Sectes

Les sectes en Suisse romande

(Source: Bulles n°69 - 1er trimestre 2001)

 

 


Les sectes en Suisse romande
Une rétrospective du problème de 1994 à 2001.
Nous remercions Danièle Muller-Tulli; présidente de l'ASDFI, et Francine Pouget, vice-présidente, d'avoir bien voulu répondre à notre demande en nous adressant ce article.

Le 5 octobre 1994, la Suisse romande se réveille en état de choc. Coup sur coup, on apprend avec horreur que cinquante trois membres d'une secte templière, l'OTS, ont été retrouvés morts: cinq à Modn-Heights, au Canada, vingt-trois à Cheiry et vingt-cinq à Salvan, deux villages tranquilles de Suisse romande. L'opinion publique est bouleversée, la Suisse est petite, les gens proches et tranquilles. Pour beaucoup elle donne l'image d'un pays de gens nantis, pour lesquels l'ordre social est important et dont les habitudes sont presque immuables. Du coup la presse se déchaîne et de nombreux articles commentent le drame. Une fois l'émotion calmée, l'intérêt de tous pour les sectes retombe.

Le 16 décembre 1995, second drame de POTS. Cette fois seize personnes sont mortes, pour la plupart calcinées. En tout soixante quatorze personnes, dont des enfants et des adolescents. La presse genevoise reproche à M. Gérard RAMSEYER, chef du Département de Justice, Police et des Transports de n'avoir pas su empêcher ce second massacre,

Début 1996, M. Ramseyer met sur pied une commission d'experts chargée de réaliser un Audit sous la direction de Maître François Bellanger, avocat et professeur à l'université de Genève. Cette même année la France fait paraître son " Rapport Parlementaire sur les sectes " qui ne dénombre pas moins de 172 mouvements dangereux.

Février 1997, " l'Audit sur les dérives sectaires " est publié. Pour sa part, le rapport suisse romand ne fait pas de nomenclature des mouvements présents sur son territoire, mais bien plutôt un état des lieux tant sur le plan juridique à disposition que sur l'importance du phénomène.

1998 est une année d'intense activité législative, et quatre projets de lois visant à lutter contre les dérives sectaires sont proposés au " Grand Conseil " genevois

- Usurpation du terme église à des fins commerciales (10 juin 1998)
- Assistance aux victimes pendant l'instruction dans une action en justice (10 juin 1998)
- Obligation pour toutes les associations de s'inscrire au Registre du Commerce en vue d'une plus grande transparence (10 juin 1998)
- Modification de la loi sur les professions de la santé visant à étendre la notion d'exercice illégal de la médecine à toutes les formes de médecine parallèle (18 novembre 1998)

II va sans dire que de tels projets ont soulevé des réactions diverses, parfois même violentes de la part de certaines Eglises reconnues, des Naturopathes et bien entendu de la Scientologie.

8 juillet 1998 : une autre commission d'experts (dont des juristes et des psychiatres) fait apparaître un rapport sur la manipulation mentale proposant d'introduire dans le code pénal une infraction nouvelle permettant de réprimer de tels agissements.
Le moral des membres de notre association est au plus haut. Nous avons été entendus à diverses reprises par les responsables qui laissent entendre que nous aurons notre rôle à jouer dans les nouvelles dispositions et semblent donc reconnaître la valeur de notre engagement.
Par ailleurs la Confédération elle-même manifeste un certain intérêt pour la question des sectes, contrairement au passé où elle refusait d'entrer en matière. Un rapport commandé par le Département fédéral de justice et police sur le thème " La Scientologie et la protection de l'Etat " est publié le 1 er septembre 1998.

Ce rapport, rédigé sous la direction de l'historien Jean-François Mayer, émet des critiques sévères à l'égard de la Scientologie. II conclut cependant que la Scientologie ne menace pas la sécurité de l'Etat, qu'il n'a pas lieu de la placer sous surveillance, mais qu'il faut toutefois rester vigilant.

1999 voit s'affirmer la volonté politique d'aller de l'avant dans l'activité politico juridique dans le domaine des sectes (d'autant plus que le gourou de HUE/SHY relance la question, il est attendu en Suisse, mais arrêté en Belgique pour escroquerie et exercice illégal de la médecine)
- à Genève, un Centre d'information sur les croyances est en projet. (mars),
- au niveau fédéral, la Commission de gestion du Conseil National demande une politique fédérale en matière de sectes. (ler juillet).

Malheureusement, la Commission juridique du Grand Conseil genevois rejette tout le paquet des mesures proposées par le département de M. Gérard Ramseyer, à l'exception de la création d'un Centre d'Information sur les Croyances à Genève ( 15 décembre).

Nous apprenons que les associations n'auront pas voix au chapitre, et que le centre composé de neuf membres ne comprendra que des universitaires.

Et l'accueil aux victimes ?
Le canton possède un organisme à cet effet, la LA VI, Loi sur l' Accueil aux Victimes des Infractions. Il fera l'affaire, et tant pis si personne dans cette administration n`a été formé à cet effet.

Le 19 mars 2000, Maître François Bellanger, responsable du dossier sectes en Suisse romande, répond à une interview donnée au populaire journal " Le Matin ". II ne manifeste aucune émotion au passage à la trappe des quatre projets auxquels il avait oeuvré. Le centre sera, et il aura pour mission " de devenir un centre d'information et un centre de tolérance. L'information, c'est une manière de prévenir les dérives. Et la tolérance, parce que, quand on connaît mieux, on accepte mieux ". Plus loin il déclare " il n'y a pas la moindre trace d'information impartiale et fiable. C'est tragique. Si quelqu'un a un problème, il ne sait pas où s'adresser, personne ne sait... il faut impérativement que le public puisse s'informer ".

Nous n `avons donc jamais existé.
Pour couronner le tout, la presse annonce que les Autorités bernoises lavent Methernita de tout soupçon. Le 30 juin 2000, le Conseil fédéral rend une réponse négative au rapport sur les sectes de la commission de gestion du Conseil national. Au nom de la liberté de croyance, le Conseil fédéral se refuse à élaborer une politique fédérale en matière de sectes. Il se refuse également à ouvrir un centre fédéral d'information et de conseil.

En fin d'année, le Département fédéral de justice et police publie un second rapport sur le thème " la Scientologie et les sectes en Suisse ". Ce rapport conclut que la sécurité de l'Etat n'est pas menacée (tant pis pour celle du citoyen) et qu'il n'est pas nécessaire d'exercer une surveillance préventive en Suisse.( 15 décembre 2000).

Ainsi, de toute l'activité déployée depuis 1996, il ne reste que le projet de créer, en Suisse romande, un centre d'information et de tolérance à Genève, prévu, la dernière fois, pour janvier 2001.

Pour information, on a dénombré, à Genève, ville d'environ 400 000 habitants, pas moins de 80 mouvements sectaires.

La Suisse serait-elle devenue un sanctuaire pour les sectes et un refuge pour leur argent au centre de l'Europe ?

Nous assurons l'ASDFI de tout notre soutien.

 


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