Ecoovie

Autorité parentale
 
(Source ADFI - mai 2003)

Mis en ligne le 1er août 2003

ADFI Pays Basque - mai 2003 -
ECOOVIE (Autorité parentale)


Le 27 avril 2003, Bernard OLIVIER (42 ans) rapatriait du Canada ses 2 filles (7 et 8 ans) elles sortaient de 10 mois d'enfermement dans une secte qu'il a trop bien connu lui-même. Voici son récit

En 1981, Bernard Olivier, 20 ans, sur le marché du travail recherche une place : il est intéressé par le transport en tous genres. A Paris, un ancien camarade d'école lui propose un " job " dans un milieu convivial (" mieux que chez un patron "). Le groupe est sympa, la vie est simple, pas d'alcool, pas de tabac, des projets écolos.... tout cela pour sauver la planète. Son rôle transporter personnes et matériaux. Aussi pendant 13 ans, il aura parcouru la France, la Belgique, l'Espagne, le Danemark, l'Italie, la Suède, la Finlande. A la tête du groupe Norman William (qui changera souvent de nom pour mieux disparaître ; actuellement Mr Maltais) introduit peu à peu différentes idées. Outre la société qu'il dénigre, il remet en question l'alphabet, se déclare peuple du monde, entame une longue marche autour de la terre.

Ce sera la secte ECOOVIE - LA TRIBU.
Le recrutement se fait entre " amis ", ou à travers des magasins " bio ". On propose un " Préstage " de 10 jours. On remet en cause les besoins créés pas la Société : avons nous besoin d'une voiture ? D'une radio ? D'une nourriture sophistiquée ? Pour vivre il n'y a que des besoins primaires : manger, dormir.

La vie en couple, en famille parfois source de conflits est-elle nécessaire ? La vie communautaire est meilleure.

A la fin du " Pré-stage " il faut choisir rester ou partir ? Mais l'ambiance est sympa: veillées, musique, discussions...

Si l'on choisit de rester, on commence un stage de trois mois dans un lieu où l'on côtoie toute sorte d'individus parfois simplement de passage. On est accompagné d'un guide, on introduit un nouveau vocabulaire, exemple

- Austral : femme
- Boréal : homme
- Ponant : enfant

Le régime est végétalien. Pas de cuisine, on mange tout presque cru. On est en liberté... presque ! Mais déjà il est difficile de partir, car on a tissé des liens affectifs et on craint en partant d'être jugé : faible lâche, peureux.

A la fin du 3ème mois, si l'on s'engage, on célèbre un véritable baptême (avec changement de nom pour éviter que l'on vous retrouve). Grande fête musicale et tous les ans cet anniversaire sera fêté.

Les adeptes pensent faire partie de l'élite : ils ne fument pas, se privent de tout, mais ils vont sauver la Terre ! A ce stade, membres à temps complet, on ne peut garder aucun bien : une propriété, une voiture. Maltais, lui, engrange leurs avoirs sous forme de dons et tant d'autres subventions de toutes sortes d'O.N.G.
Même les enfants appartiennent à la communauté, encadrés aussi par Maltais. Pas de jouets, pas d'instruction, pas de soins, ils vivent entre eux loin des parents qu'ils ne doivent pas connaître, pieds nus, sans culottes, vêtements crasseux, souillés, sentant les feux de bois (" je n'oublierai jamais l'odeur "). Ils ont un canif pour tailler le bois. En cas de recherche, ils sont parfois rapidement transportés dans des lieux secrets connus seulement de 2 personnes du staff et pour des périodes très longues.

On vit dans des locaux non chauffés, des hivers jusqu'à -40°, souvent dans des tipis. Chaque jour on fait " ramadan " et on fête le matin : " le point du jour ", à midi offertoire, le soir le " lever de la terre ".

L'homosexualité et la pédophilie rejetées par la société sont réhabilitées et les petits garçons intéressaient particulièrement le gourou.

petit livre vert de Khadafi ! Pour se nourrir ils achetaient au hasard, une tonne de riz, des pommes de terre, des fruits abîmés... et ils ont laissé beaucoup de dettes. Quand les affaires allaient mal, ils circulaient la nuit pour ne pas être repérés. En fait une chose comptait, l'essentiel pour vivre manger et dormir, on ne pensait plus qu'à cela et nous étions des marionnettes, sans réflexion, sans jugement, mais il existait des liens amicaux ou autres, très forts.

Bien entendu, toute médecine (soins, vaccinations, dentiste) était proscrite. Certains très faibles tombaient malades, pas question de les faire soigner car ils sont souvent en situation irrégulière, sans papiers.

Un français mourant a été déposé dans un hôpital sous identité italienne afin qu'on ne le reconnaisse pas. Sa mort n'a été connue que 2 ans après !

On a enterré le cadavre d'un autre.

Certains ont commencé à s'inquiéter, même les enfants du gourou qui tenaient des postes de choix se sont posé des questions. Pendant ce temps Maltais faisait de l'immobilier et se restaurait dans les meilleurs établissements.
" Il m'arrivait de manger un morceau de chocolat en cachette, c'était un secret ". Le mensonge régnait en Maître.

Un soir de 1994, en Calabre " le groupe a éclaté devant les tromperies évidentes dont nous avions été victimes " Sauve qui peut ! Chacun repart dans son pays. Ce fût le grand retour pour certains. Il faut se refaire une personnalité, s'habituer à la vie en société, trouver des amis, la famille ?

Lourde épreuve que certains n'ont pu surmonter, ils n'avaient plus rien !

Les enfants de Norman William eux qui bénéficiaient de beaucoup d'avantages financiers sont revenus auprès du père. Et la secte a repris la route

En 1994, Bernard Olivier reprenait une vie normale en couple, il avait connu sa compagne dans la secte. Tous deux en sont sortis.
En 1996, ils s'installaient au Pays Basque, et ont eu 2 filles. Emplois solides, enfants scolarisés, achat d'une maison, une famille normale 1

Le 23 juin 2002, Bernard Olivier rentre chez lui et trouve la maison vide. Jusqu'au 15 août il cherchera, n'ayant aucun doute sur son épouse jusqu'alors. Il découvrira qu'un passeport a été établi pour sa femme, ses 2 enfants y figurant avec une fausse autorisation du père !

Par d'anciens amis il a su que la secte était basée au Canada et à Haïti. Dans ce dernier pays le fils de Norman William se trouve à la tète de " Terre des Jeunes ". Là-bas il touche beaucoup de subventions en tant qu'O.N.G.

Très vite avec l'aide d'une avocate, les poursuites judiciaires sont engagés, il a fallu localiser les enfants, obtenir un jugement en France, puis engager une procédure au Canada, avec une autre avocate spécialiste de rapts d'enfants. Ceci en grand secret car il fallait craindre le déplacement des enfants surveillés au téléobjectif pendant 1 mois et demi.

30 policiers ont envahi le camp. Leur " butin " a été plus important qu'ils ne pensaient. Les adultes en situation irrégulière ont été emprisonnés et expulsés, les enfants mis en sécurité (il y en avait une douzaine). Après encore quelques difficultés administratives qui l'ont obligé à prolonger son séjour, Bernard Olivier a pu rentrer chez lui le 27 avril 2003

Les enfants ont retrouvé leur maison, leurs camarades, leur institutrice à l'école. Elles témoignent de cet enfer. Pour l'instant tout est bonheur pour elles.
Le retour des enfants a été largement facilité, ou tout simplement réalisé grâce à:

- L'action de l'avocate en charge de l'affaire, nous la laisserons commenter la partie juridique.

- La connaissance parfaite de la vie dans la secte par le père des enfants sur qui les policiers se sont appuyés pendant toute l'enquête ; ainsi l'effet de surprise a été total.

Reste un point d'interrogation : Le rappel de la mère après 8 ans hors de la secte.

Alors que Bernard Olivier semble avoir à ne regretter.. que 13 ans de sa vie sa compagne, elle semblerait détachée de la société et se sentait supérieure aux gens qu'elle côtoyait ... grâce à son expérience ?


 
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