Position de l'UNADFI sur l'amendement Accoyer

(Source : Docteur François-Marie Michaut - webmestre d'Expression médicale )


Mis en ligne le 27 décembre 2003
-----------------------------------------------

L'activité de l'UNADFI et des ADFI, centrée essentiellement sur la relation d'emprise sectaire, amène à constater très nettement depuis une quinzaine d'années un accroissement important du nombre de victimes de psychothérapies, ainsi d'ailleurs que des médecines parallèles.

Nous constatons

" L'apparition de ce qu'il faut appeler un marché du psychospirituel
" Un foisonnement de méthodes non éprouvées scientifiquement la plupart du temps non adéquates (d'inspiration " new age ", chamaniste, énergétique, magique, etc., ou encore thérapie brève)
" La multiplication de psychothérapeutes
"autoproclamés,
"non formés,
"incapables de poser un diagnostic adéquat (fréquents diagnostics farfelus),
"non contrôlés,
"n'offrant aucune garantie sur le plan de la responsabilité professionnelle (absence de déontologie, de contrôle par un ordre professionnel et d'assurance responsabilité,
"se livrant à une publicité interdite aux autres professionnels.
" L'éclosion d'un grand nombre d'organismes de formation privés, liés à une dérégulation du marché du psychisme, délivrant à de futurs psychothérapeutes des diplômes non reconnus.
" Une mise en œuvre du transfert et du contre-transfert volontairement ou involontairement dévoyée débouchant sur une mise en état de faiblesse du patient.
" Une confusion du psychosomatique avec la dualité corps-esprit faisant croire à une interaction de type " magique " (à noter pour ce dernier point la confusion fréquemment faite par nombre de psychothérapeutes non psychiatres, non psychologues cliniciens et non psychanalystes, entre inconscient et dimension magique).

(Les mêmes observations peuvent être faites pour le monde médical tenant la croyance répandue qu'une " purification " du corps est la condition d'une " purification " de l'esprit).
Les victimes de psychothérapies abusives expliquent que leur parcours les amène à l'état de sujétion décrit par l'article 223-15-2 du code pénal.

Elles font état d'une victimisation qui relève la plupart du temps de celle que nous connaissons sur le plan sectaire : dépendance de la personne mise en état de sujétion physique ou psychologique.

La relation psychothérapeute-patient relève trop souvent, dans les témoignages que les ADFI recueillent, de la dimension d'emprise sectaire et parfois de type incestuel en ce qu'il s'établit une relation de soumission à base de culpabilité.

Nous proposons

Penser un plan d'information, de prévention, de promotion et de formation à la santé mentale.
Information

Information dans le monde scolaire, dans le monde universitaire et dans le monde professionnel sur les patapsychothérapies (de même que les patamédecines) en expliquant pourquoi elles sont illusoires et séduisantes pour les praticiens.
Information du public dans le cadre d'une politique de santé mentale pour faire connaître les divers intervenants possibles dans le domaine du " mal-être " de façon à permettre au consommateur du psychologique de choisir en connaissance de cause.

Prévention

Alerter sur les risques que fait encourir la fumisterie. Expliquer en quoi les patapsychothérapies peuvent être dangereuses pour les usagers.

Promotion

Humaniser le monde médical et psychiatrique pour le rendre plus accessible aux " consommateurs ".

Les victimes de psychothérapies abusives qui viennent aux permanences des ADFI expliquent qu'elles étaient en recherche de mieux-être ou d'épanouissement personnel, mais n'étaient pas obligatoirement en recherche de soins.

Il y a souvent chez ce type de patients demandeurs de psychothérapies non éprouvées un rejet de toute médication et une peur de subir une " intoxination " à partir de la prise de médicament ce qui correspond aux doctrines parallèles..

L'amendement ACCOYER, en ce qu'il " médicalise " la prise en charge thérapeutique risque de ne pas déboucher pour cette raison sur la protection des consommateurs qu'il poursuit. De plus il semble s'éloigner des vœux formés par les professionnels de la psychiatrie lors des États

Généraux de la psychiatrie qui se sont tenus à Montpellier en septembre 2003, qui souhaitaient que soit " réaffirmée la mission première de la psychiatrie comme discipline médicale, dispensatrice de soins… en complémentarité renforcée avec le médico-social et le social ".

Lors de ces " États Généraux ", une définition (négative et positive) des psychothérapies avait été tentée : " les psychothérapies sont des actes de soin, qui utilisent des mécanismes psychologiques suivant des techniques standardisées, appuyées sur des bases scientifiques structurées dans le temps et permettant d'obtenir des résultats ".

Formation

Une formation aux techniques psychothérapeutiques et une formation préalable en psychopathologie devraient être mises en place à l'issue desquelles un mémoire mettrait en évidence les connaissances acquises et mises en pratique.

L'UNADFI se positionne ainsi pour une réglementation de la pratique de la psychothérapie, mais demande que l'amendement ACCOYER soit revu en prenant en compte de ces propositions.



Home Page
Sectes = danger !