Heurs et malheurs de l'Office Culturel de Cluny

(Source: BULLES du 4ème trimestre 1993)

 

L'Office culturel de Cluny n'a rien à voir avec la célèbre abbaye cistercienne. Il tient plus prosaïquement son nom d'un café du quartier latin où se rassemblaient, il y a une trentaine d'années, les fondateurs de l'association ainsi dénommée.

 Depuis son origine, l'OCC a suscité interrogations, réserves et mises en cause de certaines administrations ou associations.

  1. Connaissez-vous Cluny ?
  2. Qu'est-ce que l'OCC ?
  3. L'histoire mouvementée de l'OCC et de la communauté de Cluny
  4. Heurts avec les administrations et les pouvoirs publics
  5. Les heurts en justice
  6. Heurs avec des stagiaires, des communautaires, des familles
  7. Heurts avec l'Eglise catholique


1. Connaissez-vous Cluny ?

Généralement, ce seul nom évoque, non seulement un chef-lieu de canton de Saône-et-Loire, dans l'arrondissement de Mâcon, et son école d'arts et métiers, mais la prestigieuse abbaye bénédictine consacrée en 1095, le plus vaste monument de l'Occident, chef d'oeuvre de l'art roman.

 Ce n'est évidemment pas cette congrégation clunisienne, qui regroupait à la fin du XIIème siècle 1038 maisons, et encore moins de l'Hôtel et du Musée de Cluny à Paris que nous voulons parler. L'objet de cet article concerne une association, appelée "Office Culturel de Cluny" (OCC).

 "Cette dénomination, comme le remarquait la Cour d'Appel de Grenoble, prête volontairement à équivoque. Il vient en effet à la pensée de chacun que cette association de la loi 1901 ne peut être que liée à la fameuse abbaye qui porte le même nom ; que le terme 'clunisien' est même cité abusivement dans plusieurs documents, alors qu'en réalité il s'agit d'un café de Cluny, au quartier latin, à Paris, où se rassemblaient les fondateurs de la dite association, alors que le terme 'clunisien' ne peut s'appliquer qu'aux Bénédictins". (Attendus de l'arrêt de la Cour d'Appel de Grenoble dans un procès en diffamation intenté par l'OCC. 27 septembre 1989).
 

2. Qu'est-ce que l'OCC ?

Pour éviter d'autres confusions, il convient de distinguer l'Office Culturel de Cluny - Fédération Nationale d'Animation Globale (OCC-FNAG) de la Communauté des Clunisiens.

L'Office Culturel de Cluny

L'Office Culturel de Cluny (OCC), association loi 1901, créée par Olivier Fenoy en 1963, est, selon ses propres statuts "un organisme : La Fédération Nationale d'Animation Globale (FNAG) regroupe les divers centres de l'OCC implantés en France : L'OCC est également implanté au Québec et au Chili.

 L'OCC publie une revue trimestrielle : "Le Courrier : Nouvelles de Cluny". Directeur de publication : O. Fenoy (Abonnement : 100 F).

 Pour répondre à sa vocation, l'OCC a créé, depuis 1963, une trentaine de pièces de théâtre, quelques films, la restauration de plusieurs bâtiments. Sa principale activité est l'organisation de stages : "Personne-Culture et société" (PCS), "Personne-Culture et Histoire" (PCH), expression gestuelle et vocale, théâtre (pour enfants et adultes), ateliers (fresque, céramique, photo, métiers...) et également des camps et voyages à vocation culturelle.

 Ces stages sont organisés soit dans les deux écoles de l'OCC : l'École de Cluny, à la Brûlaire, fondée en 1978 (1er cycle : 1 an ; 2ème cycle : 2 ans) ou l'École du Métier, à Vézelay (pour les jeunes de 16 à 25 ans qui désirent devenir artisans), soit dans les différents centres.

La Communauté de Cluny

Au commencement, Cluny était une simple troupe de théâtre dans laquelle étaient entrés des gens de tous métiers et de toutes disciplinés : architecture, lettres, sciences, droit, agriculture, technique, éducation, art... Puis rapidement, Olivier Fenoy conçut le projet de fonder "une communauté contemplative de vie et de travail", communauté mixte de laïcs (consacrés par des engagements perpétuels) mettant en commun leurs biens matériels, humains, intellectuels, culturels et spirituels. Ces "communautaires clunisiens" s'appellent aussi "les missionnaires de l'espérance".
 

3. L'histoire mouvementée de l'OCC et de la communauté de Cluny

Devant ce projet, "promoteur de civilisation" : "travailler au plein épanouissement de la personne humaine, au service d'une certaine vision de l'homme", devant la générosité et la valeur intellectuelle, professionnelle et spirituelle de ces jeunes (architectes, littéraires, scientifiques, juristes, artistes gestionnaires, agriculteurs, éducateurs...), qui, un jour, ont tout quitté pour entrer dans la "Communauté de Cluny" pour devenir "les missionnaires de l'Espérance", qui ne serait émerveillé ?

 Mais, alors, pourquoi, depuis 30 ans, l'OCC connaît-il une histoire si mouvementée, aussi tumultueuse et orageuse ? A l'occasion du 25ème anniversaire de l'OCC, une "clunisienne" posait elle-même la question : "Mais qui sont ces Clunisiens ? Avec l'accumulation, depuis un quart de siècle, de cabales en tout genre, de mauvais procès, de fins de non-recevoir aux portes des ministères ou des préfectures, et plus encore du désintérêt des plus proches dont on espérait l'adhésion... ?" (Le Courrier. Nouvelles de Cluny, n° 52, p. 2).

 Oui, pourquoi, sans discontinuer depuis trente ans, l'OCC, rencontre-t-il toutes ces difficultés avec les administrations, les pouvoirs publics, pourquoi ces procès, ces problèmes avec des stagiaires, des communautaires des familles, avec l'Église catholique ?
 

4. Heurts avec les administrations et les pouvoirs publics

"Cherchant la caution des milieux politiques, religieux et administratifs, cette association (l'OCC-FNAG), dont l'habileté tactique et le sens juridique ne font aucun doute, cherche par tous les moyens à s'implanter et si possible à créer puis à gérer des structures en direction des jeunes...". Cette lettre, co-signée par deux présidents d'associations de jeunes, exprime bien l'inquiétude de nombreux présidents d'association, de Directeurs départementaux du Travail ou de la Jeunesse et des Sports, de municipalités, qui s'interrogent sur le fonctionnement, les méthodes et la compétence de l'OCC, laquelle "refuse de répondre de la bonne utilisation des fonds publics, d'être contrôlée pédagogiquement et qui ne peut délivrer aucun diplôme officiel et n'assure pas la couverture de ses stagiaires...". Ainsi :

5. Les heurts en justice

Curieusement, l'histoire de l'OCC va être jalonnée par de nombreux procès. Sans s'attarder sur la poursuite en attestation mensongère qu'Olivier Fenoy avait engagée contre son propre frère Hervé et qui s'est terminée par un non-lieu (Tribunal de Lyon - 1er juin 1983), citons, sans vouloir être exhaustif :

Un réquisitoire de non-lieu

Le 23 octobre 1985, l'OCC, se constituait partie civile et déposait plainte contre Claude Laugier et Hervé Simon pour avoir produit en justice une attestation "faisant état de faits matériellement inexacts". Le Procureur de la République (Cour d'Appel de Paris), "attendu qu'il ne résultait pas de l'information charges suffisantes contre Laugier et Simon d'avoir commis les faits qui leur sont reprochés", a prononcé un réquisitoire définitif de non-lieu, le 7 juillet 1989.

Le procès en diffamation contre Madame Jeandroz

En 1988, l'OCC porte plainte en diffamation, avec constitution de partie civile, contre Madame Jeandroz, présidente de l'association "L'Alouette", "pour avoir distribué en novembre 1988, sur la voie publique, un tract composé de trois volets portant le titre Secte ou pas Secte ? et que parmi les noms des divers groupements figure l'OCC".

 Malgré "les attestations, les lettres, articles démontrant la considération que des personnalités politiques et religieuses portent à l'OCC", la Cour d'Appel de Grenoble, impressionnée par la solidité du dossier de la Défense, grâce aux nombreux documents de l'Association de Protection contre les pratiques d'Emprise Psychologique (APEP) constituée avec l'ADFI, le 21 janvier 1983, a relaxé Madame Jeandroz ", la déclarant " non coupable du délit de diffamation ". (Arrêt de la Cour d'Appel de Grenoble, 27 septembre 1989).

Le procès contre l'association propriétaire de la Brûlaire

Dernier procès en date : l'OCC, locataire du Domaine de La Brûlaire, à Gesté (49600), intente un procès en référé à son propriétaire, "l'Association des Enfants de Notre-Dame de la Salette et de Saint-Grignon de Montfort".

 L'association propriétaire de la Brûlaire, réunie en assemblée générale le 17 octobre, a voté la résolution suivante :

6. Heurs avec des stagiaires, des communautaires, des familles

Après l'affaire Laugier et ses conséquences, financières, familiales, psychologiques, on pourrait établir une longue liste des drames qui ont marqué des stagiaires, des communautaires, des familles. Leurs témoignages se recoupent, révélant les mêmes atteintes à la dignité et à la liberté de la personne humaine.

 Une étude clinique et psychologique, effectuée par un médecin psychiatre, a mis en évidence les caractéristiques suivantes :

7. Heurts avec l'Eglise catholique

Une autre question a engendré un malaise permanent depuis la fondation de la "communauté des clunisiens" : quelle est la nature canonique de cette communauté chrétienne, sa relation avec la hiérarchie catholique ? Car, depuis 30 ans, des jeunes sont entrés à Cluny comme on entre en religion, ont fait des voeux appelés pudiquement engagements perpétuels (célibat, pauvreté, obéissance), vivent en communauté, mais jamais ce groupe n'a jugé bon d'obtenir la reconnaissance officielle de l'Église, malgré les conseils réitérés de l'Épiscopat et en opposition formelle avec la législation de l'Eglise. Les clunisiens, pour être plus libres, se contentent d'entretenir des relations avec certains évêques qui leur servent de caution. C'est ainsi que le cardinal Decourtray fut invité par l'OCC, association loi 1901, à intervenir lors de son Congrès à Lyon, le vendredi 12 novembre 1993, pour présenter les "attentes de l'Église et les axes missionnaires".

 Le 20 juin, l'Évêque d'Angers, Monseigneur Orchampt, qui a sur son diocèse la "communauté de la Brûlaire" a répondu à cette question : "La communauté de la Brûlaire est-elle une communauté d'Église ?". Voici un extrait de son communiqué :

Pour qu'un évêque puisse accorder à un groupe la reconnaissance canonique, Mgr Orchampt rappelle qu'il faut que "des statuts définissent clairement le but, les structures, le fonctionnement de l'association, le mode de désignation de son responsable. Depuis de longues années, j'ai personnellement demandé à des responsables de l'OCC-FNAG (donc des communautaires) d'établir de tels statuts et de les faire vérifier en vue d'un éventuel agrément. Ce ne fut pas réalisé. Ce ne l'est pas encore. De tels statuts ont non seulement pour but de définir le projet d'une association et sa conformité avec la vie ecclésiale catholique, mais de veiller à ce que chaque personne soit pleinement respectée dans sa liberté au sein de l'association. Dans l'état, je ne peux reconnaître l'OCC-FNAG (l) comme association de fidèles donc comme 'communauté d'Église'... Mon action n'a d'autre but que de veiller au respect des libertés fondamentales de chaque personne et au témoignage que toute communauté qui se reconnaît catholique est appelé à donner, en lien avec les diverses communautés qui constituent toute Église diocésaine". (Semaine Religieuse d'Angers - 27 juin 1993 - N° 25).

 Le "Progrès de Lyon" du 5 novembre 1993 annonçait le Congrès organisé par l'Office Culturel de Cluny, à l'espace "Porte de Lyon", à Dardilly, du 11 au 14 novembre. Parmi les diverses interventions sont mentionnées "celles du cardinal Albert Decourtray, d'Olivier Fenoy, directeur de l'OCC, du Professeur Lazlo Tringer, directeur d'hôpital à Budapest", sans indiquer sa spécialité de neuro-psychiatre. Gageons que le cardinal expose que "qui blesse l'homme blesse Dieu" et que le psychiatre explique qu'il existe des groupes qui "révèlent ou déclenchent des psychoses ".

 

Notes

(1) Il est évident que Mgr Orchampt veuf désigner sous cette appellation la communauté des chrétiens de la Brûlaire comme l'indiquait clairement le titre de son communiqué : "La communauté de la Brûlaire est-elle communauté d'Eglise ?".

 


Autres sectes sur le Net francophone
L'Office Culturel de Cluny 

Home Page
Sectes  = danger !