Bio-psycho-généalogie - Les gourous en blouse blanche

(Source, Sciences et Avenir septembre 2005 par O.H)

Mis en ligne le 4 octobre 2005
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Introduction
Transgénérationnel
Mystérieuse mémoire
Michèle moitié léchée
Instruction en cours
Regard et varicelle
Une consultation en biologie totale.., et son addition

 

Introduction

" La maladie n'existe pas! " proclame l'ex-médecin Claude Sabbah, fort de " trente-trois années de recherches "...la biologie totale des êtres vivants, cette science pure et précise dont je vais vous parler ce soir, est le fruit de mes trente-trois années de recherches, enrichies de l'analyse des travaux des plus grands auteurs... Je peux donc l'affirmer, c'est prouvé : la maladie n'existe pas ! "

Pas un bruit dans la salle, aucune contestation, pas le moindre signe d'indignation. Cette scène s'est déroulée le soir du 4 mai dernier dans un grand auditorium loué dans le VIIe arrondissement de Paris. Plus de 100 personnes, essentiellement des femmes, qui ont payé 12 € l'entrée à ce cours magistral de " pata-médecine " - pour reprendre l'expression du psychiatre Jean-Marie Abgrall, auteur des Charlatans de la santé (1). Tous écoutent religieusement le maître, le docteur Claude Sabbah. Cet ancien généraliste français, qui s'est retiré du tableau de l'ordre des médecins, arpente la scène, le micro à la main, avec l'aisance d'un vieux briscard. II poursuit : " Si tous les gens qui aujourd'hui ont une maladie ne l'avaient pas, ils seraient morts depuis belle lurette ! "

Claude Sabbah est un élève du docteur Ryke Geerd Hamer, le père de la médecine nouvelle, condamné en juillet 2004 par la cour d'appel de Chambéry à trois ans de prison pour escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine. Ce médecin allemand prétend que toutes les maladies ont une origine psychologique. Aussi bien le sida (dû à un virus) que le cancer ou encore la sclérose en plaques. Ce fait " indiscutable " serait repérable grâce à des scanners cérébraux sur lesquels apparaîtraient des foyers de Hamer, c'est-à-dire des petits groupes de neurones connectés à des zones bien spécifiques du corps où la maladie va naître. Tel stress sera traité par le cerveau au niveau de tel foyer de Hamer et produira telle maladie dans tel organe.

Transgénérationnel

Même s'il est admis que certaines maladies peuvent avoir une origine psychologique, le fait de généraliser ce processus à toutes les maladies, y compris infectieuses, est une ineptie. Plus grave : selon Hamer, le seul moyen de guérir est de prendre conscience de l'origine de ce stress et, par une sorte de psychothérapie cathartique, de l'évacuer. Conséquence, le traitement n'est d'aucune utilité. Il pourrait même entraver le travail du psychothérapeute.

Hamer incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis Claude Sabbah a repris le flambeau. Il s'est inspiré des théories fumeuses de son mentor allemand pour créer ce qu'il appelle pompeusement la " biologie totale des êtres vivants " ou bio-psycho-généalogie. L'hypothèse de base reste " hamérienne " : toutes les " maladies " ont une origine psychologique Cette origine psychologique est un stress, qualifié de " conflit " dans le jargon des initiés. A un conflit précis correspond une maladie bien particulière. Par exemple, un stress lié à une mésentente dans le couple ou au sein du foyer familial, nommé " conflit de nid ", va conduire à un cancer du sein. La précision de la biologie est telle, assure Sabbah, que si la femme est gauchère, ce sera-le sein droit qui sera affecté, et inversement !

A ces postulats de base, Sabbah a apporté sa touche personnelle : le transgénérationnel conflit à l'origine de la maladie n'est pas forcément enfoui dans l'histoire de la vie du malade. peut très bien être né chez le parents, les grands-parents, le arrière-grands-parents, etc., sans qu'il se soit jamais manifesté. Jusqu'au jour où un malheureux paie de sa santé la dette de sa généalogie. Et Claude Sabbah de citer le cas de l'une de ses patientes : " Après des année d'efforts, une femme parvient à être enceinte à l'âge de 36 ans"
Mais, au quatrième mois de grossesse, elle se fait violer. Pour être sûre que son agresseur ne lui assène pas sur le ventre un mauvais coup qui pourrait la faire avorter, elle se laisse faire. Résultat : elle inscrit dans sa descendance le conflit "drame pour mon enfant". Ce conflit correspond très précisément à un cancer du sein. " Et, la biologie étant d'une précision d'horloger : " A 36 ans, l'âge auquel la mère a été agressée, la fille a un cancer du sein. "

Mystérieuse mémoire

L'enfant est imprégné du stress de la mère, car il se trouve dans la période de ce que Sabbah appelle le " projet-sens ". Cette période cruciale, théorisée par Marc Fréchet, autre chef de file de la sphère Hamer, court sur les quelques mois précédant la grossesse jusqu'au premier anniversaire de l'enfant. Durant cette phase critique, toutes les pensées des parents et notamment les stress, donc les conflits, vont être transmis à la progéniture et stockés dans une mystérieuse mémoire cellulaire au niveau du cerveau. La vie de l'enfant est déjà toute tracée : maladies, réussite scolaire, accidents, métier, mariages heureux ou malheureux, divorces...

Avec la hauteur et le recul inhérents aux grands chercheurs, l'ancien médecin Sabbah a pu généraliser la théorie de son collègue Fréchet à l'ensemble des " choses ". Les choses pouvant aussi bien être inertes que vivantes. Cela va donc de la lampe de bureau à l'enfant, en passant par le coquelicot ou encore le lapin de garenne et, bien sûr, la maladie. Chaque chose est l'objet d'un projet immatériel imaginé par un créateur - pas forcément divin - , précise Sabbah. Lorsqu'elle existe, elle devient matérielle et acquiert un sens (une fonction ?). Bien sûr, pour l'homme, c'est un peu plus compliqué que pour la lampe, dont le seul sens est d'éclairer. L'homme, avec ses nombreux ascendants, est forcément " polyprojeté " (plusieurs projets) et " polysensé " (plusieurs sens). Que serait cette belle théorie
synthétique des choses sans une bonne règle générale ? D'où le théorème de Sabbah, intitulé " loi universelle des choses provenant du principe universel de la création ". En voici l'énoncé : " Pour toute chose, il existe une phase immatérielle qui précède sa phase matérielle, et il y a un projet dans sa phase immatérielle et un sens dans sa phase matérielle. Donc toute chose a un créateur. Le projet de la chose se fait dans sa phase immatérielle et la chose une fois créée exprime son sens (celui qui correspond au projet) dans sa phase matérielle. " Sibyllin.

En résumé : rien n'est dû au hasard. Tout a un sens, une fonction, y compris la maladie. Elle n'est d'ailleurs qu'un programme mis en oeuvre par un super ordinateur, le cerveau, en réponse à un stress intense. Pourquoi ? Pour notre survie. Car le cerveau stressé donne l'ordre de la maladie, mais en la focalisant sur une partie de l'organisme, afin que le reste du corps puisse continuer à vivre normalement.
Pour démontrer ce propos finaliste, le docteur Sabbah puise un bel exemple de nature harmonieuse dans le livre de Jean-Marie Pelt les Langages secrets de la Nature : celui-ci raconte que, face au lion, le koudou, une grande antilope africaine, a une solution de survie : la fuite. " Il ne viendrait à l'idée de personne de dire que la fuite est une maladie ", commente Sabbah. Par ailleurs, le koudou mange des acacias. Ces arbres se sont adaptés en produisant une substance chimique, un tanin, toxique pour l'animal si celui-ci en mange trop. Et Sabbah d'en déduire: " Ce poison est la solution de survie inventée par l'acacia. Ce n'est pas non plus une maladie. Donc, ce que nous appelons maladie, et notamment le cancer, n'est qu'un changement physiologique, une réponse parfaite à un stress. " C.Q.F.D. "

La maladie ne serait qu'un programme lancé par le cerveau en réponse à un stress

Conclusion de Sabbah : " Ce que nous appelons maladie est en fait un système de survie. Mais tout ce qui permet de survivre, par exemple la course, n'est pas une maladie. Donc la maladie n'existe pas. Ce n'est qu'une vue de l'esprit. "

C'est de ce même détournement de la logique que procède la métaphysico-théologo-cosmonigologie chère au docteur Pangloss, le précepteur du jeune Candide : " Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les nez ont été créés pour porter des lunettes ", assure ce parangon de la philosophie finaliste brossée par Voltaire. Mais alors, dans cette nature harmonieuse où tout a un sens, une fonction, que viennent faire des mamelons sur le torse des hommes ? s'interrogeait malicieusement le célèbre paléontologue et évolutionniste américain Stephen Jay Gould.

Passons à la pratique. Car Claude Sabbah a des solutions pour le bien-être des hommes. Qui dit programmation des maladies, dit déprogrammation. Une déprogrammation forcément biologique ! Un art que seuls les élèves de Sabbah peuvent pratiquer correctement. " La biologie totale des êtres vivants, c'est la théorie pure. La déprogrammation biologique,c'est son application ", assène le maître. L'intérêt est donc d'entraîner le malade dans une sorte de psychothérapie transgénérationnelle. " C'est plus rapide et beaucoup plus puissant que la psychanalyse, rassure l'ancien médecin. J'ai déprogrammé mon propre fils en une séance. Il souffrait de quatre pathologies réputées incurables pour la médecine et qui l'obligeaient à porter des lunettes. Depuis ce jour, il ne porte plus de lunettes ", poursuit-il, le miracle modeste.

Michèle, moitié léchée

Le décodage des conflits, c'est-à-dire la recherche des sens cachés, passe par de nombreuses analyses très approximatives, et notamment par ce que l'on pourrait qualifier " d'anagrammo-phonologie ". Exemple puisé dans la littérature biopsychogénéalogique : une dame qui s'appelle Michèle est victime d'un conflit lié à sa mère. Car Michèle = Mi (moitié) + Chèle (anagramme de léché). Donc Michèle est à moitié léchée. Or, chez les mammifères, que font les mères avec leur petit ? Elles le lèchent. Ainsi, une Michèle a-t-elle été à moitié léchée par sa mère. Ce qui signifie qu'une autre femme l'a " léchée " durant son enfance. Il faut alors retrouver cette femme (une soeur, une tante, une grand-mère ?), car elle est peut-être la clé du conflit. Selon les aptitudes du biopsychogénéalogiste et le cas à décoder, l'anglais, l'espagnol ou pourquoi pas l'ouzbek peuvent être appelés à la rescousse. Puis, ces conflits étant potentiellement transgénérationnels, la recherche peut se faire dans l'histoire du patient, mais aussi dans celle de ses ascendants. En d'autres termes, si celui-ci ne guérit pas, c'est soit qu'il ne maîtrise pas la langue clé de son décodage, soit que sa mémoire est défaillante, soit qu'il est mauvais pour pister les conflits de son clan familial depuis Vercingétorix ! Plus grave : ce pourrait être un sceptique.

Les conséquences de cette pratique sont redoutables : ruptures familiales, arrêt des traitements médicaux. Nous avons rencontré quelques témoins des effets dévastateurs de la biologie totale. Telle mère est suspectée d'avoir fait un conflit de nid durant sa grossesse. Elle porte donc la responsabilité du cancer du sein de sa fille. La mère culpabilise, la fille accuse. Autre témoignage : cette pharmacienne belge et son frère, convertis tous deux à la biologie totale, accusent leur père d'être pédophile et incestueux et leur mère d'être gérontophile, abusant d'une cousine octogénaire. Citons aussi le cas de cette femme qui consulte, pour sa jeune fille, le docteur E., médecin généraliste homéopathe dans l'Hérault, élève de Sabbah et lui-même formateur en biologie totale. Il convainc la mère de retirer les lunettes de son enfant, contre l'avis du père et surtout en dépit d'expertises ophtalmologiques. Le père par-vient à faire la preuve des pratiques déviantes du docteur E., et porte plainte. Le médecin est condamné à six mois de sus-pension par le conseil départe-mental de l'ordre, mais il bénéficie de la grâce présidentielle lors de son appel auprès des instances nationales. Entre-temps, les parents ont divorcé et la garde de la fillette a été confiée à la mère, laissant le père face à son angoisse sur la santé de son enfant.

Pour ce qui est des traitements médicaux en cours de déprogrammation biologique, Claude Sabbah, à la différence de son mentor Ryke Hamer, est très prudent. " Il ne faut pas les arrêter ", martèle-t-il avec beaucoup de zèle. Mais quel impact peut avoir ce discours raisonnable chez des malades accablés par une trithérapie ou craignant d'être mutilés par une chirurgie lourde, et à qui l'on a promis qu'une simple psychothérapie allait les soigner, qui de son sida, qui de son cancer ? Par ailleurs, quel crédit accorder à ces recommandations quand, durant les trois heures d'une conférence, la science et la médecine conventionnelles sont discréditées, stigmatisées, ridiculisées ? " La médecine ne guérit pas, elle permet simplement de ralentir la maladie. Elle n'est pas efficace contre le cancer. Qui dans cette salle connaît des gens qui ont survécu au-delà de dix ans à un cancer ? ", lance Claude Sabbah à son public. N'est-ce pas la preuve que la médecine est inefficace ? Et pour ce qui est de la science officielle, " il lui a fallu des siècles pour admettre que la Terre n'était pas plate ".

Instruction en cours

Quelles que soient ses précautions, Claude Sabbah ne pourra pas tenir indéfiniment ce double discours. La justice belge ne devrait pas tarder à se mêler de ses affaires. Son représentant officiel en Belgique, Louis V., a déjà été inculpé pour exercice illégal de la médecine, escroquerie et attentat à la pudeur, suite à une plainte déposée par la famille de l'un de ses malades décédé. Selon les témoignages des proches, la victime aurait, sur les conseils du thérapeute, arrêté son traitement. L'instruction est encore en cours au tribunal de Liège. Mais le dossier promet d'être lourd. " Lors de la perquisition dans le cabinet de Louis V. nous avons découvert plusieurs autres dossiers de patients décédés. Nous avons contacté les familles concernées. Leurs témoignages confirment que Louis V. a vraisemblablement conduit ces malades à arrêter leur traitement ", explique Philippe Dulieu, le premier substitut du procureur du roi au tribunal de Liège. Outre le dossier Louis V., des plaintes ont été déposées dans l'affaire de la pharmacienne belge qui accusait ses parents d'abus sexuels. Trois thérapeutes sont mis en cause, dont un médecin et une psychologue française.

En attendant les premières condamnations possibles en Belgique, Claude Sabbah continue de faire des émules. Pis, des bataillons de thérapeutes déviants. A lui tout seul, il aurait, selon ses dires, formé 5000 personnes de la France à la Bel gique et au Québec. Ces 5 000 personnes apposent leur nouvelle plaque à côté de celle de leur activité officielle. Un bon complément de revenu. Certaines d'entre elles en forment d'autres, et ainsi de suite. Le public : beaucoup de médecins, de pharmaciens, d'infirmiers, et le tout-venant socioprofessionnel. Exemple dans la liste de la " promotion " de janvier 2002 que nous avons pu nous procurer : artiste peintre, astrologue, secrétaire, vendeuse, magnétiseur, chef de choeur et même institutrice. En une vingtaine de journées de stage, ces nouveaux docteurs Knock seront parés pour affronter mal de dos, mi-graines, maux de ventre, mais aussi cancers, sida et scléroses en plaques.
Parmi ces cohortes de charlatans, quelques-uns sortent du lot. Souvent des médecins. Exemple : Alain Scohy, adepte inconditionnel de Hamer et Sabbah. Il reçoit ses patients à Agullana, en Espagne, à une heure de Perpignan, dans son institut Paracelse, centre de médecine psychosomatique et hippocratique. Alain Scohy a été radié de l'ordre des médecins en France, notamment pour avoir rédigé de faux certificats de contre-indication vaccinale. Pourtant, dans son refuge catalan, il continue d'exercer librement sa médecine dangereuse basée sur la biologie totale. Il nie, par exemple, le caractère pathogène de certains virus et autres bactéries. A propos du sida, il va jusqu'à prétendre que ce n'est qu'un mauvais scorbut. Et, de la théorie, il n'hésite pas à passer à la pratique. Suite à une correspondance par courrier électronique, nous avons pu mettre en évidence ses tentatives pour démédicaliser une de ses patientes atteinte du sida. A la place de sa trithérapie, il lui conseillait de la vitamine C.

Autre élève de Sabbah,très prolixe : Gérard Athias. Encore un médecin retiré de l'ordre. Il a créé dans sa villa d'Hyères (Var) le " Collège international Gérard Athias - Guérir autrement ", qui délivre des diplômes éponymes !Il anime séminaires, conférences, formations, et un forum Internet particulièrement dynamique.

Gérard Athias est aussi le symbole d'une médecine déviante divinatoire et ésotérique. Pour faciliter le décodage des conflits, il n'hésite pas à mêler les concepts négationnistes de la biologie totale... au tarot de Marseille que lui a enseigné Alexandro Jodorowsky, le célèbre scénariste de Moebius, hameriste et sabbahiste. S'ajoute encore au tarot la kabbale, très tendance et très puissante dans " l'anagrammophonologie " biopsychogénéalogiste. Elle permet de traquer dans les mots des sens cachés que le français et les autres langues vivantes ne feraient pas apparaître. Il ne manque plus que le marc de café et les séances de spiritisme pour compléter les outils de diagnostic de cette médecine du troisième millénaire.

Regard et varicelle

Gérard Athias est aussi écrivain. Il est l'auteur de huit livres dont, inquiétant, quatre destinés aux enfants. Par le biais de petites bandes dessinées, il explique comment l'allergie au pollen du petit Thomas est due à la peur d'une séparation définitive et à une mère parfois chaleureuse, parfois froide ! Ou pourquoi la varicelle de Clémentine est liée à une séparation, à un changement de regard sur la mère (celle qui varie/varie celle). Deux autres de ses livres* relatent l'enseignement de Sabbah - présenté sous le pseudonyme de Joseph, un " medecine man " retiré dans la jungle mexicaine. Ces deux ouvrages permettent de noter quelques petits détails révélateurs sur la pratique du maître et de ses lieutenants, comme ce credo qui revient régulièrement dans les propos du fameux Joseph : " Nous ne sommes pas des gourous, nous ne sommes pas une secte. " En guise d'expiation ?

Une consultation en biologie totale.., et son addition

Je m'appelle Olivier M., j'ai 34 ans et de nombreux problèmes. Je consulte ce lundi 6 juin 2005 madame H., une praticienne en biologie totale recommandée par le secrétariat de Claude Sabbah. Je lui égrène mes maux : mal au dos, mal aux genoux, angoisse. Côté vie personnelle, ce n'est pas brillant : instable, célibataire, chômeur. Je vis claquemuré dans un petit studio parisien payé par mon père qui, en plus, me donne de l'argent pour m'aider. Mon père ? Il gagne beaucoup d'argent, il est très secret, très distant. Je le soupçonne de ne pas être mon père. Je n'ai pas de bons rapports avec lui. Je profite de ce moment pour avouer que je suis constipé. Là, madame H. réagit : la constipation, le père, son argent, les mauvais rapports, le secret. Je lui ai donné tous les éléments d'un diagnostic déjà fait. " C'est très important ", m'assure-t-elle. Je fais mine d'être inquiet. " Je ne peux rien vous dire encore, si ce n'est que la constipation peut être en rapport avec ce qui s'est passé lorsque vous aviez 3 ans ", poursuit-elle. En fait, ce qu'elle ne peut pas me dire encore, c'est que j'ai peut-être été agressé sexuellement par mon père durant mon enfance. Que l'argent qu'il me donne est un moyen de garder le secret. De ne rien dire, de le retenir. Du secret à l'étron, il n'y a qu'un pas qui vous fait tomber dans la constipation. C'est en tout cas ce que suggère Ghislain Devroede, un chirurgien de l'université de Sherbrooke (Québec) qui soutient dans son livre
" Ce que les maux de ventre disent de notre passé " que 50 % des personnes souffrant de colopathies fonctionnelles (diarrhées, constipations, etc.) ont été abusées sexuellement durant leur enfance.

Après cette demi-révélation sur ma petite enfance, madame H. me donne un avant-goût de ce que pourrait être " mon travail sur moi ", mon décodage biologique. " Vous êtes instable. Il vous manque une colonne vertébrale. " Voilà pour le mal de dos. Si je me stabilise, le mal de dos disparaîtra " Si vous faites rien maintenant, va allez être mis à genoux. " voilà pour les genoux. Je suis convaincu par la pertinence ses analyses et lui fais comprendre que je veux continuer. Elle me propose " un packaging avec une séance par semaine. Cela peut durer six mois, un an, peut-être plus. Sûrement pas dix ans comme pour une psychanalyse. La réalité doit être entre les deux. " Rien à voir avec les résultats rapides garantis par Claude Sabbah "La séance dure quarante minutes et coûte 80 euros. Si vous êtes en retard, ce seral pour vous. Il faut me prévenir au moins 48 heures avant pour annuler un rendez-vous, sinon la séance est due. Vous devez payer en liquide. Ce n'est pas remboursé par la Sécu. " . Je fais un rapide calcul : 5 ans à 80 € la séance hebdomadaire ? Je pourrais bien lui laisser 19 200 €. Si en plus je décide de suivre la formation de base en seize jours de Claude Sabbah pour devenir moi-même psychothérapeute, il m'en coûtera 2 000 à 2 250 € hors transport et hébergement. Finalement je décide de repartir à la recherche de l'équilibre qui me permettra de retrouver ma colonne vertébrale. Seul. Sinon tout cela finira par me mettre financièrement à genoux.



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