" En quête de vérité "
sur Moon et les moonistes

(Source : BULLES du 2ème trimestre 1992)

 

 Pascal Zivi répond à Laurent Ladouce

Invité par les organisateurs de l'émission télévisée " En quête de vérité " (TF1, 18 décembre 1991) à venir témoigner des agissements de l'organisation Moon au Japon où il réside depuis plusieurs années, Pascal Zivi mis en cause par Laurent Ladouce, nous communique la réponse suivante.

 Réponse. Les différents stratagèmes de "l'Eglise de l'Unification" pour ramasser de l'argent:

  1. Les minibus
  2. Les cartes de crédit
  3. Les collectes pour le Shokyo Rengo. (Victoire sur le communisme)
  4. La manipulation des femmes mariées
  5. Le scandale des vases et des pagodes
  6. Comment la secte fait passer l'argent d'un pays à un autre


Réponse

La discussion portait sur l'affaire Claire Chateau, jeune mooniste que ses parents avaient " enlevée ", en 1982, pour lui faire rencontrer d'anciens moonistes et tenter de la faire réfléchir sur ce qu'est vraiment l'"Église de l'Unification". Ce fut un échec. Retrouvée rapidement pas ses coreligionnaires, la jeune fille repartit avec eux.

 Mon intervention, tout à la fin de l'émission, n'a été que de courte durée, et il m'a été impossible de répondre à M. Ladouce. C'est pourquoi je le fais dans cette lettre.

 Ayant entendu mon témoignage, M. Ladouce a déclaré que je n'y connaissais rien, que je racontais n importe quoi ; il a reproché à J. -P. Foucault " d'inviter n'importe quelle personne trouvée dans la rue pour parler ". En un mot, il m'accusait d'être un menteur.

 Je veux donc d'abord préciser que tout ce que j'ai dit, ce sont les témoignages des anciens de " l'Église " de Moon au Japon. En m'insultant de cette manière, ce sont eux que M. Ladouce insulte. Je vais donc reprendre mes déclarations avec plus de détails ; si je mens, que M. Ladouce le prouve.

 J'ai signalé que 93 anciens moonistes avaient porté plainte contre l'" Église de l'Unification ", et que d'autres vont en faire autant. les plaintes portent sur la manipulation mentale, la destruction de la famille, l'exploitation de main-d'oeuvre sans salaire ni assurance, la pression pour accomplir des actes illégaux.

 J'ai signalé qu'au Japon, pour ramasser de l'argent, l'EU ("Église de l'Unification") a recours à toutes sortes de stratagèmes :

1. Les minibus

Dans son livre, " le visage de la secte Moon et ses manipulations ", Mme Kawasaki Kyoko, pasteur, dit ceci : " Dans ces minibus, la secte entasse toute sorte de marchandises, poissons séchés, coquilles St-Jacques, amuse-gueule pour l'apéritif etc. En général il y a sept personnes par minibus. Les moonistes font le porte-à-porte. Jamais ils ne se présentent comme tels ni disent qu'ils vendent au profit de leur groupe. En fait, ils mentent pour soutirer de l'argent. On nous a toujours interdit, disent-ils, de nous identifier. On nous a même demandé, au cas où nous serions appréhendés par la police, de dire que nous travaillions pour notre propre compte, sinon cela risquait de devenir un problème pour notre Père (c'est-à-dire M. Moon). Ces jeunes travaillent de longues heures, souvent dans des conditions déplorables ". Un ancien a encore précisé : " Bien souvent nous étions obligés de surveiller le conducteur pour qu'il ne s'endorme pas au volant ".

 Les sommes collectées sont importantes : " en un mois j'ai rapporté 70.000 F et mes compagnons presque autant chacun ", dit un témoin. " Des jeunes filles ont raconté que lorsqu'un client ne voulait rien acheter, on leur demandait de chanter ou de danser devant lui pour l'attendrir. On leur faisait mettre des boules rouges et des rubans dans les cheveux pour avoir l'air plus jeune. Bien entendu, ces vendeurs ne gardent pas d'argent : ils donnent tout à la secte ".

 Alors, que peut bien devenir cet argent ? M. Ladouce pourrait peut-être nous éclairer.

  2. Les cartes de crédit

L'EU, demande à ceux de ses adeptes qui travaillent encore de prendre des cartes de crédit permettant d'emprunter de l'argent à la banque. Le plafond est variable selon les personnes, entre 60.000 et 70.000 F. Les dirigeants de l'EU expliquent à ces jeunes ce qu'ils doivent dire à la banque pour obtenir un crédit. " On m'a indiqué qu'il valait mieux mentir ", m'a dit une ancienne. " Dis, par exemple, que tu vas te marier ". Dans certains cas, l'EU a demandé à ces jeunes qui allaient bientôt quitter leur emploi (pour se consacrer à plein temps à la secte) de prendre une deuxième carte de crédit, l'EU dit à ses adeptes qu'elle remboursera les sommes retirées. Mais ceci est une véritable épée de Damoclès, qui les empêche de quitter l'EU - car alors il faudrait qu'ils remboursent eux-mêmes. Si M. Ladouce doute de mes propos, je lui présenterais des anciens qui pourront lui donner encore plus de détails que moi.

3. Les collectes pour le Shokyo Rengo.
(Victoire sur le communisme).

Le Shokyo Rengo est le groupe politique fondé, dirigé et organisé par Moon au Japon, en association avec des politiciens d'extrême-droite (y compris du parti au pouvoir depuis la fin de la guerre). Beaucoup d'anciens moonistes (surtout des étudiants) racontent qu'ils quêtaient au nom du Shokyo Rengo, par exemple pour la Paix dans le monde. Là aussi, c'est un mensonge, et l'argent aboutit dans les caisses de l'EU. Rencontrant ces quêteurs, je leur ai demandé : Pourquoi mentir ? - " C'est que notre religion est en pleine persécution, les gens ont une mauvaise image de nous. Alors... ". (Pour ma part je dirais que je n'ai jamais vu une persécution rapporter autant, là aussi M. Ladouce me dira que je n'y connais rien).

4. La manipulation des femmes mariées.

Les Japonais, en raison de leurs traditions religieuses, se préoccupent beaucoup des âmes de leurs ancêtres. D'une façon générale, ils croient aux esprits. La plupart des femmes japonaises sont attirées par ceux qui prédisent l'avenir, disent communiquer avec les esprits, etc, les moonistes ont donc ouvert pour elles des centres spécialisés. Celui de Sapporo s'intitule: "Culture Salon". Mais les jeunes femmes ne doivent pas parler à leurs maris de leurs nouvelles fréquentations ; on les oblige donc à mentir. " Ce n'est pas encore le moment... il vaut mieux attendre pour lui en parler... " leur dit-on. C'est ce que m'a expliqué une jeune femme qui a fréquenté cette filiale de la secte pendant trois ans. "L'ennui a-t-elle ajouté, c'est que ce n'est jamais le moment, et que mentir à nos maris devient une habitude".

 Au Japon, ce sont généralement les femmes qui ont la responsabilité de l'argent du ménage, et la secte finit par leur extorquer de grosses sommes. Elle organise aussi des ventes dans des chambres d'hôtel ou des appartements. Elle y propose toute sorte d'objets : kimonos, manteaux, produits de beauté, et aussi les bijoux XXX. (Un petit dépliant publicitaire qui m'a été donné par une ancienne de la secte mentionne les prix, élevés, et cela s'intitule "Collection biblique" !), les jeunes femmes sont priées d'amener leurs amies, leurs parentes, mais surtout de ne pas leur dire que les ventes sont au profit de l'EU, là encore, on les incite à mentir. Certaines jeunes femmes ont compris qu'elles avaient été bernées et ont décidé de rompre avec l'EU ; mais bien souvent, elles ont dû recourir à un avocat pour récupérer leur argent. Si M. Ladouce est intéressé, je pourrai lui présenter des avocats qui se sont occupé de ce genre d'affaires et qui pourront lui donner encore plus de détails. Mais je trouve tout de même assez étrange que Dieu ait besoin d'autant d'argent et en soit réduit à de pareils stratagèmes.

5. Le scandale des vases et des pagodes.

Là encore, l'EU exploite la piété envers les esprits des morts pour vendre aux gens des pagodes (miniatures) et des vases (" sacrés ") à des prix astronomiques. Ce fait a été expliqué par M. Soejima Yoshikazu, ancien leader mooniste, expulsé brutalement de la secte. (Voir le magazine japonais Bungeishunju, juillet 1984, p, 141, ainsi que l'International Herald Tribune des 24 et 25 septembre 1984, reproduisant deux articles de John Burgess et Michael Isikoff parus dans le Washington Post). Les faits sont relatés par J.F. Boyer, l'Empire Moon, éd. de la Découverte 1986, pp. 156-159.

Ces objets sont fabriqués par une usine de Moon en Corée ; leur prix de revient est infime, ils étaient vendus dans les rues, dans les gares, à la sortie du métro, mais surtout au porte-à-porte, mais pas au hasard. Les vendeurs se renseignaient pour savoir si une personne venait de perdre un être cher. Ils s'introduisaient chez elle, se liaient peu à peu d'amitié, parlant de sa santé, de ses amis, pour déceler ses points vulnérables. Le but était de la persuader en temps opportun de venir rencontrer un soi-disant devin ayant de grands pouvoirs. Bien sûr, ces clients n'entendront jamais parler de l'EU ni de Moon. Lorsqu'ils sont présentés au "devin", ils ne savent pas que celui-ci n'est qu'un simple membre de l'EU, ni que les moonistes répètent le scénario depuis plusieurs jours. " On nous a entraînées à pleurer avec une adepte expérimentée. Dans certains cas, toujours pour impressionner le client nous devions faire croire que l'esprit du défunt (mari, père, enfant) était entré en nous et parlait par notre bouche ", a témoigné encore une ancienne adepte, spécialisée dans la vente de ces objets. " Ces visites duraient parfois des heures ; on ne laissait aux gens aucun répit. J'ai vu des personnes supplier qu'on les laisse repartir... nous, notre seul but était de vendre le plus cher possible - pour le salut de cette personne, et pour l'oeuvre de notre Père, je veux dire M. Moon ". (Témoignage lors d'une émission de télévision). C'est par ces comédies qu'on persuadait les gens de payer des prix très élevés pour ces objets dont les vertus surnaturelles assureraient la paix des esprits de leur famille. Il est arrivé qu'un mooniste aille passer la nuit chez une personne afin de l'accompagner à la banque dès le lendemain matin pour retirer l'argent. Après avoir encaissé la somme, il disparaissait.

 Plus de 6.700 personnes ont porté plainte, pour un total de 31 milliards de Yens (100 yens représentent environ 5 francs). Il s'agit donc de près d'1,5 milliard de F. L'EU a déjà perdu pas mal de procès et dû rembourser beaucoup d'argent ; elle préfère souvent rembourser tout de suite afin d'éviter les poursuites. Des procès sont encore en cours. L'année dernière, à Tokyo, des anciens de l'EU, ont fait une démonstration de la manière dont se passent les rencontres entre les " devins " et les clients. Si M. Ladouce est intéressé, ils sont prêts à faire une autre démonstration devant lui, et je peux lui présenter des avocats qui s'occupent de ces différents procès.

 Selon les anciens adeptes, ils étaient entraînés par des stages audio-visuels, et des manuels leur expliquaient comment repérer et exploiter les points faibles des clients. (Cela aussi est signalé par J.-F Boyer, op. cit. p. 158). Ces objets ont souvent été vendus plus de dix fois leur valeur et même beaucoup plus.

6. Comment la secte fait passer l'argent d'un pays à un autre.

Les procédés sont nombreux. Lors du grand mariage mooniste du 29 octobre 1988 en Corée, la plupart des nombreux participants japonais ont reçu avant leur départ du Japon une enveloppe contenant entre 500.000 et 1.500.000 Yens. Arrivés à l'usine appartenant à Moon, où avait lieu la cérémonie, ils ont trouvé à l'entrée du hall des tables où ils devaient déposer les enveloppes. Il y a eu bientôt une " montagne d'enveloppes ", et des gens criaient en japonais : " N'oubliez pas les enveloppes, n'oubliez pas les enveloppes ! ". Ceux qui ont donné ce témoignage ne savaient pas très bien d'où venait l'argent, mais ils savent très bien où ils l'ont déposé. Voilà bien une mesure efficace pour faire échapper de l'argent à tout contrôle. (Ce fait est aussi signalé par le magazine japonais Gekkan Times-Sha, sept. 1989, p. 56).

 Si M. Ladouce n'a pas l'occasion d'aller au Japon, je peux lui faire rencontrer un Japonais qui est actuellement à Paris. Il a publié deux livres : " Les crimes de l'Église de l'Unification " et " La cabale de l'Église de l'Unification ". Il pourra confirmer ce que j'écris, avec encore plus de détails.


En conclusion, je ne puis que citer les trop justes paroles de M. le Juge Bruel, lors de l'émission "En quête de vérité" : " Les diverses enquêtes qui ont été faites tous azimuts montrent que l'association pour l'unification du christianisme mondial (AUCM) était quand même une entreprise commerciale qui avait, semble-t-il oublié son but principal, c'est-à-dire une certaine spiritualité ".
 
Pascal Zivi
 Sapporo, Japon, Janvier 1992

  


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