Mis en ligne le 19 mai 2005

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La Shri Ram Chandra Mission - SRCM

 

Source :

  G.EM.P.P.I.   

       BP 30095

13192 MARSEILLE  

Cedex 20 

 04 91 08 72 22   

 Email : gemppi@wanadoo.fr

 

 

I/ HISTORIQUE D’UNE SUCCESSION DIVINE

1/ Un fondateur : 

 

Samarth Guru Mahatma Shri Ram Chandraji Maharaj alias LALAJI est né en Inde en 1873.

Selon lui, il sortit l’Inde des ténèbres et ressuscita la transmission Yoguique authentique et originelle. Manifestation de Dieu, il serait la puissance de la Nature incarnée sur Terre. 

Son accession à une vitesse foudroyante à la perfection serait un cas sans égal dans toute l’histoire de l’humanité. Il inaugure une nouvelle ère d’entraînement yoguique par transmission, et s’intronise Maître.

 

2/ Trois successeurs : 

 

Un de ses disciples RAM CHANDRA, né le 30 avril 1899 en Inde, porte le même nom que son maître, sans lien de parenté avec lui.

Alors qu’il était au pieds de LALAJI, (en 1922) il fut subjugué et découvrit en lui « Le Maître », à tel point que la Divine Présence de LALAJI s’établit d’une façon permanente dans le cœur du disciple.

Le 15 août 1931, le vénéré LALAJI meurt, il entre en état de « Maha Samadhi » : état d’absorption spirituelle, de libération, de vide, exempt de pensées et de conscience: c’est l’état divin, but suprême, la quête du Graal de tout adepte ou « abhyasi ».

 

Ce même jour, son disciple Ram Chandra se sent investi de la force du pouvoir suprême à l’intérieur et à l’extérieur de lui même. Son maître défunt avait fusionné en lui.

 

Les affaires de Ram Chandra, (dorénavant appelé BABUJI) vont bien, les disciples deviennent assez nombreux pour que le 31 mars 1945, il fonde la « SHRI RAM CHANDRA MISSION »1 destinée à rétablir le véritable Raja Yoga (yoga royal) par la voie naturelle : le Sahaj Marg.

 

Ainsi la voie naturelle et royale de ce yoga amène tout chercheur sincère à l’ultime réalité. C’est une complète réforme du yoga  hindouiste, « actualisé, épuré du superflu et de l’amalgame occulte et ésotérique dont il s’est chargé au cours de siècles », selon Ram Chandra. C’est une réduction du Raja Yoga à sa plus simple et plus pure expression: tout exercice physique, pratique occulte, rite et cérémonie ont été supprimés. Tout se passe dans la pensée. Pour cela  il est indispensable d’être dirigé par un « maître » patenté par la Mission S.C.R.M.

 

BABUJI meurt en 1983. A sa suite, un de ses disciples Shri Parthasarathi Rajagopalachari devient la nouvelle « Lumière » de la Mission et du Monde à laquelle il se dévoue depuis 1964. Il est le dirigeant actuel de la SCRM.

 

 

II/ La Shri Ram Chandra Mission (SCRM)

 

 

Rappels : 

Fondateur : LALAJI : Son nom et ses titres (grand maître, etc. …).

                                  : Samarth Guru Mahatma Shri Ram chandraji Maharaj 

Successeurs : BABUJI, puis RAJAGOPALA CHARI

 

Avantages comparatifs de la SCRM sur tous les autres cultes et yogas :

* Restauration de la pureté originelle et l’authenticité du Raja Yoga que l’hindouisme traditionnel a perdu, du fait de nombreux amalgames et déviations.

* En la personne du « Maître », Dieu est sur terre, tout puissant, il supplante tous les autres gourous et offre la voie de la libération la plus courte et la plus facile qui soit : « La voie naturelle ».

* Le SCRM est introducteur d’une nouvelle ère pour le monde.

 

La SCRM, à l'origine de la diffusion de l'enseignement du Sahaj Marg, a été classée comme mouvement sectaire de plus de 2 000 adhérents, dans le rapport parlementaire français « Les sectes en France » (1995). Mouvement de type hindouiste, son expansion date des années 70. Cela coïncide avec l'arrivée de Chari et le développement de la Mission vers l'occident. Le caractère le plus inquiétant de cette évolution est l'importance de la dépendance psychologique manifestée par les adeptes occidentaux envers leur maître. 

Si des ponctions financières sur les adeptes n'ont jamais été démontrées,  l'importance des investissements immobiliers réalisés par la Mission ces vingt dernières années trouve nécessairement son explication quelque part, même si elle nous échappe pour le moment.

Derrière des atours souvent très humanistes, la SCRM fait preuve de prosélytisme. Chari exercerait, selon certains témoignages, une pression psychologique  sur les précepteurs pour le progrès de la Mission. 

Un précepteur anglais rapporte son expérience et ses sentiments suite à un Séminaire à Manchester les 12 et 13 mars 1999 (C’est nous qui traduisons) : « Nous avons regardé le discours de Chariji du 1er Octobre 1996 en  vidéo, aux précepteurs  en Inde. Chariji y disait que les précepteurs ne travaillent pas assez et que leur manque de travail est une injure à  Babuji et à ses  projets… » G. Poulton - Natural Way (Automne 2000)

Chari, dans un discours à l'ashram de Mysore (Karnataka, Inde), le 16 février 2004, exhorte ses adeptes à se réveiller (C’est nous qui traduisons): « (…) La progression du Sahaj Marg au Karnataka a été très lente (…) car il y a une trop grande tendance à attendre chez soi que les choses arrivent toutes seules (…) Je connais beaucoup de familles où le père est un abhyasi, alors que sa femme et ses enfants ne le sont pas et que cette situation perdure depuis 20 ans. Si un homme n’est pas capable d’amener sa propre  femme à pratiquer le Sahaj Marg, qui sera capable de le faire ? Je sais que les épouses sont très difficiles à mener, mais c’est la nature féminine qui veut cela, et nous sommes ici justement pour changer la  nature en commençant par notre propre famille. » Même chose à Bangalore le 26 septembre suivant : « (…)Karnata est un grand état. Pourquoi ne progresse t-il pas ? (…)Parce que c’est un état endormi (…) si vous dormez, vous avez besoin d’être réveillés »

Enfin, les compétences professionnelles et autres de certains adeptes laissent envisager l’existence naturelle d’un réseau de sympathisants et de soutien qui peut prendre parfois les formes de pratiques thérapeutiques holistiques dont nous avons souvent exposé les dangers dans plusieurs bulletins du GEMPPI. Nos bulletins N°43 « Hamer et la psycho généalogie », N°54 « Kryeon », N°61 « Santé et emprises sectaires » et N°63 « La kinésiologie et Terre’Enfant », en sont des exemples.

 Tous sont repris dans l’ouvrage de Jacky Cordonnier « Sectes, religion, santé » Document GEMPPI 2005, 360 pages, 20 euros (+ 4     frais de port)

1/ Statistiques et implantation

Dans la Central Chronicle de Bhopal du 14 novembre 2003, journal indien sur le Net, on apprend que la SRCM aurait maintenant plus de 2000 précepteurs dans 78 pays. En 1995, elle comptait 1129 précepteurs pour 50 000 abhyasis dans 73 pays. Si elle est proportionnelle, cette hausse du nombre de précepteurs supposerait un effectif actuel de 85 à 90 000 abhyasis. Rappelons cependant que cette progression s'effectue essentiellement en Inde, les effectifs étant stables, voire à la baisse, dans le reste du monde.

D'après la SRCM, Lalaji a commencé à enseigner le Sahaj Marg dans le nord de l'Inde en 1895. A sa mort, il avait formé une dizaine de précepteurs et avait une centaine d'adeptes. Babuji a repris son enseignement vers 1945 et implanté la SRCM dans le sud de l'Inde. A sa mort en 1983, il y avait environ 180 précepteurs, presque tous en Inde.

En 1970, Chari devient secrétaire de la Mission, sous l'autorité de son maître Babuji. Les premiers abhyasis européens apparaissent en 1971, le premier centre extérieur à l'Inde ouvre à Nice en 1972. Cette même année, Chari entraîne Babuji dans un voyage en Europe et aux USA. Jusqu'en 2000, il ne cessera plus d'écumer l'occident. En 1995, Chari est à la tête de 1129 précepteurs (chefs et enseignants), dont plus de la moitié hors de l'Inde et de 50 000 abhyasis. En 1997, il en annonce 55 000 puis 75 000 en 2000. 

Mais depuis cette date, Chari renonce à la plupart de ses voyages hors de l'Inde et concentre ses efforts dans son propre pays. D'après lui, le nombre d'abhyasis indiens aurait été multiplié par trois en trois ans. En parallèle, on assisterait à une certaine stagnation en Occident. Toujours est-il qu'en 2004, la SRCM affirme compter 2 300 précepteurs et 200 000 abhyasis à travers le monde.

Hors de l'Inde, le taux de croissance serait à peu près de 5,5% en moyenne sur 10 ans, mais nul ces 5 dernières années. L'encadrement des abhyasis y est très élevé : un précepteur pour 10 à 15 adeptes (soit 10 fois plus qu'en Inde) et environ un centre pour 30. Ceci explique sans doute en partie la forte dépendance des abhyasis vis à vis du maître.

La France a été le pays qui comptait le plus d'abhyasis après l'Inde, avant d'être rattrapé puis dépassé par les Etats-Unis. La SRCM s'y est implantée dès 1972 avec l'ouverture du tout premier centre occidental à Nice. Une association loi 1901 a été créée en juin 86, alors qu'il y avait 600 abhyasis. Les effectifs ont continué de progresser (1 483 en janvier 94) jusqu'à la fin des années 90 pour approcher 2 500 et retomber brutalement à  1100 en 2003. Le taux d'encadrement n'a cessé de diminuer au cours de la phase de croissance, allant au delà d'un précepteur pour 15 abhyasis, pour chuter ensuite à moins d'un pour 10 actuellement.

Le nombre de centres a suivi la même évolution (40 en janvier 94, 57 en septembre 95, 177 en 2001 et seulement 39 fin 2004). L'ashram international d'Augerans, acheté en 1988, a été revendu en 2003. Restent trois ashrams régionaux : Montpellier acheté en 1991, Nice en 2001 et tout récemment Paris en 2004.

2/ La hiérarchie

 

On dénombre 5 grades :

1 Le Maître Suprême ou Master : Tout vient de lui, l’adepte doit lui vouer une obéissance absolue.

2 Senior Précepteur

2 Précepteur : Dirigeant Local ou Enseignant

4 Précepteur assistant (aspirant)

5 Abhyasi ou simple adepte.

 

3/ Exemple d’organisation en Provence

 

En plus des réunions hebdomadaires a lieu chaque mois une rencontre de tous les adeptes de la région. Cette manifestation mensuelle, se déroule en divers endroits de Provence, fixés en fonction des circonstances et des impératifs, par exemple : de manière à avantager équitablement les adeptes selon leur répartition géographique. Alternativement, Niçois, Toulonnais et Marseillais organisent ces réunions. Ceci permet aux adeptes des villes d’accueil d’inviter facilement leurs amis et connaissances, en donnant l’impression, par ce regroupement régional, que le mouvement est d’une importance et d’une vivacité considérables. Ceci permet aussi de créer un effet de groupe, propice pour générer de l’émotion et de l’émulation.

 

 

III/ COMMENTAIRES SUR LES INCIDENCES IDEOLOGIQUES

 

Selon l’Hindouisme et le Bouddhisme traditionnels, chaque être humain subit les conséquences des actions effectuées dans ses vies antérieures. Cette dette Karmique se règle au travers d’une multitude de réincarnations purgatives amenant à la libération. Cette libération est donc longue et difficile à acquérir, et demande à l’approche du but, une ascèse.

 

Par contre, selon la SCRM, un simple regard du Maître peut apporter la libération et la réalisation spirituelle. Ceci explique certainement le besoin des adeptes de rejoindre le gourou en Inde. Une seule vie d’obéissance totale et absolue au Maître de la S.C.R.M. coupe court au cycle infernal des réincarnations. Le plus frappant dans le système proposé par la S.C.R.M. est l’indigence doctrinale et philosophique entretenue chez les adeptes, sans rapport avec les systèmes religieux orientaux. La réflexion critique et l’autonomie de pensée sont idéologiquement étouffées dans ce mouvement qui prétend être révolutionnaire dans ses conceptions, mais qui en réalité, se résume à un commandement : « Sois éperdument obéissant au Maître, ne pense à rien d’autre ».

 

En fait c’est du déjà vu ; c’est un produit oriental, de « l’hindouisme facile », comme il en arrive en masse en Europe se proposant aux occidentaux avides de sensations fortes et transcendantes, de stimulations dans leur routine, de résultats immédiats ne compromettant pas le confort et le mode de vie matérialiste….

Ainsi, les religions orientales, souvent sélectives par leurs exigences spirituelles, sont exportées par des « marchands du temple », aplanissant toute difficulté et offrant un produit de masse très accessible, permettant d’obtenir une clientèle spirituelle très large.

 

Ainsi, le « Master » (Rajagopalachari) de la S.C.R.M. enseigne que 

« Dieu est simple et donc le chemin pour l’atteindre doit l’être également ».

 « Dieu est Dieu, qu’est ce que Dieu peut-être d’autre ? On ne peut connaître Dieu, mais on peut en faire l’expérience ». Ici, Dieu s’éprouve subjectivement grâce à l’obéissance absolue à un Maître. C’est simple, en effet.

 

1/ Des écrits… 

 

Dans ce dossier, nous nous inspirerons notamment des extraits de plusieurs sites Internet faisant la promotion de la SRCM et de son gourou

1) http://essence-euro.org/iasp/wulliem.html

2) : www.sahajmarg.org/languages/fr/smrti/education/articles/research/fr_res_art001.html

3) AIPS & Sahaj Marg : http://essence-euro.org/iasp/isr97-e.html

4) Un mélange d'EFT et de Sahaj Marg www.shruticounselingservices.com/ 

5) Et d’un ouvrage emblématique du mouvement : « Parthasarathi Rajagopalachari - Mon Maître », Editeur : Shri Ram Chandra Mission France, 1986, où l’infantilisation de l’adepte est mise en évidence dans les extraits que nous avons sélectionnés, ils sont précédés de leur page de référence (c’est nous qui soulignons en gras et ajoutons des commentaires en caractères gras et en italiques) 

 

La réflexion, l’intellect et la liberté personnelle sont des maux, seule l’obéissance au Maître est nécessaire  

 

P.42… « Même l’éducation n’est pas nécessaire, tout ce qui est essentiel pour réussir est contenu dans la bonne volonté de l’Abhyasi à accepter le Maître pour guide et à poursuivre le sentier inexorablement …. Ce concept de « bonne volonté »… tend vers la nécessité d’un abandon total au Maître. »

 

« …Comme Master l’a répété avec insistance : pour que le travail du Maître réussisse, l’abandon est nécessaire …. Quelle devrait être l’attitude idéale de l’ABHYASI ? Selon les propres mots de Master : « Il doit être tel un homme mort entre les mains d’un habilleur funéraire » c’est-à-dire que l’Abhyasi doit être tel un corps mort, exempt de désir personnel, d’opinions personnelles, et complètement  dénué de toute résistance. Un tel abhyasi est un matériau idéal car il n’offre aucune résistance d’aucune sorte, pas plus physique que mentale, aux pouvoirs spirituels du Maître. »

 

P.66 « …C’est pourquoi la destruction n’est ni bonne ni mauvaise en elle-même. Au delà des apparences, c’est le motif dont il faut tenir compte. Il ne doit y avoir dans l’esprit ni pensée destructive ni émotion. Cela est mauvais. Un soldat tue impersonnellement. Il ne connaît pas celui qu’il tue. Ses actes ne sont motivés ni par intérêt ni par haine personnelles. Il remplit tout simplement son devoir. »

 

« En spiritualité l’obéissance est de la plus haute importance. Quand une personne s’abandonne à un maître, cela signifie qu’elle le fait totalement sur tous les plans. Elle est devenue simplement un instrument entre les mains du Maître. Comment une telle personne peut-elle décider de ce qui est juste ou faux ?  Ici, seule l’obéissance est correcte. »

 

P.67 « …Dans le travail spirituel, il n’est question ni de préférence ni d’opinion personnelle. Et si la nature  réclame la destruction, il faut qu’elle s’exerce. Si un instrument s’émousse et devient inutile, l’artisan le jettera et en prendra un meilleur…. Ainsi l’obéissance est la vertu la plus élevée. Après tout, Master qui travaille pour la nature et met à l’exécution les ordres venus d’en haut, c’est ce qui doit être fait… »

 

P.98 « …Nous devons nous détacher de la connaissance et de l’intellect…. Elle a joué son rôle qui est maintenant révolu et le temps est venu pour elle de quitter la scène. C’est tout ! »

 

« Tout ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de volonté ; la volonté d’agir et d’obéir au Maître dans le moindre détail de son instruction. Pour ceux qui ont eu assez de chance pour parvenir à cet état élevé, le Maître n’est plus un guide pour la spiritualité seule. Il est maintenant devenu le Maître de notre vie dans tous les aspects de l’existence …. Il n’y a pas de rôle qu’il ne joue pas dans la vie de l’Abhyasi. Il a pris l’Abhyasi totalement en charge. »

 

« Nous obéissons tout simplement. La personne qui donne les ordres, en l’occurrence le Maître, assume l’entière responsabilité de tout ce que nous faisons. Nous ne sommes plus vulnérables au Monde. Alors un grand calme, une grande liberté nous envahit. En échange de la perte apparente de la liberté d’autrefois largement illusoire comme nous l’avons vu, nous recevons comme un don divin, la véritable liberté d’un état spirituel… »  P.131 « …Finalement une condition spirituelle des plus élevée est atteinte au moment où l’existence de l’aspirant est gouvernée dans sa totalité et motivée par la direction du Maître. C’est ici la position généralement acceptée dans le système du Sahaj Marg (voie naturelle). »

 

Voici une confusion entre la science et la croyance qui ressemble fort à une arnaque intellectuelle : la science, même à un haut niveau, est vérifiable, pas la croyance

 

P.43… « Dans la vie spirituelle nous demandons tout d’abord des preuves de l’existence de Dieu - Disons, la preuve de l’efficacité du système… Master dit que ceci est non seulement une fausse démarche mais de plus illogique. Il ajouta : « supposez que je veuille apporter une preuve, combien pourraient comprendre ? Supposez que vous demandiez à un scientifique de prouver certains concepts abstraits, combien peuvent comprendre ce qu’il prouve ? »…

 

Pauvres enfants d’adeptes, avec de telles croyances, leurs parents risquent de freiner leur désir d’apprendre, de poursuivre des études

 

P.98 « …Nous devons nous détacher de la connaissance et de l’intellect…. Elle a joué son rôle qui est maintenant révolu et le temps est venu pour elle de quitter la scène. C’est tout ! »

 

Voici introduite la dictature du gourou : Bonjour les robots !

 

P.95 « … Nous voyons alors que la liberté semble porter en elle les germes d’un désastre potentiel. » 

 

« …Toute la formation pour mener une personne au niveau de l’adepte, semble finalement culminer dans la transformation de cette personne en un être instinctivement et totalement obéissant, aux ordres du Maître. Lorsqu’une personne a progressé jusqu’à ce niveau, il n’y a pas de réflexion, pas de raisonnement. Lorsqu’un ordre est donné par le Maître, l’activité nécessaire l’exécute immédiatement, presque au niveau d’une action réflexe. »

 

P.97 « …Tout ce qui est maintenant nécessaire c’est une obéissance aveugle aux instructions du Maître. Ceci seul, garantira l’heureux aboutissement de la quête spirituelle, rapidement et sans danger. »

 

« Ceci aussi nous permet de comprendre pourquoi dans le Sahaj marg aucune qualification … n’est requise … la seule qualification … est celle de la bonne volonté à suivre le Maître avec obéissanceLa liberté…. Nous l’avons volontairement, de tout cœur avec dévotion, abandonnée au Maître de notre âme (Ram Chandra). »

 

Fort heureusement ce précieux ouvrage met en garde le lecteur contre les mauvais gourous ou les maîtres douteux, et ceci sur plusieurs pages.

 

Pourquoi les adeptes acceptent-ils cela ? Que cherchent-ils ? 

La fuite des exigences de la réalité : la famille, le travail… ?

 

Ce passage de « Mon Maître » (P.28) peut être un élément de réponse :

« Je me suis rendu à Shajahampur… et je séjournais avec Master. J’ai remarqué une chose en sa présence : pendant la durée de mon séjour, toute pensée ou tout souci concernant mon foyer ou ma famille s’évanouit au moment même où j’entre dans sa maison … toutes pensées concernant la maison, la famille, et en vérité le monde entier extérieur à l’Ashram, semblent quitter mon esprit, pour y revenir à nouveau, que lorsque je suis finalement ressorti de celui-ci. Cette absence totale de soucis, est une faveur, une bénédiction dont on n’a pas conscience tant que cela dure … (3 mois pour l’auteur)… La réception d’une lettre de chez moi me rendait soudainement conscient du fait que j’avais réellement un foyer quelque part … La Divine présence de Master …. Jouissant  d’une tranquillité qui est entièrement hors de ce monde »…

 

Mais qui est le Maître à qui nous il faut abandonner liberté, personnalité et âme ?

 

Seul le Maître de la Shri Ram Chandra Mission est en mesure d’apporter la libération définitive. Entre les mains d’un autre maître il faudrait encore d’autres existences pour arriver à la réalisation finale, qui de toute manière aboutirait au Maître de la S.R.C.M. Ainsi que nous pouvons le lire dans leur ouvrage de base « Mon Maître ».  P.118… « Si nous adoptons la bonne méthode sous la direction du Véritable Maître alors il n’est plus besoin d’autre vie … Une fois que vous trouverez le Maître et la méthode suivez-les sans relâcheLe succès est alors assuré ».

 

2/ Mode de vie des adeptes 

 

En dehors de l’aliénation totale au Maître, il n’y a pas de pratique très rigoureuse à la S.R.C.M. pas de vie ascétique. Une vie de modération en toutes choses est conseillée. Le végétarisme est préconisé. Une méditation d’une heure le matin et un cleaning (sorte de méditation purificatrice) de 20 minutes le soir suffisent, dans une pièce réservée à cet usage.

La méditation consiste à imaginer que notre cœur est un soleil, une lumière en expansion jusqu'à n’avoir plus de limite, être tout dans le Tout. Evidemment, cette nourriture spirituelle se substitue chez les adeptes à leur liberté de pensée et de choix, et leur tient lieu de structure morale.

Un abhyasi : «  Lorsque la sensibilité est éveillée, il y a un réajustement des habitudes incluant les habitudes alimentaires et comportementales. C'est un ajustement qui se fait en fonction de l'éveil de la sensibilité. »

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3/ La SCRM : un moyen de développement personnel et psychologique ?

Ces dernières années, les formations en développement personnel sont devenues très à la mode, y compris dans le monde du travail, où l'on exige toujours plus de l'individu qui a tendance à stresser. N'importe qui peut devenir formateur ou créer un centre de formation, il n'existe aucun diplôme obligatoire pour ce genre d'activités. Ainsi au sein de cabinets offrant des prestations thérapeutiques holistiques, d'instituts ou de centres de formation pour le développement du potentiel humain, nombre d’abhyasis exercent leurs talents spirituels sous les étiquettes les plus variées, ce qui est une forme de prosélytisme homéopathique, mais efficace.

Le virus des pratiques thérapeutiques holistiques étant déjà bien répandu sur notre territoire, des adeptes du Sahaj Marg, ou du gourou de la SRCM ont opéré une mutation en se plaçant sur ce créneau commercial directement ou sournoisement selon les cas. Les uns, subtilement ou directement, feront le lien entre leur gourou et leurs activités de psycho généalogiste, ostéopathe, reiki, kinésiologie, Gestalt-thérapie, thérapies holistiques etc.  (Thèmes développés dans les publications n°43, 49, 61, 63 du GEMPPI)

IV/ Un exemple de mutation de la SRCM : la psychiatrie spirituelle

Depuis longtemps, des adeptes psychiatres ont tenté de rationaliser le but suprême du Sahaj Marg au travers de leur discipline. On connaissait déjà le courant transpersonnel, voici maintenant la psychiatrie spirituelle. Donnons la parole au précepteur Ferdinand Wulliemier, l'un de leurs meilleurs représentants. Il se présente lui-même au cours d'un congrès sur la "Médecine du troisième millénaire" organisé par Stratégique (Conférence du 19/01/97 à Paris) : 

"Mon nom est Ferdinand Wulliemier, je suis établi comme psychiatre dans une pratique privée à Lausanne, j'enseigne à la faculté de médecine de Lausanne et également au Centre d'études de la famille, qui dépend du département de psychiatrie adulte. J'organise des séminaires et participe à cette conférence en tant que membre de l'AIPS [Association Internationale de Psychiatrie Spirituelle]. Je pratique la méditation depuis environ 12 ans et j'essaie d'intégrer ma pratique spirituelle dans ma vie quotidienne, entre autres professionnelle." 

Quand la psychothérapie mène à la méditation  Sahaj Marg 

Est-il déontologique pour un médecin de procéder ainsi avec des patients en situation de faiblesse?

Lors de cette conférence, il rapporte les résultats d'une étude qu'il a réalisée : « elle porte sur une population de 54 personnes, pendant une période de 8 ans, entre 1988 et 1996. Ces 54 personnes étaient des patients que j'ai suivi personnellement en tant que psychothérapeute et qui soit se sont mis à méditer ou méditaient déjà selon le système du Sahaj Marg yoga (...) on ne constate ni problème psychologique ni somatique notoire lorsque les personnes font une psychothérapie avant de se mettre à méditer. » 

"Quel est leur niveau évolutif, c'est-à-dire à quel niveau de fonctionnement psychologique peut-on les rattacher lorsqu'ils commencent à méditer ? Disons tout d'abord que selon cette estimation, presque un quart ont fait une psychothérapie avant de commencer une pratique spirituelle. Une bonne minorité d'entre eux, environ 30%, sont des personnes dites "peu structurées" : si je prends la classification psychiatrique usuelle on y inclura des personnalités borderline, borderline-névrotiques et borderline pré-psychotiques (...)". 

Les comportements scandaleux des gourous de sectes sont tout excusés. Rappelons-nous des accusations de viols, pédophilie, etc. dont ont été l’objet certains gourous. (Voir nos bulletins consacrés au Mandar’om et Sai Baba)

Ferdinand Wulliemier nous apprend que la voie spirituelle est ce qui peut exister de mieux pour l'humanité, que le comportement dépendant et naïf de l'aspirant spirituel n'est qu'une apparence trompeuse, de même que l'amoralité ou un comportement aberrant du Maître spirituel n'est rien d'autre que l'expression d'une sagesse qui nous échappe (extraits de "Notre évolution involutive ou l'invertendo de notre croissance" - IASP, Vol.3, 1995). 

"Aux stades transpersonnels, l'observateur sera quelquefois choqué par certains comportements d'un Saint ou d'un Maître spirituel, qui peuvent paraître à nouveau amoraux, et donc correspondre à une régression psychologique. Or à ce stade, il s'agit en fait de transmoralité, qui bien entendu, repose sur une moralité impeccable : le Maître incarné peut être amené délibérément (et non pas pulsionnellement) à se mettre en colère, à faire quelque chose d'incongru, d'impoli, voire même de destructeur : comportements inattendus, apparemment aberrants, dont la nécessité ou la sagesse ne nous apparaissent souvent que (bien) plus tard." 

Ci-dessous, l’infantilisation des adeptes, soulignée plus haut, est justifiée par un psychiatre

"Lorsque nous avons atteint le stade de développement appelé existentiel ou "centaurique" (...), alors ce qui est appelé ici "évolution involutive" a déjà commencé à se manifester. (...) Il permet d'envisager dans de bonnes conditions une croissance à proprement parlé spirituelle (…). A première vue, l'observateur pourrait donc penser qu'il s'agit d'un être dépendant, naïf, incapable de dire non. S'il connaissait cette personne avant sa transition réussie vers un état transpersonnel, il pourrait en conclure qu'il y a eu régression à un mode de fonctionnement infantile. Nous savons qu'il n'en est rien puisqu'il s'agit d'une pseudo-régression, d'une évolution involutive du moi séparateur, permettant à cet être spiritualisé de se vivre non-séparé, de vivre la véritable fraternité (...)." 

Toute la logique sectaire est ainsi psychologiquement justifiée, depuis la "régression à un mode de fonctionnement infantile" des abhyasis jusqu'aux pires agissements du Maître... 

Témoignages

Les témoignages suivants, parus dans la presse, ont attiré notre attention. Sont-ils l’expression de constantes comportementales ou de cas particuliers ?  (C’est nous qui soulignons)

« Ces deux femmes et cet homme se sont connus à Shri Ram Chandra Mission, à Montpellier. A eux trois, ils ont passé 25 ans dans cette secte hindouiste », relate Sarah Finger, dans la Gazette de Montpellier (N°522-Avril 98) 

Aline, acupunctrice, est rentrée en 1987 : « Déstabilisée par un divorce, j'ai rejoint leur groupe de méditation. J'ai commencé à travailler régulièrement pour eux. Ils me culpabilisaient, ont essayé de me séparer de mon nouveau compagnon. Un jour, ils ont condamné les psychothérapies autres que celles qu'ils prônaient. Là,  j'ai réagi, étant moi-même thérapeute. »

Elodie n'est pas rentrée dans la secte par le même biais : « Je souhaitais apprendre une technique particulière de respiration, et je me suis inscrite à un stage que proposait un psychothérapeute. J'ignorais qu'il appartenait à cette secte. Ce stage était épuisant. Lors des séances de respiration, nous inspirions et expirions très fort durant plus de 4 heures, sur une musique assourdissante. Le but de cette hyperventilation était de "sortir de soi", de parvenir à un "état de conscience modifié". Nous étions en transe, prêts à tout gober ; nous dormions très peu. Certains ont perdu trois kilos en un week-end. Nous avions signé un chèque de caution de 1 400 F qui était débité si nous partions sans nous justifier devant le groupe… »

Le psychothérapeute allait bientôt pousser Elodie dans la Shri Ram Chandra Mission grâce à une savante manipulation : « Il m'a dit que si je voulais devenir psychothérapeute, il était indispensable de suivre parallèlement une voie spirituelle. Cette voie était bien sûr celle de la mission. » 

Les psychothérapeutes membres de Shri Ram Chandra ramenaient les clients de leur cabinet libéral dans la secte, confirme Jean : " Ces psychothérapeutes avaient du pouvoir au sein de la Mission, car ils étaient censés posséder une double compétence, dans le domaine des soins et de la spiritualité. » 

Pour Elodie, l'expérience fut catastrophique : « Après deux ans, j'étais dans un état suicidaire, on m'a répondu que c'était normal. L'objectif était, en effet, de devenir un mort-vivant. »

Prosélytisme psychiatrique ou pas, la Shri Ram Chandra Mission recrute allègrement parmi les personnes psychologiquement fragiles. A tel point que Chari lui-même s'en est ému : « (...) nos précepteurs doivent être très prudents quand ils admettent de nouveaux abhyasis, afin de veiller à ne pas avoir ici des gens qui ne peuvent être aidés. Je fais tout spécialement allusion aux personnes qui ont des problèmes mentaux, et qui ont subi une thérapie dans des hôpitaux ou cabinets psychiatriques. Les cas de ce genre sont de plus en plus fréquents (...) » (Discours du 31/12/92).

Les confessions écrites adressées au gourou divin

Ekstra Bladet - Lundi 13 septembre 2004  (Traduit du danois par Cyril Malka - www.etsectera.org) Le journaliste d'Ekstra Bladet a, sous couverture, fait un tour dans le quartier général de la secte Shri Ram Chandra Mission au Danmark à Vrads Sande.  - « Je dois focaliser sur la « lumière divine dans le coeur », disent-ils, pendant que moi, les yeux fermés, assis en tailleur et recouvert d'une couverture, je commence à m'ennuyer sérieusement. Lene, mon guide spirituel vers les voies divines, est assise en face de moi. Je suis sa nouvelle recrue spirituelle… Je me suis inscrit au séminaire « retreat » (retraite). Ce qui veut dire que je dois me replier sur moi-même, écrire des kilomètres de journal personnel et méditer plusieurs heures par jour…Après trente minutes, je ne suis toujours pas illuminé. Plutôt le contraire. Lene m'interroge régulièrement et me demande si je ressens le Maître et ce à quoi je pense…Lorsque j'exprime un certain scepticisme vis-à-vis des aptitudes du Maître à projeter sa lumière divine, on m'envoie rapidement regarder une vidéo de la secte. Le film présente un grand séminaire. On peut y voir plusieurs milliers d'adeptes venus de toute l'Europe se rencontrer à Vrads. Le Maître est là. Ses adeptes, fidèles comme des petits chiens, le suivent constamment, où qu'il aille. Même lorsqu'il dort ou travaille, ses adeptes s'assoient alors sur l'herbe près de ses appartements, afin d'être proches de leur maître. - Il vous faut écrire votre état et vos progrès mentaux, explique George au groupe du soir. Ce soir, on apprend comment écrire son journal. Tout élève abhyasi obéissant doit, au moins une fois par mois, envoyer son journal, qui contient son développement mental, au Maître. Très souvent, l'élève reçoit une réponse personnelle écrite par le Maître. Et personne ne s'étonne des facultés fantastiques du Maître. Celui-ci peut lire tout cela, le traduire, et écrire une réponse à la machine bien que la secte compte quand même quelques 200 000 adhérents dans le monde. Cela veut dire que le Maître doit lire quelques 6 700 lettres par jour afin de pouvoir être à jour. » 

Autre exemple de l’investissement des adeptes dans les secteurs de la santé et de la psychothérapie

Ci-dessous, extraits de l’exposé d’un psychiatre adepte de la secte

« Notre évolution évolutive ou l'invertendo de notre croissance » Auteur : Ferdinand Wulliemier (saisi sur le site Internet le 23.03.05)

Sahaj Marg Spirituality Foundation (2004). "Shri Ram Chandra Mission", "SRCM"

www.sahajmarg.org/languages/fr/smrti/education/articles/research/fr_res_art001.html

L’art de prendre scientifiquement les gens pour des imbéciles ou la manipulation des mots et des esprits

« Si l'on se réfère aux travaux de K. Wilber et de P. Weil, qui nous ont offert une description synthétique et hiérarchique des étapes d'un développement humain allant bien au-delà de l'organisation oedipienne du stade génital longtemps considérée comme la norme insurpassable ou le nec plus ultra de notre croissance psycho-affective, on peut raisonnablement considérer le niveau "existentiel-dialectique" ou stade "centaurique" comme un stade-carrefour, à partir duquel une transition est possible vers ce qui a été appelé les "états transpersonnels" ou le champ spirituel… Pour ce faire il s'agit de traverser ce qui a été appelé "zone transpersonnelle" ou parapsychologique ; puis l'aspirant continue sa route, qui peut le mener jusqu'aux stades de la libération, de la réalisation divine, voire même de la fusion avec l'Ultime ou Layavastha... Dans les descriptions des nombreux états spirituels et trans-spirituels intermédiaires qu'il a traversés, Shri Ram Chandra utilise un principe général appelé invertendo pour rendre compte de l'inversion des qualités d'une "région" par rapport à la suivante…. L'expérience montre que l'homme ne peut alors faire autrement que sentir à quel point il est en fait relié, partie intégrante de cette trame insaisissable et infinie, à la fois dans et hors de l'espace-temps. Cette ouverture du champ de sa conscience peut naturellement prendre différentes formes, ou plutôt être formulée de diverses manières : soit il n'est plus rien qu'une conscience sans limite dans un espace infini; soit il se sent tout contenir, être devenu cet univers entier ; soit encore il reconnaît la nature essentielle, ou "son Maître" en chaque être rencontré, en chaque particule de manifestation, dont il n'est plus séparé. »

La suite du discours du psychiatre adepte n’est qu’une justification  « scientifique » de l’abrutissement et la soumission des abhyasis, préconisée dans le livre de référence de la secte (Voir « Mon Maître » plus haut)

« Le résultat accompli d'une telle transformation est généralement qu'un tel être attire ses semblables comme le miel (Nous distinguons ici des visées de prosélytisme) attire les insectes et qu'il se laisse consommer ou consumer de bonne grâce : on le voit alors le plus souvent entouré, disponible presque jour et nuit. A première vue, l'observateur pourrait donc penser qu'il s'agit d'un être dépendant, naïf, incapable de dire non. S'il connaissait cette personne avant sa transition réussie vers un état transpersonnel, il pourrait en conclure qu'il y a eu régression à un mode de fonctionnement infantile. Nous savons qu'il n'en est rien puisqu'il s'agit d'une pseudo-régression, d'une évolution involutive du moi séparateur, permettant à cet être spiritualisé de se vivre non-séparé, de vivre la véritable fraternité (la fraternité hors du groupe sectaire est donc considérée fausse), où sa bakhti lui fait voir le divin ou son Maître en chacun de ses prochains, en chaque être de la manifestation … Aux stades tranpersonnels, l'observateur sera quelquefois choqué par certains comportements d'un Saint ou d'un Maître spirituel, qui peuvent paraître à nouveau amoraux, et donc correspondre à une régression psychologique. Or à ce stade, il s'agit en fait de transmoralité, qui bien entendu, repose sur une moralité impeccable : le Maître incarné peut être amené délibérément (et non pas pulsionnellement) à se mettre en colère, à faire quelque chose d'incongru, d'impoli, voire même de destructeur : comportements inattendus, apparemment aberrants, dont la nécessité ou la sagesse ne nous apparaissent souvent que (bien) plus tard. La littérature spirituelle fourmille de tels exemples lorsqu'elle décrit la relation Maître-disciple. .. Pour compléter le tableau, prenons l'exemple de notre développement cognitif ou de la connaissance humaine : pour qualifier le fonctionnement du petit enfant (au stade prépersonnel), on parle volontiers d’ignorance, le savoir étant apparemment quasi nul. Puis l'enfant, l'adolescent et l'adulte acquièrent des connaissances intellectuelles, connaissances qu'ils considèrent comme leur appartenant, jusqu'à devenir quelquefois de véritables érudits. Au stade transpersonnel, on constatera une nouvelle inversion, puisque l'être humain semble de moins en moins s'appuyer sur des connaissances accumulées et stockées dans sa mémoire, et de plus en plus sur une connaissance de type intuitif, beaucoup plus immédiate, dont il ne s'attribue plus le mérite, puisqu'il la ressent comme universelle, à portée de main. Cette facilité d'accès peut aller jusqu'à la " connaissance directe" du Saint, capable d'enregistrer les "shruti" (messages divins). Il réacquiert donc une sorte d'état d'ignorance ou d'innocence, où les informations ne lui sont révélées qu'en raison de sa condition de pureté et de son état d'abandon : il est apparemment ignorant dans le sens où il ne sait rien par lui-même, les choses lui étant simplement accessibles de par son ouverture totale et son extrême vigilance de tous les instants. .. - La naïveté affective du petit enfant évolue vers une certaine forme de lucidité rationnelle au stade personnel, qui aboutit au stade transpersonnel à une pseudo-naïveté ou innocence due à une attitude d'abandon totale envers le Maître intérieur. 

- Dans le même ordre d'idée, on peut donner la séquence comprenant la confiance naïve et innocente du petit enfant qui évolue en prudence et circonspection chez l'adulte, pour redevenir confiance absolue, qui n'est pas une foi aveugle mais au contraire une " foi illuminante " ("enlighted faith") selon l'expression de Shri P. Rajagopalachari. »  

Bouleversements psychologiques pouvant avoir de graves incidences sur la personnalité de l’adepte

« La personnalité elle-même subit les mêmes inversions: d’indifférenciée chez le tout petit, elle subit à la phase dite "personnelle", un développement progressif aboutissant à la self-actualisation, ou différenciation du soi, ou individuation, c'est-à-dire à l'affirmation de cette personnalité. Celle-ci se réindifférencie ensuite à la phase transpersonnelle. C'est ce que je propose d'appeler " impersonnalisation" pour différencier ce phénomène évolutif de la pathologique dépersonnalisation. La langue anglaise permet de bien rendre compte de ce processus par 2 fois inversé, selon les mots de Shri P. Rajagopalachari : "In this unbecoming process, we become childlike but not childish, Self like but not selfish, centered to the Self but not selfcentered". (Dans ce processus d'"in-devenir", nous devenons comme des enfants mais pas infantiles, semblables au Soi mais pas égoïstes, centrés sur le Soi mais pas autocentrés). 

« Nous espérons que cette rapide description aidera l'esprit rationnel à ajouter crédit à la possibilité d'un au-delà de son propre niveau intermédiaire de fonctionnement, et qu'elle permettra à l'aspirant spirituel de se reconnaître dans son expérience tranpersonnelle (ou mystique ou cosmique) et d'en préciser un peu mieux le cadre, si ce n'est le contenu. »

« … Il y a des gens …qui présentent des problèmes psychologiques après quelques mois de pratique et jusqu'à deux ans, ce qui peut aussi les inciter à renoncer à la méditation, ou à souffrir plus ou moins silencieusement, ou encore à demander de l'aide psychothérapique. Pourquoi ces troubles surviennent-ils chez certaines personnes? Parce que la méditation a un effet "dé-répressif"…Des ennuis plus tardifs peuvent également survenir, en général quand nous ne voulons pas "lâcher" certaines fixations. Ceci arrive chez des gens qui méditent depuis déjà assez longtemps, qui peuvent tenter de se cacher leur(s) problème(s) résiduel(s) d'ordre psychologique par des décodages spirituels utilisés défensivement, davantage en accord avec leur aura et leur identité de personnes en chemin spirituel. …Au début, mieux vaut donc éviter certains malentendus avec les personnes qui se préparent à un chemin spirituel. Si je viens méditer pour acquérir certains pouvoirs (sidhis), et que la méthode visée n'offre pas cela, mieux vaut le faire savoir tout de suite. Par exemple, je ne vais pas conseiller, en temps que thérapeute, le même type de méditation ou de pratique spirituelle à quelqu'un qui cherche le bien-être, qu'à celui qui recherche la fusion avec l'Ultime, phénomène appelé laya avasta dans la Tradition indienne. »

« Nous savons que malheureusement la plupart des êtres humains resteront crochés à ce stade, ou plutôt y régresseront et s'y fixeront plus ou moins massivement pour ne plus en sortir : stade de normalité statistique de notre civilisation contemporaine appelée "normose" par Jacques Vigne. »

Ce rejet de la normalité sociale et psychlogique au profit de l’obnubilation de l’adepte envers le gourou est un vecteur de marginalisation et d’isolement. Ceci amène très certainement l’abhyasi à ne rechercher que la compagnie des autres adeptes, seuls en phase avec son « anormalité » (sauf pour le prosélytisme).

Endoctrinement progressif

« La méthode Sahaj Marg consiste en une méditation sur le coeur, sur la lumière divine dans le coeur, autrement dit sur la "rien-té" ou "nothingness". Cette méthode comporte aussi une pratique de nettoyage des impressions et des samskaras, une prière-méditation, et pour lier le tout, la souvenance continuelle (appelée "souvenir constant"), d'abord occasionnelle, puis fréquente, puis de plus en plus fréquente, du Maître intérieur, de la présence du Maître intérieur, jusqu'à ce que cette présence divine devienne permanente. »  

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