'une exposition présentant ses activités. Cette année, par contre, l'événement a pris une toute autre dimension. Il s'agissait de l'inauguration, rue de la Loi, du "Bureau européen des affaires publiques et des droits de l'homme". Cette inauguration en grande pompe est à replacer dans son contexte: depuis 1997, la justice belge instruit une plainte pour escroquerie à l'encontre de la scientologie. A la suite des perquisitions qui ont débouché sur la saisie de dossiers contenant des données à caractère personnel, l'instruction porte également sur des infractions à la loi protégeant les données à caractère personnel. Enfin, l'enquête aurait découvert des éléments constitutifs d'une association de malfaiteurs. En mars dernier, le parquet de Bruxelles annonçait l'inculpation de huit dirigeants et de l'ASBL pour organisation criminelle. Certains inculpés sont également poursuivis pour escroquerie, violation de la loi sur la protection de la vie privée, exercice illégal de l'art de guérir et de pharmacie. Si un procès doit se dérouler dans les prochains jours à Bruxelles, on comprend dès lors que la scientologie s'y prépare en renforçant son dispositif de lobbying au cour du quartier européen. Si les opérations de sensibilisation du public lors d'expositions dans les hôtels de la capitale pouvaient passer pour des initiatives de l'ASBL belge, il n'en est pas de même pour cette inauguration. La presse affirme que l'immeuble aurait été acquis par une société californienne. Par ailleurs, on voit mal comment les scientologues belges, évalués entre 5.000 et 6.000 personnes, pourraient supporter un investissement qui peut être raisonnablement estimé entre 2 millions et 2 millions et demi d'euros. Il s'agit donc bien de l'implantation dans la capitale européenne d'une multinationale connue pour proposer ses services à des tarifs particulièrement élevés. Il faut rappeler, en effet, que plusieurs affaires judiciaires ont pour origine des sommes importantes que les adeptes ont été amenés à verser à la scientologie. Mme la ministre peut-elle me confirmer que l'immeuble du 91 rue de la Loi a été acquis par une société californienne? Dans l'affirmative, laquelle? Sachant que la scientologie est également active dans le domaine des drogues, avec son programme "Narconon" et dans le domaine de la formation professionnelle par des sociétés telles que "Human", la ministre dispose-t-elle d'informations en provenance de ses collègues communautaires et régionaux sur d'éventuelles tentatives d'infiltration des milieux concernés? En juin 1998, sur la base d'une recommandation de la commission d'enquête parlementaire sur les activités illégales des sectes, il avait été créé un observatoire appelé "Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles". Madame la ministre, ce centre a-t-il abordé la question de la scientologie? Combien de demandes d'information lui ont-elles été adressées? Le centre a-t-il diffusé une information publique sur la scientologie? Le centre a-t-il émis un avis en rapport avec la scientologie? Un tel avis est-il de nature à contribuer à la prévention des abus reprochés à la scientologie? En matière d'abus, nous avons vu que la scientologie n'a pas perdu de temps, notamment pour aller prospecter aux abords d'un grand lycée bruxellois. Je vous remercie pour votre réponse, madame la ministre. Je tenais à vous exprimer toute mon inquiétude par rapport à ce problème.

09.02 Laurette Onkelinx, ministre: Monsieur le président, madame la députée, l'immeuble sis au 91 rue de la Loi à Bruxelles a été acheté et rénové grâce à la mise à disposition de fonds par la société "Building management services corporation", filiale de l'Eglise de scientologie internationale, "Church of Scientology international, religious non profit corporation", ayant toutes deux leur siège à la même adresse: 6331 Hollywood Boulevard, Los Angeles. La société "Building management services corporation" est considérée aux Etats-Unis, par l'administration fiscale américaine "International revenue service" comme une société religieuse et bénéficie, à ce titre, d'une exemption fiscale. Il faut noter que l'implantation de la scientologie rue de la Loi n'a pas, à strictement parler, de lien juridique direct avec l'Eglise de scientologie de Belgique qui, je le rappelle, fait pour l'instant l'objet d'une procédure judiciaire (l'affaire est actuellement toujours à l'instruction). Comme vous le savez, cette organisation est officiellement enregistrée au Moniteur belge du 18 juillet 2003 comme succursale en Belgique de la "Church of scientology international", abritant une filiale du mouvement dénommée Bureau européen pour les affaires publiques et les droits de l'homme de l'Eglise de scientologie internationale. Comme vous l'avez soulevé, il est exact que l'Eglise de scientologie se profile dans le secteur social et que le mouvement utilise notamment le terrain de la lutte contre la drogue. En mars 1982, avait été ainsi créée une première association sans but lucratif "Narconon", dissoute en septembre 1985. En 1994, la campagne "Shérif sans drogue" approchait des classes d'enseignement primaire des trois régions du pays, proposant aux enfants une sensibilité effective à la prévention antidrogue. Une nouvelle ASBL liée à l'Eglise de scientologie a vu le jour, en mars 2000, sous la dénomination "Non à la drogue, oui à la vie" qui a établi son siège à l'adresse du centre du mouvement. Tout récemment a été créée l'ASBL "Narconon Infocenter", ayant son siège à Dilbeek. Par ailleurs, l'Eglise de scientologie a également créé un bon nombre de sociétés commerciales ou pris pied au niveau de la direction de firmes déjà existantes. Ce réseau est à la base d'importantes ressources financières pour le mouvement. Ces firmes commerciales déploient leurs activités essentiellement dans le domaine du marketing et du management et proposent des cours de formation aux cadres de diverses entreprises. A ce jour, je n'ai pas été directement informée par mes collègues communautaires et régionaux d'éventuelles tentatives d'infiltration des secteurs relevant de leurs compétences. Mais je resterai bien évidemment attentive aux informations et renseignements qui seront portés à ma connaissance. Pour mémoire, le rapport, établi en avril 1997 par la commission d'enquête parlementaire, visant à élaborer une politique en vue de lutter contre la pratique illégale de sectes, a soulevé le danger que représente l'Eglise de scientologie, et plus particulièrement pour des mineurs d'âge. La question de la scientologie a effectivement été abordée par le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles. Une documentation a été constituée et mise à la disposition du public dans son centre de documentation. Cette documentation est constituée de sources publiques librement consultables et comprend des livres, une revue de presse, des statuts et actes publiés par les personnes morales liées à la scientologie ainsi qu'une compilation de la jurisprudence relative aux mouvements. A ce jour, seule une trentaine de demandes d'information relatives à la scientologie ont été adressées au Centre d'information et d'avis sur les organismes sectaires nuisibles. Jusqu'à présent, le Centre n'a pas rendu d'avis concernant la scientologie. Afin de ne pas interférer avec la procédure pénale actuellement en cours, il a semblé au centre qu'il était délicat de rendre un avis. Je rappelle également que l'Eglise de scientologie n'a jamais introduit de demande de reconnaissance officielle en tant que telle.

09.03 Martine Payfa (MR): Monsieur le président, je suis quelque peu étonnée de la raison justifiant qu'un centre ne puisse donner un avis parallèle sans créer d'interférences. Je suppose que si un avis ne peut être donné aujourd'hui, cela pourra être le cas à la clôture du procès. J'ai d'ailleurs l'intention de vous interroger à nouveau sur cette problématique à ce moment-là.

09.04 Laurette Onkelinx, ministre: Le procès nous informera davantage.

09.05 Martine Payfa (MR): A partir du moment où la scientologie organise, depuis 1998, des manifestations annuelles dans notre capitale, il me semble évident qu'un avis aurait dû être rendu. Je reviendrai ultérieurement sur la question. L'incident est clos.



France : Sectes

Création d'un comité pour développer le parrainage d'enfants fragiles

AFP, 30 septembre 2003 par Frédéric Vézard

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PARIS - Le Comité national du parrainage a été installé mardi par le ministre délégué à la Famille Christian Jacob avec pour mission de développer un mode d'accompagnement, peu connu en France, d'enfants et jeunes fragiles ou isolés par des adultes bénévoles. Le parrainage "constitue un mode d'accompagnement de l'enfant très souple, adaptable à chaque situation", a déclaré Christian Jacob devant la presse et les douze membres du comité (juristes, associatifs, collectivités locales, direction de la protection judiciaire de la jeunesse, universitaire). "Au-delà de mineurs relevant de l'aide sociale à l'enfance départementale, il peut s'agir d'enfants dont les familles connaissent des difficultés passagères, scolarisés en internat, hospitalisés, ou encore issus de l'immigration pour lesquels le parrainage peut permettre une meilleure intégration avec transmissions des références culturelles d'origine", a-t-il détaillé.

Le parrainage est différent de l'adoption qui établit des liens de filiation. Il peut être permanent ou occasionnel (accueil de l'enfant dans une famille pour les week-ends ou les vacances), se faire de gré à gré, à l'initiative des familles, ou sur intervention d'éducateurs. Sous la présidence de Marie-Dominique Vergez, présidente du tribunal pour enfants de Créteil, le comité a d'abord pour mission d'établir une charte qui définira "un cadre éthique, un label, des bases communes pour les associations, avec des principes clairs et précis pour les partenaires institutionnels". "Il ne s'agit pas de figer le parrainage dans le juridisme, mais de fixer un cadre clair", a commenté Mme Vergez, qui a coordonné un groupe de travail sur le sujet, installé en 2001 par le précédent gouvernement.

La magistrate a noté qu'une des tâches du comité serait de concevoir des "garde-fous" contre les dérives (pédophilie, secte...). Par ailleurs, elle a reconnu qu'on ne disposait d'aucune donnée chiffrée sur le nombre d'enfants parrainés en France. Les associations ont souligné qu'elles manquaient de moyens humains, financiers et structurels pour promouvoir le parrainage, parce qu'"il y a beaucoup plus de demande que d'offre de parrains".