Que sait-on de ..... Satan

Source : Bulles n°70, 2 ème trimestre 2001.

 

 

Sommaire

Introduction
Du phénomène de mode à la déviation
De la déviation à la transgression des tabous
De la perversion à l'abomination
Crime et cannibalisme
Conclusion

 


Introduction

Notre XXleme siècle traverse une période de crise profonde. Les grands idéaux détruits, les principes et valeurs morales et religieuses de notre société passés à la trappe, on assiste à une nouvelle quête de sens, à la recherche de nouveaux repères, à une aspiration vers une nouvelle " religiosité ". Tout naturellement certains se sont mis à chercher du côté du diable des références et des valeurs différentes de celles du passé. S'est alors constituée une " pseudo religion " avec des rites basés sur la transgression systématique des tabous sociaux, moraux, religieux et sexuels. Ainsi, sous l'égide d'un même Satan, ont surgi des multinationales de l'Enfer très structurées (la Wicca, la Golden Dawn, l'alliance Kripten, l'Eglise de Satan, le Temple de Seth, l'Ordo Templi Orienti OTO, le Cercle initiatique de la Licorne, Abraxas, les Croisés de la Nouvelle Babylone, les légions de Mithra, . . . ) et toute une nébuleuse de réseaux informels, de groupes sporadiques aussi mobiles que peu structurés, clandestins et très dangereux.

Du phénomène de mode à la déviation.

Satan n'est pas une entité nouvelle. Tentateur et menteur dans l'Ancien Testament, il se montre omniprésent dans les écritures et le Nouveau Testament. Au troisième millénaire, Satan est toujours une forme de résurgence de l'antichristianisme d'antan. Mais il est aussi devenu une entité totalement païenne, profane et prétexte à un véritable phénomène de mode qui, il faut bien l'avouer, n'a plus grand chose à voir avec le Diable !' De nos jours, on trouve Satan partout : dans les médias, la musique, la L presse, l'habillement. Se réclamer ouvertement du satanisme, quand ce n'est pas de Satan lui même, relève du phénomène dans le vent. Le satanisme se vend bien ! Force est de constater que les jeunes sont de plus en plus attirés par le satanisme. Satan, de fait, est surtout le prétexte à l'émergence d'une nouvelle esthétique propre aux jeunes, d'un sentiment d'appartenance et de la naissance d'une idéologie et d'une morale constituées de contre valeurs. S'est créée une mouvance nouvelle, fantasmagorique, morbide, apocalyptique et magico/ésotérique, doublée d'une profonde misanthropie visant la destruction et le chaos. Les satanistes s'épanouissent dans cette culture commune qu'ils aiment répandre et dont l'expression esthétique prend différentes formes. Les concerts de musique, heavy metal, black metal, death metal, hard rock ou punk (Emperor, Burzum, Morbid Angel) expriment sans retenue des forces chaotiques et frénétiques. Les textes glorifient le sexe, la force, la drogue et la violence, la puissance des ténèbres. Violente, agressive, cette musique se caractérise par un matraquage systématique des notes, le martèlement des beats (martèlement de sons graves), un volume poussé au maximum. L'utilisation systématique d'une thématique satanique violente s'explique d'une part par le désir de choquer pour faire augmenter les ventes (aucune censure n'existe et le commerce est actif!), d'autre part par l'appartenance de certains leaders de groupes rock (Marylin Manson) à des organisations sataniques ou lucifériennes. On croise aussi dans ces concerts les " gothics ", rebelles et provocateurs, qui affectent une esthétique vestimentaire de reconnaissance particulièrement ténébreuse et fétichiste : habillés de noir, souvent de cuir, maquillages blafards, yeux cernés de noir, percing, croix renversées, bagues à tête de bouc, tatouages de la " bête ", 666, pentagramme . . . La presse participe aussi du phénomène de mode et propage cette culture. De nombreuses BD mêlant satanisme et extrémisme (Succubus etc), toute une presse spécialisée souvent pornographique et des petits bulletins musicaux, type " fanzine ", recherchés car à diffusion limitée, sont en vente libre dans toutes les grandes surfaces. Tous se réclament de satanisme et prônent le Mal débarrassé du Bien, la liberté totale à l'égard de toute autorité et la licence absolue à l'égard de toute morale. Nier, choquer, provoquer semblent une nouvelle raison d'être et de vivre.

De la déviation à la transgression des tabous

Satan n'est pas seulement le vecteur d'un folklore et d'un commerce florissant dont les jeunes sont la cible privilégiée, il est aussi vecteur d'avilissement, d'anéantissement de la personne et là il relève de la manipulation mentale et donc du phénomène sectaire. On prend conscience, à l'évidence, que le satanisme récupère le malaise des jeunes pour mieux les manipuler ; il abonde dans leur besoin de provocation, tente de renforcer leur opposition systématique naturelle, leur propension à repousser les limites, à développer l'anticonformisme qui les fascine, à les séduire par une apologie facile du mal absolu. Il développe chez eux refus et révolte contre l'ordre social et leur insuffle le sentiment d'être forts, invulnérables et de ne pouvoir être arrêtés par rien. La drogue, largement utilisée dans les concerts et certaines " rave parties " ou " soirées gothiques " qui sont des lieux privilégiés de recrutement des futurs adeptes, modifie la perception des événements, affaiblit les facultés mentales et annihile toutes velléités de résistance. Devenus objets facilement manipulables, soumis à la peur et à la menace, on peut alors les façonner et leur infliger tout type de violence: viol psychique, violences physiques et violences sexuelles. Les satanistes et les lucifériens s'y emploient dans des rituels spécifiques, qui font peu appel à l'occultisme, mais qui se réfèrent à Aleister Crowley (le Livre de la Loi) ou à Sandor Lavey (la Bible satanique). Les satanistes se multiplient depuis une vingtaine d'années. Violents et puissants, peu cultivés, dangereux, ils forment des groupes souvent informels qui se définissent par opposition au Christ, l'ennemi. Ils glorifient Satan. Ils choisissent de se rencontrer de préférence dans des églises, des souterrains et des cimetières pour sacrifier à leurs rituels. Là, dans un décor ténébreux de cierges noirs, des formules et des prières en latin sont dites à l'envers, les blasphèmes et injures se multiplient ; on assiste à un simulacre de messe où les rites catholiques sont inversés, les croix renversées. Des i femmes nues servent d'autels pour des messes noires et des accouplements sexuels sont pratiqués. Les photos pornographiques remplacent les icônes et ' des hosties consacrées sont profanées. Un calendrier des cérémonies (solstices et équinoxes, semblable à celui des druides) précise les dates, les types de célébrations (" sang " ou " orgies sexuelles ") et les individus concernés (hommes, femmes ou enfants) avec leur âge; chaque séance se termine en orgie. Les Lucifériens sont les plus organisés et les plus structurés (Wicca, OTO ....). Ils attendent et préparent le retour de Lucifer, ange déchu pour s'être révolté contre Dieu. Leurs rituels sont morbides (livre des Morts, crânes, ossements...) et la nudité originelle et égalitaire des adeptes est obligatoire lors des cérémonies qui se terminent en orgie. Des rituels autour des quatre éléments sont perpétrés par des prêtresses. Des sacrifices d'animaux ont lieu. Récupérés par l'extrême droite, certains groupes sataniques véhiculent, en plus, une idéologie néo nazie. Ils combattent à la fois le christianisme et le judaïsme et vilipendent le différent, le faible, l'étranger. Elitistes et racistes, ils se réfèrent à la mythologie germanique et nordique. Certaines profanations de cimetières juifs et chrétiens leur sont imputables.

De la perversion à l'abomination

Avilissement et anéantissement de l'individu Les rituels et traditions sataniques visent tous l'anéantissement de l'estime de soi, la déshumanisation de l'individu. On entraîne l'adepte à la négation profonde de soi, de son humanité. On exige de lui qu'il dépasse le dégoût et la douleur : se barbouiller et manger des excréments, boire de l'urine, du sang (animaux ou humains) appartiennent à l'apologie de la salissure. De même, supporter des tortures physiques et morales et en infliger aux autres (brûlures, lacérations des corps, ...) sont l'expression de la cruauté et du sadisme constitutifs des cérémonies ; la mutilation et le sacrifice d'animaux (voire d'humains) font partie intrinsèque du rituel. La pédophilie. A la marge, on notera quelques petits caïds qui, sous couverts de satanisme, créent des " pseudo rituels " dans des caves, parking ou zones désertées, pour s'offrir à bon compte des jeunes filles qu'ils violent collectivement, torturent et parfois prostituent. En revanche, de nombreux pervers, pédophiles et sadomasochistes trouvent lieux et place à l'assouvissement de leurs dégradants fantasmes dans ces groupes sataniques. Le secret imposé et l'idéologie véhiculée (" Fais ce que tu veux "), facilitent le passage à l'acte. Aussi, l'abus sexuel d'enfants, d'hommes, de femmes est il la norme. On ne s'étonnera pas de la convergence très étroite existant entre certains cercles démoniaques et des industriels de la pornographie ( K7 de la société Défi), des proxénètes et des pédophiles. Fascination pour la mort. Appel au suicide. L'individu n'est rien. L'anéantissement dans la mort, la culture du morbide sont des valeurs essentielles pour les sataniques. Ces groupes éprouvent une réelle fascination pour la mort; ils la défient en la manipulant. L'un des véhicules essentiels de cette culture de la mort réside dans la musique et les messages subliminaux qu'elle contient et qui appellent l'inconscient au passage à l'acte, au suicide. Dans cette même logique de la mort, l'adepte qui voudra quitter le groupe sera lui même " suicidé " ou poussé au suicide. Le désir traditionnel de vaincre la mort équivaut à la donner. On remarquera que les ossements (crâne, tibia) sont indispensables au décorum et que quelques groupes pratiquent l'homicide et le sacrifice humain dans leurs rituels. Il leur arrive même de les filmer pour vendre ensuite à un prix élevé ces films pris sur le vif ("snuff movies"). Détruire les morts est le dernier tabou à transgresser qui érotise la cruauté, d'où les profanations.

Crime et cannibalisme

Le satanisme s'autorise à transgresser tous les tabous, à explorer systématiquement le pervers et l'anormal. Pour certains groupes, cette fuite en avant dans la perversion peut aller jusqu'à l'horreur et l'abomination. Dépassent l'entendement, certains rituels où l'on tue un enfant ou un adulte pour manger ensuite des parties du corps (souvent le coeur) et boire le sang. Ce cannibalisme confine à des degrés d'abomination insoutenable lorsqu'il tourne à la nécrophagie (cadavres ou foetus d'enfants mort nés ou d'IVG).

Conclusion.

Il ne s'agit ici ni de " faire peur ", ni de " diaboliser ", encore moins de réduire les dangers. Il s'agit seulement de prendre conscience. Prendre conscience, c'est objectiver les faits. Les groupuscules et sectes sataniques ne sont pas un phénomène marginal. Le nombre de ces sectes, groupes et associations maléfiques à travers le monde s'accroît. La France est touchée. Les sites sataniques sur internet se multiplient journellement. Face à ce phénomène de société, les représentants des pouvoirs publics n'ont que trop tendance à minimiser, voire à considérer a priori qu'il s'agit de " satanisme de salon " ou de " satanisme de cour de récré ! " Pendant ce temps, le processus se développe. Qu'on s'interroge sur les signalements " sataniques " effectués, sur les disparitions d'enfants et d'adultes jamais élucidées, sur les meurtres perpétrés par des jeunes avec la plus grande sauvagerie et sans motif apparent. Qu'on prenne la peine de faire le lien entre certains suicides de jeunes, incompréhensibles, et leur appartenance à des groupes sataniques. Comme pour le phénomène de violence, ce sont les collèges et les lycées de France qui, les premiers, tirent le signal d'alarme. Les ADFI et quelques associations de parents de victimes sont seules à les entendre et à tenter de les aider. Souhaitons que le Ministre de l'Education Nationale et la Ministre de la Jeunesse et des Sports lisent ces lignes.

Quelques documents signalés sur le satanisme

- Le retour du diable: satanisme, exorcisme, extrême droite de Paul Aries Editions Golias 1997 P Ariès est un chercheur en Sciences politiques qui participe depuis longtemps à des recherches publiques et privées sur les sectes. Pour lui, le néosatanisme se présente comme la religion du XXIe,e siècle au nom du droit du plus fort, du mépris des pauvres et de l'élimination des faibles. Son livre appelle à la défense des valeurs de la République. (Voir BULLES n° 57)
- Damné Satan de Richard Bergeron Editions Fides : Collection "Rencontres d'aujourd'hui " (1988) Richard Bergeron, franciscain, est professeur de théologie à l'Université de Montréal. Dès1988, R Bergeron constate que le satanisme se cherche partout des voies d'expression religieuse, artistique et sociale. Pour les uns, Satan est un puissant symbole de révolte prométhéenne et de recherche de soi par la gratification des désirs et l'exaltation de l'ego. Pour d'autres, Satan est une entité personnelle omniprésente qui poursuit son oeuvre de déconstruction du monde.
- L'histoire du Diable (XIlè e / XXé e siècle) de Robert Muchembled Editions du Seuil Sept 2000 Robert Muchembled est agrégé d' Histoire et Professeur à l'Université Paris XIII. Ce livre explore les représentations du Diable et les métamorphoses de la figure du Mal à travers l'histoire de notre civilisation du XIIè au XXè siècle. Etroitement imbriquées, l'histoire du corps, celle de la culture, celle du lien social fournissent la trame d'une étude précise, complète et passionnante. L'imaginaire diabolique du troisième millénaire est revisité à travers l'exorcisme, la mode du surnaturel, la littérature, le cinéma, la BD, la publicité. On notera une bibliographie " diabolique " particulièrement exhaustive, ainsi qu'un répertoire chronologique complet des films relatifs au " cinéma du diable ".
- L'homme et le diable.(Article paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, 03.04.2001, FORTIER Jacques) Dans cet article, le journaliste retrace brièvement les origines du satanisme. Terme hébreu, "satan" est l'un des noms du diable. Il personnifie aussi l'esprit du mal. Le plus souvent lié à des groupuscules plus ou moins sectaires, le satanisme peut être utilisé comme justification à toutes sortes de perversions ou de crimes. Il recouvre aussi toutes les formes de sorcellerie, de magie noire et de nécrophilie qui ont existé de tous temps. Si certains groupes se réclament du "vrai" satanisme athée et libertaire, il s'agit en majorité d'une mouvance antireligieuse pratiquant des rituels blasphématoires qui peuvent mener au viol, au meurtre ou à la profanation de sépultures. Les rites utilisés tournent en dérision les cultes chrétiens : messes noires, crucifix renversés, célébrations à caractère sexuel, emploi détourné de textes bibliques "les plus ésotériques" comme le "chiffre de la Bête" (666) de l'Apocalypse de Jean. D'autres symboles comme le pentagramme [renversé lui aussi] y apparaissent fréquemment. Aujourd'hui, la symbolique satanique mariant l'ésotérisme et le sulfureux tend même à être popularisée dans les jeux multimédia ou les séries télévisées. Elle est enfin revisitée par des groupes politico mystiques fascinés par le "pouvoir du mal", qui trouvent là un prétexte et un "habillage pseudo religieux" à la violence.

Quatre exemples d'actualité

- Les satanistes sont de retour (D'après France Soir, 17.04.2001) Les cimetières de la région varoise devraient faire l'objet d'une surveillance accrue après que des tombes aient été profanées ou couvertes de graffitis nazis dans les cimetières de Cuers et de Bormes les Mimosas. Certains "adeptes du satanisme" connus pourraient être entendus par la gendarmerie du Lavandou territorialement compétente.
- Vingt ans de prison pour le meurtre d'un prêtre (D'après La Voix du Nord, 07.04.2001) La cour d'assises du Haut Rhin a condamné à 25 ans de réclusion criminelle le coupable du meurtre du Père Jean Ulh, un prêtre de la banlieue de Mulhouse, assassiné de 33 coups de couteau, le 19 décembre 1996. Des "circonstances atténuantes" ont été accordées au jeune homme qui avait 18 ans au moment des faits, et qui semblait se trouver sous l'influence néfaste d'un de ses amis sataniste.

- Un père part en guerre contre les publications sataniques après le suicide de son fils (D'après Le Midi Libre, 11.03.2001) Il y a plusieurs semaines, un jeune Nîmois, adepte de musique "death metal", mettait son propre suicide en scène : tenue d'apparat, cagoule sur le visage et "casque stéréo enfoncé dans les oreilles". Son père a décidé de partir en guerre contre "cette funeste mythologie", d'autant qu'il continue à recevoir, au nom de son fils, des catalogues proposant des "chants de la Waffen SS" et "tout un fatras de pseudo littérature satanique d'auto mutilation, voire de tee shirts glorifiant le cannibalisme". II a officiellement averti les autorités du Gard et du Vaucluse pour attirer leur attention sur deux sociétés de production de la région. Il est également en contact avec le Mrap et la Mils.

- La collégiale de Poligny profanée (D'après l'Express, 28.05.2001) La collégiale Saint Hyppolite de Poligny (Jura), qui date du XVè" siècle, a été profanée dans la nuit de samedi à dimanche par des inscriptions sataniques et des excréments. Les vandales ont également allumé un feu de papiers et de cartons qui a totalement détruit une fresque sur un des murs de l'édifice.


 
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