Manipulation mentale, soumission......

(Source : extraits de divers forums mis en forme )

 


Les effets induits par un groupe fortement investi.
Les motivations
La manipulation mentale
Les effets des stratégies comportementales
Théorie de l'engagement
Une soumission librement consentie
Sortie de secte
Après la sortie


Les effets induits par un groupe fortement investi.

Ces effets concernent le soulagement des malaises et de l'angoisse, l'amélioration des troubles somatiques fonctionnels, l'amélioration des performances, une réassurance personnelle, une amélioration des communications. Ces effets ne doivent pas être sous-estimés, car ils sont habituellement produits de façon transitoire par l'appartenance à un groupe fortement investi.

Un groupe d'embrigadement table sur ces effets pour obtenir un renforcement de l'appartenance et exploite largement les " témoignages vécus " qui les relatent. Pour autant restent masqués la finalité générale du processus, les coûts et les contraintes, la perte d'autonomie ultérieure, la nature de la transformation opérée et sa difficile réversibilité.

Les motivations

Au plan des motivations des personnes en quête d'aide et de réponses, on peut dire que les groupes sectaires exploitent un même terrain de demandes, les mêmes pôles attractifs que les psychothérapeutes. Le pôle que nous appellerons pragmatique est celui de la résolution des problèmes, du soulagement des souffrances, de la diminution de l'angoisse.

Le pôle attractif de l'harmonisation des rapports interpersonnels, de la résolution des conflits, de la paix intérieure intervient dans la demande de psychothérapie, et dès le recrutement des groupes.

À l'inverse, le pôle attractif d'un ordre universel philosophique ou spirituel intervient peu dans la plupart des psychothérapies non sectaires.

Certains groupes revendiquent ouvertement la mise en oeuvre d'une transformation psychologique et multiplient les enseignements et exercices facilitant explicitement cette transformation, seuls restant cachés les effets de dépendance. D'autres groupes, et ce sont les plus nombreux, ne mettent pas en avant le training de ransformation, mais plutôt l'idéologie et les croyances.

Cependant, on retrouve dans leurs pratiques les mêmes recettes de déstabilisation, de disqualification des repères, de mise en condition groupale, de recours à l'émotionnel présentés comme une condition de " progrès spirituel " ou de maturation politique.

En simplifiant, on pourrait dire qu'une psychothérapie fournit au sujet des outils, des instruments qu'il pourra utiliser dans différents contextes - vie professionnelle, choix affectifs, religieux, politiques, etc. - alors que dans l'embrigadement, c'est le sujet qui devient outil, il est instrumentalisé au service exclusif de la " cause ".

Les défenseurs des groupes sectaires ainsi que nombre d'adeptes sincères revendiquent des effets positifs ressentis ou constatés chez d'autres adeptes : équilibre retrouvé, fin de la solitude, croyances exaltantes, performances accrues, disparition de malaises psychologiques et physiques, voire sevrage d'alcool ou de drogues. Il serait vain de nier tout effet positif de l'appartenance à un groupe fortement investi. Mais lorsqu'il s'agit d'un groupe d'embrigadement, on peut se demander à
quel terme, à quel prix et avec quels risques ces avantages sont obtenus.

En conclusion, la prévention et le traitement des effets négatifs de l'embrigadement sectaire comportent de nombreux paramètres - administratifs, judiciaires, médiatiques, etc. - qui ne relèvent pas des pratiques et des missions des psychothérapeutes. Ceux- ci doivent cependant savoir que leur champ d'activité n'est pas étranger à ce phénomène complexe qu'est la dérive sectaire.
La prise en charge de patients embrigadés dans les groupes ou en période de " sevrage " suppose une bonne connaissance de la spécificité des méthodes et processus en cause.

Il faut, en effet savoir :

Qu'on n'entre pas dans une secte, mais qu'on y est capturé à son insu au moyen d'un système exploitant de manière éhontée les données modernes de la psychologie

L'adhésion à une secte entraîne souvent chez les nouveaux adeptes un changement radical de comportement. Tandis que leur entourage s'en étonne et y voit la marque d'une influence extérieure, les intéressés s'affirment libres et indemnes de toute contrainte.

Deux chercheurs français expliquent cette contradiction par le recours à des méthodes de manipulation mentale. Lorsque quelqu'un "entre" dans une secte (ou, plus exactement, se fait "harponner" par une secte), son entourage immédiat est frappé par la radicalité du changement de ses propos et de son comportement. On ne le reconnaît plus ; ce n'est plus le même.

Et dans le même temps, le nouvel adepte s'affirme libre et dégagé de toute contrainte, "Personne ne m'oblige à faire quatre heures de sauna par jour" (pendant deux semaines !), disait un jeune scientologue pendant sa période de "purification"... Les sectes utilisent, c'est bien connu, des techniques très élaborées de "mise en condition", et qui ont fait leurs preuves. On peut, hélas, le constater. Mais on aimerait comprendre "comment ça marche" et pourquoi certains sont toujours dans la secte après plusieurs années alors que d'autres ont décroché au bout de quelques mois...

Quels sont les mécanismes et les facteurs qui font que des personnes en arrivent à faire, en toute liberté, ce que d'autres souhaitent qu'elles fassent - Les recherches théoriques sur la psychologie de la soumission appartiennent à des courants de pensée différents et se sont beaucoup développées, aux États-Unis notamment, depuis plusieurs décennies. Deux Français, chercheurs en psychologie sociale et professeurs d'université, Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, ont tenté d'en faire la synthèse.

Ils sont les auteurs, entre autres ouvrages, d'un Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois - Petit traité de
manipulation à l'usage des honnêtes gens - Presses universitaires de Grenoble - 1987), livre savoureux et impressionnant qui remet en cause les schémas traditionnels du fonctionnement psychologique. Ils ont également publié dans La Recherche (La Recherche - N° 202 - Septembre 1998. ) un article intitulé "i La psychologie de la soumission ", contribution solide et d'une lecture facile qui ouvre des horizons dans l'approche théorique de la manipulation mentale. Nous en donnons ici les idées essentielles dans les termes mêmes de l'article.

La manipulation mentale

De nombreuses expériences, longuement décrites par Joule et Beauvois, permettent d'affirmer que "lorsque l'on veut obtenir d'autrui qu'il modifie ses idées ou change ses comportements, plutôt que d'adopter une stratégie reposant sur la persuasion, il est souvent plus efficace d'opter pour une stratégie dite comportementale qui consiste à obtenir d'entrée des comportements préparatoires à ce changement".

Ces stratégies "comportementales" sont des stratégies de manipulation puisqu'elles permettent par des moyens détournés d'infléchir les comportements d'autrui comme de peser sur ses idées et ses convictions. La théorie de l'engagement permet de comprendre les mécanismes psychologiques sur lesquels repose l'efficacité de ces stratégies comportementales.

Deux exemples de stratégies comportementales

- Premier exemple : "le pied dans la porte"

Principe : demander peu dans un premier temps pour tenter d'obtenir beaucoup ensuite. Exemple : demander l'heure à un passant avant de lui demander deux francs pour téléphoner. Il est vérifié que la réalisation d'un comportement préparatoire peu coûteux (généralement accepté par la quasi-totalité des personnes sollicitées) augmente significativement la probabilité que ces personnes réalisent ensuite le comportement visé. A noter que les décisions sont prises dans une « totale liberté ».

- Deuxième exemple : "l'amorçage"

Principe :

1. amener une personne à prendre la décision de réaliser un comportement dont on lui cache provisoirement le coût réel (information différée) ;
2. quand la décision est prise, on complète l'information (ce qui rend la décision moins attrayante) ;
3. on dit à la personne qu'elle peut revenir sur sa décision ;
4. l'effet d'amorçage se traduit par le fait que la personne tend à maintenir sa décision en dépit des dernières informations.
Exemple : des étudiants sont invités à participer à une brève expérience de psychologie. La plupart acceptent. Ils apprennent ensuite que cette expérience aura lieu à sept heures du matin. Ils sont alors invités à confirmer ou à retirer leur engagement. Les étudiants en question ont accepté une deuxième fois en bien plus grand nombre que ceux d'un groupe parallèle (de contrôle) auxquels ont avait dit tout de suite que l'expérience aurait lieu à sept heures du matin.

Les effets des stratégies comportementales

Sur le plan des actes (effet comportemental), on constate qu'un individu peut adopter en toute liberté des comportements nouveaux allant dans le même sens après voir éalisé ceux que l'expérimentateur (ou le "formateur") lui a extorqués. Sur le plan des idées (effet cognitif), ces comportements sont susceptibles d'engendrer des codifications sur les croyances et les opinions de celui qui les a réalisés. On imagine facilement tout le profit que les sectes peuvent tirer de ces mécanismes psychologiques, principalement au plan de l'autoprogrammation !...

Théorie de l'engagement

Cette théorie a été présentée par C.A. Kiesler de l'université du Kansas en 1971. Elle repose sur la notion de persévération d'une décision. L'engagement, c'est le lien qui existe entre un individu et ses actes.
C'est un phénomène d'adhérence de l'acte à celui qui l'émet. Seuls nos actes nous engagent et seules les décisions s'accompagnant d'un sentiment de liberté donnent lieu à des effets de persévération, conséquence de l'engagement. On peut moduler les degrés de l'engagement en jouant sur certains facteurs :


- les justifications fournies par l'environnement sous forme de menace ou de récompense. Il va de soi qu'aux plus fortes menaces ou récompenses sont associés les plus faibles degrés d'engagement),
- le caractère privé ou public de l'acte,
- la répétition du même acte,
- le sentiment de l'individu qu'il peut ou ne peut pas revenir sur le comporte- ment qu'il est sur le point d'émettre,
- le caractère plus ou moins coûteux de l'acte.

Être engagé s'oppose à s'engager. Ce n'est jamais l'individu qui s'engage de lui-même dans un acte mais c'est bien l'expérimentateur (ou le "formateur") qui, en manipulant les circonstances dans lesquelles l'acte va être accompli, engage ou n'engage pas l'individu dans l'acte qu'il réalise. De même, être engagé dans un acte s'oppose à s'engager dans une cause.

Une soumission librement consentie

Les expériences rapportées dans cette étude autorisent à conclure que "l'on peut obtenir d'autrui qu'il se comporte comme on le souhaite, sans avoir recours à l'autorité, aux pressions, ni même à la persuasion. On peut donc exercer une telle influence sur autrui sans que celui-ci ait à mettre en doute cette liberté qu'il a appris à considérer comme l'un de ses attributs essentiels".

L'individu engagé est un individu libre ou qui se sent libre. C'est la raison pour laquelle Joule et Beauvois ont proposé pour désigner ce phénomène le concept aradoxal de soumission librement consentie.
Ces expériences de psychologie sociale et les théories qui en découlent bouleversent les schémas traditionnels qui donnent la primauté au cognitivisme (à la persuasion) pour modifier avec succès les comportements des individus. Et pourtant, depuis longtemps déjà, la sagesse populaire nous en avait avertis : il y a risque à "mettre le doigt dans l'engrenage" !...

Il est important que l'adepte, au moment où il sera en proie à des doutes, au moment où il veut revenir dans le monde, puisse trouver quelqu'un qui l'accueille. Au sein de la famille, les rôles peuvent être distribués entre ceux qui gardent simplement le contact, sans souci d'argumenter et ceux qui apportent des informations à l'adepte et remettent en question les agissements de la secte. Il faut cependant rester prudent: l'adepte, comme un toxicomane, nie sa dépendance et les reproches, les argumentations peuvent renforcer sa conviction et accentuer la rupture. Le soutien des proches est d'autant plus important que la personne qui veut quitter la secte après y avoir investi en temps, en énergie, en argent, voit son univers s'effondrer et risque d'être victime de dépression ou de se laisser aller au suicide."

Le Père Trouslard explique que les sectes utilisent une triple manipulation mentale. "Avec la technique cognitive : le matraquage, le bombardement intellectuel à partir de séances de prières, de stages, de séminaires, de lectures intensives qui font perdre la tête".

Deuxième manipulation : "Les techniques comportementales fort bien connues des psychologues et psychiatres; on met les personnes sous influence en leur faisant accomplir de petits gestes, des actes anodins, puis de plus en plus accaparants, coercitifs. La personne en perd son libre-arbitre".

La troisième technique est affective avec une séduction du futur adepte ("on signalera à la personne qu'elle va rencontrer une personne géniale, fabuleuse qui va apporter une réponse à ses questions"), la transmission d'un message universel et l'entrée dans un groupe qui se montre extrêmement chaleureux. "C'est une nouvelle famille au détriment de la famille naturelle, biologique.

Une "famille" où on me dit que je n'ai jamais été aimé comme je suis aimé. Pourtant, ce sont des groupes pyramidaux où se développe la délation". Et après la phase de destruction de la personne, de la rupture avec ses racines vient une phase de reconstruction d'une nouvelle personnalité. "On a tous ses fragilités et, à quelque âge que ce soit, on peut être manipulé". Qu'importe d'ailleurs l'appartenance sociale : "A Saint-Erme, parmi les 350 adeptes, on comptait 72 médecins et 20 professeurs d'université". Jacques Trouslard est en difficulté avec une douzaine d'évêques. "Ils ne voient que des jeunes remarquables sur le plan de la foi, de la morale, de la générosité".

Les spécialistes du comportement humain nous rappellent fréquemment que l'institution sociale primaire, la famille, s'affaiblit et se fragilise de plus en plus. Le terme résentement utilisé pour qualifier les familles en difficulté est "dysfonctionnel". Malheureusement, les sociologues des religions (ainsi que plusieurs ex-membres) savent que certaines religions sont également dysfonctionnelles, quelques fois au point de causer des abus spirituels. En fait, si les standards de classification dans la publicité étaient appliqués aux églises, certaines porteraient la mention: "Avertissement : cette église peut causer des dommages à votre santé spirituelle et psychologique . Les leaders abusifs réclament la soumission et une fidélité aveugle de la part des membres. Les personnes qui posent des questions gênantes ou qui ne s'intègrent pas, sont mises de côté.

La culpabilité, la peur et l'intimidation sont utilisées pour manipuler et contrôler les membres vulnérables, particulièrement ceux à qui on a appris à ne pas
questionner l'autorité du pasteur parce que cela revient à questionner l'autorité de Dieu. Les jeunes adultes représentent le groupe le plus attiré par les églises abusives, par leur programme apparemment dynamique et leur leader qui prend tout en charge. Ces églises ciblent souvent les jeunes mariés. Par conséquent, l'énergie nécessaire à la vie familiale est investie dans une cause très intense. Les obligations familiales sont sacrifiées et les besoins des enfants sont négligés.

Sortie de secte

Bien que l'adepte soit dans une existence "verrouillée", après tout, rien n'est rationnel dans son expérience et il se peut que le doute l'envahisse de nouveau, doute souvent provoqué par un événement dérisoire (le brin de paille ... le grain de sable ...). A-t-il raison de donner un temps de sa vie à cette organisation - N'a-t-il
pas été honteusement trompé - Que faire - Rejoindre le monde extérieur demande un courage dont seraient incapables bien des individus exempts de cette expérience.
Comment se réinsérer dans une société dont on ne parle plus le langage, sans famille ni amis, sans qualification professionnelle, ruiné financièrement - Ne va-t-il pas être harcelé, menacé par ses anciens "amis" de la secte - A quels risques se livre-t-il en s'excluant de la secte - maladies - accidents - Rupture si ses parents et/ou amis sont dedans - ... Il a été volontairement coupé de cette société par la secte et ces risques lui ont été prédits ! Une telle tentative est à frémir ... de peur !

Après la sortie

L'adepte culpabilise encore longtemps après être sorti d'une secte parce qu'il ne fait plus la lecture quotidienne imposée que ce soit la Bible ou le livre du maître et cette culpabilité peut être paralysante. Il a souvent des cauchemars dans lesquels il croît être attaqué par le mal. L'emprise de la secte est profonde et durable ainsi que le dit un ancien adepte : "J'ai quitté la secte il y a plusieurs années mais il m'a fallu de longs mois, voire des années, pour qu'elle me quitte". Le moindre accident, les difficultés sont interprétés comme un signe d'une présence maléfique. "On me l'avait bien dit : si tu nous quittes, tu auras des malheurs, Satan t'attaquera !", dit un autre. Certains mots peuvent réenclencher un réflexe conditionné, et toutes les anciennes peurs resurgissent. En conclusion, citons un maître en manipulation : "Attirer par le mystère, maintenir par l'espoir, retenir par la peur."

 



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