Les nouvelles et graves dérives d'une comunauté charismatique
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Les Marchands d'Âmes

Source : Golias magazine p.28 Golias magazine N° 112 janvier / février 2007 par Christian Terras


mis en ligne le 26 mars 2007


Sommaire

Bibliographie - Les nouvelles et graves dérives d'une communauté charismatique
Mixture ésotérique
Bricolage intellectuel

Confusion du psy et du spirituel
La diabolisation de la «différence»
Philippe Madre, le fondateur des Béatitudes, écarté...
De la passivité du Vatican à l'impuissance de l'épiscopat

Le recyclage de Mgr Brincard
Frère Silouane
Attention ! danger public !!!
Le nouveau «Renouveau»

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  Bibliographie - Les nouvelles et graves dérives d'une communauté charismatique

II arrive que la machine s'em­balle et devienne folle : des renseignements qui nous sont parvenus récemment sur les rapports plus que conflictuels entre res­ponsables ou anciens res ponsables des Béatitudes ne laissent pas d'inquiéter et de semer des doutes sérieux sut les références constantes a l'amour et à la fraternité.

La crise actuelle, l'implosion plutôt, de la communauté des Béatitudes est à la fois institutionnelle, identitai­re et culturelle. Le modérateur géné­ral (en fait le supérieur de la commu­nauté en France et dans le monde) François Xavier Wallays, ancien Père Blanc, est en réalité à l'origine de la « débandade » actuelle selon le terme employé par un laïc de ce groupe, sur le point du départ.

Après des années sans « gros dégâts » (2000 à 2003), le nouveau patron des Béatitudes a installé son gouvernement pastoral en s'entou-rant de « frères assistants » qui pensent comme lui, tous prêtres, excluant ainsi les laïcs (souvent en couple) et les « sœurs » (consa­crées), ce qui allait à l'encontre de la tradition « collégiale » du mouve­ment. François Xavier Wallays a ensuite progressivement nommé (ou fait nommer) des « bergers » (res­ponsables de communauté) à son image dans les différentes maisons des Béatitudes dont la ligne de

conduite est désormais la suivante : relations affectives et fusionnelles, autorité qui tient et maintient les « disciples » dans une crainte infantile. Le double visage, par exemple, du « berger » R., respon­sable d'une communauté dans l'ouest de la France est celui -ci, nous déclare une « sœur » au « bout du rouleau » : « quand des personnes de l'extérieur sont là, tout a l'air oxygéné, libre, chacun parle, mais dès que la communauté est seule, livrée à elle-même, l'espace de parole est modifié : R. donne alors la parole à table, personne ne peut s'exprimer de sa propre initiati­ve, et chacun se sent ainsi sous sa coupe ». La situation aux Béatitudes est actuellement d'autant plus grave que le « modérateur général » fuit les difficultés. « II sait que la crise est très grave » nous confie un « frère » qui désire partir.

Le patron des Béatitudes a été en effet convoqué récemment deux fois au Vatican pour s'expliquer. Et là, il « leurre » ses interlocuteurs, selon l'expression d'une religieuse en fai­sant croire que tout va bien et que les seuls problèmes et oppositions rencontrés sont l'œuvre du Démon 11! Il convient de préciser que sa nomination puis sa réélection ont été houleuses car la moitié de la communauté des Béatitudes souhai­tait un responsable laïc. Or c'est l'un des fondateurs à l'origine des Béatitudes, Frère Ephraïm, en pleine dérive lui aussi (il a inventé le concept d' «ontothérapie») qui a fait pencher la balance pour désigner comme supérieur, François Xavier Wallays, accentuant ainsi le conflit et

le fossé entre clercs et laïcs. De toute façon, « François Xavier vire toutes les personnes compétentes autour de lui et surtout celles qui ont du jugement, chose dont il est com­plètement dépourvu » renchérit un « frère », écoeuré devant tant de gâchis humain et spirituel. Les nom­breux témoignages recueillis par Golias montrent, à l'évidence, que la direction des Béatitudes est basée sur la séduction et le chantage affec­tifs. Le déséquilibre est tel que nombre de maisons sont devenues pathogènes. « Au lieu de soigner les autres, ils feraient mieux de se soi­gner. Mais en s'occupant des fai­blesses des autres, ils s'évitent d'analyser leurs propres névroses », nous déclare un proche de la com­munauté depuis vingt ans.

Mixture ésotérique

« A force de vouloir être tout : apostolique, évangélisateur, contem­platif, laïcs, religieuses, etc., la Communauté des Béatitudes est arrivée à un stade où elle ne sait plus qui elle est » , nous confie un autre couple qui, lui, en appelle à l'aide de la hiérarchie catholique pour sortir de l'impasse actuelle. En 2005, des dizaines de « sœurs » et de « frères », ainsi qu'une douzaine de familles ont quitté les Béatitudes. Face à cette hémorragie, François Xavier Wallays oppose simplement que « ceux et celles qui sont partis ne sont plus dans la foi catholique et qu'ils ont été contaminés par le Démon ». Un peu simpliste ? « Certainement, mais parallèlement au chantage affectif, l'autre face des Béatitudes, c'est la diabolisation de ceux qui ne pensent pas comme le supérieur général... » reconnaît un laïc qui a espéré longtemps un ren­versement de la situation. Le groupe qui entoure le modérateur général apparaît en fait complètement déconnecté de la réalité et aveuglé par sa propre pensée et sa dévotion au « gourou F. X. ». « C'est l'or­gueil à l'état pur »T constate amère­ment un autre « frère » désemparé lui aussi par la tournure des événements. « Derrière leurs belles phrases - nous indique un « berger » dissident - on trouve un fonctionnement dictatorial fondé sur la manipulation mentale ». « La vérité n'est jamais dite et l'informa­tion est réservée au petit groupe de clercs qui contrôle le pouvoir sur la Communauté », conclut ce respon­sable au bord de l'épuisement psy­chologique en s'exclamant, les larmes aux yeux : « Dites-le, dénoncez-le, c'est un gouvernement de communauté totalitaire, malsain. Dites aussi que ceux qui résistent à François Xavier sont systématique­ment marginalisés et écartés ». Une douleur et un cri qui ébranle­raient n'importe quel observateur un peu attentif à ces témoignages frap­pés au sceau de l'authenticité.

Bricolage intellectuel

Au sein des Béatitudes, notre enquê­te nous a permis de constater aussi de graves carences en matière de formation intellectuelle, humaine et théologique. La vision du monde et de l'humanité (l'anthropologie en quelque sorte) est fondée sur un dualisme vicié que l'on peut résumer, sans caricaturer, de cette manière : si vous êtes d'accord avec François Xavier, le modérateur général, cela équivaut à être dans le plan de Dieu et de l'Esprit. Sinon, vous êtes en communion avec... le Diable. La for­mation théologique et philosophique des prêtres des Béatitudes s'appuie notamment sur un thomisme com­plètement dépassé, de l'avis même de supérieurs de séminaire, pourtant habilités à avoir un point de vue autorisé sur la question. Sur d'autres plans, la formation développée au sein des Béatitudes est une « véri­table arnaque intellectuelle et spiri­tuelle » selon les mots d'un « ber­ger » qui réfléchit sérieusement à son départ.

Exemple : la dernière grande mode qui a cours aux Béatitudes concerne l'Enéagramme : c'est une méthode ésotérique pseudo scientifique qui touche à la psychanalyse et à la psy­chologie. Elle consiste à classer les profils des personnalités en neuf familles. Et cette méthode sert actuellement de critère dans la ges-

tion des relations au sein du groupe aux Béatitudes. Ainsi un « frère-prêtre » s'adresse à une « sœur », sur un ton comminatoire : « Toi, j'hésite entre le 5 et le 6 ; tu es peut-être un peu des deux, réponds moi ? ». Et la « sœur » de lui rétorquer : « Je ne suis pas bran­chée Enéagramme, d'ailleurs je pré­pare une maîtrise en théologie ». Réponse du « frère-prêtre » : « Ah ! C'est très grave, car tu ne peux plus communiquer correctement avec les autres » !

La « sœur », ancienne responsable d'une maison importante, ancienne formatrice est aujourd'hui désespérée face à ce genre de situa­tion qui a tendance à se généraliser et à se propager. D'autre part, l'idéa­lisation de la relation à Dieu entretient une suspicion systématique sur tout ce qui touche au matériel et notamment au fait de « gagner sa vie ».

Ainsi, lors de notre reportage nous apprenons que le dernier mouve­ment interne de restructuration de la communauté est dirigé par trois membres, professionnels du mana­gement d'entreprise et du marketing. L'ultime et unique critère désormais retenu repose sur la rentrée d'argent avec la recherche de nouveaux revenus. C'est en effet au cours de l'Assemblée (générale) du mouve­ment, en mai 2006, que les respon­sables de maison (« les bergers ») ont réfléchi à la réorganisation des Béatitudes avec notamment la ques­tion de la fermeture et / ou le main­tien des maisons. Or, une vingtaine de responsables (près du tiers de l'ensemble des « bergers ») en désaccord profond avec la nou­velle ligne adoptée, n'ont pu expri­mer leurs opinions. Contraints au silence : « on ne discute pas l'opi­nion du chef » - (un berger), ils ten­tent depuis plusieurs mois mainte­nant, d'obtenir une visite canonique du Vatican, en vain (voirplus loin).

Et face à la position des «dissi­dents», la réaction du « Comité cen­tral » ne s'est pas faite attendre : « attention ! chers et bien aimés frères, la division vient du Démon, vous (la vingtaine de «bergers qui «renaclent») n'êtes plus dans la communion avec nous ».

Le silence s'est donc imposé tout naturellement dans les rangs avec le slogan bien connu dans le milieu charismatique : « nous sommes en communion, c'est la marque de l'Esprit saint ». Le tout proclamé avec la (sainte !) bénédiction du grand chef, François-Xavier, en guise de clôture des travaux. « Tout est bien dans le meilleur des mondes, circulez, il n'y a plus rien à voir ! », s'indigne alors un laïc sur le départ, lui aussi.

Le système de formation basé à THY le château en Belgique où s'ensei­gnait encore un peu de théologie n'existe plus désormais. Le contenu se voulait universel et général. Toute la philosophie, la théologie y pas­saient en... neuf mois !« Une gran­de fumisterie intellectuelle et une soupe spirituelle nauséabonde », nous déclare un des participants. Aucun suivi pour l'accompagnement. Incroyable même ! : ce sont les séminaristes (les futurs prêtres en formation) des Béatitudes qui « diri­geaient » les devoirs proposés.

La lente montée de la crise actuelle s'origine, parallèlement à la dérive autoritaire du « gourou », dans « le n'importe quoi » au niveau de la for­mation. Le pouvoir des prêtres sur les laïcs s'est accentué voire même renforcé dans un « cadre préconci­liaire effrayant » nous dira même une « sœur » (sous anxyolitique, elle nous demande de le préciser). Résultat : de plus en plus de prêtres

des Béatitudes réussissent à décro­cher un doctorat en théologie (sou­vent avec indulgence !), et occupent désormais tous les postes-clés de la Communauté. Avec notamment un isolement de plus en plus grand des sœurs « consa­crées » qui ne savent plus où est leur place entre les couples et les prêtres, d'autant que les « consa­crées », contrairement à ce que la plupart des communautés charisma­tiques laissent entendre, ne sont pas reconnues par le Vatican, seulement « tolérées » (vœux privés, et nor­malement pas d'habit religieux). Seule petite compensation pour elles - mais pour combien de temps encore- les sessions « Aline Lizotte », du nom d'une philosophe (et psychologue) catholique très classique et particulièrement appré­ciée dans les milieux catholiques intransigeants comme ceux qui fré­quentent la mouvance de l'hebdo­madaire « Famille Chrétienne ». Malheureusement, ce « petit bol d'air » n'empêche pas la généralisa­tion des états dépressifs, qu'il faut, bien entendu masquer aux supé­rieurs. N'empêche, nous appren­drons au cours de nos investigations que plus de 80% des « sœurs », sont sous traitement anxyolitique et antidépresseurs et qu'un nombre important d'entre elles suivent, en cachette, une vraie thérapie. La situation chez les couples laïcs n'est pas meilleure. Nous avons ainsi pu avoir accès à plusieurs dizaines de témoignages (près d'une centaine) de ce type. Cela montre l'ampleur de la grave crise que traverse la com­munauté des Béatitudes. Les témoi­gnages que nous avons pu recueillir émanent de personnes engagés à vie aux Béatitudes et qui y sont pré­sentes depuis au moins cinq ans et la plupart depuis vingt ans ! Une sœur « consacrée » - responsable dans un pays - insiste : « aux Béatitudes, on ne nous donne, pas de formation, c'est n'importe quoi, une bouillie spirituelle indigeste serait la meilleure formule pour résu­mer le climat ».

D'autant que, continue la « sœur » : « les séminaristes ont tout ce qu'ils veulent : les livres, le temps, l'uni­versité, les maisons de formation, nous, nous sommes considérées et vivons comme les femmes des siècles passés ».

Une autre : « le bricolage intellec­tuel et spirituel est bien la caractéris­tique des Béatitudes. Sur le plan du discernement, c'est une catastrophe, un désastre même. Tout y passe, l'Enéagramme, les « Exercices spi­rituels » de St Ignace - complète­ment dévoyés et détournés - la PNL, etc. ».

Confusion du psy et du spirituel

Bref, à entendre la gravité de ces témoignages venant de personnes saines (et saintes !) et atteintes au plus profond d'elles mêmes, tout concourt aux Béatitudes à entretenir la confusion entre le psychologique et le spirituel, entre « le psy et le spi », selon la formule ramassée d'un « frère ». « Nous sommes des « petites filles » qui doivent mûrir », nous déclare timidement une autre « consacrée ». La ten­dance aux Béatitudes est de beau­coup parler de formation, mais en réalité, les « disciples » des Béatitudes n'ont pas un moment pour lire et penser, on nous « occu­pe, comme dans les sectes », reconnaît, après un long silence, une « sœur » qui a eu jadis des respon­sabilités. « On n'apprend pas à gérer les conflits, on ne sait pas accepter l'autre ; si tu n'es pas d'ac-

cord, on te dit que tu es possédé par le Diable », nous confie un couple. Et celui-ci de poursuivre : « Le dis­cernement spirituel opéré par les prêtres manifeste en réalité une obsession chez eux de nous trouver pathologiquement atteints et possé­dés par le Diable. Alors vous com­prenez facilement qu'on ne dit plus rien, car tout est instrumentalisé. Sans parler qu'ils jettent en pâture publique et sans aucune décence, les confidences que nous leur fai­sons, y compris dans le cadre de la confession ». La perversion et l'in-fantilisation dans lesquelles baigne à l'heure actuelle la communauté des Béatitudes viennent, à l'évidence, de ses responsables qui ne savent pas gérer leur autorité et entretiennent une confusion permanente dans leurs relations avec les «disciples». Les témoignages recueillis le mon­trent à dessein.

La diabolisation de la «différence»

Bref, « il faudrait qu'on apprenne à causer sur le plan objectif, pas affec­tif », nous dit une « sœur » très dépitée face au désordre actuel, et de conclure : « Il y a une telle confusion sur tous les plans, que la réalité de vie finit par être totalement absente de nos préoccupations quo­tidiennes ». Par manque d'une véri­table formation, les « sœurs » et « frères » des Béatitudes « fonc­tionnent » uniquement sur la base du dévotionnel. Un « frère-prêtre », autrefois en responsabilité, n'hésite pas à déclarer : « si aux Béatitudes on a tant d'affinités avec les appari­tions (Medjugorge notamment NDLR), c'est parce que nous n'avons pas été formés dans la vraie foi catholique mais dans une mixture ésotérique et pseudo spirituelle. Du coup, nous sommes devenus igno-

rants et obscurantistes au cours des années ». De plus, force est de constater que la mixité des états de vie (prêtre, consacré(e), laïc, couple) aux Béatitudes est un échec sur toute la ligne. Les prêtres sont deve­nus trop nombreux, ils cherchent alors, pour asseoir leur statut, le pou­voir. Les laïcs sont ainsi évincés et partent de plus en plus nombreux. « On n'a pas de formation au discernement » - insiste un autre « frère » - on fait n'importe quoi.

La dernière mode, c'est l'Agapéthérapie. On est dans un édi­fice, sans base, sans structure, qu'il faut conclure en permanence et rendre bien lisse pour éviter de se confronter aux problèmes du réel. « Et si tu déroges à cette vision des choses, on ne t'adresse plus la paro­le, car tu es en relation avec le Diable ! », conclut notre interlocu­teur. Enfin, pour clore cette enquête « véritable vallée des larmes », la plus « sale affaire » que nous avons décidé de révéler, concerne la situation de l'ancien co-fondateur des Béatitudes, Philippe Madre, qui n'est plus en odeur de sainteté depuis l'arrivée au pouvoir du « modérateur général ». Suspendu d'enseignement par le comité direc­teur des Béatitudes, cet ancien médecin a fait l'objet d'accusations graves de la part du nouveau «gou­rou» du mouvement puisqu'à son manque d'orthodoxie catholique (on croit rêver !), il est accusé d'avoir abusé de personnes dans le cadre de « thérapie chrétienne » (voir plus loin notre article à ce sujet). Au secours !

Christian Terras  

Philippe Madre, le fondateur des Béatitudes, écarté...

Il arrive que la réalité s'em­balle et devienne folle. Ainsi, lors de notre enquête sur les Béatitudes, nous avons pu découvrir une campagne de dénigrement qui touche... le (co) fondateur même de la communauté, Philippe Madre, diacre (il dépend du diocèse d'Albi), et médecin.

D'après nos informations, au cours de l'année 2003, Philippe Madre reçoit la visite de François Xavier Wallays, le «modérateur général» des Béatitudes. Ce dernier lui fait part, dans leur entretien, d'une grave accusation portée contre lui (harcè­lement sexuel), émanant d'une per­sonne des Béatitudes qui venait de partir. Aucune discussion ne fut pos­sible, même pas la possibilité pour l'ancien médecin de se confronter à l'accusatrice. Et quelques jours plus tard, Philippe Madre de recevoir un courrier lui assignant l'interdiction de tout enseignement et d'accompa­gnement pour une durée de six mois. Philippe Madre, en bon disciple obéissant qu'il est se range alors à cette décision-sanction.

Deux mois plus tard, coup de télé­phone du « modérateur général » : l'affaire est finalement close, une lettre de « réhabilitation » sera envoyée.

Philippe Madre, encore à l'heure actuelle, attend toujours ce courrier, plus de trois ans après cet engage­ment oral du modérateur (entendu aussi par d'autres témoins). En réali­té, nous apprendrons que le « gou­rou » des Béatitudes - « F. X. - a souhaité confirmer cette sanction, prétextant, qu'au cours de l'année 2004, deux autres plaintes lui seraient parvenues. Or, à la grande surprise de Philippe Madre, les deux personnes contactées déclarèrent qu'elles n'avaient jamais contacté le «modérateur général» et encore moins indiqué une plainte à son encontre. Il apprenait au passage, que « F. X. » avait diagnostiqué aussi chez l'ancien médecin un « dédou­blement de la personnalité.»...

Les accusations de harcèlement tombées , Philippe Madre restera pourtant dans le collimateur du « gourou » pour « dérives et graves erreurs théologiques » et « propos dangereux pour la foi », à travers précisément les deux ouvrages connus du co-fondateur des Béatitudes : « La blessure de la vie » et « Guérison et exorcisme ». On signalera simplement que ces livres ont été rédigés en partenariat avec plusieurs théologiens voire évêques...

Philippe Madre, désormais officielle­ment interdit par le patron des Béatitudes de formation, de prédica­tion et d'accompagnement, accepte toutefois de s'associer à une com­mission de relecture de l'ensemble de ses écrits. Cependant, quelques semaines plus tard, une commission théologique indépendante sera mise en place à l'initiative de « F.X. » sans en informer Philippe Madre et sans l'inclure bien entendu. Là aussi, on rappellera, après consultations de canonistes, qu'une telle commission est canoniquement inacceptable. D'autant que si l'évêque d'Albi se dit en privé « réservé » sur Philippe Madre, ce dernier n'a jamais été sus­pendu de sa mission de diacre. Avec le soutien de quelques évêques (celui de la Réunion notamment, Mgr Aubry) Philippe Madre, poursuit en dehors des Béatitudes, sa mission diaconale d'enseignement et de gué­rison. Complètement isolé, « neutra­lisé » nous déclarent même certains « frères », Philippe Madre décide alors de s'organiser canoniquement et par le biais d'un avocat ecclésias­tique tente un rapprochement avec le modérateur général. Aucune réponse pendant que les calomnies continuent sur le diacre prédica­teur/guérisseur. Un courrier de l'avo­cat canonique de Philippe Madre, est d'ailleurs révélateur concernant l'atti­tude du « modérateur général » : «Jamais dans ma carrière je n'ai vu un tel comportement qui frise l'in­compétence». L'affaire devrait être portée prochainement en justice (de la République !). En attendant, Philippe Madre, a déménagé de Cordes où il réside, incognito, dans un diocèse de France pour s'occuper de « Mère Miséricorde-Mission », un réseau (indépendant) des Béatitudes et dont il s'occupe depuis longtemps.

C. T.

De la passivité du Vatican à l'impuissance de l'épiscopat

Dans la crise qui secoue actuellement la communauté des Béatitudes, le Vatican a une grave responsabilité dans la mesure où le titulaire au Vatican du conseil pontifical pour les laïcs (dont dépendent des structures comme les Béatitudes), l'archevêque polonais Mgr Rylko, refuse toute visite canonique (une inspection en langage profane).

D'une part, le prélat polonais déteste les évêques français, d'autre part, les deux visites canoniques effec­tuées dans la mouvance charisma­tique ces dernières années ont fait exploser les deux communautés visi­tées : «le Verbe de Vie» et le «Pain de Vie». Au Vatican, on ne veut donc pas précipiter les événements d'au­tant que la communauté des Béatitudes compte parmi les plus influentes du Renouveau charisma­tique. L'attitude du Vatican est d'au-

tant plus incompréhensible que plu­sieurs évêques français ont fait le nécessaire voire même le maximum pour alerter les autorités romaines sur les graves déviations existant au sein des Béatitudes. Mgr Boishue, évêque auxiliaire de Reims (en char­ge du mouvement charismatique pour l'épiscopat français), Mgr Michel Santier, évêque de Luçon (proche de la mouvance charisma­tique) et Mgr Guy Gaucher (évêque émérite de Meaux et grand spécia­listes de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus) ont instruit des dossiers parti­culièrement éclairants et nourris sur les dérives sectaires dans laquelle se trouve désormais la Communauté des Béatitudes. Excepté le fait que plusieurs évêques, en France, sou­tiennent les Béatitudes dans ses dérives, à l'instar, par exemple, de l'évêque du Puy, Mgr Brincard, qui accueille les transfuges du château St Luc, dans le Tarn, où se dérou­laient des «thérapies chrétiennes» finalement interdites par les pouvoirs publics. On prend les mêmes et on recommence avec un autre intitulé... On comprend un peu mieux alors

pourquoi, lorsque le modérateur général est reçu à deux reprises au Vatican, il « cache la vérité » sur la réalité de la crise et « leurre » ses interlocuteurs.

Le recyclage de Mgr Brincard

Un des évêques français cités, dans cet article s'exclamera même à la question de l'impuissance de l'épiscopat dans cette affaire : « Que voulez vous qu'on fasse, on n'est pas le Bon Dieu ! »

L'attitude actuelle du Vatican est d'autant plus inquiétante que les sta­tuts des Béatitudes « ad experimentum » jusqu'en 2008 pourraient être officialisés définitivement sans le contrôle qui, pourtant, s'imposerait de toute urgence à l'heure actuelle.

Christian Terras

Frère Silouane Attention ! danger public !!!

Frère Silouane est prêtre dans la communauté des Béatitudes dont il est membre depuis 1988. Il est actuellement « provincial » des maisons d'Afrique. Prédicateur dans les milieux charismatiques

inter-confessionnelles et dans le cadre d'assemblées il est pré­senté par les groupes et les com­munautés qui le rejoignent, notamment en France et en Belgique, comme l'homme providentiel qui « propage le feu de l'Esprit avec des signes puis­sants... ».

Sauf que, cet « homme provi­dentiel » est tellement dangereux,

que le Vatican a dû finalement inter­dire le nouveau mouvement qu'il a créé : « La Troisième vague de l'Esprit ». Son site internet, officielle­ment en réfection, est lui aussi inter­dit. Mais l'homme a plus d'un tour dans son sac et sait parfaitement contourner les obstacles et se faire accueillir dans nombre de commu­nautés charismatiques qui le vénè­rent comme le nouveau Messie.

Le nouveau «Renouveau»

Le mouvement de la « Troisième Vague de l'Esprit » tire son intitulé du fait que pour Frère Silouane « la manifestation des œuvres du St Esprit que nous vivons dans l'Eglise aujourd'hui » est le prolongement historique des deux précédentes vagues de réveils charismatiques qui ont débuté en Angleterre à la fin du XVIII° siècle. Si certains spécialistes des mouvements charismatiques situent cette « nouvelle génération de l'Esprit » autour de 1994, notam­ment dans les Eglises évangéliques, pour Frère Silouane, ce phénomène de renouveau apparaîtra dans l'Eglise catholique avec l'année consacrée au St Esprit en 1998 en vue de la préparation du jubilé de l'an 2000. Ce mouvement viendrait relancer « l'essoufflement » qu'aurait connu selon lui « le Renouveau cha­rismatique à la fin des années 80 ».

Trois caractéristiques marqueraient la spécificité de cette « Troisième vague » à savoir : 1. l'expérience « collective » du baptême du St Esprit à travers notamment la nais­sance de nouveaux groupes de priè­re (« Réssuscito » à Versailles, « Loretto » à Salzbourg, ou « San Lorenzo » à Rome) ; 2. la naissance de nouveaux ministères charisma­tiques (« souvent incompris parce que déroutants » dixit Frère Silouane) à l'instar de Patrick Fontaine (pasteur évangélique à Poitiers), le Père Roger Paulin, le Frère Rémi Chappacher, sans oublier Carlos Payau, Benny Hinn, Bol Shatters, etc. ; 3. enfin, ce mou­vement serait vecteur de l'unité entre les chrétiens de dénominations diffé­rentes. Or, en s'en faisant le porte-voix de ce renouveau du Renouveau, Frère Silouane participe à la crise actuelle de la communauté des Béatitudes puisqu'il est un de ses grands responsables (pour l'Afrique). Le modérateur actuel « F. X. » le protège au delà de toute rai­son. Et toute personne qui émettrait des doutes sur ses charismes et sa personnalité « est vouée à l'enfer », témoigne une « sœur » qui souhaite prolonger l'entretien : « Il y a les pour et les contre. Et entre nous, on se démonise ». Frère Silouane est d'autant plus inquiétant pour les « historiques » de la Communauté des Béatitudes qu'il fait partie de la fameuse « commission théologique » mise en place par « F. X. » quant à la vérification de l'orthodoxie catho­lique des ouvrages du fondateur, Philippe Madre (voir à ce sujet notre article). Cocasse lorsque nous apprenons au cours de notre enquê­te que Rome a interdit d'homélie (donc de prédication)... Frère Silouane. Lors des JMJ à Cologne en Allemagne, « l'attitude de ce der­nier a tellement choqué qu'on a frisé l'incident diplomatique », nous confie un jeune adulte proche des Béatitudes. Son groupe, à l'époque dénommé « Le Fleuve de la gloire » a scandalisé les gens de la ville où celui-ci était hébergé en organisant une séance de prière de guérison avec obligation aux habitants (« har­celés » par les disciples du groupe) de s'y rendre afin de bénéficier des « fruits de l'Esprit » qui devraient tom­ber en abondance ! ! !

Même la très classique communauté charismatique de l'Emmanuel a pris ses distances avec ce « personnage dangereux, il faut le reconnaître » confie du bout des lèvres un membre de cette communauté. En 2006, à Rome, « l'Emmanuel » prête à Frère Silouane sa petite église de San Lorenzo (juste à côté de la Place St Pierre) où elle a élu domicile depuis plusieurs années maintenant. Frère Silouane anime alors une veillée de prière et de guérison. Le début du topo est éloquent : « le St Esprit est l'atmosphère entre le Père et le Fils, et il faut tout simplement entrer dans cette atmosphère ». Mais là n'est pas le plus grave, même si en atten­dant cela les théologiens « montent au plafond » dira un observateur de l'événement. La soirée fut essentiel­lement consacrée à des « guérisons à l'africaine ». Pendant huit jours, des groupes entiers ont régulière­ment débarqué pour vivre des transes extatiques dans l'Esprit que même les plus fondamentalistes de la mouvance charismatique ont trou­vé « diaboliques » et « démentielles ». Malgré l'interdiction qui pèse sur lui à Rome, Frère Silouane est allé planter sa tente plus au Nord, en Italie, en Belgique et bien sûr en France où de nombreux groupes charismatiques le reçoivent, derniè­rement à Châlons en Champagne le 13 janvier 2007, accueilli qu'il était par la communauté « catholique » ( !) Le Rocher...

Alors on continue à laisser faire ? On aimerait bien entendre officiellement là aussi, les évêques de France et le Vatican sur le cas Silouante.

C. T.



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