Amendement Accoyer

Prise de position favorable à "l'amendement Accoyer"

(Source : Jean Yves Radigois Directeur de Centre Communal d’Action Sociale Doctorant, sous le double sceau de la faculté d’éducation de l’université de Sherbrooke (Québec) et de l'Institut de Psychologie et Sociologie Appliquées (IPSA), Université d'Angers (UCO))



Mis en ligne le 13 janvier 2004
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L'amendement de M Accoyer fait l'objet d'espoir et de controverse.

Controverses :

D'emblée, s'agissant de psychothérapie, des questions épistémologiques, cliniques et déontologiques se posent, liées à l'exercice même des professions de psychologue clinicien, de psychanalyste ou de psychothérapeute au sens générique du terme. Elles nécessitent de retravailler la copie proposée :

ü sur le risque d’une psychiatrisation excessive du mal-être par un « préfet de la santé mentale ». Cette démarche répond à un souci de gestion de la psychiatrie (rapport Cléry-Melin). La non reconnaissance éventuelle de la souffrance psychique ou du mal-être ressenti par une personne, ou encore du type de psychothérapie qu'elle envisage de suivre, risquent de la renvoyer vers des pseudos thérapeutes marginaux. Contrôler le mal être social par le policier ou le psychiatre peut conduire à des dérives.

ü autour de la psychanalyse. Celle-ci ne semble pas concernée par cet amendent d'après le ministre. Comme le demande ce dernier, les associations de psychanalystes ne devraient-elles pas cependant certifier ou authentifier leurs adhérents-praticiens ? Cela éviterait des confusions avec des "Instituts" ou "écoles", s'attribuant le titre de Psychanalyse, instituts parfois condamnés par la Justice, et dont certains ont été répertoriés dans les rapports parlementaires de 1995 ou 1999 sur les sectes.

Espoir:

Cet amendement est aussi un immense espoir pour des victimes, des familles, des associations et des professionnels qui constatent les dégâts de mouvements ou d’individus aux fonctionnements à dérives sectaires. C'est l'objet premier sur lequel l'amendement est censé agir et le grand intérêt de ce texte.

En thèse sur les risques des enfants dans des mouvements à dérives sectaires, dès 1998 j’avais interrogé l’ordre des médecins dans une saisine technique, sur des nouvelles psychothérapies[1], utilisées par des psychothérapeutes autoproclamés, supposées faire surgir de la mémoire de multiples traumatismes. Cette note avait été rédigée à partir des travaux nord américains sur le syndrome des faux souvenirs (False Memory Syndrome), A noter que, parmi ces psychothérapeutes, l’un n’avait jamais ouvert un livre de psychologie et n’en n’ouvrirait jamais (sic), l’autre, diffusait une psychothérapie qu’il avait su créer parce qu’il n’était « ni médecin, ni psychologue, grâce à quoi il [avait] découvert » sa méthode[2].

Sans insister sur les formations psychothérapeutiques de « guérisseur spirituel » (sic), de thérapeutes pour enfants à aura particulier et autres chamans ou psychothérapeutes atlantes qui nous sont offertes sans qu'il soit nécessaire de faire de longues études, il existe des formations certifiées de "maître praticien" dispensées en quelques semaines. L’utilisation de théories ou de techniques insuffisamment maîtrisées est source de risques. C’est ce qu’une expérimentation québécoise (limitée), construite avec un protocole élaboré par des psychologues cliniciens et des psychiatres vient de montrer à Montréal[3].

Rappelons-nous aussi que le rapport 2001 de la MILS (p 11), indiquait que 80% des affaires qu’elles étaient amenées à examiner concernaient la formation continue et les pseudo thérapies, notamment les pseudo psychothérapies. Cette remarque est corroborée par le Centre Devereux (Cf., l’article du Monde de Mme Sironi ou le livre de Nathan et Swertvaegher (2003).

Jean Yves Radigois
Directeur de Centre Communal d’Action Sociale
Doctorant, sous le double sceau de la faculté d’éducation de l’université de Sherbrooke (Québec) et de l'Institut de Psychologie et Sociologie Appliquées (IPSA), Université d'Angers (UCO).

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[1] Elles font souvent référence à des viols, incestes et violences pratiquées lors de rites sataniques. La littérature scientifique nord américaine est abondante. Campion-Vincent (1993) qualifiera les faits autour du Satanic Ritual Abuse (DRA) de légende contemporaine.
[2] Citation authentique de la 4e de couverture. L’expression est en italique dans le document original.
[3] Cf. http://radio-canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2003/031118/therapie.shtml




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