9. Mes premiers contacts avec la Sea Org
 
 
 
 
 
 
 
 

Le modeste siège de la Sea Org, à Los Angeles.
 
 
 
 
 

Rejoindre la Sea Org représente l'engagement suprême en Scientologie. Pour entrer dans la Sea Org, on signe un contrat de très très longue durée: un milliard d'années ! Les membres de la Sea Org travaillent dans la plus importante et la plus avancée des organisations scientologues à travers le monde et, en contrepartie bénéficient d'un hébergement et d'une pension complète, ainsi que d'un maigre salaire de 10 dollars par semaine (à l'époque).

UN BUT: RÉPANDRE LA SCIENTOLOGIE À TRAVERS TOUTE LA GALAXIE...

Parmi ces membres de la Sea Org, un groupe d'élite était sélectionné pour vivre à bord du navire Apollo (ndt: ce bateau est souvent appelé "Flag" par Monica car c'est sur l'Apollo que furent créés les "cours avancés" dénommés "Flag"), le domicile de Ron Hubbard. Flag m'avait été présenté comme "l'espace le plus sain de la planète". Les membres de la Sea Org croyaient avoir déjà travaillé ensemble dans leurs vies antérieures et se trouver à nouveau réunis. La devise de la Sea Org était "Nous voilà de retour". Le but de la Sea Org était de "clarifier la planète", en d'autres termes faire de la Terre une planète scientologue. Après qu'elle ait été clarifiée, nous repartirions vers le cosmos, dans des vies futures, et répandrions la Scientologie à travers toute la galaxie...

A l'époque où j'avais entendu parler de la Sea Org pour la première fois, c'était mon rêve que de monter à bord du navire Apollo auprès d'Hubbard, et d'y séjourner en tant qu'auditeur. Je savais que j'atteindrais ce but un jour, la question étant de savoir quand. En mai 1971, je pris l'avion pour Los Angeles avec mon ami Ginger, afin de me renseigner sur la possibilité de rejoindre la Sea Org. Nous rendîmes visite au quartier général de Los Angeles, qui sert de bureau de liaison entre Flag et les Orgs terrestres. La localisation de toute la flotte de la Sea Org était gardée secrète, et personne n'avait l'autorisation de communiquer directement avec les gens à bord d'un navire de Flag.

Toutes les communications passaient par le FOLO (Flag Liaison Office). La majorité du personnel affecté au FOLO ne connaissait même pas la localisation de Flag. Le secret était si bien gardé parce que Ron Hubbard était complètement paranoïaque envers les gens extérieurs à la secte - en particulier les organismes gouvernementaux américains tels que l'IRS (le fisc américain) et la CIA.

Tous ces mystères alimentaient mon goût pour l'aventure et mon désir de rejoindre Flag.

A FOLO, je vis des personnes très occupées, qui semblaient très dévoués à leur tâche. J'avais l'impression d'avoir vécu avec une partie de ce groupe dans mes vies antérieures et immédiatement, j'eus très envie de les rejoindre. Je m'entretins avec un recruteur, Brenda, une femme rousse de 25 ans. Je lui fis part de mes impressions au sujet du groupe et elle m'approuva, ajoutant à quel point il était fort et déterminé. Il ne me vint pas à l'idée à ce moment-là d'aborder des détails comme la nourriture, les conditions de vie ou les horaires. Je considérais de telles choses comme futiles. Cependant, je lui fis part de l'une de mes craintes. Je voulais savoir si je serais capable de m'entraîner en tant qu'auditeur dans la Sea Org, puisque je n'étais encore qu'un simple auditeur Dianétique. Pas très avancée à l'époque, je me demandais s'il ne me serait pas assignée une tâche subalterne qui m'empêcherait de progresser dans mon entraînement - mais Brenda me donna l'impression que je pourrais y arriver.

J'étais toute prête à rejoindre la Sea Org, mais étant âgée de moins de 21 ans, j'avais besoin de l'autorisation de mes parents. Une nuit, je les appelai en PCV depuis ma chambre d'hôtel de Los Angeles. Ils refusèrent de signer l'autorisation, et il s'ensuivit une discussion orageuse pendant une bonne heure. Ils critiquaient violemment la Scientologie et j'en étais furieuse. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne contribuèrent pas ainsi à préserver de bonnes relations entre nous. Après avoir raccroché, je pleurai tout le reste de la nuit. Je me sentais terriblement frustrée et très en colère contre eux. J'étais plus que jamais déterminée à rester dans la Scientologie, même s'il m'était impossible de rejoindre la Sea Org. J'étais persuadée que le refus de mes parents n'entraînerait en fait qu'un léger contretemps, jusqu'à mes 21 ans.

Quelques mois après, je réussis à les convaincre de signer l'autorisation. Je ne sais pas comment j'y suis arrivée, mais je pense qu'ils ont fini par réaliser à quel point leurs critiques contre la Scientologie m'avaient éloignée d'eux. Ils avaient dû sentir que s'ils tenaient à garder un quelconque espoir de renouer avec moi, il leur était préférable de garder pour eux leur opinion envers la Scientologie, et de faire ce que je leur demandais. J'imagine qu'il leur fut très difficile de prendre cette décision, d'autant plus qu'ils ne connaissaient aucun spécialiste des sectes pouvant les aider et les conseiller.

LA SCIENTOLOGIE NE RESPECTE PAS LA DIGNITÉ DE L'INDIVIDU

La deuxième fois que je retournai à FOLO en juillet 1971, j'avais l'intention de rejoindre la Sea Org, mais deux éléments me firent changer d'avis.

1/ Je découvris les misérables conditions de logement des membres du personnel de FOLO. Ils habitaient dans une maison en ruine, dont les portes et fenêtres auraient mérité d'être murées par les services d'hygiène. Ils vivaient à huit dans une seule pièce et dormaient dans une cave sordide, sur des matelas crasseux. J'ai fus dégoûtée lorsque je visitai la cuisinette où les repas étaient préparés. Les occupants étaient en train d'éplucher des laitues pourries, gluantes et infestées d'asticots. Je leur demandai comment ils pouvaient manger une telle nourriture, mais cela ne semblait pas trop les déranger. A l'époque, j'étais persuadée que si Hubbard avait été au courant de ces déplorables conditions de vie à FOLO, il aurait certainement été furieux. J'avais toujours cru que la Scientologie respectait la dignité de chaque individu, aussi basse que soit sa position - une vertu qui en réalité n'existait pas du tout à FOLO.

2/ Ils ne me garantirent pas que je pourrais continuer mon entraînement en tant qu'auditeur. J'aurais été obligée de prendre un travail qui, étant donné mon niveau actuel d'auditeur, aurait forcément été subalterne, comme préposé aux photocopies, ou - Dieu me pardonne - cuisinière.

Étant donné que je m'étais fixée des buts qui n'impliquaient pas de telles conditions d'existence, je décidai que le mieux était de retarder mon engagement pour la Sea Org jusqu'à ce que j'aie atteint un plus haut niveau d'entraînement en tant qu'auditeur. Ce report me garantirait en principe une position honorable dans la Sea Org.

En dehors de la Sea Org, je payais avec mes propres économies cet entraînement. Dans la Sea Org, les membres étaient entraînés et audités gratuitement. Mon plan consistait à rester travailler au centre de Dianétique de Salt Lake City comme auditeur, faisant des voyages occasionnels dans les Orgs de plus haut niveau pour m'y entraîner comme auditeur, à mes frais. Cet été, je poursuivis donc mon entraînement aux Niveaux d'Académie dans l'Org de Los Angeles.


chapitre 10/28: TRs, l'entraînement à la dure

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