Témoins de Jéhovah
La stratégie du désert

(Source : BULLES du 3ème trimestre 1995)

 


Comment devient-on TJ ?

Le premier contact peut venir d'un ami, d'un parent qui vous entraîne ... mais la majorité des TJ recrutés en France ont été victimes du porte-à-porte. Si la proposition de mieux connaître la Bible vous intéresse, si la série des catastrophes actuelles et la perspective de catastrophes plus graves et peut-être imminentes vous impressionne, si l'espoir de trouver dans la Bible le remède à ces maux vous séduit ... l'hameçon est planté. En 7 étapes, vous serez conduit au baptême qui vous intègre définitivement à l'Association des Témoins de Jéhovah.

 Deux Témoins viennent chaque semaine pendant 2 heures étudier la Bible avec vous, munis de la "Traduction du Monde Nouveau" (version jéhoviste de la Bible) et d'un manuel édité par leurs soins. Dans ce manuel, truffé de citations bibliques que l'on ne contrôle pas, chaque paragraphe étudié contient la réponse aux questions posées au bas des pages. Peut-être votre famille (conjoint, parents) est-elle d'accord avec cette formation: tout ira bien. Sinon, averti d'une hostilité probable de ceux qui n'aiment pas Dieu, vous avez à vous fortifier contre leurs attaques, à dissimuler, ... au besoin déjà il faut rompre.

 La deuxième étape incite à une meilleure connaissance de la Communauté, et à vous introduire aux réunions publiques du dimanche matin à la salle du Royaume. Un accueil chaleureux, fraternel vous séduit d'emblée. La réunion commence par un exposé sur l'ensemble de l'Association, suivi d'une heure d'étude de "La Tour de Garde ". Reprenant la méthode qui a déjà fait ses preuves, lecture d'un texte ... questions - réponses sans contestation ni éclairage supplémentaire.

 Dès lors convaincu que seuls les TJ détiennent la vérité, que seuls ils seront sauvés du "Monde de Satan", il faut agir en conséquence : "sortir de Babylone la Grande", s'imposer un nouveau style de vie, rompre avec son Église d'origine (par exemple un catholique doit demander sa radiation des registres officiels de Baptême) et manifester cette rupture en refusant d'entrer dans quelque lieu de culte que soit, fût-ce pour l'enterrement de son père.

 D'adepte vous devenez prosélyte ... alors commence le porte-à-porte: accompagné d'un(e) ancien(ne) qui vous apprendra comment entamer un dialogue, comment placer les revues "Réveillez-vous" et "La Tour de Garde", s'il se peut livres et cassettes, et vous aidera à rédiger votre rapport mensuel d'activité : nombre d'heures de visites, de revues vendues...

 Expérience fatigante, souvent difficile, qui vous accule à poursuivre votre formation. Pour ce faire il existe l'École Théocratique, une heure supplémentaire par semaine, vrai cours de marketing comprenant devoirs, exercices, corrigés et commentés en public. Ils feront de vous un parfait "démarcheur" pour prêcher le Royaume ... et cela vous vaudra une heure supplémentaire de présence: "la réunion de service" qui précise les directives de l'Association.

 Il y a mieux encore: comment refuser "L'étude du Livre" (un de ceux édités par l'Association) qui a lieu chaque semaine, en groupe, chez un TJ ?

 Ce parcours du combattant a manifesté votre zèle et la solidité de vos convictions. Les anciens vont vous imposer une dernière épreuve: cent questions. C'est la qualité de vos réponses qui décidera de votre admission au Baptême. Celui-ci se fera par immersion dans le cadre d'un grand rassemblement festif et vous serez embrigadés, corps et âme, dans l'Association des Témoins de Jéhovah.


Comment y vit-on ?

C'est une vie complètement "enfermée", nous dit une ancienne adepte. Car cette vie est aussi totalement "occupée". Jusqu'au baptême, les réunions publiques du dimanche, les études bibliques en petits groupes en semaine, le travail personnel envahissent le temps ... et l'esprit. Qui n'a repéré, dans une gare, un train ou un bus, un Témoin penché sur un questionnaire dont il recherche les réponses en feuilletant "La Tour de Garde" ?

 Mais le plus contraignant, ce sont les heures de "porte à porte". De douze heures par mois, obligatoires, suivies d'un rapport sur les personnes contactées, on passe à 150 heures pour les pionniers. A ceux-ci incombe encore la préparation des réunions, des conférences.

 Vie de famille exemplaire, disent les Témoins. Dans le meilleur ... ou le plus triste des cas, si toute la famille est jéhoviste, il s'agit d'un monde clos, d'une famille repliée sur elle même dans laquelle ne pénètre aucun rayon de lumière, aucun souffle qui viendrait du dehors, ni par le chant (pas même la Marseillaise !) ni par la musique, ni par le jeu, ni par la danse. La réaction du jeune garçon qui témoignait récemment à l'émission "Bas les Masques" était typique : ne pouvoir rien voir, rien faire ..., "j'étouffais".

 Dans ce bastion moral, psychologique, les TJ sont-ils heureux ? Pourquoi pas, tant que la conviction d'être dans l'unique droit chemin, l'attente d'Harmaguédon, le zèle du prosélyte, la pression d'un horaire surchargé évitent toute confrontation avec l'extérieur, toute possibilité et même toute velléité d'exercer son sens critique ... Sécurité du milieu sectaire qui, pour les TJ, n'a que deux portes de sortie: Harmaguédon ... ou l'exclusion !


Les problèmes médicaux

Les Témoins de Jéhovah sont les seuls, parmi tous les croyants qui affirment se référer à la Bible, à interpréter certains versets comme des interdits absolus d'avoir recours à la transfusion sanguine. Cette allégation d'interdit relève du fondamentalisme, selon l'ensemble des exégètes, c'est à dire qu'on s'en tient au pied de la lettre, comme si l'on continuait à enseigner la création en six jours en ignorant l'expression symbolique.

 La pratique de transfusions sanguines exposerait les TJ contrevenants à l'exclusion, ce qui, selon la doctrine jéhoviste, est la peine maximale car elle signifie la mort dans des conditions affreuses lors la proche bataille d'Harmaguédon.

Un spectre de comportements.

Les médecins transfuseurs observent en fait tout un spectre de comportements de la part des adeptes. Certains se montrent absolument rigides: refus frontal, aucune concession quelque fatal que puisse être l'enjeu. À l'autre extrémité, on trouve des modérés, qui, devant l'urgence ou la nécessité, expriment leur confiance au médecin lui disant de faire ce qu'il faut. Certains encore tolèrent l'auto-transfusion, c'est-à-dire la prise échelonnée de deux ou trois poches de leur propre sang mis en réserve pou: le cas où... D'autres encore acceptent un prélèvement juste avant l'incision. Après celle-ci on maintient la masse circulante en usant de certains substituts ; ainsi les pertes sont de sang dilué et l'on peut restituer au patient de son sang complet en fil d'intervention.

 Pour les opérations à coeur ouvert, le temps n'est plus où l'appareil d'oxygénation sanguine extra-corporelle nécessitait jusqu'à 15 litres de sang. Maintenant bien peu suffit pour amorcer la pompe; pourtant un TJ, candidat à une opération cardiaque vitale pour lui, l'a refusée au prétexte que cela aurait équivalu à un acte d'anthropophagie. C'est ce qu'auraient prononcé les Anciens de sa congrégation.

 Plus inquiétant encore: une consultante, nullement jéhoviste, s'est présentée dans uni bonne clinique parisienne, lorsque, employant le discours propre aux TJ, l'anesthésiste a tenté de la persuader de refuser même l'auto-transfusion. N'oublions pas que l'organisation des TJ a mis à la disposition de ses adeptes une liste de 1.800 praticiens français indiqués comme coopérants, ce qui n'a pas été du goût du Conseil de l'Ordre.

Les TJ pavoisent.

Actuellement l'organisation des TJ se glorifie, prétendant que son refus de transfusion sanguine a épargné bien des cas de Sida et d'hépatite B ou C, ... Dans le même temps faudrait-il oublier les morts par refus de transfusion ? Le nombre de morts d'enfants de TJ serait pire sans l'attitude prise en leur faveur par les médecins pour qui prime li code de déontologie : un jugement en référé est requis d'urgence et la transfusion es pratiquée si elle est vitale. Pour les adultes, malheureusement, force est de s'incline devant leur choix, même si l'on a la conviction que la victime est manipulée.

 Singulière contradiction : les TJ pour qui l'usage de composants du plasma sanguin est impensable, ont une certaine latitude concernant l'injection d'extraits de celui-ci (immuno-globulines procurant une immunité momentanée à des personnes non vaccinées, globulines nécessaires dans certains états d'immuno-déficiences, fibrinogène ou encore Facteur VIII). Ces produits, dont le dernier notamment sauve la vie aux hémophiles, ne se présentent pas en effet sous l'aspect de liquides rouges, mais de poudres blanches solubles dans l'eau.

 Il faut croire tout de même que le Béthel, à Brooklyn, a trouvé opportun de ne pas condamner à mort délibérément les frères hémophiles. L'incohérence saute aux yeux avec cette entorse à de prétendus interdits bibliques. L'avantage semble être double pour le Béthel: se donner un brevet d'humanité et procurer une impression de libre choix personnel.

 Cette incohérence n'est pas la seule car l'interdit de la transfusion n'a pas toujours existé ; elle remonte au début des années trente dans cette secte multinationale ; c'est même un bel exemple de versatilité doctrinale, comme l'a justement souligné le psychanalyste danois Cyril Malka qui a soigné de nombreux TJ ou ex-TJ (Kristelig Dagblad, 1993).

Autre prétention.

L'organisation des TJ se vante volontiers d'avoir contribué financièrement à la découverte de produits de substitution au sang, qui seraient actuellement disponibles. La recherche ne l'a pas attendue. Actuellement le prix d'une poche de sang est d'environ 600 F; quand celui-ci atteindra 1 000 F, la recherche sur les fluides transporteurs d'oxygène s'intensifiera. Ces fluides font régulièrement l'objet d'articles dans les revues de transfusion. Nul doute qu'ils soient à l'horizon et que l'on surmontera l'obstacle actuel, car, n'en déplaise au Béthel, la toxicité pour le rein des macro-molécules comme celles de fluorocarbones entrave encore leur emploi. Il n'y a donc pas lieu de crier victoire. De plus, le transport d'oxygène n'est qu'une des fonctions du sang.

 Voici tout un ensemble de raisons pour être extrêmement surpris de trouver un article, favorable aux thèses jéhovistes sur le sang, publié dans un organe quasi-officiel comme la Gazette du Palais (11 - 12 janvier 1995) sous la plume d'un magistrat en exercice.

  

Le Service National

Les T-J- refusent de porter les armes et donc d'effectuer un service militaire. Mais ils refusent également toutes formes de services civils et ne veulent même pas demander le statut d'objecteur de conscience. Ils se présentent donc docilement à la convocation de l'Autorité militaire qui, devant leur attitude, doit les déclarer "insoumis". Ils passent alors en jugement et sont condamnés à des peines de prison jamais inférieures à douze mois. La prison, pour ces détenus modèles, comporte de nombreux privilèges, tels que, lieux de culte et horaires aménagés pour recevoir la visite et l'enseignement des Anciens, fonctions diverses dans ou hors enceinte pénitentiaire, etc. Telle était du moins la situation jusqu'au début de l'année 1995.

 Et puis, le Consistoire s'est aperçu que cette attitude rigide imposée aux jeunes Témoins comportait au moins un grave inconvénient: celui d'interdire par la suite, du fait de leur condamnation, l'accès de ces jeunes gens à la haute fonction publique, privant ainsi l'Organisation des TJ d'un important moyen d'influence. De son côté l'Autorité militaire, harcelée par des organisations se réclamant des Droits de l'Homme pour porter le délit d'insoumission sur le terrain du respect d'une "conviction religieuse", et soucieuse de ne pas encombrer les prisons, acceptait de négocier avec le Consistoire.

 Depuis le 15 février 1995, les TJ triomphent sans beaucoup de retenue. En effet, sans grand souci de la loi qui régit le statut d'objecteur de conscience, l'Administration a accepté d'accorder automatiquement ce statut à tout jeune TJ, faisant officiellement état de son appartenance à la secte, lui évitant d'avoir à demander expressément ce statut. Curieusement, la dite Administration, qui fait donc litière de la neutralité constitutionnelle de l'État face aux opinions religieuses en tenant compte de celles-ci pour les TJ, au moment de leur incorporation, retrouve sa vertu lorsque le jeune Témoin est confié au Bureau des Affaires Sociales chargé de la gestion des objecteurs de conscience. En effet ce Bureau n'a pas le droit de connaître son appartenance aux Témoins de Jéhovah, et encore moins d'en tenir compte pour son affectation.

 Il ne s'agirait encore que d'un accord verbal, mais qui est bel et bien entré en vigueur en février 1995, et dont on ne peut que s'interroger sur l'a validité et s'inquiéter de la brèche ouverte dans l'un des fondements même du civisme des jeunes français.

  

Les TJ face au reste du monde

Les TJ décident eux-mêmes de ne pas faire partie du monde. Que refusent-ils de ce monde ?

Les participations aux fêtes.

La plupart des fêtes, religieuses ou profanes, ont une origine païenne, hommage à des divinités babyloniennes, grecques, ou romaines. C'est le prétexte qu'invoquent les Témoins de Jéhovah pour ne participer à aucune d'entre elles :

 Le jour de l'an. Les Témoins ne doivent en aucun cas présenter leurs voeux. Pas de réjouissances, le changement d'année passe inaperçu.

 L'Epiphanie. Pas de joyeuses et amicales réunions autour de la traditionnelle Galette des Rois.

 Mardi gras. Pas de carnaval, et pas question de faire sauter les crêpes.

 Le premier avril. Il ne vous accrochera pas de " poisson d'avril " dans le dos. Cette coutume amusante qui provient du paganisme est interdite chez les TJ, même à leurs enfants.

 Pâques. C'est la mort du Christ qui est primordiale à leurs yeux, la Résurrection est passée sous silence. Et bien sûr pour les enfants, pas de cloches ni d'oeufs à chercher dans le jardin.

 L'Ascension et la Pentecôte. Les Témoins de Jéhovah ne nient pas l'existence de ces événements, mais ne trouvent pas nécessaire de les fêter.

 Le 1er Mai. Ne pas offrir de muguet.

 Le 8 mai, le 14 juillet, et le 11 novembre. La Patrie ne doit pas être honorée. Il est interdit aux enfants d'apprendre ou de chanter l'Hymne National ou autres chants patriotiques.

 Fête des mères et fête des pères. A l'école, les enfants de Témoins de Jéhovah sont déjà obligés de se mettre en "Dehors du Monde", en refusant de confectionner un cadeau, ou d'apprendre un poème pour leurs parents.

 15 août. Ils ne doivent pas prier Marie et encore moins la glorifier. Pour exaucer leurs prières, seul Jésus sert d'intermédiaire entre les humains et Jéhovah.

 La Toussaint. Ils ne doivent pas honorer les morts ni prier pour eux. Après la mort, plus rien ne subsiste.

 Noël. Cette grande fête familiale est rejetée par les Témoins de Jéhovah. Pas de sapin, pas de crèche, pour les enfants, aucun jouet, c'est un jour comme les autre. Avant Jésus-Christ, les païens fêtaient le jour renaissant, au solstice d'hiver.

 Les anniversaires. Deux raisons sont émises par les Témoins de Jéhovah pour ne pas fêter les anniversaires : Deux sont relatés dans la Bible, ils se sont terminés par un bain de sang. Les humains ne doivent pas être honorés comme il a été mentionné plus haut, même l'anniversaire de Jésus n'est pas fêté. Les enfants de Témoins de Jéhovah sont là aussi privés de cadeaux, ils n'ont pas la joie de souffler les bougies de leur gâteau d'anniversaire. Ils n'ont pas le droit de partager cet événement joyeux avec leurs camarades.

Les relations avec les autres

A votre santé ! Cette expression est exclue chez les Témoins de Jéhovah. Ils ne trinquent pas. Après un éternuement, ne vous attendez pas à ce qu'un Témoin de Jéhovah vous dise: "A vos souhaits". Ces deux rites païens servaient à éloigner les mauvais esprits qui risquaient de se trouver aux alentours. Les Témoins de Jéhovah doivent privilégier les relations avec leurs "frères et soeurs spirituels", tout en évitant même ceux qui sont faibles spirituellement. Ils ne doivent en aucun cas, ni parler, ni saluer des personnes qui se sont retirées ou qui ont été exclues de l'organisation des Témoins de Jéhovah. En période de catastrophe ou de famine, les Témoins de Jéhovah mettent tout en oeuvre pour aider "leurs frères et soeurs", ils aident aussi parfois les gens du "Monde", en espérant que, par leur témoignage, ces personnes s'intéresseront à leurs oeuvres. Et qui sait, peut-être un jour, deviendront-elles Témoins de Jéhovah. Les fréquentations des jeunes sont très surveillées non seulement par les parents, mais par l'ensemble de la congrégation. Le flirt est interdit. Garçons et filles ne peuvent se fréquenter qu'en vue du mariage, mais seulement entre Témoins et, bien entendu, toujours sous la surveillance d'un adulte. Les bals, discothèques, boums, et autres lieux de ce genre sont formellement interdits : "Lieux de perdition".

Le sport

Toujours le même principe : le sport oui, mais entre Témoins. Le sport de compétition est interdit. Un humain ne doit pas se mettre en valeur. De ce fait, ils ne peuvent avoir accès aux clubs.

Vacances et loisirs

Il est fortement déconseillé aux parents de Témoins de Jéhovah d'envoyer leurs enfants en colonie ou camp de vacances pour ne pas risquer de mauvaises fréquentations. Les organismes ayant des attaches avec une religion "Satanique", comme les scouts, sont formellement interdits. Les Témoins de Jéhovah sont invités par leurs dirigeants à faire une sélection très sévère des films, spectacles télévisés et jeux vidéos en éliminant tout ce qui a trait à la magie, au surnaturel, ou à la glorification d'une personne.

Musiques et chants

Les jeunes doivent choisir leurs disques avec soin, beaucoup de groupes de chanteurs sont satanisés et font passer des messages subliminaux dans leurs disques. Certains compositeurs classiques comme Wagner, et d'autres ont écrit certaines oeuvres inspirées par Satan. Ne pas trop abuser des loisirs, le Service pour Jéhovah doit passer avant tout: 5 heures de réunions par semaine, plus le porte-à-porte et les études de leurs publications.

Les études

Les jeunes sont poussés à ne pas continuer leurs études trop longtemps. Le milieu étudiant est à proscrire à cause des mauvaises fréquentations que les jeunes Témoins pourraient y trouver. De plus, ils seraient sans surveillance spirituelle. Les jeunes sont mis en garde contre les philosophies contraires à celles qu'enseigne la Société des Témoins de Jéhovah. Ils rejettent l'enseignement de l'évolution des espèces et des dates de l'apparition de l'homme sur la terre. La fin du système des choses s'approche à grands pas. Jéhovah va intervenir d'ici peu et instaurer le Paradis sur la terre. A quoi bon poursuivre des études qui ne serviront alors plus à rien ?

Les élections

Les Témoins de Jéhovah ne participent pas à la vie civique de leur pays. Ils ne se présentent ni ne votent aux élections. Ils n'adhèrent à aucun syndicat ou association. Les jeunes ne prennent pas part au vote et aux élections de leurs classes. Tout ce qui touche la politique est exclus.

Les religions

Les Témoins de Jéhovah "Détiennent la Vérité". Ils rejettent catégoriquement toutes les autres philosophies religieuses. On peut lire dans leurs publications les termes : "Fausses religions, Grande prostituée", pour qualifier les religions de la chrétienté. Les Témoins de Jéhovah ne doivent pas entrer dans un lieu de culte même pour le mariage ou l'enterrement d'une personne de leur famille. Ils n'entrent pas dans une église même pour écouter un concert.

  

Les TJ ou la bonne conduite au-dessus des lois

L'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme, repris dans les différents textes constitutionnels, énonce: "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre établi par la loi". L'exercice de ces libertés publiques fondamentales peut donc être restreint par des mesures législatives reconnues nécessaires à la sécurité publique, à la protection de la santé ou de la morale publique, ou à la protection des droits et des libertés d'autrui, mesures auxquelles nul ne peut déroger de sa propre volonté.

 L'Association des Témoins de Jéhovah, garante de la haute moralité de ses membres et veillant scrupuleusement à ce que leur conduite soit au-dessus de tout reproche, se considère-t-elle au dessus des lois ? La lecture du précepte jéhoviste : on doit obéir à toutes les lois humaines qui ne sont pas en conflit avec les lois divines le laisse penser. Il suffit d'ailleurs de rappeler deux des interdits les plus connus : interdiction du service militaire ou civil, interdiction de la transfusion sanguine.

Quelle est alors la position du pouvoir judiciaire français ?

Le Conseil d'État, garant des principes généraux du droit français, dénie tout caractère cultuel à l'association des Témoins de Jéhovah (1er lévrier 1985). C'est donc mensongèrement que les TJ indiquent sur leur papier à en-tête que leur association est régie par la loi du 9 septembre 1905 (dans un but évident de fraude financière).

 Les tribunaux de première et deuxième instance ont jugé que l'obéissance à des commandements même religieux n'est ni un fait justificatif ni une excuse absolutoire en cas de non observance des lois. Ils ont confirmé que le droit français n'accordait pas de prééminence normalisée à la liberté religieuse sur les autres libertés publiques. Particulièrement pointilleux dans le choix de leurs termes, ils désignent clairement l'Association des Témoins de Jéhovah sous l'appellation de "secte". Il est constant qu'en sanctionnant systématiquement les atteintes portées par cette secte religieuse aux individus, aux familles et à la Nation, en s'opposant systématiquement aux visées totalitaires de la "Théocratie" jéhoviste ils ne font que protéger l'ordre public.

 L'étude de la jurisprudence dans le domaine de la famille est, à ce titre, exemplaire:

Pour mémoire, la législation française interdit le travail des jeunes dans les rues, il est donc surprenant de voir des parents jéhovistes effectuer leur porte-à-porte dominical, accompagnés de leurs jeunes enfants !

 Cependant, si la juridiction française à tous ses niveaux semble homogène, il est bon de rappeler que le contentieux n'est que la partie visible de l'iceberg. Des milliers de conflits familiaux ouverts ou larvés, dont pâtissent quotidiennement conjoints, parents et autres victimes, restent ignorés de la justice. Ceci est dû, en partie, à l'attitude de l'opinion publique qui, abusée par la bonne conduite des jéhovistes, s'étonne qu'on puisse les "attaquer", en partie à l'attitude de trop nombreux juges ou avocats qui, ignorant tout des activités et agissements réels de l'Association des Témoins de Jéhovah, rechignent, de bonne foi, à s'engager dans des contentieux impliquant à priori les libertés publiques d'opinion et de culte.

 Nota: Les minutes ou, à tout le moins, les résumés des jugements sur lesquels est basé cet article sont disponibles à l'UNADFI.

  

Les enfants des TJ

Ce sont des enfants. sages, ils ne se droguent pas, ils ne sont pas des délinquants, leur éducation est saine. C'est ce que nous entendons souvent dire à propos des enfants des TJ. Qu'en est-il en réalité ? Devant la complexité de la société et la banalisation de la violence, l'exemple des Témoins est rassurant et provoque parfois la sympathie. Il faut préciser que cette bonne conduite constitue une forme essentielle de prosélytisme.

Le poids de la doctrine

Les enfants doivent, sous la surveillance des parents, obéir aux principes de Jéhovah afin de se préparer à la fin du monde et assurer leur salut. Dans l'attente du cataclysme, il faut suivre scrupuleusement les enseignements. Les TJ étant sûrs de détenir la vérité, ils considèrent que "les vrais chrétiens tiennent pour nulles les lois humaines si elles s'opposent à celles du souverain de l'Univers, Jéhovah Dieu" (Les vrais chrétiens sont les TJ).

 En pratique, les parents peuvent difficilement transgresser les règles jéhovistes pour l'éducation de leurs enfants. Certains litiges concernant la famille ou les manquements au respect de la doctrine sont réglés par le Collège des Anciens qui se réunissent en "comité judiciaire". Une distinction est faite entre les cas où les problèmes seraient du ressort du Collège des Anciens et les cas relevant des "tribunaux humains".

Les conséquences sur les enfants

L'attente d'Harmaguédon et la conviction d'y échapper orientent la finalité de l'éducation chez les TJ. Les parents ont la lourde responsabilité de sauver leurs enfants et la tâche est difficile: "Manifestement, ce ne serait pas toujours une pure joie que d'élever ses enfants au temps de la fin ...". Pour ce faire, les enfants doivent suivre les études bibliques aussi bien à la maison sous l'oeil vigilant des parents qu'à la Salle du Royaume (5 heures par semaine), et accompagner les adultes pendant leurs activités de prosélytisme. Les nombreux interdits ainsi que le refus des activités extérieures (danse, théâtre, sport, sorties extra scolaires, etc.) les enferment dans le groupe et les coupent de la société même s'il n'y a pas de vie communautaire proprement dite. En attendant le cataclysme, la vie n'est qu'un passage et doit être l'occasion de prêcher. Un adolescent qui avait besoin de porter un appareil dentaire s'est vu répondre par sa mère "A quoi bon? Harmaguédon est proche. Quand tu iras au Paradis tu auras des dents toutes neuves". Jusqu'à présent, les parents encouragent leurs enfants à faire des études courtes. La rencontre avec de jeunes étudiants pourrait être source de questionnement chez les jeunes Témoins.

 Tous les aspects de la vie de l'enfant sont régis par des règles strictes. Le contrôle de la hiérarchie s'exerce par l'intermédiaire des parents. Ces enfants doivent inhiber leur singularité; leur surmoi est constitué par les parents et le Collège des Anciens sans interaction avec la société. Il est inutile de revenir sur les problèmes posés par le refus des transfusions sanguines, ce point ayant fait l'objet d'une importante production, y compris juridique (cf. "les problèmes médicaux").

 Les enfants des TJ sont actuellement baptisés dès l'âge de 12 ans si les deux parents sont Témoins. Le baptême étant un engagement important ayant pour finalité de servir Jéhovah, les adolescents qui pourraient se questionner seront pris en tenaille entre leurs désirs propres et l'obéissance aux règles. Tout écart sera puni par l'exclusion. Peut-on prendre le risque de l'exclusion si on n'a pas d'amis et de soutiens familiaux en dehors du groupe? Par ailleurs l'exclusion est non seulement une "mort" dans le temps présent, mais aussi une promesse de destruction lors de la guerre d'Harmaguédon. Un enfant conditionné dans ce sens aura du mal à s'émanciper. Les enfants des TJ sont certes scolarisés à l'école publique, ce qui laisse supposer que leur marginalisation n'est pas absolue. Mais, ils ne sont pas intégrés à l'école de la même manière que les autres élèves. Une brochure, publiée par la Watch Tower Bible Society et distribuée aux enseignants, explique les différents refus des TJ et marginalise d'emblée ces enfants à l'école. Une récente affaire dans une école primaire à Narbonne est révélatrice: les enfants des TJ refusaient au nom de leurs convictions religieuses de chanter l'hymne européen (l'hymne à la joie de Beethoven) et la Marseillaise prévus au programme de leur cours de musique. Ce fait n'est pas anodin car de même que le port ostentatoire d'un insigne religieux met en cause la laïcité, il est signe du refus de l'apprentissage de la citoyenneté à l'école. Par ailleurs ces enfants subissent une formation complémentaire à la Salle du Royaume qui va neutraliser celle de l'école. La brochure "L'École" explique: "Leur objectif principal est de devenir de bons ministres de Dieu, et ils apprécient l'aide que l'école peut leur apporter en ce sens".

 Les enfants découvrent dans la littérature interne à la secte un monde idyllique (aussi bien dans le contenu que dans le graphisme) promettant pour les seuls Témoins un paradis terrestre. Pour ces enfants l'accès à la réalité sociale est ainsi amoindri voire compromis, et cela risque de conditionner toute leur vie d'adulte.

  

 
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