Actualités sur la Scientologie

 

Année 1991

  

 France

 La Scientologie met en oeuvre sa propagande noire

Source : BULLES du 1er trimestre 1991

La Scientologie continue de mettre en pratique les consignes que lui donnait Ron Hubbard dès 1974 : « S'il se présente une menace à long terme, vous devez immédiatement évaluer la situation et provoquer une compagne de propagande noire afin de détruire la réputation de la personne et la discréditer de telle manière qu'elle soit mise au ban de la société ».

C'est ainsi que les dirigeants de la Scientologie ont cherché à faire dessaisir le juge Georges Fenech, premier juge d'instruction auprès du Tribunal de grande instance de Lyon en déposant contre lui une requête en suspicion légitime au motif de partialité et de non respect des règles de procédure.

Interrogé par Gilles Gaetner, du magazine l'Express qui publie un abondant dossier sur la « Scientologie, révélations sur une secte qui fait peur », dans son numéro du 22 novembre 1992, le juge Fenech a indiqué qu'il avait été « saisi par le procureur de la République de Lyon de faits bien précis qualifiés d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine. Mon métier a-t-il ajouté consiste à établir la manifestation de la vérité comme il se doit : à charge et à décharge ».

A la question de Gilles Gaetner - « la Scientologie est-elle une religion » , Georges Fenech a répondu : « Je n'ai pas à prendre parti sur cette question fort controversée, d'éminents juristes et hommes de religion ont émis des opinions parfaitement opposée. Force est de constater que l'Église de Scientologie a adopté le statut juridique de la loi de 1901 sur les associations et non celui de 1905 sur les cultes. L'application de ce dernier texte lui a été refusé à plusieurs reprises par le ministère de l'Intérieur à la suite de différents avis du Conseil d'État ».

Toujours selon l'Express le docteur J.M. Abgrall, psychiatre toulonnais, expert auprès de la cour d'appel d'Aix-en-Provence et consulté par celle-ci à clairement exprimé son point de vue sur la Scientologie : « Cette thérapie est capable de déclencher au mieux des troubles affectifs et des crises émotionnelles plus ou moins réversibles. Au pis, des troubles hallucinatoires des vécus délirants pouvant amener la mort... soit par conviction mystique (« Je suis un pur esprit »), soit par désir d'échapper à un vécu angoissant, soit encore par le suicide ».

Pour sa part le docteur J. M Abgrall a déposé plainte « pour vol et violence avec préméditation contre X à la suite de faits répétés laissant supposer que l'Église de Scientologie tente des manoeuvres d'intimidation à mon égard pour influencer des décisions d'expertise dans le cadre de plusieurs affaires menées contre cette organisation parles juges Sayous de Marseille et Fenech de Lyon ».

Irritée de voir sa doctrine et ses pratiques de plus en plus souvent dénoncées la Scientologie s'en prend à ceux qui s'attachent à révéler son vrai visage et réserve à l'ADFI sa « propagande noire » la plus virulente. On en jugera ce tract qu'elle fait distribuer dans les rues et notamment au sortir des réunions organisées par l'ADFI :

Le même Comité Français des Scientologues Contre la Discrimination cherche à « neutraliser» les dirigeants de l'ADFI par des manoeuvres d'intimidation. Plusieurs d'entre eux ont reçu dudit président dudit Comité en guise voeux pour 1991, cette lettre recommandée avec accusé de réception dont on appréciera la duplicité. Le procédé est bien connu : c'est celui des incendiaires qui crient « au feu ! » et des escrocs qui crient « au voleur ! » :

Un comédien sert sa secte sur un plateau

Source : Bulletins de liaison du CCMM, mai et octobre 1991.

Xavier Deluc (Lepetit, de vrai nom) - est scientologue depuis quatre ans.

La Comédie Caumartin , théâtre parisien, l'accueille du 1er août au 15 octobre pour une comédie musicale anti-drogue  "coordonnée par l'Eglise de Scientologie" : "La Pluie du Soleil". Ce spectacle s'inscrit dans la croisade anti-drogue de Xavier Deluc, contrôlée par la Scientologie. Le comédien a créé l'association "Non à la drogue, oui à la vie". Mais à qui profite ses belles intentions de sortir "ces gamins victimes de dealers à la sortie des lycées qui meurent alors qu'ils n'ont rien connu de ce que la vie trouvait leur procurer de beau" Il n'a jamais rien dit du traitement et du sort réservés "aux gamins" qui seraient secourus par son association. Ne serait-elle pas en fait le marchepied de Narconon

Dans le cadre de cette même campagne anti-drogue, une manifestation avait été organisée le 10 mars 1991, Deluc devant, scientologues derrière. Une cinquantaine de personnes conduites par le comédien ont défilé du Trocadéro à la Tour Eiffel.


Narconon en appelle aux médecins

Source : Bulletin de liaison du CCMM, octobre 1991.

Narconon-Aquitaine, centre de prévention et de réhabilitation des toxicomanes (château Lagarde, St Goin , 54422 Oloron) a expédié à des médecins un dossier sur ses activités.

En toutes petites lettres, en bas de pages, il est indiqué que "Narconon est une marque déposée par ABLE International", organisation scientologue américaine.

Une lettre circulaire mentionne: "après une recherche et une étude minutieuses, nous avons pu constater que la majorité des personnes sorties des drogues, grâce au programme Narconon, étaient envoyés par leur médecin. Notre collaboration est importante, et nous sommes toujours heureux de pouvoir, ensemble, lutter contre ce fléau". Trois médecins couvrent Narconon de leurs témoignages, les Docteurs C. Boublil, Dubarry et Goin.

En toute bonne foi, des médecins confrontés à des cas urgents de toxicomanie ont transmis les coordonnées de Narconon-Aquitaine. Il est temps que leurs organismes officiels et syndicaux et que les publications spécialisées les informent de cette entreprise racoleuse.


Publicité dans un magazine

Source : Bulletin de liaison du CCMM, octobre 1991.

Les lectrices du n° de mai 199l de Femmes Pratiques ont pu être intéressées par le "Communiqué RELATIONS HUMAINES - COMMUNICATION" sur 4 colonnes en page 4 :

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Le procédé publicitaire est très exploité par les tenants de la Scientologie (voir Sectes et Publicité). Le présent exemple est astucieusement ficelé - seul le mot engramme fait référence à la Scientologie.

Combien de femmes sont-elles tombées dans le panneau, pensant à priori que Femmes Pratiques ne pouvait être diffuseur de publicité pour le compte d'une secte.


Etats-Unis

Article : Le culte de la cupidité et de la soif de pouvoir

Par Richard Behar. Article de Time Magazine, 6 mai 1991.

[Commentaires de BULLES du 3ème trimestre 1991]

Les 4 millions (et quelques) d'exemplaires de Time Magazine daté du 6 mai 1991 portaient en couverture: "Scientologie, la secte de l'avidité : comment l'empire grandissant de la Dianétique extrait des millions de ses fidèles dans le monde entier". Sur 8 pages, avec photos et documents, Richard Behar expose très bien l'essentiel des méthodes et des agissements de la scientologie. Ce qu'il dit correspond à ce que BULLES (et d'autres publications) en ont rapporté depuis des années.

Cet article (et la couverture) a causé trouble et fureur à la direction de l'organisation. Sans doute pour confirmer le contenu de l'article, elle a aussitôt mis en application la directive de Ron Hubbard : ceux qui sont considérés comme des ennemis, 'on peut les piéger, leur faire des procès, leur mentir ou les détruire. Ne vous défendez pas : attaquez".

A n'importe quel prix : le 28 mai 91, le CSI (Church of Scientology International) publiait dans le quotidien USA Today une page entière de publicité en couleurs (prix de la page: 74.757 dollars). Cette publicité, qualifiée de "service public " reproduit la couverture de Time du... 15 mars 1933, représentant le portrait d'Hitler avec son berger allemand. Texte de l'annonce :
"Quel est le magazine qui s'est trompé en 1991 Réponse: le même qui s'est trompé en 1936 - Time Magazine". L'hebdomadaire est accusé d'avoir été favorable à Hitler durant les années 30.

Les annonces continuent tous les jours selon le même schéma : Time aurait été favorable à Mussolini - au LSD - au Prozac (fluoxetine hydrochloride), un antidépresseur qui, comme toutes les médications de ce type, peut avoir des effets secondaires, mais est considéré comme l'un des mieux tolérés et des plus efficaces (Wall Street Journal, 19 avril 91 - repris dans la Tribune de l'Expansion du 22 avril 91). Mais la Scientologie l'accuse de mener les patients au suicide et au meurtre. Cela, dans d'innombrables "mailings", dossiers de presse, discussions à la Télévision, sans parler des pressions sur le Congrès américain et le ministère de la Santé. Selon les médecins, cette campagne ne tient aucun compte de l'immense majorité des malades à qui le Prozac permet de mener une vie normale. Les déclarations fracassantes des Scientologues (qui attaquent depuis toujours la psychiatrie en général, tout en vendant leurs propres "techniques" pour arriver à la "santé mentale" parfaite) ont dissuadé des malades de prendre régulièrement leurs médicaments, ce qui est extrêmement dangereux.

De toute façon, ces attaques n'ont aucun rapport avec le contenu de l'article de Richard Behar. Les annonces devaient continuer quotidiennement jusqu'au 14 juin 91, jour où USA Today a programmé un supplément publicitaire de la Scientologie sur Time Magazine.

De plus, la Scientologie expédie à des hommes d'affaires, des responsables de médias, des leaders politiques... un livre de 80 pages intitulé "Les faits et la fiction", censé 'corriger les faussetés de l'article du Time". Le "Révérend" Heber Jentzsch a laissé entendre qu'il y aurait des attaques dans d'autres médias. Selon lui, des intérêts cachés seraient derrière l'article, mais il n'a pas précisé lesquels. La campagne coûterait à la Scientologie 3 millions de $. (L'article de Time Magazine est repris pour l'essentiel dans Le Figaro du 30 avril 91).

[Commentaires de BULLES du 4ème trimestre 1991]

Après la publication de l'article de Time Magazine du 6 mai 1991 par Richard Behar, la publicité par pages entières de USA Today a continué bien après le 14 juin avec des hymnes à la gloire de Ron Hubbard, des textes de celui-ci, des "lettres de succès" des clients satisfaits... rien de bien nouveau, sauf l'ampleur et le coût de la campagne.

L'article de Richard Behar qui a déclenché ce bruit et cette fureur a été reproduit, légèrement condensé, par le Readers'Digest de septembre aux États-Unis, et Sélection d'octobre (édition internationale).

Quant au Prozac, le médicament pris pour cible par la Scientologie, la FDA (Food and Drug Administration) américaine a rejeté la demande de la "Commission des Citoyens sur les Droits de l'Homme", un groupe créé par la Scientologie, visant à interdire ce produit. La FDA n'a pas trouvé de preuves que le Prozac serait cause de meurtres et de suicides.