" Manipulation mentale " ou manipulation des textes ?

Certaines " nouvelles sectes " pratiquent-elles un " lavage de cerveau " sur leurs adeptes ? L'Association Américaine de Psychologie (APA) écrivait dans un mémorandum, le 11 mai 1987 : [nous ne croyons pas] " disposer de suffisamment  d'information pour nous permettre de prendre position (au nom de l'APA) sur cette question ". À notre connaissance, l'APA est toujours divisée à ce sujet ce qui n'a rien d'anormal.

Le CESNUR interprète ainsi :

L'APA" a qualifié les théories sur le contrôle mental, utilisées pour distinguer les sectes des religions [sic], de non-scientifiques " [communiqué du 22 avril 1998 (sur Internet) - parmi tant d'autres]
Selon le CESNUR, il y aurait exactement aujourd'hui, de par le monde, quatre sociologues qui admettraient l'existence d'un lavage de cerveau dans les sectes, tous les autres la niant. C'est ignorer le nombre de psychologues et psychiatres, au moins aussi titrés dans leur spécialité que les experts du CESNUR - sociologues et avocats - qui trouvent, après étude de cas concrets, que le modèle " lavage de cerveau " (ou " réforme de la pensée ") rend bien compte, avec les nuance nécessaires, de ce qui s'opère chez les nouvelles recrues, comme de leurs difficultés de se libérer. Le processus, si étonnant qu'il soit pour des Occidentaux fiers de leur libre arbitre, n'a rien de magique ni de démoniaque.

Mais au CESNUR, on a trouvé le " lieu approprié " (sic) pour trancher un débat scientifique : le tribunal. Le 13 avril 1990, nous dit-on, un tribunal US de Californie du Nord a jugé irrecevable la défense d'un délinquant déclarant qu'il avait commis des délits alors qu'il était sous l'emprise du " lavage de cerveau " auquel il était soumis dans une secte, même s'il nous horrifie.

Depuis quand les tribunaux sont-ils compétents pour trancher dans un débat scientifique ? Sommes-nous revenus au temps de Galilée, est-il interdit de dire que la Terre tourne ?

Remarquons d'ailleurs qu'en 1997, la Cour d'Appel de Lyon a acquitté plusieurs personnes, poursuivies pour escroquerie, membres, au moment des faits, de la Scientologie, au motif qu'elles avaient elles-mêmes été victimes de la " manipulation mentale ".

Le même communiqué nous fournit peut-être une explication : il faut négliger " une certaine psychiatrie provinciale italienne ou française... de seconde zone " qui ne serait pas d'accord avec les experts du CESNUR. (Quant aux nombreuses études en langue allemande sur le sujet, le rédacteur n'en a jamais entendu parler).

Il a déjà été noté que nous sommes en présence d'avocats qui développent des arguments propres à persuader des juges et des jurés de l'innocence de leur client - plutôt que de scientifiques qui savent que cette théorie est sujette à discussion - et que rien n'est jamais acquis définitivement. Les vrais savants le savent, et ne se croient pas détenteurs de la vérité absolue.


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