"Je ressentais en lui des choses que je croyais dangereuses. Dominé par son magnétisme, j'avais toutefois dit à ma compagne de chambrée que si jamais j'avais à l'épouser, il faudrait qu'elle me ligote et m'emprisonne à la maison..."
"J'étais subjuguée: j'étais là, en face
de l'homme le plus puissant du cosmos: ce n'était pas seulement
une superstar, c'était Dieu que je rencontrais , avec tous ses signes,
."
Lafayette Ron Hubbard a créé l'une des sectes les plus
riches et les plus controversées de notre époque : l'église
de scientologie. Il passa une bonne part de sa vie sur mer, fuyant ceux
qui l'accusaient d'être un charlatan doublé d'un escroc. Mais,
que ce soit pour lui-même, ou pour les millions de gens qui le suivirent
à un moment ou à un autre, il était le plus
grandiose des gourous ayant jamais existé.
HUBBARD:
"Vous pouvez dire au moins une chose à propos de la Dianétique
et de la Scientologie, désolé si ça vous semble curieux,
mais n' importe qui n'est pas forcément capable d'écrire
un livre qui ouvre les oreilles au monde".
Plus étonnante encore fut l'existence de Ron Hubbard: c'est celle d'un écrivain de science-fiction s'auto-proclamant Messie.
Dès le début, Ron Hubbard avait décidé que
son histoire deviendrait légendaire. Né en 1911, il disait
lors d'une émission radiophonique avoir été élevé
dans le ranch de son grand-père au Montana, ranch supposé
couvrir le quart de l'état. Tout jeune, il dressait les mustangs
et chassait le coyote, ajoutant avoir été élevé
avec les gardes frontière et être devenu frère de sang
des indiens Blackfoot (Pieds-Noirs) locaux.
Tous ces contes étaient mervceilleux - mais ce qu'on sait à coup sûr, c'est qu'il allait à la petite étable où son grand-père prenait des chevaux en pension et qu'il fut élevé dans une maison ordinaire, fils de parents américains ordinaires. Son père s'était engagé dans la Marine américaine vers la fin de la Première Guerre Mondiale. Adolsecent, Hubbard a passé ses vacances à l'île de Guam où se son père était en garnison. Il a voyagé en Chine et en Orient. Prèt à l'aventure, il alla prospecter l'or à Porto-Rico ; encore étudiant, il mena même une expédition d'exploration en mer pour découvrir des pirates dans les Caraïbes . Mais il ne pouvait s'empècher d'en faire trop: un livre scientologue annonçait quelques années plus tard qu'il avait séjourné avec des bandits du Tibet - où il ne mit jamais les pieds.
CYRIL VOSPER - Membre du personnel d'Hubbard:
"Il en a tant dit à propos de ses exploits en Amérique du Sud, aux Indes Orientales ou ailleurs, qu'il lui aurait fallu vivre au moins 483 ans pour avoir eu le temps de tout faire, mais ce n'est pas l'essentiel: tout cela était très distrayant, tant qu'il n'en profita pas pour len faire une religion."
ROBERT VAUGHN YOUNG - Porte-Parole de la scientologie, chargé des relations avec les médias.
"Vous savez, il écrivait de petites histoires dans ses agendas, des aventures en mer, des contes; et quand certains de ses acolytes les trouvèrent, ils y crurent. Par exemple, une anecdote dans laquelle il racontait son combat avec une pieuvre géante: un de ses gars la disait authentique, mais j'avais rectifié ensuite en affirmant qu'il s'agissait seulement d'une de ces historiettes qu'il mélangeait avec la réalité de son existence."
Il se maria à 22 ans avec sa première épouse, Polly; ils partirent vivre à Puget Sound, dans l'Etat de Washington [nord des USA] et eurent très vite deux enfants. Ce qu'aimait Hubbard à l'époque, c'est la voile, les voyages: mais il dût se calmer et gagner un peu d'argent. Doté de cette imagination fertile, il devint écrivain , passant des histoires d'aventure au fantastique pour faire quelques sous. Puis il passa à la science-fiction où il se vendit bien.
Deux de ses ouvrages, "Final Blackout" et "Fear" furent considérés comme des classiques. Mais son roman le plus surprenant restait sa propre vie. Son agent littéraire, Forry Ackerman était un fana de la science-fiction: Hubbard lui raconta un soir une chose bizarre qui s'était déroulée dans un hopital: c'est ce qui allait transformer toute son existence.
FORREST ACKERMAN - Agent littéraire d'Hubbard
"Il disait être mort sur la table d'opération, s'être élevé au plafond sous forme d'esprit, avoir regardé le corps qu'il avait habité, avoir haussé les épaules en pensant "Bon, et qu'est-ce que je fais, maintenant?" Au loin, il vit un portail ornementé dont il s'approcha; le portail s'ouvrit alors comme dans un film, sans qu'on y touchât." Il flotta dans l'ouverture et aperçut alors un condensé de tout ce qui avait jamais pu poser problème à l'humanité - vous savez, des choses du genre "d'où venons-nous, où allons-nous, les vies antérieures existent-t'elles"; et il abosrba tout le contenu de ces informations ésotériques comme une éponge, puis entendit soudain un souffle et une voix qui disait "non non, tu n'es pas encore prèt, ce n'est pas le moment" ; il redescendit alors, comme s'il suivait un long cordon ombilical, jusque dans son corps: il ouvrit les yeux et dit à l'infirmière "J'étais mort, non?"
Puis il bondit de la table d'opération - j'ignore comment
vous mourez, pour ensuite bondir d'une table d'opération. Il prit
deux rames de papier, quelques litres de café noir bouillant, et
deux jours plus tard, il avait écrit un ouvrage: "Exaclibur" ou
"l'Epee Noire". Et il me raconta que ceux qui le lisaient devenaient fous
ou se suicidaient, ajoutant que la première fois qu'il l'avait soumis
à un éditeur de New York, il était allé lui
rendre visite ensuite pour savoir ce que devenait son manuscrit: l'éditeur
appela le lecteur qui arriva avec le manuscrit, le balança sur le
bureau et se balança ensuite par la fenètre du gratte-ciel.
L'histoire racontée par Hubbard était-elle vraie? Excalibur devint une mystérieuse affaire. Hubbard raconté à ses amis que ce serait dangereux de le publier. Ce n'est que quarante ans plus tard que des employés d'Hubbard tombèrent sur le manuscrit qu'on croyait perdu depuis longtemps.
GERRY
ARMSTRONG - Gérant de la Maison d'Hubbard
"On avait deux versions et demie d'Excalibur. Je les ai lues, je ne suis ni fou, ni mort. Il y raconte qu'Excalibur est le fruit d'un accident lors d'une extraction dentaire faite sous peroxyde d'azote.
Le "décès" d'Hubbard n'était que l'effet d'une
hallucination sous anesthésiques. De quelle soupe
intellectuelle s'était-il donc nourri?
GERRY ARMSTRONG:
"Ca n'était pas vraiment révolutionnaire. Toute la clé qu'Hubbard avait découverte se résumait dans le fameux "Survivre" qui serait selon lui l'unique raison d'être de toute existence, de toute vie, de tous les gens. C'est de ça qu'il fit une des bases essentielles d'une bonne part de la Dianétique et de la scientologie."
Cette idée eût beaucoup d'impact sur Hubbard. Il écrivit à Polly: "J'avais de grands espoirs de coller mon nom en lettres de feu dans l'Histoire de l'humanité, et que cela prenne un forme légendaire."
La Seconde Guerre Mondiale amena une nouvelle dimension à la légende hubbardienne. Il raconta être devenu aveugle pendant son service dans l'US Navy, mais qu'inspiré par ce qu'il avait entr'aperçu sur cette table d'opération, il s'était magnifiquement guéri lui-même.
HUBBARD
EN 1968:
"Grâce à mon propre procédé et en me
servant des principes que j'avais su reconnaître à l'époque,
je fus en mesure de passer les tests de combat physique à 100%:
le gouvernement se demanda comment c'était possible d'avoir réussi
à être en forme alors que j'étais estropié et
aveugle."
Voilà une affaire bien étrange, car les dossiers de guerre d'Hubbard montrent qu'il souffrait surtout d'un ulcère à l'estomac. Il y a bien quelques notes à propos de conjonctivite, rien sur la perte de la vue. Aucun rapport médical avant, pendant ou après la guerre ne contient la moindre trace de perte des yeux: on y trouve seulement des mentions concernant myopie et astigmatisme.
Après la guerre, Hubbard vint à Hollywood. Auteur de science-fiction connu, il fut admis à l'association des auteurs de Fantastique Fiction de Los Angeles. Les membres se souviennent très bien qu'il avait un pouvoir sur le mental: il était indubitablement doué pour l'hypnotisme.
FORREST ACKERMAN:
"Ron Hubbard vint au Club et réussit à hypnotiser tous les gars, moi excepté. Je tenais à rester présent et à observer. Je me souviens que ce fut fascinant: il avait dit à un type qu'il était un kangorou posé dans ses mains, et le type sautillait comme un kangourou dans la pièce."
Par écrit et lors de discussions, Hubbard commença à parler de sa nouvelle science du mental. La scientologie continuerait à affirmer les propos d'Hubbard qui prétendait non seulement s'être soigné lui-même, mais avoir guéri onze autres vétérans et quarante patients ayant des problèmes mentaux.
JEAN COX - Ecrivain
"Commencèrent à circuler des rumeurs à propos
de cette nouvelle science du mental ou de cette philosophie, rumeurs accréditant
l'idée qu'elle avait plus d'importance pour l'humanité que
l'invention de la roue ou du feu."
.
Dans l'édition d'Astounding Magazine en Mai 1950, Hubbard publia
ses découvertes époustouflantes sous forme de faits avérés.
La Dianétique était enfin née. Des milliers de lettres
aboutirent au Magazine. Entretemps, Hubbard avait forcé sur les
touches de sa machine à écrire, plaquant ses idées
dans un livre de 450 pages qui devint un best-seller, et "la Dianétique"
devint tocade nationale.
Dans sa théorie, Hubbard annonçait que le mental humain était ensorcelé par des "engrammes" - des souvenirs d'évènements douloureux - souvent imprimés sur le foetus dès avant la naissance . Il clamait qu'avec l'aide d'un thérapeute dianéticien nommé "auditeur", on pourrait soulager ces engrammes et les effacer du mental (to clear en anglais, d'où le mot Clair utilisé par les scientologues pour désigner ceux dont les engrammes auraient été effacés). A ce stade, la Dianétique n'était encore qu'une forme caricaturale de psychothérapie.
FORREST
ACKERMAN:
"Bon, la Dianétique devint très populaire puisqu'elle
promettait un brave monde de braves gens, tous clairs, n'ayant plus de
rhumes ou plus besoin de lunettes... Elle m'a guéri de ma
peur des chiens."
JEAN COX:
"Parmi les choses promises sous traîtement dianétique,
on croyait pouvoir faire repousser les dents perdues - n'importe quelle
maladie serait guérie. Même la schizophrénie."
FORREST ACKERMAN:
"Cela ouvrait un nouveau monde, où tous les êtres seraient
parfaits".
Hubbard vendit de cours de Dianétique à 500 dollars; l'argent afflua. Mais on l'accusa d'être un arnaqueur.
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