Défiant Goliath

Un dirigeant Bouddhiste est accusé de viol

Newsweek, Edition Internationale
8/7/96, page 29

Nobuko Nobuhira a été un membre fidèle de l'organisation laïque Bouddhiste Soka Gakkai pendant une grande partie de sa vie. Pendant les quatre dernières décenies, elle a récité chaque jour une partie du Sutra du Lotus pour prier pour le bonheur. Elle devint un membre expérimenté de la division régionale de Hokkaido, répandant le message de paix du groupe. Mais le mois dernier, Nobuhira, 69 ans, exprima un message totalement différent: elle accusa de viol le dirigeant de la Soka Gakkai, Daisaku Ikeda. Nobuhira porta plainte au civil contre Ikeda, agé de 68 ans, demandant 75 millions de yens de dommages-interets, prétendant qu'il la viola lors de trois occasions et l'appela 'inigo-san' ou 'ma maitresse' en présence d'autres fidèles. "Il ne devrait pas être autorisé à parler de salut ou de paix mondiale", dit-elle. "Il est pire qu'une bête".

David eut une tâche plus aisée lorsqu'il défia Goliath. La Soka Gakkai affiche 12 millions de membres au Japon - le dizième de la population - de mème que 1,4 million dans 127 autres pays. Elle possède le troisieme quotidien du Japon pour ce qui est du tirage, le Seikyo Shinbun, de mème que l'Université Soka. Son bras politique, le maintenant défunt Parti du Gouvernement Propre, a formé le coeur du Parti des Nouvelles Frontières, qui est l'opposition principale du gouvernement. Ikeda, qui a été le dirigeant principal de la Soka Gakkai pendant 36 années, est une personnalité charismatique célèbre quant à ses déplacements autour du monde pour entretenir des "dialogues" avec des lumières telles que John Kenneth Galbraith et Mikhail Gorbachev.

Le dirigeant de la Soka Gakkai a déja éssuyé des tirs. L'anné dernière, il fût convoqué pour témoigner devant le Parlement suite à la proposition du Parti Libéral Démocrate de fixer des limites strictes pour les groupes religieux, en écho aux attaques au gaz sarin dans le métro par la secte Aum Shinrikyo. En 1991, l'ordre sur lequel la Soka Gakkai est fondé, le Bouddhisme Nichiren, désavoua le groupe laïc à propos d'un différend au sujet de l'autorité sacerdotale.

Ikeda n'a fait aucune observation sur les dernières accusations. Mais l'avocat de la Soka Gakkai appela les accusations des fabrications sans fondement motivées par un ressentiment personnel. Selon la Soka Gakkai, Nobuhira et son mari ont fait l'objet d'un ordre de rembourssement de sommes d'argent importantes qu'ils seraient supposés avoir extoquées de membres de la Soka Gakkai. Par ailleurs, le groupe dit qu'au moins un des assauts prétendus n'a pas pu se produire, parce que la cafétéria où Nobuhira prétend qu'il eut lieu n'existait pas à ce moment là.

Les conseils de Nobuhira reconnaissent qu'ils font face à un dur combat. Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, pendant laquelle Nobuhira dècrivit en détail les assauts prétendus, un des avocats défendit la décision de porter plainte au civil plutôt qu'au pénal sur le fondement selon lequel ils voulaient garder le contrôle du cas, et éviter de mettre Nobuhira à l'épreuve de raconter les crimes supposés. Pendant ce temps, la Soka Gakkai cherche désespérément à contrôler le dommage fait à la réputation de leur dirigeant: ils ont bombardé la presse de facsimilés insistant sur le fait que Nobuhira et ses avocats portèrent plainte au civil parce que "ils ne veulent pas que l'affaire fasse l'objet d'une enquête de la police et du procureur puisqu'elle ne pourrait que prouver que leur accusation est sans fondement".

Personne d'autre plus que les dirigeants du Parti Démocrate Liberal n'aimerait voir la Soka Gakkai s'écrouler. En tant que membre le plus important de la coalition gouvernante du Japon, le PLD craint le pouvoir croissant de la base de la Soka Gakkai. Quarante des candidats du Parti des Nouvelles Frontières d'opposition soutenus par la Soka Gakkai aux élections de la Chambre Haute gagnèrent des sièges l'an dernier, donnant au PNF sa plus forte performance déja. L'avocat de Nobuhira déclare que des douzaines de groupes de femmes la soutiennent aussi. Un journal à scandales baptisa récemment l'affaire "Daisaku contre toutes les femmes". Cela peut être un peu tiré par les cheveux, mais quel que soit le rèsultat, l'affaire éclairera les rouages de l'une des plus riches et plus puissantes organisations du Japon.

Hideko Takayama à Tokyo

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