Sectes

Première judiciaire à Moscou

(Source: BULLES du 3ème trimestre 1997)
 
 Correspondant de Moscou, 21 mai 1997.


Le Tribunal d'Instance d'un district de Moscou a débouté un « Comité pour la défense de la liberté de conscience » (dirigé par Gleb Yacounine, ancien prêtre orthodoxe défroqué, ancien député à la Douma) associé avec plusieurs « nouvelles sectes » (scientologie, moonistes, Témoins de Jéhovah, dévots de Krishna, membres du « centre de la Mère de Dieu » - un cru local -etc.) de leur plainte en diffamation contre le Professeur Alexandre Dvorkine, directeur du Centre St Irénée de Lyon à Moscou. Celui-ci a publié en 1995 une brochure d'information intitulée : « Dix questions à un étranger importun, ou : Manuel pour ceux qui ne veulent pas être recrutés ». Les plaignants prétendaient être lésés dans « leur honneur, leur dignité et leur réputation commerciale ».

Le Centre St-Irénée s'efforce, avec de faibles moyens matériels, d'informer les Russes sur les organisations qui ont envahi la Russie (comme les autres pays ex-communistes) dès la chute de l'ancien régime. Venant de l'Occident, mais aussi du Japon et de l'Inde, elles avaient déjà acquis richesse et puissance dans leurs pays d'origine ; elles ont pu frapper vite et fort, aussi bien au sommet de l'État qu'à la base. Au milieu du grand bouleversement dans tous les domaines - matériel, intellectuel, spirituel - de la vie des citoyens, des sectes autochtones surgissaient aussi, comme la « Fraternité Blanche de Maria Devi Christos », condamnée à Kiev (Ukraine), ou le « Centre de la Mère de Dieu », entre autres.

LÉglise orthodoxe, qui est loin d'être aussi riche et puissante qu'on le prétend souvent, a tout à construire : églises, certes, mais aussi et surtout structures humaines (clergé, laïcat responsable, enseignement, communication ...).Après 70 ans de persécutions souvent violentes, il s'agit moins de restauration que de re-création, dans une Russie et un monde qui n'ont plus grand chose de commun avec ceux de 1917.

Les principales phrases incriminées par les plaignants dans la brochure d'A. Dvorkine :

Le patriarcat orthodoxe de Moscou, représenté par Mgr. Tikhon, directeur du département de la communication et des publications, co-prévenu en tant qu'éditeur de la brochure, s'est entièrement solidarisé avec le professeur Dvorkine. Mgr. Tikhon a tenu à être présent au banc des inculpés.

Les observateurs présents ont noté l'étroite collaboration entre les diverses « sectes ». Chacun des plaignants individuels s'était déclaré membre à la fois de toutes les organisations représentées. À la question posée par la défense : « Peut-on être à la fois membre de l'organisation Moon, de la Scientologie, de Krishna, des Témoins de Jéhovah, etc. », les professeurs Eileen Barker (Londres) et James Richardson (Reno, Nevada, USA) ont répondu : « Oui ».

Autre sujet d'étonnement : l'ambassade des États-Unis à Moscou s'est manifestée en la personne de son 3° secrétaire, M. Benjamin Weber, venu plusieurs fois assister aux audiences. Il paraissait en bons termes avec M. Gleb Yakounine, son comité, et les adeptes présents. On voudrait mettre cette attitude sur le compte de l'ignorance, mais c'est quand même surprenant.

Le « consortium des sectes » a usé de tous les prétextes possibles pour faire traîner le procès en longueur. Il savait que beaucoup des témoins de la défense venaient de loin, certains même de l'étranger, et l'incertitude quant à la date de leurs dépositions était gênante (visas, billets d'avion, autres obligations). Cependant, tous ont pu témoigner. En plus des 35 témoins russes, ont témoigné en faveur du Professeur Dvorkine le Professeur Johs. Aagaard (Danemark), le Pasteur Thomas Gandow (Berlin), le Professeur Krippas (Grèce), Mme Claire Champollion (France) [NDLR. L'UNADFI précise que Mme Claire Champollion avait été citée comme témoin dans ce procès à titre personnel, en qualité d'expert, et non comme représentante de l'UNADFI].

Les « sectes » avaient mobilisé leurs témoins habituels. Outre Mme Barker et M. Richardson, la liste des experts étrangers comportait, entre autres, MM. Gordon Melton (Californie) et Massimo Introvigne (Italie) ; ces derniers se sont excusés, mais ont envoyé des témoignages écrits en faveur des plaignants.

Après avoir rendu sa sentence en faveur du Professeur Dvorkine et de Mgr. Tikhon , le juge a déclaré qu'elle avait été stupéfaite d'apprendre que de pareils problèmes existaient dans son pays. Le texte complet du jugement devait être disponible en Juillet.

Les « sectes associées » ont indiqué leur intention de faire appel.



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