Le Corps Miroir

(Source : extrait du livre Pour être bien dans sa peau sans y laisser sa peau)


 Le cours n'est pas réservé aux femmes, mais c'est tout comme. Sur la vingtaine de personnes présentes, à peine une ou deux sont des hommes. En sept soirées hebdomadaires, sept thèmes populaires sont abordés: changer nos schèmes intérieurs, changer nos croyances, la responsabilité, l'or­gueil, les dépendances, etc.

Une petite chanson ouvre le cours: «Sois le seul maître de ta vie, tu auras la paix et l'harmonie ... ». Puis suivent les exposés de l'animatrice, un bout?en?train capable de faire rire la salle soir après soir avec les innombrables exemples de la vie quotidienne qui émaillent et illustrent ses théories.

Cette fois-là, elle entretient les participants des six étapes à suivre pour bouleverser n'importe laquelle de nos croyances. «Qui veut me donner un exemple de croyance ?» demande-t-elle. Une femme lève une main incertaine: «Faire plaisir à tout le monde». L'animatrice écrit l'énoncé au tableau, pose quelques questions supplémentaires, histoire de mettre de la chair autour de son modèle en six étapes.

Elle ne manifeste aucune intention d'explorer avec la personne les situations qui lui causent problème. Ce cours n'est pas la place pour parler de soi en profondeur. Les témoignages, assez brefs, servent à donner juste ce qu'il faut de carburant, des tranches de vie de chacun, pour que le moteur de l'animatrice continue à fonctionner afin de focaliser l'expérience de la personne sur son modèle en six étapes.

«Moi, c'est surtout avec mes parents que je vis ça», précise une participante.

«C'est la même chose, on fait les mêmes étapes» rétorque l'animatrice.

«Mais je sais que je fais juste les fâcher .. »

«C'est correct comme ça».

«Quand même, mes parents ne sont pas comme nous autres, ils sont d'une autre génération ... »

«C'est toi qui va changer. Fais le processus, ça va se faire» conclut l'animatrice, réfugiée parmi les formules toutes faites de son organisation. La participante, de son côté, demeure quelque peu perplexe sur la ligne de conduite à suivre.

À travers les exposés et les échanges se glissent des exercices à faire deux par deux; chacun est cependant laissé libre. Se faufilent aussi les lois chères à cette organisation: «Il ne faut jamais rien dans la vie, j'ai toujours le choix» ou «Plus la dimension mentale est forte, moins l'enfant intérieur est fort» ou «La vie vous traite comme vous vous traitez vous-mêmes. Tu récoltes ce que tu sèmes».

Un exercice revient plusieurs fois pendant le cours, toujours similaire:

«Quelqu'un veut-il révéler ses malaises ou ses maladies» demande l'animatrice.

«Moi c'est des malaises d'estomac. Ça fait sept ans que ça dure».

L'animatrice pose quelques questions sur les symptômes.

La deuxième étape de l'exercice consiste à demander à cette femme de se souvenir d'une situation, il y a sept ans, qui pourrait être en lien avec ses malaises. «Sî vous ne vous rappellez pas, demandez à votre dieu intérieur». La troisième étape, pour la femme, est de lire dans le livre de l'organisation une phrase «qui lui parle». Cette fois, elle tombe sur «avoir de la difficulté à accepter les contrariétés».

«Comment réagissais-tu face à tes parents quand il y avait des contrariétés ?» demande l'animatrice.

«Je faisais une crise de nerfs» répond la dame.

«Comme qui, comme ta mère?»

«Oui, comme ma mère».

«La jugeais-tu? La trouvais-tu, disons, trop émotive ?»

« ... oui, plutôt».

«Voilà ce que tu n'acceptes pas de toi-même. Ce que tu reprochais à ta mère, tu es en train de le faire à ton tour. Donne-toi le droit de vivre des crises de nerfs parce que si tu ne les acceptes pas, tu ne pourras pas te changer» conclut l'animatrice.

À l'occasion, pendant les cours, celle-ci se transforme en docteur.

«J'ai mal dans le haut du dos» lance une femme.

«C'est que tu en as trop sur les épaules» diagnostique avec aplomb l'animatrice.

«Moi c'est des crampes ... » de dire une autre femme.

«Les crampes, c'est de la culpabilité».

Elle joue non seulement au docteur mais aussi à la psychanalyste.

«Est-ce que je suis responsable de mes excès de vitesse sur la route?» demande une participante.

«Avais-tu des parents autoritaires ? En as-tu souffert ? Leur tiens-tu tête ?» s'informe l'animatrice.

«Euh... je pense, oui».

«Eh bien! tu es en réaction à ta propre autorité. Tu te dis que tu vas bien faire ce que tu veux. Pèse le pour et le contre et fais un choix conscient».

Les maladies ne relèvent donc pas des conditions d'existence de la personne comme le niveau de vie socio­économique ou de facteurs extérieurs comme la pollution ou la diminution de la couche d'ozone pour expliquer un cancer par exemple, car seule la personne est responsable de ses malaises et maladies. Chaque cas reçoit une explication instantanée grâce aux clés fournies par l'organisation. une de celles-ci, comme on l'a vu, est de dire que nous sommes en réalité ce que nous n'aimons pas chez les autres

À cette femme qui se demande quoi penser des personnes âgées qui trouvent leurs enfants ingrats, l'animatrice explique: «La vie les traite comme elles se sont traitées. Ils se plaignent de leur propre ingratitude». On dirait une version améliorée de la réplique de notre enfance: «Celui qui le dit, celui qui l'est».

Une autre clé d'interprétation, c'est d'attribuer un sens figuré à toute action et expression courantes. Par exemple, si quelqu'un a envie d'un bon steak, il doit se poser la question: «Qui est-ce que j'ai envie de mordre?» Avoir envie de viande c'est avoir une colère qui monte...

Chaque cours se termine par des devoirs à faire à la maison, comme noter tout ce qu'on mange, se priver de sucre, se répéter des phrases telle «Je m'accepte comme je suis présentement car je suis une personne unique sur la Terre et suis maintenant aussi parfaite que je puisse l'être. J'accepte aussi tous ceux qui m'entourent», ou encore poser un acte d'humilité par jour. Le cours suivant commence par une récapitulation de ses devoirs.

Le dernier cours de la série, un peu sur le modèle des tables de la Loi de Moïse, révèle les dix moyens pour prendre contact avec sa lumière: accepter sa responsabilité, vivre le moment présent, avoir la foi en son dieu intérieur, voir Dieu partout et s'apercevoir tout particulièreùent que "je suis Dieu".



 Le Corps Miroir (Martin Brofman)

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