Scientologie

Témoignage sur les expulsions en Scientologie

(Source : site de Roger Gonnet)

 

J'ai été témoin d'au moins 2 expulsions dans la SO (groupe d'élite de la secte de scientologie)

Je me souviens d'une italienne et d'un français. Ces 2 cas sont gravés dans ma mémoire car j'étais à l'époque auditeur classe 4 du staff du bateau Freewinds, le saint du saint de la scientologie. Pouvant auditer en plusieurs langues, j'avais comme mission de faire un sec chec (sorte de vérification de sécurité) pour tout le staff du bateau avant la mise à la mer et le lancement officiel du Freewinds en 1988-89. Entre autres tâches, j'avais à "réparer" les ruptures d' arc (bouleversements des personnes ayant subi une émotion) en les auditant c'est-à-dire poser des questions, obtenir une réponse selon les règles strictes imposées par l'ancien gourou décédé de la secte. Cette technique est supposée soulager la souffrance de l'individu par rapport à une situation précise ; un peu comme un psychologue écoute un patient. Bref, cette pauvre petite italienne d'une vingtaine d'années s'assied en face de moi comme un petit oiseau terrorisé. Je pose les questions de rigueur et attends les réponses. Cette pauvre fille parlait un dialecte italien dont je ne saisissais que quelques mots mais il suffisait de la regarder pour comprendre le drame qu'elle vivait. En effet, la situation était pathétique. Recrutée comme main d'œuvre et seulement à ce titre, elle n'était plus utile à la secte car le bateau était rénové. Il y a eu des centaines de personnes recrutées pour ce motif et qui ont été expulsées lorsque le bateau fut fin prêt. J'ai été témoin direct de 2 cas en particulier. Il s'agissait donc de se débarrasser d'elle et d'éviter qu'elle en fasse un drame notamment vis-à-vis des autres membres du staff.

Soulager la souffrance? Quelle mascarade ! La secte n'a que faire des états d'âme de leurs membre trompés et rejetés. Cette pauvre fille comme tant d'autres n'avait été recrutée que pour la main d'œuvre qu'elle représentait alors qu'on lui avait fait croire qu'elle avait été choisie pour faire partie d'une élite et qu'elle contribuait au très noble idéal du groupe le plus éthique sur la terre ! Quelle cruauté, quelle tromperie !

J'ouvre une parenthèse : rappelons ce que signifie être une main d'œuvre pour la secte. C'est être un esclave consentant ; pas de salaire, de l'argent de poche une vingtaine de dollars par mois et encore les bons mois, pas de couverture sociale, pas d'assurance maladie, pas de mutuelle, pas de points retraite, il y a un lit, quelques repas. Ce qu'il y a surtout, c'est un travail physique d'un minimum de 15 heures par jour mais il n'est pas rare de ne dormir que 2 ou 3 heures. Il arrive aussi d'être tout simplement réquisitionné, sans raison apparente pour enchaîner des tâches physiques diverses les unes après les autres, pendant 48 heures d'affilée, sans être autorisé à dormir. J'ai moi-même vécu ce calvaire une fois. Je ferme la parenthèse.

Voici qu'elle était là assise devant moi cette petite italienne et qu'elle pleurait les larmes de son corps en disant qu'elle ne voulait pas partir, qu'elle ne comprenait pas pourquoi, qu'elle ferait n'importe quoi et qu'elle suppliait qu'on la laissât rester dans le groupe. Et j'étais là avec mes questions stupides et me rendais compte peu à peu de l'absurdité de mon propre rôle. Il s'agissait qu'elle ne fasse pas de vague en lui faisant croire qu'on s'intéressait encore à elle en lui offrant une séance d'audition (séance dont les membres sont très friands sans doute parce qu'on les laisse s'asseoir pendant une séance d'audition) J'avais compris que ce n'était pas pour l'aider mais pour lui signifier qu'elle n'était plus utile et qu'elle devait partir.

Bien qu'en étant membre de ce groupe, j'ai été outrée par ce rejet d'un membre trompé et exploité. Je me refusais d'être insensible et avant qu'elle ait franchi le pas de la porte, je l'ai prise dans mes bras. Je me suis surprise en disant en français (car je parlais majoritairement anglais)" Mon Dieu tout ça c'est dé gueulasse!"

A partir de ce moment-là, je recouvrais un peu de mon libre-arbitre qui me fut très utile par la suite pour m'enfuir de cette secte mais c'est une autre histoire…
Voir" Les goulags du gourou"Nefertiti

La petite italienne fut donc expulsée dans la plus grande discrétion et le plus bref délai.

On m'envoyait vite un autre cas d'expulsion qui m'a marquée car il s'agissait d'un compatriote en la personne d'un Sapeur pompier de Paris ! Lui aussi recruté comme main d'œuvre et quelle main d'œuvre ! C'est lui qui a caréné toute la coque du navire ! Le bateau étant caréné, ma foi, on n'avait plus besoin de lui. Encore une fois j'avais honte et faisais de mon mieux pour avoir l'attitude la plus humaine et compatissante possible. Petit à petit, je commençais à me poser des questions. Ce qui en général est bon signe pour un adepte bien endoctriné, mais qui est très mauvais signe pour la secte qui observe qu'un adepte commence à être insoumis, en retard, sarcastique et je m'en foutiste. Si la secte expulse volontiers des membres qui ne lui sont plus nécessaires ou qu'ils tombent malades, elle ne lâche jamais des membres qui peuvent encore lui être utiles…

Ce qui en fait est un moindre mal ; il vaut mieux être expulsé et réapprendre à s'insérer que d'être envoyé au RPF ( le goulag de la secte)
Il vaut mieux être expulsé et réapprendre à vivre à l'extérieur que d'être retenu contre son gré à l'intérieur.
De toute façon, être expulsé, retenu contre son gré ou être déclarée personne suppressive laisse à jamais des cicatrices profondes. L'idée maîtresse est toujours la même ; victime d'une secte, il faut toujours réapprendre à vivre. Je crois que beaucoup plus de gens qu'on ne le pense y sont arrivés. Mais à quel prix !

Ce n'est pas facile de se remettre d'un viol psychique.
Nefertiti
01-2003



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