L'invasion des preneurs de corps humains

Le Japan Times Weekly
Novembre. 4, 1995
Vol. 35, No. 44
Pgs. 8-9

La scène du crime:Un batiment de cinq etages, appele" Grotte du Rocher Heim, "situé directement devant la sortie est de la gare Higashi-Murayama sur la ligne Seibu Shinjuku.

Date et heure estimées: 1er Sept. 1, 10 heures du soir. Selon le rapport de police, un habitant du 4ieme etage entend le cri d'une femme. Puis un grand bruit. Cinq minutes apres, un employe du fastfood Mossburger situe au rez-de-chaussee porte un sac d'ordures derriere le batiment.

30 minutes plus tard environ, le responsable du fastfood jette des boîtes de carton vides dans le bac a ordures et trouve le corps d'une femme entre le mur du bâtiment et la cloture de l'emplacemen de parking. Elle etait encore en vie "vous etes tombee?" demanda le responsable. "Non", gemissa la femme, en faisant faiblement un signe de la tete. "Avez-vous mal? Est-ce que ca va?" questionna le manager. "Ca va", dit-elle.

Le sang ruisselait le long de ses jambes en dessous des genoux de son ensemble-pantalon marine; une flaque de sang large de 50 cm s'etalait sur le sol. Elle ne portait pas de chaussures. La palissade, en bas de l'escalier de secours, etait completement deterioree. "Voulez-vous que j'appelle une ambulance pour vous?" fut la derniere question que le manager posa a la femme, et la reponse fut, "Non. Ca va".

Lorsqu' un officier arriva du poste de police le plus proche, elle ressentit soudainement de grandes douleurs, et fut incapable de répondre a ses questions. Une ambulance arriva à 10 h 55 et la transporta a Tokorozawa a l'Ecole de Sante de la Defense Nationale. Une heure plus tard, elle decedait. L'inconnue fut identifiee plus tard comme Akiyo Asaki, 50 ans, membre du conseil municipal de Higashi-Murayama.

Il fut rapporte qu'un des officiers du Poste de Police de Higashi-Murayama appela un etablissement funéraire pour enlever son corps, environ deux heures avant d'informer sa famille de son deces.

"Quand j'appris cet incident, la première chose qui me vint à l'esprit fut que ma mère avait été assassinee",dit Naoko, 28 ans, la fille d'Asakís". "Pendant ces deux dernieres annees, elle avait ete menacee et harcelee psr quelqu'un". La fille expliqua que le membre du Conseil Asaki devait partir a la prefecture de Kochi le lendemain matin pour participer a une reunion sur les rapports de la religion et de la politique. "Il est impossible qu'elle se soit suicidee, ou pu tomber accidentellement du haut du batiment", affirma sa fille. "Elle n'avait aucune raison de monter la-haut toute seule." A la demande de la famille, une autopsie fut faite le jour suivant. Il fut determine que sa mort fut causee par de nombreuses fratures des cotes ayant provoque des lesions mortelles aux poumons.

Akiyo Asaki etait membre de l'Assemblée Communale de Higashi-Murayama depuis 1987, et elle fu elue ces deux dernieres elections avec le plus grand nombre de voix parmi tous les candidats. Elle se donnait entierement au sein du Conseil pour un projet de reforme politique. Elle etait aussi le chef de file du mouvement anti-Soka Gakkai/anti-Komeito. Parmi les 27 membres du Conseil de la ville, le Komeito et le LDP sont les forces dominantes, totalisant 6 et 10 sieges respectivement. Durant les sessions, Asaki soulignait sans cesse qu'il y avait trop de membres de la Soka Gakkai qui avaient ete recruites comme employes, situation creant du favoritisme dans les domaines de l'emploi et les projets de publique entreprise.

Asaki était un dirigeant de Kusa-no-ne shimin no kai (Le Groupe des Citoyens de Base), aux cotes du camarade membre de l'assemblée Hozumi Yano, 47 ans. Ils publiaient le journal Higashi-Murayama Shimin Shimbun.

Yano fit des declarations a la Police sur le jour de sa mort. Asaki se separa de son collègue Yano à 18:55 heures, en sortant du bureau de Kusa-no-ne pres de la gare de Higashi-Murayama. On l'a vit se diriger vers sa maison, a 5 minutes justes du bureau.

Vers 20:30 heures environ, un voisin vit Asaki revenir vers le bureau.

Yano retourna au bureau à 20:55 p.m. La porte était vérouillée. Les lumières, l'air conditionne et la machine a traitement de texte étaient en marche. L'ecran affichait le sommaire du discours qu'elle se preparait a donner a l'occasion de la reunion sur religion et politique a Kochi. Le document n'avait pas encore ete sauvegarde sur disque.

Son sac-a-main contenant son portefeuille était reste a l'intérieur du bureau. Yano recu un appel telephonique d'un autre membre de l'Assemblée. À 21:19 heures, leur conversation téléphonique fut interrompue par un autre appel en attente. C'etait Asaki qui disait " je me sens un peu souffrante, je crois que je vais aller me reposer".

La conversation d'une duree de 9,5 secondes fut enregistree sur bande par Yano, et plus tard les enregistrments de NTT (Nippon Télégraphe Téléphone) confirmerent qu'elle appela de chez elle. Dans un intervalle de 40 minutes, elle etait soit tombee ou avait éte poussée de l'escalier de secours du batiment mystere.

Le lieu de la chute n'était ni sa résidence ni son bureau. Il n'y avait aucune raison pour elle d'être là.

La police locale annonca, après leur enquête initiale, que la possibilité d'un meurtre était mince, et que leur demarche serait basée sur la supposition soit d'un suicide soit d'un accident. Rapidement des rumeurs circulerent dans la ville, suggerant aue Asaki ait pu se suicider a cause d'une insignifiante accusation de vol a l'etalage.

Les média, cependant, sentaient une conspiration en quelque sorte. TV Les programmes d'actualités TV et les magazines poursuivirent l'histoire avec acharnement. La majorité des journalistes décrivait la mort d'Asaki comme un meurtre.

Un rapport d'enquete du Shukan Gendai, un hebdomadaire publié par Kodansha, citérent Daito Asaki, 57 ans, époux de la victime, et sa fille, tous les deux affirmant qu'elle avait ete assassinee suite a un complot concu par des activistes de la Soka Gakkai.

"Ma mère fut accusee par malveillance d'un vol a l'etalage", affirme Naoko Asaki. "Voler un T-shirt valant 1900 yens? Impossible! Quelqu'un voulait lui faire porter le chapeau pour nuire a sa reputation".

Asaki et son collègue Yano s'etaient plaint d'avoir ete victimes d'attaques et de harcelements, incluant une tentative d'incendie volontaire, des appels téléphoniques menaçants ainsi que des tentatives de collisions automobiles depuis juillet.

"Il est évident que quelqu' un voulait la voir psychologiquement atteinte, puis destabilisee et, tôt ou tard, morte", dit Naoko, en insistant sur le fait que sa mère n'était pas du genre a se suicider. "C'etait une personne solide, si solide que plus nombreux etaient les obstacles ou les inconvenients qu'elle avait a affronter, plus elle s'accrochait a les surmonter".

Une rumeur circulait que Asaki, qui soutenait la proposition de la Diete de proceder a la révision de la Loi sur les Corporations Religieuses , avait ete presentie comme candidate pour un siège au sein du Conseil Municipal de Tokyo en 1997. Le Gouvernement de la Metropole de Tokyo (TMG) a juridiction sur les statuts de la corporation religieuse de la Soka Gakkai.

Ainsi, Asaki représentait une menace politique directe pour la secte, dont les membres detiennent un nombre de positions scandaleusement disproportionne dans le bureaucratique TMG de meme qu'au Bureau des Poursuites du District. "Elle mentionait sans cesse que la Soka Gakkai etait capable de faire n'importe quoi pour la stopper", se rappelle Naoko.

Le lendemain la parution datee du 23 Sept. du Shukan Gendai arrivait dans les stands,et faisait etat de l'accusation selon laquelle les methodes de la Soka Gakkai, quant aux menaces et enlevements sont frappantes de similarite avec celles de AUM Shinriko. La Soka Gakkai deposa une plainte en diffamation contre l'editeur en chef du magazine, Daito Asaki et Naoko Asaki.

Le cas de diffamation (un autre tactique souvent employee par Aum) sera presentee selon le Code de Procédure Criminelle, et non celui de procédure civile qui, en cas de poursuites en diffamation, est le plus commun au Japon. Suivre la premiere procedure, implique une enquete criminelle de la Police. "Nous avons choisi le Code de Procedure Criminelle, parce que nous voulions que tout soit clarifie grace au travail de la Police", affirme Hiroshi Nishiguchi, vice president de la Soka Gakkai et directeur de l'information et des relations publiques. "Ce que les media ont ecrit jusqu'a present est extremement partial. Ils n'ecrivent que ce qui est dit du cote de chez Asaki, sans verification de credibilite et sans preuve concrete".

Faisant etrangement echo au porte-parole de la Soka Gakkai , Eiji Chiba, chef adjoint du poste de police de Higashi-Murayama , dit qu'il ne comprenait pas comment certains magazines aient pu rapporte des commentaires du medecin de la police, qui analysa le premier le corps d'Asaki, dans un sens ou il ait pu dire quelque chose de contraire a la declaration de la Police.

Chiba dit que la presse a donne trop d'importance au dialogue entre le responsable du Mossburger et Asaki. (" Est-ce que vous etes tombé? "" non. ")" Le responsable demanda egalement si Asaki voulait qu'il appelle une ambulance pour elle, et sa reponse fut 'non'. Si elle avait ete poussee par quelqu'un, elle aurait repondu 's'il vous plait, appeler une ambulance'" poursuivit Chiba.

Ces affirmations de l'officier de police, cependant, n'arrivent pas a expliquer d'autres faits accablants.

Premierement, la disparition des chaussures. Les chaussures d'Asakís n'ont jamais été trouvées. Si elle s'etait tuée elle-même, ses chaussures auraient été laissees sur la plateforme de l'escalier de secours, ou ete trouvees la ou elle tomba. Des etudes psychologiques ont montre que la plupart des victimes de suicide qui sautent d'un batiment, laissent leurs chaussures sur le lieu meme. Et pourquoi n'aurait-elle pas porte de chaussures dans un batiment etrange qui n'etait pas son domicile, et qui en realite n'avait aucun lien avec elle? Fut-elle droguee ou gazee puis transportee sur ce lieu?

Deuxiement, les clés de bureau qu'elle portait, qui ne furent pas trouvées lors de la première recherche le 2 Sept., reapparurent mystérieusement deux jours plus tard. On dit qu'un employé du Mossburger trouva les cles au premier etage du batiment, vers 17:30 heures le 2 Sept. "Nous n'y avions pas fait attention la premiere fois", affirma un officier de police au Poste de Police de Higashi-Murayama.

Troisièmement, le retard de notification du deces d'Asaki a sa famille. La police l'identifia vers une heure du matin, mais ne contacta la famille qu'à 8 heures. --7 heures apres son deces.

En Juin, Asaki rencontra les officiers de Police de Higashi-murayama a trois reprises. Pourquoi fallut-il si longtemps pour l'identifier, des lors qu'il n'y avait pas de dommage facial? Pourquoi le corps fut-il deplace vers un etablissement funeraire avant d'informer la famille? "Parce que nous pensions qu'il etait important de laisser le defunt reposer en paix d'abord", repondit l'officier de police.

Quatrièmement, pourquoi Asaki cria-t'elle avant de tomber? (Note: elle ne le fit pas pendant sa chute, mais avant.)

L'officier de police expliqua: "Une des raisons pour lesquelles nous sommes enclin a pense que Asaki se suicida est qu'elle tomba verticalement au sol, plutot qu'en suivant une courbe parabolique. Si elle avait ete poussee du haut des marches, elle serait tombee plus loin du mur du batiment, n'est-ce pas? Et un autre element est que l'on a recu confirmation de traces de doigts sur le parapet en haut des marches, bien que ses empreintes digitales n'ont pas ete trouvees. La maniere dont les marques apparaissent, montrent qu'elle fut suspendue a la barre du parapet vers le cote exterieur, ce qui amene a penser qu'elle ne fut pas poussee".

C'est tres intéressant, très, très intéressant. Comme les mystères s'epaississaient a Higashi-Murayama, la famille Asaki et Yano se rendaient aux quartiers-generaux de la Police Nationale le 18 Sept. pour deposer une petition reclamant une enquete complete, aupres de Ryuji Fukaya, responsable de la Commission Nationale de la Surete Publique.

"J'espère et Je suis confiant, que la vérité sera révélée bientôt, "dit Yano.

Naomi Kazusa est un collaborateur du Weekly.


Péchés de terrorisme?

Le Japan Times Weekly
Le 4 Novembre, 1995
Vol. 35, No. 44
Pgs. 9

" Je ne sais pas pourquoi le commisariat de police de Higashi-Murayama devint soudain si ombrageux et même preoccupe a notre egard, "dit Hozumi Yano, le collègue D'Asakís. "Ce n'est pas que nous n'avons jamais ete a couteaux-tires avec la police. Mais les choses commencerent a changer en Fevrier, suite a un changement de personnel au commissariat".

Yano affirmait que lui et Asaki, réformateurs politiques hautement visibles, avait éssuye des menaçes et des harcèlement après avoir lance une campagne anti-Soka Gakkai. La liste des incidents suivante entre Juillet et Septembre fut fournie par Yano.

14 Juillet:Des copies d'un dossier attaquant Kusa-no-ne Shimin no kai, un groupe politique réformateur auquel appartenaient Asaki et Yano, furent distribuées. Le dossier contenait des slogans tels que "Debouts, citoyens de Higashi-murayama, et debarrassez-vous de Kusa-no-ne, ou la ville sera la risee de la nation".

16 Juillet: Retournant chez lui vers 3 heures du matin, Yano fut attaqué dans la rue par un jeune homme, qui lui donna des coups de pieds et le frappa. Ses blessures prirent deux semaines pour guérir. Une de ses dents de devant fut cassee lors de cette attaque.

Août 2:Pendant que Yano roulait a bicyclette, deux camions qui l'encadraient devant et derriere provoquerent un accident serieux. Plus tard, la plaque d'immatriculation de l'un des camions montra qu'il appartenait a un membre de la Soka Gakkai. Apres avoir admis que le proprietaire du camion etait un membre, un representant de la secte dit:"Il a rarement participe a des activites de la Soka Gakkai. Et il nuit lui-meme ces accusations".

10 Août:Asaki tombe de sa bicyclette parce que les freins ont été sabotes.

19 Août:Naoko, fille aînée d'Asakís, recu un message de douze 4 en ligne sur son beeper. Le chiffre 4 (prononce shi) signifie "mort" en japonais.

20 Août:Une tentative d'incendie avec des journaux imbibes de kérosène eut lieu devant la porte d'Asakís.

26 Août:Une lettre de menaçes fut envoyée au bureau de Kusa-no-ne, avec de la poudre de métal dans l'enveloppe. Le message de la lettre était bakushi, ce qui signifie mort par explosion de bombe. (Il faut se rappeler le paquet envoye au Gov. Yukio Aoshima?)

28 Août:Un organisateur du symposium de Kochi sur la politique et la religion recu deux messages sur son téléphone cellulaire, disant "ne suppose meme pas que le conférencier pourra jamais arriver en entier".

1er Septembre:La mort mystérieuse d'Asakís survient.

Septembre 5:Yano est filé le long des rues par un petit camion.

Septembre 21:Une lettre menaçante est livrée à Yano:" Je sais que vous avez tue Asaki. Faite une confession et arrêtez d'exciter les imbeciles. La seule facon par laquelle vous pouvez contribuer a la societe est de mourrir. Meurt Yano. Je peux t'aider si tu le veux".

Ces cas font l'objet d'une enquête, mais un officier du commissariat de police de Higashi-Murayama dit que Yano a peu pour etayer sa théorie.

(N.K.)

Page d'accueil : soka Gakkaï - La Chambre d'Eclaircissement