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La vie quotidienne dans la Sea Org

(Source : BULLES du 3ème trimestre 1984)

 

La secte, c'est un monde fermé, secret, isolé, où ne pénètre ni le regard, ni la loi du monde extérieur. Quel mystère pour ceux qui n'y ont pas vécu ! Qu'est-ce qui peut donc s'y passer ? Qu'est-ce qu'on peut bien y faire à longueur de journée ? Il est vraiment impossible de donner une réponse générale : tout dépend de la secte... et de la place hiérarchique qu'on y occupe ! Le témoignage qui suit, écrit par un ex-adepte sorti de la Scientologie, vous donne une idée de ce que peut être le paradis promis aux adeptes de certaines sectes... Ce témoignage parait à peine croyable ! Cependant, il peut être recoupé par d'autres ex-membres qui ont vécu des expériences semblables.


Comment je suis entré dans cette secte

A présent ex-membre de l'Eglise de Scientologie, j'ai eu mes premiers contacts avec cette secte il y a environ 7 ans, à travers mes parents qui, intéressés par une conférence, achetèrent tout de suite des cours d'introduction et, après m'avoir laissé libre de faire de leur passion la mienne, m'offrirent le cours d'introduction en 1974.

 C'est en juillet 1981 que je deviens membre du personnel de l'Organisation Maritime (Sea Org) après que j'ai été enthousiasmé par les buts de cette organisation à travers les conférences auxquelles j'avais assisté sur le sujet le courrier des recruteurs, la création d'un monde sans guerre ni criminalité, ni mène à l'aide de la technologie de la Dianétique et Scientologie. Avec ceci, une paye était promise chaque semaine ainsi qu'un logement et une alimentation décente. Les frais vestimentaires étaient couverts par les soins de l'organisation également, du moins c'était là tout ce qui était promis.

Une vie de bagnard

Dès mon arrivée, un programme obligatoire d'introduction à la "Sea Org" dément toutes les promesses faites jusqu'alors : nous sommes un groupe de nouveaux venus qui travaillons à la remise en état des derniers bâtiments achetés par l'organisation qui ne veut pas faire les frais de maçons, peintres, plombiers, etc... Nous sommes soumis à un régime physique et moral très dur : tous nos déplacements et agissements sont surveillés, voire sanctionnés en fonction de lois internes arbitraires. Nous devons courir pour le moindre déplacement, marcher est strictement interdit sous peine de sanction. Notre travail, ce sont généralement des tâches les plus rebutantes (entretien des toilettes, poubelles), mais aussi des travaux d'ouvriers qualifiés, le tout à un rythme très élevé, et sous les constantes insultes des dirigeants. Un temps de sommeil de plus de 6 heures est interdit. La surveillance débute dès le lever jusqu'au coucher, quotidiennement. Il est interdit de boire ou manger pendant le temps de travail. Nous disposons d'un temps de repos de 2 h 30 chaque semaine pour nous occuper de notre hygiène.

 Un camarade, m'ayant retrouvé incapable de bouger dans ma chambre, m'emmène à l'hôpital où je subis une opération. Je dois être interné pendant 4 jours à l'hôpital pour une infection au second degré. Néanmoins, pendant le programme, 5 heures d'endoctrinement quotidiennes nous prouvent que ce que nous subissons est correct !

 Le restant des 2 ans que j'ai passés à travailler à la "Sea Org" différera de ce programme d'introduction en quelques points seulement, le temps d'endoctrinement est réduit, le travail est rarement physique, quelques interdictions ont été modifiées. Cependant les heures de travail s'allongent, la nourriture est toujours aussi insuffisante, les payes toujours aussi rares et peu élevées. La surveillance et la suspicion sont toujours présentes, mais plus discrètes.

 Notre production est particulièrement surveillée et doit toujours augmenter sous peine de punition. Tout rapport sexuel est interdit pour toute personne non mariée. Et la possibilité de cette faute considérée comme criminelle est traquée par les "confesseurs". Je suis d'ailleurs régulièrement forcé de dévoiler toutes mes pensées, même les plus intimes, à un "confesseur". S'il s'aperçoit de la moindre faute, ne serait-ce que dans la manière de penser, il m'envoie dans la plupart des cas chez une personne responsable pour me faire effectuer des punitions et m'endoctriner ensuite quant à la manière "idéale" de penser et d'agir au sein de l'organisation. Un vrai lavage de cerveau ! Les punitions, quant à elles, sont généralement des heures de production supplémentaires, à fournir pendant les temps de repas ou de sommeil. Alors, j'ai fourni en moyenne 16 heures de travail par jour pendant ces 2 ans, y compris pendant les jours fériés. On m'enverra également travailler le jour de Noël et le jour de l'An. Il m'est arrivé certains jours de n'avoir qu'une ou deux heures de sommeil, ou pas du tout, le reste étant consacré à la production. Il est également arrivé plusieurs fois que l'on vienne me réveiller en plein milieu de la nuit pour retourner travailler. Je dors dans une chambre de 2 m 50 sur 3 m 50 avec 4 autres personnes. Je dispose en moyenne d'une demi-journée de repos ( 5 heures exactement) par semaine, lorsque cette demi-journée est accordée.

  Pire que le bagne: le "projet de réhabilitation par la force"

Une épreuve encore pire durant ces 2 ans aura été mon assignement à un programme spécial : le RPF (Rehabilitation Project Force) qui durera 4 mois, de début septembre 82 à début février 83. Je suis assigné au RPF pour avoir commis le "crime" d'avoir eu un rapport avec une fille ce rapport n'ayant rien à voir avec aucune sorte d'adultère).

 Les conditions physiques sont plus dures que celles du programme d'introduction. Un jumeau m'est assigné, il doit me surveiller en permanence et me dénoncer si besoin est. Ce jumeau va même jusqu'à chronométrer le temps que je passe aux toilettes. Plus aucun temps libre n'est autorisé, juste 30 minutes chaque soir, lorsqu'elles me sont accordées !

 Nous sommes traités en véritables criminels. Les travaux effectués sont à peu près les mêmes que ceux du programme d'introduction. Les peines pour les moindres fautes sont lourdes : quelques secondes de retard à l'appel le matin valent à peu près 3 heures de travail supplémentaires, plus une "condition" à faire qui est une véritable humiliation.

 Nous dormons entassés : à peu près 16 à 18 personnes dans une pièce de 5 m sur 4 m. Toute conversation avec des personnes extérieures au RPF est interdite. Notre courrier personnel est lu par plusieurs personnes avant de nous être donné ou d'être envoyé.

 Mon jumeau est également mon "confesseur". Presque chaque jour, il me force à lui dévoiler tout ce que j'ai pu penser ou faire qu'il ne sache pas, et qui est considéré comme mauvais : par exemple ne pas vouloir poursuivre le RPF. Évidemment ces confessions sont suivies de sanctions lorsque le confesseur trouve une infraction à la scène idéale.

 Les heures de sommeil sont encore plus souvent sacrifiées et les payes presque toujours inexistantes, sont diminuées de moitié ou même supprimées. Quelquefois, pendant l'hiver nous aurons cependant la chance d'avoir un peu d'eau chaude pour nous laver. Nous vivons dans les caves, les greniers et les endroits délaissés par les non-membres du RPF.

 Le RPF est une véritable manipulation mentale que je vais subir pendant 4 mois jusqu'à ce que j'accepte tout ordre qui m'est donné, l'exécute rapidement, et ne commette plus de "faute".

 Enfin, c'est le 4 juillet 1983 que je parviens à m'enfuir en secret grâce à de l'argent en partie emprunté à mes parents.

 Une semaine plus tard, encore sous l'emprise morale de la Sea Org, je remonte à Copenhague où on m'annonce qu'on va me "router" (diriger) à nouveau sur le RPF. Pendant que téléphone la personne qui me surveille, je réussis à m'enfuir pour de bon.

 


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