Ordre du Temple Solaire

Le grand patron de l'OTS militait dans l'extrême-droite

Source : La Presse (Canada), Martin Pelchat, jeudi 26 octobre 1995.


Joseph Di Mambro, grand patron de l'Ordre du Temple Solaire décédé dans le carnage d'octobre 1994, n'était pas seulement un fabulateur mystique mais aussi un militant d'extrême droite qui cherchait à créer en Suisse avec son ordre une organisation secrète apparentée à la loge maçonnique italienne P2.

C'est la démonstration que tente l'auteur français Renaud Marhic dans son livre Enquête sur les extrémistes de l'occulte. De la loge P2 à l'Ordre du temple solaire, qui vient de paraître en Europe. L'ouvrage est le fruit d'une enquête journalistique d'un an basée sur de nombreux témoignages d'anciens membres de l'OTS. « J'ai pu établir de façon certaine que l'idéologie et les principes politiques qui avaient cours à l'OTS étaient des idées d'extrême-droite », disait hier l'auteur au cours d'une entrevue téléphonique depuis Brest.

Ainsi, comme l'ont confirmé à l'auteur certains témoins, Luc Jouret, fidèle second de Di Mambro, a déjà déclaré qu'« entre un SS qui gaze 100.000 juifs et une petite famille bourgeoise, c'est la deuxième qui est condamnable ». Dans une conférence prononcée au Québec autour de 1984, Jouret aurait aussi déclaré que les Noirs étaient une « sous-race » et que les SS avaient « fait oeuvre de salubrité publique » en exterminant des juifs, raconte Renaud Marhic. Selon Marhic, ces tendances étaient probablement ignorées des membres qui se trouvaient au bas de cette structure fortement hiérarchisée qu'était l'OTS. «Je le dis dans mon livre que beaucoup de gens honnêtes ont été abusés.»

Jo Di Mambro, que des témoins disent avoir vu arborer Joseph Di Mambro une croix gammée lors de séjours en Martinique, où l'ordre a un temps prospéré, avait quant à lui été membre de la section suisse de l'Ordre souverain et militaire du temple de Jérusalem (OSMTJ), explique Marhic. Cet ordre, qui se réclamait de la chevalerie et du Moyen-Age, a été interdit par la police française en 1971. Il était contrôlé en France par les extrémistes de droite du Service d'action civique (SAC), interdit à son tour en 1982 après avoir été impliqué dans le massacre d'un gendarme et de sa famille.

Jo Di Mambro avait aussi pour ami Julien Origas, un templier « collaborateur de la Gestapo à Brest au cours de la seconde guerre mondiale », rappelle l'auteur.

En Suisse, soutient Marhic, l'OSMTJ était carrément contrôlé par la loge italienne P2, une organisation d'extrême droite liée à la mafia, dissoute au début des années 80 par le gouvernement. Lorsque la P2 a été la cible de la police italienne, on a trouvé chez son chef, Licio Gelli, « des dossiers complets attestant du fait que l'OSMTJ était contrôlé en Suisse par la loge P2 », dit Marhic. (...) Aujourd'hui, l'OTS n'est pas mort, affirme Marhic. « Il y a des gens, et j'en ai rencontré certains, qui entendent faire vivre cet ordre, mais sous un autre nom. » Ce que Renaud Marhic se demande, c'est si ces gens le feront revivre comme groupe mystique, ou comme la société secrète dont rêvait Di Mambro.


  
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