La Survie de la conscience par clônage : un fin canular?





Les raéliens parlent d'une survie par étapes :
1) Clônage du corps
2) Clônage de la conscience et de la mémoire
3) Transfert de la conscience et de la mémoire clônées dans le corps clôné
4) Donc vie éternelle

Mais ça ne fonctionne pas dans les faits. Car lorsqu'on clônerait la conscience d'un individu, cette conscience clônée ne donne pas la survie à l'original, il n'y a pas de continuité entre les deux. Sans continuité physique, ce sont deux êtres, et non un seul qui continue sa vie. Peut-on imaginer un être physique sans continuité physique?

Si par exemple on faisait le processus *Avant* la mort, on obtiendrait deux individus identiques (mémoire identique, conscience identique, corps identique). Ils pourraient même se balader côte à côte. Si l'un meurt (ex. écrasé par un camion) il ne survit pas dans sa copie. Donc que l'on fasse cela peu après sa mort ou non, celui qui est mort ne continue pas à vivre dans son double dans le futur. Il ne laisse qu'un duplicata corps-conscience-souvenir, un peu comme un frère qu'il laisse derrière lui mais *lui* en tant qu'être conscient (dans une perspective matérialiste où la conscience se réduit au cerveau) est bel et bien mort. Il ne survit donc pas.

Certains des raéliens sont tentés de contourner ce petit inconvénient en invoquant une "reprogrammation neuronale" :

Brigitte Boisselier, biologiste raélienne :

De la Tribune de Genève du 24 août 2000, rubrique "SUISSE", page 9 :
«BB : Les souvenirs sont des connexions électrochimiques. Je pense qu'ils seront reprogrammables à l'avenir.»

Que l'on puisse reprogrammer nos souvenirs dans le cerveau de notre clône ne donnera toujours pas de continuité à la conscience originale. Si je reprogramme dix de mes clônes avec mes souvenirs, et que je les envoie à 10 endroits différents sur la planète, je ne pourrai pas voir ce qu'ils voient. Ma conscience restera confinée à mon propre cerveau. De la même façon si après ma mort il y a un clône de moi-même qui survit avec une copie de ma conscience, de mon cerveau, ou de mes souvenirs, ce ne sera pas autre chose qu'une copie. Et ce peu importe le mécanisme invoqué pour générer cette copie : clônage de souvenirs ou "reprogrammation" de ceux-ci. En fait le mot "reprogrammation" est trompeur : on devrait parler de programmation analogique. Ma conscience n'aura pas été transférée dans ce clône : on en aura seulement créé une copie. Cette copie pourrait me ressembler et avoir les mêmes souvenirs et les mêmes opinions que moi, mais ma conscience à moi, elle se sera éteinte. Raël dit que lorsque vous êtes clôné de cette façon c'est comme si vous vous réveilliez d'une bonne nuit de sommeil. C'est complètement faux. C'est votre clône qui s'éveille. Ou plutôt il croit s'éveiller, avec vos souvenirs, avec votre personnalité, mais *vous*, le *vous* dont la conscience s'est éteinte parce que sa vie était achevée, elle n'a pas eu le moyen de fusionner avec l'autre, ou de s'y transférer, l'autre fût-elle une copie parfaite.

Ce qui fait que vous êtes la même personne aujourd'hui qu'hier est la continuité de votre conscience, cette continuité s'exprime par le cerveau, qui est le même d'un moment à l'autre. Si on coupe cette continuité (si le cerveau lâche) vous mourrez définitivement (dans une perspective matérialiste). Si on recrée une autre personne identique, celle-ci est une nouvelle personne (un nouveau cerveau), bien qu'identique, et vous n'avez nullement survécu.

La survie de la conscience par le clônage apparaît donc comme un canular. Le clônage de la conscience n'est pas comme, par exemple, une transplantation de cerveau, qui elle, pourrait assurer la vie éternelle (si c'était possible). Avec une transplantation de cerveau l'être échapperait à la mort et ce serait véritablement le même, car la continuité physique et mentale n'aurait pas été interrompue. Dans le cas contraire, vous créez un duplicata, et ce duplicata n'est qu'un héritage que vous laissez... comme un fils ni plus ni moins. Vous n'avez pas survécu.

Un homme qui laisse un fils derrière lui continue à craindre la mort, car il sait que lui-même mourra quand même. Il éprouve seulement une certaine consolation à savoir que son fils survivra "en son nom" (ou pas). Dans le cas du clônage, c'est la même chose, sauf que vous vous imaginez que parce que celui que vous laisserez derrière vous ressemblera en tout point, vous pourrez échapper à la mort et "poursuivre". Or c'est complètement faux : vous devriez craindre la mort autant que l'homme qui laisse un fils ou une oeuvre d'art, car vous n'avez pas plus d'échappatoire que lui. Votre oeuvre d'art ou votre "fils" est simplement plus sophistiqué.

Si vous vous situez dans une perspective matérialiste, lorsque votre cerveau sera en putréfaction, ce sera le néant, et il n'y aura plus de "vous". Si vous êtes votre cerveau vous disparaissez à jamais au moment de la mort de celui-ci. On peut créer une nouvelle individualité, identique à vous, mais vous n'avez rien gagné en terme de triomphe sur la mort ou en survie. Le clônage ne fait que créer des êtres futurs, identiques, qui savent déjà, c'est le seul avantage. Tant qu'à ça, on pourrait aussi bien créer une grosse banque de données neurologiques que chaque humain futur qui naîtra pourrait assimiler, sans recréer les mêmes êtres du passé. Inutile alors de jouer un jeu de survie qui n'est de toute façon qu'un leurre.

Dans une perspective matérialiste, si le fil de votre conscience est rompu, vous mourrez de mort définitive, comme tout un chacun. Il n'y a absolument pas de différence entre la mort définitive d'un individu dont la conscience sera clônée plus tard et un individu dont la conscience ne le sera pas. Vous laissez un double, une banque de savoir qui continuera votre oeuvre. Si vous vous dites "Oh comme ce sera magnifique, je pourrai vivre éternellement, et faire ceci et cela", cela démontre que vous croyez à une forme de continuité entre vous et le clône parfait qui aura une conscience identique à la vôtre. Or vous ne ferez rien de tout cela, vous ne pourrez rien voir de ce qu'il fera, vous ne serez pas lui. La seule chose que vous pourriez potentiellement voir serait, d'où vous serez, le dedans de votre cercueil, or vous serez mort.

La croyance raélienne en la survie par le clônage tient en fait en un raisonnement très simple : "Si je n'ai pas d'âme alors je suis mon contenu en mémoire et conscience, et en répliquant ce contenu, je survis." Il manque cependant une donnée importante : si vous n'êtes pas une âme, vous êtes un cerveau, et votre conscience n'est pas ailleurs...alors quand ce cerveau meurt, VOUS mourrez. Penser ressusciter par le clônage de conscience c'est croire que les infos de votre cerveau sont une sorte d'essence qui vous permettrait de continuer quand quelqu'un d'autre les fait réapparaître n'importe où dans le temps. Or que créé-t-il? Une copie.

Vous vous dites "Penser que je ne serai pas le clône futur c'est croire à une âme, car si je ne suis que mon contenu mémoriel-physique pourquoi ne pourrais-je pas être là plus tard en étant recréé? Je serai bien le même, mais plus tard, non?" Eh bien il semble que vous ne serez pas le même. Cela *apparaîtra* comme si c'était le même, mais une apparence ne peut pas remplacer les faits. Et les faits sont les suivants : votre conscience se sera arrêtée au moment de votre mort, et la conscience clônée par après sera une nouvelle personne, un nouveau cerveau distinct de l'autre, une nouvelle individualité dans le temps et dans l'espace, sans rapport avec la précédente à part le fait qu'elle soit identique en tout point.

Pourquoi Raël présente-t-il alors les choses de cette façon : "Le clônage nous permettra de vivre éternellement". Pourquoi ne dit-il pas : "On clônera un corps, une conscience et des souvenirs d'après vos cellules, pour permettre à un être semblable de survivre à votre place. Ce n'est pas comme une transplantation de cerveau, où vous pourrez vraiment continuer dans le futur, et ce n'est pas non plus comme si vous aviez une âme indépendante, qui passe d'un corps à l'autre; mais au moins, moi Raël, je vous offre la garantie que quelqu'un qui croira être vous continuera à votre place, et même si vous ne pourrez rien sentir de ce qu'il sent ou pense (puisque vous n'êtes que votre cerveau et que ce cerveau sera mort) vous aurez au moins eu la consolation de savoir que le futur connaîtra ce que vous avez été par votre double."
Pourrait-il dire ça? Ça serait honnête, non?

Les raéliens opposeront alors l'argument selon lequel notre corps se régénère de toute façon et que nous demeurons le même, même si des éléments meurent en nous et que d'autres prennent la relève. À ce moment il leur apparaît logique de survivre dans une copie, qui "les" remplace au même titre que des cellules ou des atomes renouvellent une structure physique. Mais ils ne prennent pas en compte que ce renouvellement au sein d'un même corps a lieu au sein d'une continuité (et causalité) physique ininterrompue, une causalité physique, chimique, continue. Si cette continuité-causalité de la survie de l'organisme, (qui peut être considéré aussi comme une structure) est interrompue, c'est la fin de cet organisme dans le temps et dans l'espace. On peut recréer une *nouvelle* structure ayant *exactement* les mêmes attributs et propriétés, et on l'appelle en imagination "moi" car elle est le reflet égocentrique de ce "moi" que nous chérissons et auquel nous nous identifions. Mais bien que ce nouvel être identique corresponde à la définition de l'ancien, il ne l'a pas cependant pas connu. Il ne *poursuit* pas la vie de l'ancien : il débute sa vie avec des souvenirs, c'est à dire des interprétations d'événements qu'il n'a pas vécu et que l'on a mis dans son cerveau. C'est la génèse d'une nouvelle conscience à un nouveau moment unique dans le temps et dans l'espace. C'est uniquement l'identification narcissique aux composantes que nous chérissons comme nous-même qui peut nous faire penser que duplication = revenir à la vie, survivre. Encore une fois il est utile de préciser que le présent raisonnement ne nécessite pas d'invoquer une âme ou un principe non-physique quelconque. Si par exemple on désintègre un homme bien matériel à un endroit "X" tandis qu'une équipe se tient prête à réanimer son clône intégral à un endroit "Y", dirons-nous qu'il y a eu téléportation? La téléportation impliquerait quelque chose d'autre, c'est-à-dire que c'est le même individu qui est déplacé, et non la destruction d'un individu simultanément à la génèse de sa copie identique. On voit donc que celui qui meurt n'échappe pas à la mort, et qu'il y a une nette différence entre créer une copie et survivre à la mort.




Mercredi le 22 novembre, Raël était invité à l'émission de Paul Arcand diffusée à Télé-Métropole (TVA).

Lors de cette émission, lorsqu'il fut interrogé par Arcand au sujet du transfert de mémoire, Raël utilisa la métaphore du téléchargement (downloading) pour expliquer ce processus (hypothétique) visant la survie de la conscience dans une perspective matérialiste.


Plusieurs hypothèses ont été avancées jusqu'ici par les raéliens, et ce changement constant nous amène à douter de "techniques elohimes réelles". Raël a jusqu'ici parlé de :

1) Reprogammation neuronale des souvenirs

- En fait cette première hypothèse a été avancée par Brigitte Boisselier la conseillère scientifique de Raël.

2) Clônage de la conscience et transfert de cette conscience clônée dans le corps clôné.

- J'ai démontré dans ma rubrique le caractère illusoire de cette dernière technique, qui n'est pas un vrai "transfert". On me dit que Raël a lu mon site, ce qui expliquerait peut-être qu'il soit passé à une *troisième* explication dans l'émission d'Arcand :

3) Téléchargement.

- Downloader les souvenirs dans un autre cerveau.


Mentionnons que cette dernière technique ne résout aucunement les problèmes inhérents au transfert de conscience évoqués dans cette rubrique. Le téléchargement crée en fait une copie des fichiers centraux (un site n'a pas à être "rempli" à chaque fois qu'un internaute télécharge un fichier). Que ce soit la conscience ou les souvenirs, ceux-ci ne peuvent être transférés sans être copiés pour la simple et bonne raison qu'ils dépendent de structures matérielles. Dans une perspective matérialiste, il n'y a rien d' "abstrait" à transférer. Il s'agit donc uniquement de copier des souvenirs ou des stuctures de conscience, ce qui donne lieu à une copie, un duplicata, comme nous l'avons expliqué en détail dans la totalité de la rubrique.




LE SIXIÈME JOUR


Au sujet du film "le 6ième Jour" (the sixth day) avec Arnold Schwarzenegger.

Ce film illustre bien l'illusion de la notion de "transfert de conscience" telle que conçue par les raéliens.

Au début du film le chien de la fillette du héros meurt, et celui-ci fait appel à la société "Repet" pour clôner l'animal. Mais plus tard c'est le héros qui se fait clôner à son insu, ce qui fait qu'il y a deux Adam Gibson (le nom Adam est évidemment bien choisi pour le personnage de Schwarzenegger) avec les mêmes souvenirs.

À la fin du film le chef des "méchants" s'est fait tiré par Gibson, le sang lui coule par la bouche et il est en train de mourir mais il a le temps de faire un scan de sa mémoire à transférer dans un corps clôné déjà prêt. Le clône se réveille nu avec les mêmes souvenirs et la même personnalité et il voit son double à l'agonie : "Allez file-moi tes fringues, et que ça saute" et l'original de répliquer avec une expression d'angoisse et d'incrédulité sur le visage : "Tu n'attends pas au moins que je meure?"
Et le clône répond, impitoyable :
"Quoi tu attendrais toi?"

Le clône du chef propose ensuite à Arnold, en pointant le double à l'agonie :
"C'est lui qui vous a fait des ennuis, laissez-moi vivre, je peux vous donner la vie éternelle".
Mais on s'en doute, comme tous les "bons" de tous les films, l'autre refuse la tentation.

Il devrait apparaître encore une fois aux raéliens qu'il n'y a pas de réel transfert, que ce qui est clôné est une entité distincte qui ne fait pas survivre la première, bien qu'ayant les mêmes souvenirs.

À la fin du film le clône de Schwarzennegger se demande s'il est bien humain, si son existence est légitime. L'original lui dit "Tu as risqué ta vie pour sauver ta (ma) famille, si c'est pas humain je ne sais pas ce que c'est."

Bien sûr on ne tue pas le clône à la fin, il a le droit à sa propre vie.

Pas comme chez Raël, où les elohims assassinent lâchement et impitoyablement le clône de celui-ci (après lui avoir sadiquement annoncé qu'il va mourir), invoquant "qu'il ne peut y avoir deux Raël".

Il semble que l'industrie d'Hollywood n'ait aucun mal à pondre des scénarios plus humains que le gourou Raël.



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