Témoignage

L'histoire de Brian Jones


( Source : REVEAL: The Crisis Line traduit par A.B )

Introduction
Premier contact
On fait connaissance
Deux interventions
Mon anniversaire
Une conversation pénible
On se regroupe
Le retour de Tom
J'ai des doutes sérieux
Un chantier d'évangélisation
Je prends du recul
Je quitte
Une dernière visite
Conclusion


 Introduction

Je souhaite témoigner de mon expérience dans l'église du Christ de Boston. J'espère que ce témoignage adoucira la peine que j'ai vécue dans cette église. Je n'avais pas de famille quand je fus conçu et j'ai passé la plus grande partie de ma vie solitaire. Dieu fut rajouté à la dernière minute et ne fut jamais, ni l'objet d'un manque de respect, ni d'un culte particulier. Il en résulta que, dans ma vie, à part ma grand-mère, il n'y eut jamais personne y compris Dieu. Elle s'occupa de moi et me témoigna de l'amour. Auprès d'elle, je me sentais protégé. Elle mourut lorsque j'avais 13 ans. A 13 ans donc, j'étais aimé d'une seule personne qui avait disparu.
Pendant les 15 ans qui suivirent, j'eus une vie très solitaire; je n'avais personne à aimer ou qui m'aimait. Au printemps 1997, mes seuls instants de tranquillité se passaient dans un square à coté de la maison de mes voisins. J'avais l'habitude de me prélasser tranquillement dans le hamac de mes voisins. Le couple qui demeurait dans cette maison m'avait gentiment offert d'utiliser leur hamac chaque fois que je le voulais. Ils m'appelaient leur copain et je me sentais aimé, même si cela ne durait pas longtemps. Il y avait là un square dans lequel j'aimais flâner lorsqu'il faisait beau. C'était relativement loin de ma maison et je me sentais en sécurité. Ce square était si beau et si paisible! J'y allais souvent pour demander à Dieu de soulager ma souffrance, soit parmi les hommes, soit dans la mort. J'étais si souvent seul et je voulais que ma peine s'achève. Je priais pour être aimé des hommes car je n'avais ni père, ni frères, ni amis. Je voulais tantôt être aimé, tantôt mourir. Je priais, premièrement pour rencontrer un homme qui m'aime et me le dise et, ensuite, pour avoir un ami au téléphone pour me conseiller. J'avais hâte qu'on me réponde. Telle était ma vie avant d'entrer à l'église du Christ de Boston.

 Premier contact

La femme de l'homme qui m'invitait à utiliser son hamac à ma guise était membre de l'église du Christ de Boston. Je ne la connaissais pas beaucoup. J'avais remarqué qu'elle allait à l'église, bien qu'elle soit enceinte, tous les mercredis et ceci malgré 12 heures de travail comme infirmière. Je trouvai cela étrange qu'elle travaille matin et soir et qu'elle fasse 15 miles en voiture aller et retour pour aller à l'église. Je me demandais si elle n'était pas un peu dérangée ou même folle. Comme je n'étais moi-même jamais allé à l'église, je n'arrivai pas à la comprendre. Au moment ou elle décida de déménager pour être plus proche de son lieu de travail, je me proposai de l'aider pour son déménagement. Ce fut sans le savoir la première action que je fis en faveur de l'église. La nuit précédant le déménagement, trois ou quatre femmes de l'église arrivèrent avec sept ou huit assiettes de nourriture. J'étais stupéfait et surpris de les voir si attentionnées. Elles ne voulaient pas laisser leur amie enceinte faire la cuisine la veille de son déménagement. Pour moi, elles représentaient une véritable famille. Chacun s'affairait. Le lendemain, quand j'arrivai, il y avait déjà quatre ou cinq hommes qui l'aidaient à déménager. Ils faisaient aussi partie de l'église. Tous avaient l'air de faire partie de la famille. Je commençai à discuter avec un des gars dans le camion. C'était un prédicateur de l'église du Christ de Boston. Il était sympathique et amical. Inutile de vous dire que je n'avais pas connu beaucoup d'hommes comme lui ! .Lorsqu'il me dit qu'il faisait partie de l'église, je lui déclarai que j'avais toujours rêvé d'assister à une cérémonie religieuse. Il me répondit qu'il prêchait le lendemain et m'invita. J'acceptai. Le lendemain matin, je rencontrai Tom dans la demeure où avait eu lieu le déménagement et nous nous sommes rendus à la cérémonie à l'université la plus proche. Il me complimenta sur mes vêtements et semblait impressionné que je porte des vêtements de qualité. La façon dont il me complimenta me flatta. Je me sentais "beau gosse" alors que j'avais souvent ressenti un sentiment d'infériorité.
Personne ne m'avait encore dit que je pouvais être beau. C'était plutôt agréable de se l'entendre dire. Lorsque nous arrivâmes, il me présenta à tous ceux qu'il connaissait. Je me sentais comme un invité royal. Tout le monde était si aimable et si gentil qu'il ne me serait pas venu à l'idée de partir. Je pense qu'il sentit que je n'étais pas à mon aise et il me donna une accolade. C'était certainement la première étreinte que je reçus d'un homme en 10 ans. Je me sentis mieux. En regardant autour de moi pendant l'office, je vis combien chacun était attentif aux autres. Ils se congratulaient, prenaient de leurs nouvelles et exprimaient leur amour. Jamais je n'avais vécu rien de pareil. J'avais l'impression d'être dans un monde imaginaire. Autour de moi, les gens n'agissent pas de cette façon. Ils se comportent avec vulgarité, égoïsme et agressivité. Ceci était mon lot quotidien. Le contraire était difficile à imaginer, mais, à ce moment, c'est bien ce qui se passait. Cela me faisait chaud au cœur. Je ne serai plus seul si je pouvais être avec eux chaque semaine.
C'était un don de Dieu. L'office de l'église était optimiste, positif et amical. Tom avait une manière de parler qui pouvait ramener un mort à la vie. Il y avait aussi la communion. Comme je n'avais jamais encore communié, je ne savais trop quoi en faire. Jésus n'était jamais entré dans ma vie. Lorsqu'ils commencèrent à parler sur ce que peut faire Jésus dans "nos" vies, je fus très embarrassé. J'étais encore plus gêné lorsque les soucoupes pour la quête commencèrent à circuler. Je pensai que je ne pourrais pas faire semblant de ne pas les voir et, en même temps, je ne voulais pas donner quoi que soit car cela me semblait bizarre. Lorsque l'office prit fin, Tom m'invita a partager une pizza en famille. A part nous deux, il y avait sa femme, ses trois enfants et quelques amis. Pour accompagner la pizza, il y eut une conversation agréable et un tas de sourires. J'étais confus de toute cette gentillesse. Lorsqu'il me déposa en voiture un peu plus tard, Tom me donna une accolade. Il déclara qu'il était content que Dieu nous ait fait nous rencontrer. Tout comme moi.

 On fait connaissance.

Dans les semaines qui suivirent, je pris l'habitude de me rendre chez Tom et de l'accompagner à l'église. Il s'y rendait tôt le dimanche matin pour préparer la cérémonie. Un jour je le questionnai sur l'office du milieu de semaine. Pourrais-je y aller ? A l'époque, les offices du milieu de semaine étaient réservés tantôt aux célibataires, tantôt aux mariés.
Dans l'immédiat, pendant l'office du milieu de semaine, il s'occupait d'hommes mariés et, de plus, supervisait une retraite de célibataires. Un peu plus tard, il me proposa de l'argent qu'un adepte avait offert à l'église pour les membres qui ne pouvaient s'offrir une retraite. Je lui dis que je n'aimais pas me trouver avec des gens que je ne connaissais pas et que je préférais faire d'abord leur connaissance. Il fut très correct et respecta mes exigences. Les offices de milieu de semaine semblaient décontractés. Mon premier culte fut avec une classe de célibataires qui revenaient de leur retraite. Ils semblaient très contents et enthousiastes lorsqu'ils commentaient leur aventure. Ils nous firent partager leur joie et combien ils avaient apprécié leurs orateurs qui avaient fait progresser leur spiritualité. Je mourais d'envie de posséder leur bonheur. Je remarquai une chose à laquelle je n'attachai pas trop d'importance, c'est qu'ils semblaient tenir le même discours avec les mêmes mots. Je fis des progrès spirituels et devint plus proche de mes frères et sœurs dans le Christ. Je ne ressentais portant pas les mêmes choses et cela engendrait la méfiance. Je mourais d'envie de posséder leur quiétude. Les offices du milieu de semaine, agréables et joyeux, furent une expérience positive sur la vie chrétienne. On chantait des cantiques édifiants. On planifiait des activités liturgiques. Je sentais que je ne serai plus jamais seul. Je reprenais espoir et n'aurais quitté sous aucun prétexte.

 Deux "interventions"

C'est pourquoi, je ne me faisais pas prier lorsqu'on organisait une cérémonie en milieu de semaine. Tom raconta un jour une histoire sur quelqu'un de l'église. On avait trouvé qu'il était en état de péché. On disait qu'il était alcoolique. Lorsque les plus anciens le prirent sur le fait de pécher, il ne voulut pas y renoncer. On lui dit, en citant Mathieu 18, que son cas serait porté devant l'église. Tom lu une lettre émanant des anciens membres de son église racontant l'histoire et demandant aux membres de prier pour son âme. Puis il y avait une lettre, écrite par cet homme, de sa propre main. Il y confessait son péché, sa culpabilité et son orgueil. Il annonçait aussi qu'il voulait se reprendre et échapper à l'emprise de l'alcool. Il avait, en outre, une femme et des enfants dans l'église. Aussi, demanda t'on aux adeptes de ne pas répéter cette histoire à cause des enfants. Comme le but était apparemment d'aider cet homme et sa famille, je ne trouvai rien à redire. L'église apparaissait vraiment comme un lieu où l'on s'aimait. Et moi-même, je pouvais y être aimé. J'envisageais l'avenir avec espoir
Quelques semaine plus tard, un autre fait survint. Il s'agissait d'une femme de l'église qui avait commis un péché sexuel. Tom lut une lettre des anciens de l'église du Christ de Boston qui condamnait la femme pour ses actes en face de ses "frères et sœurs" . Elle avait pris contact avec un homme dans une autre église et lui avait fixé rendez-vous.
Les responsables avaient fini par trouver qu'ils couchaient ensemble. Dès qu'ils furent "découverts", on les réprimanda. Mais malheureusement, ils continuèrent, malgré tout, leur relation, si bien qu'ils durent se présenter dans leurs églises respectives en raison de Mathieu 18. La lettre des anciens de l'église commençait en citant Mathieu 18: que faire devant un frère dans le péché? On discuta de leur péché et on demanda aux membres de l'église de prier pour leur âme. La lettre suivante était écrite par la femme. Elle confessait son orgueil et son péché sexuel. Elle en demandait pardon et promettait de se repentir. La prière du prêcheur fut dédiée à notre sœur "perdue". Le prédicateur continua un bon moment, au moins dix minutes, sur ce sujet. Il revenait sans cesse sur cette histoire, qu'il fallait prier pour notre sœur qui avait chuté afin que le Christ la relève et lui montre ses erreurs. Tout le long de son sermon, le prêtre ne cessait de parler de "péché sexuel". Il n'y faisait pas seulement allusion, il en rajoutait des tonnes et des tonnes! Personne ne réagissait dans l'assistance. Ils écoutaient simplement le prédicateur qui continuait et qui s'étendait sur le sujet. C'était un peu comme si l'on "violait" aussi ces fidèles. Pour moi, c'était un supplice et je ne pouvais qu'imaginer ce que cela avait du être pour cette femme. C'est comme si sa vie intime avait été étalée devant tous ses amis. Plus tard, j'ai retrouvé son copain qui subissait le même sort en face des adeptes de son église. J'en parlai à un de mes amis dans l' église. Il me dit qu'il connaissait la femme et qu'il était, lui aussi, mal à l'aise. Mais il me déclara que la seule manière de résoudre un problème est de le sortir de l'obscurité et de le porter au grand jour. Voila pourquoi on cite Mathieu 18. Il me parla aussi de Satan qui nous tente et devant qui nous devons toujours rester sur nos gardes. Donc, faire cela était une bonne chose et dans l'intérêt de cette femme.

 Mon anniversaire

Quelques semaines plus tard, c'était mon anniversaire. Depuis toujours, les anniversaires sont pénibles pour moi car ils n'ont pas de signification. Ils ont toujours été une source de souffrance, n'ayant pas de famille et me sentant seul. Lorsque j'évoquai cela avec Tom, il m'invita à célébrer mon anniversaire avec sa femme. Pour une fois, je ne me sentis pas seul. Je n'arrivais pas à croire qu'un gars qui venait juste de me rencontrer prenne suffisamment soin de moi pour vouloir fêter mon anniversaire. Je me rendis donc chez lui et nous eûmes une conversation très agréable. Après le repas, je me rendis à l'office de milieu de semaine avec sa femme et lui. L'office fut aussi agréable que d'habitude. Lorsque nous nous dispersâmes en petits groupes à la fin, je vis une femme venir vers moi et se mettre à chanter "bon anniversaire". Tom avait apporté un gâteau, de la crème à raser, des rasoirs et d'autres cadeaux. Je m'imaginais la personne la plus aimée au monde. Jamais je n'aurais cru cela. L'amitié de cette homme était comme l'amour d'un père. Depuis ce jour, je ne suis plus jamais senti seul. Dans les jours qui suivirent mon anniversaire, Tom et moi discutions à l'extérieur de chez lui. Nous prenions le frais, tout simplement, et je lui dis combien je l'appréciais. A cet instant, il me donna une accolade et me confirma son amitié. Je lui répondais que, moi aussi, je l'aimais. C'est comme si j'étais son fils spirituel. J'étais aimé et dans les bras d'un homme que je respectais. Je me sentais bien et éprouvais du bonheur grâce à cette amitié.

 Une conversation pénible

Plus tard, Tom avait rendez-vous chez le docteur. Je l'accompagnai pour lui remonter le moral. C'est après ce rendez-vous que les choses ont changé. Sur le trajet du retour, pour me raccompagner, nous eûmes une conversation dans sa voiture.
Je me souviens que nous parlions de sujets religieux. Je lui demandai comment la Bible avait précisément changé sa vie et en quoi les choses avaient changé après son étude de la Bible. Il me raconta que souvent, dans le passé, il couchait avec n'importe qu et d'autres détails que je ne lui demandais pas. Lorsque je changeai de sujet, il revint tout de suite dessus et n'avait de cesse que d'en parler. Il commençait à prétendre que je ne le comprenais pas vraiment, que j'étais contre ce qu'il racontait, et que je faisais tout pour ne pas être d'accord avec lui. Il était à vif Il commençait à devenir très agité et la discussion ne fit que s'aggraver. J'avais l'impression que, plus j'exprimai mon désaccord, plus il se mettait en colère. Il devenait dingue. Je ne me souviens plus exactement des mots (j'avais des choses à apprendre, ..etc..), mais c'était son attitude que je parvenais pas à comprendre...Comme je suis avide de pardon, je me contentais d'acquiescer. Je pense que je cherchais constamment son approbation pour ne pas me le mettre à dos. Plus je m'opposais à lui et plus il devenait méchant. Après un moment d'accalmie, je lui demandai si nous pouvions nous réconcilier dans un square près de chez moi et lire la Bible. Il fut d'accord et remis la conversation sur les péchés sexuels, un sujet maintes fois abordé lors de ses sermons du dimanche. Il déclara que tous les hommes commettent un péché sexuel au moins une fois par jour. Il continua sur ce thème en donnant des exemples particulièrement frappants. Il ouvrit la Bible et me montra des passages où le péché de chair était puni. Il commentait beaucoup de ces extraits. Il s'attendait bien sûr, à ce que j'approuve tout cela sans réserve. Il me mit dans un tel état de trouble et d'agitation que je ne savais plus quoi faire. Après qu'il m'eût bien énervé, il déclara qu'il devait s'en aller. J'étais dans un tel état nerveux que je ne voulu pas rentrer dans sa voiture, et je lui dis que je préférai rentrer à pied. Après une accolade, il partit chez lui. J'étais complètement retourné. Le premier homme que j'ai véritablement aimé m'avait agressé sans me prévenir. Je ne savais pas comment lui répondre. Je retournais aux enfers. La Bible parlait de ces ténèbres dans lesquelles j'étais replongé.
J'en parlai à un gars que j'avais rencontré dans l'église et qui était dans le ministère du campus universitaire. Ce fut une erreur fatale. Je lui parlai, sans dire le nom, de quelqu'un qui m'avait agacé dans l'église, pourquoi et comment il m'avait énervé. Je pensais qu'il me témoignerait de la sympathie et de la compréhension. J'avais tort. Il me déclara très aimablement que les versets de la Bible cités étaient des conseils judicieux. Lorsque je fis remarquer sa haine, il répondit que les bons conseils spirituels semblent souvent agressifs. Le message sous-entendu était que du moment qu'une personne puise dans la Bible, il peut faire ou dire n'importe quoi. Plus tard, j'en ai eu la certitude. En fait, il me disait que tout cela était de ma faute car la Bible ne peut pas se tromper. Ce manque de compréhension aggrava ma déprime. J'en parlai ensuite à une amie, qui était hors de l'église, qui avait reçu une éducation chrétienne et avait fréquenté l'Eglise. Elle me donna un sacré coup de main. Elle me fit découvrir que j'avais été trompé, ce qui arrivait souvent. Je commençai à remonter la pente. Elle était la voix du bon sens dans un monde qui n'en avait plus. Elle déclara que le fait d'être chrétien avait pour but de vivre une expérience personnelle positive et chaleureuse et non de se sentir pire qu'avant. Elle m'encouragea à ne pas autoriser quiconque à m'empêcher d'étudier la doctrine chrétienne ou de l'Eglise A l'époque, j'avais des doutes sur ce qu'elle disait car Tom, pour moi, représentait l'église, il pouvait dire n'importe quoi, on le considérait comme si c'était Dieu qui parlait. C'était une forte personnalité. Chacun savait que le contredire, c'était comme "être puni", tout le monde le savait, sauf moi, semble t'il.

 On se regroupe

Tom n'était pas quelqu'un d'ordinaire. Quand il se sentait bien physiquement, il ne pensait pas à dire aux gens ce qu'ils devaient faire. Cela semblait pourtant être son job dans l'église:dire aux autres ce qu'ils devraient faire. Mais il tombait souvent malade, la plupart du temps des problèmes aux sinus, qui l'empêchaient de respirer. Lorsqu'il était malade, j'étais de tout cœur avec lui. Bien qu'il m'ait causé beaucoup de tracas, je l'aimais encore et je souhaitais qu'il soit heureux. A cette époque, je ne lui pardonnais pas sa cruauté, mais, c'est bizarre, j'étais capable de surmonter la peine qu'il me causait. Je ne pouvais pas oublier le seul homme qui m'ait toujours témoigné de l'amitié. Rien n'était plus important pour moi. Quelque temps avant Noël, il du rendre visite à des parents en Floride. Je devais être inspiré par la capacité de Jésus à pardonner, car au milieu de la semaine qui précédait son départ, j'allais lui rendre visite et lui déclara "En dépit de tout, je t'aime encore". Nous échangeâmes une accolade. C'était si chouette d'être encore aimé. Il me dit qu'il m'aimait aussi et qu'il me parlerait à son retour. J'étais inquiet de la manière dont il me parla. Heureusement pour moi, et, je pense, malheureusement pour lui, il tomba malade lors de son séjour en Floride. Il revint à Boston et nous n'eûmes jamais cette conversation. Il était si malade qu'il ne pût participer aux fêtes de Noël. J'ai pu danser lors de cette soirée. C'est à cause de ce que j'ai vécu à ce soir là que j'ai pu oublier tout ce que Tom m'avait fait endurer. Les hommes et femmes qui participaient à cette fête étaient si si attentionnés envers leurs enfants que j'en avais les larmes aux yeux. Je n'avais jamais vu un tel amour auparavant. Il y avait un homme, John, qui avait trois enfants. Pendant toute la soirée, on venait le voir pour le saluer chaleureusement. C'était un peu comme si les gens faisaient la queue pour venir le voir et c'était si émouvant que j'ai failli pleurer. Je voulais ce qu'ils avaient: l'amour. Je n'en pouvais plus d'être ému et aimé. La manière dont tous ces gens se comportaient était un hommage à Jésus. Dans l'église du Christ on disait à tout bout de champ "Que ferait Jésus dans un tel cas ?" C'est ce que vous devriez faire. Pendant cette soirée, les gens agissaient ainsi. Je voulais de toute force y participer, rien n'était plus important pour moi.

 Le retour de Tom

Dès le retour de Tom de Floride, il se sentit mieux et recommença à faire des sermons plus provocateurs et déplacés que jamais à la manière d'un prédicateur Baptiste réclamant des "amen" de ses fidèles. Il parlait sur les péchés du matérialisme et du sexe, en donnant des exemples détaillés sur tous ces sujets comme il avait l'habitude de le faire. Pendant un des ses sermons, il s'en prit à la publicité là où sévissent tant de stars féminines. Je pense qu'il tentait de démontrer que lui-même pouvait succomber aux tentations de la chair. Je fus très surpris de voir aucune contestation de la part des femmes qui participaient à la cérémonie en compagnie de sa femme, leurs amies et leurs enfants. En fait tous ses sermons tournaient autour d'un thème: le sexe. A vrai dire, j'aurais dû me rendre compte que s'il ne tenait pas compte des opinions de sa famille, pourquoi tiendrait-il compte des miennes ? Au milieu de la semaine suivante, il me vint l'idée de ne plus aller aux offices du milieu de semaine et peut être, de ne plus aller du tout à l'église du Christ. Nous étions au début dans un amphi de l'université, puis nous avons été séparés en groupes hommes/femmes. C'était Tom qui dirigeait le groupe des hommes. Il y avait aussi un homme que l'on appelait un "prédicateur adjoint"(Lorsque je parle de "prédicateur adjoint", je veux dire qu'il était là ,en vérité, pour dire amen à tout ce que Tom disait. Une sorte de contrôleur spirituel à la fois maître et disciple). Il est très difficile de critiquer ce qui se dit quand tout un chacun est prêt à dire amen à tout. C'est là où ils vous piègent. Vous vous sentez indignes si vous n'êtes pas d'accord avec tout ce qu'ils racontent. Et je dis bien tout. Tout le temps de l'office fut consacré à expliquer comment les hommes commettent sans cesse des péchés sexuels. Il commentait à l'auditoire en quoi consistait exactement une faute sexuelle, à grands renforts de détails. Je me rendis compte que ce n'était pas la première fois qu'il revenait sur ce sujet. Il raconta que, quand il était enfant, il n'arrêtait pas de pécher par la chair en couchant avec n'importe qui. Mike, qui était pourtant si béni oui-oui, baissait la tête pendant qu'il écoutait ces commentaires sur les péchés de la chair. Ce qui était plutôt gênant, quand il était en train de parler sur ce sujet, c'est qu'il y avait un garçon de 11 ans dans la salle, qui était le fils d'un des fidèles. Bien qu'il fut à l'autre bout de la pièce, il entendait tout. En réalité, ce qu'il comprenait c'est qu'un male était toujours dans le péché. Les deux prédicateurs disaient ce qu'on attendait d'eux et rien de plus. Je savais que je ne voulais pas être ce qu'ils étaient, mais je ne voulais pas non plus abandonner la seule amitié reçue dans ma vie, d'un homme. J'avais l'impression que quitter l'église, c'était un retour pur et simple à la solitude et aux enfers. On fêtait le jour de l'an 1997/1998. Il y avait une petite fête dans la "maison" de l'église du Christ, aux environs de 19 heures, après laquelle j'étais invité chez mon ami John et ses trois enfants. Après nous être chaleureusement salués, nous avons lu la Bible et parlé de la vie. Il était à la fois compréhensif et amical, ce que je recherchais précisément ce soir. Il était si attentionné que je n'arrivais pas à le quitter. Je savais, qu'une fois parti, je ne retrouverai pas une telle amitié. Il me raconta toutes les choses dont il craignait qu'elles lui arrivent dans sa vie. Il parlait de tout et remerciait Dieu pour toutes ces choses qui lui arrivaient malgré tout. Il me dit que Dieu devait passer avant tout ce qui pouvait m'arriver et même devant mes parents. Je le crûs, à la manière dont il me parlait. Chaque fois que me suis senti seul et angoissé, je me suis rappelé cet instant. Le reste de la soirée fût très joyeux: on n'arrêtai pas de plaisanter. Je le quittai avec une accolade peu avant minuit.

 J'ai des doutes sérieux

Les mois qui suivirent furent plutôt pénibles. J'essayai d'étudier avec d'autres personnes. Je pensai que c'était une bonne façon d'approfondir la Bible et de connaître les autres. Le message que je reçus fut de me cantonner à un petit groupe de gens et d'arrêter de me disperser. C'est Tom et les autres qui me culpabilisèrent en me disant que je n'étais pas "sincère" dans mon désir d'étudier la Bible et que je m'en servais uniquement pour me faire des amis. Je commençai à me rendre compte que cette église n'était pas normale. Je n'arrivai pas à comprendre en quoi étudier la Bible et se faire des amis était mauvais en soi. En fait, je vis clairement que le problème qu'ils soulevaient était que je ne voulais pas être baptisé. Ils en avaient déduit que je n'étais pas "sincère" dans mes études bibliques. Le message était que, si je ne suivais pas leurs directives, je ne pouvais pas me sentir à l'aise dans l'église. Un jour que j'étudiais la Bible avec un de mes amis, un des seuls amis qui ne portait pas de jugement dans l'église du Christ, on aborda le rôle des femmes dans la vie. C'était un passage qui disait que les femmes devaient être soumises. Je trouvais çà étrange. Il m'expliqua ce passage en disant qu'il fallait le resituer dans le contexte biblique: les femmes ne peuvent qu'enseigner aux femmes, mais elles ne peuvent être enseignées que par des hommes. Je lui posai la question de savoir pourquoi les femmes ne peuvent rien apprendre aux hommes. Il me répondis qu'il ne se voyait pas recevoir des leçons spirituelles d'une femme. A ce moment, je pensai qu'il était très sexiste. Je me rendis compte que je ne pouvais être d'accord avec cette leçon. Dans ma vie, ce sont les femmes qui m'ont enseigné les leçons les plus importantes. J'adore qu'elles me conseillent et j'ai suffisamment vécu pour savoir certaines choses. Si une organisation peut saboter un groupe de travail, elle sera tout aussi bien capable de me détruire. Je demandai, une autre fois, à une femme de s'exprimer sur la façon dont elle voyait le rôle des femmes dans la Bible. Elle sortit rapidement une Bible et commença à sélectionner des extraits qu'elle me montra et commenta. C'était très bien et elle était une femme remarquable. Son commentaire le plus intéressant vint après le mien. Je lui déclarai " j'aime entendre les femmes s'exprimer".Sa réponse fût: "Mais bien sûr, nous devons exprimer nos opinions". A partir de cet entretien, je me rendis compte que mon opinion sur le sexisme dans l'église n'était pas justifiée. Une autrefois, je me rendis chez un dirigeant de l'église du Christ pour lui poser une question sur la Bible. Au début, Tom n'était pas chez lui mais il vint nous rejoindre chez le responsable. Je ne m'y attendais pas. J'étais venu pour être seul avec le dirigeant qui commença à répondre à mes questions. La conversation tourna au vinaigre dès qu'il me demanda combien de fois j'avais lu la Bible. Le dirigeant jugea que je ne lisais pas assez la Bible à son goût et il me jeta un regard féroce. Il me déclara, d'un ton agressif, que si j'avais suffisamment lu la Bible, je pourrais répondre moi-même à mes questions. On aurait dit que j'avais commis un crime ! Pendant que le responsable monopolisait la conversation, Tom ne parlait pas du tout. A la tête qu'il faisait, je compris qu'il n'aurait pas voulu être à sa place. Le responsable déclara qu'il disait cela uniquement pour mon bien. Je n'en avais cure. Sur le chemin du retour, je me dis qu'il avait eu un certain culot de me demander combien de fois je lisais la Bible. J'ai horreur que quelqu'un mette le nez dans mes affaires. Je pense qu'il avait une certaine suffisance.

 Un chantier d'évangélisation

On m'encouragea quelque temps après à suivre un atelier de ré-apprentissage de l'évangile. Il y avait des examens de rappels sur la Bible et on exerçait des pressions pour amener nos copains à l'église du Christ, dimanche prochain. Si un groupe ne ramenait pas la quantité prévue de nouvelles recrues, il subissait des remontrances verbales. Un prédicateur déclara : nous(les dirigeants), n'avons pas à vous dire combien de personnes vous avez à ramener. C'est vous, le groupe, qui nous proposez un nombre. C'était particulièrement odieux. Ses sermons, pendant ce temps là, portaient sur la maîtrise spirituelle. Il parla au sujet de sa fille et se plaignit qu'elle demandait qu'il lui consacre plus de temps. Il lui dit qu'il aurait bien voulu, mais qu'elle aurait dû savoir que le "Royaume(de l'église)" passait avant elle. En fait, il était en train de dire: ne vous occupez pas de votre famille, nous, l'église, passons devant tout le reste. Il parla aussi de l'église du Christ de Boston qu'on osait présenter comme d'une secte."Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Nous sommes soumis aux commandements de notre Seigneur Jésus-Christ et le diable est contre Lui". C'était un directeur spirituel remarquable. Pendant que toute l'église parlait des gens en perdition, j'étais persuadé que la perdition se situait, pour les adeptes, au sein l'église. Un homme avait été abandonné à l'âge de 8 ans par sa mère alcoolique et devait trouver sa voie. Un autre homme était menacé de mort par son propre fils. Un autre avait été dealer de drogues pendant des années. Il y avait donc ici des gens qui avaient de sérieux problèmes. Ma propre expérience montre que l'appartenance à un groupe amical est préférable à la solitude. L'église du Christ de Boston profite de la vulnérabilité des personnes. Ils vous piègent en s'occupant de vous. Ils utilisent ensuite votre besoin d'être aimé pour vous embrigader. Et, si vous manifestez votre jugement personnel, ils essayent de vous démolir. Ils déclarent que vous manquez "d'humilité". Au fur et à mesure que les semaines passaient, je ressentais le besoin de les quitter. Plus ils me parlaient de baptême, plus j'avais envie de foutre le camp. C'est à cette époque que je déjeunais avec un certain nombre de "frères et sœurs".Cela me plaisait, sans plus. Ce dont je me souviens, c'est que les mots qu'ils employaient ressemblaient à un bourdonnement. . Cà ressemblait à un brouhaha sonore, un signe de reconnaissance qui voulait dire: je suis l'un de vous. Un homme et une femme parlaient ensemble sur leurs péchés les plus récents, comme s'il s'agissait d'une conversation normale.

 Je prends du recul

Peu de temps avant que je décide de quitter l'église, je demandai à Tom de m'accompagner à l'église. Pendant le trajet, il repartit de plus belle sur les péchés sexuels. En fait, au départ, la conversation n'avait rien à voir avec ce sujet. Néanmoins, il se lança une discussion sur les similitudes entre les péchés de la chair et les maladies mentales. Je pensai que c'était lui qui était un malade mental. Je me rendis compte qu'il était fou et que, désormais, je l'éviterai. Mais il représentait l'église. Quoiqu'il fasse ou qu'il dise, l'église lui pardonnerait. Je réalisais que cela ne plaisait pas du tout, mais je ne voulais pas perdre son amitié. Un autre évènement se passa à cette époque qui me confirma que je devais arrêter de fréquenter l'église. Pendant une conférence sur la Bible, un des "frères", me parla du site Web de l'église du Christ. En me connectant à internet, je cherchai le site. Ce que j'y trouvai s'avéra un peu différent. Je tombai sur un site qui décrivait l'église du Christ comme une secte. On y parlait de manipulation mentale. Je savais, après la lecture de cet article, qu'il y avait bien de la manipulation et je savais aussi cela pour l'avoir moi-même expérimenté. Ces articles ne firent que confirmer mes doutes sur l'église. Je me rendis compte que je n'étais pas fou. Ce qui n'allait pas dans cette église, c'était bel et bien vrai :la manipulation mentale, l'obsession de me faire baptiser et l'autorité absolue exercée par des hommes comme Tom. Si l'église était si respectable et bonne, pourquoi était-elle éjectée des campus un partout dans le monde. Je me rendais compte que tous les problèmes que j'avais eus avec l'église avaient été mis par écrit par d'autres et que ce n'était pas par hasard. Savoir que je n'étais pas fou fut pour moi un sacré soutien psychologique. La conduite exécrable de l'église n'était pas de ma faute. Je posai des questions parmi les membres de l'église au sujet de ces témoignages sur le Web. On en avait jamais entendu parler, sauf un adepte qui les avait téléchargés pour les examiner. J'ai compris à cet instant que ce gars devait être un des auteurs. Nous fîmes partie, Tom , deux autres membres et moi, d'une autre étude sur la Bible. On y discutait de sujets généraux sur la Bible. Un de ces articles portait en particulier sur le péché. Tom déclara que le péché était comme un cancer qui vous dévore petit à petit et me demanda si j'avais eu un cancer dans mon existence. Il me demanda combien de temps j'allais continuer de vivre avec ce cancer et si je voulais m'en débarrasser un jour. Il me dit qu'il m'aimait et je lui déclarai que je l'aimais aussi. Nous terminâmes nos échanges et nos prières par une étreinte. A partir de ce jour, je décidai de ne plus revoir Tom. Je ne me sentais pas à l'aise avec lui. Portant, au moment de l'accolade, je me sentais aussi aimé que lors de notre première rencontre. Lorsque je l'étreignais, je ne voulais pas le laisser s'en aller. C'était bien de se sentir aimé. Il me manquait.

 Je quitte

Avant de quitter l'église du Christ, je décidai de participer à quelques évènements. Les membres mariés partirent un week-end pour Rhode Island. Un d'entre eux revint le dimanche soir pour faire un prêche aux membres célibataires. Il commença par remercier tous ceux qui s'étaient occupé de garder les enfants des mariés. Il déclara qu'ils avaient prié, pendant la retraite, pour que des adeptes célibataires rejoignent l'an prochain le clan des mariés. Il parla aussi de la retraite que tous avaient appréciée. Il anima quelques discussions sur "comment améliorer un mariage". Un des sujets portait sur le sexe. Le beau-père et la belle-mère de ce marié, Al et Gloria Baird, étaient invités comme orateurs adjoints. Il déclara "Le Royaume ( l'église) est le seul endroit où vous pouvez parler de sexe avec votre beau-père". La seule pensée qui me vint à l'esprit fût "C'est vraiment dégueulasse!" .Tout le monde, dans l'assemblée, dit pourtant "amen". Un peu plus tard, il se mit à parler sur les inconvénients d'être célibataire et, en particulier, du péché et, (vous l'avez deviné) des péchés de la chair. Il se mit à décrire en détail les péchés liés au sexe d'une telle façon que Tom lui-même aurait pu en être fier. Je pensai que cela pouvait produire un effet désastreux sur les jeunes enfants dans l'assemblée, mais aucun parent ne quitta la salle. Ils le laissaient parler de sexe devant des enfants de moins de 9 ans qui écoutaient. Une des seules choses positives de cette soirée fût de rencontrer un gars avec qui j'avais fait connaissance. Il s'approcha, me dit "salut'" et me congratula chaleureusement d'une accolade. Je me sentais très en sécurité entre ses bras. Le monde aurait pu s'écrouler, je n'en avais cure. C'était la première fois que je j'éprouvai un tel sentiment, un peu comme si j'étreignais Dieu lui-même. Je ressentais une telle impression de paix, que nous avons renouvelé cette étreinte à la fin de notre entretien.. Cette étreinte me rassura encore plus. Je savais qu'en quittant l'église, ces congratulations accompagnées d'accolades seraient la chose la plus difficile à oublier, en particulier celles des hommes. Je me souviens de ces étreintes lorsque je suis seul aujourd'hui. Lorsque je décidai de quitter l'église, la première personne à qui j'en parlai fut mon formateur. Il se montra très compréhensif et me dit de faire ce que je sentais le meilleur pour moi. Il n'était pas comme les autres et me disait que si je ne me plaisais pas dans cette église, il fallait que j'en cherche une autre. En fait, il me disait de ne pas abandonner Dieu. C'est en cela qu'il me semblait différent. A sa manière, il disait que l'église essayait de vivre selon la Bible. Il n'aurait pas dit "Si tu t'en vas, tu iras directement en enfer". Il reconnaissait que les autres dirigeants de l'église ne m'auraient pas proposé, comme lui, d'essayer une autre église. J'ai eu l'impression qu'il partageait mes propos sur l'église sans le dire. Il était désolé que je sois si seul et désirait que nous restions en contact. Nous le fîmes un bon moment par téléphone.

 Une dernière visite

Un mois ou deux après, je cessai d'aller à l'église. La solitude que j'avais connue refit surface d'une manière atroce et douloureuse. J'avais besoin d'être congratulé. Je ne pouvais étreindre personne et j'avais l'impression d'être très seul. Cà allait tellement mal, que je téléphonai à mon premier formateur pour lui proposer de l'accompagner à l'église le dimanche suivant. Je m'imaginais qu'en y retournant une fois encore, ma solitude s'atténuerait. Ah si seulement je pouvais être avec eux une fois de plus et être congratulé ! Ce dimanche là, je me rendis donc à l'église. Comme par hasard, le sermon portait sur ceux qui avaient chuté. Le prédicateur dit qu'il fallait rechercher de nouveaux membres pour le "royaume", qu'il ne fallait pas s'occuper de ceux qui étaient partis dans leur chute. Il fallait se dire que cela arrivait, mais aller vers les gens qui voulaient être sauvés. Après le sermon, j'aperçus deux disciples avec qui j'avais étudié. Ils se montrèrent très amicaux. Un des deux dit (il ne savait pas que j'étais là) qu'il avait pensé à moi pendant le sermon. Il me demanda si j'avais aimé le sermon. Je lui répondis "oui et non" et il me taquina en disant "tu n'as qu'à dire oui". On baptisa quatre adolescents pendant la cérémonie dont son fils et le fils d'un de ses amis. Avant leur baptême, le responsable du ministère des adolescents vint sur scène pour présenter les deux nouveaux convertis. La première chose dont il parla en ce qui concerne les adolescents fut la "sécurité de l'emploi". La salle éclata de rire, un des seuls moments spontanés dans l'église. Mon ami m'invita chez lui pour la fête du baptême. J'acceptai y aller, car je savais que c'était la dernière fois que je reverrai ces gens. C'était très bien. Il y avait des pizza, des boissons gazeuses et des gâteaux. Les invités allaient et venaient dans la maison. A un moment donné, ils se rassemblèrent et parlèrent des nouveaux disciples et de la façon dont ils avaient grandi et mûri spirituellement. Au début, çà allait à peu près. Puis un homme commença à broder sur le thème: que ces enfants sont devenus humbles ! J'avais envie de dégueuler. Cela revenait à dire:"Que c'est beau qu'ils aient subi notre manipulation mentale !". Ils enlèvent aux gens de tout âge toute individualité et toute originalité. Avant de partir, j'ai bien regardé la maison une dernière fois. J'ai profité de tout ce qui se passait, sachant que je serai plus jamais l'objet de ces congratulations et de cette amitié. Je ne suis pas fâché d'être parti. Mais je dois reconnaître que je n'ai jamais eu de gens qui m'ont congratulé et aimé comme eux. Autour de moi, les gens sont froids et indifférents, et ne se préoccupent pas de moi, à moins qu'ils veuillent obtenir quelque chose. Tom m'a appelé à plusieurs reprises pour tenter de reprendre contact, mais il est tombé sur mon répondeur. Je l'ai rappelé et lui ai laissé des messages pour lui dire que je l'aimais, qu'il me manquait et que je lui pardonnai. Je ne lui ai plus parlé depuis.

 Conclusion

L'église du Christ de Boston m'a procuré beaucoup d'amitié pendant 6 mois, plus que dans toute ma vie. Malheureusement aussi beaucoup de peine. La plus grande partie de ma vie a été une série de rencontres à la manière Jeckyll et Hyde. L'église m'est apparue comme un havre de repos, un lieu où je pouvais enfin être aimé. C'est effectivement ce qui s'est passé pendant un laps de temps. Mais, en retour, ils me demandaient beaucoup trop: ils exigeaient que je croie en Jésus exactement de la façon dont eux le faisaient. C'était la même chose avec la Bible: c'était leur interprétation, sinon on était dans l'erreur. D'une façon paradoxale, c'est eux qui m'ont appris ce que je sais sur le Christ , sur la foi, et les voies de Dieu. Mais ce n'était pas suffisant pour eux. C'est comme dans une relation avec une femme un peu instable. Cà va bien quand on est avec elle. Mais au bout de trois rendez-vous, elle vous propose de vous marier et de passer le reste de votre temps avec elle. C'est cela l'équivalent spirituel de l'église du Christ de Boston. Paradoxalement, s'ils m'avaient laissé tranquille et s'ils avaient évité de me stresser pour me conformer à leurs manières, je participerais peut-être encore à leurs cérémonies. A l'heure qu'il est, je serais peut-être baptisé. Je conseille à ceux qui lisent cet article de ne pas rejoindre l'église du Christ qui est une secte basée sur l'émotivité. Plus vous passez de temps là dedans, plus ils utilisent l'émotivité pour vous faire souffrir.
La secte n'est pas à l'origine de ma souffrance que je ressens dans ma vie, mais elle a engendré une situation bien pire. Ils m'ont manipulé pour que je remplisse les"quota de nouveaux adeptes" et m'ont fait souffrir. Si vous êtes dans cette église, sortez en au plus vite. Sauvez vous dès que possible: çà ne vaut pas le coup d'y rester ,compte tenu de la peine qu'ils vous feront subir.

Brian Jones
N.d.T: église (et non Eglise) signifie église du Christ de Boston qui est une secte.



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