18. Ma mission à New York


 
 
 
 
 
 

Au centre, le modeste petit pied-à-terre de l'Église de Scientologie à New-York.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

En Août 1974, je fus envoyée par Hubbard à New York pour une mission de six semaines. C'était considéré comme un grand honneur. Notre mission consistait à auditer Molly Bornstein, l'Officier Commandant du Bureau de Liaison Flag à New York, ainsi que son mari, Al, également cadre. Contrairement à d'autres missions de la Sea Org, celle-ci était de nature amicale. Molly et Al ne connaissaient aucun conflit et se réjouissaient d'avoir affaire à un auditeur spécialement envoyé de Flag pour les auditer. Deux autres personnes m'accompagnaient dans cette mission: Joan Roberston, un haut cadre de la Scientologie, et Davis Englehardt un membre du personnel de Flag. Je n'avais qu'une idée vague de leur objectif. Je ne connaissais que celui-ci: "contribuer à un meilleur fonctionnement de l'Organisation". Nous avons survolé l'Atlantique de Lisbonne à New York. Je m'étais expatriée des États-Unis depuis plus d'un an et je me réjouissais de retourner au pays pour une petite visite.

LE LUXE: UNE CHAMBRE ET UNE SALLE DE BAIN !

Nous logeâmes à l'Hôtel Alden, situé dans la 81ème Rue et à Central Park Ouest, siège de l'Org. Mes conditions d'hébergement m'apparaissaient vraiment luxueuses. Je disposais de ma chambre et de ma salle de bains personnelles, et nous étions défrayés pour nos repas au restaurant. Le premier soir, nous avons mangé dans un restaurant du quartier. Je commandai un cheeseburger, des grillades, et un sundae au caramel. Les restaurants américains m'avaient beaucoup manqué et c'est comme si je me retrouvais au paradis ! J'avais perdu beaucoup de poids, à cause du travail physiquement très dur auquel j'avais été condamnée lors du RPF, et je n'avais jamais pu m'alimenter correctement à cause du mal de mer. J'étais très amaigrie et pouvais soudain manger tout ce dont j'avais envie sans craindre un excès de poids.

Je me souviens d'être restée assise sur la terrasse du building, profitant du panorama tout en mangeant un bon demi-litre de crème glacée. Je n'avais pas réalisé jusqu'à ce moment à quel point j'avais la nostalgie des États-Unis. Je savourais les plaisirs les plus simples dont peuvent jouir la plupart de nos concitoyens, comme prendre un bain sans rationnement d'eau. Sur le bateau, nous n'avions droit qu'à une douche de 30 secondes, à cause de la rareté de l'eau. Depuis notre retour de Flag, nous étions accueillis comme des rois par les membres de l'Org. Après tout, nous étions les représentants personnels de Hubbard, des missionnaires de Flag. Molly et Al se montrèrent véritablement hospitaliers. Il nous firent visiter les environs de New York et nous passâmes beaucoup de temps ensemble. Leurs auditions se passèrent bien et la mission fut considérée comme un succès.

Pendant que j'étais à New York, mes parents vinrent me rendre visite. Je les avais appelés dès mon arrivée. C'était la première fois depuis plus d'un an que j'avais pu leur révéler où j'étais, puisque la localisation de la flotte scientologue devait rester secrète. Dès que je leur annonçai ma présence à New-York, ils prirent aussitôt l'avion pour me rendre visite. Ma mère remarqua que j'étais très maigre, mais elle était très contente de me revoir. J'avais aussi cessé de porter mes lunettes car je m'étais persuadée que ma vue s'était améliorée grâce aux auditions. Je savais mes parents très inquiets, mais à aucun moment ils n'ont critiqué mon engagement dans la secte, depuis qu'ils avaient lus qu'une telle tactique ne servait à rien. Une intervention - à part peut-être un lavage de cerveau - aurait d'autant moins réussi sur moi que je me sentais sous d'heureuses influences à cette époque. J'avais traversé des moments pénibles pour arriver à ma situation actuelle, mais j'étais persuadée que cela en valait la peine. A l'époque, je croyais que mes mauvaises expériences étaient définitivement terminées et que dorénavant, je monterais inéluctablement en flèche vers les plus hauts sommets. Loin de m'inquiéter, j'avais le sentiment d'avoir accompli un travail vital pour la sauvegarde de la planète. C'était presque comme si la douleur et la souffrance endurées m'avaient élevée aux plus hauts sommets. J'estimais avoir bien mérité !


chapitre 19/28: Les pierres de Madère

Mes neuf vies dans la Scientologie: SOMMAIRE