Soka Gakkaï
Le bouddhisme en question

(Source :Bulletin du GEMPPI n° 53 - Par Frank Villard)

 

Introduction
De l'engouement pour le Bouddhisme
Un bouddhisme non reconnu
En contradiction avec le bouddhisme "traditionnel"
Un bouddha peut en cacher un autre
Prosélytisme : les témoins de Jéhovah de l'Orient
Tolérance
Notes


 

Introduction

Celui qui fait ses premiers pas dans cette organisation n'en doute pas : il va se voir initié au bouddhisme. La nouvelle recrue se voit invitée par un "ami bouddhiste" à participer à une réunion de discussion, une "zad". Tous les adeptes de la Soka Gakkai vous diront pratiquer LE bouddhisme, traduisez par "le bouddhisme de Nichiren", ou plus exactement "le bouddhisme version Soka Gakkai". Car malgré l'excommunication prononcée à son encontre par les Grands Prêtres de la Nichiren Shoshu, son école originelle (voir historique), la Soka Gakkai continue de revendiquer cette filiation et de se présenter comme l'héritière directe (et unique) de Nichiren.

Mais la position de la Soka Gakkai par rapport au bouddhisme est pour le moins ambiguë : "Elle s'édifie au-dessus, prétend en être la continuité, tout en s'en démarquant radicalement de façon à justifier sa raison d'être (1)." Comme nous le verrons plus loin, la Soka Gakkai se trouve en contradiction avec certains principes fondamentaux de la philosophie bouddhiste. Prétendant incarner " le vrai bouddhisme ", elle en rejette les autres enseignements. Elle ne fait d'ailleurs pas partie de l'Union Bouddhiste de France (UBF) qui regroupe pourtant les écoles de toutes obédiences, qui, malgré leurs différences, se reconnaissent entre elles.

Certains considèrent pourtant la Soka Gakkai comme un mouvement d'expression bouddhiste à part entière, s'inscrivant légitimement dans cette mouvance malgré ses différences, et injustement soupçonné et décrié. D'autres estiment au contraire que ce prétendu bouddhisme n'est qu'une façade destinée à cacher une tout autre vérité. . .

De l'engouement pour le Bouddhisme

" Avec les Etats-Unis, la France est le pays le plus "bouddhiste" d'Occident (2). "
Selon les enquêtes d'opinion, 5 millions de Français se disent "attirés" par le bouddhisme. D'après Frédéric Lenoir (3), ils ne seraient en fait que 15000 pratiquants à fréquenter les quelques 200 centres de méditations répartis sur l'hexagone. Un chiffre auquel viennent s'ajouter les 100000 à 150000 "proches" du Bouddhisme, ainsi que la grande masse des "sympathisants" (4).
Comment expliquer un tel engouement pour le bouddhisme ? Soif d'exotisme ou simple mode orientaliste ?

Si la personnalité du sympathique et médiatique Dalaï-Lama y est certainement pour beaucoup, l'intérêt porté au bouddhisme en Occident semble avoir des raisons bien plus profondes : "Face à la crise actuelle des sociétés industrielles, cette pensée non dogmatique, qui se propose de guérir la douleur de l'existence, semble offrir de nouvelles réponses (5)." Précurseur de notions comme l'écologie, le bouddhisme séduit par les valeurs dont il est porteur, et auxquelles il se voit indissociablement rattaché : tolérance, non-violence, respect de toutes les formes de vies, etc. .

. Philosophie ou religion, le bouddhisme véhicule avant tout l'image d'une spiritualité empreinte d'une grande sagesse, une spiritualité exempte de l'aspect moralisateur et dogmatique souvent reproché à la religion catholique. Rappelons que " 90% des sympathisants sont des déçus du catholicisme (6). " Mieux, le bouddhisme, " religion sans Dieu(x) ", peut même trouver un écho favorable chez les athées et séduire les anticléricaux les plus radicaux. De plus, son côté "rationaliste" s'adapte tout à fait à la culture française.

Si tous nos concitoyens ne désertent pas les églises pour les monastères, le bouddhisme demeure incontestablement le " chouchou " de l'opinion publique.

Le bouddhisme attire. Le bouddhisme rassure. Et une organisation qui se présente comme bouddhiste ne peut qu'inspirer confiance. . .

Un bouddhisme non reconnu

L'Union Bouddhiste de France (UBF) fédère les associations des différents courants de la communauté bouddhiste. Initiatrice de l'émission télévisée dominicale "Voix bouddhistes" sur France 2, " l'UBF a pour vocation d'être un interlocuteur représentatif de cette communauté au regard des pouvoirs publics et de défendre les droits et intérêts communs des diverses traditions bouddhistes (...). [Elle entend contribuer] au rapprochement des différentes écoles dans le plus grand respect de leur spécificité spirituelle et de leur organisation interne (7). " Pourquoi l'UBF s'est-elle toujours refusé à accueillir la Soka Gakkai, malgré le désir de cette dernière d'y adhérer ?

" Nous avons (...) refusé la Soka Gakkai qui ne répond pas à nos critères: c'est un mouvement laïque et un courant politique " se contentait de déclarer en avril 2001 l'une de ces administratrices, Eve Apprill (8), au magazine " Actualité des Religions (9)". Autrefois, la fédération bouddhiste (qui s'appelait alors ABF (10)) se montrait plus critique vis à vis de la Soka Gakkai, lui reprochant :

- son intolérance et son agressivité incompatibles avec l'amour et la sagesse prônées par le bouddhisme,
- son ostracisme à l'égard des autres religions, alors que Bouddha prêchait l'accueil de toutes,
- son mélange du politique et du religieux,
- son irrespect à l'égard de ceux qui la refusent ou s'en retirent,
- les conversions plus ou moins forcées,
- une sorte de terrorisme à l'encontre des journalistes (11). "

Dans une lettre datée du 12 octobre 1983, son président de l'époque, M. Daniel Léonard Blanc, interpellait vigoureusement le président de la Soka Gakkai, M. Daisaku Ikeda :
" (...)Le 5 juin 1981, j'ai attiré votre attention sur la mauvaise réputation de votre organisation en France (...), regrettant que parmi les sectes reconnues dangereuses, une seule soit d'expression bouddhique : la vôtre.
Le 25 décembre 1981, je vous ai interpellé sur la structure totalitaire de votre organisation en France et sa dynamique d'infiltration (réseaux économiques, scientifiques et culturels français) et de subversion populaire (pacifisme d'inspiration soviétique). Le 25 décembre 1982, j'ai attiré votre attention sur les rapports " douteux " de votre organisation en France, avec l'argent. Je distinguais (...) :

1) la pression pour faire payer les membres
2) la violence à l'encontre des membres demandant un contrôle des fonds recueillis (...)

Aujourd'hui, (...) je suis obligé de sortir de la réserve polie que je vous ai manifestée jusqu'alors pour vous faire part de notre profond désaccord à vous voir agir de la sorte en France, portant ainsi atteinte à l'image du Bouddhisme dans la population française. (...) je vous avais demandé de faire en sorte que votre organisation, ainsi qu'elle en a l'habitude, ne pratique plus la méthode de la "PRESSION SUPERSTITIEUSE" pour obliger vos membres à payer " L'IMPOT SOKA GAKKAI " à l'occasion de votre campagne de fonds en octobre 1982 (...). La "PRESSION SUPERSTITIEUSE", exercée sur les membres au cours de cette collecte de fonds a été telle qu'elle a suscité une réaction de rejet parmi certains responsables français qui, comme il se doit dans toute structure fascisante, ont été aussitôt cassés et démis de leur fonction (...). Une telle méthode fondée sur la "violence psychique" et la "coercition" caractérise les mouvements qui, ne disposant pas de légitimité, emploient ce genre de procédé qui aux yeux de l'opinion publique les qualifient de terroristes si l'on veut les classer parmi les politiques ou de racketteurs si l'on veut les classer parmi les criminels de droit commun. (...).

Certes la mise en place de votre réseau d'influence (...) nécessite (...) la soumission totale de tous les membres de votre organisation. Sachez toutefois, Monsieur le Président, que nous avons honte pour vous que vous osiez vous saisir du bouddhisme et avancer ainsi masqué, tromper aussi bien les braves gens qui aspirent à une voie religieuse que les personnalités du Monde politique, économique, scientifique et artistique mal informées sur vos intentions et vos agissements (12). "

Une critique sans appel qui nous a poussé à connaître la position actuelle de l'UBF vis à vis de l'organisation Soka Gakkai. Mais l'union bouddhiste se montre aujourd'hui pour le moins laconique (frileuse ?) sur le sujet. En effet, questionnée sur la légitimité de la Soka Gakkai à se revendiquer du bouddhisme, et sur les éventuels dangers à y adhérer, l'UBF nous a répondu dans un courrier en date du 2/08/1999: "Nous ne donnons pas de renseignements sur la Soka Gakkai, considérée comme une secte. Cette organisation ne fait pas partie de notre fédération."

En contradiction avec le bouddhisme "traditionnel"

"Il faut suivre la Loi et non la personne" professe le bouddhisme. Or, si le véritable culte voué au président Ikeda contredit à l'évidence ce principe, la Soka Gakkai trahit sur bien d'autres points encore les valeurs fondamentales de cette philosophie : "D'un point de vue doctrinal (...) la Soka Gakkai trahit les dogmes majeurs du bouddhisme, en prônant d'une part la satisfaction de ses désirs et besoins, autrement dit en renforçant l'illusion de la substantialité du "moi", alors que tout au contraire le bouddhisme en dénonce le caractère purement illusoire en vertu de sa conception matérialiste de l'être, et d'autre part en nourrissant l'espoir d'un bonheur futur, tandis que le bouddhisme prône le désespoir comme la condition d'un bonheur authentique (13)." Le but ultime du bouddhisme est, en effet, d'atteindre l'illumination en effaçant son ego, il s'agit de se détacher de ses désirs, et de parvenir à la réalisation de la vérité suprême. "Les fondements de la doctrine sont contenus dans les Quatres Nobles Vérités proclamées par Siddharta Gautama :

- Toute existence est douloureuse.
- L'origine de la douleur est le désir par où on est enchaîné au SAMSÂRA (cycle perpétuel des renaissances).
- L'abolition du désir met fin à la souffrance.
- La voie de la délivrance consiste à suivre les règles de moralité, de méditation, de sagesse et de connaissance enseignées par le "NOBLE SENTIER OCTUPLE". Délivré du SAMSÂRA on parvient au NIRVANA ("extinction"), l'état d'Eveil caractérisé par la dissolution du moi individuel dans le BRAHMAN, la réalité suprême (14)."

Tout au contraire, la Soka Gakkai propose de réaliser ses désirs personnels pour accéder au bonheur: "Droit au bonheur immédiat pour tous."

"Le bouddhisme de Nichiren n'enseigne pas le salut dans l'au-delà, il vise à créer le paradis dans ce monde (15)." Tout individu peut révéler sa nature bouddhique, sans nécessairement devenir moine, il lui suffit de se dévouer entièrement au Sûtra du Lotus et de pratiquer : "Plus que d'une recherche spirituelle, d'une croyance ou d'une philosophie, il est question ici d'une "pratique" qui garantit avant tout la réussite individuelle. Point n'est besoin de croire, il suffit de pratiquer pour recevoir la preuve factuelle, c'est à dire des récompenses matérielles (16)." Ainsi, l'adepte est-il invité à vérifier les résultats concrets de sa pratique dans sa vie quotidienne. La Soka Gakkai propose la conquête de "valeurs réelles" (Gain, bonté, beauté) ; l'adepte se voit assuré d'obtenir par la récitation du "daimoku" des bienfaits de toutes sortes, bienfaits spirituels, mais aussi matériels : " La récitation (...) apporte des bienfaits spirituels, mais aussi des bienfaits physiques liés à la magnifique harmonie des cinq éléments qui se manifestent dans notre corps (D. Ikeda, "Troisième Civilisation"). "

Et l'on peut absolument TOUT obtenir par une pratique assidue et correcte: " Chaque chose que nous voulons, nous pouvons l'appeler en récitant "Nam Myo Renge Kyo" (17) "

Un bouddha peut en cacher un autre

Historiquement, "Bouddha" désigne Siddharta Gautama (566-486 av. J.-C.), le fondateur du bouddhisme, appelé aussi Sâkyamuni (le sage des Sâkya). Né dans le nord de l'Inde, et fils du roi du petit royaume des Sâkya , il vécut dans le luxe jusqu'au jour où, quittant le palais familial, il prit conscience de la misère de la condition humaine. il décida alors de se retirer du monde, et entreprit de découvrir les racines de la souffrance dans le but de la vaincre définitivement. A l'issue de sa retraite, et à force de méditation, il parvint au stade de la connaissance ultime, l'Eveil.

Devenu Bouddha (l'Eveillé) vers l'âge de 30 ans, il propagea son enseignement durant les cinquante dernières années de sa vie, avant d'entrer au nirvana (Extinction définitive).

De l'Inde, le bouddhisme s'est étendu aux autres pays d'Asie (Chine, Corée, Tibet...), se divisant en plusieurs écoles.
Néanmoins, tous les courants bouddhistes ont pour base la vie et les enseignements de ce prince indien et considèrent Siddharta Gautama comme le Bouddha.

Pour la Soka Gakkai en revanche, le "vrai" Bouddha se trouve être le moine Nichiren Daishonin, qui "systématisa d'une manière fondamentale et définitive la Loi bouddhique pour les temps modernes (18)." Nichiren, présenté comme le fondateur d'un bouddhisme tourné vers le peuple et visant le salut de tous, contrairement aux "autres bouddhismes" qui ne visent que le salut des moines ; Nichiren, qui par ses enseignements, est le seul à donner " le moyen à tout être humain, sans distinction de sexe, de culture, de niveau social ou d'éducation de développer l'état de bouddha latent dans sa vie (19) " est considéré comme le bouddha fondamental : "Bien que Shakyamuni soit le bouddha historique, Nichiren Daishonin est le bouddha fondamental, car il donne le moyen originel propre et inhérent à tous les êtres humains de notre époque d'atteindre la boddhéité (20)."

Ainsi, la Soka Gakkai considère que Nichiren " a déployé en enseignant le Sutra du Lotus ce que Shakyamuni avait laissé à l'état latent puisqu'il ne légua pas aux hommes le moyen universel de réaliser dans la vie présente le bonheur indestructible (Troisième civilisation, mai 1995). "
" Bouddha se voit donc supplanté par plus bouddhiste que lui-même (21). "

Ajoutons enfin, que certains membres de la Soka Gakkai verraient même l'incarnation du Bouddha en la personne du président Ikeda. Selon Florence Lacroix (22), la majorité des adeptes serait pétrie de cette certitude : "aux yeux des adeptes nippons et étrangers, M. Ikeda est le Bouddha, mais malin, il n'a jamais publiquement proclamé cette qualité et la fait répandre sur le ton de la confidence émue par d'autres, modestie oblige. . . "

Prosélytisme : les témoins de Jéhovah de l'Orient

"Les grands maîtres [du bouddhisme] se sont prononcés à plusieurs reprises contre le prosélytisme, opposé aux fondements mêmes de leur enseignement. Le bouddhisme cherche en effet à guérir la souffrance des hommes : il considère qu'une personne convertie sans conviction, arrachée à son milieu et à sa culture ne saurait trouver la voie de l'Eveil (23)."

Une position confirmée par le Dalaï-Lama qui encourage chacun à pratiquer sa religion propre, en restant fidèle à sa culture et à sa tradition : " Quand nous rencontrons des fidèles d'autres religions, mieux vaut ne pas essayer d'argumenter, mais au contraire les encourager à vivre leurs propres croyances le plus sincèrement possible (24). "

Pour la Soka Gakkai au contraire, le prosélytisme est de rigueur, c'est même le but ultime. Le devoir de chaque membre est, en effet, de "transmettre l'enseignement de Nichiren Daishonin", c'est le "shakubuku" (réfuter et convertir). Il s'agit de supprimer les "mauvaises religions", de réfuter les "enseignements erronés". Plus l'adepte déploie de zèle à faire "shakubuku", plus il démontre la profondeur de sa foi (et accessoirement, plus il progresse dans la hiérarchie de l'organisation). Le but ultime étant de convertir l'humanité entière, condition sine qua non au bonheur des hommes et à l'avènement de la Paix mondiale. Et cela s'appelle "Kosen Rufu", traduction : "Enseigner et propager largement", c'est à dire "assurer, par la transmission du bouddhisme orthodoxe et par sa propre révolution humaine, une paix durable pour l'humanité (25)." Le prosélytisme devient donc un acte charitable puisqu'il a comme objectif le bonheur de l'humanité.

"Kosen rufu", un mot qui revient comme un leitmotiv dans les diverses publications de la Soka Gakkai, martelé à longueur de pages avec la régularité d'un gong.

"Maintenant, debout, vous vous dressez, Car vous êtes les pionniers de la majestueuse marche en avant de Kosen Rufu.(...) Dès à présent le monde attend Votre venue avec ferveur (...) Alors, éclateront, sonores, Vos applaudissements et le chant de la victoire." (Poème du président Ikeda à la jeunesse française, 1989)

"Kosen rufu", un combat du bien contre le mal : "Kosen-rufu est un combat contre les forces démoniaques ; il a pour scène le monde réel. Si les forces de la Loi perdent de leur vigueur, le pouvoir du démon gagne insidieusement du terrain (...) ce qui compte en bouddhisme, c'est la victoire ou la défaite. Nous n'avons pas d'autre choix que de gagner la victoire à chaque combat que nous livrons, parce que c'est seulement sur un tel triomphe que peuvent s'établir le bonheur individuel, la prospérité de la société et le développement régulier de la propagation (26)."
"Kosen rufu", une noble mission à laquelle doivent se vouer les adeptes, exhortés par le président Ikeda, dont les encouragements aux accents parfois martiaux évoquent davantage les harangues d'un général à ses troupes que les discours d'un leader religieux :

- Dotés de la plus noble des missions, nous, membres de la SGI avons lutté en première ligne et fait des efforts tenaces pour réaliser kosen-rufu.
- Le seul moyen de réussir consiste à se battre jusqu'au bout avec sincérité, ténacité et une inébranlable détermination. "
- Que signifie se dresser pour kosen-rufu ? Cela veut dire être prêt à donner sa vie [sic]. "
- Avec une telle foi, vous ne serez jamais vaincus. (...) Décidons d'avancer ensemble, joyeusement et fièrement. "
- Jeunesse, l'aube s'est levée ! (...) Vous avez obtenu une victoire magnifique ! "
- C'est maintenant à votre tour, mes disciples, de vous unir d'un seul cœur et d'assumer l'entière responsabilité de notre mouvement en remportant la victoire sur la scène grandiose du XXIe siècle. "
- N'oubliez jamais les vils ennemis de Bouddha, jamais ! Soyez sans compromissions dans votre lutte contre eux ! S'il vous plaît, combattez également jusqu'au bout la violence verbale des intrigues cherchant à nuire au mouvement de kosen-rufu, en conservant au fond du cœur la ferme décision de ne pas reculer devant les attaques et de riposter. "
- (...) ne jamais lâcher prise face à l'adversité est la marque d'une noblesse et d'une dignité véritable. Je tiens à affirmer que cette attitude invincible représente la véritable essence de la croyance, de la vie et de la Soka Gakkai. "
- Notre combat consiste à devenir les défenseurs de la plus grande justice et de la plus haute vérité. Il est donc essentiel que vous luttiez de toutes vos forces contre le mal et le mensonge et remportiez une victoire indiscutable. Le bouddhisme n'est que victoire ou défaite; son but est de réfuter ce qui est erroné afin de révéler ce qui est vrai. "
Tous ces extraits sont issus du même ouvrage (27), mais on aurait pu en relever bien d'autres encore dans les divers écrits de la Soka Gakkai. Un tel langage n'est-il pas surprenant de la part d'une organisation se revendiquant du bouddhisme ; bouddhisme qui prône entre autres valeurs celles de la sérénité et de la non-violence ? La lecture des nombreuses publications de la Soka Gakkai met nettement en évidence le prosélytisme virulent de ce mouvement et ses visées planétaires. Ikeda assurait pourtant en 1989 dans une interview au " Figaro Magazine (28) " : - -" Je n'ai jamais pensé convertir le monde."

Le même Ikeda qui, un an plus tôt clamait dans un discours à la jeunesse française : "Le 14 juin 2001, le bouddhisme deviendra la religion universelle et l'humanité s'unifiera autour d'un Japon porteur de la troisième civilisation."

Une chose est sûre, la majestueuse marche en avant de Kosen Rufu a pris quelque peu de retard.

Tolérance

Résolument opposé au prosélytisme, le bouddhisme prône également la tolérance envers les autres religions. A l'exemple du Dalaï-Lama qui se félicite de la diversité religieuse qu'il présente comme un bienfait :

- La variété religieuse est quelque chose de très utile et de très beau (29)."

"Toutes les grandes religions du monde, qu'il s'agisse du Christianisme, de l'Islam, de l'Hindouisme ou du Bouddhisme, visent à atteindre un bonheur humain permanent. Elles ont toutes le même objectif. Toutes les religions insistent sur la nécessité d'être honnête et bon. (...) Nous devons considérer la question de la diversité religieuse dans cette perspective là ; dès lors, il n'y a pas de conflit (30)."

La Soka Gakkai, quant à elle, fait entendre un tout autre son de gong : " Nous sommes le Soleil du Japon et l'espoir du monde. Tous les peuples doivent être amenés à croire à la vraie religion. Nous personnifions le vrai bouddhisme. Le christianisme est une affaire de snobs qui aiment le tweed anglais, les films français et le whisky américain (Troisième Civilisation, mars 1987) (31). "

Et selon Ikeda : "la religion contribue à la division et à la haine raciale (32)." La Soka Gakkai reprend et réactualise les concepts développés par le moine Nichiren Daishonin au XIIIe siècle, lequel Nichiren, fustigeant les mauvaises religions responsables selon lui de la ruine du pays, rêvait d'imposer sa conception spirituelle et d'instaurer son bouddhisme comme religion unique au Japon et dans le monde. Se présentant comme religion universelle, porteuse de la "troisième civilisation" (devant succéder aux modèles capitaliste et communiste), la Soka Gakkai rejette les autres religions, y compris les différentes écoles bouddhistes : "De toute évidence, les doctrines bouddhistes sont dépassées, seul Nichiren a donné une interprétation cohérente par le Sutra du Lotus (33)." Affirmant la suprématie du Sutra du Lotus, la Soka Gakkai considère le bouddhisme de Nichiren comme supérieur à toute autre croyance ou philosophie, car il constitue à ses yeux "le principe unique et éternel qu'aucune autre religion ne peut approcher (34)." Promettant le droit au bonheur pour tous, elle considère qu'une "religion qui ne l'assure pas est fausse et doit être détruite (35)."

Pourtant, la charte de la Soka Gakkai Internationale (37) ne précise-t-elle pas dans son article 7 : "En se fondant sur l'esprit bouddhiste de tolérance, la Soka Gakkai s'engage à respecter les autres religions, à oeuvrer avec elles, à la résolution des problèmes fondamentaux auxquels l'humanité est confrontée."

Alors, intolérante la Soka Gakkai ? Pensez donc !

" Si nous paraissons parfois intolérants, c'est que nous avons une très forte conviction de l'authenticité de notre religion. En fait, si nous étions vraiment intolérants nous ne nous développerions pas " déclarait Ikeda en 1989 au "Figaro magazine", et de préciser : "Une fille vierge est belle par sa pureté. Si elle se mélange à d'autres, elle perd sa pureté. La religion doit garder la sienne(36)."

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1.In " Découverte sur les sectes et religions " n° 38, juillet 1998.
2. " Le Nouvel Observateur " n° 1865 du 3 au 9 août 2000.
3. Frédéric Lenoir est sociologue et spécialiste du bouddhisme. Il est l'auteur de : "La Rencontre du Bouddhisme et de l'Occident", et "Le Bouddhisme en France", Fayard, 1999.
4. In "Le Nouvel Observateur", op. cit.
5. In "Le bouddhisme", Jean-François Dufour, les Essentiels Milan, 1998.
6. In "Le Nouvel Observateur", op. cit.
7. Extrait d' "Actualité Bouddhiste", trimestriel de l'Union Bouddhiste de France, n° 9, février 1999.
8. Eve Apprill est psychothérapeute, administratrice de l'U.B.F. et vice-présidente de la Conférence mondiale des religions pour la paix.
9. " Actualité des religion, Sectes, pour en finir avec les clichés ", hors-série n°5, avril 2001.
10. L'Association des Bouddhistes de France, devenue le 28 juin 1986 l'Union Bouddhiste de France. L'actuel Président de l'U.B.F. est Jacques Martin.
11. In "Découvertes sur les Sectes et Religions", op. cit.
12. Extrait de la lettre du 12 octobre 1983, adressée à Monsieur Daisaku Ikeda, président de la Soka Gakkai Internationale par l'Association des Bouddhistes de France, lettre signée de son président Monsieur Daniel-Léonard Blanc.
13. In "Découvertes sur les Sectes et Religions", op. cit.
14. "Les grandes religions du monde", Michel Reeber, les Essentiels Milan, 1998.
15. Hirosh. Nishiguchi, responsable des relations extérieures de la Soka Gakkai.
16. Note A.D.F.I. Provence, décembre 1997.
17.Ibid.
18. Site Internet Soka Gakkai France, 1999.
19. "Troisième Civilisation", "Introduction au bouddhisme".
20. Site Internet Soka Gakkai France, 1999.
21. In "Découvertes sur les Sectes et Religions", op. cit.
22. Florence Lacroix, chercheuse en sciences politiques, op. cit.
23. In "Le bouddhisme", op.cit.
24. In "L'Esprit de Bodhgaya", Ramsay, 1999.
25. Extrait du "Glossaire" des magazines "Troisième Civilisation".
26. D. Ikeda, "Troisième Civilisation" n°322, du 16 au 31 mars 1990.
27. "Troisième civilisation" n° 96, "Discours et entretiens de Daisaku Ikeda, Président de la Soka Gakkai Internationale", supplément au n° 460, décembre 1999.
28. "Figaro Magazine" du 10/06/1989, entretien avec Jean-Claude Courdy.
29. ln " L'Esprit de Bodhgaya ", op. cit.
30. Ibid.
31. In " Le Dico des Sectes ", Anick Drogou, Centre Roger Ikor, les "Dicos Essentiels Milan", 1998. 32. Cours du président Ikeda, entretien, extrait n°3, février 1995.
33. Responsable de la Soka Gakkai région Provence, 5 février 1991.
34. In "Les sectes, état d'urgence", op. cit.
35. Ibid.
36. "Figaro Magazine" du 10/06/1989, op. cit.
37. Site Internet Soka Gakkai France, 1999.




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