Etats-Unis

Déclaration sous serment de Robert Vaughn Young

(source : Affidavit of Robert Vaughn Young)
 14 octobre 1994
 Copyright (c) 1994 par Robert Vaughn Young.
 Droits de redistribution accordés pour les buts non commerciaux.

 

Traduit en français par Roger Gonnet, Président fondateur de l'association de Scientologie de Lyon, cadre dirigeant local de la secte pendant huit années, traducteur d'environ 2 millions de mots des oeuvres d'Hubbard par écrit, et compétent en matière technique et administrative sur la Scientologie. OTVII - NOTs, et divers autres "titres scientos".

  1. Introduction
  2. Pourquoi la Scientologie abuse du système légal ?
  3. Les psychiatres dans le collimateur de la Scientologie
  4. La doctrine " Fair Game ", sorte de " justice " scientologue
  5. " Annulation " de la doctrine " Fair Game "
  6. Scientologie, avocats et experts
  7. Scientologie et tribunaux
  8. Miscavige et Steven Fishman
  9. Le refus de toute responsabilité légale est une tactique créée par Hubbard
  10. Les décès mystérieux de certains scientologues
  11. Les manoeuvres de la CSI face à la justice
  12. La plainte du CSI en question

Graham A. Berry, N° d'Etat : Bar 12503
Gordon J.  Calhoun, N° d'Etat Bar. 84509
LEWIS, D'AMATO, BRISBOIS AND BISGAARD
221 N. Figueroa Street, Suite 1200
Los Angeles, California 90012
Tél.: (213) 250 - 1800


                COUR DE JUSTICE DE DISTRICT DES ETATS-UNIS
                     DISTRICT CENTRAL DE CALIFORNIE

                     Affaire n° CV 91 6426 HLH (Tx)

                         Date: 4 Avril 1994


Plaignant : Church of Scientology International (CSI),
une organisation religieuse à but non lucratif 

                      contre

Défendants : Steven Fishman et Dr. Uwe Geertz


1. Introduction

J'ai été retenu en tant qu'expert consultant et témoin expert par le conseil du Dr Uwe Geertz dans l'affaire opposant la CSI (Church of Scientology International) à Steven Fishman et Uwe Geertz., référence CV 6426 HLH (Tx), actuellement traitée à la Cour de Justice des Etats-Unis, District Central de Californie. Les déclarations qui suivent font partie de mes connaissances personnelles ou sont raisonnablement appuyées sur l'information et la croyance, et, si on me le demande en tant que témoin, je peux témoigner de façon compétente à ce propos.

 Cette déclaration est soumise afin d'assister la demande du Dr Uwe Geertz pour les frais de justice, d'avocat et sanctions résultant de la demande de classement sans suites de cette action incluant les frais, le 22 Février 1994.

 Les justificatifs de mon expertise sur la scientologie englobent 20 années en tant que membre de l'organisation [scientologue, ndt]. Durant ces 20 années, j'ai tenu pratiquement tous les types de postes à chaque échelon. J'ai oeuvré au niveau local, régional, national et international. J'ai été porte-parole et représentatif de la Scientologie par devant des agences gouvernementales, des média et Tribunaux. J'ai occupé le poste le plus élevé dans les relations publiques du sommet de la hiérarchie pour la Scientologie, dans le monde entier. J'ai travaillé des années durant à l'échelon qui manie les critiques, les "ennemis", les médias, les tribunaux, et le gouvernement. J'ai eu entre les mains des documents privés de la nature la plus secrète, incluant des illégalités commises par des dirigeants de la Scientologie, ainsi que les couvertures utilisées. J'ai été utilisé dans nombre de cas pour manier personnellement les situations "brûlantes" de nature excessivement sensible, allant de la mort mystérieuse du fils du fondateur de la Scientologie Ron Hubbard ("Hubbard"), au décès de Hubbard lui-même. J'ai eu à connaître les procédures financières et escroqueries portant sur des dizaines de millions de dollars. Je sais aussi comment la Scientologie manipule les lois pour éviter la révélation de la vérité.

  2. Pourquoi la Scientologie abuse du système légal ?

La Scientologie use des procès judiciaires non pour obtenir justice, mais pour harceler et ruiner ses adversaires

La demande du plaignant "Church of Scientology International" (CSI) de démettre ce cas est en accord avec un des textes "sacrés" les plus essentiels: utiliser les cours de justice non pour gagner mais plutôt pour harasser les gens et les ruiner. Ce fut la tactique primordiale d'Hubbard qui émit l'édit que voici en 1955, décrivant le but des plaintes en justice: Voir pièce jointe A. La raison fondamentale pour laquelle les scientologues se servent de la justice provient de ce qu'Hubbard pensait que le système de justice qu'il avait inventé était très supérieur aux autres, et qu'il fallait qu'il devienne la norme planétaire en la matière.

  3. Les psychiatres dans le collimateur de la Scientologie

Le Docteur Geertz est la cible de l'objectif de la Scientologie de détruire les " psychos "

La clé, pour comprendre le mystère du procès actuel et les voies tortueuses qu'il a empruntées se trouvera dans la Directive précitée d'Hubbard, à quoi s'ajoute un autre élément: le défendant, le Dr Uwe Geertz, est un psychologue. La Scientologie désire par dessus tout détruire le domaine de la santé mentale afin d'en prendre les rênes. Le Dr Geertz est donc l'équivalent, pour la Scientologie, de la "solution finale"; sauf qu'ici, c'est une profession qui doit faire les frais du génocide.

Les psychologues sont les boucs émissaires de la Scientologie pour absolument tout, y compris le sexe

On fait rentrer dans la tête de tout scientologue le raisonnement que tous les ennuis et problèmes - ceux d'Hubbard, de la Scientologie, des Etats-Unis, du monde, de ce coin de la galaxie et, littéralement, de l'univers tout entier, sont dus aux psychiatres et psychologues, collectivement désignés sous le mot "psychos" [psycho sera utilisé dans la traduction). En fait, Hubbard dit que l'unique cause du crime sont les "psychos". Il va même jusqu'à dire "Il n'existe aucune loi qui les protège" contre les attaques. (Voir La Cause du Crime, Hubbard, pièce B). Voir aussi la déclaration de Stacy Young, également fournie à la cour aujourd'hui).

 Pour Hubbard, les psychos sont coupables de toute maladie historique, pas seulement au cours des années proches, mais depuis des siècles, des millénaires et même des millions d'années. D'après sa vision paranoïaque, tout, y compris le rock and roll, le Troisième Reich et même le sexe, tout n'est qu'invention des psychos. (Voir pièce C, "la douleur et le sexe" d'Hubbard). Aussi incroyable que cela paraisse, Hubbard pensait que les psychos avaient inventé le sexe il y a des millions d'années. Là où il le dit, les implications sont claires: tout sexe - y compris l'attraction entre couples - est mauvais.

Attitude anti-sexe de Ron Hubbard

L'intensité de l'attitude anti-sexe d'Hubbard, en particulier vis à vis du sexe féminin, n'est connue que de rares scientologues. En 1981, j'eus accès aux documents les plus privés de Hubbard, aux agendas et lettres. Cet accès illimité a duré des années, cela faisant partie de la tâche d'écriture d'une biographie d'Hubbard; je pus donc lire des lettres envoyées à ses parents, amis, maîtresses et associés, ou venant d'eux. Il y avait des centaines de milliers de pages de matériaux, dont bon nombre étaient des copies carbone de sa main - le tout détaillant sa vie, ses femmes, ses associés, sa famille et le sexe. Une bonne part datait des années 30 et 40, et cela allait jusqu'en 1970. Certains de ces documents étaient des diatribes contre les femelles, ils étaient couverts de dessins de sexes dans les marges. Il y décrivait par ailleurs ce qu'il voulait leur faire, y compris viols et violences. Il suffit de dire que c'était classé X et sadique. Ce fut mon initiation à l'aspect sombre de Hubbard (ces papiers furent ensuite enfermés afin que nul scientologue n'en connut l'existence, ni ne les voie).

 L'attitude anti-féminine d'Hubbard paraît d'abord dans les écrits des années 30-40. Ses points de vue concernant les "psychos" sont apparus après la publication de ses premiers livres de Scientologie, en 1950, alors qu'il courtisait les "psychos" afin d'obtenir la validation de son propre travail. Lorsqu'il fut critiqué et refoulé, il en fut outragé et commença à les blâmer de ses ennuis avec les clients et avec la presse.

 Le Dr Geertz fait donc partie de la conspiration internationale (et intergalactique) à annihiler pour que Hubbard et la Scientologie puissent régner sur terre.

  4. La doctrine " Fair Game ", sorte de justice scientologue

La plainte de la CSI fait partie de la doctrine " Fair Game " [gibier de potence] et les psychos sont déclarés gibier de potence

La CSI exerce la doctrine du "Fair Game - gibier de potence", qui dit que tout "ennemi" peut être "détruit". Cette doctrine est utilisée contre les apostats (les repentis), les critiques, la presse, et a même servi devant les tribunaux. Elle est utilisée contre le Dr Geertz (ce qui a commencé avec cette plainte afin de le mettre en faillite) et contre son conseil (cela a consisté à enquêter sur son compte; le Tribunal a ordonné que cela cesse, et cela s'est poursuivi jusqu'au vandalisme envers les biens de Mr Graham Berry).

 Je montrerai comment a commencé la doctrine du Fair Game - gibier de potence - et comment elle a continué jusqu'à ce jour, et de quelle façon le tribunal a été exposé à ces méthodes de " la fin justife les moyens ". J'expliquerai ceci en me servant des écrits d'Hubbard (nommés désormais "scriptures en anglais, c'est à dire l'équivalent de saintes écritures ou écritures sacrées). Ces documents sont les règles à quoi la Scientologie ne déroge jamais.

"FAIR GAME" : ceux qui n'ont aucun droit, qui doivent être détruits, et/ou dont les biens peuvent être détruits

La doctrine du Fair Game a été codifiée le 7 Mars 1965, le jour où Hubbard a publié un écrit intitulé "Actes Suppressifs: Suppression de la Scientologie et des scientologues: la loi du Fair Game" (Voir pièce D); il y dit: Une révision de cette pièce, en date du 23 Décembre 1965 l'a modifié ainsi: Quant à " suppressif " Hubbard en donne la définition: Les ACTES SUPPRESSIFS sont des actes calculés pour entraver ou détruire la Scientologie, et sont ensuite décrits en détail dans cette lettre de règlements d'Hubbard. (L'original contient les caractères en capitales.) Certains des actes de la liste incluent "désaveux public de la Scientologie, déclarations publiques contre la Scientologie" ; "demander un remboursement des honoraires versés" et "écrire des lettres anti-scientologues à la presse". Même le fait de "traduire un scientologue devant la justice" peut vous valoir l'étiquette de suppressif. Le règlement interdit également "meurtre au premier degré, incendie volontaire, désintégration de personnes ou de biens non coupables d'actes suppressifs". En d'autres termes, tuer des gens catalogués suppressifs ou détruire leurs biens fait l'affaire de la Scientologie et c'est donc éthique dans le système scientologique.

Pourquoi les scientologues ne peuvent témoigner honnêtement ?

Le matériel précité montre aussi pourquoi les scientologues ne peuvent donner de témoignages véridiques. Si le témoignage est jugé comme critique de la Scientologie ou d'un cadre scientologue, il s'agirait alors d'un "désaveu public" et d'une "déclaration publique contre la Scientologie", qui sont des actes suppressifs. La personne pourrait dès lors être jetée hors de la Scientologie, poursuivie; on pourrait lui appliquer la loi du Fair Game. Puisque les scientologues ne veulent pas que cela leur arrive, ils tenteront de ne faire aucune remarque qui puisse être jugée critique. C'est pourquoi les Officiels de la Scientologie insistent que seuls des scientologues actifs soient acceptés comme experts - ils tricheront pour la Scientologie plutôt que répondre complètement et honnêtement au tribunal.

Un exemple où Hubbard lança le FAIR GAME

Les scientologues aiment trouver des exemples montrant où Hubbard a appliqué une doctrine afin de pouvoir l'imiter. Hubbard donna un exemple sur la façon d'appliquer le Fair Game dans la Lettre Exécutive ( d'encadrement) d'HCO du 27 Septembre 1965 sur les "Amprinistiques" (pièce E). Cela s'appelle un groupe dissident, un groupe usant des méthodes "techniques" de Scientologie en dehors du contrôle de la Scientologie. Le texte d'Hubbard décrit trois pages durant les chefs Amprinistiques comme des dévoyés sexuels - un de ses sujets favoris pour enfoncer des gens - et dit ce qu'il faudrait faire: Hubbard ne s'arrête pas là. Il continue par un ordre en cinq étapes incluant: Cet ordre n'a jamais été annulé et c'est donc toujours un "écrit sacré", un exemple sur la manière d'attaquer les "ennemis". Voici aussi un autre exemple sur la façon dont le Fair Game a été exécuté à l'encontre d'un autre défendant en justice (pièce F): il s'agit de la déclaration de David Mayo, qui décrit comment il a été emprisonné six mois durant, indiquant qu'on lui disait "qu'il ne partirait jamais vivant". (Voir pages 4 à 8). Il décrit la dureté et les menaces subies lorsqu'il a été l'objet de la doctrine - ou Loi - du Fair Game.

Comment la Scientologie utilise l'investigation et les médias pour attaquer et harceler les critiques ?

Hubbard a commencé à réglementer les sections de Scientologie qui feraient fonctionner le Fair Game en 1966. Le 17 Février 1966, par exemple, il a créé une section d'investigation publique, par la lettre de règlements qui porte ce nom et cette date (pièce G). Il dit qu'elle servirait "les fonctions utiles d'agence de services secrets et de propagande". Il énumère les données et s'assure qu'elle fonctionnera. La statistique de production de cette unité inclut " le nombre de déclarations dépréciatrices apparaissant dans les journaux cette semaine-là, qui attaquent des ennemis de la Scientologie".

 Hubbard accéléra aussi la priorité quant à découvrir des preuves "de meurtres, attaques, destruction, violence, sexe, malhonnêteté", dans l'ordre. Les investigations faites "qui pourraient mettre à jour ces facteurs dans les activités des individus ou d'un groupe attaquant la Scientologie ont une valeur proportionnelle au nombre de ces facteurs.". Notez bien que l'usage de ces "faits", pour Hubbard; n'est pas la Justice, mais que ça paraisse dans les médias. "ainsi, continue - t'il, nous nous débarrassons des groupes suppressifs par l'enquête et la mise au grand jour [de leurs turpitudes, ndt] ".

 Le lendemain, 18 Février 1966, Hubbard écrivit "Attaques envers la Scientologie" (pièce H) où il pousse à nouveau l'usage d'enquêteurs. " Par définition, dit-il, les suppressifs ont commis des actes criminels. Ces gens qui attaquent ont des secrets. Des crimes non dévoilés. Ils ont peur". Il a donc cherché à ce qu'on trouve lesquels, car " cela forçait, disait-il, les gens à se retirer ".

 Une semaine plus tard, le 25 Février 1966, il écrivit une autre Lettre de Règlements "Attaques envers la Scientologie" où il demandait de "commencer par trouver des preuves de bons crimes sexuels bien saignants sur les gens attaquant dans la presse.".

 Voir aussi la Pièce J, "Comment faire une enquête qui fait du bruit", du 5 Septembre 1966, dont la cible est "ceux qui attaquent la Scientologie".

La doctrine de FAIR GAME inclut spécifiquement le fait de porter plainte en justice

Le 8 Octobre 67, il publia "Pénalités à l'encontre des Conditions Inférieures" (Pièce K), où le Fair Game est automatiquement lancé contre quiconque (incluant les membres du personnel) serait "ennemi". Ces gens, dit-il, qui sont "Fair Game, peuvent être dépossédés de leurs biens ou blessés par tous MOYENS par tout scientologue, sans mériter de peines scientologues. On peut les tromper, leur mentir ou les détruire.".

  5. " Annulation " de la doctrine " Fair Game "

L'annulation du " Fair Game " signifie uniquement qu'on n'utilisera plus ces termes parce qu'ils causent de " mauvaises relations publiques "

Vers la fin des années 60, Hubbard avait des ennuis de plus en plus graves en matière de relations publiques. L'un d'eux venait du Fair Game. Pour s'en accommoder, Hubbard écrivit une publication fréquemment citée par la CSI pour preuve que le Fair Game était annulé. Mais une lecture attentive [comme en font les scientologues avec leur technologie d'étude, ndt] montre que rien n'a changé, si ce n'est la sémantique. L'écrit s'appelle "Annulation du Fair Game", daté du 21 Octobre 1968. (Pièce jointe L) - Voici le texte complet de cette P/L (Policy Letter : Lettre de règlements):

Par conséquent, l'annulation du Fair Game n'annule pas l'usage des tactiques Fair Game

La règle de base dont se sert la CSI pour dire que le doctrine de Fair Game a été annulée établit clairement que l'unique changement se situe dans l'interdiction d'employer l'expression "Fair Game". Hubbard a été très clair quant aux tactiques: elles ne changent pas. Comme preuve du fait que le Fair Game continue, Hubbard a écrit le 16 Février 1969 "Confidentiel : Cibles, Défense" (Pièce M) où il établit la liste des cibles vitales auxquelles nous devons passer le plus clair de notre temps... " La première et principale cible : rendre l'ennemi impopulaire jusqu'à capitulation complète".

Tactiques militaires à utiliser dans le Fair Game

Le même 16 Février 1969, il écrit: "Confidentiel: Tactiques de guerre" (Pièce N) où il engage à se servir de tactiques et de stratégie militaires face à "l'ennemi". Voici:

Les tactiques de Fair Game expliquent cette plainte judiciaire

Quand on a compris la doctrine de Fair Game et l'attitude de "solution finale" scientologue envers les "psychos" (psychiatres et psychologues), on comprend cette poursuite devant les tribunaux. On voit aussi que ce n'est pas tant la déposition des "célébrités" devant le tribunal qui avait de l'importance, mais celle des Cadres qui n'obéissaient pas aux ordres du Tribunal. Les raisons en sont simples: ce sont eux qui ont orchestré l'ensemble de cette campagne.

  6. Scientologie, avocats et experts

En quoi les avocats scientologues servent à prétendre aux frais d'avocats ?

La surveillance fait partie des tactiques habituelles qu'utilise la Scientologie et la CSI. Elle est souvent le fait du personnel de "l'Office des Affaires Spéciales" (OSA - les services secrets de la secte, ndt). Les tâches les plus dures sont confiées à des investigateurs privés payés par les avocats, afin que l'enquête puisse passer comme faisant partie des "frais d'avocat". Cette pratique date de 1977, lorsque le raid mené par le FBI a provoqué l'effondrement du réseau des services secrets de la Scientologie.

 La Cour devrait observer qu'on lui a raconté que ces agissements étaient le fait de la précédente administration scientologique, désormais disparue. C'est faux. Je joins les facturations d'un enquêteur privé qui exerçait une surveillance à l'encontre de l'auteur Omar Garrison et du repenti Gerry Armstrong en 1982. (Pièce jointe O). Ces frais ont été facturés par l'avocat John Peterson ("Peterson"). Cependant, cette enquête a été diligentée par David Miscavige ("Miscavige") qui, à cette époque de la mi-82, était mon supérieur dans une organisation qui se nomme Authors Services Inc. ("ASI") [Société Services Auteur, ndt]. Authors Services était une société commerciale supposée servir d'agent littéraire à Hubbard. Nous nous occupions bien des livres, mais le but véritable était de servir de bras droit d'Hubbard dans l'association sans but lucratif "Church of Scientology". Cette investigation sur Omar Garrison et Gerry Armstrong par Tim Goose était payée par les fonds de la CSI sur ordres de Miscavige, à qui Tim Goose faisait directement ses rapports. Peterson n'était là que pour la galerie, pour faire apparaître cela comme frais d'avocat, et laisser ASI à l'écart.

Comment Miscavige se sert de relais pour empoisonner l'existence d'un avocat ?

En 1982, Miscavige démarra un système de relais alors qu'il dirigeait la campagne contre l'avocat Bostonien Michael Flynn. ("Flynn"). Flynn représentait des plaignants dans une action engagée contre la Scientologie et Hubbard, Miscavige demandait qu'ils soient détruit. (C'est l'application du Fair Game, bien que les mots n'apparaissent pas, comme l'a demandé Hubbard). On a dit à Peterson d'engager un autre avocat sans liaison avec la Scientologie, et ne la connaissant pas. Ce nouvel avocat devait louer les services d'enquèteurs privés afin d'entreprendre certaines actions de harassement envers Flynn. Le but du relais était de cacher le lien avec la Scientologie, et de cacher les éventuelles illégalités derrière un double rideau d'avocats.

 A la formation du cabinet Bowles and Moxon, avocats du plaignant dans le cas présent, les enquêtes furent plutôt confiées à ce cabinet qu'à des gens comme Petersen; Bowles et Moxon étant scientologues, on peut donc les manipuler et menacer. Peterson, n'étant pas scientologue, ne pouvait être contrôlé de la sorte.

Dans cette affaire, experts et conseils sont sous surveillance

La Cour a été informée du fait que le Conseil Graham Berry était sous surveillance et ordonné que cela cesse. Cela n'a pas cessé, car CSI ne peut arrêter: ces enquêtes sont conformes aux "saintes écritures" de Hubbard. Surveillance et enquêtes similaires ont été menées envers mon épouse et moi-même. Cela dure depuis des mois. Nous avons été poursuivis dans les rues, les magasins, et jusqu'à plus de cent miles (160 km) de chez nous, lors d'une journée au dehors. Une fois, un des suiveurs que j'ai accosté m'a avoué devoir me suivre, car il était membre du personnel de Scientologie. On a fouillé nos poubelles et d'anciens employés et associés ont été questionnés. Tout ceci est en conformité avec la doctrine de Fair Game, dans l'espoir qu'on finira par trouver quelque chose sur la personne afin de la faire taire. (Si cela n'arrive pas, on concocte un plan. C'est ce qu'ils sont en train de faire, en prétendant que j'ai agressé un scientologue dans la ville de Hemet (California). L'insistance mise à me faire impliquer dans cette affaire est conduite par un de leurs principaux patrons des relations publiques, Ken Holden, qui reçoit ses ordres de David Miscavige, tête de l'empire scientologue. A l'heure qu'il est, rien n'est sorti de leurs accusations sans fondement.).

Exemple de personne mise dans le collimateur par la Scientologie

Pièce jointe P, programme scientologue destiné à manier un problème de justice en 1979 (nommé :"Passé de Julie"), concernant Julie Christofferson. Elle a poursuivi l'église et ce programme fut écrit pour information du fait que des gens impliqués dans le procès Christofferson sont des criminels avec casier judiciaire engagés dans une conspiration criminelle destinée à escroquer l'organisation sous le déguisement "mère et fille". Julie paraissait blanche comme neige, si bien qu'il fallait trouver un gros tas de données du passé [euphémisme scientologue désignant l'obtention de données en douce], pour pouvoir enfin localiser des faits susceptibles de la gêner.

 Ces "faits d'intérêt réel" sont énoncés dans le paragraphe suivant, dans ce que la Scientologie veut découvrir sur la plaignante. Le passé criminel, passé de drogues illégales, arrestations, emploi antérieur, perversions de Julie, tout cela appuyé et documenté.

 Le programme explique ensuite des pages durant comment obtenir ce résultat. Il n'y a rien qui indique qu'il y ait quelque chose à trouver de particulier, c'est simplement basé sur l'affirmation d'Hubbard que quiconque poursuit ou attaque la Scientologie doit être un criminel par définition. Ce programme était écrit sous la direction d'Hubbard.

  7. Scientologie et tribunaux

Le refus complet d'obtempérer de la part de CSI vient de son dédain absolu envers tout système ne provenant pas d'Hubbard

La désobéissance générale de CSI au ordres des tribunaux vient du dédain affiché par Hubbard et ses remplaçants envers la justice et la loi. Ici et là, Hubbard a écrit à quel point son système de "justice" était au-dessus de tout autre. De plus, Hubbard et la Scientologie ont continuellement subi des attaques des tribunaux. Selon Hubbard, ni lui ni la Scientologie ne devraient avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.

Selon le système de croyances scientologique, les tribunaux font partie d'une conspiration criminelle dirigée par les " psychos "

Une autre raison pousse Hubbard et la Scientologie à un tel mépris des tribunaux: c'est l'idée qu'Hubbard déclare que les Cours de Justice sont un système destiné à aider les psychologues et les psychiatres. Ce sont les "psychos" qui font des criminels afin d'alimenter les tribunaux: la boucle est ainsi bouclée, tout le système s'entretenant lui-même, avec le gouvernement à la base. Hubbard veut enfourner de la Scientologie aux criminels et remplacer le système légal par le sien, recueillant au passage l'argent qu'il croit destiné aux psychologues et psychiatres. (Voir la pièce Q, "Le Mental Criminel et les Psychos", la pièce R "La cause du Crime", la Pièce S "Criminels et Psychiatrie" et la pièce C "Douleur et Sexe".)

Les dépositions auraient pu être exécutées

La Cour a ordonné à David Miscavige, Norman Starkey, Marc Yeager, Ray Mithoff, Lyman Spurlock, Marty Rathbun, Greg Wilhere et Jonathan Epstein de faire leur déposition. La plupart ont, en réponse, fait des déclarations expliquant à quel point ils étaient étrangers à ce procès. C'est faux: ces dirigeants en savent le plus long à ce sujet que toute autre personne.

 Quoi qu'en dise Miscavige, il fait tourner toute la Scientologie, quelles que soient les sociétés ou associations légales concernées. Les lignes de divisions légales ne sont là que pour dévier la justice, l'IRS (Fisc américain), et les autorités. Quant au travail quotidien, Miscavige s'occupe de toutes les pièces du puzzle scientologique, laïques ou 'religieuses'. Il publie également des ordres à tous les secteurs et approuve toutes les transactions importantes. Son rôle à la tête de la Scientologie est bien connu en Scientologie. C'est uniquement lorsqu'on en arrive à des affaires du type de ce procès que lui et ses lieutenants se sentent forcés d'user des arcanes des sociétés et associations scientologues et prétendre l'ignorance.

  8. Miscavige et Steven Fishman

Miscavige connaissait Steven Fishman et entremêla les lignes légales associations-sociétés quant à l'argent de Fishman

De plus, Miscavige connaît le défendant Steven Fishman ("Fishman") et les sommes versées par lui à la Scientologie. Miscavige a fait expulser des membres de leur poste parce qu'ils avaient été mêlés à l'argent de Fishman, et maintenant, il déclare n'en rien connaître. Mais Miscavige savait les sommes importantes versées par Fishman. Lors d'une réunion aux studios Golden Era à Hemet, Californie, en 1987, des centaines de membres étaient présents, Miscavige a parlé de la contribution de 80.000$ de Fishman à un ensemble de bandes magnétiques reliées cuir. Au cours de cette réunion, Miscavige a tempêté contre la tête de Golden Era Studio (Wendall Reynolds) parce que ces bandes n'existaient pas. Miscavige (qui est Président du Conseil d'Administration du Religious Technology Center [Centre de Technologie Religieuse, ndt], entité légale ne faisant pas partie de CSI, a expulsé Reynolds de son poste et l'a envoyé au goulag scientologue, connu sous le nom de "Projet Force de Réhabilitation", où il travaille à de très durs travaux depuis deux ans. (J'ai été puni du même goulag et y suis resté 14 mois. Reynolds s'y trouvait lorsque j'y suis arrivé). Donc, non seulement Miscavige connaît Fishman, mais il l'a avoué devant des centaines d'autres gens. Sa déclaration actuelle disant qu'il ne sait rien n'est qu'un faux témoignage, comme peuvent en témoigner nombre de personnes.

 Les autres (Starkey, Yager, Mithoff etc.) sont les lieutenants les plus proches de Miscavige, ils font exécuter ses ordres dans divers secteurs. Ils connaissent aussi l'absence de réelles différences entre les associations-sociétés légales scientologues, et le rôle de Fishman en Scientologie. Ils connaissent aussi les diverses directives Hubbardiennes que j'ai citées.

On poussait Fishman à investir dans des " biens spéciaux ", ce qui n'est qu'une vulgaire escroquerie

L'idée de "cassettes reliées cuir" provient d'une ligne "biens spéciaux" créée par Miscavige en 1982, alors qu'il était président d'Author Services, Inc. (ASI). J'ai rejoint ASI en février 1982 et l'ai quitté en 1989. Une des fonctions d'ASI consistait à faire des millions de dollars pour Hubbard. Parmi les moyens d'y parvenir, les placements d'argent d'Hubbard, dirigés par Miscavige, en dépit de son ignorance en la matière. Miscavige fourrait des millions de dollars dans la spéculation sur les pétroles, et en perdait sans le dire à Hubbard. (A une période, on estime que Miscavige avait perdu 50 millions de dollars appartenant à Hubbard). Les " biens spéciaux ", c'était l'idée de Miscavige pour rattraper les millions avant qu'Hubbard (et l'IRS) ne s'en aperçoivent. Cela consistait à créer des éditions "spéciales reliées cuir" et d'autres choses qu'on pourrait vendre à des prix fantastiquement élevés [j'ai ainsi vu passer une offre pour un des livres de 500 pages, proposé à 80 000FF, ndt] : de soi-disant "Investissements". Ceux à qui on vendait ces livres à des milliers ou dizaines de milliers de dollars apprenaient de l'église que leur "investissement" avait pris de la valeur, le mois d'après. Au même moment, ces livres valaient peut-être cent dollars dans le commerce, si bien que Miscavige interdit alors la vente de ces ouvrages par le biais du commerce. (ASI nie maintenant qu'il y ait eu une "ligne de biens d'investissement"). C'est ainsi que Fishman eut à sortir cette incroyable somme de 80.000 dollars pour un ensemble de "bandes reliées cuir" qui n'existait pas, ce que Miscavige savait tout à fait.

9. La Scientologie et les " célébrités "

La CSI a triché quant à présenter les " célébrités " en justice

La prétention "de ne pas imposer de difficultés aux célébrités", qu'avance la CSI pour éviter qu'elles aient à témoigner en justice est carrément ridicule. Durant mes 20 ans de Scientologie, et alors que j'ai souvent eu affaire aux célébrités, je n'ai jamais rien entendu de tel. C'est tout le contraire qui se passe: les "célébrités" se plaignaient de devoir constamment servir, d'être contraintes de faire la promotion de la Scientologie, et d'être contraintes d'apparaître dans les médias lorsqu'il y avait des ennuis légaux ou un problème avec les médias. Le fait qu'elles ne viennent pas pour faire les dépositions ordonnées montre le contrôle exercé sur elles par la Scientologie. Maintenant, voilà la CSI retournant sa veste et prétendant s'inquiéter de leur bien-être parce que CSI veut faire tomber une plainte vieille de trois ans et ayant coûté des millions de dollars.

Les dépositions des célébrités n'impliquent pas de " Matériaux confidentiels "

La CSI a prétendu que plusieurs des "célébrités" auraient à faire face à des matériaux "confidentiels" si on les forçait à témoigner. Je sais que les matériaux auxquels pense la CSI n'ont pas de rapport avec les dépositions. Les matériaux confidentiels sont ce qu'on nomme "niveaux supérieurs" en Scientologie. Ce matériel est réservé à certaines étapes de l'audition scientologue, et n'a pas de rapport avec les dépositions demandées ici aux célébrités, d'autre part, aucune d'elles ne les connaît bien.

 A aucun moment les avocats du Dr Geertz ne m'ont demandé d'aide pour manier ce sujet, ni ce que ça signifiait, quelles questions pourraient être posées, comment s'en servir, ou comment on pourrait présenter le matériel lors d'une déposition, ni même indiqué la moindre intention de s'en servir. Les avocats du Dr Geertz ne pourraient pas davantage y parvenir sans l'assistance d'un expert sur les matériaux visés, car ils sont complexes, tortueux et bizarres, et n'auraient strictement aucune signification pour quiconque hors de la Scientologie. Par conséquent, l'idée avancée par les avocats des défendants exposeraient les "célébrités" à ces "matériaux de haut niveau" n'est qu'une excuse fallacieuse, une tromperie. Ce qu'ils craignent, c'est que les autres dépositions aient lieu, celles de Miscavige, Starkey, Yager, etc.

 C'est bien dans le schéma stratégique habituel de la Scientologie consistant à user de leurs propres arguments de refus d'obtempérer comme raison d'obtenir que la poursuite soit abandonnée.

9. Le refus de toute responsabilité légale est une tactique créée par Hubbard

Tout le monde savait très bien en Scientologie qu'Hubbard gérait l'affaire, bien qu'il ait publiquement affirmé le contraire. Ceci faisait partie du programme destiné à éviter qu'il paraisse avoir des liens légaux avec la Scientologie. La tactique sert désormais à Miscavige, qui a remplacé Hubbard en haut de la hiérarchie, et qui la gère exactement comme Hubbard l'aurait fait. (Voir pièce T, Opération Bulldozer leak - Fuites, opération Bulldozer, un programme destiné à créer cette impression.)

10. Les décès mystérieux de certains scientologues

La CSI n'a pas réfuté Young en tant qu'expert

Lors des déclarations effectuées pour prétendre que l'instruction était achevée, CSI a tenté de réfuter mon témoignage en tant qu'expert, allant jusqu'à fausser les faits. Miscavige a par exemple tenté de réfuter l'argument comme quoi j'étais arrivé sur les lieux [au décès d'Hubbard, ndt] avant les autorités, en disant que j'étais venu avec des jardiniers et cuisiniers. Non seulement c'est faux, mais ridicule, puisque je suis arrivé en même temps que Miscavige, deux enquêteurs et l'avocat Earl Cooley qui a manié la déposition du corps d'Hubbard. Miscavige sait que j 'étais un assistant primordial d'Hubbard, au fait d'une quantité de choses privées, comme bien d'autres le savent. Miscavige ne peut pas davantage dire la vérité à mon sujet qu'il ne peut l'admettre quant au fait qu'il est le patron de toute la Scientologie. Je maintiens mes déclarations et les documents fournis, et je suis sûr que la justice pourra trier le bon grain de l'ivraie.

Le décès d'Hubbard a créé une lutte pour le pouvoir, que Miscavige a remporté

Hubbard est mort en cachette, en Janvier 1986. Il se terrait depuis des années. Bien que nous soyons en communication écrite avec lui par Authors Services, Inc., il nous fallait affirmer le contraire, afin d'empêcher les autorités de l'atteindre. A cette époque, le plus proche confident d'Hubbard était Pat Broeker, vivant avec lui, et l'aidant. Lorsqu'il est mort, une lutte de pouvoir eut lieu entre Broeker et Miscavige pour régner sur la Scientologie. Miscavige gagna. Ceux qui étaient pour Broeker furent éjectés, moi inclus. On m'expédia au goulag dans le désert pendant 14 mois. La femme de Broeker, Annie, se rendit, alors que j'étais au goulag. Elle s'échappa une fois, fut capturée et revint, sous bonne garde 24 heures sur 24. Pat a disparu et nul n'a entendu parler de lui depuis. On ignore s'il vit encore.

Mort mystérieuse d'Hubbard et d'autres gens en Scientologie

Quant on en vient au sujet "décès en Scientologie", il en existe d'importants à discuter, à commencer par celui du fondateur, L. Ron Hubbard, décédé en Janvier 1986. Je suis arrivé au Ranch secret près de San Luis Obispo, Californie, dans les heures qui suivirent sa mort, bien avant les autorités. J'étais avec Miscavige, l'avocat Earl Cooley, deux enquêteurs privés et quelques autres personnages clé bien choisis. Notre travail était de prendre la situation en mains. Ce que nous craignions le plus était la panique qui s'installerait en Scientologie si les circonstances de son décès venaient à transparaître. Par exemple, alors que la santé d'Hubbard se détériorait durant les dernières semaines, son médecin personnel (le Dr Gene Denk) avait été expédié à Reno pour jouer (jeux d'argent), laissant Hubbard sans surveillance médicale. Ou encore, que la source primordiale d'assistance pour Hubbard était une personne ayant pris environ 1000 fois du LSD. Ou bien le fait qu'Hubbard "ait décidé de "quitter le corps" (c'est la façon qu'utilisent les scientologues pour parler de la mort) ait été forgée dès le lendemain pour calmer les scientologues. Ou qu'on s'était dépêchés de faire disparaître le corps afin d'éviter une autopsie qui aurait mis à jour tous les "médicaments" qu'il prenait. La vérité sur la mort d'Hubbard reste donc à révéler.

 Quentin, le fils d'Hubbard, mourut également dans de mystérieuses circonstances en 1976. Il avait disparu de son domicile à Clearwater, Floride, et on le retrouva inconscient dans une voiture près de l'aéroport de Las Vegas. (Pièce U, Rapport du Coroner joint ; Quentin Hubbard mourut non identifié sous le nom de "John Doe"). Le moteur de la voiture était en marche, un tube allant jusqu'à une vitre (bien que cela ressemblât à un suicide, les autorités trouvèrent le tube par terre à leur arrivée). Tout comme pour son père, quantité de questions venaient à l'esprit. Par exemple, Quentin fut découvert très mal rasé, état dans lequel nulle personne le connaissant n'aurait jamais imaginé Quentin, très très méticuleux quant à son apparence). Ou encore, pourquoi la plaque d'immatriculation manquait au véhicule et fut retrouvée à quelque distance de là, sous un rocher. Ou que son portefeuille avait disparu, rendant l'identification impossible. Ou qu'on a trouvé un bouteille de liqueur à demi-pleine, comme s'il avait bu, ce qui n'arrivait jamais. Ou qu'il y ait eu des traces de piqures sur ses bras, alors qu'il ne se droguait pas.

 Un autre décès mystérieux fut celui de Flo Barnett, belle-mère de Miscavige. Elle mourut en 1985 de trois balles dans la poitrine, une dans la tempe, provenant d'un semi-automatique. On trouva deux lettres annonçant le suicide. Bien qu'elle n'ait mesuré qu'un mètre soixante, et qu'elle pesât 51 kg, la personne qui l'a examinée a déterminé qu'elle s'était suicidée de trois balles dans la poitrine (avec un pistolet) avant de s'en tirer une dans la tête. (Voir le rapport du Coroner, Pièce V). Ce que les autorités ignoraient, c'est qu'elle était partie de Scientologie et qu'elle était associée à d'autres repentis, ceci irritant énormément son gendre Miscavige.

 Le Défendant Uwe Geertz était prêt à présenter des informations sur d'autres décès, suicides, meurtres mystérieux de scientologues ou d'anciens scientologues.

  11. Les manoeuvres de la CSI face à la justice

La CSI n'obtempère pas aux attendus du jugement

Quelqu'un qui n'est pas habitué aux principes scientologues pourrait penser qu'il n'y a pas d'autres informations à trouver ; étant un vétéran de l'affaire depuis 20 ans et tout à fait au courant du système qui n'a jamais varié, je peux attester ici que des quantités d'informations n'ont pas été fournies, bien que le Dr Geertz en ait fait la demande.

 La CSI a déjà émis des protestations quant au nombre de choses déjà fournies au Dr Geertz. Etant très intime des procédures de rassemblement de données et des dossiers de la Scientologie, je peux dire que la CSI n'a pas fourni d'importantes quantités de choses liées au procès, appartenant au Dr Geertz ou voisines du procès. Il y a par exemple de gros dossiers (éventuellement sur ordinateur) qui permettraient de connaître l'effet d'articles opposants dans la presse. On les tient à jour chaque semaine. Je les connais personnellement pour y avoir travaillé et les avoir vus. On les pratique depuis des décades. Ils n'ont pas été communiqués au Dr Geertz, pas plus qu'on ne lui a communiqué d'autres choses à son sujet, comme les enquêtes faites par des détectives privés, ses chèques, et toutes les actions habituellement pratiquées par la Scientologie en pareil cas. CSI n'a pas non plus fourni le matériel sur l'enquête du rôle de Fishman en Scientologie, bien que le Secrétaire Général de CSI, Lynn Farny, ait dit qu'il avait vu et révisé ces matériaux.

 La CSI n'a pas non plus fourni le personnel qui en saurait le plus quant à la vérité ou à la falsification des faits reprochés par l'article du Time Magazine. Ces gens sont Miscavige, Yager, Willhere, Mithoff, Epstein, Spurlock et Starkey, qui sont au courant des rôles financiers joués par Fishman en Scientologie et des escroqueries financières de l'affaire.

Il est courant d'altérer les dossiers en Scientologie pour éviter les poursuites

J'ai commencé à être mis au courant de la pratique de modification des dossiers et enregistrements scientologues dès 1971. Je travaillais alors comme assistant temporaire du Guardian Office à Los Angeles, à San Francisco. J'avais sous mes ordres le bureau "Intelligence" qui obtenait les renseignements et espionnait. Je reçus un ordre émanant du Guardian Office pour les Etats-Unis (sis à Los Angeles) me demandant de pratiquer un "nettoyage" de toute référence au sujet de Marsha Williams, car elle devait prendre du service comme membre du personnel du Bureau Intelligence-services-secrets de Los Angeles, et peut-être devenir agent secret. Cela signifiait que je devais trouver et ôter tout ce qui se référait à elle, en tout endroit de l'organisation de San Francisco, où elle avait été employée, afin qu'il n'y ait plus de trace de son passage là-bas. Ceci permettait de stopper toute enquête à son sujet par les autorités. J'ai soustrait ces données en divers dossiers et fichiers, et envoyé le matériel à Los-Angeles. Je la vis travailler ensuite à Los Angeles, membre du service secret, en allant moi-même prendre du service au Guardian Office.

 Après que le FBI ait effectué un raid dans trois églises de Scientologie en 1977, afin d'obtenir des pièces prouvant des violations de la loi, j'ai travaillé avec des tas de gens pour détruire en vitesse quantité de preuves supplémentaires afin d'éviter qu'elles ne tombent aux mains des autorités. Nous avions tous été instruits oralement sur la méthode à employer pour parcourir les dossiers et y trouver des documents qui (1) prouvaient des activités illégales et (2) tout document montrant qu'Hubbard dirigeait la Scientologie (ce qu'il faisait bel et bien, mais nous voulions que les autorités croient le contraire), et de détruire ces documents-là. Durant cette campagne, le nombre de documents qui furent détruits s'empilait dans des cartons tassés dans les couloirs. Je ne sais combien de pages ça faisait, mais le tas mesurait environ 25 mètres cubes. Et ça, c'était à l'endroit où il y en avait le moins. Sans aucun doute, nous devions détruire les preuves nous incriminant. En fait, plusieurs posèrent des questions à ce propos: on nous répondait de la fermer et de continuer à déchirer les papiers.

 Vers1983, alors que je travaillais dans "l'agence littéraire d'Hubbard", Authors Services Inc., on nous dit qu'il y avait un risque que l'IRS fasse un raid, et qu'on devait déménager les documents. On les mit à une autre étage, et on monta la garde. Il y avait à peu près 50 casiers de dossiers que nous cachions aux autorités qui avaient assigné [la Sciento]à comparaître afin d'obtenir les dossiers. Notre travail consistait à garder ceux-là hors du circuit. On les maintint à cet étage quelques mois durant.

 Je cite le dernier exemple spécifiquement afin d'anticiper la réponse de la CSI, qui prétendra qu'il s'agit là d'exemples datant d'un régime antérieur qui aurait été annihilé. C'est faux. En réalité, l'exemple précédent - les dossiers de 1983 - a été conduit sur ordre de Miscavige, qui gère la Scientologie.

 Le décrassage de dossiers pour en ôter des éléments embarrassants ou incriminants fait donc partie des habitudes, et l'absence de référence à Fishman dans certains groupes ne veut pas dire qu'il ne s'y trouvait pas.

Contrairement à ce qu'elle dit, la CSI se sert toujours du personnel de l'ex Guardian Office

A plusieurs reprises, la CSI a essayé de se dissocier du "Guardian Office" (GO) qui avait été "raidé" par le FBI en 1977, et dont une partie des responsables alla en prison, y compris Mary Sue Hubbard, la femme d' Hubbard. La CSI a soutenu que le personnel lié à ces affaires avait été balancé. C'est faux.

 La cible précise du raid du FBI était le Programme Snow White [blanc comme neige] élaboré aux services secrets du Guardian Office. En 1989, ce programme Blanc comme Neige était encore en action, l'une des membres du personnel essentiels étant Marie Haddy. (Voir sa "formule de non-existence" datée du 16 Décembre 89, venant du Chef de l'OSA USA, pièce W). Grace Mary Haddy était un cadre supérieur du bureau de services secrets section Intelligence, intimement liée à toutes communications détaillant les illégalités qui envoyèrent 11 cadres en prison.

 Par devant cette Cour paraît Mr Kendrickx Moxon ("Moxon") qui fut impliqué en tant que co-conspirateur lorsque Mary Sue Hubbard et d'autres furent jugés. Moxon était le chef du Bureau Legal du Guardian Office à Washington DC (voir preuve jointe dans la déclaration de Vicky Aznaran, également fournie au tribunal le 9 Mars 94, qui comprend la description du rôle de Moxon dans l'entrave à l'investigation effectuée par le Département de la Justice.)

  12. La plainte du CSI

Cette plainte ne concerne pas le plaignant " CSI "

Grâce à mes 20 années en tant que membre du personnel dans diverses entités scientologues et groupes séculiers laïques de la Scientologie, je peux dire en toute bonne foi qu'après avoir lu l'article du Time Magazine et le chapitre qui concerne la poursuite judiciaire à l'encontre de Steven Fishman et Uwe Geertz, je n'ai pas pensé à la CSI par elle-même.

 Bien que je sois tout à fait conscient de l'existence de la CSI, c'est l'une des dernières entités qui me seraient venues à l'esprit. L'article et les sections incriminées concernent la Scientologie en tant que sujet et pratique, y compris son côté laïque. Ce côté laïque a trait aux activités impliquant des millions et millions de dollars qui ont été cachées à la justice. Cet aspect laïque montre le fait que les écrits d'Hubbard, les mêmes que ceux qui servent, dans le cas présent, d'"écrits sacrés", deviennent irréligieux et laïcs et peuvent servir dans des entreprises commerciales pour aider l'affaire ou le client. C'est le syndrome scientologue "Dr Jekyll et Mr Hyde" qui fait qu'en fonction du client ou de la situation, ils prétendent être soit religieux, soit commerciaux.

Pour plusieurs raisons, la plainte de la CSI ne tient pas

En plus du fait que l'article de Time Magazine ne concerne pas la CSI, il existe d'autres raisons pour lesquelles la plainte de CSI ne tient pas [n'a pas de raison juridique d'exister, ndt]. Certaines ont déjà été traitées.
  1. La CSI a refusé d'obtempérer à la Cour.
  2. La CSI n'a jamais eu l'intention d'achever l'instruction, du fait que le procès a lieu exclusivement pour des raisons malfaisantes, afin de punir un membre d'un groupe que la Scientologie a promis de détruire, suivant la doctrine du Fair Game.
  3. La CSI n'est pas le véritable plaignant. Familier des structures ecclésiastiques et légales de la Scientologie, je sais, pour avoir lu les passages impliqués, que le Dr Geertz ne parle pas du plaignant, la Church of Scientology International, c'est à dire CSI. Mais cela fait partie d'un des rôles de la CSI d'intervenir du fait que c'est elle qui dispose du pouvoir de poursuivre en justice et d'accomplir la doctrine de Fair Game à l'encontre du Dr Geertz, via l'Office des Affaires Spéciales [service ayant remplacé le Guardian Office, ndt].
  4. Il est vraisemblable que ce que dit le Dr Geertz soit exact, c'est à dire qu'on ait conseillé à Fishman de faire une "Fin de Cycle", [c'est à dire un suicide, dans le jargon scientologue] de se supprimer, et de tuer le Dr Geertz. Le refus de CSI de fournir une information et des témoins adéquats a empêché une défense correcte. Mais, en fonction de mes 20 années d'expérience en Scientologie, compte tenu aussi du niveau de criminalité qui a infesté l'organisation - ceci n'étant perceptible que de rares personnes triées sur le volet - je ne peux écarter ces affirmations.
  5. Même si les affirmations du défendant sont fausses, la CSI n'a pas souffert. De par leurs propres allégations, les gens de CSI ne peuvent souffrir des attaques. De plus, selon les propres écrits de la Scientologie, ils pensent ne jamais souffrir de contrecoups du fait des articles de presse, en particulier ceux du Time Magazine. Ils ont au contraire prétendu qu'ils prenaient de l'ampleur face à ce genre de contre-publicité. Soit la CSI doit admettre qu'ils n'en ont pas souffert, ou admettre que les prétentions d'infaillibilité d'Hubbard sont fausses. La vérité que je trouve ici se réduit à ceci: la plainte a été initiée par application de la loi de Fair Game "anti-psychos", par une entité qui n'a pas de membres ni d'établissement (CSI), du fait qu'elle possède un bras "anti-pyscho" dont la fonction consiste à s'emparer de tout le domaine de la santé mentale en mains et à détruire les ennemis d'Hubbard. Je le sais pour avoir travaillé à ce niveau près de 20 ans, et en connaître intimement les tactiques.
  6.  

Je déclare sous peine des pénalités de parjure des lois des Etats Unis d'Amérique et de l'Etat de Californie, que ce qui précède est vrai et exact.

 Fait à Los-Angeles, Californie, le 9 mars 1994.

 Signé : Robert Vaughn Young


     
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