Actualités sur les sectes en mai 2005.

La Famille ex Enfants de Dieu (*) 02/05/2005

Morts dans la Famille

Actualités diverses (*) 03/05/2005Classement comme stupéfiant de plusieurs plantes et substances utilisées à des fins hallucinogènes (PDF)
Témoins de JéhovahUne jeune témoin de Jéhova sera soignée en Colombie-Britannique
SectesLang de pub
Kabbale (*) 04/05/05Kabbalacade à New York
Témoins de JéhovahLes nouveaux invités de Chirac
FalungongAcquittement de membres du Falungong à Hong Kong
Bibliographie (*) 06/05/2005Présentation du livre Sectes Religion Santé de Jacky Cordonnier
Actualités diversesAvec l'ayahuasca, le gouvernement hallucine
SectesLutter contre les manipulations mentales
ReligionsBenoît XVI inspire peu d'espoir aux victimes du chef de la Légion du Christ
Témoins de JéhovahRefus de transfusion, suite .....
RaëlLes Africains dans la ligne de mire des raéliens
RaëlLa secte des raéliens perd son procès contre le député Georges Fenech
SectesAssemblée Nationale - Question - Réponse ( Philippe Vuilque)
ScientologieUne employée de l'Église de scientologie de Lausanne pressée comme un citron
Bibliographie (*) 12/05/2005 Présentation du livre Les sectes ufologiques 1950-1980
Raël
RaëlDoutes sur la "laïcité"du Café féminité
Témoins de JéhovahUn témoignage
KabbaleMadonna a renoncé à Cannes...
SectesManifestation contre les sectes à Erevan
SectesLes charlatans sont plus à craindre que les sectes
SectesAssemblée Nationale - Question - Réponse ( Gerard Weber)
Shri Ram Chandra (*) 19/05/2005Historique d'une succession divine
Sectes«Les sectes n’ont plus pignon sur rue»
Medical-Kinésiologie-Kryeon-HamerLes charlatans du nouveau millénaire
SectesLes nouveaux pièges des sectes
Soins PsyQuand les psys dérapent
Landmark EducationChez les gourous en cravate
Religions - Légionnaires du ChristAucun procès canonique en vue
Témoins de JéhovahLa «médecine sans sang» pour respecter les croyances religieuses
KinésiologieLa kinésiologie, technique à la mode accusée de dérives sectaires
KinésiologieDes parents kinésiologues en procès
SectesCirculaire du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires
KinésiologieDécès d'un enfant malnutri: les parents kinésiologues critiquent la médecine
KinésiologieUne «pata-médecine charlatanesque»

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web



 

Canada : Témoins de Jéhovah

Une jeune témoin de Jéhova sera soignée en Colombie-Britannique

Radio Canada , 3 mai 2005

[Texte intégral]

La Cour supérieure de l'Ontario ordonne à une témoin de Jéhovah, qui refuse de subir une transfusion sanguine, de retourner chez elle, en Colombie-Britannique.

Pour des raisons religieuses, l'adolescente refuse de recevoir une transfusion sanguine.
L'adolescente de 14 ans, qui a subi l'ablation d'une tumeur cancéreuse à la jambe, est venue à Toronto parce qu'un jugement émis dans sa province l'obligeait à recevoir une transfusion, si nécessaire, en dépit de ses croyances religieuses.

La jeune fille demandait à la Cour supérieure de l'Ontario de casser l'ordonnance émise par les tribunaux de Colombie-Britannique.

L'adolescente a affirmé être venue en Ontario non pas pour fuir la justice, mais pour consulter les médecins de l'hôpital pour enfants malades de Toronto. Elle souhaitait également recevoir des traitements dans une clinique new-yorkaise, où elle n'aurait pas reçu de transfusion sanguine.

Le juge a plutôt cru la version des faits présentée par les services à l'enfance de la Colombie-Britannique, qui ont affirmé que l'adolescente a simplement cherché à ne pas respecter le jugement rendu dans sa province.

Le magistrat croit que le temps presse, puisque les traitements de chimiothérapie de la jeune fille devaient commencer aujourd'hui. Il ajoute que si la jeune fille veut en appeler du jugement rendu en Colombie-Britannique, elle doit le faire là-bas et non en Ontario.

L'adolescente a été escortée par des policiers jusqu'à l'hôpital pour enfants malades de Toronto, où elle sera examinée pour déterminer si elle peut rentrer chez elle.

Son avocat dit que la famille va coopérer avec la justice, mais il ne rejette pas la possibilité de déposer un appel en Ontario ou en Colombie-Britannique.



France : Sectes

Lang de pub

Le Canard enchaîné , 4 mai 2005

[Texte intégral

Comme nombre d'élus et de responsables politiques, Jack Lang est un homme débordé. La défense de la pêche, à Boulogne-sur-Mer, le oui par-ci, la culture par-là... A force de vouloir toucher à tout, l'éléphant du PS a fini par casser un peu de porcelaine...

Oh, rien d'irréparable. Juste un dérapage forcé dont ce laïque à tout crin se serait volontiers passé. En acceptant d'être bombardé membre du pompeux
" comité d'éthique Maxi-Livres ", Jack s'est embarqué dans une galère.

Le 22 mars, ledit comité a en effet décerné son tout premier " Grand Prix Maxi-Livres ", à la collection " Atlas historique (des religions, de l'islam, des croisades) ". Stratégie de marketing : " L'Atlas historique des religions " est vanté par des marque-page et présentoirs affublés d'une photo de Lang, avec ce commentaire de l'ancien ministre de la Culture : " Une vision claire des grandes religions de ce monde. " Sauf que... Parmi les " grandes religions " répertoriées dans ce bouquin figurent d'aimables assemblées tels l'Eglise de Scientologie, les Témoins de Jéhovah ou encore la très pudiquement nommée Eglise moonique (plus connue sous le nom de secte Moon).

Interrogé par " Le Canard ", Jack Lang, bien embêté, a reconnu qu'il n'avait " pas lu ce livre " et qu'il ne " cautionne évidemment pas un tel
ouvrage "
.

Histoire de recoller les morceaux, il a joint la direction de Maxi-livres pour faire retirer le premier prix à ce livre , explique son assistant. " Il l'a également priée de mettre au pilon tout matériel de marketing " mentionnant son malheureux commentaire.

Le tout sur un ton pète-secte.



France : Témoins de Jéhovah

Les nouveaux invités de Chirac

Nouvel Obs , 5 mai 2005

[Texte intégral]

Pour la première fois les témoins de Jéhovah ont participé à une cérémonie officielle. Pour la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, l'Elysée avait convié Jean-Claude Pons, le porte-parole de leur consistoire. Déportés par les nazis, les Témoins de Jéhovah sont repertoriés comme un mouvement aux pratiques sectaires par la Mission Interministérielle de lutte contre les sectes.



Chine : Falungong

Acquittement de membres du Falungong à Hong Kong

AFP, 5 mai 2005

[Texte intégral]

HONG KONG - La cour suprême de Hong Kong a acquitté jeudi huit membres de la secte Falungong qui avaient manifesté sur la voie publique, mettant fin à une bataille en justice qui avait pris valeur de test de la liberté de parole dans le territoire repassé sous souveraineté chinoise.

La Cour d'appel final a annulé une condamnation précédente à des amendes des adeptes de la secte interdite en Chine continentale pour obstruction et violences aux forces de l'ordre lors d'un rassemblement il y a trois ans contre la répression du mouvement sur le continent.

Le tribunal a estimé que la police n'avait pas eu de raison d'arrêter les manifestants et que le droit de protester était garanti par la constitution adopté lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

"C'est un bon jugement non seulement pour Falungong mais il signifie aussi que la police ne peut pas embarquer des gens s'ils font obstruction lors d'une manifestation pacifique", a dit l'avocat des acquittés, John Clancey.

La manifestation qui s'était déroulée en 2002 devant la représentation du gouvernement chinois était devenu un symbole des dangers pesant sur les libertés à Hong Kong, les militants des droits de l'homme ayant accusé la police d'être intervenue à la demande des responsables de la mission chinoise.

L'incident s'était produit alors que la Chine était soupçonnée de faire pression sur le gouvernement hongkongais pour qu'il réprime la secte interdite sur le continent mais toujours légale dans l'ex colonie britannique.

Huit autres manifestants également condamnés à l'origine à des amendes avaient déjà été acquittés en novembre dernier en appel.

La manifestation était pacifique mais des participants -- dont un Néo-Zélandais et trois Suisses -- avaient brandi des banderoles qualifiant le président chinois de l'époque, Jiang Zemin, de "tueur" et autres accusations violentes contre le gouvernement chinois.

Me Clancey a estimé que le jugement garantissait le droit des gens de critiquer leurs dirigeants. "Même si des gens disent des choses très impopulaires, ils en ont le droit", a-t-il dit.

La porte-parole de la secte à Hong Kong, Sophie Xiao, a déclaré que le mouvement continuerait à protester contre la répression de ses membres en Chine.

Le Falungong qui avait revendiqué un temps des millions de membres en Chine a été interdit en 1999 et soumis à une forte répression. Le groupe affirme avoir eu 1.600 de ses membres torturés ou battus en Chine continentale.



France : Actualités diverses

Avec l'ayahuasca, le gouvernement hallucine

Libération, 6 mai 2005 par Arnaud Aubron

[Texte intégral]

Depuis la parution d'un arrêté ad hoc mardi au Journal officiel, cette liane d'Amérique latine est devenue un stupéfiant • Les autorités n'avaient pas réussi à la faire interdire par les tribunaux •

L'affaire n'aura pas traîné. En janvier, la cour d'appel de Paris avait estimé que l'ayahuasca, liane originaire d'Amérique latine aux effets hallucinogènes utilisée en décoction par des guérisseurs, n'était pas interdite par la loi française et que ses adeptes pouvaient donc en importer et en consommer en toute légalité, contrairement à l'avis de la police et du parquet. Loin de s'avouer vaincues, les autorités ont donc décidé fin avril de modifier la loi sur les stupéfiants afin d'y inclure l'ayahusca en raison de ses «effets psychoactifs et d'un potentiel d'abus avéré». Depuis mardi, date de publication de l'arrêté au «Journal officiel», il est donc interdit de consommer en France toute préparation contenant de l'ayahuasca.

L'histoire commence en 1999. La mère d'un adepte français du Santo Daime, groupe christiano-chamanique d'origine brésilienne qui utilise l'ayahuasca en guise de sacrement, décide de porter plainte contre ce qu'elle considère comme une secte dangereuse. Une occasion rêvée pour les autorités, qui voient d'un mauvais œil le développement en France de petits groupes d'adeptes de l'ayahusca surfant sur la mode du chamanisme. En novembre 1999, les six dirigeants français du Santo Daime sont arrêtés. Et mis en examen pour «trafic de stupéfiants». La police fait le raisonnement suivant : l'ayahuasca contient, naturellement, de la DMT (1) ; la DMT et toute «préparation à base de DMT» étant interdits en France, l'ayahusca le serait de facto. CQFD.

Ratatouille et nicotine

Pourtant, «dire que l'ayahuasca est une préparation à base de DMT serait comme dire que la ratatouille est une préparation à base de nicotine sous prétexte que la nicotine est présente à l'état de trace dans les poivrons, les aubergines et la tomate…», rétorque Yann Bisiou, professeur de droit à l'université de Montpellier et membre du conseil scientifique de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (Mildt). En novembre 2003, le tribunal donne tout de même raison à la police et au parquet et condamne les accusés à des peines de quatre à dix mois de prison avec sursis.

L'affaire paraît entendue, mais les daimistes, qui s'estiment atteints dans leur liberté de religion, font appel de la décision. Et l'emportent. Le 13 janvier, la cour d'appel de Paris estime en effet que la présence naturelle de DMT dans l'ayahuasca n'en fait pas une «préparation à base de DMT» et ne suffit donc pas à l'interdire («Libération» du 14 janvier 2005). Les daimistes jubilent. D'autant que la cour ordonne aux autorités de restituer l'ayahuasca saisi lors des perquisitions de 1999.

«D'autres critères que l'objectivité scientifique»

Leur bonheur aura donc été de courte durée : envisagée depuis quelques années déjà, l'interdiction définitive de l'ayahuasca est entrée en vigueur mardi. Pour Annick Darley et Frédérick Bois-Mariage, qui rédigent actuellement une thèse sur l'ayahuasca, «tout chercheur connaissant bien la littérature scientifique sur l'ayahuasca, ses composants et ayant une expérience de terrain ne peut que conclure qu'il s'agit d'une décision fondée sur d'autres critères que l'objectivité scientifique et obéissant à des mobiles autres que la protection de la santé publique».

Certains devraient pourtant fort bien se satisfaire de cette interdiction : les organisateurs de voyages d'initiation à l'ayahuasca dans la forêt amazonienne, qui pourraient voir là une occasion de développer un business d'ores et déjà florissant.

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Voir aussi



Belgique : Sectes

Lutter contre les manipulations mentales

La Libre Belgique , 6 mai 2005

[Texte intégra]

Les sénateurs VLD Jeannine Leduc et Luc Willems ont déposé une proposition de loi visant à lutter contre les manipulations mentales qu'exercent certaines sectes, répondant ainsi à une demande de la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes demandant de doter les autorités judiciaires d'un instrument législatif leur permettant de lutter contre les manipulations mentales.

Les deux sénateurs affirment que l'on assiste dans notre pays à un nouvel engouement pour les mouvements sectaires. A titre d'exemple, ils citent la communauté Alphamega à Lomel, l'Opus Dei, l'église de Scientologie, les Eglises protestantes des baptistes et évangélistes ainsi que Le Cercle des amis de Bruno Gröning.



France : Religions

Benoît XVI inspire peu d'espoir aux victimes du chef de la Légion du Christ

AFP, 6 mai 2005

[Texte intégra]

Les victimes présumées d'agressions pédophiles du fondateur des Légionnaires du Christ, le Mexicain Marcial Maciel, protégé de Jean Paul II, ont peu d'espoir de voir Benoît XVI leur rendre justice et affirment que le cardinal Joseph Ratzinger a longtemps étouffé l'affaire.

Le père mexicain Alberto Athié est devenu le porte-drapeau des plaignants -huit anciens membres de la congrégation ultraconservatrice- et dit avoir alerté en 1999 le cardinal Ratzinger, alors préfet de la puissante Congrégation pour la doctrine de la foi.

"L'évêque (mexicain) Carlos Talavera a remis personnellement ma lettre à Ratzinger", a affirmé à l'AFP Alberto Athié. Une lettre relatant des témoignages contre Marcial Maciel, notamment les confessions de Juan Manuel Fernandez Amenabar, recueillies par M. Athié peu avant sa mort, en 1995.

D'après Alberto Athié, Joseph Ratzinger a répondu à Carlos Talavera, après avoir lu la lettre, qu'il s'agissait d'un "cas délicat qui ne pouvait pas être traité car Marcial Maciel était un bon ami de Jean Paul II, qu'il avait apporté à l'Eglise de nombreuses vocations et des biens".

Alberto Athié dit avoir ensuite été victime de pressions de la part des autorités ecclésiastiques qui l'ont contraint à renoncer à son sacerdoce.

Le dossier a cependant été rouvert fin 2004 et un enquêteur du Vatican a été mandaté au Mexique, où vivent les accusateurs de Maciel.

"L'important c'est de voir ce que va faire Ratzinger avec le résultat de l'enquête", relève une des victimes, José Barba, qui se dit "sceptique" quant à une action du Vatican et redoute un "simulacre de justice".

José Barba, aujourd'hui professeur de l'Institut technologique de Mexico, victime d'abus sexuels à l'âge de 10 ans, a confié à l'AFP qu' "environ 200" autres séminaristes ont été traumatisés par des abus sexuels subis lors de leur passage dans la Légion.

Marcial Maciel, 85 ans, est accusé d'avoir sodomisé ou masturbé huit jeunes séminaristes entre 1940 et 1960. Il a renoncé fin 2004 à la direction de la Légion sous la pression du Vatican, soucieux d'éviter que l'affaire nuise à l'image des Légionnaires du Christ, selon les experts.

Le fondateur des Légionnaires du Christ récuse toute les accusations.

Jusqu'ici, les procès canoniques ouverts au Mexique et à Rome sur les plaintes déposées par d'anciens séminaristes n'ont connu aucune suite .

Questionnés sur la raison de la réouverture de l'enquête fin 2004, décidée par Ratzinger, Alberto Athié et José Barba s'accordent à penser que le cardinal, se sachant papabili, ne voulait pas que l'Eglise puisse être accusée d'avoir ignoré des accusations contre un personnage de l'Eglise, à qui il avait publiquement rendu hommage en 2001.

"On nous faisait croire qu'en donnant notre vie à dieu, notre corps et notre âme ne nous appartenait plus", raconte José Barba.

"Le plus important c'est qu'on rende un hommage aux plaignants qui ont été dénigrés de diverses manières", insiste Alberto Athié.

Les plaignants expliquent leurs accusations tardives -1997 pour les premières- par la difficulté de rompre le silence, règle d'or des légionnaires.

Fondée en 1941 au Mexique, La Légion du Christ est aujourd'hui établie dans 20 pays, revendique 500 prêtres (Légionnaires), 2.500 séminaristes, 65.000 membres et gère 12 universités.



Canada : Témoins de Jéhovah

Refus de transfusion, suite .....

CanadaCOM NEWS , 7 mai 2005

[Texte intégral]

La jeune Témoin de Jéhovah qui refuse les transfusions pourrait interjeter appel

VANCOUVER (PC) - La décision d'une cour de l'Ontario qui interdit à une adolescente de la Colombie-Britannique atteinte du cancer de refuser des transfusions sanguines en vertu de ses croyances religieuses pourrait faire l'objet d'un appel.

Shane Brady, l'avocat de la jeune fille de 14 ans - qui est membre de l'organisation des Témoins de Jéhovah -, a affirmé vendredi que la famille étudie la possibilité de loger un appel contre le jugement de la Cour supérieure de l'Ontario qui ordonne à la patiente de retourner en Colombie-Britannique pour y être traitée.

La famille pourrait prendre sa décision au début de la semaine prochaine.

Plus tôt cette semaine, un juge ontarien a affirmé qu'il ne voyait aucun problème avec la décision d'une collègue de la Colombie-Britannique rendue le 11 avril qui avait jugé que l'adolescente, parce qu'elle est mineure, ne pouvait pas refuser les transfusions si les médecins les jugeaient nécessaires.

L'avocat Brady soutient que sa cliente, dont le nom ne peut être dévoilé, voulait que la justice ontarienne considère la preuve de l'Hôpital pour enfants Schneider de New York, qui a déjà traité des cancers du même genre sans transfusions sanguines.

Me Brady a toutefois admis que l'hôpital new-yorkais avait dit que des transfusions pourraient quand même être nécessaires.

Il a expliqué que la jeune fille et sa famille n'avaient pas fui leur province, mais voulaient une seconde opinion en Ontario parce que l'Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique avait dit qu'il n'avait jamais traité de cas semblable sans transfusions.

"Le ministère de la Santé de la C.-B. savait où ils étaient" et ce qu'ils faisaient, a dit l'avocat.

Jeremy Berland, un porte-parole du gouvernement de la C.-B. s'est toutefois opposé à cette interprétation en disant que le juge ontarien avait affirmé qu'aucune personne raisonnable ne pourrait en venir à une autre conclusion que celle de constater qu'ils tentaient de fuir la juridiction.

"Nous ne voulons pas voir cette fille de la C.-B. aller à New York et fuir cette juridiction lorsqu'ils diront qu'il est temps pour des transfusions sanguines", a dit M. Berland, en faisant remarquer que la famille avait déjà quitté la C.-B. une fois malgré une ordonnance de la cour et des avis médicaux.

La jeune fille a été renvoyée en C.-B. cette semaine après la décision du juge ontarien.

Les Témoins de Jéhovah refusent les transfusions sanguines; ils soutiennent que le sang est une source de vie sacrée qui ne doit pas être utilisée à mauvais escient ou altérée sous aucune considération.



Suisse : Raël

Les Africains dans la ligne de mire des raéliens

Le Courrier , 7 mai 2005 par Christophe Koessler

[Texte intégral]

GENÈVE- La secte de Raël s'est offert une campagne d'affichage anonyme dans le canton. Elle vise à inciter les «Noirs chrétiens» à se débaptiser.

On le savait, la secte de Raël aime choquer. Depuis plusieurs jours, une campagne d'affichage d'ampleur s'étale sur les murs de la cité de Calvin. Les «Noirs chrétiens» sont invités à se débaptiser, avec cette invective: «Un Noir chrétien est un traître à la mémoire de ses ancêtres.» Mais le placard n'indique pas qu'il s'agit d'un message des raéliens. Seul le nom d'un «auteur africain» est donné pour annoncer une conférence ce soir à Genève. Après vérification, l'auteur en question n'est autre que l'«évêque» des raéliens pour l'Afrique.

La secte chercherait-elle à se dissimuler pour réunir davantage de monde et recruter en douce des adhérents, comme elle l'a fait avec le «café-feminité» à Lausanne (voir notre édition du 11 avril)? Le graphisme de l'affiche porte en tout cas à confusion, avec son drapeau couleurs rasta en arrière plan et un jeune africain emprisonné dans une croix chrétienne.

Par ailleurs, il n'est en rien question des «elohims», les extraterrestres, créateurs de l'humanité selon la secte, ni de «la méditation sensuelle», qui fait les délices de son gourou et «messie», Claude Vorilhon, alias Raël.

Investir l'Afrique
Mais pourquoi la secte s'adresse-t-elle aux «Noirs chrétiens», plutôt qu'à d'autres? «Les raéliens sont en perte de vitesse en Europe et au Canada», explique Xavier Martin-Dupont, spécialiste de la secte et auteur d'un site internet qui lui est consacré (www.zelohim.org). Ils recrutent beaucoup en Afrique où environ 1500 fidèles auraient été enrôlés entre 1998 et 2003, d'après des chiffres dévoilés dans le bulletin interne des raéliens. A titre de comparaison, l'Europe ne compterait plus que 650 adhérents. M.Martin-Dupont attribue cette baisse aux affaires de moeurs et de corruption de mineures qui ont impliqué des membres de la secte en France. Le mouvement reste donc somme toute limité, voire «microscopique» en Europe, selon le spécialiste. Au niveau mondial, il ne lui attribue pas plus de 5000 membres actifs, alors que les raéliens articuleraient le chiffre de 60 000 (nous avons essayé sans succès d'atteindre le mouvement raélien suisse hier).

L'Afrique serait donc un bon filon. «Les sectes de tous poils y fleurissent», témoigne Laurent Monnier, spécialiste du Congo Kinshasa et ancien chargé de cours à l'Institut universitaire d'étude du développement. Mais si les Eglises traditionnelles au Congo vivent une crise de confiance, ce n'est pas en appelant à l'apostasie que les sectes arriveront à leur fin auprès de la population, estime le chercheur. Il y a eu une africanisation du christianisme, il est complètement intégré. Les jeunes sont parfois d'accord de passer à d'autres courants spirituels mais sans renoncer définitivement à leur religion.

Déguisement tiers-mondiste
Viser les Africains vivant en Europe répond à deux objectifs, estime M.Martin-Dupont: d'un côté, les membres de ces communautés peuvent être eux-mêmes économiquement intéressants, en achetant des livres et en apportant d'autres contributions financières. Mais ils pourraient aussi servir de relais avec leurs pairs sur le continent africain. Ceci est d'autant plus utile que la secte vise des classes relativement aisées et urbaines en lien avec les expatriés. Les discours tiers-mondistes instrumentalisés par la secte seraient justement destinés à recruter dans ces groupes sociaux. Mais aux indépendances politiques et économiques, les raéliens ajoutent la «décolonisation spirituelle», apportée par «Sa Sainteté Raël, le Messie, le Dernier des Prophètes, Ambassadeur de nos créateurs, les elohim de la Bible originale en ancien Hébreu», peut-on lire sur le site internet de l'«évêque» africain des raéliens.



France : Raël

La secte des raéliens perd son procès contre le député Georges Fenech

AFP , 10 mai 2005

[Texte intégral]

VERSAILLES - La cour d'appel de Versailles a confirmé le jugement rendu le 3 décembre 2003 par le tribunal de grande instance de Nanterre qui avait déclaré nulles les poursuites de la secte des raéliens contre le député UMP du Rhône Georges Fenech, a-t-on appris mardi de source judiciaire. La cour, dans son arrêt rendu le 14 avril, a confirmé "en toutes ses dispositions" le jugement de Nanterre en déclarant "nulle et sans effet" l'assignation délivrée par l'association raëlienne à l'encontre de M. Fenech et de Nicolas de Tavernost, président du directoire de la société M6.

La secte considérait que les propos tenus par M. Fenech au cours de l'émission diffusée par la chaîne M6 le 14 avril 2002 étaient "consécutifs d'injure publique envers un particulier", et demandait la condamnation solidaire de MM. Fenech et de Tavernost à lui verser 77.000 euros en réparation du préjudice moral et 9.000 euros au titre des frais de justice. M. Fenech avait qualifié l'association raëlienne de "groupement criminogène".

La secte devra payer à M. Fenech et à la chaîne M6, 4.000 euros au titre des frais de justice.



France: Sectes

Assemblée Nationale - Question - Réponse ( Philippe Vuilque)

JO , 18 mai 2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 64579 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère attributaire : Premier ministre
Question publiée au JO le : 10/05/2005 page : 4725

Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : protection. enfants
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque appelle l'attention de M. le Premier ministre sur les liens entre la mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires et le défenseur des enfants. De nombreux enfants sont victimes de dérives sectaires, que ce soit dans le cadre familial, ou dans le cadre extra-scolaire, voire scolaire. Dans ces conditions, il lui demande quel travail commun ces deux institutions peuvent mener ensemble sur le sujet des enfants victimes des dérives sectaires.
Texte de la REPONSE :
SOC 12 Champagne-Ardenne N
______________________________________________________________________________________________

12ème législature
Question N° : 64578 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : jeunesse et sports
Ministère attributaire : jeunesse et sports
Question publiée au JO le : 10/05/2005 page : 4750

Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : protection. enfants
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque appelle l'attention de M. le ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur les dérives sectaires dans les centres de vacances et de loisirs. Il lui demande si de telles dérives ont pu être observées au cours des contrôles exercés durant l'année 2004.
Texte de la REPONSE :
SOC 12 Champagne-Ardenne



Suisse : Scientologie

Une employée de l'Église de scientologie de Lausanne pressée comme un citron

AVDS , 10 mai 2005

[Texte intégral]

Les scientologues ne font jamais de cadeau

Madonna (nom d'emprunt) employée de l'Eglise de scientologie de Lausanne était une des "reg." (registrar), une des vendeuses de l'organisation de L'Eglise de scientologie de Lausanne, mais aussi la responsable de la division dans laquelle je travailllais. C'est elle, avec le directeur de l'Eglise de scientologie, et accessoirement quelques FSM (membres du personnel à l'extérieur), qui faisaient bouillir la marmite, entendez par là qui faisaient entrer le fric.

Je la craignais plus qu'aucun autre employé de la scientologie. Car, quand elle soupçonnait une source d'argent, de fric quelque part, comme un chien qui tient un bel os, rien ni personne ne lui faisait lâcher sa prise. L'os, en l'occurrence, c'était moi et surtout l'argent que je représentais.

Lorsque mon mari est mort, Madonna ne m'a pas lâchée avant que j'achète de l'audition pour m'aider à «traverser mon deuil».

(Mon mari avait quitté son corps comme on dit en Scientologie - Le thétan quitte son corps comme un chauffeur sort de sa voiture. Pour aller dans l'entre­deux vie et aller dans une maternité chercher un nouveau corps. Et, recommencer un nouveau cycle de vie sur la terre ...)

Pour Madonna, je devais payer cette audition, que je travaille à l'org ou pas, là n'était pas la question. Elle m'a très bien fait comprendre que ce n'était pas correct ! Il fallait un échange sonnant et trébuchant, le travail ne pouvait en aucun cas être considéré comme une contrepartie. Les scientologues ne donnent jamais rien sans contrepartie, comme cela gratuitement.

J'ai donc dû acheter des heures d'audition (la thérapie de scientologie) pour environ 1'300 euros. De cette audition j'en suis sortie comme anesthésiée et ne me sentais plus la même. J'avais l'impression de me dédoubler. Une partie de moi-même regardait ce que faisait l'autre, sans pouvoir intervenir.

Même pendant que je travaillais, quelque chose surveillait ce que je faisais.

Une employée de l'Eglise de scientologie capable de tout pour faire rentrer de l'argent

Un jour, Madonna m'a convoquée. Quand je me suis rendue à son bureau, elle était très inquiète. Pourquoi, je ne le savais pas, mon travail je le faisais le mieux possible mais j'avais une peur bleue de Madonna. Je la sentais capable de tout pour faire rentrer de l'argent pour la scientologie.

Elle me demanda avec un grand sourire :

- Comment vas-tu, Pierrette ?
- Quelle question ! ... Mais oui ça va !
- Ces heures d'audition t'ont fait du bien n'est-ce pas ? Tu as très bonne mine, tu sais ...

J'avais envie de répondre "bof". Je n'ai pas osé.

- Elle me demanda encore si je m'en sortais financièrement.

Je me crispais intérieurement; je trouvais cette question indécente, cela ne la regardait pas.

J'attendais un rétroactif sur mes rentes, le versement tardait un peu. Je ne lui en ai alors pas parlé, ni de l'assurance que mon mari avait contractée et qui devait payer le petit coin de terre sous laquelle il reposait. Les frais que représente la mort sont sacrés et si certains en profitent, cela n'enlève rien au fait. Pour le repos de l'être qui est parti, il faut respecter cela. Je ne lui parlais donc pas de cet argent non plus. Deux jours après, l'argent fut versé sur mon compte.

Madonna arriva comme une furie : «Pourquoi n'as-tu pas parlé de l'argent que tu allais recevoir ? Tu es une tricheuse, tu caches tes revenus, l'org a le droit de savoir !

Je répondis fermement que cet argent, personne n'y toucherait, tant que je serais vivante. Cet argent devait payer sa tombe, sa mise en ordre. Madonna me traita d'avare, de grippe-sous, de dégueulasse, et elle est repartie dans une rage démentielle. «Tu refuses d'aider Ron à clarifier la planète me lança-t-elle, un moment plus tard, à la cafétéria, devant plusieurs staffs. Tu as de l'argent et tu refuses de le donner».

Je lui ai répondu que je travaillais des heures et des heures pour un salaire de misère et que presque tout le matériel indispensable à mon département, je le payais de ma poche.

Madonna me menaça aussitôt d'un rapport d'éthique; je n'avais pas le droit de parler comme je le faisais.

«Nous n'avons rien et nous donnons tout, et toi tu n'as même pas pas ta carte de membre à vie» me dit-elle, oubliant que du toner aux enveloppes, en passant par l'achat de mon bureau et de dossiers pour classer la moindre fiche, j'avais avancé plus de 14'000.- euros. Somme qui jamais ne me sera remboursée.

Depuis les dernières auditions de scientologie, je n'arrivais plus à repousser cette espèce de chape qui m'enfermait comme un carcan et qui m'empêchait de réagir comme je le voulais, comme je l'aurais fait avant.

Je n'arrivais plus à me défendre. Je sentais que j'aurais dû réagir violemment aux propos de Madonna, mais je n'y arrivais pas. Je me sentais comme engluée, ne pouvant dire ce que je pensais vraiment.

Si tu es malade c'est à cause d'un «suppressif»...

Peu auparavant l'org avait décrété que j'étais «PTS» (Source potentiel de troubles à cause d'une connection avec une personne dites «suppressive»...). Il fallait nettoyer tout cela. Normalement, un scientologue ayant reçu ce statut de «PTS» n'a pas le droit de recevoir de l'audition. Je représentais un danger pour l' org.

Ils contournèrent ce fait en déclarant que c'était de l'éthique, payant bien sûr.

J'avais l'impression d'avoir attrapé une maladie honteuse et qu'ils le savaient. Enfin, c'est ce qui m'a été expliqué par A + B, bien que je n'étais du tout d'accord sur ce fait, je les ai laissé dire.

Pourtant, ils me firent bien comprendre qu'avec mes hauts et mes bas, je mettais l'org en danger et, comme ils l'affirmaient, je les ai crus.

Je venais de passer mes examens et avais été reçue officiellement comme staff. J'ai donc acheté le cours qui me permettrait de comprendre ce qui n'allait pas chez moi. (cours PTS/SP - PTS = source potentielle d'ennuis et SP = personne suppressive.)

Ce cours est un maniement d'éthique. J'étais obligée de le suivre si je voulais par la suite être auditée sur le Pont (Bridge en Anglais), la route qui mène à l'état de clear, appelé aussi le tableau des grades et des niveaux de conscience. Le voyage du non-savoir à la révélation. Et comme tous les Scientologues, je rêvais de le traverser, ce pont.

Pendant que je suivais ce cours Madonna ne me lâcha pas. Pour suivre les grades qui jalonnent le pont jusqu'à clair, il lui fallait, selon ses dires, environ 120 heures d'audition si tout allait bien, plus les heures nécessaires pour se débarrasser de ma situation PTS, bien sûr, car il fut décrété que le cours ne suffisait pas. Après avoir donné tout ce que j'avais soigneusement mis de côté pour on ne sait jamais, il me restait dans les 50'000 dollars à trouver pour pouvoir m'offrir "l'état de clair".

Je me disais que j'avais tout le restant de ma vie pour y arriver. Ce n'était pas si mal comme objectif. Là, je n'ai pas réalisé que je me faisais complètement manipuler car pour recevoir l'audition pour devenir clear, jamais je n'aurais dû verser un sou car en tant qu'employée selon les règlements de scientologie j'aurais dû recevoir gratuitement de l'audition ...

Un harcèlement abject

Je ne sais pas encore maintenant comment ils ont fait pour m'obliger à m'endetter pour payer mes auditions.

Je me souviens seulement que Madonna commença à me convoquer tous les jours à tout instant. Ou bien elle m'apostrophait dans les corridors ou à la cafétéria, toujours devant des témoins : «Alors, Pierrette, tu as enfin trouvé une solution pour ton audition ?» Un harcèlement abject. «Alors, tu as trouvé une solution ? Alors tu as enfin cet argent ? ...» Comme si je le devais, comme si je faisais une mauvaise action de ne pas trouver l'argent demandé, exigé plutôt.

C'était devenu une obsession. Rien que d'entendre le son doucereux de la voix de Madonna, je plongeais dans une angoisse qui me laissait un noeud au ventre, tremblante.

Je cherchais de quelle faute je pouvais bien m'être rendue coupable ? Les mots argent, fric, dollar me faisaient frémir, presque vomir. Si je n'avais pas signé un contrat de travail qui me liait à l'org, je serais alors partie en claquant la porte.

Plusieurs fois, je me suis jurée que je ne retournerais pas à mon travail. Ils le savaient très bien, car ils ne m'ont jamais laissé le temps de réaliser ce qui m'arrivait.

J'ai eu plusieurs auditeurs successifs, plus de six auditeurs différents; normalement il est déconseillé de changer à tout moment d'auditeur, un staff peut faire des sacrifices n'est-ce pas ? Même quand il paye ses auditions alors qu'il travaille pour un salaire de misère.

En Scientologie, tout doit être manié, mais surtout les emprunts bancaires

Mon auditeur s'étonnait du peu de gains (améliorations que l'audition apporte au pc = préclair) que je faisais. Je finis par lui dire que je n'en pouvais plus du harcèlement dont j'étais l'objet. Il me répondit que je devais manier cette situation.

En Scientologie, tout doit être manié : les gens, les choses, les situations. Tout est réduit à l'état de particules maniables.

Chaque fois que je faisais un gain, Madonna m'attendait pour me rappeler mon problème. «Alors cette solution tu l'as trouvée ? » Ils ont tout essayé pour me faire "cracher du fric", comme je l'ai entendu, plus tard, une missionnaire le dire derrière le dos d'une scientologue harcelée comme je l'avais été. Ils ont tout essayé pour m'obliger à leur donner ce que je ne possédais pas, de l'argent.

Je recevais bien une rente mais les banques qui ne sont pas folles ne prêtent pas à une personne ayant juste une rente de veuve pour vivre.

Un jour, Madonna arriva dans mon bureau toute souriante. Elle m'apaisa d'un geste et dit : «J'ai ta solution !» Une de ses idées de plus pour me faire cracher mon fric ? Elle en avait déjà eu de ces idées mirobolantes pour atteindre cet argent qui la faisait frétiller, saliver, qui lui donnait tous les culots, toutes les audaces. J'en avais reçu des affronts qui m'avaient rendues malade.

Madonna me chapitra ce jour-là : «Tu me laisseras faire, c'est moi qui parlerai, tu te tairas, tu n'auras juste qu'à faire ce que je te dirai de faire. » Je ne pouvais rien faire, j'avais l'impression d'être prise dans un piège mental. je restais apathique, comme si tout se passait en dehors de moi. Je m'entendais dire oui, oui alors que j'avais envie de hurler "NON".

Cet après-midi-là, en quelques heures, avec Madonna j'ai couru après tous les papiers indispensables pour pouvoir obtenir un prêt. Un papier prouvant que j'étais solvable, un extrait de mon casier judiciaire prouvant que je n'étais poursuivie pour aucun méfait, une attestation de domicile et partout c'était Madonna qui parlait.

J'avais envie de fuir mais n'arrivais pas à réagir, j'étais comme engluée. La nuit, Madonna m'a lâchée avec difficulté. Le lendemain, nous sommes allées dans une petite banque du canton de Berne. Le chèque est passé des mains du banquier dans celles de Madonna puis dans le coffre de l'org.

La pilule était amère pour moi. J'avais fait ce que j'avais promis justement de ne jamais faire : j'avais fait des dettes. J'ai été encore plus désenchantée quand un employé scientologue m'a dit, quelques mois plus tard, quand il reprit le poste de chef du personnel, que «jamais il n'aurait accepté qu'un de ses staffs débourse un centime pour de l'audition ou pour des cours, même pour de l'audition d'éthique qui normalement doit être payée par le recevant, d'après les règlements de la Scientologie». «Car, m'expliqua-t-il, avec ce que nous gagnons, ce serait un minimum que l'org offre les cours et l'audition à ses membres du personnel. L'échange n'est pas in sans ça.»

C'est une des choses qui m'a fait partir pour ne plus jamais remettre les pieds dans l'org; mais cela viendra bien plus tard.

Là, à ce moment, je me sentais comme un pantin dont on tire les ficelles. Comme ils ont dû rire et se moquer de ma naïveté, rien que d'y penser des larmes perlent encore dans mes yeux ! Toutes les fois où Madonna m'avait invectivée devant d'autres staffs, souvent des hauts gradés, personne n'était intervenu; donc, pour moi, tous, à un certain niveau, étaient de connivence.

Seule Isabelle (nom fictif) m'avait un tout petit peu mise en garde, mais bien plus tard; le mal était déjà fait.

Une Église de scientologie qui vole ses employés

J'ai travaillé trois ans pour l'Eglise de scientologie de Lausanne avec un horaire de plus de 12 heures par jours, 6 jours sur 7, et un salaire de misère.

Par deux fois, l'Eglise de scientologie a même retenu les salaires des employés pour pouvoir faire face aux dépenses les plus courantes; cet argent ne nous a jamais été rendu malgré les promesses.

J'ai dû payer tous mes cours et faire des dettes pour acheter mes auditions de scientologie, soit un total de 80'000 euros et cela malgré les promesses de cours et d'auditions gratuites faites aux employés dans les règlements de Ron Hubbard ...

(Ndlr : Pierrette n'a pas compté dans les 80'000.- ci-dessus les 14'000.- avancés de sa poche pour l'achat du matériel de son bureau et jamais remboursés par la si riche trésorie de l'Eglise de scientologie ...)

Durant la première année, je n'ai reçu aucun salaire car il fallait que je réussisse auparavant les examens me donnant le statut de staff (employé de scientologie) ... Pour ma deuxième années de travail, j'ai gagné 2'600 euros, ce qui fait 215 euros, et, pour ma troisième année comme la situation financière de l'org s'est dégradée, certaines semaines je ne recevais que 6 ou 15 euros ... et même plusieurs fois, alors que mes statistiques étaient BONNES, je n'ai rien reçu !

J'évalue à 700 euros le salaire maximum qui m'a été versé pour cette troisième année catastrophique.

La scientologie : c'est une bande de voleur

Comment faisaient ceux qui n'avaient pas d'autres revenus que ce maigre salaire ? Un jour, j'allais l'apprendre à mes dépens.

J'avais cru en l'honnêteté des scientologues. J'avais fait confiance et hébergé un couple de scientologues dans ma maison : je leur ai confié l'argent pour le logement, mais je me suis retrouvée avec des factures impayées de loyer, d'électricité, ainsi que des factures insensées de téléphone (plus de 2'000 euros de frais téléphoniques) ...

Plus j'avançais et plus je perdais mon libre arbitre

Je venais de recevoir un prêt pour acheter cette audition que je ne voulais pas et je ne savais pas encore à quel point je m'étais fait avoir.

Je sentais seulement que quelque chose ne jouait pas, mais quoi ? J'avais reçu de l'audition, j'était montée sur le fameux pont. J'avais gravi les marches, "les grades" pour devenir claire, mais plus j'avançais et plus je perdais mon libre arbitre.

Dès qu'il s'agissait de l'org ou de la Scientologie, je tombais dans une apathie qui me faisait réagir positivement à leur égard, même si cela me mettait en danger. Je perdais toute ma logique, je disais oui et amen, applaudissais à tout rompre à tout et je ne me rendais plus compte que j'agissais de la sorte.

J'étais devenue un robot bien sage, bien obéissant.

Pierrette, Porrentruy, le 10 mai 2005



Suisse : Raël

Doutes sur la "laïcité"du Café féminité

La Presse , 12 mai 2005 par Laure de Gonneville

[Texte intégral]

Le troisième «Café féminité», organisé par des raéliens mardi soir à Lausanne, portait sur la place de la femme dans la société.

Mardi soir, une quarantaine de personnes se sont rendues au troisième «Café féminité» à Lausanne. Organisée par des raéliens, cette rencontre sur la place de la femme dans la société est cependant présentée comme «laïque et apolitique».

Au fond du restaurant de l'Athénée, à Lausanne, une quarantaine de personnes prennent place devant les six organisateurs du Café féminité, mardi soir. «Je vois ici de très belles personnes. Je vous félicite d'être venus», annonce l'animatrice tout en douceur.

Après s'être présentés mais sans citer leur appartenance au mouvement raélien, les initiateurs de cette soirée lancent un petit film. Réalisé par une jeune étudiante, ce court-métrage sur l'affirmation de la femme semble toucher la majorité des gens présents, 45 ans en moyenne. L'animatrice leur demande de réagir et avant tout de se présenter. Mariages étouffants, divorces difficiles, les témoignages très bien racontés émeuvent le reste de l'assistance. Presque chaque personne conclue en acceptant de se joindre à l'association «Femmes Planèt'terre». Des «super!» d'approbation fusent dans la salle.

Bien que le but de ce troisième café est de «débattre sur les rôles hommes/femmes», tout le monde semble être du même avis. La séance est entièrement filmée.

Laurence (nom fictif), qui participe pour la première fois, s'étonne de la tristesse des gens: «Ils n'arrêtent pas de parler du passé mais faut avancer! Moi, dans la vie, je rigole avec mon mari !» De son côté, Vincent (nom fictif), réfugié derrière une pizza, reste perplexe: «Pfff...ils ne disent pas des trucs extraordinaires. Et puis, ça me paraît dépassé comme discours, non?!»

Présenté comme laïque et apolitique, le café féminité a toutefois été décidé au sein du mouvement raélien, considéré comme une secte. Et si les organisateurs se défendent de faire du prosélitysme, le prospectus de ces rencontres présente la terre avec une autre planète... qui fait vite penser à celle des «extraterrestres Elohims, nos pères», selon les raéliens.

Mais les questions à ce sujet dérangent. Il faut dire que le Café féminité a mauvaise presse ces derniers jours. Les deux premières soirées, le 8 mars et le 12 avril, organisées au restaurant le Ripp's, ont donné lieu à plusieurs articles critiques. Dans une feuille d'information interne au cercle raélien que s'est procurée La Liberté, datée du 23 mars, trois paragraphes sont consacrés au premier Café. Dora Kefi, la principale organisatrice de ces rencontres, rédige un compte-rendu dans lequel elle parle de «mission accomplie». Quant aux exploitants du Ripp's, ils ont été sanctionnés par la police du commerce pour avoir omis de signaler la présence d'un Café féminité dans leur établissement.

Cependant, pour le troisième Café féminité, la police du commerce rappelle que «la liberté d'expression est une réalité en Suisse et qu'elle ne peut pas interdire à un groupe qui se présente comme laïque et apolitique de se réunir».



France : Témoins de Jéhovah

Un témoignage

Web, 15 mai 2005

[Texte intégral]

J'ai connu les TJ en 1969 et je me suis baptisé. A l'époque j'étais jeune et je n'étais pas très éduqué, donc j'étais influençable et ils ont profité pour contrôler tous les aspects de ma vie. Je venais de quitter à Cuba un régime répressif, mais je ne savais pas que j'allais joindre un autre système totalitaire. Sans le savoir j'étais rentré dans un monde d'intolérance ou ils déterminaient même la manière dont je m'habillais et pensais.

Je ne pouvais pas avoir des amis non TJ, on me disait que " l'eau propre devenait sale lorsqu'elle est mélangée à l'eau sale (le monde, les amis non TJ) ". Donc je vivais dans un monde fermé, j'assistais à 3 réunions par semaines, prêchais et bien sûr, lire ou s'informer sur ce qui ont à dire les autres sur les TJ était interdit. Les interdictions étaient nombreuses et souvent stupides. Mais, toute information venant d'autres sources était sensé provenir du Diable, donc contaminée.

Mais ce qui m'a le plus marqué de cette époque, c'est qu'on n'arrêtait pas de nous répéter que la fin du monde viendrait en 1975. J'ai encore une copie d'une Réveillez-vous (entre autres) d'octobre 1968 qui avait comme article: Qu'apporteront les années 70? et on lisait: "..en cette année terminent les 6000 ans de la création de l'homme sur terre, ne serait-il pas logique que la fin arrive en cette année?" Bien sûr ils étaient plus prudent lorsqu'ils écrivaient, étant donné qu'ils avaient prédit la fin du monde en 1914, en 1925, etc. et qu'en 1914 F. Rutherford avait dit que "cette génération verra la fin". Mais partout, ils n'arrêtaient pas de nous dire que la fin viendrait en 1975. On nous décourageait d'étudier et des faire des projets, les gens étaient persuadés que la fin viendrait et ne faisaient pas de projets. Finalement rien ne s'est passé et ils n'ont même pas reconnu leur erreur.

Les TJ sont des obsédés de la fin du monde. Ils donnent l'image d'un Dieu assoiffé de sang qui viendra détruire toute l'humanité pour sauver, bien sûr, les TJ. Leur vision du monde est très négative et ils sont dans l'attente de l'Armageddon où Jéhovah déchaînera sa colère et commettra un vrai génocide.

Enfin, ils appellent ce message "des bonnes nouvelles". Elles n'ont rien de bonnes, car la plupart des gens mourront dans ce génocide.
Ils disaient dans leurs publications que la génération de 1914 verrait la fin, cette génération n'existe plus. Ils annonçaient que Babylone la Grande (nom très agressif qu'utilisent les TJ pour faire référence aux autres religions) serait détruite. Il s'est passé le contraire, après la chute du communisme en Europe de l'est, de nombreuses églises ont été construites et reconstruites, ainsi que dans d'autres endroits. Ils disaient que la prophétie du roi du nord et du roi du sud du livre de Daniel représentait les Etats-Unis et l'URSS et que lors de la fin du monde les deux systèmes seraient à égal. L'URSS n'existe plus. Ils prédisaient que les TJ seraient persécutés dans "une Grande Tribulation", au contraire, la démocratie, avec la liberté de culte qui lui est propre, a gagné du terrain. Après avoir critiqué de manière acerbe pendant des années l'ONU et l'avoir traitée de toutes sortes de noms, ils sont aujourd'hui une ONG de l'ONU, etc., etc. Leurs contradictions sont trop longues à décrire. Mais ce que je trouve terrible, c'est qu'ils continuent à présenter des justifications pour nier qu'ils se sont trompés. Après avoir toujours dit que toute leur information émanait de Jéhovah et que le Corps Gouvernant de Brooklyn était le moyen utilisé par Dieu pour interpréter la Bible, ils essaient de dissimuler leur échec. Ils continuent à nier toutes ces erreurs.

Il y a certains qui disent qu'ils sont humains et que l'erreur est humaine, mais alors, ce qu'ils disent aujourd'hui sera un mensonge demain et en attendant ils continuent à manipuler, à endoctriner et à contrôler les personnes. Ca revient à dire aussi que Dieu s'est trompé, car ils ont toujours dit qu'ils étaient la vérité et les seuls à interpréter la bible correctement. Au lieu de reconnaître officiellement ses erreurs la Watchtower continue à les nier et les gens comme moi, qui exigent la vérité, sont traités d'apostats, d'ennemis de Jéhovah, d'être du côte de Satan, etc. Les Témoins de Jéhovah manipulent les esprits, endoctrinent les gens et les séquelles psychologiques, l'intoxication mentale est telle qu'il est très difficile de s'en débarasser.

Ils ont mis en danger la vie de nombreuses personnes à cause de leur interprétation exagérée de la loi concernant l'interdiction ALIMENTAIRE que fait la bible à l'égard du sang. Laisser mourir quelqu'un pour ne pas lui administrer une transfusion me semble une violation flagrante des plus élémentaires principes chrétiens et universels. Même dans la bible il est écrit que lorsque Jésus, qui pratiquait des guérisons, s'est vu obligé de choisir entre le respect de la loi (le respect du sabbat) et la vie (sauver quelqu'un), il a choisi la vie (voir Mat. 12:9-12).

Les TJ est un système totalitaire où les gens n'ont pas le droit de trop penser et lorsqu'on met en question quelque chose ont est toute suite catalogué de toutes sortes de noms et expulsé si l'on tient à ses idées. Je trouve cette attitude mensongère, intolérante. Ils ont toujours instigué la haine contre les autres religions et aujourd'hui ils ont déclaré la guerre aux ex TJ, ceux qui ont souffert de leur extrémisme et condamnent leurs excès.

Oui, c'est une secte. Qu'est-ce que c'est qu'une secte? Un mouvement religieux souvent détaché d'un autre plus grand, à cause de ses idées extrémistes, et qui affirme détenir des vérités qu'aucun autre groupe religieux possède. Ils condamnent les autres, ceux qui ne croient pas en leur message ou ceux qui pratiquent " la mauvaise religion ", et ils les condamnent à la destruction éternelle. Ils affirment aussi qu'ils seront les seuls élus. Bref, une image terrible de Dieu. Cela décrit très bien la mentalité des TJ, alors ce n'est pas la peine de dire que c'est une religion. C'est une secte fermée.

J'espère que les personnes qui sont encore victimes des TJ réfléchissent et comprennent que ceux qui ont peur que les gens s'informent, c'est parce qu'ils ont un passé ténébreux et qu'ils ont besoin de le maintenir caché. Informez-vous sur les TJ, sur ce qui ont à dire les gens qui ont vécu sous leur joug. Ecouter les autres. Faites de la recherche sur les origines des TJ, leurs fausses prophéties, etc.

Celui qui interdit l'information est un ennemi de la vérité.



France : Kabbale

Madonna a renoncé à Cannes...

Canalstars, 17 mai 2005

[Texte intégral]

Madonna s'était vue proposer de faire partie du jury au 58e Festival du Film de Cannes qui bat actuellement son plein. Mais la star a dû décliner l'offre car sa présence sur la Croisette lui aurait fait rater ses réunions kabbalistiques à Londres ! "On avait parlé d'elle pour être dans le jury mais du fait de sa religion, ce n'était pas possible, a expliqué Thierry Frémaux, le patron du Festival. Elle aurait dû retourner à Londres chaque samedi - ou peut-être était-ce chaque vendredi -, elle n'aurait donc pu être présente pendant au moins deux jours. Forcément, ça ne pouvait pas le faire", a-t-il regretté.

Et une touche de glamour en moins sur la Croisette... (JG)



Arménie : Sectes

Manifestation contre les sectes à Erevan

ARMENEWS, 17 mai 2005

[Texte intégral]

A l’appel du parti Nation unie, des manifestants ont défilé dans les rues de Erevan dimanche, au son de slogans hostiles aux sectes. Les Témoins de Jehovah, une secte particulièrement bien implantée en Arménie, étaient la cible privilégiée de la manifestation aux forts relents anti-américains, ce dont ne se cache d’ailleurs pas le leader du parti, Gor Tamazyan, en dénonçant une secte qui n’est qu’une " marionnette des Etats-Unis qui détruit nos valeurs nationales ".

Si M. Tamazyan est un détracteur farouche des sectes, dont le nombre et les fidèles ne cessent de croître en Arménie en dépit de l’intense campagne menée contre elles par l’Eglise arménienne et les pouvoirs publics, il ne range pas au nombre d’entre elles les Païens arméniens, non pas parce qu’ils comptent de nombreux disciples dans les plus hautes sphères de l’Etat arménien, mais parce que le paganisme appartient selon lui au passé de l’Arménie et serait donc constitutif de son identité nationale.

M. Tamazyan compte sur le président du Parlement arménien Arthur Baghdassarian, qui lui aurait promis de déployer tous ses efforts pour que l’Eglise apostolique arménienne soit protégée par la loi. Rappelons que le premier ministre arménien Andranik Markarian avait annoncé dernièrement que le gouvernement allait durcir la législation en vigueur, plutôt libérale, sur les religions. L’Arménie compterait une trentaine de sectes, dont la plus importante est les Témoins de Jehovah, qui rassembleraient de 18 000 à 30 000 fidèles.



France: Sectes

Les charlatans sont plus à craindre que les sectes

Le Figaro , 17 mai 2005

[Texte intégral]

«Dans le coaching, on trouve le meilleur comme le pire, aussi bien en terme de formations que d'intentions», explique-t-on à la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes.

Mais, dans ce domaine, ce sont surtout les charlatans et les incompétents qui sont dénoncés. «Certes, les dérives ésotériques peuvent porter vers des mouvements à caractère sectaire mais elles ne sont pas si courantes ou au moins pas plus qu'ailleurs.»

Prudence, esprit critique et bon sens sont les simples outils conseillés auxquels peut s'ajouter une consultation au service central de contrôle de la formation professionnelle.

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NB : "Les dérives ne sont pas si courantes et il n'y en a pas plus qu'ailleurs.." nous voici enfin rassurés ! Mathieu Cossu



France: Sectes

Assemblée Nationale - Question - Réponse ( Gerard Weber)

JO , 18 mai 2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 36358 de M. Weber Gérard ( Union pour un Mouvement Populaire - Ardèche ) QE
Ministère interrogé : intérieur
Ministère attributaire : intérieur
Question publiée au JO le : 23/03/2004 page : 2183
Réponse publiée au JO le : 18/05/2004 page : 3704
Date de changement d'attribution : 31/03/2004
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : lutte et prévention
Texte de la QUESTION : M. Gérard Weber appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales sur la création d'associations de type loi 1901. Il suffit simplement de déposer un dossier complet à la préfecture qui établit un accusé de réception à ladite association et l'inscrit au Journal officiel. Ceci concerne également les sectes, dont un rapport parlementaire a donné la liste ainsi que la « dangerosité » de chacune d'entre elles. Or, toutes ces sectes peuvent créer une association et s'installer où bon leur semble, y compris celles qui sont considérées aujourd'hui comme très dangereuses. Aussi, il souhaiterait connaître sa position à ce sujet.

Texte de la REPONSE : L'honorable parlementaire s'étonne de ce que les sectes puissent aisément se constituer sous la forme d'association de type loi 1901. Il faut avant tout souligner que la notion de secte est une notion de fait et non de droit, et qu'il ne s'y attache aucune conséquence juridique. Par ailleurs, la liste des mouvements figurant dans le rapport parlementaire « Les sectes en France » publié en décembre 1995, auquel l'honorable parlementaire fait référence, est un instrument indicatif mais dépourvu de valeur normative. Il n'existe pas de réglementation spécifique pour les mouvements dits sectaires. Le droit commun leur est applicable, y compris en matière de création d'association. Il est exact que nombre de mouvements à caractère sectaire sont constitués sous la forme d'association déclarée régie par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Comme le relève l'honorable parlementaire, les formalités visant à l'acquisition de la personnalité juridique par l'association sont simples. Prévue à l'article 5 de la loi du 1er juillet 1901, la procédure consiste en une déclaration préalable à la préfecture du département où l'association a son siège, par un dépôt des statuts en double exemplaire. La déclaration doit mentionner la dénomination de l'association, son objet, le siège de ses établissements, les noms, professions, domiciles et nationalités de ses responsables. Un récépissé doit être fourni dans un délai de cinq jours à compter du dépôt. Seule la procédure d'insertion au Journal officiel confère officiellement la personnalité morale à l'association déclarée. L'administration ne peut en aucun cas refuser le récépissé dès lors que les formalités matérielles ont bien été accomplies : elle dispose en la matière d'une compétence liée qui la contraint à délivrer le document. En d'autres termes, la déclaration et l'obtention d'un récépissé comme preuve de celle-ci sont un droit pour l'association si elle satisfait aux conditions administratives prévues. Il n'existe donc pas de contrôle a priori permettant à l'administration d'écarter alors les mouvements à caractère sectaire. Le principe de liberté d'association implique en effet la liberté la plus large dans le choix des statuts. Imposer un mode de fonctionnement aux associations constituerait une atteinte au principe fondamental reconnu par les lois de la République dégagé par le Conseil constitutionnel. Toutefois, à l'instar de toute association déclarée, le mouvement à caractère sectaire, conformément à l'article 3 de la loi de 1901, ne doit pas avoir un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes moeurs ou portant atteinte à l'intégrité du territoire et à la forme républicaine du Gouvernement. Le cas échéant, le ministère public peut décider de diligenter une procédure de dissolution, conformément à l'article 7 de la loi de 1901. Tant qu'une association ne fait pas l'objet d'une dissolution administrative ou judiciaire, elle jouit des libertés constitutionnellement reconnues et peut exercer l'activité correspondant à son objet dans le strict cadre des lois en vigueur. Il convient d'ajouter que les services du ministère de l'intérieur se montrent particulièrement vigilants à l'égard de tout mouvement, quel que soit leur statut juridique, et veillent à s'assurer que leurs agissements ne tombent pas sous le coup de qualifications pénales.
UMP 12 REP_PUB Rhône-Alpes O



France: Sectes

«Les sectes n’ont plus pignon sur rue»

20 minutes, 19 mai 2005

[Texte intégral

Charline Delporte
Présidente de l’ADFI (Association de défense des familles et de l’individu) de Lille.

L’ADFI est née à Lille il y a trente ans pour soutenir les familles face aux sectes. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les sectes sont toujours là, mais elles n’ont plus pignon sur rue.

Elles se cachent ?

Oui. Les témoins de Jéhovah, qui représentent 45 % des demandes reçues par l’ADFI de Lille, s’infiltrent beaucoup dans le domaine médical, chez les médecins et à travers des associations comme l’Association des droits des patients. La Scientologie, qui a fermé sa représentation à Lille parce que l’Adfi l’embêtait, reste sous la forme de l’association Oui à la vie, non à la drogue. La secte Moon se cache derrière les « Bâtisseurs pour la paix », la secte hindouiste Saï Baba derrière l’asso Seva qui distribue des soupes aux sans-logis...

Y-a-t-il une recrudescence ?

En 2004, nous avons été contactés par 700 familles à Lille, contre moins de 500 en 2003. Il faut renforcer la vigilance.

En avez-vous les moyens ?

Oui. Les responsables politiques nous soutiennent. Et l’institution judiciaire répond présente. Grâce à cela, nous luttons à armes égales. Recueilli par O. A.

A savoir :
ADFI 19, place Sébastopol à Lille, l’ADFI assure un accompagnement juridique et psychologique. Prendre rendez-vous au 03 20 57 26 77.



France: Médical - Kinésiologie - Kryeon - Stop au cancer

Les charlatans du nouveau millénaire

Nouvel Obs , 19 mai 2005 par Hubert Prolongeau

[Texte intégral

Surfant sur l’attrait pour les médecines venues d’ailleurs, une flopée de start-up sectaires ont fleuri. Echantillon

Fini les prophètes allumés? Pas encore, à entendre Claude Vorhilon, le messie autoproclamé des raéliens, divaguer sur la venue des extra-terrestres et le clonage humain. Mais tous les spécialistes l’attestent: les sectes qui montent sont de moins en moins attachées à la figure d’un maître. Et de plus en plus à une thérapie délirante! Guérison du cancer par la consultation psy, traitement du sida par imposition des mains, rattrapage du retard scolaire par l’isolement des enfants… Le tout bien entendu moyennant consultations, séances de formation et autres stages à régler rubis sur l’ongle. «Nous n’avons pas vu venir l’évolution, avoue Catherine Picard, présidente de l’Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu (Unadfi). La diffusion d’une technique est très difficile à contester: on ne peut intervenir que sur des délits, et les juges ne mettent plus que rarement en avant les dérives sectaires.» Et pourtant les cas d’exercice illégal de la médecine, d’éloignement des systèmes de soins traditionnels ou d’emprise sur les familles sont légion. D’après des associations spécialisées, pas moins de 500000 personnes seraient touchées en France. A toutes fins utiles, voici le portrait de trois de ces organisations qui bien entendu contestent farouchement leur assimilation aux mouvements sectaires.

Touché par la kinésiologie

Théorie. Science de la «santé par le toucher», la kinésiologie est née dans les années 1960 aux Etats-Unis. Elle affirme que l’on peut détecter les malaises, voire les soigner, par des tests musculaires. Elle s’est développée dans trois domaines: la santé, l’éducation avec l’«édukinésiologie», la psychothérapie avec le «trois en un». Etre formé à la kinésiologie ne demande aucun autre savoir préalable, et se fait par des stages de formation onéreux. La théorie investit des champs de plus en plus nombreux, chacun pouvant l’intégrer à d’autres soins ou thérapies. Roland Hamond, président de la Fédération française des Kinésiologies spécialisées, nie le côté sectaire de la pratique qu’il défend: «Sans doute y a-t-il quelques brebis galeuses. Mais elles ne suffisent pas à dévaloriser une science reconnue dans des pays voisins de la France et dont les résultats sont indéniables, même s’ils ne sont pas toujours explicables.»

Dangers. Les formations sont tournées vers les enfants. Beaucoup de témoignages de conjoints ou de grands-parents d’adeptes mettent en avant l’emprise des kinésiologues sur leurs patients.
Paravents. Il existe une Fédération française des Kinésiologies spécialisées, une Fédération des Ecoles de Kinésiologie et 19 écoles.
Tarifs. Une séance d’une heure coûte normalement entre 38 et 50 euros.
La justice. En 2000, un bébé de 16 mois dont les parents sont des adeptes de kinésiologie est mort de malnutrition. L’affaire est en cours. Le TGI de Nanterre a condamné un médecin kinésiologue à trois mois d’interdiction d’exercice, mais l’appel a infirmé la sentence.

A l’école des «enfants indigo»

Théorie. Certains enfants un peu atypiques (hyperactifs, dyslexiques, surdoués ou en échec scolaire) sont en fait des extraterrestres. On les reconnaît à leur aura bleue. Ils survivront à la fin du monde, prévue pour 2012, et ont des dons de guérisseur, en particulier contre le sida. En attendant, il faut les élever à part, d’autant plus qu’ils développent des tendances suicidaires. Un prédicateur, Lee Carroll, est en contact avec l’ange Kryeon dont il rapporte un message apocalyptique qui emprunte à la gnose, au New Age et au transfert des énergies. Il a vendu 25 millions d’exemplaires de ses livres à ce jour.
Dangers. Déséquilibre des enfants élevés pour une mission divine et avec d’autres «indigos», détournement des soins médicaux traditionnels.
Paravents. Un réseau d’une centaine de thérapeutes labélisés «EMF-balancing», qui utilisent une technique d’imposition des mains, et des boutiques «Kryeon». Des réunions d’information sont régulièrement organisées. Un premier forum consacré à eux s’est tenu à Saint-Malo en 2003.
Tarifs. 50 euros la lecture d’un dessin d’enfant indigo, 764,50 euros un stage de trois jours pour apprendre à soigner avec l’énergie des anges.
Plaintes. Une affaire à Bordeaux, où un père demande que l’on retire son enfant à une mère qui fréquentait les «indigos», est en cours d’instruction. Au ministère de l’Education nationale, on ne connaît aucun établissement privé hors contrat se revendiquant du mouvement. Mais les thérapies se multiplient à Grenoble, à Marseille et en Gironde.

L’étrange docteur Hamer

Théorie. Selon le dogme de la «médecine nouvelle» diffusé par l’ex-docteur Gerd Ryke Hamer, le cancer serait causé par un choc psychique brutal, et créerait chez le malade un conflit dont la disparition entraînerait celle du mal. Chimiothérapie comme ablation de la tumeur ne font que retarder la guérison tant que le conflit psychique n’est pas réglé. Ainsi, le cancer du poumon n’est pas causé par la cigarette, mais par la peur de la mort induite par la cigarette. La douleur doit donc être acceptée comme telle, puisqu’elle aide à la prise de conscience.
Dangers. Le recours aux médicaments est considéré comme inutile.
Paravents. Des émules de Hamer diffusent des théories approchantes: ainsi Claude Sabbah, et sa «biologie totale des êtres vivants», ou Gérard Athias, et son «décodage biologique».
Condamnation. Hamer est en prison à Paris pour trois ans pour exercice illégal de la médecine. Il avait déjà été radié de l’Ordre des Médecins en Allemagne. Plusieurs malades sont morts en suivant ses conseils.



France: Sectes

Les nouveaux pièges des sectes

Nouvel Obs , 19 mai 2005

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Les gourous d’aujourd’hui se font passer pour psys, consultants ou coachs... Les « dérives sectaires » se multiplient. Explication et reportages

Depuis une dizaine d’années, la France s’est dotée d’un arsenal juridique et administratif pour lutter contre les sectes. Pourtant, le danger n’a pas disparu. Bien au contraire. De nouvelles formes d’embrigadement se développent. Par la formation professionnelle, le coaching, le conseil psychologique ou diététique, des «consultants» de tout poil abusent des personnalités les plus fragiles. Charlatanisme, manipulation mentale, escroquerie… Quels sont les nouveaux risques sectaires? Comment lutter efficacement et équitablement? Interview croisée de Jean-Louis Langlais, président de la Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires, et Philippe Vuilque, député socialiste des Ardennes et membre d’une commission parlementaire spécialisée.

Le Nouvel Observateur. – Y a-t-il recrudescence des sectes?

Jean-Louis Langlais.– Soyons sérieux! Il ne faut pas écouter les observateurs alarmistes. La France n’est pas une terre d’accueil pour les mouvements sectaires. Depuis deux ans, on constate tout à fait le contraire. Les mouvements «orientalisants» de Moon, Hare Krishna ou Soka Gakkai ont disparu. Les raéliens ont prononcé la dissolution de toutes leurs associations françaises: la loi de bio-éthique du 6 août dernier, qui interdit le clonage reproductif et la publicité du clonage, y est sans doute pour quelque chose. Les Témoins de Jéhovah ont transféré toutes leurs activités d’édition, de librairie à l’étranger. Ils ne sont pas revenus en France depuis 2002.
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Sur le plan judiciaire, il y a eu des décisions fortes: la condamnation de l’Eglise de Scientologie parisienne pour mauvaise utilisation de fichiers informatiques sur le fondement de la loi informatique et libertés. La Cour de Cassation a aussi confirmé la condamnation des Témoins de Jéhovah à 40 millions d’euros pour dettes fiscales non payées. Enfin, à Nantes, le gourou du mouvement apocalyptique Néophare a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour avoir conduit un adepte au suicide. Il a fait appel… J’ajoute que pour la première fois en France, dans une affaire aujourd’hui en appel, la fameuse loi About-Picard de 2001, qui permet de punir l’«abus de faiblesse», a des chances d’être appliquée.

Philippe Vuilque. – Il n’y a pas véritablement de recrudescence du mouvement sectaire. Mais une transformation et une adaptation très pernicieuse que les pouvoirs publics ont du mal à prendre en charge. Les grands mouvements font mine de disparaître pour mieux réapparaître: ils se scindent en une myriade d’associations, de petits groupes locaux particulièrement difficiles à appréhender. Et puis de nouvelles formes d’embrigadement se développent: par la formation professionnelle, le coaching, le conseil psychologique ou diététique, des «consultants» de tout poil abusent des personnalités les plus fragiles… Dans ce contexte, on peut regretter que le gouvernement n’adopte pas une attitude plus offensive…

N. O. – Comment combattre ces nouvelles dérives?

J.-L. Langlais. – Ce n’est pas facile. On assiste à la multiplication de petits groupes qui prospèrent sur les terrains de la santé, du bien-être, du développement personnel, de l’ésotérisme, de l’occultisme, etc. C’est le fruit d’un changement culturel. Les Français sont peut-être moins cartésiens, de plus en plus non conformistes. La vague du New Age, c’est cela. Et je connais beaucoup de gens à qui ça fait beaucoup de bien. Mais certains voient un risque d’emprise dans tout ce qui n’est pas validé par la Faculté ou les grandes religions établies.
Il y a effectivement des gens qui profitent de cet engouement. Vous avez un petit nombre de charlatans, d’escrocs et de gourous qui sont dans une logique de manipulation. Que peuvent faire les pouvoirs publics? Ils ne peuvent réagir qu’au cas par cas, lorsque des individus ou des groupes nuisent à l’ordre public ou contreviennent à la loi. Certaines pratiques ou croyances peuvent se révéler très destructrices pour l’individu mais n’attentent pas nécessairement à l’ordre public. Doit-on intervenir? L’Etat est le garant du respect de la liberté individuelle. Mais, dans l’immense majorité des cas, les adeptes adultes sont consentants. Notre rôle premier consiste donc à assurer la protection des jeunes contre l’abus qui peut être fait de leur faiblesse. Exemple: la transfusion sanguine proscrite par le dogme des Témoins de Jéhovah. Est-ce qu’on peut, contre le gré des parents, transfuser un enfant qui est en danger? La solution fournie par la loi Kouchner, c’est que, le temps des soins, le juge décharge les parents de leur autorité de façon à permettre au médecin de procéder à la transfusion.

Ph. Vuilque . – Dans la lutte contre les sectes, on agit toujours sur le fil du rasoir. Bien sûr, il ne faut pas que cela tourne à l’obsession. Mais beaucoup d’observateurs, de parlementaires, de membres d’associations d’aide aux victimes ont le sentiment que, depuis quelque temps, les pratiques sectaires se banalisent. Les nouvelles sectes proposent des soins, des conseils, des services divers… Elles y gagnent en crédibilité. Et, à ne pas vouloir désigner les fauteurs de troubles, on s’interdit d’agir. Je fais partie d’un groupe de 70 parlementaires venus de tous les horizons politiques qui réfléchissent ensemble à la question. Nous avons demandé la création de deux commissions d’enquête sur les sectes dans le domaine de la formation professionnelle et le secteur médico-social. Nous attendons une réponse depuis deux ans…

N. O. – L’action des pouvoirs publics aurait-elle faibli ces deux dernières années?

J.-L. Langlais. – On nous fait un mauvais procès. Depuis la création de la Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires (Miviludes), l’activité des services de l’Etat s’est considérablement accrue. Le conseil d’orientation de la Miviludes rassemble des parlementaires, des juristes, des médecins, des sociologues, des hauts fonctionnaires ainsi que des représentants du Conseil économique et social et des associations. Tous les deux mois, je réunis le comité exécutif interministériel constitué de vingt représentants issus des principales administrations. Nous avons aussi mis en place des cellules de vigilance départementales. Nous en avons créé treize nouvelles cette année. Nous avons sorti des documents, un «Guide de l’agent public», deux rapports annuels (2003, 2004). Les pouvoirs publics français sont sans aucun doute les plus vigilants d’Europe. Mais il est vrai que nous nous sommes moins exposés que nos prédécesseurs. Je n’ai pas couru les plateaux de télévision, je n’ai pas multiplié les interviews comme celle-ci, qui sera certainement ma dernière avant mon départ à la retraite, cette semaine! Et puis je considère que l’Etat n’a pas à être militant en la matière. Je préfère parler de «vigilance et de lutte contre les dérives sectaires» plutôt que de «lutte contre les sectes». Il s’agit moins d’attaquer le mouvement, la doctrine, la croyance que de réprimer les agissements attentatoires aux droits de l’homme, aux libertés fondamentales, aux bonnes mœurs, à l’ordre public… Nous devons garantir le respect de l’ordre public, mais nous n’avons pas à instaurer un ordre moral ni à faire une police de la pensée. Ph. Vuilque. – Je reconnais le travail accompli par la Miviludes. Mais, dans un cadre si étroit, le gouvernement Raffarin a estimé que la précédente Mission interministérielle de Lutte contre les Sectes (Mils) en avait trop fait, il souhaitait apaiser le débat et normaliser les relations entre le gouvernement français, les pouvoirs publics et les organisations sectaires. Un recentrage qui rend l’action de la Miviludes un peu trop discrète. Directement rattachée à Matignon, elle est gênée quand Sarkozy reçoit Tom Cruise, le VRP de la Scientologie. Et quand des associations locales des Témoins de Jéhovah demandent le statut d’association cultuelle pour bénéficier d’avantages fiscaux. Les préfets et le ministère de l’Intérieur ont tendance à laisser faire au motif que cela ne constitue pas une menace pour l’ordre public. Je fais partie de ceux qui préféreraient qu’on oppose aux demandes de ces associations le principe de la protection des enfants. Les fils et filles de Témoins de Jéhovah doivent suivre l’enseignement du mouvement. Leur santé est mise en péril par les croyances divulguées par cette organisation…

N. O. – Le problème de toute politique publique ne tient-il pas à la difficulté de définir ce que recouvre le terme de secte?

J.-L. Langlais. – La définition est très problématique en effet. On peut reconnaître une secte à quelques critères qui figuraient dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire de 1995: déstabilisation mentale, exigence financière exorbitante, rupture avec l’environnement d’origine, atteinte à l’intégrité physique, embrigadement des enfants… Mais cela ne résout pas le problème de l’action publique. Car il y a dans toute secte un élément irrationnel de séduction: la plupart du temps, au départ au moins, la victime est consentante. Comment venir en aide à des gens qui, au démarrage au moins, ont été consentants et heureux? L’autre difficulté consiste à faire la différence entre secte et religion. L’Etat ne peut définir la secte sans définir la religion, et par conséquent attenter à la liberté fondamentale des croyances. Bien des sectes se présentent sous un masque religieux parce que ça leur donne une respectabilité plus grande. Elles se disent «Eglises», même «Eglises athées» comme les raéliens, qui, aux Etats-Unis et au Canada, peuvent ainsi bénéficier d’exemptions fiscales intéressantes.
Nous sommes aussi confrontés au problème du fondamentalisme religieux, y compris à celui des grandes religions établies: catholicisme, judaïsme, islam… Une lecture littérale du dogme religieux peut conduire à des pratiques qui mutilent la liberté individuelle. Récemment, le diocèse de Lyon a dissous une congrégation de femmes dont le comportement ne garantissait pas la totale liberté de conscience. Là, l’Eglise catholique a fait sa propre police. Mais le fondamentalisme touche aussi l’islam. Il y a là un sujet évidemment capital, mais que nous n’avons pas jusqu’à maintenant eu les moyens d’approfondir.

Ph. Vuilque. – Toute religion contient les germes d’une dérive fondamentaliste ou sectaire. Le problème, c’est de définir la frontière entre une pratique respectable et un intégrisme potentiellement dangereux. La Mils avait fourni en son temps une définition assez explicite: «La secte est une association de structure totalitaire, déclarant ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte aux droits de l’homme et à l’équilibre social.» Je pense que les pouvoirs publics français pourraient aussi se référer à une définition éclairante donnée par les institutions belges: est considéré comme une secte «tout groupement à vocation philosophique ou religieuse ou se prétendant tel, qui dans son organisation ou sa pratique se livre à des activités illégales, dommageables, nuit aux individus ou à la société ou porte atteinte à la dignité humaine».

N. O. – Y a-t-il un projet européen spécifique de lutte contre les sectes?

J.-L. Langlais. – Non. Il faudrait rapprocher des philosophies, des notions juridiques et des dispositifs administratifs très différents d’un pays à l’autre. Le concept français de «dérives sectaires» pourrait être transposé. Mais il y a des réticences, notamment dans les pays scandinaves et anglo-saxons, très attachés à la liberté de culte. Quelques pays cependant s’intéressent à notre notion de manipulation mentale: l’Italie et l’Espagne voudraient introduire une loi pour réprimer ce délit. La Belgique également, qui est sans doute le pays le plus proche des conceptions françaises. Et l’Autriche enfin, qui a adopté un dispositif de vigilance proche du nôtre.

Ph. Vuilque. – L’Europe ne fait pas grand-chose contre les sectes. Il y a un embryon de réflexion collective sur le sujet. Tous les pays s’inquiètent de la diffusion des théories New Age, de l’éparpillement des nouveaux groupes et de leur caractère insaisissable. Mais une vraie politique commune reste entièrement à concevoir. En tout cas, il faut arrêter de répéter que le projet de Constitution va mettre en péril la laïcité et faciliter les affaires des gourous de tout poil. Sur ce point, le traité est clair: il reprend une partie de la «Déclaration universelle des droits de l’homme» de 1948. Rien de scandaleux! La règle de la laïcité s’appliquera dans les pays selon la législation nationale et sa propre conception de l’ordre public.

N. O. – Combien y a-t-il en France de victimes des sectes et qui sont-elles?

J.-L. Langlais. – On ne sait pas chiffrer précisément le nombre des adeptes appartenant à des mouvements de caractère sectaire. On a parlé naguère de 400000 individus, puis de 200000… En vérité, on ne sait pas. Je préfère donc ne plus donner de chiffres. Un de nos rapports fait apparaître qu’on dénombre en moyenne une dizaine de mouvements problématiques par département. Quant au profil sociologique des adeptes, contrairement à une idée répandue il ne s’agit nullement d’individus appartenant aux catégories les plus pauvres de la population. Leurs origines sociales et leur niveau intellectuel sont supérieurs à la moyenne. On comprend bien que les sectes ne ciblent pas le quart-monde. Elles préfèrent s’adresser à une clientèle beaucoup plus solvable. D’où le danger des organisations sectaires œuvrant dans les secteurs de la formation ou du coaching, qui recherchent des cadres qui ont des difficultés professionnelles ou familiales. On a aussi observé que les sectes démarchaient de plus en plus volontiers les victimes de catastrophes naturelles. Certaines organisations ont été très actives après l’explosion d’AZF à Toulouse. Ou plus récemment pour porter secours aux victimes du tsunami. Le mouvement scientologue a affrété un avion et établi une mission au Sri Lanka par exemple…

Ph. Vuilque. – Ce qui est intéressant du côté des victimes, c’est qu’elles hésitent un peu moins à témoigner et à porter plainte. La parole n’est pas encore totalement libérée, loin de là, mais l’attention portée au phénomène depuis dix ans, les lois adoptées et les décisions de justice les aident à déculpabiliser. Mais je regrette que le gouvernement n’ait pas appuyé la proposition parlementaire d’allonger le délai de prescription de trois ans à cinq ans pour les faits de manipulation mentale. Les victimes de secte ont besoin de longues années pour se reconstruire, renouer avec leur famille et oser se retourner contre les organisations qui les ont aliénées.

N. O. – Les mouvements sectaires pratiquent le lobbying pour faire avancer leur cause. Parviennent-ils vraiment à infiltrer les hautes sphères de l’Etat, comme on le dit parfois?

J.-L. Langlais. – C’est la théorie du complot. Je ne crois pas du tout à cette menace. Les sectes les plus structurées cherchent surtout à communiquer, à améliorer leur image. Elles le font en recrutant des célébrités. Mais aussi en portant attention aux plus démunis, en prenant partie pour des causes nobles: la lutte contre la drogue, l’assistance aux victimes des catastrophes naturelles, l’aide aux détenus dans les prisons… Ces actions leur permettent aussi d’entrer en contact avec de nouveaux publics.

Ph. Vuilque. – Il faut savoir que toutes les grandes sectes font un lobbying effréné auprès des décideurs politiques et économiques. Nous-mê-mes, parlementaires, sommes assaillis de publications. La Scientologie nous adresse le magazine «Ethique et liberté». Le dernier numéro portait sur «Les jeunes en danger et la psychiatrie». Bien sûr, le nom de la Scientologie n’apparaît pas, mais c’est bien elle qui se cache derrière la «commission des citoyens pour les droits de l’homme en France» qui signe le document. Il n’empêche qu’une vingtaine de mes collègues se sont fait avoir: ils ont été jusqu’à déposer des questions écrites au ministère de la Santé au sujet de la «psychiatrie qui s’en prend aux adolescents», en se fondant sur les informations contenues dans une publication scientologue! L’autre grand danger, c’est évidemment l’attrait que peuvent représenter les people qui embrassent la cause des sectes. Grâce à Sophie Favier, la Kabbale peut passer à la télé…

N. O. – L’argent est le nerf de la guerre. Comment «frapper» les sectes au portefeuille?

J.-L. Langlais. – Il est vrai que c’est en attaquant leur trésor de guerre qu’on peut démanteler certains groupes aux activités commerciales florissantes. Un rapport parlementaire de 1999 sur les sectes et l’argent l’a bien montré. Mais, à se sujet, nous devons respecter la notion juridique du «secret fiscal», à laquelle tous les citoyens sont légitimement attachés. Nous travaillons en bonne entente avec les services fiscaux, mais dans le strict respect de ce principe.

Ph. Vuilque. – J’ai fait partie de la commission d’enquête sur les sectes et l’argent. On en a appris de belles! Bien des responsables de mouvements sectaires que nous avons auditionnés avouaient clairement être là pour faire du fric et se fichaient éperdument des prétentions religieuses de leur mouvement. Alors j’espère que le gouvernement, quel qu’il soit, saura se montrer plus offensif. La personnalité du remplaçant de Jean-Louis Langlais fournira bientôt une bonne indication. En tout cas, les associations de défense et les parlementaires sont, eux, prêts à se retrousser les manches…


Adresses utiles

Mission interministériellede Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires (Miviludes)
66, rue de Bellechasse, 75007 Paris; www.miviludes.gouv.fr
Union nationale des Associationsde Défense des Familleset de l’Individu (Unadfi)
130, rue de Clignancourt, 75018 Paris; 01-44-92-35-92; www.unadfi.org
Centre de Documentation,d’Education et d’Action contre les Manipulations mentales (CCMM)
3, rue Lespagnol, 75020 Paris;01-44-64-02-40.
Psychothérapie Vigilance
BP n° 2 bis, 65290 Juillan;05-62-32-03-70; www.PsyVig.com



France: Soins psy

Quand les psys dérapent

Nouvel Obs , 19 mai 2005 par Georges Dougueli

[Texte intégral]

Francesca (1) a disparu sans laisser d'adresse. Mais Paul garde un souvenir amer de leurs quelques mois de vie commune. Elle se prétendait "psy". "Mais elle n'avait pas de diplôme. Elle disait qu'elle avait suivi des stages pour apprendre les techniques." Pourtant sa "consultation" ne désemplissait pas. "Des malheureux qui se réunissaient pour d'interminables séances de méditation, toujours en présence de son "associé", un gourou en fait, qui en imposait à tous!" Et entre deux cessions Francesca et son sage méditatif menaient grand train, s'envolaient vers l'étranger grâce à l'argent - liquide - que leur remettaient les patients reconnaissants...

Des affaires de faux psys jouant les rabatteurs pour de vrais gourous, il y en a de plus en plus. Ce stratagème repéré depuis quelques années par les Renseignements généraux et le Conseil de l'Ordre des Médecins est même dûment répertorié par le dernier rapport de la Miviludes. La technique - redoutable - consiste ni plus ni moins à détourner les moyens de la psychothérapie pour placer la victime en état de sujétion, profiter de son état de faiblesse pour la conditionner... Et la détrousser. C'est ainsi que l'hypnose, souvent déguisée en médiation, permet aux psys déviants de mettre au jour des traumatismes prétendument refoulés dans l'inconscient. Il suffit par exemple de faire gober au patient qu'il a été victime d'un inceste dans sa prime enfance pour le couper de sa famille. Au psy, au gourou ou à la secte de lui inculquer dans la foulée une règle de vie aberrante et le tour est joué... Véronique a ainsi vu son mari "découvrir", lors d'une séance un peu spéciale, qu'il avait commis un homicide dans une vie antérieure. Portant son "secret" comme un douloureux karma, ce quinquagénaire a tout plaqué pour intégrer une secte.


Embobiner le patient sur le divan, rien de plus facile jusqu'ici puisqu'il suffisait d'un panonceau pour s'installer comme psychothérapeute. Mais ce ne sera bientôt plus aussi simple: les décrets d'application de l'amendement Accoyer prévoient de réserver l'usage du terme aux professionnels inscrits sur un registre national. Evidemment, la mesure vise à compliquer la vie des charlatans de l'inconscient. Mais elle fait hurler une profession jalouse de ses libertés. "On ne peut protéger les gens des méfaits des sectes qu'en les éduquant", assure le docteur Michel Meignant, président de la Fédération française de Psychothérapie, qui plaide pour une "autorégulation du secteur".

Les associations de défense des victimes sont d'un tout autre avis. Elles militent pour une régulation plus sévère. "Beaucoup de psys donnent dans le New Age, parce que c'est à la mode et que ça plaît aux patients. Mais ils ne veulent pas l'avouer", proteste Guy Rouquet, promoteur de l'association Psychothérapie Vigilance. Le dernier scandale qui défraie la chronique judiciaire met en scène trois psychothérapeutes, un psychiatre et un médecin mis en examen par un juge d'instruction de Pau. Selon des proches du dossier, l'enquête pourrait déboucher sur la mise en cause d'une "secte New Age jouant sur l'utilisation de psychotropes hallucinogènes", dont les ramifications s'étendraient au monde médical et aux congrégations religieuses! "La principale victime, un jeune professeur sans histoire, a été conditionné et dressé par un psychothérapeute dont il n'avait nul besoin", raconte un plaignant. Perte d'appétit, rupture avec l'environnement familial, insomnie: cet adepte, bourré de Prozac par le psy avait renoncé à tous ses projets professionnels pour suivre stages, séminaires et séances de massage. Il envisageait même un voyage en Amazonie pour une cure à base de plantes hallucinogènes et une immersion dans le chamanisme... Seule certitude dans ce ténébreux dossier: les trois quarts de son salaire de prof se sont évaporés. Ainsi que l'intégralité de son compte-épargne.

(1) Les prénoms ont été modifiés.



France: Landmark Education

Chez les gourous en cravate

Nouvel Obs , 19 mai 2005 par Marie Lemonnier

[Texte intégral]

395 euros les trois jours

D’origine américaine, Landmark Education propose des stagesde «transformation» de la personne. Pendant de longs mois, Marie Lemonnier a suivi incognito le lavage de cerveau de cette organisation sectaire

Vendredi 17 octobre 2003, 8 h 45. Hôtel Holiday Inn Paris-la Villette. 1er jour du Landmark Forum.
Deux semaines après la signature de mon contrat avec Landmark Education (LE), dégageant l’organisation de toutes responsabilités en cas de «dommage physique, psychologique et de trouble émotionnel», me voilà nouvelle recrue du Forum avec 80 autres adultes et une poignée d’adolescents. Tous ont en tête les fabuleuses promesses de «transformation» et d’accès à «un autre monde» qu’on leur a faites. Et comme moi-même ils ont déjà pour la plupart assisté à une soirée de présentation du Landmark. La phrase d’Alain Roth, le manager de LE en France, résonne encore comme un slogan publicitaire: «Je vous promets quelque chose d’unique et d’extraordinaire. Si vous êtes au bord du plongeoir, faites un pas de plus. L’eau est bonne.» Coût du plongeon: 395 euros les trois jours et demi, sans bouée de sauvetage.

A l’entrée de la salle de conférences de l’hôtel, deux bénévoles distribuent les badges obligatoires. Il faudra consciencieusement les rendre chaque soir et les reprendre chaque matin. Un moyen efficace de contrôler les absences ou les retards et de vous infantiliser. A l’intérieur, une dizaine d’assistants bénévoles jouent les agents de sécurité, prêts à bondir si vous tentiez de prendre des notes, de filmer ou de fuir à l’anglaise... Les rideaux, entièrement tirés, ne laissent filtrer aucune lumière naturelle, «pour ne pas être perturbés par les passants», nous explique-t-on. Au milieu d’une large estrade, un pupitre et une chaise de metteur en scène: le trône d’Alain Roth, «l’un des 25 meilleurs animateurs du monde», dixit l’intéressé.

Look VRP, ancien d’HEC et de la fac de psycho, le manager de 57 ans se vante d’avoir introduit la «technologie» Landmark en France. Son show est parfaitement rodé. Ecrit en fait sur le cahier posé devant lui. Orchestré à la minute et au mouvement de chaise près! «Ça va être dur, très dur», annonce-t-il l’air satisfait. Enfermés pendant trois jours, de 9 heures à 23 h 30, vissés sur nos chaises, avec une demi-heure de répit toutes les trois heures et une seule pause-repas vers 18 heures, des devoirs à faire le soir pour le lendemain et des exercices pendant les pauses, tout est calculé pour ne jamais relâcher la pression sur les stagiaires, limiter leur sommeil, réduire leurs capacités mentales.
Après quelques anecdotes, les choses sérieuses commencent: l’apprentissage du langage landmarkien. Prendre une résolution, c’est «inventer une possibilité», comprendre quelque chose sur soi-même, «faire une percée», les qualités deviennent «des atouts majeurs», les défauts «des inauthenticités» et les blocages de votre vie «des rackets»... La migraine guette. Marc ne sait même plus ce que veut dire le mot «problème». Alain Roth l’appelle au micro: «Je te donne un exemple. T’as le cancer, t’as un problème?» Réponse de Marc: «Euh, non, j’ai le cancer!» Perdu! Marc a tellement bien intégré l’idée exposée quelques minutes plus tôt selon laquelle «les problèmes ne sont pas, mais que seules les choses arrivent» qu’il ne voit plus de problème nulle part. Et inutile d’émettre l’idée que ce charabia brouille la pensée, Alain Roth n’hésitera pas à imposer sa vérité: «C’est moi le chef. Alors, montrez-vous coachable!» Soumission totale exigée. Mais l’arme absolue d’Alain Roth, c’est l’humour. Vous vous demandiez si vous n’étiez pas dans une secte? Toutes les occasions vont être bonnes pour plaisanter sur le sujet. «Surtout, en allant dîner, n’oubliez pas d’enlever votre badge. Sinon on va penser que vous êtes dans une secte!»

Central dans la méthodologie Landmark, le grand moment des confessions au micro. Un déballage public qui peut soudainement tourner au viol psychologique quand le coach décide d’asseoir son pouvoir en déstabilisant les participants. Ce jour-là, la victime sera Danielle. Une mère qui vient parler de ses problèmes avec sa fille. La scène est glaçante. «Vous prétendez que vous l’aimez, mais vous rigolez ou quoi? – Si, je l’aime...» Roth aboie plus fort: «Vous êtes une enfoirée! Vraiment. C’est grave, vous ne l’aimez pas, vous vous aimez vous!» Elle sanglote. «Bou... bou... et en plus vous passez votre temps à pleurnicher sur vous! C’est pas beau à voir!» «Mais qu’est-ce que je fais avec ça?», implore Danielle. «Si vous voulez faire quelque chose pour votre fille, je ne sais pas moi, vous pouvez vous suicider! Non! C’est pas assez bien. Filez-vous des coups! Trouvez un truc qui vous fasse souffrir. Assurez-vous que ça dure vingt ans et que vous mouriez dans des souffrances épouvantables. Comme ça vous vous sentirez mieux.» Il a porté l’estocade, Danielle peut partir s’asseoir en pleurant. Anesthésiée, l’assistance vient de vivre son premier jeu de massacre. Installés dans une complicité passive, les stagiaires préféreront souvent nier l’agression. «C’est pour son bien.»
Mais Alain Roth choisit ses boucs émissaires, et ses chouchous. Un jeune homme comme Edgar, 25 ans, chemise blanche et physique avenant, responsable d’une ONG humanitaire et jeune marié, fait figure de candidat idéal. Il vient pour gagner en confiance en lui. Son traumatisme: que son père ne l’ait pas défendu quand il est revenu de l’école, après s’être fait «casser la gueule».

Samedi 18 octobre 2003, 9 heures.2e jour du Landmark Forum.
Un retardataire, une demi-heure de sermons. Personne ne moufte, la nuit a été courte. Le rythme s’intensifie. A la mi-journée, je sais à peine comment je m’appelle. On nous a ordonné d’écrire une lettre à un proche dont nous aimerions nous faire pardonner. Ce début d’introspection m’émeut plus que prévu. Je sens mes défenses lâcher du terrain et reviens de la pause un peu troublée. Un nouvel exercice va me faire atterrir. Alain Roth nous demande de fermer les yeux et de penser aux deux personnes assises à nos côtés comme des sources de danger potentiel. «Laissez entrer la peur dans votre corps, dans votre respiration, dans vos tripes, ordonne-t-il. Vous êtes en train d’essayer de vous échapper, mais il n’y a nulle part où aller.» Certains craquent. On entend les pleurs, les tremblements autour de soi.

J’observe un adolescent de 15 ans, blond, timide et légèrement bègue. Hyperconcentré, il absorbe le discours puis va au micro pour raconter la mort de sa mère et sa peine. Pris d’un étonnant courage, il se porte volontaire à l’exercice pour lequel Alain Roth a la délicatesse de demander la participation de «quelqu’un de pas trop con pour qu’on n’y passe pas des heures, mais de pas trop intelligent non plus»! Romain se dit heureux d’oser s’exprimer grâce au Forum. Deux mois plus tard, je le retrouve pâle, dépressif, l’air un peu hagard. Il m’avoue avoir des envies suicidaires et subir des terreurs nocturnes consécutives à son passage au Forum. Ce soir, son père l’accompagne pour comprendre où son fils est tombé. Son verdict: «C’est à l’évidence une secte. Les méthodes employées sont dangereuses.» Déconstruction de la personne, lavage de cerveau, viol psychologique sans suivi, séances d’humiliation collective, un cocktail détonnant pour réduire à néant un ado sensible. Martelez-lui ensuite que «la vie est vide et sans sens», l’idéologie de fond du Landmark, vous aurez pas mal de chances d’obtenir un bon candidat au suicide. Alain Roth nous l’a répété maintes et maintes fois. Après tout, «n’allons-nous pas tous finir dix pieds sous terre, avec un chien qui viendra pisser sur notre tombe»?


Dimanche 19 octobre 2003.3e jour du Landmark Forum.
Le jeu des confessions continue. Mais pour le dernier jour, tandis qu’un tableau nous rappelle en permanence que nous devons nous inscrire au cours avancé, en promotion (595 euros au lieu de 695), Alain Roth insiste sur l’importance de l’enrôlement, seule condition pour réussir sa transformation. «Emouvoir les autres et leur faire partager votre expérience vous permettra d’affirmer qui vous avez décidé de devenir.» Et puis, «si vous aimez sincèrement vos proches», vous ne pouvez pas leur faire rater ça, n’est-ce pas?

Novembre 2003 à février 2004.
Le Forum en action, dix séances de trois heures.
Pour bien assimiler la doctrine et l’appliquer à sa vie, Landmark nous propose une révision en dix points du stage intensif. Difficile d’y échapper vu le harcèlement téléphonique prodigué, environ quatre appels par semaine.
Ce qu’il m’en reste. Premièrement, un agacement dû à la répétition des incitations à recruter et à souscrire aux autres programmes du Landmark, de préférence ceux où l’on vous apprend à être un bon enrôleur (ILP) ou à vous transformer en «bénévoles à tout faire» pour le compte de la société (Assistanat). Edgar, le chouchou, sera très vite entraîné dans la spirale du programme, cumulant les formations. En moins de six mois, rejoint par sa femme, son père et bien d’autres proches et moins proches, il aura versé au moins 1500 euros, passé quatre week-ends à Amsterdam pour le stage d’apprentissage des techniques d’enrôlement... «Un exemple pour tous», selon ses costagiaires.
Deuxièmement, une révolte devant l’endoctrinement et la soumission des participants. Un jour, Françoise, 60 ans, osa parler des abus sexuels dont elle avait été victime enfant. Martha, la coach du jour, lui rétorqua que «tous les enfants ne se faisaient pas abuser». Face à un début de rébellion, Martha persista: «L’identité se met en place à l’âge de 2 ans, on amène ça dans notre vie, c’est la façon d’être que vous adoptez qui fait que ça fonctionne sur vous ou pas.» La séance reprit, dans le silence.

24 mai 2004.
«Pièces à conviction» sur France 3.

L’émission d’Elise Lucet dénonce les malversations fiscales de Landmark Education, l’utilisation abusive d’une armée de bénévoles et rapporte l’existence de poursuites pour «abus de faiblesse et manipulation mentale» dans une affaire de meurtre. Le coup est fatal. L’organisation monte quelques jours plus tard une soirée particulière d’où Alain Roth a étrangement disparu. Venue tout spécialement de New York, Sophie McLean, la responsable de la communication de Landmark International, répond aux interrogations de l’assistance, partagée entre inquiétude et solidarité. Contre les accusations de France 3, elle nous distribue un démenti qui évite soigneusement les points les plus sensibles du reportage. Pourquoi un tel acharnement des médias? Parce que «Landmark Education a une pédagogie de pointe et, en tant que telle, est plus susceptible que d’autres d’être mal comprise».


Juin 2004.
32, rue d’Hauteville.

L’Inspection du Travail débarque dans les locaux de Landmark, constate l’exploitation des bénévoles et dresse des procès-verbaux pour travail non déclaré. Les poursuites s’accélèrent, l’étau se resserre.


Juillet 2004.
Les stagiaires trouvent porte close. La branche française du mouvement est officiellement dissoute. Officieusement, les dirigeants ont repris leurs activités sur Londres et continuent de recruter en France.


Mai 2005.
Sous la forme d’une association d’anciens, une «cellule dormante», qui communique par le biais d’internet, œuvre secrètement en France à l’enrôlement de nouvelles recrues et tente de réunir les conditions nécessaires à la renaissance, sous un nouveau nom, de l’organisation démantelée... Parmi eux, de nombreux stagiaires rencontrés lors de cette année passée chez Landmark qui persistent à ne pas comprendre les accusations portées à l’encontre de la société, qui se sentent dépossédés d’une «famille» et expriment leurs profonds regrets de ne pas pouvoir continuer à «apporter la transformation aux gens». «L’eau est bonne», nous avait dit Alain Roth. Ces eaux-là, nous les avons trouvées en réalité bien troubles.

Certains prénoms de participants ont été modifiés dans le souci du respect de leur vie privée.



Vatican : Religions (Légionnaires du Christ)

Aucun procès canonique en vue

APIC, 23 mai 2005

[Texte intégral]

Rome - Aucun procès canonique ne sera engagé contre Marcial Maciel, le fondateur des Légionnaires du Christ, selon un communiqué de la congrégation en date du 20 mai 2005. Communiqué qui fait suite à l'enquête ouverte par la Congrégation pour la doctrine de la foi au sujet d'accusations graves portées contre Marcial Maciel.

Aucun procès canonique en vue pour le fondateur de la congrégation des Légionnaires du Christ. Cette affirmation a été confirmée par le vice porte-parole du Saint-Siège, le père Ciro Benedettini, interrogé le 21 mai par les médias américains. Ces propos font suite à l'enquête récemment ouverte par la Congrégation pour la doctrine de la foi au sujet d'accusations graves portées contre Marcial Maciel.

"Le Saint-Siège a récemment informé la congrégation des Légionnaires du Christ qu'il n'y a actuellement aucun procès canonique en cours contre son fondateur, le père Marcial Maciel, et qu'aucun procès ne sera engagé", a écrit Jay Dunlap, le directeur des communications de la congrégation des Légionnaires du Christ en Amérique du Nord, dans un communiqué daté du 20 mai 2005. Ces propos ont été confirmés par le père Ciro Benedettini, le vice-directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, interrogé le 21 mai par des vaticanistes américains.

En 1987, le prêtre mexicain fondateur de la 'Légion du Christ', avait été accusé d'abus sexuels commis dans les années 1940, 1950 et 1960 sur de jeunes séminaristes. Le père Maciel avait alors rejeté toutes les accusations venant d'anciens membres de sa propre congrégation. Sa réputation en ayant été éclaboussée, le père Maciel avait clamé à plusieurs reprises son innocence. Sa dernière déclaration sur le sujet remonte au 22 avril 2002, date à laquelle il déclarait "catégoriquement que ces accusations contre lui étaient fausses". "Je n'ai jamais eu le genre de comportement abominable dont m'accusent ces personnes, et il n'y a rien qui soit plus éloigné de mon mode de relation avec les personnes, comme peuvent en témoigner les milliers de Légionnaires du Christ qui me connaissent", avait-il ajouté.

Pourtant, en décembre 2004, la Congrégation pour la doctrine de la foi, dirigée par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger, avait décidé d'ouvrir une enquête approfondie sur les accusations portées par huit anciens séminaristes contre le père Maciel.

En janvier 2005, le Mexicain Alvaro Corcuera âgé de 47 ans était élu, après deux tours de scrutins, nouveau président de la 'Légion du Christ' par le Chapitre général de la congrégation alors réuni à Rome. Il succédait ainsi à la tête de la congrégation au père Marcial Maciel, âgé de 84 ans. "Si le père Maciel ne souhaite plus assumer les responsabilités quotidiennes concernant la gestion de l'ordre religieux, il en restera le conseiller, aidera le nouveau supérieur général, et continuera à donner des conférences, car il demeure le fondateur de la Congrégation", avait toutefois expliqué le porte-parole des Légionnaires du Christ au partenaire de l'agence Apic à Rome, l'agence I.MEDIA. Le père Thomas William avait aussi déclaré que "la démission de Marcial Maciel n'avait rien à voir avec cette affaire" de scandale de moeurs, sur laquelle la Congrégation pour la doctrine de la foi ne les avait d'ailleurs "pas contactés", ce qui aurait dû être fait en cas d'enquête.
Mais s'il a eu des propos similaires en mai 2005, le père William a cependant admis ce mois-ci qu'une pré-investigation était peut-être en cours au Vatican afin de collecter des témoignages et des informations sur le passé de Marcial Maciel.

Le promoteur de justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le père Charles J.Scicluna, s'est en effet rendu au Mexique en avril dernier afin de rencontrer les victimes présumées du père Maciel. Il serait aussi allé aux Etats-Unis pour la même raison. Même si les anciens Légionnaires espéraient que Marcial Maciel soit jugé pour violation du sacrement de la confession - il aurait absout ses élèves après les avoir poussés à commettre des actes sexuels avec lui - les résultats de cette enquête n'ont visiblement pas été suffisamment conséquents pour que s'ouvre un procès canonique contre Marcial Maciel.

Reste désormais à savoir ce qui pourrait être entrepris lorsque le nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Joseph Levada, aura pris possession de ses fonctions en septembre.

La Congrégation pour la doctrine de la foi prescrit cependant qu'un tribunal ecclésiastique ne peut plus accuser un clerc de 'délit contre la morale' ou de 'délit contre la dignité et la sainteté du sacrement de la réconciliation' après les dix ans suivant la majorité de la victime. La Congrégation a cependant la possibilité de déroger à cette règle, au cas par cas. Ces délits peuvent entraîner l'excommunication. Le tribunal de la Pénitencerie apostolique traite pour sa part les affaires non publiques qui relèvent du fors intérieur. Ce n'est pas la première fois que le Vatican enquête sur Marcial Maciel.

Entre 1956 et 1959, il avait été suspendu de ses fonctions par les autorités de l'Eglise catholique, suite à l'accusation d'usage de stupéfiant. Il avait été acquitté.

Marcial Maciel Degollado a fondé la congrégation des légionnaires du Christ en 1941 au Mexique. La branche laïque de la communauté, 'Regnum Christi', fut créée en 1949. La congrégation des légionnaires du Christ compte aujourd'hui plus de 600 prêtres et 2800 séminaristes, présents dans 18 pays d'Europe et d'Amérique. Elle est particulièrement influente au niveau universitaire, avec un réseau de 12 universités, présentes surtout en Amérique latine.



 

Canada : Témoins de Jéhovah

La «médecine sans sang» pour respecter les croyances religieuses

Cyberpresse , 24 mai 2005 par Mathieu Perreault

[Texte intégral]

Un nombre croissant d'hôpitaux américains offrent des programmes de «médecine sans sang», qui cherchent à éviter les transfusions sanguines durant les chirurgies ou les thérapies médicamenteuses, pour respecter les croyances religieuses de certains de leurs patients.

Ce phénomène, à peu près inconnu au Canada, intéresse beaucoup les Témoins de Jéhovah canadiens. Dans les dernières années, plusieurs adolescents membres de ce groupe religieux et atteints de la leucémie se sont adressés aux tribunaux pour aller suivre une chimiothérapie dans un programme de médecine sans transfusion aux États-Unis.

Cette semaine, une jeune Témoin de Jéhovah de 14 ans, de la Colombie-Britannique, a mis un terme à cinq mois de batailles juridiques en convainquant ses médecins canadiens de la laisser faire une chimiothérapie à l'hôpital Schneider, à Long Island près de New York, qui vient de mettre sur pied un programme de « médecine sans sang ». Les tribunaux de la Colombie-Britannique la jugeaient trop jeune pour prendre elle-même la décision; ses parents et elle avaient même été accusés de fuir en Ontario, province qui permet davantage aux mineurs de prendre leurs propres décisions quant à leur santé.

« Nous avons créé ce programme à cause de demandes de nos patients, particulièrement à cause de convictions religieuses, explique Anne McGrath, coordonnatrice du programme de médecine sans sang à l'hôpital Schneider. Depuis deux mois que nous l'avons inauguré, nous avons eu trois patients, dont un en chimiothérapie, en plus de la petite Canadienne. »

Éviter les transfusions

L'objectif du programme est d'éviter le plus possible les transfusions, notamment à l'aide de médicaments qui stimulent la moelle épinière, où est produit le sang, ou qui gonflent le volume du sang, pour éliminer les transfusions visant à contrer une baisse de pression sanguine. « Nous n'avons pas eu jusqu'à maintenant à faire de transfusion, dit Mme McGrath. Mais nous expliquons clairement aux patients que ce pourrait être nécessaire si la vie du patient est menacée. Je crois qu'ils accepteraient plus facilement une transfusion parce qu'ils sont convaincus que nous ferons tout en notre pouvoir pour l'éviter. »

Les chimiothérapies d'enfants et d'adolescents atteints de leucémie sont plus souvent accompagnées de transfusions sanguines que les chimiothérapies d'adultes, parce que les traitements sont plus « agressifs ». « Kilo pour kilo, les enfants tolèrent des doses de chimiothérapie plus fortes que les adultes, explique Martin Champagne, hématologue à l'hôpital Sainte-Justine. Plus la chimiothérapie est agressive, plus les chances de succès sont élevées, mais plus le risque de transfusion augmente. »

En plus des cellules cancéreuses, la chimiothérapie attaque la moelle épinière, diminuant le taux de plaquettes dans le sang, ce qui augmente le risque d'hémorragie. Le Dr Champagne note que la plupart des grands hôpitaux américains suivent un protocole standard très « agressif » pour la leucémie des enfants et adolescents, et que les centres de
« médecine sans sang » demeurent très minoritaires. Vu la faible taille de la population canadienne, il n'existe pratiquement pas de centres de « médecine sans sang » au pays, selon le Dr Champagne.

Poursuite d'un million

Chose certaine, la question des transfusions soulève les passions. En Alberta, un ancien Témoin de Jéhovah poursuit son ex-femme et les Témoins de Jéhovah, parce qu'il les estime responsables de la mort de sa fille de 17 ans. Lawrence Hughes a fait partie des Témoins pendant 20 ans, jusqu'au jour, à la mi-février 2002, où sa fille a reçu un diagnostic de leucémie grave. Il a donné son accord au traitement, au grand dam de sa femme, aussi membre des Témoins, qui l'a quitté en partant avec ses deux autres filles. Entre février et juillet 2002, Bethany Hughes a reçu 38 transfusions dans un hôpital de Calgary, dans le cadre d'une chimiothérapie; puis les médecins ont baissé les bras, et sa mère l'a transférée dans un autre hôpital, à Edmonton, où elle est morte en septembre, peu après son 17e anniversaire.

Une série de jugements ont donné un certain appui à M. Lawrence dans sa poursuite d'un million de dollars; en février, un tribunal a confirmé qu'il est le seul porte-parole de sa fille décédée. « Nous estimons que les avocats des Témoins étaient en conflit d'intérêts quand ils conseillaient aussi Bethany, affirme en entrevue l'avocat de M. Lawrence, Me Vaughn Marshall. Ils lui ont mal présenté son état de santé et les réalités médicales. Nous pensons aussi qu'ils ont incité Bethany à refuser de voir son père. »

Dans l'un des nombreux jugements de cette affaire, on peut lire que l'hôpital a interdit à la mère de Bethany d'assister aux transfusions, après quelques séances où elle avant tenté d'arracher les tubes.

Les Témoins de Jéhovah ont 110 000 membres au Canada. Leur refus des transfusions sanguines est basé sur deux passages des « Actes des apôtres », une section du Nouveau Testament, où il est écrit que les chrétiens doivent « se garder des viandes immolées aux idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et du sang »



France: Kinésiologie

La kinésiologie, technique à la mode accusée de dérives sectaires

Voila.fr, 26 mai 2005

[Texte intégral

La kinésiologie se trouve accusée de dérives sectaires, ce que rejettent les promoteurs de cette technique importée des Etats-Unis dans la mouvance du New Age voilà une vingtaine d'années et qui promet le mieux-être en se fondant sur l'étude du mouvement.

Ces accusations seront évoquées pour la première fois devant la justice, avec un procès qui s'ouvre lundi devant la cour d'assises du Finistère après la mort en 2000 d'un bébé malnutri dont les parents tenaient une école de kinésiologie.

Auteurs d'un guide du kinésiologue "face aux administrations", ils présentaient notamment au programme les "lois biologiques" du guérisseur allemand Ryke Geerd Hamer, arrêté en septembre dernier après une condamnation à trois ans de prison en France pour "escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine".

Les parents étaient "sous l'emprise d'une vision du monde de type sectaire qui a contribué à les couper de la réalité", estime Jean-Pierre Jougla de l'Unadfi (Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu), partie civile comme l'association La Voix de l'Enfant.

"Ils sont toujours persuadés que le milieu médical est dangereux, que l'alimentation doit être purifiée en permanence et qu'ils ont tout pour se soigner eux-mêmes", poursuit-il. "C'est emblématique d'une partie de la population, avec une approche de la santé par le sentiment, la sensation".

Début avril, le député socialiste des Ardennes Philippe Vuilque, président du groupe parlementaire sur les sectes, a demandé au ministre de la Santé de "faire le point sur la kinésiologie, son développement, ses risques" en raison des "dérives sectaires de cette théorie dénoncées par de nombreuses familles".

L'ancienne Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils) citait la kinésiologie dans son rapport 2001. La Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui l'a remplacée fin 2002 ne l'a pas évoquée dans ses rapports.

La Fédération française des kinésiologies spécialisées (FFKS), l'une des principales organisations de kinésiologues, souligne ce silence et assure que "la kinésiologie n'est pas une secte".

Selon la FFKS, la kinésiologie n'est pas une médecine douce, ne recommande aucun régime alimentaire particulier et recouvre simplement "une méthode éducative" utilisée notamment pour le sport et la danse.

Fondée dans les années 1960 par George Goodheart, chiropracteur inspiré par la médecine chinoise, la kinésiologie utilise un "test musculaire" pour "interroger le ressenti du corps" afin d'aider chacun à "atteindre ses buts".

Sportifs en mal de records, élèves à problèmes, adultes en crise se voient proposer des stages de "Touch for Health" (Santé par le toucher), "Brain Gym" (Edu-kinésiologie) ou "One Brain" (Trois en un).

Mais ces multiples stages coûtent cher et "prétendre apporter des réponses à tous les problèmes est un indice de sectarisme", observe un expert en phénomènes sectaires.

"La kinésiologie n'est pas une secte classique, c'est une mouvance sectaire avec plusieurs leaders", poursuit-il, dénonçant le "pompage" de l'argent public: "Beaucoup de kinésiologues cherchent à se faire enregistrer comme organismes de formation, notamment auprès des acheteurs de formation hospitaliers. Mais ils y parviennent moins que dans les années 1980-90 grâce à une meilleure vigilance".



France: Kinésiologie

Des parents kinésiologues en procès

Libération, 27 mai 2005

[Texte intégral

Tapez kinésiologie sur un moteur de recherche et l'Internet livre une kyrielle de définitions sur cette méthode née aux USA dans les années 70 et censée «renforcer ou rétablir la santé et la vitalité d'une personne sur le plan physique, moral, énergétique et émotionnel», par utilisation du musculaire, comme le dit l'un des sites. Et manifestement, il y a à boire et à manger dans la multitude d'instituts qui se proposent sur le marché. Le procès qui s'ouvre lundi devant la cour d'assises du Finistère, après la mort, en 2000, d'un bébé mal nourri dont les parents tenaient une école de kinésiologie, permettra peut-être d'y voir plus clair. La justice reproche en effet au couple d'avoir privé de soins son enfant au nom «de conceptions idéologiques» inhérentes à cette technique psychocorporelle.

Lorsqu'il est mort au domicile familial, à 16 mois et demi, les experts avaient alors décelé chez l'enfant une carence nutritionnelle «importante et chronique» imputable selon eux à un régime alimentaire sans protéines animales ni supplément vitaminique. Les parents, qui comparaissent libres, nient tout lien de causalité entre leur comportement et le décès de l'enfant. L'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (Unadfi), qui se porte partie civile, pense, elle, qu'ils «étaient sous l'emprise d'une vision du monde de type sectaire [...] Qu'ils sont persuadés que le milieu médical est dangereux [...] Qu'ils ont tout pour se soigner eux mêmes». D'où les débats sur la nature sectaire ou non de la kinésiologie. Trois médecins sont aussi poursuivis pour non-assistance à personne en danger.



France: Sectes

Circulaire du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires

JO, 27 mai 2005

[Texte intégral]

J.O n° 126 du 1 juin 2005 page 9751
texte n° 8
Décrets, arrêtés, circulaires
Textes généraux
Premier ministre

NOR: PRMX0508471C

Paris, le 27 mai 2005.

Le Premier ministre à Mesdames et Messieurs les ministres et secrétaires d'Etat, Mesdames et Messieurs les préfets

En créant, par le décret du 28 novembre 2002, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), le Gouvernement a entendu réorganiser l'action préventive et répressive des services de l'Etat à l'encontre de ces agissements.

Après trente mois de fonctionnement de la MIVILUDES et à la suite du deuxième rapport annuel qui m'a été remis par son président, je juge utile de tirer les enseignements et de fixer les orientations qui suivent.

I. - Les principes de l'action menée par le Gouvernement

L'action menée par le Gouvernement est dictée par le souci de concilier la lutte contre les agissements de certains groupes, qui exploitent la sujétion, physique ou psychologique, dans laquelle se trouvent placés leurs membres, avec le respect des libertés publiques et du principe de laïcité.

L'expérience a montré qu'une démarche consistant, pour les pouvoirs publics, à qualifier de " secte " tel ou tel groupement et à fonder leur action sur cette seule qualification ne permettrait pas d'assurer efficacement cette conciliation et de fonder solidement en droit les initiatives prises.

Aussi a-t-il été décidé, plutôt que de mettre certains groupements à l'index, d'exercer une vigilance particulière sur toute organisation qui paraît exercer une emprise dangereuse pour la liberté individuelle de ses membres afin d'être prêt à identifier et à réprimer tout agissement susceptible de recevoir une qualification pénale ou, plus généralement, semblant contraire aux lois et règlements.

Ce souci de sécurité juridique, loin d'affaiblir l'action menée, ne fait que mieux garantir son efficacité.

Il est clair, toutefois, qu'une telle démarche ne peut être pleinement efficace que si les fonctionnaires et agents publics mènent, avec discernement, une véritable action de terrain :

- ils doivent s'attacher à rechercher et à identifier, dans leur périmètre d'attributions, toute activité, quelle que soit sa forme, susceptible de revêtir un caractère " sectaire ", parce qu'elle place les personnes qui y participent dans une situation de sujétion ou d'emprise et tire parti de cette dépendance ;

- cette activité doit alors être suivie avec une extrême vigilance de manière à prévenir tout agissement répréhensible et, s'il se produit, à engager sans délai l'action répressive.

Cette vigilance doit s'exercer en tenant compte de l'évolution du phénomène sectaire, qui rend la liste de mouvements annexée au rapport parlementaire de 1995 de moins en moins pertinente. On constate en effet la formation de petites structures, diffuses, mouvantes et moins aisément identifiables, qui tirent en particulier parti des possibilités de diffusion offertes par l'internet.

Cette vigilance est particulièrement cruciale à l'égard de certains groupes fondés sur une conception totalitaire et pratiquant un fonctionnement occulte, dont les agissements peuvent avoir des conséquences irréparables.

II. - Les modalités de l'action

L'action engagée doit être poursuivie grâce au dispositif, sans égal en Europe, mis en place tant au niveau national que local.

1. L'existence d'une mission interministérielle rattachée au Premier ministre permet la cohérence de l'action de l'Etat en coordonnant l'activité des services.

Le comité exécutif de pilotage opérationnel, qui réunit les représentants des administrations centrales les plus concernées, se réunit tous les deux mois. Je demande que ce rythme soit maintenu et que la représentation des services soit assurée de façon régulière et au meilleur niveau de responsabilité.

Le dialogue confiant et fructueux qui s'est noué sous la responsabilité du président de la MIVILUDES entre ce comité et le conseil d'orientation, qui réunit des personnalités qualifiées, doit être approfondi.

2. La même cohérence a été recherchée au niveau local avec l'institution, par une circulaire du ministre de l'intérieur, de " cellules de vigilance départementales " placées sous l'autorité des préfets.

Les missions de ces cellules seront transférées par décret en Conseil d'Etat, dans le cadre de la simplification des commissions déconcentrées, à un nouveau conseil compétent en matière de prévention de la délinquance, de lutte contre la drogue, contre les dérives sectaires et d'aide aux victimes.

Les préfets mettront en place au sein de chaque conseil un groupe de travail chargé de suivre spécifiquement les questions relatives à la lutte contre les dérives sectaires.

3. Certains ministères ont désigné des correspondants ou chargés de mission spécialisés. Je souhaite que chaque ministre se dote d'un tel responsable, à un niveau adéquat (cabinet, direction des affaires juridiques ou direction stratégique) avec des capacités de coordination et d'animation reconnues.

4. Les correspondants régionaux de la MIVILUDES désignés par les préfets de région ont reçu une mission générale de formation et d'information. Cette mission doit être confortée et élargie. Je souhaite en particulier que soit élaboré, au niveau régional, un document de synthèse permettant de suivre les évolutions, et que soit organisé, avec l'aide notamment du " Guide de l'agent public ", un programme de formation interservices sur les dérives sectaires.

5. Les services compétents de police et de gendarmerie, ainsi que l'autorité judiciaire, constitueront des recueils de données actualisées, portant notamment sur le nombre et la nature des signalements, des plaintes, des enquêtes ou des condamnations en rapport avec des dérives sectaires.

6. Chaque département ministériel dressera un bilan annuel de ses actions pouvant figurer, en tout ou partie, dans le rapport du président de la MIVILUDES. Ce bilan devra porter sur les activités poursuivies, les actions de formation entreprises et les résultats obtenus au niveau local comme au niveau national. Le cas des enfants et des adolescents devra faire l'objet d'une attention particulière de façon à assurer la protection qui leur est due.

7. Les réponses aux questions écrites des parlementaires portant sur les problèmes liés au phénomène sectaire - plusieurs dizaines par an - doivent faire l'objet de toute votre attention. Compte tenu de la sensibilité du sujet, je vous demande de solliciter systématiquement l'avis de la MIVILUDES avant toute réponse.

8. Enfin, un certain nombre d'instructions ministérielles données par vos prédécesseurs doivent être actualisées en fonction des orientations définies par la présente circulaire. Je vous demande de procéder à cet examen en lien avec la MIVILUDES. En tout état de cause, les références aux organismes comme l'Observatoire des sectes ou la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) devront être remplacées par des références au décret instituant la MIVILUDES, et le recours à des listes de groupements sera évité au profit de l'utilisation de faisceaux de critères. Je vous demande de procéder à cette mise à jour au plus tard pour le 31 décembre 2005.


Jean-Pierre Raffarin



France: Kinésiologie

Décès d'un enfant malnutri: les parents kinésiologues critiquent la médecine

AFP, 30 mai 2005 par Frédéric GAULIER

[Texte intégral]

QUIMPER - Les époux Boucher-Durand, accusés d'être responsables de la mort de leur dernier enfant par malnutrition à l'âge de 16 mois, ont expliqué lundi, au premier jour de leur procès devant la cour d'assises du Finistère, qu'ils avaient adhéré à la kinésiologie par méfiance pour la médecine traditionnelle.

Kerywan était décédé le 12 novembre 2000 au domicile familial de Moëlan-sur-Mer (Finistère), avec un poids de 6 kg, soit celui d'un enfant de quatre mois.

La justice reproche aux parents de Kerywan, qui avaient déjà trois filles, d'avoir privé de soins leur dernier enfant au nom de "conceptions idéologiques" inhérentes à la pratique de la kinésiologie, technique psycho-corporelle importée des Etats-Unis dans les années 70, accusée de dérives sectaires.

Trois médecins sont aussi poursuivis dans ce dossier pour non-assistance à personne en danger. Ils devront expliquer pourquoi ils n'ont pas procédé à une hospitalisation en urgence de l'enfant qui, selon l'enquête, aurait pu être sauvé "jusqu'au dernier moment"

Vêtue d'un strict tailleur noir, Pascale Durand-Boucher, 47 ans, qui comparaît libre comme son époux, a reconnu "ne pas faire confiance a priori au corps médical".

"Les médecins ne m'ont pas prise au sérieux. C'est (récurrent)", a-t-elle insisté, alors qu'elle racontait les suites d'une agression dont elle a dit avoir été victime de la part d'une co-détenue lors de son incarcération du 13 décembre 2000 au 9 août à la maison d'arrêt de Rennes.

L'accusée relate sa santé défaillante, citant une fatigue tenace après une mauvaise chute lors d'exercices de gymnastique, des problèmes d'hypertension lors de l'accouchement de sa 3ème fille, des accidents corporels, fracture d'un coude puis de la clavicule.

Son engagement dans la "kinésiologie éducative" (l'enseignement de la kinésiologie) a démarré, explique-t-elle, après une expérience professionnelle "désastreuse" doublée d'affections asthmatiques contractées selon elle dans des ateliers de l'Aérospatiale au point d'avoir subi une "antibiothérapie pendant 16 mois".

En 1992, elle crée une école complémentaire à la kinésiologie dans la maison familiale. Trois ans plus tard, son mari Ronan qui l'avait initiée à cette pratique, s'associe à son activité après un licenciement économique.

"Quinze ans de mal de dos ont disparu après une visite chez un ostéopathe puis un kinésiologue dentaire", a affirmé lundi cet ingénieur de 45 ans sorti 8ème sur 56 de l'Ecole supérieure d'électronique de l'Ouest.

Les experts ont décelé chez son fils Kerywan une carence nutritionnelle "importante et chronique" imputable selon eux à un régime alimentaire sans protéine animale ni supplément vitaminique. L'enfant était depuis sa naissance allaité par sa mère adepte d'un régime végétalien.

Les deux époux nient toute accusation de pratique illégale de la médecine et tout lien de causalité entre leur comportement et le décès de l'enfant. Ils encourent une peine maximale de trente ans de réclusion.

La cour présidée par Jean-Michel Buckel devait entendre dans la soirée les premiers témoignages des trois médecins, passibles d'une peine de 5 ans de prison.

Les débats doivent durer cinq jours.



France: Kinésiologie

Une «pata-médecine charlatanesque»

L'Express, 30 mai 2005 par François Koch

[Texte intégral]

Comment, au nom de croyances antimédicales, des parents ont laissé mourir leur fils de 16 mois et demi. Procès à Quimper

Le 12 novembre 2000, à 21 h 32, Pascale et Ronan Boucher appellent le centre de secours de Moëlan-sur-Mer (Finistère). Leur fils, Kerywan, 16 mois et demi, souffre de grosses difficultés respiratoires. L'enfant décède une heure plus tard. Il a le poids d'un bébé de 4 mois. L'autopsie révèle que la mort est due à une «infection aiguë secondaire à une malnutrition chronique particulièrement sévère». Incarcérés pendant huit mois, les parents sont mis en examen pour «privation de soins ou d'aliments suivie de mort d'un mineur par ascendant», et les trois médecins homéopathes qu'ils avaient consultés pour «non-assistance à personne en péril». Tous les cinq comparaissent devant la cour d'assises de Quimper du 30 mai au 3 juin. Aucun n'a accepté de répondre à L'Express.

Une «pata-médecine charlatanesque»

Cet événement ne serait qu'un sordide fait divers si l'instruction judiciaire du juge Richard Foltzer n'avait mis en évidence le rôle d' «une idéologie aux implications médicales», la kinésiologie, dont les époux Boucher étaient des apprentis gourous locaux. Les kinésiologues soutiennent que des tests et des exercices musculaires résolvent une multitude de problèmes de santé. Une «pata-médecine charlatanesque» dénoncée, dès 1998, par le psychiatre Jean-Marie Abgrall et, aujourd'hui encore, par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. «Je démontrerai la dangerosité de la kinésiologie», annonce Me Jean-Michel Pesenti, avocat de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu, partie civile.

Le procès de Quimper décryptera en tout cas une sorte d'autisme sectaire familial. Issus de milieux cultivés, Pascale et Ronan Boucher, 47 et 45 ans, ont suivi des études scientifiques, l'une en licence de physique-chimie, l'autre dans une école d'ingénieurs électroniciens. Malgré ce bagage, ils ont développé une méfiance hostile à l'égard de la médecine classique et tous deux sont devenus kinésiologues. Ils ont même affiné leur pratique en empruntant des théories à un célèbre gourou allemand, Ryke Geerd Hamer, condamné en France à trois ans de prison ferme après la mort d'une patiente. Ronan Boucher s'est en outre spécialisé dans les troubles psychologiques des juments provoqués par des saillies violentes! Quant à leur école de kinésiologie, elle propose même, en 2000, une formation de trois jours à… la nutrition.

Alors que la courbe de poids de Kerywan est dramatiquement plate, les Boucher consultent trois médecins, seulement des homéopathes - dont une retraitée, par fax. Pendant ses sept derniers mois, l'enfant n'est ausculté que deux fois. Pour leur défense, les parents plaident que c'était aux trois médecins de prescrire des examens ou une hospitalisation. Mais les trois praticiens étaient persuadés, disent-ils, que Kerywan était suivi par d'autres médecins, ce que laissaient entendre les époux Boucher. Le 12 août 2000, le Dr Jean-Michel Rosenstein voit arriver un «enfant du Sahel» et il croit que les parents ne viennent chercher que des soins palliatifs. Après coup, il assure au juge d'instruction avoir été «embobiné». Le procès d'assises de Quimper devrait montrer en quoi des croyances antimédicales associées aux fautes professionnelles de médecins peuvent produire un cocktail criminel.