Actualités sur les sectes en février 2003

Scientologie L'Eglise de scientologie obtient des exemptions fiscales en Allemagne
Sectes Le Vatican dénonce la fausse utopie du "New Age"
Sectes (*) 4/02/2003 LOI n° 2003-88 du 3 février 2003 et commentaire
Divers La Russie crée un département spécial pour lutter contre les sectes sataniques
Méditation Transcendantale Aux Pays-Bas, la secte indienne Maharishi Yogi bat monnaie
Scientologie Un scientologue présumé indemnisé par l'Etat pour dysfonctionnement de la justice
Actualités diverses La loi de 1905 réveille les passions
Témoins de Jéhovah D'anciens Témoins de Jéhovah font état d'agressions sexuelles
Sectes La psychothérapie, malade de dérives sectaires
Sectes Michel Monroy «Le scepticisme envers la science nourrit la demande»
Sectes Une action ministérielle élargie
Sectes Atomisation

Scientologie

La scientologie n'est pas une religion
Raël L'autre canular des raéliens
Scientologie Un suicide qui paraît inexplicable
Mission de l'Esprit Saint Quoi de mieux pour propager une philosophie qu'une école?
Sectes Jean-Marie Abgrall : tous manipulés, tous manipulateurs
Actualités diverses Les mauvaises affaires de "Monseigneur" Miguet
Contre-réforme catholique (CRC) Pardonner oui ! oublier non !
Sectes Les sectes = faux amis
Scientologie Un ancien adepte condamné à la suite de la plainte d'un scientologue
Sectes et Droit Prévention et répression des mouvements sectaires
Raël Une secte dans l'ombre du stage d'arts martiaux
Gurdjieff Un langage curieux pour un stage
Raël Les raéliens revendiquent haut et fort leur droit de faire du prosélytisme
Témoins de Jéhovah Témoignage « Je dois protéger mes enfants »
Sectes La Corse, terre de sectes
Sectes « Un devoir de vigilance »
Raël Mandat d'amener contre un ancien responsable da la secte raélienne
Actualités diverses Demain, les clones ? Non !
Mormons A quinze ans, prête pour le mariage
Scientologie et Actualités diverses Le créateur d'un site "antisecte" condamné pour défaut de déclaration à la Cnil
Raël Fontenay-sous-Bois - La manif express des raéliens
Gurdjieff Derrière le martyr de Sophie l'ombre de Gurdjieff

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web


  Allemagne : Scientologie

L'Eglise de scientologie obtient des exemptions fiscales en Allemagne

AFP, 4 février 2003

[Texte intégral]

BONN (Allemagne) - L'Eglise de scientologie a obtenu des exemptions fiscales partielles en Allemagne, liées à sa reconnaissance d'utilité publique aux Etats-Unis, ont indiqué lundi des porte-parole de l'Eglise et des services fiscaux allemands.

Ces exemptions fiscales n'impliquent pas une reconnaissance de l'Eglise de scientologie comme une communauté religieuse en Allemagne, mais sont simplement liées à l'accord permettant d'éviter la double imposition entre les Etats-Unis et l'Allemagne, a précisé une porte-parole des services fiscaux de Bonn (ouest).

Les scientologues font l'objet en Allemagne de surveillances par l'Office de protection de la Constitution (renseignements intérieurs). Les exemptions fiscales accordées portent sur les redevances que perçoit l'Eglise internationale de scientologie, à Los Angeles, sur du matériel d'information qu'elle fournit à ses filiales allemandes. "Cette décision est une étape importante dans nos efforts pour être traités comme les autres communautés religieuses en Allemagne, comme la constitution allemande et les accords internationaux l'exigent", a affirmé l'Eglise de scientologie dans un communiqué.


  Vatican : Sectes :

Le Vatican dénonce la fausse utopie du "New Age"

AFP, 4 février 2003

[Texte intégral]

Le Vatican dénonce la fausse utopie du "New Age", nouveau défi pour l'Eglise

CITE DU VATICAN - Le Vatican a dénoncé lundi le "New Age" comme une "fausse utopie", "une réponse trompeuse" aux espoirs de l'humanité, et mis en garde contre la danger d'embrigadement de cette nouvelle spiritualité.

"Le New Age est une fausse utopie pour répondre à la soif profonde de bonheur de l'être humain", a affirmé le cardinal français Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture, au cours d'une conférence de presse pour la présentation d'un document de réflexion de 92 pages sur ce phénomène. "C'est une réponse trompeuse aux espoirs d'une nouvelle ère de paix, d'harmonie et de réconciliation avec soi, avec les autres et avec la nature", a-t-il ajouté. "Le phénomène du 'New Age' est un double défi, à la fois religieux et culturel, et il se pose à l'Eglise, mais également à la société", a-t-il ensuite expliqué à l'AFP.

"Le pouvoir sur les autres est la clé pour comprendre ses aspects négatifs", a pour sa part souligné au cours de cette conférence de presse un des co-auteurs du document, le père Peter Fleetwood, membre du secrétariat du Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE). Considéré comme une approche "alternative" à la spiritualité, le "Nouvel âge" (New Age) est "un syncrétisme (mélange) d'éléments ésotériques et séculiers qui convergent dans la perception très répandue que le moment est venu d'un changement radical des individus, de la société et du monde", souligne le document.

Ses auteurs fournissent un glossaire pour permettre de mieux cerner le phénomène du "New Age". Le Vatican n'entend pas jeter l'anathème, mais veut engager une réflexion sur un mouvement aux multiples aspects parti de Grande-Bretagne dans les années 1960 et devenu aujourd'hui un "défi pour l'Eglise" dès lors qu'il annonce "la disparition du christianisme pour faire place à une religion globale et à un nouvel ordre mondial".

Le document présenté lundi est "provisoire", ont souligné tous les intervenants, "car certains pensent que le 'New Age' tire à sa fin et parlent déjà du prochain" âge'.

Le développement de cette quête pour une nouvelle spiritualité a été permis par la "grave crise que traverse l'Eglise dans la transmission de sa foi aux jeunes générations". Et son essor a été facilité par les nouveaux modes de communication, notamment l'internet.

Tout n'est pas mauvais dans le "New Age", ont cependant souligné les intervenants. Jean Paul II a lui même distingué dans cette tendance culturelle "des aspects positifs, tels que la recherche d'un nouveau sens de la vie, une nouvelle sensibilité pour l'environnement et le désir de surmonter une religiosité froide et rationaliste". Mais le pape a mis en garde contre la tendance de ces mouvements à "relativiser la doctrine religieuse au profit d'une vision vague du monde, à proposer souvent un concept panthéiste de Dieu, à remplacer la responsabilité de nos actes devant Dieu par le sens du devoir à l'égard de l'univers". "Notre document est un appel au discernement", a insisté le père Fleetwood. "Le mal, la souffrance et la mort, sont des réalités et nous ne pourrons pas nous en passer", a conclu Mgr Poupard.


  Russie : Sectes et satanisme

La Russie crée un département spécial pour lutter contre les sectes sataniques

AFP, 4 février 2003

[Texte intégral]

MOSCOU - Le ministère russe de l'Intérieur a créé en son sein un département spécial pour enquêter sur les activités des sectes sataniques dans le pays, a annoncé mardi le vice-ministre de l'Intérieur Alexandre Gritchanine.

Le ministère est "très inquiet de l'activité de ces mouvements" sataniques qui organisent souvent des sacrifices rituels et sont coupables d'assassinats, a expliqué M. Gritchanine, cité par l'agence Ria-Novosti. En Russie, les sectes sataniques comptent plusieurs milliers de membres, selon le ministère de l'Intérieur, qui estime que Moscou et Saint-Pétersbourg comptent chacune quelque 500 "satanistes".

Les membres des sectes sataniques sont souvent des adolescents âgés de 13 à 17 ans, attirés par les rituels, a relevé le responsable.


  Pays-Bas : Méditation Transcendentale

Aux Pays-Bas, la secte indienne Maharishi Yogi bat monnaie

Le Soir, 4 février 2003 par Didier Burg

[Texte intégral]

Après l'euro, le « raam mudra » est en circulation aux Pays-Bas. Disponible en coupures de 1,5 ou 10 unités, cette nouvelle monnaie est déjà échangée dans une centaine de magasins du royaume batave.

Décidée à concurrencer la Banque Centrale européenne, la secte d'origine indienne Maharishi Yogi qui a importé la méditation transcendantale en Occident bat monnaie depuis octobre dernier.

S'élevant l'esprit mais gardant les pieds sur terre, l'ancien gourou des Beatles Maharishi Yogi a déjà injecté la contre-valeur de 100 millions d'euros dans le circuit économique batave à l'aide de ces billets aux couleurs criardes.

Véritable commerce, plus de 100.000 coupures ont déjà été commandées à l'imprimerie déjà chargée de fabriquer les euros par l'Union européenne. Ayant largement les moyens de ses ambitions, la secte a fourni une garantie bancaire de 320 millions d'euro. Pour l'heure, le « raam » circule uniquement dans les quelques villages du Limbourg environnant la propriété où est installée la secte depuis des lustres.

Sans scrupule, la quasi-totalité des commerces, y compris des chaînes de magasins ayant pignon sur rue, se livre à ces opérations s'apprenant à un commerce parallèle de troc. La monnaie du Goldfinger de la méditation transcendantale pouvant être échangée au taux de 1 raam pour dix euros dans les banques Fortis du coin, des affichettes « Wij accepteren/ We accept raam » fleurissent déjà sur les devantures des commerçants. Mais les projets de Maharishi Yogi ne s'arrêtent pas là. En contact avec les hautes sphères de la finance internationale, le puissant gourou a chargé son « ministre des Finances » de mettre en place une grosse opération d'émission d'obligations.

A l'aise dans ses finances, la secte prônant la paix sur terre a l'intention de mettre sur le marché un nombre considérable de titres d'une valeur de 50.000 euros chacun. Contre toute attente, les autorités financières qui sont au courant de toutes ces activités, n'ont rien à redire. Le projet de mise en circulation de cette monnaie nous a été soumis l'été dernier, confirment les autorités financières bataves.

Effectivement, en l'état actuel, la propagation de la nouvelle monnaie est limitée à un cercle géographique restreint qui n'en fait pas un moyen légal de paiement. Ces billets ont la même valeur que les « airs miles » distribués par les compagnies aériennes ou les jetons des fêtes foraines. En plus, ils ne ressemblent pas aux coupures de l'euro, commente un porte-parole de la Banque Centrale néerlandaise.

Preuve de sa réussite financière, Maharishi Yogi parvient pour la seconde fois à réinjecter son argent dans un circuit légal. Avant son arrivée aux Pays-Bas, le raam a fait son apparition aux Etats-Unis, dans l'Iowa où les méditations de Maharishi font florès. Sans conteste, la raam, qui porte le nom d'un prince ayant inondé l'Inde de richesses, apporte prospérité au grand manitou de la pensée profonde.


  France : Scientologie

Un scientologue présumé indemnisé par l'Etat pour dysfonctionnement de la justice

AFP, 5 février 2003

[Texte intégral]

PARIS - Un scientologue présumé, mis en examen depuis 1985 pour escroquerie, publicité mensongère, violences et voies de fait, Alain Rosenberg, a obtenu mercredi devant le tribunal de grande instance de Paris la condamnation de l'Etat à lui verser immédiatement 9.000 euros d'indemnités.

Le tribunal a constaté que M. Rosenberg était mis en examen depuis 16 ans, lorsqu'il a formé sa demande en 2001, et qu'aucun acte de procédure n'avait été effectué dans ce dossier depuis le 10 mai 1990. Il a observé à ce sujet que le dossier n'a pas été joint à la seconde procédure ouverte en 1989, et qu'il était donc prescrit depuis le 10 mai 1993. "Le déni de justice est caractérisé", ont estimé les magistrats.

Les deux procédures ouvertes en 1983 et 1989 ont été déclarées prescrites par la juge d'instruction parisienne Colette Bismuth-Sauron, les 12 et 26 juillet 2002. En octobre 2000, la juge Marie-Paule Moracchini avait été dessaisie de ces enquêtes, lors de la polémique causée par la disparition de plusieurs pièces du dossier en 1998.

En octobre 1998, en effet, la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Paris, saisie par une partie civile qui estimait déjà que l'instruction traînait en longueur, avait constaté la disparition de la moitié du tome 8 et de l'intégralité du tome 9 du dossier de 1989 ouvert pour "escroquerie, exercice illégal de la médecine et complicité". Ce dossier n'a pas pu être reconstitué.

Les 5 janvier 2000 et 24 janvier 2001, l'Etat avait déjà été condamné à cause de ces dossiers, mais il devait alors indemniser des parties civiles pour l'immobilisme de l'instruction.


  France : Actualités diverses

La loi de 1905 réveille les passions

AFP, 5 février 2003 par Martine Nouailles

[Texte intégral]

PARIS - A l'approche de son centenaire, la loi de 1905 considérée comme un texte fondateur de la laïcité française réveille les passions depuis que la fédération protestante, qui compta longtemps parmi ses principaux défenseurs, en a demandé la révision.

Ironie de l'histoire, l'Eglise catholique alors farouchement hostile à cette loi qui consacrait la séparation du spirituel et du temporel, du politique et du religieux, en vante aujourd'hui les bienfaits et souhaite qu'on ne touche surtout à rien. Des intellectuels chrétiens, juifs, marxistes, musulmans, rationalistes ont également pris sa défense en souhaitant que sa commémoration soit l'occasion d'un "retour aux sources de la laïcité".

Dans un appel au président de la République rendu public mardi, ils affirment que "le vrai sens de notre laïcité est méconnu en France alors qu'elle suscite un intérêt croissant à travers le monde". L'initiateur de l'appel, le philosophe catholique Guy Coq, souligne que le principe de laïcité, dont la source remonte en France à l'Edit de Nantes et aux guerres de religion, "est devenu le bien commun des humains attachés aux libertés individuelles dans les sociétés". Personne ne revendique une remise en cause du principe. Mais le clivage entre partisans de la loi et partisans de sa réforme passe à travers les camps religieux, philosophiques et politiques.

La loi du 9 décembre 1905 proclame des principes: liberté de conscience et libre exercice des cultes (y compris dans les internats, hôpitaux et prisons). Elle précise que "la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". Promulguée en plein conflit entre l'Eglise catholique et l'Etat, elle fixe par ailleurs les modalités de gestion des édifices cultuels alors propriétés de l'Etat ou des communes.

La loi prévoit encore la constitution d'association cultuelles, auxquelles peuvent être accordées des exemptions fiscales. Aujourd'hui le président de la FPF juge l'objet des associations loi de 1905 "trop restrictif" et demande une adaptation de la fiscalité à la diversification des activités de ces associations.

D'autres lois héritées de 1901 encadrent l'activité des associations non-cultuelles. Mais le principal argument des partisans d'une révision repose sur la récente irruption de l'islam dans le paysage religieux français que la loi n'avait pas prévue, et sur le besoin d'aider à l'insertion de ce culte afin d'éviter une marginalisation de ses fidèles.

Le secrétaire d'Etat UMP Pierre Bédier, ancien maire de Mantes-la-Jolie, des maires PS (Manuel Valls à Evry ou Georges Frêche à Montpellier) estiment ainsi qu'il faut changer la loi pour permettre aux communes de financer la construction de mosquées. En revanche, Jean-Pierre Brard (Montreuil, app. PCF) avance qu'il faut plutôt "appliquer complètement" la loi "dans sa lettre comme dans son esprit". Il estime que les maires ont déjà, s'ils le souhaitent, la possibilité d'aider à la construction de mosquées en proposant des terrains et en se portant garant pour l'obtention de prêts. "Si nous ouvrons la boite de Pandore on ne sait pas où nous irons", a-t-il estimé mardi, en rappelant le conflit réveillé en 1984 et 1994 par des projets de réforme touchant l'équilibre entre école laïque et enseignement confessionnel.

Le maire de Montreuil estime aussi le moment mal choisi, au moment où le Parti populaire européen (PPE, centre-droit), principal groupe politique du Parlement européen, souhaite inscrire une référence à Dieu dans la future constitution européenne. "Le principal intéressé (Dieu) n'a rien demandé", a ironisé Jean-Pierre Brard.


  Canada : Sectes

D'anciens Témoins de Jéhovah font état d'agressions sexuelles

Cyberpresse, 6 février 2003 Presse Canadienne Toronto

[Texte intégral]

L'aile canadienne des Témoins de Jéhovah refuse d'ouvrir ses dossiers à des anciens membres qui veulent connaître les noms de pédophiles et agresseurs d'enfants au sein du groupe religieux.

Trois anciens Témoins, dont deux qui disent avoir été victimes d'agressions sexuelles, demandent aux autorités politiques de forcer le groupe à collaborer aux enquêtes policières sur de présumés agresseurs d'enfants.

L'organisme qui dirige l'Église, la Watch Tower Bible and Tract Society of Canada, possède effectivement des dossiers sur les agresseurs d'enfants au sein de ses rangs, mais il n'est pas question de les remettre à la police, a déclaré un porte-parole, Clive Thomas.

Selon lui, les autorités de la Protection de la jeunesse sont avisées lorsqu'il y a accusations d'agressions, comme l'exige la loi, et elles sont alors libres de contacter la police. Mais, a-t-il soutenu, l'Église elle-même n'est pas tenue de révéler les noms des personnes soupçonnées d'agression.

Les Témoins de Jéhovah se targuent de montrer une image vertueuse à travers le monde, l'exemple d'un groupe à la moralité solide qui observe une interprétation stricte de la Bible, tout en rejetant plusieurs institutions et pratiques en dehors de leur Église.

Ils rejettent les transfusions sanguines, les congés laïques, la politique, la fête de Noël, ainsi que de nombreuses pratiques, traditions et institutions qui leur déplaisent.

Les cas d'agressions, sexuelles ou autres, sont traités à l'interne par ce qu'ils appellent des comités judiciaires composés d'anciens de l'Église. Ce sont eux qui étudient les preuves présentées et décident du jugement. Une façon de faire qui est de plus en plus dénoncée par des critiques et des anciens membres, qui soutiennent que beaucoup de cas restent cachés au sein de cet univers sectaire.

Selon le groupe Silentlambs, formé d'ex-membres de l'Église aux États-Unis et de présumées victimes d'agressions, environ 24 000 agresseurs d'enfants sont fichés au quartier-général international de l'Église à New York.

Vicki Boer, une ancienne membre de l'Église, a intenté une poursuite contre les Témoins de Jéhovah canadiens l'année dernière. Mme Boer soutient qu'elle n'a pas obtenu justice de la part des anciens après avoir accusé son père de l'avoir agressée lorsqu'elle était adolescente.

Selon elle, on l'a forcée à confronter son père pour lui donner la chance de reconnaître ses péchés, conformément aux principes bibliques. Son père n'a jamais fait l'objet d'accusations criminelles et a même profité de promotions au sein de l'Église.

L'affaire a éventuellement été confiée à la Protection de la jeunesse et portée à l'attention de la police. Des accusations ont été déposées et un jugement est attendu incessamment dans cette affaire.



  France : Sectes

La psychothérapie, malade de dérives sectaires

Libération, 8 février 2003 par Marie-Joëlle Gros

[Texte intégral]

Les plaintes d'anciens patients se multiplient auprès des associations de défense et des centres spécialisés. Pas réglementée mais très en vogue, l'activité est parasitée par des manipulateurs. Avec l'aval de médecins.

La quête d'un mieux-être a toujours été le fonds de commerce des sectes. Mais, depuis quelque temps, la porosité du secteur de la santé inquiète. Sont particulièrement concernés : l'exercice classique de la médecine et le champ des psychothérapies. Dans les deux cas, les recrutements ne sont plus massifs mais individuels. Et les groupes sectaires qui s'y rattachent apparaissent de manière moins visible que Moon ou l'Eglise de scientologie il y a quelques années. «Le paysage est plus diffus», souligne Anne Fournier, chargée de mission à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et auteure de plusieurs ouvrages sur les sectes (1). L'offre attire beaucoup de «consommateurs ponctuels». Des gens qui se laissent tenter par des thérapies par le tarot, des stages de communication pour «apprendre à gérer ses émotions», qui dévorent des ouvrages new age, commandent des compléments alimentaires. Tous n'entrent pas forcément dans une secte, mais ils gravitent autour. Parmi ce public, l'attirance est forte pour les médecines parallèles, mais pas seulement.

«Nouveau souffle».Les médecins traditionnels se font parfois avoir. Dans un rapport du 27 septembre 1996, le conseil de l'ordre des médecins, en lien avec les Renseignements généraux, estimait qu'il existait 3 000 médecins sectaires en France (soit 1 % de la profession). «Des professionnels de la santé, les libéraux, se tournent vers le sectarisme au bout de dix ou de quinze ans de pratique. Au moment où ils sont à la recherche d'un nouveau souffle», explique Marilyne Deuxdeniers, conseillère santé à la Miviludes. A l'occasion d'une formation, ils peuvent croiser une organisation sectaire et se laisser piéger. Ou encore, comme ce chirurgien-dentiste qui pense à réaménager son cabinet, à moderniser son système informatique et qui tombe sur un groupe sectaire déguisé en prestataire de services. La capacité de financement des médecins attise la convoitise des groupes sectaires.

Enrôlés comme «agents recruteurs», ils garantissent une couverture de sérieux. La Mils (Mission interministérielle de lutte contre les sectes), ancêtre de la Miviludes, avait déjà tiré la sonnette l'alarme dans son rapport de 2001. Tout en nuançant : «Pour inquiétantes qu'elles soient, ces observations ne doivent pas donner l'impression d'une infiltration généralisée dans la santé et le secteur médico-social (...). Les collectivités hospitalières sont moins exposées que l'exercice libéral.» Mais l'hôpital n'est pas une citadelle imprenable. C'est un vivier de proies faciles, de gens désemparés face à la maladie. Des groupes de guérison par la prière, par exemple, tentent de les attirer.

«Très prenant». «N'importe qui peut tomber dans une secte», assure Anne Fournier. Comme Jeanne, infirmière et femme de médecin. En 1994, elle découvre qu'elle est atteinte d'un cancer. La gastro-entérologue qui a diagnostiqué sa maladie lui conseille d'entrer en contact avec un «groupe qui pourrait l'aider». Jeanne s'est rendue à une réunion, organisée à la cité universitaire à Paris. Il y avait là près de 200 personnes : malades du sida, du cancer ; parents d'enfants malades, anorexiques et boulimiques, des gens qui avaient vécu un deuil et ne s'en remettaient pas. «Je rentrais épuisée de ces stages. On y travaillait de 7 heures à minuit, on avait à peine le temps de déjeuner. Tout tournait autour de nos émotions. C'était très prenant.» Mais, quand le groupe commence à lui téléphoner sur son lieu de travail, elle rompt. Jeanne s'est laissé entraîner pendant deux ans, laissant à cette organisation de belles sommes d'argent.

Enfants «indigo». L'indifférence à la souffrance psychique des malades et de leur famille peut favoriser une forte perméabilité. «Les groupes sont protéiformes, ils s'adaptent à la demande», préviennent les spécialistes. Ainsi, Kryeon, un groupe qui cible des parents désarmés face au comportement de leurs enfants hyperactifs, surdoués ou violents. Dans la doctrine de la secte, ces «enfants indigo» sont appelés à gouverner le monde. Aux Etats-Unis, la sauce a pris. En France, les premiers témoignages sont là. «Reçus dans le cabinet d'un thérapeute connecté au groupe, les "enfants indigo" sont un excellent vecteur de recrutement d'adultes déstabilisés», estime Hayat el-Mountacir, chercheur au Centre contre les manipulations mentales (2). Dimanche 26 janvier, sur Europe 1, une «psychothérapeute» a pu tout à loisir exposer les «dons» des «enfants indigo» dans l'émission de Marc Menant sur le paranormal.

Le centre Georges-Devereux (université de Saint-Denis) propose depuis trois ans un accompagnement psychologique aux «sortants de sectes» (3). Une expérience menée en liaison avec l'Adfi (Association pour la défense des familles et de l'individu), l'autre grande association d'aide aux victimes. Cette démarche a fait apparaître qu'il existait «énormément de plaintes de gens victimes de psychothérapie», explique l'équipe de psychologues du centre Georges-Devereux. «La proposition des sectes est souvent d'avant-garde : une offre de thérapie plus efficace et plus rapide que les autres», poursuivent Jean-Luc Swertvaegher et Catherine Grandsard. Pour eux, «l'offre de soins, dans le domaine des thérapies, est extrêmement floue et doit conduire à une réflexion sur le statut du psychothérapeute». Un statut pour l'instant non réglementé et non contrôlé.

Les deux grandes associations de soutien aux victimes des sectes sont assaillies d'appel à l'aide. Les victimes sont profondément déstabilisées. D'autant qu'il arrive que le thérapeute «déviant» soit un authentique professionnel de la psychologie, happé par un groupe sectaire ou qui dérape à un moment donné de sa pratique. Pour Philippe Gauer, président du Syndicat national des praticiens en psychothérapie, il est maintenant urgent d'«imposer une autorégulation de la profession». Peu à peu, le dispositif de lutte contre les dérives sectaires s'affine. La loi About-Picard, du 12 juin 2001, a écarté la possibilité de créer un «délit de manipulation mentale». Mais elle a retenu celui d'«abus de faiblesse», qui existait dans le droit commercial et intègre désormais le droit commun. «Il est très difficile de comprendre pourquoi quelqu'un choisit de se laisser dominer par un autre et abdique son pouvoir de juger, souligne le philosophe Emmanuel Cattin. Et comment on peut confondre son aliénation avec son désir le plus haut.» Certains tenteront d'y répondre, plus tard, dans le cabinet d'un psychiatre.

(1) Sectes, démocratie et mondialisation, Anne Fournier et Catherine Picard, Puf, 2002.
(2) CCMM (Centre contre les manipulations mentales) : 01 44 64 02 40.
Unadfi (Union nationale des associations pour la défense des familles et de l'individu) : 01 44 92 35 92.
(3) Centre Georges-Devereux : 01 49 40 68 51.


  France : Sectes

Michel Monroy «Le scepticisme envers la science nourrit la demande»

Libération, 8 février 2003 par Marie-Joëlle Gros

[Texte intégral]

Michel Monroy est psychiatre, auteur avec Anne Fournier de la Dérive sectaire (PUF, 1999). Il explique les mécanismes d'allégeance.

Comment expliquer le succès des groupes sectaires dans le secteur santé ?

Le succès des sectes s'inscrit dans les carences de notre organisation. En toile de fond, il y a le constat que la grande majorité d'entre nous a atteint un niveau de confort matériel. Dès lors, la demande se concentre sur le désir de développement personnel. Dans ce contexte, la psychologie connaît son heure de gloire. En même temps, la médecine scientifique fait l'objet d'une suspicion. Il y a eu la vache folle, les dangers effectifs de l'atome : les scientifiques apparaissent comme des gens inquiétants. Le paradoxe de ce scepticisme est qu'on se jette dans les médecines parallèles.

Avec quelles conséquences ?

On revient à l'holisme qu'on avait oublié avec la science : c'est l'idée d'une fusion du corps et de l'esprit. La psychologie devient une nouvelle frontière à conquérir. On constate aussi l'ouverture culturelle de nos sociétés à des pratiques ancestrales ou étrangères, naturelles ou orientales. Et un refus de la complexité du monde. D'où le recours à un «tout compris», à une vision du monde rassurante. Le corollaire de tout cela, c'est l'implication totale, la soumission. Le groupe sectaire devient une prothèse de système social.

Quelles sont les différences facilement repérables entre une thérapie authentique et une utilisation sectaire ?

Il faut d'abord distinguer deux mécanismes : d'un côté, les sectes s'emparent des psychothérapies et, de l'autre, des psychothérapeutes deviennent sectaires. Premier constat : aucune technique psychologique n'est à rejeter en elle-même. Pour autant, certaines facilitent l'emprise : l'émotionnel, l'effet de groupe, la sollicitation du corps ou des sens, un contenu doctrinal religieux ou philosophique favorisent un glissement vers une allégeance durable. En outre, il n'existe pas d'évidence naturelle en psychothérapie : on est davantage dans le domaine de la controverse, de la profusion des techniques. Avec une ambiguïté autour de l'objet : est-ce le soin, le développement, l'harmonie spirituelle ?... Et il n'existe pas, en France, de protection du titre de «psychothérapeute». Tout cela favorise une grande confusion, et les gens s'y ruent sans grand contrôle. Mais, quand la médecine et la psychothérapie sortent de leur rôle de «force d'appoint» et deviennent substitutives, en couvrant tous les registres du lien social, le risque est grand.

Qu'est-ce qui peut mettre la puce à l'oreille ?

L'absence de formation universitaire et l'absence d'une position autocritique du thérapeute. Le fait est que ces thérapies fonctionnent : les gens se transforment. Mais les finalités de la transformation doivent être au service du patient, pas du thérapeute. La thérapie doit être peu prescriptive : le thérapeute ne peut pas être un maître à vivre qui commande de divorcer ou de changer de métier. Il n'impose pas de règle de vie, une adhésion à un parti ou à une Eglise. Dans une thérapie authentique, il n'y a pas d'exploitation : les frais sont prévus en référence à un «contrat», on n'est pas conduit à se laisser dominer sexuellement. Une thérapie vise à terme l'autonomie du patient.

Existe-t-il un profil de gourou ?

Le gourou typique a des certitudes inentamables et réponse à tout. Il a du charisme, une autorité en tout domaine, il dispense des promesses et utilise les moyens de la culpabilisation. Il est imperméable à toute critique, favorise le bénévolat sans limite, prescrit des ruptures et exploite les adeptes. Certains le voient comme un pervers narcissique. Il n'est pas seulement cela. Le gourou est entretenu par le regard enamouré de ses adeptes. Le phénomène sectaire est collectif : les uns et les autres s'autoentretiennent réciproquement. En cela, il se rapproche des phénomènes totalitaires.

Quels sont les risques?

A la sortie du groupe, l'atterrissage est brutal. Comme la secte propose en réalité une prothèse d'univers social, la rentrée dans l'atmosphère est violente. La décompensation psychiatrique peut mener jusqu'au suicide. L'investissement financier, la dépendance durable contrarient l'avenir des gens. Quand on a passé dix ans dans une secte, les possibilités de réorientation sont réduites. Dans une thérapie sectaire, la finalité n'est pas de guérir mais de rendre dépendant. Mais si à court terme, pourtant, les gens ressentent un bien-être, à long terme, les effets négatifs sont indéniables. L'individu se laisse modeler, devient ce qu'on attendait de lui.


  France : Sectes

Une action ministérielle élargie

Libération, 8 février 2003 par Marie-Joëlle Gros

[Texte intégral]

Tenter de dresser une liste des nouvelles sectes semble vain. Certaines disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues, d'autres se métamorphosent.

En 1995, une enquête parlementaire intitulée «Les sectes en France» avait abouti à la création d'une liste de 172 mouvements. Mais cette photographie du paysage sectaire à un instant donné reste insatisfaisante.

Selon les spécialistes, une veille permanente est nécessaire. Comment dénoncer des groupes présumés sectaires dès lors qu'ils ne figurent pas sur une liste ? En remodelant la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils) en novembre, le gouvernement a modifié son approche du phénomène.

L'action intergouvernementale s'appelle désormais la Miviludes pour «vigilance et lutte contre les dérives sectaires». Un changement sémantique qui n'est pas anodin. «C'est une manière plus large d'entrevoir notre action, qui correspond davantage à la réalité», explique Jean-Louis Langlais, son nouveau président, souhaitant se recentrer autour du «phénomène des mouvements à caractère sectaire».

Ce qui laisserait davantage de marge de manoeuvre et permettrait d'englober les microgroupes construits autour d'un individu, qui prolifèrent en marge des organisations connues.


  France : Sectes

Atomisation

Libération, 8 février 2003 par Gérard Dupuy

[Texte intégral]

Que les poissons pilotes de la mouvance sectaire nagent dans les eaux pas toujours limpides des psys, quoi de plus naturel ? Par définition, les gourous chassent leurs convertis chez ceux qui sont assez déstabilisés pour se prendre à leurs mirages. Et le malaise de ceux-ci peut aussi les pousser vers le cabinet d'un thérapeute. D'une façon générale, pour les sergents recruteurs des sectes, toute faiblesse est bonne à prendre, qu'elle se manifeste sous des formes aussi différentes que, par exemple, la toxicomanie ou l'échec scolaire.

Mais l'heure n'est plus, ou n'est plus seulement, aux parodies d'église. Le phénomène sectaire semble à son tour frappé par le même phénomène d'atomisation qui atteint les membres des sociétés postmodernes et les porte parfois à des conduites de fuite. La dérive sectaire peut exister en microsociété. La seule chose qui semble indispensable, c'est un(e) gourou(e). Mais la déconvenue ou l'asservissement qui attendent l'adepte ne diminuent pas à proportion de la taille du cocon.

La psychiatrie officielle porte quelque responsabilité dans cet état de fait. Parente pauvre de la santé publique, elle peine à prendre en charge les urgences et les pathologies les plus lourdes. Le malaise diffus, où certains analystes lisent une nouvelle structure subjective, est renvoyé ailleurs. Il faut ajouter que la psychiatrie moderne, forte de l'efficacité de sa pharmacopée, refuse parfois de voir plus loin que ses fioles ­ ce qui ne la réconcilie pas avec une clientèle marquée par sa méfiance antiscientiste et ses engouements pour le New Age et autre chewing-gum de l'âme.

La dérive sectaire n'est pas nécessairement le fait de simples d'esprit : des praticiens dûment diplômés peuvent aussi déraper. A cet égard, on peut être sceptique sur la réapparition d'un vieux serpent de mer, la création d'un «ordre» des psys, toutes écoles confondues. Mais on peut espérer que, même si les spécialistes sont encore désarçonnés devant ces nouvelles manifestations sectaires, la société française finira par trouver les anticorps spécifiques réclamés par la faculté caméléonesque des gourous à se déguiser en ordinaires thérapeutes attentifs.


  Grêce : Scientologie

La scientologie n'est pas une religion

Ecclesia News , 9 février 2003 par Roger Gonnet

[Texte intégral]

Le Saint Synode de l'Eglise de Grèce - Comité synodal au sujet des sectes - Le Ministre grec de l'éducation et des affaires religieuses, par sa décision A3-88/17.10.2000, a rejeté la requète de "l'église de scientologie de Grèce", l'autorisation de faire fonctionner une maison de prière, pour la raison que la scientologie ne constitue pas une église.

La décision du Ministre se fonde sur un nombre de décisions d'institutions, ainsi que sur la décision 7380/1996 du Tribunal d'Instance d'Athènes, et de la décision 10493/1997 de la Cour d'Appel d'Athènes, qui ont ordonné la fermeture du "Centre de Philosophie Appliquée de Grece" ("Kentro Efirmosmenis Filosofias Elladas", KEPHE) l'ancien nom de la scientologie en Grèce, à la suite de diverses illégalités.

Cette dernière décision disait entre autres "C'est une organisation aux tendances et structures totalitaires, essentiellement méprisante pour l'homme, qui paraît agir de façon libre mais essentiellement pour entreprendre le lavage de cerveau de ses membres, afin des les rendre contrôlables par la pensée... et qui s'est engagée dans un recherche illégale de profit depuis des années." (Cour d'Appel d'Athènes)

Les scientologues ont fait appel de la décision auprès du Conseil d'Etat ("Symvoulio tis Epikratias") pour obtenir l'annulation de la décision du Ministre.

Dans cette poursuite, l'archidiocèse d'Athènes de l'église orthodoxe grcque est intervenu contre les scientologues. Cependant, alors que le procès était prévu au 6 décembre 2002, les scientologues ont retiré leur appel.

Par conséquent, la décision actuelle de l'Etat est permanente et irrévocable. [On observera que la proposition du rapporteur du Conseil d'Etat rejetaient la requète des scientologues pour établir leur "église".] C'est cela qui, combiné à l'évident manque de fiabilité et de vérité de leurs arguments, conduisit les scientologues à retirer leur demande. La proposition du Rapport du Conseil d'Etat, au moyen de faits spécifiques, prouve que la scientologie ne constitue pas une religion et qu'elle n'est pas reconnue comme telle dans la plupart des pays, y compris les USA, [**cf plus bas] l'Angleterre, la France, et l'Allemagne. Cela prouve aussi que la scientologie a développé des activités illicites dans les contrées où elle est active, et qu'elle est dès lors classée parmi les organisations antisociales et dangereuses. Il est clair que l'intervention de l'église orthodoxe de Grèce auprès du Conseil d'Etat pour suppporter la décision du Ministre grec de l'Education et des Affaires Religieuses a été d'un grand secours. L'église a contribué à obtenir cette importante décision historique en offrant des faits avérés à la Cour Suprème de Grèce.

**ndt: En effet, la Cour Suprème des USA a toujours nié le caractère religieux de la secte, mais le fisc l'a néanmoins reconnue ens ecret comme une "association à buts non lucratif"


Grande Bretagne : Raël

L'autre canular des raéliens

AFP, 13 février 2003

[Texte intégral]

(Agence Science-Presse) - Il n'y a pas qu'avec ses prétendus clones que Raël a fait parler de lui. Il y a aussi une "machine à cloner", dont on a vaguement entendu parler l'an dernier.

Une extraordinaire machine, à n'en pas douter puisque, selon la compagnie Clonaid, c'est grâce à elle qu'auraient été clonés les bébés en question. Eh bien, la machine s'est retrouvée dans une exposition, au Musée des sciences de Londres, plus tôt ce mois-ci, ce qui a permis à des scientifiques de l'examiner de plus près. Et de n'y voir qu'un gadget qui n'est ni extraordinaire ni révolutionnaire.

En fait, explique la revue Nature, cette machine est une RMX2010, similaire à celle qui a été nécessaire pour le clonage de la brebis Dolly. Elle intervient dans la première phase de l'opération: c'est elle qui produit le courant électrique grâce auquel l'ovule qui a été vidé de son bagage génétique peut se fusionner avec une cellule adulte contenant les gènes de l'animal qu'on veut cloner.

La technique est si bien connue qu'elle porte un nom: électrofusion, et on l'utilise à présent de façon routinière, soit pour produire des clones de cellules humaines en éprouvettes -ce qu'on appelle le clonage thérapeutique, soit dans les expériences -ce qui nous intéresse ici- de clonage d'animaux adultes. Sauf que ces dernières expériences se soldent, on l'a déjà dit maintes et maintes fois, par un taux d'échec désastreux.

La machine de Clonaid aurait-elle quelque chose de différent, de révolutionnaire, d'extraordinaire, qui aurait permis de faire naître des bébés en bonne santé? C'est ce qu'affirme Clonaid. Et c'est ce que réfute, entre autres, le biologiste cellulaire Azim Surani, de l'Université Cambridge, pour qui cette machine est "parfaitement ordinaire".

Elle ne contient ni ne présente absolument rien de différent des machines avec lesquelles les cloneurs tentent encore, six ans après Dolly, de comprendre comment fonctionne... le clonage.


  Italie : Scientologie

Un suicide qui paraît inexplicable

L'Unione Sarda, 13 février 2003 par Martini Texte anglais traduit par Roger Gonnet

[Texte intégral]

Selon le Procureur, le suspect a demandé 100 millions de lires au garçon (51650 euros)
Un suicide qui paraît inexplicable: quand Roberto a sauté par la fenètre de sa chambre au 5e étage à Castiglione (Sardaigne), il n'avait pas vingt ans.

Quatre mois plus tard, ses parents déposaient plainte: leur fils s'est suicidé, disent-ils, parce qu'il était exaspéré des demandes d'argent continuelles de son cousin, avec qui Roberto partageait sa passion pour la scientologie.

Hier matin, Gup Giovanni Lavena (juge d'instruction) inculpait d'extorsion Giorgio Carta, 30 ans, de Cagliari. Selon le procureur adjoint Guido Pani, l'inculpé (que représentent Maîtres Luigi Concas et Guido Manca Bitti) exigeait de la victime près de 100 millions de lires, en le menaçant de révéler des aveux confidentiels faits devant des membres de la scientologie. Le juge ordonna, comme pour les deux co-accusés, que les dossiers soient remis au Procureur afin que les inculpations soient précisées. Les autres accusés sont Annamaria Cogoni, 44 ans, de Selargius, et Massimiliano Longu, 30 ans, de Cagliari, représentés par Me Pasquale Ramazzotti. Cogoni et Longu, tous deux scientologues, sont inculpés de complicité: ils ont aidé Carta à échapper aux enquètes, faisant disparaître les dossiers "d'audition" [**] de Roberto - c'est à dire les dossiers du jeune suicidé.

Cette dernière circonstance est apparue en second, après qu'il ait fallu reformuler les inculpations. Le procès se divise donc en deux éléments: Carta sera devant ses juges le 2 mai 2003 pour la première partie, tandis que les deux autres, s'ils sont inculpés, passeront devant un juge unique et ne pourront être joints à la première.

D'après les parents de Roberto (qui ont porté plainte et demandent des dommages lors de la poursuite pénale, leurs avocats étant Me Mario Canessa et Mariano Delogu), tout a commencé quand le jeune homme s'est enrôlé en scientologie; il en fut satisfait au début. Puis autre chose s'est produit. Roberto a confié à ses parents que son cousin Giorgio Carta (également adepte de la scientologie) lui demandait de l'argent. En effet: il y a deux jours, un magazine scientologue discutant de façon peu claire de l'investigation judiciaire était distribué devant le Palais de Justice [par les scientologues, ndt]. Après la mort de Roberto, certains de ses amis ont confirmé les menaces qu'il avait subies. Il n'avait pas parlé à ses parents de l'argent donné à son cousin, pour une raison non établie.

Ayant rassemblé un dossier complet, la famille du jeune homme a demandé à son avocat de faire rouvrir l'enquète sur le suicide de son fils. L'inculpation d'incitation au suicide a été délaissée, tandis que celle d'extorsion est maintenue.

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Articles de presse antérieurs (italien ou anglais) sur l'affaire de Roberto: http://xenu.com-it.net/txt/cagliari2.htm. Le représentant local de la secte a écrit deux longues lettres aux journaux "L'Unione Sarda" et "La Nuova Sardegna"
http://xenu.com-it.net/txt/cagliari2.htm#p3 et
http://xenu.com-it.net/txt/cagliari2.htm#p5, disant que la scientologie est une religion, prétendant que l'organisation scientologue locale n'est pas liée à ce procès et qu'établir une relation entre l'affaire et la secte serait de la discrimination et de l'intolérance religieuses.

De plus, fin 2002, un site web contenant des "nouvelles troublantes" apparut, discutant à propos de la famille de Roberto, de ses avocats, du juge et du procureur: http://web.tiscali.it/esti_ora/index.html. Vous pouvez imaginer qu'il y est question de "conspiration" contre la pauvre secte de scientologie, et bien sûr, le site de l'anti-sectaire italien "Martini" ALLARME SCIENTOLOGY, http://xenu.com-it.net ferait partie de ladite "conspiration", comme l'explique d'ailleurs la source fiable "Organisation On Dit Tout" http://www.tellitall.org/Leprove/scenes.html


  Canada : Mission de l'Esprit Saint

Quoi de mieux pour propager une philosophie qu'une école?

TVA Canoë, 14 février 2003 par Karina Marceau

[Texte intégral]Reporter: Karina Marceau

J.E a découvert l’existence d’une école clandestine qui fonctionne sans permis ni programme reconnu par le ministère de l’Éducation. Cent cinquante enfants fréquentent l’Institut Laflèche à St-Paul-de-Joliette. Cet institut est l’établissement éducatif de la mission de l'Esprit-saint.

Cette secte fondée en 1913 croit que son fondateur Eugène Richer dit Laflèche est l'incarnation de l'Esprit-saint. Selon des documents datés du début du siècle dont J.E a obtenu copie, Eugène Richer, un ancien policier avait été accusé d'avoir tenu une maison de débauche et de fraude.


  France : Sectes

Jean-Marie Abgrall : tous manipulés, tous manipulateurs

Nice Matin, 15 février 2003

[Texte intégral]

Jean-Marie Abgrall, 52 ans, continue de suivre de près les mouvements des sectes. Il ne croit pas au clonage que les Raéliens ont annoncé le 24 décembre : « Rien que cette date montre le coup médiatique. On est en pleine manipulation ».

Nouveau livre du psychiatre, et criminologue toulonnais, Tous manipulés, tous manipulateurs. Il revient sur les sectes, son grand combat, raconte les harcèlements, les menaces

Rien ne semble atteindre ce breton de granit né au soleil de Toulon. Pourtant, quand on prononce le mot secte, Jean-Marie Abgrall, psychiatre et criminologue, laisse apparaitre une fêlure (« Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu »). Sa fille, Gaelle, étudiante en droit international de 22 ans, était adolescente quand, auteur de La Mécanique des sectes, il partait en guerre contre la Scientologie, ou l'Ordre du temple solaire : « J'ai demandé à un flic à la retraite de nous suivre lorsque je l'accompagnais à son collège privé, pour vérifier si nous-mêmes, on n'était pas filés. Il restait jusqu'à la sortie des cours ».

Vol de courrier

Deux fois, des numéros d'immatriculation sont relevés : (« Ceux de responsables de sectes. Alors, qu'on ne croit pas à la paranoia »). Voitures sabotées (« Un tonneau avec l'une, une roue perdue avec l'autre, ça fait beaucoup »). Vol de courrier. Coups de téléphone à ses employeurs (« Quand on dit de vous, « Il touche des pots de vin pour ses expertises », certains prennent un malin plaisir à le croire »). Harcèlement. Rumeurs. (« A propos de la vie de couple. Ma femme, Michèle, avocate, n'a pas été dupe »)

Il reconnait que sa stature physique (1,85 m), et morale l'a aidé (« ça m'a même galvanisé. Je n'aime pas qu'on me dicte ma conduite »). Il se heurte aussi à la Mils, Mission interministérielle de lutte contre les sectes, dont il est membre réputé : « On a tout fait pour brider mon travail, me discréditer, me faire taire. Depuis, j'ai pris mes distances. La mission suivante n'a pas été constituée ! J'ai servi de caution, et de tête de Turc ».

La preuve que nous sommes Tous manipulés, tous manipulateurs, pas seulement dans les sectes, et les allées du pouvoir. Une nouveau livre, qui inquiète, tant il nous montre marionnettes dociles. La publicité. L'information (« Il faudrait aller vérifier à la source »). La télévision (« Le plus bel exemple de manipulation des émotions, c'est Loft Story »). Le cinéma (« Derrière les films de guerre américains, la CIA est souvent présente. Le cuirassé Potemkine, un classique, a été tourné pour véhiculer la pensée bolchevique »). Tout est bon pour la manipulation.

Voter Falco

L'expert ose même : « En nous berçant, et en nous chantant une comptine pour nous endormir, nos parents nous manipulent. Plus tard, le bon point, la place de cinéma, les vacances aux sports d'hiver ». De quoi perdre ses illusions, avec celui qui cite Dante : « Non moins qu'à savoir, il me plait de douter ». De la politique, notamment : « J'ai voté Mitterrand président en 1981, Falco maire de Toulon, aux municipales. Se raccrocher toujours au même courant est une forme de manipulation ».

On va crier grâce, quand il admet : « La manipulation peut avoir parfois du bon, si elle nous rend plus heureux ». On reconnait l'altruiste qui n'écrit jamais pour rien : « La mécanique des sectes est née d'un manque. Les magistrats ne s'y retrouvaient pas. Les charlatans de la santé, d'une promesse à une malade sur son lit de mort. Ce fut un acte politique ! »

Il sourit derrière sa barbe hugolienne, un rien inquiétante. Un masque ? « ça va bien à mon visage rond de bon vivant. ça date de 1968. Tout était long, les cheveux, les manteaux ». La bonhomie l'emporte quand il reçoit dans sa maison de La Seyne Fabrega, pas très loin d'un confrère, encore plus médiatique, Boris Cyrulnik (« On se connait depuis trente ans. Il était assistant à la fac quand j'étais étudiant. On s'estime »).

Sous-marinier

Enfant de Toulon, quartier du Pont-de-Bois, issu d'une histoire très Saint-Valentin. La mère, Aline, dame de compagnie de l'épouse d'un d'industriel, venue avec elle dans le Var, de Ronchamp, en Haute-Saône, pour fuir les Allemands. Le père, Bernard, breton des monts d'Arrée, sous-marinier cantonné à l'Arsenal. Rencontre sous les bombardements. Les sous-marins vont fasciner le petit Abgrall, qui lit et relit Vingt mille lieues sous les mers.

Études de médecine. Thèse sur l'utilisation des algues en thérapeutique. A défaut des dessous de l'eau (« Le labo, à Marseille, n'avait plus de subvention »), ceux de l'âme. Psy, « pour échanger, communiquer », bien qu'il n'ait pas été fils unique solitaire. Service militaire. Étude du comportement des nageurs de combat. Médecin de plongée, ça lui plairait bien (« Hélas ! je n'ai pas obtenu le boulot espéré à la Comex »).

Il a eu son bateau, a parcouru les grands fonds, quand les clients du cabinet privé, et les expertises médico-légales criminelles, pour les tribunaux (« Le profilage avant la lettre »), lui en ont laissé le temps. Il continue, le cœur, malgré tout, tourné vers les sectes : « Les grandes multinationales du genre ont été ébranlées, notamment avec des contrôles fiscaux, et sont moins écoutées. C'est le règne de petits groupes discrets, diffus, qu'on a du mal à identifier. Ils peuvent se réunir à dix dans votre immeuble ».

Les sectes reviendront sans doute sous sa plume. Lui, si bavard, marque une gène quand on lui reparle de l'Ordre du temple solaire, de retour dans l'actualité dans deux mois, avec le procès en appel, à Grenoble : « C'est une vérité qui nous dépasse, qui va jusqu'au secret d'État. Je m'exprimerai un jour. Comme le juge, on a tous des versions officielles. Il y a eu une chape de plomb. Il y a trop d'enjeux, d'intérêts en jeu ».

La paix revient en lui, quand il jure : « J'ai 52 ans. Je souhaite mintenant m'approcher de la sagesse, me détacher des impacts du siècle ». Ce pourrait être « avec une canne à pêche, ou en grattant un meuble ». Cet « entasseur », plus que collectionneur, aime restaurer les patines autant que les esprits. Fidèle aux ancêtres, il a réédité, chez Terre de brume, à Rennes, les textes, surtout Moi, j'ai eu 20 ans, de l'arrière-cousin Fanch Abgrall, barde mort de tuberculose en 1930, à 22 ans. Il s'est offert une maison près de Roscoff, sans trahir le Var ou la Champagne : « J'ai mon coin là-bas, un grand lac, où j'observe en silence la migration des grues couronnées vers l'Espagne, en novembre et mars. Elles s'arrêtent, se reposent ». Loin de toute manipulation.

Tous manipulés, tous manipulateurs, Ed. First, 376 pages, 19,90 €. Résumé pratique, très utile, en fin de chaque chapitre.


  France : Actualités diverses

Les mauvaises affaires de "Monseigneur" Miguet

Le Monde , 16 février 2003 par Xavier Ternisien

[Texte intégral]

Dans la famille Miguet, il y a l'homme d'affaires. Nicolas Miguet, infatigable défenseur des contribuables, éphémère candidat à l'élection présidentielle de 2002, condamné en 1999 pour escroquerie. Et puis il y a "Monseigneur" Miguet. Philippe Miguet, frère de Nicolas et évêque d'une drôle d'Eglise en rupture avec le catholicisme romain. Il règne sur une chétive communauté religieuse de cinq âmes, deux Sœurs et trois Frères, dans le village normand de Chandai (Orne).

Depuis octobre 2002, Mgr Miguet est mis en examen pour escroquerie et abus de confiance. Il lui est reproché d'avoir utilisé à des fins personnelles une somme de 45 000 euros. Il abuserait aussi de la crédulité de ses fidèles en usurpant une qualité à laquelle il n'a pas droit. C'est l'évêque de Sées, Mgr Jean-Claude Boulanger, qui l'affirme : ""Monseigneur" – entre guillemets – Miguet n'est pas reconnu par le Saint-Siège comme évêque de l'Eglise catholique romaine". Philippe Miguet ne conteste pas ce fait : "Nous sommes traditionalistes. Nous n'appartenons pas au catholicisme romain."Mais il prétend avoir été ordonné en bonne et due forme.

Mgr Miguet a même été ordonné deux fois, par précaution. Une première fois en 1981, par Mgr Georges Musey, lui-même ordonné par Mgr Ngo Dinh Tuc, un prélat vietnamien qui a rompu avec Rome. Il a été consacré une deuxième fois le 1er mai 2002, par Mgr Nicolas, qui se réclame de l'Eglise syro-orthodoxe d'Antioche. Ordination que le patriarche de cette Eglise d'Orient, Sa Sainteté Zakka Ier, conteste.

"Monseigneur" Miguet édite un bulletin trimestriel, Mater Misericordiae, diffusé auprès de 6 000 abonnés. Pieuse publication qui lui a valu de se fâcher avec son frère Nicolas : "Il a abusé de ma confiance en utilisant mon fichier à des fins politiques", se lamente le prélat. Dans la famille Miguet, on ne distingue pas toujours le temporel du spirituel.


  France : Contre-réforme catholique (CRC)

Pardonner oui ! oublier non !

Courriel, 17 février 2003

[Texte intégral

La face méconnue de la C.R.C. " foucauldienne " de Georges de Nantes

" Je ne mets pas en cause la religion mais les escrocs qui s'en servent " (Khaled)

Pour le moins atypique est la carrière ecclésiastique de Georges de Nantes, père, dans les années 70, de la Contre-Réforme Catholique, alias Phalange (appellation non contrôlée) de l'Immaculée, alias etc. c'est selon…, ordonné prêtre par usurpation de recommandation, supérieur autoproclamé d'une communauté mixte dite du Sacré-Cœur à Saint-Parres-lès-Vaudes (Aube) et d'une annexe québécoise, le Centre de Renaissance Catholique à Shawinigan.
Jeune ecclésiastique plein de verve, d'ambition et de brio, né en 1924 dans une respectable famille iséroise, il avait trouvé, avec une conviction apparente, dans la dénonciation deVatican 2, l'occasion d'instrumentaliser la religion à son profit (Dieu le Veult !) et à celui d'une idéologie extrémiste type F.N. entre autres (là aussi c'est selon…), mettant en application le proverbe arabe " Qui médit d'un grand devient important ! ". Ses cibles furent Paul VI et Jean-Paul II. Le prédécesseur de ce dernier, Jean-Paul 1er, "assassiné ", vécut trop peu de temps pour être injurié et insulté, échappant ainsi à une " vindicte " haineuse.
" Mystique, politologue engagé, orateur prestigieux ", tel le définissait, en 1995, une affiche appelant le public parisien au rendez-vous d'automne d'un mouvement composé, outre de " phalangistes ",de nostalgiques fondamentalistes du légitimisme catholique au dix-neuvième siècle et de l'Action Française de Charles Maurras. Quelques centaines de personnes étaient présentes.
Vingt ans plus tôt, ils étaient quelque 2000 à ce meeting, mais la mixture mystico-politique ajoutée à un comportement de transgression sectaire et fanatique ne convenant pas à tous, le nombre fondit rapidement au rythme de scandales et de dérapages vers l'irrationnel et d'apocalyptiques prophéties, vite dénoncés par les médias en même temps que des méthodes de soumission par le décervelage, la culpabilisation, la violence, l'intimidation - selon un ancien évêque d'Agen, il disposa d'hommes de main -, la roublardise, l'affabulation et le mensonge inquiétaient les familles (conjoints, fiancés, parents, grands-parents).

Ainsi, grâce encore à l'UNADFI et à un collectif spécifique d'information, apprenait-on que le mouvement, condamné par l'Eglise catholique, n'était en fait pour le fondateur, prétendument héritier de la spiritualité du Père de Foucauld, qu'un masque pseudo-catholique et le miroir rassurant de ses propres peurs face à lui-même, à l'avenir et à son devenir. " Mon angoisse, je veux que vous l'ayez-vous aussi ", répétait-il. L'Eglise ne le reconnaît pas, la République non plus qui l'a catalogué, fin des années 90, comme "l'exemple d'une organisation sectaire complète ".
Abus de confiance avec son cortège de contraintes morales et physiques, cortège parallèle à celui de pieuses et trompeuses manifestations (pèlerinages, chapelets, retraites etc.), drames familiaux et socioprofessionnels, tentatives d'enfermement psychiatrique (ne supportant pas son anormalité, il la transfère sur ses opposants), accusations de tentative de meurtre sur sa personne, partisan de la torture en Algérie, menaces de mort et de malédictions, maladies psychosomatiques, voire décès, sont à l'actif d'un homme, certes mal dans sa peau d'ecclésiastique, avide d'aimer et d'être aimé… L'affection, il l'avait rencontrée chez ses premiers admirateurs, d'anciens élèves qui, séduits par le personnage et l'apparente logique de son discours, lui furent et lui seront peut-être longtemps encore indéfectiblement attachés. Ils furent ses premières "victimes consentantes", devenus à leur tour - dans l'esprit du "père " et sans discernement - Le Père a toujours raison !? - manipulateurs, affabulateurs, contribuant aveuglément à l'épanouissement du culte de la personnalité dont leur maître à penser s'était auréolé.
Leur aveuglement, nourri par l'idolâtrie, est tel qu'ils l'imagineraient volontiers sur les autels auprès de son neveu Hugues, décédé en 2002 à l'antenne québécoise de la secte et pour lequel l'évêque de Trois-Rivières n'autorisa pas d'obsèques religieuses.
Leur aveuglement est tel qu'ils auront du mal à s'évader d'un long et tragique enfermement dans une mytho-psychopathie paranoïde.

Pardonner ? OUI. Oublier ? NON. La tromperie ne peut perdurer !


F.Decaris fd.lapotherie.49@wanadoo.fr
sept.-03



  France : Sectes

Les sectes = faux amis

Ados.fr, 17 février 2003 par Fleurdaria

[Texte intégral

C'est dans une brochure que j'ai trouvé cet article dont j'aimerais vous faire part... Etant complet, je vous conseille de le lire :
On traverse parfois des moments difficiles, qui révèlent nos fragilités. Celles ci intéressent tout particulièrement les envoyés des sectes qui cherchent à les utiliser pour enrôler de nouveaux adeptes.

L'actualité récente a fourni de nombreux exemples des errements auxquels pouvaient mener les pratiques sectaires : le clonage du mouvement Raëlien ou les suicides collectifs du Temple du Solaire. Les sectes font des jeunes leurs cibles privilégiées, parcequ'ils les savent porteurs d'avenir et sont plus facile à enrôler. Ils essaient souvent d'établir un premier contact avec vous à travers de questionnaires, à priori anodins, mais qui leurs permettent en réalité de mieux cerner votre personnage, vos points faibles...ILs se comportent d'abord en amis, vous proposent d'assister à des réunions, des stages ou des formations où vous sera distillé la "bonne parole". Ils s'avancent toujours masqués, et il faut beaucoup de vigilence pour ne pas tomber dans leur piège, pour démasquer les faux prophètes. Ils parlent bien, paraissent heureux, ils vous offrent la "chaleur" de l'appartenance à un groupe et "la lumière" d'un guide, et cherchent à vous flatter, vous, "les incompris". Leur seul objectif sera de vous faire du bourrage de crane, de vous séparer de vos proches. Face aux pratiques sectaires, c'est le moment ou jamais d'exercer votre esprit crtique.

Des masques multiples et changeants

Souvent les sectes se cachent derrière des associations apparemment innocentes, par exemple de soutien scolaire ou de yoga. Et ce n'est qu'au bout d'un moment que le vrai nom de la secte apparaît. De plus, parfois à la suite de sciences internes, mais surtout pour brouiller les pistes, ces groupes modifient leurs noms, n'hésitant pas à changer de pays en fonction des législations. Une seule solution : la vigilence.

Des mineurs embrigadés

Dans le monde, plusieurs milliers de mineurs sont embrigadés dans près de 100 sectes. Dans certains cas, ils sont soumis à une scolarité hors normes, ou éduqués chez eux par leurs parents qui appartiennenent à une secte. Pour lutter contre les sectes et protéger les jeunes, une loi a été votée en fin 98 et s'exposent à des sanctions : jusqu'à 6 mois de prison et 7622,45€ d'amende pour le directeur d'un établissement incriminée.

Pour connaitre la liste d'organisations recensés comme sectes, procurez vous le rapport : "Les sectes et l'argent".


  France : Scientologie

Un ancien adepte condamné à la suite de la plainte d'un scientologue

AFP, 18 février 2003

[Texte intégral]

VILLEFRANCHE-SUR-SAONE (Rhône) - Roger Gonnet, auteur d'un site internet anti-scientologie "le Secticide", a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône à la suite d'une plainte d'un scientologue à 450 euros d'amende et à un euro de dommages et intérêts pour n'avoir pas déclaré ce site à la commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Adepte de la scientologie de 1974 à 1982, Roger Gonnet avait été chargé d'en créer l'implantation lyonnaise, avant de devenir un adversaire résolu de la secte.

Il était poursuivi par Philippe Arsac, dirigeant d'une société de conseil en recrutement dans le secteur informatique, dont une première plainte contre M. Gonnet pour atteinte à ses convictions religieuses avait abouti à un non-lieu.

Roger Gonnet a été également condamné mardi à verser 450 euros au plaignant au titre de ses frais d'avocat.


France : Sectes

Prévention et répression des mouvements sectaires

AFP , 19 février 2003

[Texte intégral

Prévention et répression des mouvements sectaires. loi n° 2001-504 du 12 juin 2001. modification Texte de la loi

QUESTION : M. Édouard Leveau appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la résolution de la commission permanente de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe relative à la loi n° 2001-504 tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales. En effet, la commission permanente a déterminé que ladite loi était compatible avec la Convention européenne des droits de l'homme. Toutefois, la compatibilité peut être revue par la Cour européenne des droits de l'homme à la lumière de la jurisprudence appliquant ladite loi. Par ailleurs, la commission invite le gouvernement français à revoir ladite loi et à clarifier certains termes des dispositions. Par conséquent, il souhaite connaître ses intentions sur ce sujet. Texte de la

REPONSE : Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire que la commission permanente de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a rappelé que la loi n° 2001-504 du 12 juin 2001 tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales est compatible avec la convention européenne des droits de l'homme ; ainsi la France est en phase avec ses obligations internationales. Toutefois, si l'application de cette loi devait poser difficultés au regard de la Cour européenne des droits de l'homme, il appartiendra aux juridictions françaises au premier chef de sanctionner les dispositions litigieuses.


France : Raël

Une secte dans l'ombre du stage d'arts martiaux

Le Parisien , 20 février 2003 par Mathieu Janin et Renaud Saint-Cricq

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Fontenay-sous-Bois - Salem Assili, organisateur de stages d'arts martiaux, est aussi un membre éminent de la secte Raël. En l'apprenant, la mairie de Fontenay a décidé de refuser de lui prêter un gymnase.

C'est une pointure dans le monde des sports de combat. Un spécialiste de la savate - la boxe française - mais aussi du « jeet kunedo », un art martial inventé par Bruce Lee. Pourtant, Salem Assli, un Français vivant désormais en Californie, n'organisera pas samedi et dimanche à Fontenay le stage qu'il avait pris soin d'annoncer dans la presse spécialisée ces derniers mois.

En fait, Assli a été rattrapé par ses activités extra-sportives. Membre de la secte des Raéliens, fiché pour cette raison depuis le milieu des années 1990 par les renseignements généraux (RG), Assli a subi les foudres de la mairie (PC) de Fontenay, qui lui a tout simplement retiré l'usage du gymnase Joliot-Curie, qu'elle lui avait d'abord accordé. Il faut dire que ce stage d'arts martiaux, qui devait accueillir Dan Inosanto, l'un des fondateurs de la discipline favorite de Bruce Lee, accumulait les bizarreries. « Cela s'est passé au tout dernier moment, note-t-on à la mairie. On nous a simplement dit qu'une star internationale des arts martiaux allait venir à Fontenay et qu'il serait bien que le dojo soit libre. On a évidemment dit oui. »

« Membre éminent des Raéliens »
Sauf que le prestige de l'invité vedette attire l'attention des fans d'arts martiaux d'Ile-de-France et que ces derniers découvrent vite que l'organisateur du stage n'est autre que Salem Assli, un nom qu'ils connaissent bien. « Certains d'entre eux ont eu maille à partir avec les RG du Raincy (Seine-Saint-Denis) il y a quelques années à cause de lui, explique une source policière. C'est à cette occasion qu'ils ont découvert son appartenance à la secte des Raéliens. »

Les RG présentaient à l'époque Assli comme « un membre éminent » des Raéliens en Ile-de-France, dont le gourou, un Français, se dit fils d'extraterrestre et affirme avoir récemment cloné des êtres humains. Ils ont ensuite perdu la trace de ce champion suffisamment reconnu pour s'être occupé, en 1996, de la formation des super-flics du Raid...

Aujourd'hui, il apparaît parmi les auteurs de documents de propagande du mouvement raélien, écrits disponibles sur Internet. « Dès qu'on a eu vent de

son passé, il a été hors de question de le laisser organiser ce stage qui, en plus, était facturé très cher (NDLR : environ 150 € pour les deux jours) , et dont les règlements devaient être effectués à son nom, même pas à celui de la fédération qu'il a créée, explique Gilles Saint-Gal, le maire adjoint de Fontenay en charge des sports. Sans compter qu'aucune demande en bonne et due forme n'était parvenue à la mairie pour un rassemblement d'envergure. Or la présence d'une vedette des arts martiaux aurait forcément attiré du monde." Hier, la mairie de Fontenay a assuré avoir, dans la journée, annoncé aux représentants de l'organisateur sa décision. Quoi qu'il en soit, le formulaire d'inscription au stage signalait qu'Assli devait organiser une autre session lundi. On ignore encore où.


Etats-Unis : Gurdjieff

Un langage curieux pour un stage

Site web , 20 février 2003 traduit par CC

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Un des plus célèbres programme new Age pour les employés destiné au " développement du leadership " a été institué chez Pacific Bell après son désinvestissement de AT&T. Pacific Bell se lança dans un programme dirigé par le consultant Charles Krone et qui était basé sur la philosophie de G.I.Gurdjieff.

Jacob Needlman, un professeur de philosophie à l'Université de l'Etat de San Francisco commenta ce choix " je suis un peu surpris de voir Gurdjieff utilisé (en entreprise) car c'est l'un des enseignement spirituel les plus intransigeants que je connaisse "

Le programme tentait de changer les modèles de pensée des employés en modifiant leur langage, par exemple, au lieu de parler de " but " il fallait parler
de " vision d'état final ".

Les plaintes des employés, la parution dans les journaux locaux et une étude menée par le PUC (Commission d'Utilité Publique) de Californie mirent un terme au programme. Les audits qui enquêtèrent à la demande de la Commission ont rapporté avoir trouvé quelques points positifs mais que " malheureusement ces bénéfices avaient été très lourdement contrebalancés par des influences négatives ".

Parmi ces influences se trouvaient peur, intimidation et méfiance, baisse de productivité, perte de temps, changement de culture, introduction d'un langage et de phrases obscures, ainsi qu'une perte de morale.

Pacific Bell a dépensé $50,6 million dans ce programme sur deux ans et aurait dépensé $135,6 millions supplémentaires pour envoyer 67000 de ses employés suivre le programme. La commission PUC n'accorda pas le remboursement des contribuables au delà de la moitié des dépenses réelles.

 


Suisse : Raël

Les raéliens revendiquent haut et fort leur droit de faire du prosélytisme

24 heures édition lausannoise, 20 février 2003 par Céline Goumaz Vevey

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Après avoir obtenu gain de cause au TF, les représentants du mouvement écrivent aux communes pour qu'elles les laissent s'exprimer sur le domaine public.

La missive est parvenue par voie postale aux polices municipales de toutes les communes suisses. Le courrier daté du 25 janvier 2003, émane du Mouvement raélien suisse.

D'un ton sec et menaçant, le responsable suisse rappelle aux administrations que chaque raélien a le droit de faire du prosélytisme sur la voie publique. Le signataire s'appuie sur un arrêté du Tribunal fédéral rendu dans le cadre d'une affaire opposant un membre du mouvement à la police de Vevey. La version des faits varie selon les protagonistes. Les faits remontent au 5 janvier 2002. Deux disciples des Elohim distribuent des tracs dans les couloirs du Centre commercial Saint-Antoine de Vevey. Ces personnes n'ont pas été autorisées par le directeur à intervenir à l'intérieur de ce domaine privé. La préposée à la sécurité de Manor intervient. « Je leur ai demandé de quitter les lieux. Ils ont refusé. L'un d'eux s'est montré verbalement chaud. J'ai fait appel à police municipale », se souvient l'intéressée. A leur arrivée, les agents communaux font face à une forte tête.

Les individus sont conduits au poste pour contrôle d'identité. Ils sont ensuite dénoncés pour troubles de l'ordre public. A la clé, une amende de 120 francs chacun. « Notre erreur a été de punir les deux personnes alors qu'un seul s'est montré agressif, reconnaît le commandant de la police de Vevey, Michel Francey. Celui qui a été injustement condamné a fait recours contre la décision de police. Il a obtenu gain de cause. Son compagnon qui lui aussi, a entamé une procédure, a été débouté. »

Le raélien, Pierre-André Dorsaz donne une version légèrement différente. « Je distribuais des papillons dénonçant les excuses du pape par rapport à la pédophilie. Il faisait froid. Je me suis mis dans l'entrée du centre. Avec moi, un collègue tenait simplement un livre. L'agente de sécurité est venue nous dire de sortir sous prétexte que nous importunions les clients. J'ai accepté. Mon collègue a refusé. Il ne faisait pas de prosélytisme. L'agente s'est énervée. La police est intervenue. J'ai décliné mon identité. Malgré ma coopération, ils nous ont enfermés. A notre sortie un policier nous a insultés. J'ai porté plainte pour racisme religieux et défendre la liberté d'expression. »

Satisfait d'avoir eu gain de cause Pierre-André Dorsaz dit n'en vouloir à personne: « En ce qui concerne mon collègue j'ignore la suite qu'il a donnée à l'affaire. » Michel Francey ne va pas donner de nouvelles consignes à ses agents. « Nous n'intervenons que sur plainte de citoyens importunés. » Le commandant de police a choisi de faire abstraction du courrier raélien. D'autres communes ont semble-t-il, aussi opté pour ne pas donner suite au message. Municipale lausannoise en charge de la police, Doris Cohen-Dumani relève: « Les raéliens font actuellement l'objet de dénonciation pour trouble à l'ordre public. Le dossier est entre les mains de la commission de police. »


France : Témoins de Jéhovah

Témoignage « Je dois protéger mes enfants »

Nice Matin , 25 février 2003

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Comment un père de famille vit au quotidien l'appartenance de son épouse aux Témoins de Jéhovah

Monsieur S., âgé d'une cinquantaine d'années, est fonctionnaire à Ajaccio. Avec son épouse, il a partagé des valeurs communes, fondées sur une formation solide, un gout prononcé pour la lecture, des convictions de caractère progressiste et athée. Bref, un couple menant une existence aisée et sans problème... Jusqu'à l'intrusion de la secte dans leur vie.

« J'étais en poste dans une petite ville du continent », raconte M. S., « lorsque les démarcheurs des témoins de Jéhovah sont venus chez moi. Curieusement, ils ont trouvé chez ma femme un terrain favorable à leur doctrine. Les prospectus s'accumulaient dans la maison.Lorsque je m'en inquiétais, mon épouse me disait qu'elle satisfaisait une sorte de curiosité distante ».

En fait, il est déjà trop tard. Monsieur S., qui a l'habitude des échanges intellectuels avec sa femme, essaie de lui démontrer l'inanité de la démarche : les arguments récités, les réponses automatiques aux objections, la rhétorique simpliste et « le charabia faussement scientifique », il passe tout en revue. Rien n'y fait.

L'épouse de M. S. a trouvé ses certitudes. Elle sait où sont le bien et le mal, le bon et le mauvais.

Inquiétude
« Avec le recul », dit M. S., « je pense que je n'ai pas utilisé la bonne méthode. Il ne fallait pas aller à la confrontation directe d'idées, mais tenter de savoir pourquoi elle en arrivait là. Comme d'autres hommes dans mon cas (car ce sont la plupart du temps les femmes qui, dans les couples, succombent d'abord à la secte), je n'ai pas compris que mon épouse était d'abord une victime, comme d'ailleurs ceux qui l'embrigadaient ».

Il n'en demeure pas moins que les Témoins de Jéhovah savent y faire : « Ce sont des professionnels de la manipulation, qui utilisent toutes les techniques du marketing », dit M. S..

Lorsqu'il débarque à Ajaccio, il croit avoir trouvé la paix. Il doit déchanter. « Nous avions à peine posé nos valises que des adeptes locaux sonnaient à la porte », se souvient-il.

La cohabitation conjugale aurait pu continuer cahin caha en évitant le sujet, s'il n'y avait pas eu les enfants. Ils sont aujourd'hui, alors qu'ils ont à peine plus de dix ans, un enjeu de pouvoir entre les parents.

Ils sont aussi déchirés dans leur approche du savoir. Comment, par exemple, croire un enseignant expliquant la préhistoire, quand on leur dit de l'autre côté que l'histoire a commencé il y a 6 000 ans ?

Le divorce ? Monsieur S. y a pensé. Mais il n'y a pas eu d'atteinte à l'intégrité mentale ou physique des enfants. On ne les a pas encore contraints à quoi que ce soit. On les apprivoise, tout simplement, et on leur montre la voie à suivre, dans un futur sécurisé.

Dans la stricte application de la loi, leur mère n'est pas déméritante.

Si c'est à elle qu'ils sont confiés dans le cas d'une procédure de séparation, Monsieur S. connait déjà la trajectoire de leur destin : hors de la secte, point de salut. « Déjà, lorsque je m'absente, je suis inquiet pour eux. S'il leur arrivait un accident, survivraient-ils si on leur refuse une transfusion sanguine indispensable ? », s'interroge-t-il.


France : Sectes

La Corse, terre de sectes

Nice Matin , 20 février 2003

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L'éventail des organisations sectaires est très varié en Corse et a tendance à s'amplifier ce qui impose aux services de l'Etat et aux maires une vigilance de tous les instants

Voilà près de deux ans que, après celle d'Ajaccio, la cellule de lutte contre les sectes a été installée à Bastia par Alain Vivien, ancien vice-président de l'assemblée nationale. A l'époque, on évaluait à 11 le nombre de sectes installées en Corse.

Depuis ce recensement, l'ile, sans affaires fracassantes, sans tapage médiatique, sans drames liés à la présence d'illuminés, a vu les sectes croitre et multiplier.

La Corse s'est installée dans un quotidien sectaire préoccupant, même si police et justice n'ont pas eu à sévir, mais jusqu'à quand ? Comme pour le reste, il existe sur l'ile une omerta du sectaire, et la chape de silence permet aux structures équivoques de prospérer. Il y a cinq ans, il n'y avait que 500 témoins de Jéhovah en Corse.

Aujourd'hui, ce nombre ne représente à peu près que la seule région d'Ajaccio.

Un terrain favorable
Lorsqu'on pense « secte », on voit souvent une multinationale anonyme derrière.

En fait, il n'en est rien la plupart du temps. La secte est souvent groupusculaire et difficilement identifiable, d'autant plus qu'elle est soumise à un « turn over » important : les fidèles, notamment dans le new-age, essaient divers vêtements sectaires dans la recherche insatisfaite de leur accomplissement.

D'autre part, lorsqu'une secte disparait d'une ville ou d'un village, on la retrouve ailleurs, avec les mêmes cadres et d'autres adeptes.

La Corse, terre de sectes ? Ou terre sectaire dans l'âme, ce qui limiterait l'emprise des organisations diffuses qui s'y installent, comme si l'enfermement concentrique de la société corse créait des garde-fous suffisants ? Pourquoi chercher chez les autres ce qu'on a chez soi, l'insularité comme cadre rigide, l'encadrement familial et social comme limite à l'angoisse, et, pour les croyants, une certaine vision crépusculaire de la foi ? Après la sociologie, la géographie. Entre la surprotection et l'absolue ouverture, le message sectaire a de quoi séduire, et la Corse s'y prête. Beaucoup de visiteurs de passage, notamment l'été, y trouvent un lieu propice à leurs pratiques : le soleil, le maquis souvent désert, l'intimité avec la nature... Souvent venus d'Europe du Nord, les pratiquants de cultes paiens ont fait de l'ile une terre d'élection, notamment aux abords des sites préhistoriques où ils retrouvent le souffle mystérieux des origines.

Des données changeantes
Dans les sectes néochrétiennes inspirées du protestantisme aussi, la transversalité est de mise. Ainsi, l'église néo-apostolique, propose en été un office en langue allemande, destiné aux touristes.

Ces sectes-là (Action biblique, Eglise évangélique de Corse ou de Pentecôte, Adventiste du septième jour...) ont pignon sur rue et trouvent leurs adeptes dans les marges des religions traditionnelles. Entre 50 à 70 fidèles par église, qui n'inquiètent pas trop les autorités dans leur fraternité restreinte n'exigeant que la dime comme participation financière.

Ce sont les « pompes à fric » et les machines à décerveler qui intéressent les cellules de lutte contre les sectes. Le mouvement migratoire des sectes plus troubles, celles où la manipulation mentale est de mise, trouve sans mal sur place des points de chute et des adeptes. On connait le portrait-robot de ceux-ci : des femmes plus que des hommes, des cadres moyens et des employés (la Scientologie élitiste et people n'existe pas en Corse, où les ego n'ont besoin de personne pour se surévaluer), des résidents venus de l'extérieur, sans réelle attache dans l'ile, plutôt que des Corses de souche.

Cette réalité, elle aussi, est mouvante. Le phénomène sectaire, qui touchait il y a vingt ans des adolescents et des jeunes rêvant de perfection communautaire, a évolué.

Le new-age, les mouvements apocalyptiques et guérisseurs visent des personnes âgées, souvent solitaires et vulnérables, qui subissent sans broncher une désocialisation programmée.

Le « problème corse »
Qui dit installation d'une secte dit faille dans la société... Mais le chômage, la précarité, la maladie, la solitude, la complexité de la vie quotidienne n'en sont pas réduites pour autant. Pour comprendre l'étendue du besoin de certitudes, il faut s'intéresser au succès des Témoins de Jéhovah.

Cette secte est la plus représentative en nombre et en patrimoine en Corse.

Le baptême annuel, qui a lieu rituellement fin juin à Ajaccio, regroupe près d'un millier d'adhérents de toute l'ile. Actuellement, on estime à 450 le nombre de Témoins de Jéhovah en Corse-du-Sud, réunis principalement autour de la ville impériale et dans l'extrême sud.

En Haute-Corse, on dénombre 150 Témoins de Jéhovah à Bastia, une vingtaine à Corte, une cinquantaine à Calvi et une centaine à Ghisonaccia.

La situation corse elle-même - le fameux « problème corse » - aiguise l'intérêt sectaire. Ainsi, le Parti de la Loi naturelle, issu de la branche française de la Méditation transcendantale, applique au domaine politique les idées de Mahararishi Mahesh Yogi, fondateur de la secte, pour qui les affaires du monde doivent être confiées à un groupe pratiquant la méditation transcendantale et le « vol yogique ».

Un des thèmes du PLN (qui a quand même recueilli 100 000 voix aux élections européennes de 1997) a été la mise en place d'un « projet pilote de cohérence en Corse » : la réunion de 200 à 400 experts en vol yogique qui ferait baisser la violence et rétablirait la paix civile sur l'ile.


France : Sectes

« Un devoir de vigilance »

Nice Matin , 20 février 2003

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Pour le procureur général Patrick Lalande, les administrations doivent veiller à freiner l'amplification de phénomène sectaire

Malgré ses apparentes certitudes et ses valeurs de référence, il est évident que la société corse est en crise. Ici comme ailleurs, le développement des sectes est le révélateur d'un malaise. La secte ne pousse que sur un terrain déjà préparé et favorable. Dans le cadre du dispositif de lutte contre les sectes, il existe dans chaque cour d'appel un « correspondant sectes ». Patrick Lalande, procureur général à la cour d'appel de Bastia, exerçait déjà cette mission à la cour d'appel de Paris. C'est donc tout naturellement qu'il est devenu le « monsieur sectes » de Corse.

Il ne nie pas l'importance du phénomène, même si aucun débordement significatif n'a encore été constaté. « Nous nous imposons un devoir de vigilance », dit-il. « L'appartenance à un mouvement sectaire n'est pas une infraction en soi. La sanction ne vient que si l'on a constaté une infraction relevant du Code pénal ».

On dira que la Corse est soumise à d'autres problématiques. Pourtant, insiste Patrick Lalande, « les administrations concernées, entre autres Education nationale, Jeunesse et Sports, Répression des fraudes, reçoivent de temps en temps des piqures de rappel ». Il ne faut pas laisser l'ile se prendre dans l'engrenage sectaire.

Un réseau complexe
Il est difficile de démêler l'écheveau qui se tisse sur la Corse. Sectes apocalyptiques (qui prédisent un prochain cataclysme dont seuls certains seront épargnés), new-age (qui affirment que le monde va entrer dans une ère nouvelle et il faut s'y préparer spirituellement), guérisseuses (qui proposent des thérapies irrationnelles pour vaincre les maladies incurables), occultistes (qui se fondent sur la magie, la sorcellerie, l'astrologie), orientalistes (qui constituent des déviances des religions orientales), syncrétistes (qui mélangent, suivant le cocktail de leur gourou, des éléments de traditions spirituelles diverses), évangéliques, pseudo-catholiques, alternatives, sataniques..., les types dominants classiques se compliquent de « types associés » qui morcellent un peu plus le paysage. Avec la pensée positive, le rééquilibrage énergétique, l'imposition des mains parfois, on peut dire que les insulaires sont gâtés en compétences sectaires. Une absence remarquée : celle des sectes ufologiques ou soucoupistes, qui préparent à la venue des extra-terrestres. Est-ce parce qu'on leur a souvent promis la lune ou parce qu'ils ont parfois l'impression de vivre sur une autre planète que les Corses les boudent ? Mystère.


France : Raël

Mandat d'amener contre un ancien responsable da la secte raélienne

AFP , 25 février 2003

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VERSAILLES - Un mandat d'amener a été délivré en janvier par un juge d'instruction de Versailles (Yvelines) contre Gilles Carbonell, ancien président de l'Association raélienne d'Ile-de-France suspecté d'"agressions sexuelles sur mineur de 15 ans", a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Le magistrat versaillais Laurent Lassalle est chargé depuis l'été 2002 d'instruire une plainte déposée par l'une des filles de Brigitte Boisselier, présidente de Clonaid qui a partagé la vie de Gilles Carbonell, comme l'indique le Parisien dans son édition de mardi. En décembre dernier, à l'occasion du congrès des raéliens à Lyon, les policiers chargés de l'enquête avaient été alertés par une source anonyme de la présence de Gilles Carbonell chez sa mère dans l'ouest de la France, mais il s'était avéré qu'il s'agissait en fait de l'un de ses frères.

Le juge a donc décider de décerner un mandat d'amener contre lui afin de l'entendre sur les accusations portées par la fille de Brigitte Boisselier sur des agissements qu'il aurait eu à son égard alors qu'elle était âgée de six ans, jugée "crédibles" de sources judiciaires. Une démarche restée vaine dans la mesure où Gilles Carbonell, qui n'a pas été localisé jusque à présent, pourrait résider à l'étranger "au Liban ou en Côte d'Ivoire", selon certains renseignements recueillis par les enquêteurs.


France : Actualités diverses

Demain, les clones ? Non !

Libération , 27 février 2003 par Michel Revel

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Demain, les clones ? Non ! Pas plus que demain les transplantés cardiaques, ou demain les trépanés du cerveau. De même que l'on ne pratiquera pas la transplantation ou la trépanation en l'absence d'une évidente indication médicale et seulement en cas de nécessité absolue, de même il n'y aura pas «demain les clones». On fait aujourd'hui un très mauvais procès à la médecine et à la science en imputant à la recherche sur le clonage l'intention de changer la nature de l'homme et de sa société, de violer ses droits, ou d'autres intentions diaboliques. Nul doute qu'il y ait des dangers, mais ceux-ci viennent d'ailleurs. D'abord la technologie du clonage chez l'animal s'est révélée très difficile, d'une navrante inefficacité, et provoque de plus des défauts du développement conjugués à une anormale expression de certains gènes. L'annonce récente de la mort de la première brebis clone et de ses maladies renforce encore le soupçon que la technique est dangereuse. Les régulations de l'éthique médicale interdisent formellement d'appliquer à un être humain, même avec son consentement, un procédé ou une médication dont la sûreté et l'efficacité n'ont pas pu être démontrées chez l'animal. La technique du clonage reproductif, dans son état actuel, ne saurait donc être appliquée à l'homme, pour quelque bonne raison médicale que ce soit.

Comment alors expliquer l'intensité du débat sur l'application du clonage reproductif chez l'homme ? Ne s'agit-il pas, en voulant condamner toute procréation d'un être humain génétiquement identique (comme le fait une convention européenne de 1998), d'une affirmation sur ce qu'est la nature humaine, une nature entièrement déterminée par les gènes ? Il y a là, à travers ce procès du clonage, le danger de propager dans le public un «dogme» de déterminisme génétique qui, en réalité, n'a pas de base scientifique. On nous parle de polycopier l'homme et sa personnalité dans une croyance extrême et réductionniste au tout-génétique. L'esprit et l'âme sont-ils déterminés dès la conception par l'assemblage des gènes, niant le libre arbitre et la libre volonté ? A l'âge de la phénoménologie qui démontre la place centrale du vécu, reviendrons-nous à la toute-puissance du sort prédéterminé à la naissance, à l'instar de l'astrologie ? Ce n'est pas par hasard qu'une secte croyant aux extraterrestres astraux s'est récemment servie d'une supercherie de clonage pour répandre ses idées. Une personne raisonnable croira-t-elle vraiment que l'on puisse cloner la personnalité ?

Car, en réalité, de quoi s'agit-il ? Biologiquement parlant, le clonage donnerait naissance à un jumeau génétique du parent apportant le noyau utilisé pour féconder l'ovule énucléé. Deux jumeaux ne sont pas une même personne dupliquée ; ils diffèrent en maints aspects, et leurs capacités cognitives montrent notamment une corrélation statistique de 50 %, haute il est vrai mais laissant 50 % de liberté façonnée par l'éducation, l'environnement et l'expérience personnelle de chacun. Les différences entre l'enfant clone et son parent jumeau seraient encore plus grandes que celles de vrais jumeaux, puisque les premiers ne seraient pas issus du même utérus maternel et seraient nés à des dizaines d'années d'intervalle, accentuant l'hétérogénéité environnementale. Génome identique ne signifie pas comportement et personnalité identiques, et même ce qui est héréditaire n'est pas forcément inchangeable. Dans le débat sur le clonage, on fait trop souvent croire au public qu'il serait possible de «reproduire» une personne décédée ou de copier la beauté. Il faut expliquer que les gènes ne sont qu'une partie de ce qui fait la personnalité ; même la beauté n'est pas entièrement physique et dépend du désir de plaire. Ce danger du tout-génétique a été bien prévu par le Comité international de bioéthique (CIB) de l'Unesco qui, dans sa Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, a pris soin d'affirmer (article 2b): «Cette dignité [humaine] impose de ne pas réduire les individus à leurs caractéristiques génétiques...»

Qu'il y ait danger dans une utilisation abusive de la science, et notamment de la génétique humaine, est indéniable, mais c'est le rôle même de la bioéthique que de définir les limites de ce qui est permis. La reproduction sexuée assure la diversité des humains, et il ne doit pas être question de lui substituer le clonage. Mais c'est l'essence de la médecine que de pallier les insuffisances de la nature, en la contournant si besoin est. Pour un couple stérile qui refuse un don de sperme ou d'ovule extraconjugal, la procréation assistée par clonage (si la méthode était sûre et efficace) serait par exemple une possibilité nouvelle offerte par la médecine. Limitée à des applications médicales individuelles dans le respect des droits de l'homme, entre autres celui de bénéficier de la science, cette technologie ne mettrait pas plus la famille humaine en danger que les fécondations in vitro. Cela ne veut pas dire «demain les clones» mais cela veut dire ne pas exclure a priori une nouvelle technologie dans la lutte contre les maux de l'humanité. La recherche sur le clonage promet d'ailleurs de contribuer aussi à la technologie des cellules souches embryonnaires, qui, prélevées d'un oeuf fécondé au cinquième jour de son développement in vitro, permettront de préparer en laboratoire des tissus autologues pour réparer des organes lésés, en cardiologie ou dans le diabète. Jusqu'à ce jour, il n'a pas encore été possible de produire par clonage un tel embryon humain de cinq jours, mais on veut interdire cette recherche (dite clonage thérapeutique) car elle pourrait mener au clonage reproductif. L'ONU elle-même est saisie de requêtes visant à interdire globalement toute recherche pouvant mener au clonage. C'est un mauvais procès fait à la science.

Certes, interdire aujourd'hui le clonage à usage reproductif chez l'homme est entièrement justifié car la méthode est dangereuse, inefficace, et son utilisation serait contre l'intérêt et les droits du patient. De nombreux pays ont des lois interdisant le clonage reproductif. En Israël, cette loi établit aussi une commission dont le rôle est de suivre l'avancement de cette science et de conseiller le gouvernement sur la nécessité ou non de prolonger l'interdiction, prévue à l'origine pour cinq ans. En Israël comme au Royaume-Uni, la loi n'interdit pas la recherche afin d'obtenir des cellules souches clonées, sans implantation dans l'utérus. Le CIB de l'Unesco s'est également prononcé pour admettre la recherche sur cellules souches d'embryons clonés et, dans un esprit de pluralisme, laisse à chaque Etat le devoir de débattre et de décider. Le vrai débat bioéthique n'est pas «demain, les clones» mais au contraire de dissiper le fantasme du déterminisme génétique, de réfléchir au statut de l'ovule fécondé, et de guider les éventuelles applications médicales dans le respect de la dignité humaine et du droit de chacun.


Etats-Unis : Mormons

A quinze ans, prête pour le mariage

Nytime , 27 février 2003 (traduction)

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SALT LAKE CITY- A l'âge de 15 ans, Lu Ann Kingston était prête pour le mariage, ou du moins c'est ce qu'ont décrété les aînés de sa famille. Ils ont fait en sorte qu'elle épouse un parent lointain de 23 ans, et elle est devenue sa quatrième femme, lui faisant rapidement deux enfants. Cinq ans plus tard, enhardie par une nièce qui avait rompu son propre mariage arrangé, Mlle Kingston a rassemblé ses enfants, appelé une escorte policière et est partie.

A présent âgée de 23 ans, Mlle Kingston a déclaré dans une interview que l'on dit souvent aux épouses adolescentes des foyers fondamentalistes mormons, comme elle-même : "C'est ce que veut notre père céleste, et elles sont à un âge où elles ne peuvent pas s'enfuir, car il n'y a nulle part où aller. Il n'y a pas d'échappatoire."

Les récits de Mlle Kingston - qui a témoigné publiquement - et d'autres jeunes femmes ont forcé l'Utah, après des années de tergiversation, à considérer d'un oeil nouveau les polygames qui épousent des adolescentes. La législation de l'état envisage une loi qui imposeraient de nouvelles peines dures contre tout polygame reconnu coupable d'avoir épousé une fille de moins de 18 ans, et tout responsable religieux qui a organisé une telle union. Et le procureur général de l'état a promis des poursuites énergiques. Le procureur général Mark Shurteff, concède que l'état et les procureurs locaux ont largement évité de poursuivre les bigames jusqu'à présent. "J'espère que cela aura un impact sur la pratique de la polygamie, et portera aux jeunes filles le message que nous n'ignorons pas leur calvaire."

La bigamie est un crime dans l'Utah depuis plus de 100 ans, punissable par jusqu'à 5 ans de prison. La nouvelle mesure durcirait les pénalités dans le cas des épouses d'âge non légal, ce qui apporterait à un mari bigame ou à un responsable de l'église arrangeant un tel mariage jusqu'à 15 ans de prison. La Chambre, en très grande majorité, a approuvé mardi ces pénalités, et on s'attend à ce que le Sénat traite la loi la semaine prochaine. Le gouverneur Michael O. Leavitt, un Républicain et descendant de polygames, n'a "pas encore donné son avis sur la mesure," a déclaré son porte-parole. Malgré son statut illégal, la polygamie foisonne dans tout l'Utah, pratiquée par les mormons fondamentalistes qui évitent le contact avec le monde extérieur, et vivent selon les traditions que leurs ancêtres ont importées à l'ouest au milieu du 19ème siècle.

Le nombre de personnes vivant dans des familles polygames dans l'Utah est estimé à peut-être 50.000. Séparés par leurs croyances de la principale Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui condamne la polygamie comme une condition à l'existence de l'état de l'Utah en 1896, les mormons fondamentalistes croient qu'une femme existe pour incarner l'esprit de ses enseignements religieux et servir son mari, responsabilités qui incluent pour elle de porter autant d'enfants que possible. Ron Barton, un enquêteur au bureau du procureur général de l'état, dit que certains groupes fondamentalistes croient que les premières règles d'une fille sont un signe qu'elle est prête pour le mariage.

Des responsables officiels disent que certaines filles auraient été mariées dès l'âge de 11 ans. Mais dans un état où 70% de la population est mormone, dont beaucoup d'ascendance polygame, les procureurs ont rarement déposé plainte contre les membre des familles plurielles, en disant qu'ils ont des crimes plus sérieux à traiter. M. Shurtleff, un Républicain qui a pris ses fonctions en 2001, a rédigé le projet de loi et dit que sa promulgation enverrait aux procureurs des comtés un signal disant que l'état désire protéger les filles. "C'est de l'abus d'enfants" dit-il, "et c'est beaucoup plus répandu que je ne l'imaginais."

Les polygames et leurs partisans s'opposent à la proposition de loi en la dénonçant comme de la persécution religieuse, et expliquent que le problème est monté en épingle. Rod Parker, un avocat de Salt Lake City qui représente l'Eglise Fondamentaliste de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours dans les villes avoisinantes de Hildale (Utah) et Colorado City (Arizona) dit que les histoires de jeunes adolescentes forcées au mariage sont des exagérations. "Je ne vois pas cela arriver," dit M. Parker. "Dans de rares cas, des filles de moins de 15 ans sont mariées à d'autres adolescents, mais cela n'est pas commun dans la communauté que je représente." M. Parker dit que l'état devrait abroger ses lois sur la polygamie, et faire plus pour intégrer les polygames dans la société. Mais les partisans de la loi durcie et des pénalités accrues disent qu'elles auraient dû exister depuis longtemps.

"Nous devons briser ce cercle et permettre à ces jeunes filles de choisir par elles-même", dit la député M. Susan Laurence, une Républicaine qui a accepté de présenter la mesure de M. Shurtleff à la Chambre. "Une partie de la raison pour laquelle nous nous concentrons sur ce groupe en particulier est que des jeunes femmes sont utilisées pour perpétuer un style de vie qui est un choix de leurs parents, pas le leur."

Selon la loi de l'Utah, les filles sont libres de se marier une fois qu'elles ont 16 ans. A 15 ans, elles ont besoin du consentement d'un parent ou d'un tribunal local. L'état ne reconnaît aucun mariage de quelqu'un qui a 14 ans ou moins. De plus, les lois de l'état rendent illégal pour un adulte d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un qui a 16 ou 17 ans si l'adulte est au moins 10 ans plus âgé de 10 ans, et pour un adulte d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un de 14 ou 15 ans si l'adulte est âgé de plus de14 ans. Les deux sont des crimes, punissables de peines de prison allant jusqu'à cinq ans. Du fait de la culture du secret dans les communautés fondamentalistes, personne dans l'Utah ne sait exactement combien de personnes pratiquent la polygamie dans l'état?

Rowenna Erickson, une ancienne épouse polygame et co-fondatrice de Tapisserie Contre La Polygamie, un groupe qui combat les mariages pluriels, estime ce nombre à 50.000. Mais les agences de l'état ne tiennent pas de registre qui identifient les réidents comme polygames, et un grande part de ce qui est connu provient des déclarations publiques de jeunes femmes qui s'échappent de temps en temps, ou de M. Barton, dont la spécialité est les crimes dans les "sociétés closes."

Mlle Kingston dit qu'elle croit qu'il y a des centaines de filles dans la même situation à laquelle elle a fait face quand elle était une jeune adolescente, enfermées dans des enclaves polygames, dont certaines interdisent aux femmes toute éducations au-delà du primaire. Elle dit que la famille qu'elle a quitté inclus 2.000 membres, dirigés par un avocat de Salt Lake City, Paul Kingston, lequel a 25 femmes qui lui ont fait 200 enfants. M. Barton, qui a enquêté sur les Kingston, dit qu'il a confirmé à travers des registres de l'état que M. Kingston a 24 à 26 femmes et au moins 145 enfants, et il pense qu'il y en a probablement plus. "Typiquement, les femmes falsifient le nom du père," dit M. Barton. M. Kingston n'a pas répondu à nos demandes de commentaire. Mlle Kingston dit que M. Kingston, en tant que patriarche de la famille et dirigeant religieux fondamentaliste, a désigné un de ses neveux pour être son mari. Il lui a dit, comme elle se le rappelle, "C'est une bonne chose, c'est ce que veut le Seigneur." Mlle Kingston dit qu'elle n'avait pas le choix dans ce mariage, est n'est parvenue à s'en aller qu'après avoir appelé la police locale en leur demandant protection contre un mari colérique." Elle dit que des parents toujours dans la famille lui ont raconté que les aînés du clan ont récemment commencé des cours le dimanche pour des enfants de 12 ans, afin de les préparer à devenir parents. "La plaisanterie là bas, c'était que si vous n'étiez pas mariée à 17 ans, vous étiez une vieille fille," dit-elle. "Certaines voulaient se marier. Certaines le devaient. Les filles essayent toujours de faire plaisir. Tout ce qu'elles savent, c'est comment faire ce qu'on leur dit de faire."


France : Scientologie et Actualités diverses

Le créateur d'un site "antisecte" condamné pour défaut de déclaration à la Cnil

News Znet France , 27 février 2003 par Christophe Guillemin

[Texte intégral

La loi sur la protection des données nominatives peut être sujette à de bien curieuses interprétations. Si son esprit est de protéger les citoyens du fichage, elle a été utilisée pour sanctionner un militant antisecte devant un tribunal correctionnel.

Le webmaster du site français Antisectes.net a été condamné récemment, non pas pour propos diffamants, mais pour infraction à la loi informatique et libertés de 1978. Un jugement qui sous-entend que chaque site internet publiant des noms attachés à des opinions religieuses ou politiques, peut être assimilé à un fichier nominatif ("traitement automatisé d'informations nominatives").

Lancé en mars 1997, Antisectes.net entend lutter par l'information contre la prolifération des sectes, à commencer par la scientologie, "église" classée comme "mouvement sectaire" par tous les rapports officiels français. L'auteur de ce site, Roger Gonnet, 62 ans, est poursuivi pour avoir publié en 2000 le nom d'un scientologue notoire. «J'ai repris deux articles de presse parus dans Paris-Match et Entreprise&Carrières, dans lesquels figurait le nom de la personne en question», indique Roger Gonnet à ZDNet.


Condamné à 1 euro de dommages et intérêts

Un acte a priori sans danger. Sauf que le scientologue concerné, par ailleurs dirigeant de la société Eurowin Consulting, a porté plainte contre le webmaster pour non-respect des lois en vigueur sur les données nominatives.

Même si le rapport ne semble pas évident, le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône a bien reconnu coupable Roger Gonnet, le 21 janvier dernier, d'une partie des faits qui lui étaient reprochés. Un jugement en demi-teinte puisque le plaignant réclamait 15000 euros de dommages et intérêts, et qu'il n'en a finalement obtenu qu'un seul. Dans le détail, Roger Gonnet a écopé de 450 euros d'amende, un euro de dommages et intérêts et 450 euros de frais d'avocats.

Il avait été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour infraction à l'article 226-16* du code pénal. Roger Gonnet est donc reconnu coupable de «traitement automatisé d'informations nominatives sans avoir respecté les formalités préalables», c'est-à-dire qu'il n'a pas déclaré son site à la Commission nationale informatiques et liberté (Cnil), du moins pas depuis sa création.


Neuvième procès des scientologues contre ce site

Sur ce point, le webmaster explique, dans sa propre version des faits, avoir fait parvenir sa déclaration à la Cnil, mais en retard, en août 2000. «C'est à cette date que j'ai appris qu'une déclaration était nécessaire. À l'époque il n'y avait même pas 150 sites déclarés à la Cnil», explique Roger Gonnet. Il n'empêche que les faits lui sont pourtant reprochés pour la période de 1997 à 2000.

Le créateur du site Antisectes.net s'insurge contre cette condamnation, d'abord comme une atteinte à sa liberté d'expression: Gonnet est un habitué des procès intentés à son égard par les scientologues; il en serait déjà à neufs procès en civil, dont quatre perdus où il a dû verser un euro symbolique, deux autres gagnés et trois en cours. Il est à présent amer «face à la façon dont cette loi peut être détournée». «Ce jugement, s'il fait jurisprudence risque d'être très fâcheux pour la liberté d'expression en France.».

«Seuls les sites internet comportant un traitement de données personnelles doivent être déclarés et une simple citation d'un nom n'est pas un traitement», nous a indiqué Thierry Jarlet, directeur de la communication de la Commission.

La Cnil donne bien la possibilité à tout éditeur de site internet d'effectuer une déclaration, le tout pouvant s'effectuer à distance (www.cnil.fr/dec_online/accueil.htm). Mais cette déclaration concerne les «traitements de données personnelles mis en oeuvre dans le cadre d'un site internet». Et non d'un site internet proprement dit.

*Article 226-16 du code pénal : «Le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements automatisés d'informations nominatives sans qu'aient été respectées les formalités préalables à leur mise en oeuvre prévues par la loi est puni de trois ans d'emprisonnement et de 300000 F d'amende.»


France : Raël

Fontenay-sous-Bois - La manif express des raéliens

Le Parisien , 28 février 2003

[Texte intégral

FONTENAY, HIER. Une manifestation réunissant quelques raéliens de France s'est déroulée devant la mairie pour protester contre l'annulation d'un stage d'arts martiaux piloté par un membre de la secte.

Trois immenses banderoles, une dizaine d'adeptes : le mouvement raélien manifestait, hier, devant l'hôtel de ville de Fontenay. « La mairie ne respecte pas les droits de l'homme » ou en encore « elle fait de la discrimination raciale ».

Tels étaient les slogans affichés par le petit groupe, venu de toute la région Ile-de-France, où la secte ne compte pas plus d'une cinquantaine de membres. La cause de leur courroux ? L'annulation par la municipalité d'un stage sportif prévu le week-end dernier (lire nos précédentes éditions) .

Celui-ci devait être dirigé par Salem Assli, spécialiste de la savate, la boxe française, et du jeet kunedo, un art martial, mais surtout « membre éminent » de la secte des raéliens, selon les Renseignements généraux.

Aussitôt avertie, la municipalité avait décidé de retirer l'autorisation donnée à Assli d'utiliser le gymnase Joliot-Curie pour cette manifestation. Selon elle, ce stage d'arts martiaux, qui devait accueillir également Dan Inosanto, l'un des fondateurs de la discipline favorite de Bruce Lee, présentait « pas mal d'interrogations ». A commencer par le prix (160 €) jugé « exorbitant » pour une activité proposée dans un local d'une section sportive de la commune. Le spécialiste en arts martiaux avait toutefois réussi à trouver une solution de repli à Paris en urgence. Mais les raéliens, qui se sont estimés
« privés » d'expression, ont décidé de manifester dans le calme leur mécontentement sur le parvis de l'hôtel de ville. « Nous sommes étonnés de l'attitude de la mairie qui s'insurge contre notre mouvement sans connaître sa réalité. Pourquoi accorder des autorisations à d'autres religions et pas à la nôtre, s'indigne un représentant francilien de Raël. C'est une manifestation sportive et rien d'autre. C'est de la censure. Tout simplement parce qu'un de nos membres est à l'origine de ce stage. C'est inadmissible. C'est de la discrimination... »

Du côté de la mairie, on scrutait, depuis les fenêtres de l'hôtel de ville, les mouvements de ces protestataires sans leur accorder le moindre intérêt. Vers midi trente, à l'heure du déjeuner, la dizaine de manifestants pliait ses banderoles sous les yeux de quelques agents de police restés à distance.


France : Gurdjieff

Derrière le martyr de Sophie l'ombre de Gurdjieff

LyonMag , n°122 février 2003 propos recueillis par Olivier Vassé

[Texte intégral

Judiciaire
Sophie avait 10 ans quand elle a été agressée sexuellement par le compagnon de sa mère, Frédéric, pilote d 'hélicoptère dans l'armée. Pendant plusieurs mois, elle a subi les assauts de cet homme. Sans oser rien dire à sa mère. Et puis ll y a eu la rupture. Et l'enfant a tout raconté. La justice lyonnaise a ouvert une enquête l'année dernière. Et cette femme a alors découvert que son compagnon était un adepte de Gurdjieff, un maître spirituel russe qui a conquis l'intelligentsia française dans les années 30 en prônant la domination et le mépris total des autres qu'il surnommait les Idiots.

Manipulations, dominations, utilisations de drogues... Un mouvement sectaire Implanté à Lyon sous couvert de la Société pour l'étude de l'homme. D'ailleurs, depuis quelques mois, les Renseignements généraux surveillent de près les activités de ce mouvement

Interview de Corinne, la mère de Sophie, qui accuse cet homme mais qui au-delà dénonce la perversité de ce mouvement gurdjîeffien.

Derrière le martyr de Sophie

Comment vous avez rencontré Frédéric ?

Corinne : On s'est rencontré en septembre 1994 chez une copine commune à Lyon. On a parlé bandes dessinées, avions... Et on a sympathisé. Quelques jours plus tard, on a échangé des BD puis un soir, il est venu chez moi. Et il a réussi à me séduire.

Et vous avez vécu ensemble ?

Oui. Au bout de quelques semaines, il est venu s'installer chez moi à Ecully où je vis avec mes deux enfants. Mais au printemps 1995, il est entré dans l'armée pour devenir pilote d'hélicoptère et il a rejoint une base près de Strasbourg. Il ne me rejoignait que le week-end. A cette époque, je l'aimais vraiment.

Combien de temps a duré votre relation avec Frédéric ?

Il s'est absenté pendant plusieurs mois à l'automne 1999 car il a été envoyé au Kosovo. Mais il est revenu plus tôt que prévu, en février 2000, après un accident d'hélicoptère. Là, notre relation a commencé à se dégrader. Et on était sur le point de se séparer en septembre 2000 quand j'ai réalisé qu'il avait abusé de ma fille Sophie qui avait 10 ans au moment des faits.

Comment vous l'avez su ?

C'est Sophie qui m'a révélé les attouchements que Frédéric lui faisait subir quand il lui racontait des histoires le soir. J'ai pris rendez vous vous avec Liliane Daligand, un professeur de médecine légale réputée, qui est également expert prés la Cour d'appel de Lyon, pour qu'elle écoute ce que Sophie disait. Et elle m'a incitée à porter plainte à la gendarmerie d'Ecully en octobre 2000.

Frédéric a confirmé les faits ?

Non. Lui a affirmé aux gendarmes qu'il n'avait touché Sophie qu'une fois, à ma demande, soi-disant pour faire son éducation sexuelle ! En fait, il a essayé de me faire passer pour une folle et une jalouse. L' instruction a duré un an. Et en février 2002, la Juge d'instruction, Noëlle Cousinier, a mis en examen Frédéric pour agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans par personne ayant autorité. Et elle a renvoyé l'affaire devant le tribunal correctionnel tout en maintenant Frédéric sous contrôle judiciaire.

Où en est l'affaire aujourd'hui ?

On attend que le parquet de Lyon trouve une date pour le procès. Mais depuis, j'ai aussi réalisé que Frédéric était membre des groupes Gurdieff. Et ça change tout.

C'est quoi les groupes Gurdjieff ?

Ce sont des groupes qui se réclament de l'enseignement de Georges Ivanovitch Gurdjieff, un maître spirituel russe qui vivait à Paris dans les années 20 et qui enseignait un pot-pourri de sagesse orientale et d'illumination spirituelle. Il avait séduit une partie des élites françaises : intellectuels, chefs d'entreprise, hommes politiques, avocats...

Mais il n'y a rien de dangereux !

Si, car Gurdjieff utilisait sa connaissance des plantes pour confectionner des compositions médicinales qui servaient à intoxiquer et donc à manipuler son entourage. Un peu comme un sorcier. D'ailleurs, l'académicien Jean-François Revel a révélé qu'il avait fréquenté ces groupes à la fin des années 40. Et que, pour lui, Gurdjieff était un charlatan qui voulait simplement réduire sa cour en esclavage. Même Louis Pauwells, qui a fréquenté ce mouvement à la même époque, a affirmé qu'il avait eu de la chance d'échapper à Gurdjieff. Et qu'il se considérait comme endommagé à jamais.

Quel est le danger de ces groupes ?

En fait, les Gurdjieffiens sont vraiment des despotes qui utilisent les autres comme des instruments, notamment pour assouvir des pulsions sexuelles inacceptables. D'ailleurs, les autres, on les appelle les idiots chez eux ! Ce sont des pervers qui vivent de la domination des autres. Et une domination aussi bien intellectuelle que physique. Ce qui est vraiment typique des mouvements sectaires.

Mais aujourd'hui ce mouvement n'existe plus !

Si, au contraire. On assiste depuis quelques années à la résurgence de ces groupes Gurdjieff.. Leur objectif, c'est justement de prolonger l'enseignement de Gurdjieff. Et ce qui les intéresse, c'est de franchir en permanence les limites de l'acceptable, avec un total mépris des autres. Ce sont des groupes très fermés où on ne rentre que par cooptation, souvent par tradition familiale

Et à Lyon, il y a un groupe Gurdjieff ?

Oui, la Société pour l'étude de l'homme a installé son siège rue Condé dans le 2° arrondissement de Lyon cri 1994. Le but de cette association, c'est d'ailleurs de prolonger l'enseignement de Gurdjiefl. On y trouve essentiellement des notables assez âgés. Et autour de ce noyau, il y a environ une centaine de personnes qui gravitent.

Frédéric a eu des liens avec ce mouvement Gurdjieff ?

Je suis certaine que Frédéric est gurdjieffien-. J'ai quand même vécu avec lui pendant 6 ans ! D'ailleurs, même s'il essayait d'être discret, je l'ai surpris à plusieurs reprises en train de lire des oeuvres de Gurdjiefl comme "Rencontres avec des hommes remarquables" ou "Récits de Belzébuth à son petit-fils". Des livres qu'il dissimulait derrière une couverture de papier kraft.

Vous ne lui avez jamais posé de questions ?

Oui une fois, je lui avais demandé qui était ce Gurdjieff. Et il m'a répondu que c'était un grand écrivain. Mais je n'en savais pas plus car dès qu'il partait, il ne laissait rien chez moi. Et puis une fois, il s'est rendu au chevet d'une "vieille dame" à l'hôpital américain de Neuilly. Selon lui, cette femme aurait connu Gurdjieff, et pour lui, c'était extraordinaire. Et quand elle est morte, il affiché son portrait au-dessus de son bureau, comme une icône. Après notre rupture, j'ai acheté les livres de Gurdjieff et j'ai compris.

Vous aviez remarqué quelque chose d'anormal dans son comportement ?

Non, sauf que c'était un garçon solitaire, assez lunaire. Et manipulateur. En fait, j'ai commencé à reconstituer le puzzle après les révélations de ma fille. Et quand j'ai lu les bouquins de Gurdjieff. Mais avec du recul, c'est surtout mon propre comportement avec lui que j'ai trouvé étrange.

Des exemples ?

Sexuellement, je me sentais complètement à sa merci. Et pourtant je n'ai jamais été une bombe. Ça m' a souvent intriguée et je me suis souvenue qu'un jour, j'avais remarqué par hasard que mes pupilles étaient complètement dilatées. Et comme Frédéric s'intéressait énormément à la phytothérapie et aux huiles essentielles, je suis persuadée que pendant des mois, il m'a empoisonnée à la belladone, une plante qui est un poison mais qui stimule la sexualité quand elle est bien manipulée. Ce que les Gurdjieffiens savent très bien faire.

Il était en contact avec le groupe lyonnais ?

Oui. Tous les samedis matins, il se rendait rue de Créqui dans le 6°arrondissement chez sa "vieille dame" comme il l'appelait, c'est-à-dire son mentor. Elle s'appelle Claudette et c'est la secrétaire de la Société pour l'étude de l'homme. D'ailleurs, de nombreux coups de fils m'ont confirmé cette relation.

Comment Frédéric a été initié ?

Visiblement par ses parents, des bourgeois un peu paranos qui vivent à Champagne-aux-Monts d'Or. Son père était imprimeur. ce qui est bien utile dans ce genre de mouvement.

Vos preuves sont suffisantes pour accuser ce groupe Gurdjieff ?

Oui. Je travaille sur les groupes Gurdjieff depuis deux ans avec Matthieu Cossu, le responsable du site prevensectes.com qui est réputé pour son combat contre les sectes. Et aussi avec le Centre contre les manipulations mentales à Lyon, qui est dirigé par Max Bouderlique. Et je peux vous assurer que, depuis six mois, les RG surveillent de près les activités des associations proches de ces réseaux Gurdjieff. Des perquisitions ont même eu lieu récemment à Lyon.

Pourquoi cette surveillance des Renseignements généraux ?

Parce que les groupes Gurdjieff font de plus en plus parler d'eux, notamment dans la région. Exemple : une école de formation qui enseigne les préceptes de Gurdjieff s'est installée dans la Drôme en 2001. Et un médecin de Chambéry a été interpellé en décembre dernier par la police après avoir téléchargé des images pédophiles sur internet. Il a passé un mois en hôpital psychiatrique puis il est rentré lui. Mais il a été exclu du groupe car son appartenance au groupe Gurdjieff de Lyon a été révélée. Et comme par hasard, c'est Claudette qui s'occupait de sa formation...

Frédéric a confirmé son appartenance au groupe Gurdjieff pendant l'instruction ?

Non. Pourtant le juge Cousinier a interrogé Frédéric sur ce point. Mais il a nié. Ce qui est normal car si son lien est révélé, il sera exclu comme le médecin de Chambéry. Et ça pour lui, ce serait dramatique. C'est pour ça que, dans l'arrêt de renvoi, il n'y a aucune allusion à son appartenance au groupe Gurdjieff

Mais que vont apporter vos révélations dans le procès de Frédéric ?

Moi, je veux montrer que ces groupes sont une fabrique de psychopathes pervers et dangereux. Et que ce qui est arrivé à ma fille peut se répéter, même s'il n'y a pas besoin d'être gurdjieffien pour agresser sexuellement une enfant. Mais le principe des Gurdjieffiens, c'est d'aller toujours plus loin dans l'immoralité. Et puis, il y a un vide juridique en France autour de ces groupes qui ne sont répertoriés nulle part. Alors que les disciples de Gurdjieff sont considérés comme des sectes en Argentine ou en Italie.

Votre objectif ?

Au cours de mes investigations, j'ai rencontré par hasard des victimes à Paris, Toulouse et Aix-en-Provence. Et tous ces gens sortent marqués à vie par tant de perversion. Je me suis rendu compte que ces groupes Gurdjieff sont une nébuleuse composée de dizaines d'associations réparties sur tout le territoire. Et très fermées. C'est pour ça que mon objectif, c'est de monter une association de victimes. Et de faire classer ce mouvement parmi les sectes. Même si c'est la secte des élites. ?