LINBU

Massage Hawaïen, l’appât d’une secte dangereuse

- J’étais hypnotisé!

- Par Marianne Hühne -

MALMØ (KV) - N’importe qui peut atterrir dans une secte comme Linbu et subir sa terreur. J’ai moi-même été membre, et je connais les abus de pouvoir auxquels les dirigeants se livrent.

Voici ce que raconte Rolf (nom fictif). Il est une des nombreuses personnes qui ont contacté Kvällsposten après la série d’articles poignants de celuici sur la mystérieuse secte qui a brisé plusieurs jeunes personnes.

- A l’époque où j’en faisais partie, les dirigeants s’appellaient Boneta Guido et, bien sûr Hallstein Farestveit. Boneta prétendait que Farestveit avait traversé une nouvelle naissance et était parvenu à un point où il n’avait plus besoin de travailler, dit Rolf.

Il rit ironiquement de lui-même pendant son récit, mais prend bien soin de spécifier que cette expérience peut toucher n’importe quelle personne qui affronte une crise personnelle. On se raccroche alors au moindre espoir.

- Il m’a fallu du temps pour comprendre que Hallstein et Bonita bluffaient. Leur mouvement a très peu à voir avec les pensées d’origine d’Ouspensky et de Gurdjieff, pense Rolf.

? ENSORCELLEMENT

- Boneta était une femme bizarre, poursuit Rolf. Elle avait un rayonnement que je n’hésiterai pas à qualifier d’hypnotique. Et elle ce n’était pas seulement les adeptes du mouvement qu’elle ensorcelait. Boneta était une spécialiste de massages et faisait passer des annonces entre autres dans le journal Sydsvänskan pour proposer ses “massages hawaïens”, - avec comme conséquence que le téléphone de la secte à Lund était rouge d’appels de candidats intéressés.

- Participer coûtait de l’argent. J’ai fini par me boucher les oreilles lorsque les dirigeants nous énuméraient leurs dettes, considérant que c’était à nous de les honorer. Ce n’était pas n’importe quelles dettes, non plus. Il s’agissait de factures impayées dans des hôtels de luxe et des billets d’avion onéreux.

Hallstein Farestveit expliquait qu’il ne pouvait pas employer les moyens de transport ordinaires tels que le train et le bus, car cela aurait eu pour conséquence de libérer la totalité de son énergie intérieure, ce qu’il fallait bien évidemment éviter!

Rolf raconte comment il travaillait double pour payer une somme fixe tous les mois et participer au dépenses courantes. - Dans l’optique de la secte, je n’étais pas un membre très réussi. Ils cherchaient des gens ayant un grand relationnel; les étudiants de Lund étaient l’idéal. De cette façon, de plus en plus de personnes pouvaient être reliées à la secte et les rentrés d’argent des dirigeants augmenter, constate Rolf.

Hallstein et Boneta savaient très bien quel type de membres ils voulaient. Ceux qui mettaient en doute la doctrine étaient tout simplement refusés comme “étudiants” après les trois entrevues d’introduction qui ouvrent la voie vers l’adhésion permanente.

- J’était gênant pour eux, car je demandais souvent “pourquoi”, ce qui constituait un mot interdit. A la place, on devait demander “comment”, ce qui n’était évidement pas tout à fait pareil, dit Rolf.

- J’étais extrêmement sceptique. Malgré cela, les réunions avaient un effet hypnotique. Je faisais ce qu’on me disait de faire. Nous étions assis en cercle, silencieux, en nous regardant profondément dans les yeux. Cela donnait une sensation bizarre, qui se répandait dans le corps. On me demandait par exemple de transférer mon excédent d’énergie à d’autres membres.

Voilà comment Rolf décrit quelques uns de ses expériences dans cette secte, qui a changé de nom et d’apparence plusieurs fois au cours des dernières années. Rolf a quitté le mouvement sain et sauf et n’a eu aucune relation avec Linbu depuis plusieurs années.

? INSUFFISANT

- Personnellement je ne crois pas dans la théorie du Maître de Conférences Åke V Ström qui considère que ce sont des gens particulièrement faibles qui sont attirés par Linbu. A mon avis, n’importe quelle personne à la recherche d’une conception de la vie peut se retrouver en situation de saisir toutes les possibilités pour trouver une réponse à ses questions. Là, le christianisme est une consolation insuffisante.