26. Bilan de mon expérience scientologue
 


Grâce à la Scientologie et aux "TRs à la dure", vous réussirez "finalement à avoir un cycle de communication souple et impeccable". Puisque Ron vous le dit !
 
 

Pendant neuf mois, je ne fis rien d'autre que rester chez moi, à tenter de comprendre ce qui m'était arrivé, et à m'organiser une nouvelle vie. Une semaine après mon départ de la Scientologie, je commençai à retranscrire mes souvenirs dans un journal. J'étais complètement désorientée. Pendant plusieurs mois, je ne vis personne d'autre que mes parents et je me sentais vraiment seule.

Six semaines après avoir quitté la secte, je commençai à analyser les pratiques du groupe pour essayer de cerner ce qui n'allait pas. J'écrivis: "il y a quelque chose d'anormal dans la façon dont fonctionne ce groupe - quelque chose d'essentiel sur laquelle je n'arrive pas à mettre le doigt". A ce moment-là, je n'avais pas encore envie de tenir Ron Hubbard pour responsable de mes déboires, et je ne connaissais rien aux manipulations mentales. Cependant, je relevai un point d'une grande importance à mes yeux: la secte ne se souciait vraiment pas du respect le plus élémentaire de l'individu. Les gens n'étaient considérés qu'en fonction de leur productivité. Il me revint en mémoire l'exemple d'une femme hollandaise qui s'entraînait en tant qu'auditrice à Flag. Elle avait toujours eu des difficultés avec la langue anglaise; par conséquent elle avait du mal à comprendre les cours, et donc à s'entraîner dans les exercices d'audition. Elle était incapable de progresser au-delà des niveaux d'audition de base à cause de l'obstacle linguistique. Ses erreurs commises l'amenèrent tout droit à l'Éthique et, comme moi, elle fut partie de ceux qui inaugurèrent le RPF. Il n'était venu à l'idée de personne que son problème était non pas "d'avoir des mauvaises intentions contre la Scientologie", mais tout simplement de ne pas maîtriser suffisamment l'anglais. Personne ne s'était soucié de voir ce qui était évident chez elle. Ils considéraient tous qu'elle ne faisait aucun effort pour devenir un auditeur performant; et donc qu'elle cherchait à nuire délibérément à la Scientologie - si bien qu'elle en subissait les conséquences. Si seulement ils lui avaient accordé un minimum d'attention, ils auraient aisément remédié à ses difficultés en l'aidant à apprendre l'anglais. Mais l'apprentissage de l'anglais était loin d'être une priorité dans la Sea Org.

Je commençai à réaliser que, dans l'ensemble, il n'y avait dans la Sea Org ni considération, ni affection pour l'individu. Toute "affection" était conditionnée par la productivité à un poste donné, et les critères de performance étaient parfois grotesques. Il y avait des exceptions, bien sûr; parfois une vraie amitié naissait malgré tout entre certains adeptes, mais c'était exceptionnel dans la secte. Souvent, quand de telles amitiés se développaient, tout était mis en oeuvre pour séparer les gens, comme cela était arrivé entre Quentin et moi. A vrai dire, ce n'était pas la possibilité d'avoir des relations sexuelles qui avait été perçue comme une menace par Ron Hubbard, mais la l'éventualité d'une intimité et d'une amitié vraie entre les membres. Cette séparation entre les vrais amis eut pour effet d'isoler chaque membre, même s'il vivait quotidiennement au milieu de centaines de personnes dans l'environnement de la secte.

"LA CLÉ ESSENTIELLE POUR LIBÉRER UN ADEPTE EST LA COMPASSION"

A mon avis, la meilleure attitude que puisse adopter un éducateur pour ex-adeptes lors d'une intervention auprès d'un scientologue, est de se montrer très chaleureux avec lui. Les scientologues, en particulier les membres permanents, ont un grand besoin d'une sorte de compassion. Je n'insisterai jamais assez sur ce point. Une attitude compatissante et chaleureuse aidera beaucoup plus l'adepte à se libérer de cette prison psychologique que toute critique envers la secte. Apporter des informations à un membre ne donne aucun résultat, car elles seront toujours considérées comme des mensonges de la presse Wog. Je le sais parce que j'ai vécu dans un tel environnement pendant plus de cinq années. La clé essentielle pour libérer quelqu'un d'une secte est la compassion. Cette règle est la même pour toutes les sectes, et à plus forte raison dans la Scientologie, où dans les plus hauts échelons il n'existe pas la moindre compassion. Montrer de la compassion peut suffire pour inciter un membre à rompre avec son identification à la Scientologie, et l'atteindre dans ce qu'il a de plus authentique. Dès qu'un lien affectif est établi avec lui, vous pouvez lui communiquer des informations et le guider vers la sortie du piège.


chapitre 27/28: La mort de Quentin Hubbard

Mes neuf vies dans la Scientologie: SOMMAIRE