Eglise du Christ de Paris

"Quand j'étais Bostonnien"


( Source : témoignage )



J'ai rencontré l'Eglise du Christ de Paris lors d'un stage bilan formation. J'étais alors doctorant en archéologie. J'ai dû arrêter mes études à la suite d'une escroquerie dont j'ai été victime.

Ce stage devait me permettre de rejoindre vite le marché du travail pour me renflouer financièrement. A ce moment-là, je n'avais pas vu mes parents et mes amis depuis un bon moment.

J'ai lié connaissance avec une des participantes à cette formation. Cette jeune femme donnait les réponses les plus pertinentes aux intervenants du stage. Elle m'a demandé de l'aide pour son déménagement. Lors de celui-ci, j'ai rencontré plein de gens souriants et avenants. Elle m'a invité à une discussion sur la bible organisée par l'un de ses amis.
Je suis catholique mais ouvert aux autres formes de christianisme par mes voyages à l'étranger, ma curiosité était excitée à la pensée de participer à cette soirée… agrémentée, de plus, par un repas !

Au cours cette soirée décontractée, j'ai été tout particulièrement entouré et choyé et surtout, invité à étudier la bible en compagnie des autres participants.
C'est le dimanche suivant, dans une salle louée au quai d'Austerlitz que j'ai assisté à leur culte pour la première fois. L'assemblée était jeune, dans les 20-30 ans, et joyeuse. Le pasteur, bien habillé, prêchait en mélangeant les écrits bibliques, son expérience personnelle, avec une note d'humour pas toujours fine. Les chants a capella étaient beaux. Pour quelqu'un habitué à des cérémonies plus "calmes", quoi de plus séduisant ?

Mes études sur la bible continuaient, le fait de vivre sa vie selon la bible me convenait ; j'avais envie de rejoindre cette église.

Au fil du temps, les études devenaient plus exigeantes pour moi. J'admettais difficilement ce que celui qui dirigeait l'étude prétendait, à savoir que j'étais loin de Dieu à cause de mes péchés (ma relation avec mon père durant mon enfance, le fait que je ne pardonnais pas aux escrocs dont j'avais été victime, ma timidité qui selon lui était de l'orgueil ; quand j'y repense...); Je devais donc me repentir.

Ces études de la bible étaient dirigées par le responsable du groupe de discussion plus incisif que les autres membres, et ensuite également par le pasteur de région ;

J'ai alors décidé d'arrêter ces études.

Mes amis les plus proches (j'espère qu'ils le sont toujours) sont venus le lendemain après le culte pour me convaincre de revenir vers Dieu. Convaincu de revenir, je m'expliquai avec le responsable du groupe et le pasteur devenu, pour le coup beaucoup moins inquisiteurs !

J'ai donc repris mes études et un beau soir, il a été décidé que j'étais prêt à devenir " chrétien ". On m'attribua alors un formateur que l'on me présenta comme quelqu'un qui devait veiller sur ma santé spirituelle.

J'ai été baptisé fin janvier 2000 devant 600 personnes environ. J'ai reçu ce jour là comme cadeau le livre" comment faire des études" et le livret "30 jours au pied de la croix" ou comment faire face aux événements de la vie sans oublier la crucifixion de Jésus-Christ ; livret dédicacé avec des témoignages d'amitié éternelle.

Mes premiers jours de vie " chrétienne " me paraissaient paradisiaques, mon groupe était fier d'avoir " un bébé chrétien " (pendant un ans ou deux ans, sauf exception, un chrétien est considéré comme un bébé chrétien tant qu'il n'a pas de " conviction " solide). Seul bémol, lors de mes études matinales de la bible (tout bon chrétien doit impérativement passer une heure au moins à méditer un passage de la bible), comme je lisais et étudiais les passages de mon choix on me l'a reproché et les passages que je devais lire et sur lesquels je devais méditer m'ont été indiqués par mon formateur. Il faut savoir, en effet que durant sa vie de chrétien, chaque disciple doit joindre quotidiennement son formateur pour lui parler de sa journée, de ses péchés, qu'il doit le rencontrer au moins une fois par semaine. Une fois par semaine, pour faire le point au cours d'un " moment de formation ". Au moins une fois par mois, le dirigeant du groupe ou le pasteur se joint au formateur pour diriger avec lui ce " moment de formation ". Ce " moment " devrait plutôt s'appeler "douche écossaise" On me reprochait systématiquement de ne pas être assez fructueux, pas assez soumis à Dieu par l'intermédiaire du formateur.
Chaque disciple a un formateur qui, lui-même a un formateur, qui lui même il s'agit là d'une structure pyramidale, à la tête de laquelle se trouve Kip mC Kean, formé par Jésus-Christ, rien de moins ! le Saint-Paul de Boston,en quelque sorte ! Ce moment de formation commençait et finissait toujours par des "on t'aime beaucoup !"... heureusement. Tout était en réalité fondé sur le sentiment de culpabilité pour permettre de demander toujours plus au disciple.

Mais le plus grand conflit que j'ai vécu et à cause duquel j'ai quitté cette église après m'être posé bien des questions a été une souffrance qui m'a été imposée. J'étais amoureux d'une jeune femme d'un tempérament naturel avec une foi sincère. Elle était assistante de discussion et avait plusieurs années de " vie Chrétienne ". Or un(e) jeune chrétien (ne) ne doit pas aimer un(e) chrétien(ne) plus ancienne dans la foi et qui, de plus a des responsabilités. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Il faut avoir le même niveau spirituel, c'est à dire être soumis à son formateur et apporter du fruit (amener des invités aux études de la bible). Les sentiments passent en second, c'est un fait.

Mon propos ici n'est pas de décrire de façon exhaustive mes déboires amoureux, mais de montrer, à travers des exemples, comment l'Eglise du Christ agit sur les personnes, sur ce qu'elles ont de plus personnels.

Une rencontre informelle avec le pasteur de ma région s'est transformée en moment de torture mental; le dirigeant de groupe s'est joint à nous. Tous deux se sont évertués à me faire comprendre que cette jeune femme, cette " sœur " n'éprouvait aucun sentiment pour moi et ils m'ont ordonné de cesser toute relation avec. La femme étant soumise à l'homme, il était pour eux normal de me faire savoir ce qu'elle ressentait ou pas à mon endroit alors que j'aurais préféré qu'elle m'en fasse part elle-même !. Dans leur grande générosité, ils m'on dits avec quelles " sœurs " je devais " bâtir une amitié " selon ma personnalité, personnalité définie par eux lors des études de la bible. Il est en effet habituel, dans cette église de tenter de présenter quelqu'un à une autre personne ayant à peu près le même profil., si vous êtes tourangeau et réservé, on vous présentera un tourangeau réservé et certainement pas un périgourdin extraverti ! Cette façon de classer les gens en fonction de caractéristiques ethniques, géographiques, professionnelles et morales me choque, car rien n'est naturel. Je n'ai pas suivi leurs conseils car pour moi leurs ordres se rapprochent plus du proxénétisme que de l'amour chrétien.

Voyant qu'il était impossible d'avoir des relations saines à cause d'un système qui ne respecte pas l'individu j'ai quitté cette église fin juin 2000,.

Après mon départ, ma vie a été rendue difficile notamment par un harcèlement téléphonique, on raccrochait dès que je répondais, cela a duré un bon mois.

On glissais sous ma porte des messages me suppliant de revenir, des " frères " de mon groupe de discussion me rendaient visite la nuit. Un matin les dirigeants du groupe eux mêmes sont venus me rendre visite. Je n'ai pas répondu et ils sont repartis après avoir attendu un bon moment devant ma porte. En sortant de mon appartement, j'ai trouvé des croissants sur le pas de ma porte! J'ai eu l'occasion de discuter avec eux mais toute discussion était devenue stérile, ils ne m'adressaient que leur charabia ! A la fin, on m'a déclaré que j'allais perdre Dieu, mon métier et que ma future femme allait me tromper si je quittais l'Eglise.

J'ai failli y retourner en janvier 2001 car je me sentais coupable devant Dieu. Mais le même procédé s'est reproduit : séduction puis culpabilisation. J'ai vu l'hypocrisie et évité l'humiliation. Je devais étudier la parabole du fils prodigue le fils prodigue pour mon retour, quoi de plus logique mais je devais aussi laver les pieds du dirigeant de groupe blessé par mon départ et écrire une lettre à Dieu, ensuite être sous la surveillance des autres dés mon retour. On me reprochait d'être intelligent et d'être trop sentimental (des péchés cela ?) profondément choqué j'ai définitivement quitte cette église fin mars 2001 après trois mois de probation.

Au début cela a encore une nouvelle fois été très dur, je me sentais humilié et manipulé. J'ai eu des envies suicidaires, Depuis loin de l'influence de l'Eglise, j'ai fait le point sur ce qui me révoltait..

Ce qui m'a frappé, c'est l'absence de connaissance théologique des dirigeants, ils connaissent que la doctrine de Mac Kean. Il nient toute forme d'humanisme, mais Jésus n'était il pas de nature autant humaine que divine ?
Ces dirigeants vivent dans de grands appartements seuls avec leurs familles, pendant que leurs disciples vivent à plusieurs dans des appartements ( ce qui est très pratique pour se surveiller mutuellement) et cela me révolte.

10% des revenus doivent être versé pour la dîme, plusieurs disciples donnent plus et se privent de loisirs, de vêtements. Une collecte spéciale est organisée pour les nouvelles missions collecte lors de laquelle on doit verser d'un seul coup un montant représentant 19 ou 20 fois la collecte hebdomadaire ; quel verset de la bible justifie cette ponction d'argent? Je connais des disciples qui se nourrissent uniquement de pâtes, de salade au thon; privés de nourriture correcte et suffisante, comment auraient-ils la force de réagir sainement ?

Avez vous vu un disciple dans la rue ? En groupe, ils ont tous le même sourire alors que lorsqu'ils sont seuls ils sont tous éteints.

Beaucoup de disciple changent d'employeur durant l'année pour recruter de nouvelles personnes dans une nouvelle entreprise Il n'y a aucune vie intime préservée, lors d'un mariage le pasteur a retraçé l'historique amoureux du couple qu'il mariait. Lors de ce même mariage j'ai entendu le discours le plus rétrograde sur le statut de la femme. J'ai cru qu'il allait demander à la mariée de nettoyer la salle du mariage à la fin des festivités, vraiment !

Plus sournois, lors de la Saint Valentin de 2001: le dirigeant de groupe a demandé à chaque membre d'offrir une fleur à la " sœur " avec laquelle il avait le moins d'affinité!!

Je me pose une question finale; ou est Jésus dans tout cela ?


 



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